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  • il y a 3 jours
Philippe Berterottière, PDG du groupe GTT, était l'invité de Laure Closier dans Good Morning Business, ce mardi 11 novembre. Il nous a parlé des facteurs et éléments clés qui favorisent la croissance de son entreprise, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Notre invité ce matin c'est Philippe Berthaud-Rottier, bonjour, vous êtes le PDG du groupe GTT, spécialiste français des membranes cryogéniques pour le transport du gaz naturel liquéfié.
00:09Vous avez publié fin octobre un chiffre d'affaires en hausse de quasiment 30% sur les 9 premiers mois de l'année.
00:14A chaque fois que vous venez ici, je vous dis, vous avez déjà quasiment une grande partie du marché sur les membranes, sur le GNL.
00:21Comment vous faites pour encore augmenter le chiffre d'affaires ? C'est quoi le relais de croissance pour vous aujourd'hui ?
00:25C'est vrai, c'est un problème quand on a une très forte part de marché, comment chercher de la croissance ?
00:30On est sur un marché qui croit et je crois que c'est une très bonne nouvelle parce que le monde du GNL croit et il croit au dépens d'autres énergies qui sont des énergies fossiles très polluantes.
00:42Et donc c'est une bonne nouvelle pour la planète.
00:45Donc ce marché principal croit, on a aussi un relais de croissance dans le digital.
00:50On a fait une acquisition importante cette année et cette acquisition importante nous a permis de relever d'ailleurs notre guidance de chiffre d'affaires et débit de dents.
00:59Donc voilà, on a une activité assez diversifiée qui nous permet de gérer et d'entretenir cette croissance.
01:06Donc ce qui vous pousse, notamment on parlera de l'hydrogène tout à l'heure, mais sur le GNL, c'est que le marché évidemment se déploie avec ses besoins européens grandissant,
01:13avec les Etats-Unis qui ouvrent complètement les vannes.
01:16La question pour nous Européens, c'est est-ce qu'à un moment donné on va pouvoir accueillir tout le GNL ?
01:20Est-ce qu'on aura les ports ? Est-ce qu'on aura les bateaux ? Est-ce qu'il va y avoir trop de GNL pour nous ?
01:24Il ne va pas y avoir trop de GNL pour différentes raisons.
01:28D'abord les Européens ont dit en 2027 qu'il n'y a plus de gaz russe, il n'y a plus de GNL russe.
01:34Et donc il va falloir trouver d'autres cargaisons de GNL.
01:38On va se tourner entre autres vers les Etats-Unis, mais aussi vers d'autres pays.
01:42Je vous rappelle que le GNL a quand même sauvé l'Europe de la panne électrique en 2022,
01:51quand il n'y avait plus de gaz qui venait par tuyaux de Russie.
01:55On a pu, grâce à la flexibilité du GNL, grâce aux bateaux, trouver d'autres cargaisons
02:00qui ont permis d'éviter le blackout.
02:02Donc il y a de la place en Europe, mais aussi dans le reste du monde.
02:09Le charbon, c'est toujours 30% de l'énergie, du mix énergétique de la planète.
02:14Donc plus le GNL se développe, plus c'est une chance pour le charbon de reculer.
02:20Et donc pour les émissions, pour les particules fines, pour les oxydes de soufre,
02:25de reculer dans l'atmosphère.
02:27Et donc je pense que c'est une très très bonne nouvelle.
02:28Le gaz est une énergie d'avenir ?
02:31Le gaz est une énergie d'avenir.
02:32De transition en tout cas.
02:33Alors c'est une énergie de transition, mais c'est aussi une énergie d'avenir.
02:36Parce que si vous voulez, les énergies fossiles, c'est 90% de la planète.
02:41Et il faut les faire reculer.
02:44Il faut faire reculer d'abord les énergies les plus polluantes, d'abord le charbon.
02:48Il faut aussi pouvoir faire face à la croissance des besoins en énergie.
02:53On parle des data centers, on parle de l'IA.
02:56Tout ça demande une croissance extrêmement rapide de la production d'énergie.
03:01Et il n'y a guère qu'une énergie qui puisse faire face à cette croissance, c'est le GNL.
03:06Parce que c'est très flexible.
03:08Parce que vous construisez une centrale très facilement.
03:11Vous pouvez construire, vous pouvez aussi faire des stockages de GNL sur navires.
03:16C'est quelque chose de facile à faire.
03:18Et il n'y a que ça qui peut répondre à ce défi.
03:20Mais aujourd'hui, par exemple, on voit que le prix du gaz est au plus bas.
03:23Là, on est revenu sur des niveaux de 2020.
03:26Pour vous, ça, c'est un problème ?
03:27Ou finalement, ça pousse la demande ?
03:29Donc, ça revient au même.
03:31Est-ce que le prix du gaz directement a un impact sur votre activité ?
03:34Le prix du gaz bas, c'est plutôt une très bonne nouvelle.
03:36Parce que finalement, par rapport aux autres énergies,
03:40on se rend compte que c'est l'énergie la moins chère.
03:42Elle est moins chère que le nucléaire.
03:44Elle est moins chère...
03:45Et elle n'est pas moins chère que le charbon.
03:47Ça, c'est une mauvaise nouvelle.
03:48Mais enfin, plus il est bas, et plus on devient inquiétant pour le charbon.
03:51Ça, c'est la bonne nouvelle.
03:53Et puis, pour nous, s'il est bas,
03:55ça veut dire que cette industrie va se développer.
03:58On va recourir de plus en plus à cette énergie bon marché.
04:03C'est donc une opportunité.
04:05En termes d'infrastructures,
04:06on raconte parfois qu'il y a des bateaux qui tournent dans les ports,
04:09pleins de GNL, et qui attendent,
04:10parce qu'on n'a pas les moyens de pouvoir les faire arriver
04:14dans nos ports européens.
04:15C'est toujours le cas aujourd'hui ?
04:17Pas trop, non.
04:17Ça se planifie très bien.
04:19Nous, c'est quelque chose qu'on surveille.
04:20On ne voit pas vraiment ça.
04:21Alors, un bateau qui tourne,
04:24ce n'est pas totalement parfait,
04:26parce que c'est une cargaison très volatile.
04:28Donc, il ne faut pas trop attendre.
04:30Non, ça se planifie.
04:33Les énergéticiens savent faire ça.
04:35Ça veut remplir les réservoirs de GNL,
04:38et puis après, renvoyer tout cela sur le réseau.
04:39Donc, il y a eu peut-être des périodes de congestion
04:42pendant la crise de l'Ukraine,
04:45au plus fort de la crise ukrainienne.
04:47Là, ce n'est plus le cas.
04:48Ah, ce n'est plus le cas.
04:49Sur la question du développement de l'hydrogène,
04:50c'est difficile d'avoir une vision
04:52pour savoir exactement où on en est.
04:54Il y a des vents contraires.
04:55Vous-même, vous avez d'un côté
04:56annoncé des suppressions de postes dans une filiale,
04:59et puis un nouveau contrat d'hydrogène vert en Slovaquie.
05:02C'est quoi votre vision sur le développement de l'hydrogène vert ?
05:05Alors, d'abord, l'hydrogène vert, l'hydrogène gris,
05:09l'hydrogène qu'on utilise actuellement,
05:11c'est 3% des émissions de la planète.
05:13C'est énorme.
05:13C'est autant que le transport maritime.
05:15Ce n'est pas très loin par rapport au transport aérien.
05:18Donc, c'est quelque chose qu'il faudrait absolument supprimer.
05:21Je pense que ça viendra.
05:22J'aimerais qu'il y ait un accord international
05:24qu'on puisse discuter à Bélème
05:26sur l'interdiction de l'hydrogène gris
05:28et passer à l'hydrogène vert.
05:30Je pense que c'est faisable en termes de prix.
05:32C'est acceptable par les industries.
05:35qui utilisent de l'hydrogène gris.
05:40Et puis, il faut pouvoir utiliser aussi des carburants de synthèse
05:44avec de l'hydrogène vert,
05:46qui est aujourd'hui encore cher.
05:47Mais il faut pouvoir arriver avec des innovations technologiques
05:51qui permettent de réduire énormément ça.
05:53Et c'est le choix qu'on a fait dans notre filiale.
05:55Vous disiez, j'aimerais qu'à Bélème,
05:58il y ait un accord.
05:59Ça veut dire qu'en tant qu'industriel,
06:01aujourd'hui, vous regardez ce qui se passe au niveau de la COP au Brésil.
06:06Vous attendez des choses.
06:07On dit parfois que les COP, on est condamnés à être déçus.
06:11Non, vous regardez les discussions aujourd'hui ?
06:13Oui, on regarde les discussions.
06:14Je pense qu'il ne va pas y avoir de discussions
06:16qui vont être un véritable changement à Bélème.
06:22Mais en revanche, la tendance dans le long terme est là.
06:24Et on en parlera peut-être dans 5 ans, dans 10 ans.
06:27Mais on parlera de son changement,
06:29qui sera de cette nécessité d'aller vers des carburants verts,
06:33et donc d'avoir de l'hydrogène vert pour les faire.
06:35Il y a déjà des obligations pour l'Europe pour 2030.
06:39Et ces obligations seront généralisées au niveau du monde.
06:43On en parlait au niveau de l'OMI il y a quelques semaines,
06:46qui finalement n'a pas pris cette décision sous la pression américaine.
06:50Mais cela reviendra.
06:53Et les industriels doivent se préparer à cet avenir
06:56en travaillant sur les technologies.
06:57Sur les questions boursières,
06:58on en parlait il y a quelques instants avec Étienne Braque.
07:01On entend de plus en plus d'entreprises, notamment européennes.
07:05On parlait de Ledger, qui s'est développé en Europe beaucoup.
07:09Et quand il pense à ce côté, il pense à ce côté aux États-Unis.
07:13On entend de plus en plus d'entreprises qui disent
07:15« Partout, sauf l'Europe ».
07:16Vous êtes coté, vous, en Europe.
07:19Vous êtes la plus forte hausse du SBF 120 depuis le début de l'année.
07:22Qu'est-ce que vous avez envie de répondre à ce type de groupe ?
07:26Moi j'ai envie de répondre.
07:27Faites votre travail, c'est-à-dire faites de la communication financière,
07:29si vous voulez vous faire côté, aller rencontrer les investisseurs,
07:32aller trouver des analystes, aller sur le marché américain,
07:35aller à New York, aller à Boston, aller à Chicago,
07:38aller à San Francisco, Los Angeles,
07:41où il y a des investisseurs qui investissent dans des sociétés de technologie.
07:46Il faut aller au plus près du marché.
07:47Vous savez que le monde de la bourse est un peu digitalisé,
07:51donc il est aussi facile pour un investisseur américain
07:53d'investir à Paris qu'investir à Wall Street.
07:57Donc il faut y aller.
07:59C'est beaucoup moins cher de faire cela que d'aller sur la bourse américaine.
08:06Vous dites que c'est moins cher de ce côté en Europe.
08:07C'est moins cher de ce côté en Europe d'une part,
08:09et d'aller aux Etats-Unis pour rencontrer les investisseurs.
08:12Donc il faut le faire.
08:14La preuve que ça marche,
08:16c'est que nous avons pu obtenir une très bonne valorisation
08:20en étant côté à Paris.
08:22Je passe un certain nombre de jours chaque année aux Etats-Unis
08:26à la rencontre des investisseurs.
08:28Je pense que j'ai aujourd'hui près de 30% de mes investisseurs
08:32qui sont américains et qui apprécient énormément le titre.
08:35D'ailleurs, ils nous suivent depuis l'introduction en bourse de la société,
08:40il y a 11 ans.
08:42Et je crois que, d'ailleurs, c'est la démonstration même
08:45que quand vous avez établi une relation de confiance au fil des années,
08:48vous trouvez ces investisseurs-là et ils restent dans le long terme.
08:54Donc pour vous, quand on dit sur le marché européen,
08:56j'y vais pas parce qu'en fait, il n'y a pas de profondeur de marché,
08:58sur Euronex, c'est trop petit.
09:00Pour vous, ça n'a pas de sens ?
09:01Non, ça n'a pas de sens.
09:02Surtout pour des nouvelles sociétés qui n'ont pas une valorisation considérable.
09:08Si c'est une très grande société, c'est peut-être un autre sujet.
09:10Mais une petite société, vous avez tout à fait la profondeur de marché
09:13en France et en Europe pour être très bien valorisée.
09:18Je prends une société néerlandaise
09:21qui fabrique des équipements pour les semi-conducteurs.
09:27Elle est, à l'ASML, extrêmement bien valorisée.
09:30Elle est à 400 milliards.
09:31Il n'y a pas beaucoup de sociétés à Wall Street
09:33qui ont une valorisation supérieure à 400 milliards.
09:36Vous n'y avez jamais pensé à vous coter aux Etats-Unis ?
09:38Non, j'ai regardé, j'ai essayé de voir.
09:40Mais je crois que l'important pour un chef d'entreprise,
09:43c'est d'établir une relation de confiance avec les investisseurs.
09:47Une relation transparente, une relation où il les informe,
09:49une relation où ses investisseurs peuvent le suivre
09:52de semestre en semestre, d'année en année,
09:56peuvent bien comprendre comment il agit.
09:58Et à partir de ce moment-là, il peut aller chercher une très belle valorisation.

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