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  • il y a 7 semaines
Chaque week-end, l’émission pilotée par Pauline Revenaz avec à ses côtés Dominique Rizet, consultant police/justice BFMTV, traite d’un événement majeur de la semaine, ainsi que d’autres affaires qui sont revenues sur le devant de la scène.

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Transcription
00:00L'incroyable contre-enquête à présent des tueurs du Brabant.
00:03Nous allons plonger ensemble dans le plus grand cold case d'Europe.
00:05Un vrai trauma pour la Belgique, c'était entre 1982 et 1985.
00:10Des fusils, des meurtres, des braquages, 28 victimes, des dizaines de blessés.
00:14Qui sont les tueurs fous du Brabant ?
00:16C'est bien la question qui nous occupe aujourd'hui.
00:18Rappel des faits avec Pierre-Louis Bousset.
00:22Le périple criminel démarre en 1982 à Maubeuge,
00:25lorsqu'un policier est blessé lors du braquage d'une petite épicerie.
00:28Le montant du butin est dérisoire,
00:31mais la violence du casse surprend les autorités françaises.
00:34De toute façon, non, c'est pas courant d'avoir, sur un cambriolage,
00:38d'avoir affaire à des hommes armés quand même.
00:40Si on en arrive là, c'est quand même un peu dommage.
00:43Nouveau braquage quelques semaines plus tard dans une armurie belge.
00:46Les malfaiteurs tuent sans hésiter un policier municipal.
00:50La première victime d'une longue liste funeste.
00:53Sont ensuite abattus un veilleur de nuit, un patron de restaurant
00:56ou encore un chauffeur de taxi retrouvé mort dans le coffre de sa voiture.
01:00En raison de leur méthode particulièrement brutale,
01:03les malfrats sont surnommés les tueurs fous du Brabant,
01:05une référence à la région autour de Bruxelles,
01:08où ils ont l'habitude de sévir.
01:09A l'automne 1985, les braquages meurtriers reprennent dans trois supermarchés belges.
01:15Là encore, la bande n'hésite pas à tirer sur le personnel ou les clients.
01:19Les mêmes armes de gros calibre, la même voiture, une Golf GTI,
01:24la même détermination meurtrière,
01:26tout porte la marque des tueurs fous du Brabant.
01:29En moins de 4 ans, cet attelage de meurtriers non identifié
01:32aura fait 28 morts et des dizaines de blessés, dont des enfants.
01:35Impossible pour la justice belge de mettre la main sur les criminels.
01:40Un procès a bien eu lieu en 1988,
01:42mais tous les suspects ont été acquittés.
01:44Plus de 40 ans après les faits,
01:46la justice belge doit statuer le 28 octobre
01:48pour ordonner ou non de nouvelles expertises ADN.
01:54Alors, en plateau avec nous,
01:56j'accueille avec grand plaisir un acharné de l'enquête,
01:58un obstiné, j'ai nommé Jean-Pierre Adam.
02:00Vous êtes gendarme, enquêteur et belge de sur quoi,
02:03ancien commissaire divisionnaire,
02:05et vous enquêtez sur ce call case depuis plus de 20 ans.
02:08À vos côtés, Patrick Ramel, avocat de 4 familles de victimes,
02:10et Christelle Brigodeau, journaliste au service police-justice du Parisien.
02:13Vous avez signé plein de papiers,
02:15et notamment un podcast consacré à ces tueries du Brabant.
02:19Alors, Jean-Pierre Adam,
02:21qu'est-ce qu'il y a de nouveau dans cette enquête ?
02:23Est-ce que vous avez convaincu, finalement,
02:25la justice belge de rouvrir le dossier ?
02:28Ce n'est pas moi qui l'ai convaincu, en fait.
02:30Vous les avez aidés ?
02:31On m'a aidé, oui.
02:32Je me suis battu pendant des années et des années à ce sujet-là.
02:37Je m'essoufflais, je le reconnais, je m'essoufflais.
02:39Et puis, miraculeusement, il y a environ deux ans,
02:42on me demande, on m'incite à prendre contact avec Maître Ramel.
02:47On me donne ses coordonnées.
02:49Ici présent.
02:49Je lui téléphone, je lui envoie mon premier livre
02:54que j'avais écrit en espérant que la justice belge allait bouger
02:59suite à la sortie de ce livre-là.
03:01Un livre dans lequel je mets des copies de PV,
03:05des copies de rapports officiels,
03:06ce qui est interdit ordinairement.
03:08C'est une violation discrète de l'instruction,
03:10mais j'ai pris le risque.
03:12J'ai envoyé le livre à Maître Ramel,
03:14et je vais vous dire que depuis ce jour-là,
03:16ma vie dans l'enquête a changé,
03:19parce que je n'étais plus seul.
03:21Alors c'est la jonction des forces qui a fait l'arrêt.
03:24C'est la jonction des forces qui a fait l'arrêt.
03:26Oui, oui, absolument.
03:28Comme je vous ai dit, je m'essoufflais,
03:30je me retrouvais contre un mur,
03:31le mur de la justice belge.
03:34Et puis, voilà, subitement, tout a changé.
03:38Alors, quels sont les deux malfrats que vous pointez,
03:41des Français ?
03:42Il faut nous expliquer.
03:44Christelle, vous allez peut-être pouvoir nous aider.
03:45Qui sont ces frères Slimane ?
03:47Qui sont-ils ?
03:47Que font-ils ?
03:48Et pourquoi est-ce que les regards sont maintenant pointés vers eux ?
03:51Alors, effectivement, on a deux frères,
03:53Thierry et Xavier Slimane.
03:55Xavier, c'est l'aîné, Thierry, le petit frère.
03:58Et ce sont deux figures du banditisme
04:01dans le Charleville-Mézières des années 80.
04:04Français.
04:05Ils sont tous les deux Français.
04:07Ils ont grandi à Charleville.
04:09Et Thierry a le pédigré d'un braqueur
04:12très connu localement,
04:14très connu dans tout le Grand Est.
04:16Et il se trouve que le nom des Slimane apparaît
04:20dès le début des Thierry.
04:22C'est ça qui est intéressant.
04:23Moi, en tant que journaliste, c'est ce qui m'a interpellée
04:25et qui m'a intéressée tout de suite.
04:27C'est que, dès le deuxième braquage,
04:30qui concerne une armurerie,
04:32l'armurerie Decaise à Wavre, en Belgique,
04:35il y a un informateur anonyme
04:38qui se rend à la gendarmerie en Belgique
04:40et qui dénonce Xavier Slimane
04:42comme étant l'un des braqueurs.
04:44Or, tous les braquages et les Thierry
04:46qui vont suivre sont reliés.
04:49Jean-Pierre Adam pourra peut-être mieux en parler que moi.
04:51Ces affaires sont reliées les unes aux autres
04:53par des éléments matériels,
04:55des preuves balistiques, des voitures, etc.
04:57Donc, en fait, si on tient un fil,
05:00après, il faut tirer la pelote.
05:02Et il se trouve que ce fil-là n'a jamais été tiré.
05:04Mais, Maître Ramel,
05:05pourquoi ce fil n'a pas été tiré, selon vous ?
05:08Alors, ça, c'est un grand mystère.
05:10Parce que, pour moi, il est tellement évident
05:13que quand j'ai reçu le livre de Jean-Pierre Adam,
05:16ce n'est pas un livre, c'est un procès-herbal de synthèse.
05:18Quand vous lisez ça, vous avez presque...
05:20J'ai été président de Cour d'Assise.
05:22Tout est dit, quoi. Tout est dit.
05:23Mais, du coup, vous avez fait quoi avec ce livre ?
05:25Vous avez secoué le cocotier ?
05:26Vous avez frappé à toutes les portes ?
05:27Je suis allé déposer une demande de devoir.
05:31On appelle ça, en Belgique, une demande d'acte.
05:33Ça s'appelle demande de devoir.
05:36Le jour de la réunion, pour ne pas dire la grand-messe,
05:40qui était le 28 juin 2024,
05:43où la justice belge annonçait officiellement,
05:46à 9h au Parti civil, à 9h30 à la presse,
05:50avec des sanglots dans la voie,
05:52que tout avait été fait, qu'il n'y avait plus de pistes,
05:54c'est qu'il fallait qu'on en reste là.
05:57Et donc, je suis levé dans la salle,
05:59quand tous les gens avaient parlé,
06:02puisque je me considère comme arrivé récemment.
06:06Et je leur ai dit, écoutez, non,
06:08je vous ai envoyé une demande d'acte,
06:09il y a 14 points à vérifier.
06:11On ne va pas s'arrêter là.
06:12On ne va pas s'arrêter là.
06:14Je suis sorti de la salle d'audience,
06:16un journaliste de la RTBF m'a filmé,
06:19j'ai pris le contre-pied de tout le monde,
06:21qui avait le moral dans les chaussettes,
06:22et qui disait, c'est une catastrophe,
06:23c'est une deuxième mort, etc.
06:25Et j'avais dit, moi, je suis le seul optimiste dans cette salle,
06:28ce dossier ne sera pas clôturé,
06:30et vous verrez, on aboutira à la vérité.
06:32L'interview n'a pas été diffusée,
06:34pourtant je l'avais fait 30 secondes,
06:35pour ne pas qu'elle soit coupée, vous savez.
06:37S'il fait que la RTBF, quand elle m'a rappelé
06:39pour me dire que mes demandes d'enquête
06:41avaient été acceptées,
06:43lorsque la journaliste m'appelle,
06:44je lui ai dit, c'est quoi la RTBF ?
06:46Alors elle s'est demandé si j'étais gâteux.
06:49Il fallait juste ressortir les archives.
06:51Alors elle m'a dit,
06:52est-ce que vous viendriez sur un plateau ?
06:53J'ai dit oui, si vous diffusez les 30 secondes avant.
06:56Dominique ?
06:57Et donc cette histoire,
06:58c'est vrai qu'elle est un peu une légende.
07:00On en entend parler depuis tellement longtemps
07:02des tueurs fous du Brabant belge,
07:04qu'on se dit,
07:05est-ce que ça a déjà existé ?
07:07Puisqu'en fait, il n'y avait absolument rien.
07:09Personne n'était interpellé.
07:10On a l'impression qu'il n'y a même pas d'enquête.
07:12Et effectivement, Christelle,
07:14c'est vos papiers,
07:15quand on a lu vos papiers dans le Paraisons.
07:17Et la ténacité de Jean-Pierre.
07:18Oui, il faut qu'on y revienne.
07:20Et donc on a eu l'idée de dire,
07:23mais est-ce que ça veut dire,
07:24est-ce que ça veut dire en clair
07:25que ces gens-là,
07:26qui sont quand même des sauvages,
07:27ce n'est pas juste des braqueurs de supermarchés,
07:30c'est des sauvages.
07:31On a raconté,
07:32ils tuent 28 personnes,
07:33ils vont tirer sur un gamin de 14 ans,
07:35le tuer sur un parking,
07:36il est sur son vélo.
07:37C'est n'importe quoi.
07:39Ce n'est pas des braqueurs
07:40qui ont l'élégance de braqueurs
07:41ou qui peuvent,
07:43sur un,
07:44je mets 36 guillemets à malentendu,
07:46quelqu'un qui intervient,
07:47le tuer,
07:48lui tirer dessus,
07:48comme ça s'est passé
07:49dans d'autres histoires qu'on connaît.
07:51Ce sont des meurtriers sanguinaires.
07:54Comment se fait-il ?
07:55Comment se fait-il
07:56que la justice ait pu laisser tomber
07:57un truc pareil ?
07:59Et est-ce que,
07:59deuxième question,
08:00est-ce que les frères Steven
08:02sont impliqués vraiment ?
08:03Comment est-ce qu'on va le savoir ?
08:05On va le savoir,
08:06il y a une façon très simple
08:08de le savoir,
08:09c'est grâce à l'ADN.
08:11Donc,
08:12ici,
08:12le 27 octobre,
08:13à la cour d'appel de Mons,
08:15Maître Ramaël
08:16va venir plaider
08:17pour demander
08:19l'exhumation
08:21de la mère,
08:22parce que le principal suspect,
08:25Thierry Slimane,
08:25a été incinéré.
08:27Donc,
08:27plus moyen d'avoir son ADN.
08:28Donc,
08:29le 27,
08:30il y aura les plaidoiries
08:31pour demander absolument
08:33à ce qu'on exhume la mère,
08:35on prélève son ADN
08:37et on compare
08:38avec des traces ADN
08:39retrouvées sur les scènes de crise.
08:41Et on compare quoi ?
08:42Avec le mégot
08:43qui a été retrouvé
08:43dans la Mercedes ?
08:44C'est ça.
08:45Les cinq mégots,
08:48Marlboro,
08:49retrouvés dans le cendrier
08:50derrière le pont de chauffeur,
08:53en gelou,
08:54proviennent,
08:56assurément,
08:56du même auteur.
08:58L'ADN a été prélevé,
09:00ADN masculin,
09:01groupe sanguin O.
09:03Donc,
09:03si ça match avec la mère,
09:05Bingo !
09:06la thèse est validée ?
09:07Absolument,
09:09absolument.
09:10Ça,
09:10il faut,
09:11ils ne devront,
09:12ils ne peuvent pas refuser ça.
09:14Ou alors,
09:14c'est la fin de tout.
09:16Ce qui est incompréhensible,
09:17si vous voulez,
09:17c'est que quand la Cour d'appel de Mons,
09:19et je rends vraiment hommage
09:20au magistrat de la Cour d'appel de Mons,
09:22parce qu'ils se sont inscrits
09:23contre le parquet fédéral
09:25qui ne fait rien dans ce dossier,
09:27je le dis clairement,
09:29contre le juge d'instruction de Charleroi
09:30qui ne fait rien non plus,
09:32et ils ont décidé
09:34que les devoirs que j'avais demandé
09:36étaient acceptés,
09:37y compris un devoir même
09:39que je n'avais pas demandé,
09:40d'initiative.
09:43Sauf que je pensais
09:44que la juge d'instruction,
09:45au vu de ça,
09:46allait dire
09:46que les autres devoirs
09:47qu'il a demandé,
09:48les exhumations,
09:49on le fait,
09:49on gagnera du temps.
09:50De toute manière,
09:51la Cour d'appel
09:52va forcément dire
09:53qu'il faut le faire.
09:54Eh bien non,
09:55on n'y arrive pas.
09:56Alors moi,
09:57j'ai écrit au ministre
09:58de la Justice et de la Mer,
09:59elle s'appelle comme ça
10:00en Belgique,
10:01Mère du Nord.
10:02C'est-à-dire qu'en France,
10:03le garde des Sceaux...
10:03Il y a un rapport
10:03entre la Justice et la Mer ?
10:05En France,
10:05le garde des Sceaux
10:06serait le ministre
10:07de la Méditerranée,
10:08de l'Atlantique,
10:09de la Manche
10:09et de la Mer du Nord.
10:10Ça serait un point commun
10:11avec la ministre.
10:12Sauf que je n'attaque
10:14jamais les gens personnellement.
10:15Je vous dis,
10:15elle m'a répondu.
10:17On aurait dit
10:17une réponse
10:18faite par l'intelligence artificielle,
10:19chaque GPT.
10:20J'ai toute confiance
10:21dans mes magistrats,
10:22je ne peux pas intervenir.
10:24Si,
10:24vous pouvez intervenir.
10:25Vous avez l'autorité
10:26sur le parquet fédéral,
10:27l'autorité directe
10:28et exclusive.
10:29Il suffirait
10:30de prescrire cet acte
10:32que moi,
10:32j'ai déjà demandé.
10:33Mais vous le prescrivez,
10:35on le fait dans la foulée
10:36et c'est bon,
10:38c'est pas bon.
10:38Comment elle s'appelle
10:39cette dame ?
10:40La ministre ?
10:41Oui.
10:42Madame Verlinden.
10:43Madame Verlinden,
10:44elle ne sera pas...
10:45Réveillez-vous
10:45si vous nous écoutez.
10:46Elle ne sera pas partie
10:47du prochain romanure mystérielle.
10:48Je ne crois pas.
10:49C'est intéressant aussi
10:50parce que dans votre papier,
10:51pardon,
10:52vous avez interrogé
10:53le fils de Xavier Slimane
10:55parce que c'est important.
10:57Et qu'est-ce qu'il vous a confié,
10:58le fils ?
10:59Il vous dit,
10:59ils ont fait des choses
11:00mais ce n'est pas eux.
11:01Oui,
11:02alors lui est convaincu
11:03du fait que son père
11:07et son oncle,
11:07qu'il a très bien connu,
11:08Thierry Slimane,
11:10sont étrangers
11:11au Thurie du Brabant.
11:12Mais ce qu'ils disent aussi,
11:14c'est que cette affaire,
11:14finalement,
11:15leur colle à la peau
11:16à eux,
11:17à leur propre enfant aussi.
11:19Ils ont un enfant
11:20qui est adolescent.
11:21On ne imagine pas le contraire.
11:21Il ne va pas nous dire
11:22oui, c'est mon père,
11:22oui, c'est mon oncle.
11:23Mais en tout cas,
11:24ils ont ce poids-là
11:25et ce qu'ils m'ont dit
11:26et que je trouve intéressant,
11:27ils ne l'ont jamais dit
11:28auparavant,
11:29c'est qu'ils sont pour
11:30justement que la justice
11:31enquête sur cette affaire.
11:33Eux, ils ont la conviction
11:34que la justice
11:35va refermer cette porte.
11:37Mais ils veulent aussi
11:38la vérité d'une certaine manière.
11:38Mais ils veulent aussi
11:39la vérité.
11:40Leur argument,
11:41c'est de dire
11:42mon oncle,
11:44mon père
11:45sera innocenté
11:47et donc,
11:48on nous laissera tranquille.
11:49On peut penser,
11:51comme Jean-Pierre Adam,
11:52l'inverse.
11:52Mais en tant que journaliste,
11:54ce que je me dis,
11:55c'est surtout,
11:55on veut savoir.
11:56On veut savoir
11:57si oui ou non,
11:59ils sont coupables
12:01parce qu'il y a des familles,
12:03il y a des descendants,
12:05des proches de personnes
12:06qui ont été tuées
12:07lors de ces tueries.
12:08Et vous le disiez,
12:10c'est innommable
12:11ce qui s'est passé.
12:12Il y a eu des personnes
12:13qui ont été tuées
12:15à bout portant
12:15sur des parkings
12:16de supermarché.
12:17Mais on n'imagine pas
12:17l'impact.
12:18Je crois qu'il y a un gros
12:19traumatisme national belge
12:20sur ces tueries
12:21parce que d'abord,
12:22il n'y a pas eu d'auteur
12:23pendant longtemps
12:23et parce que ça remet
12:24tout l'imaginaire collectif.
12:26Je vais vous répondre là-dessus
12:27parce que c'est incompréhensible
12:29si vous voulez.
12:30On a pensé,
12:31pourquoi on les appelait
12:32les tueurs fous du brebant ?
12:33Parce que c'est fou
12:34de tuer des gens
12:35sans raison.
12:36Il n'y a jamais
12:37de bonne raison de tuer.
12:38Mais là,
12:38il n'y en a aucune.
12:40Mais pourquoi
12:41on a fait ça ?
12:43C'est parce qu'en fait,
12:44on n'a pas compris pourquoi.
12:46Et donc,
12:46l'esprit humain
12:47qui a besoin de rationalité
12:48s'est dit,
12:49alors c'est peut-être
12:50des terroristes,
12:52une déstabilisation
12:53d'un État étranger,
12:54les services secrets.
12:55Toutes les thèses
12:57ont été explorées
12:59en long,
13:00en large,
13:01en travers.
13:01Le dossier fait
13:01entre 2 et 4 millions de pages.
13:03Personne n'a pu me dire
13:04combien il faisait de pages.
13:05Je peux vous dire
13:06que c'est sur un disque dur
13:07quand même.
13:08Ça tient.
13:08mais toutes ces pistes
13:11n'ont servi à rien
13:11alors que la piste
13:12évidente
13:13du grand banditisme
13:14était visible.
13:15Mais oui,
13:16le départ était visible.
13:17Maître,
13:17et Jean-Pierre Adam,
13:20il y a eu quand même
13:20à une époque
13:21en Belgique
13:22des trucs bizarres
13:23qui se sont passés.
13:23L'affaire Dutroux,
13:25ça a traîné.
13:26Ça a été une affaire
13:27que la justice
13:28a eu du mal à régler.
13:29Les tueurs fous du Brabant,
13:30ça a été la même chose.
13:32Ça a été un peu compliqué.
13:34La disparition
13:35de la petite Elisabeth Brichet,
13:37la PJ de Namur
13:38avait aussi traîné là-dessus.
13:40On a d'ailleurs révolutionné
13:42le système.
13:43Je crois qu'il y avait
13:43des policiers,
13:43des gendarmes.
13:44On a dit c'est fini,
13:45maintenant il n'y aura plus
13:46que des gendarmes.
13:46Non, que la police.
13:47Que des policiers, c'est ça ?
13:48C'est l'inverse.
13:50Je ne suis pas tombé loin.
13:50C'est la police que je gagne.
13:51Et comment vous expliquez ça ?
13:53Qu'est-ce qui se passe
13:54dans ce pays ?
13:55Qu'est-ce qui s'est passé ?
13:55C'est très bien
13:56que vous venez sur le sujet.
13:58En fait, je vais résumer
13:59le tout début.
14:01Au 15 août 96, 96,
14:03on m'envoie à Neuchâtel
14:05parce qu'on venait
14:06d'arrêter un certain Dutroux.
14:08Je vais à Neuchâtel.
14:09Je n'avais jamais mis
14:09la pierre à Neuchâtel.
14:10C'est loin de chez moi.
14:11Donc on m'envoie là-bas.
14:13Et figurez-vous
14:13que quelques mois après,
14:15je reçois la visite
14:16des parents d'une victime
14:18de Dutroux.
14:19La petite Julie Lejeune,
14:20victime.
14:21Je reçois les parents
14:22qui viennent me faire
14:23une déclaration
14:24comme quoi ils avaient eu
14:25des contacts
14:26avec un restaurateur
14:27de Charleroi
14:28qui voulait organiser
14:30une soirée
14:32et tous les bénéfices
14:33iraient à la SBL
14:34Julie et Melissa.
14:35Sauf que
14:36lorsque la date
14:38a été fixée
14:39et qu'il a annoncé
14:40qu'il allait faire
14:41des révélations
14:41le jour du repas,
14:43on est venu
14:44l'abattre.
14:45Ah oui,
14:46on est venu
14:47l'abattre
14:48sur un parking,
14:49ce pyro,
14:50cet ancien
14:51proxénète restaurateur.
14:52bon,
14:55j'acte
14:55l'audition
14:57des parents,
14:58je demande
14:58d'aller prendre
14:59connaissance
14:59du dossier
15:00meurtre à Charleroi
15:01et là,
15:02je me rends compte
15:02que beaucoup
15:03de personnes
15:04ont entendu
15:05qu'il allait faire
15:06des révélations.
15:07Je vais réentendre
15:08toutes ces personnes-là
15:09et puis à beau jour,
15:09j'apprends
15:10que deux suspects
15:11sont arrêtés en France
15:12à Charleville
15:13pour le meurtre
15:14en Belgique
15:14de Pirot ici.
15:16Je demande
15:16d'aller entendre
15:17ces gens-là
15:18dans le cadre
15:18des révélations.
15:19Je ne peux pas enquêter
15:20sur le meurtre.
15:21C'est l'APJ
15:21de Charleroi.
15:23Mais préalablement
15:24à ça,
15:25je dois rencontrer
15:26les enquêteurs français
15:27qui vont m'accompagner
15:29dans les prisons
15:30respectives.
15:31Et en allant
15:31à la gendarmerie
15:32de Charleville,
15:33je demande
15:34est-ce que vous avez
15:34des dossiers
15:35sur ces gens-là ?
15:36Et alors,
15:37on descend
15:37dans les archives
15:38et ils extraient
15:40le dossier
15:42des Slimane ici.
15:44En première page,
15:45il y a l'avis
15:46de recherche belge
15:47sur l'attaque
15:48de l'armerie
15:48à Ouafre
15:49avec le portrait robot.
15:50Donc en fait,
15:51ce qui est rageant,
15:52c'est que cette piste
15:53des frères Slimane,
15:54c'est la toute première piste,
15:55enfin c'est une des
15:56toutes premières pistes
15:57qui a été,
15:58montrez-nous.
15:58Voilà le portrait robot
15:59et l'avis de recherche
16:00que j'ai retrouvé
16:01dans le dossier français
16:04à Charleville-Mézières.
16:06Alors pourquoi est-ce
16:07que cette piste
16:07a été écartée ?
16:08Moi, c'est ça
16:08que je ne comprends pas.
16:09Dans la seconde page,
16:10il y avait les photos
16:11de ce Slimane.
16:12C'est pratiquement...
16:14Alors je leur demande
16:15mais qu'est-ce que ça fait
16:16dans le dossier ?
16:17Ils ne savent pas me le dire.
16:18Alors, pour vous répondre
16:20parce que c'est aussi
16:21une question
16:21que je me suis posée,
16:24au début,
16:25donc on revient
16:26en 1982,
16:28deuxième braquage,
16:30cette fameuse armurerie
16:31où donc Xavier Slimane
16:33est désigné par un anonyme
16:35comme étant
16:35l'un des braqueurs.
16:37Évidemment,
16:38les gendarmes
16:39font leur travail,
16:40ils font des comparaisons,
16:42ils demandent aux témoins
16:43de regarder des photos
16:45et les témoins
16:47reconnaissent
16:47en partie
16:48les frères Slimane,
16:50les deux.
16:51Ils sont plusieurs
16:52à le dire
16:52et ça, c'est très bizarre.
16:55On voit dans les PV
16:56que les enquêteurs
16:57concluent
16:58à un tapissage
16:59quasiment négatif.
17:00Alors déjà,
17:00c'est un drôle de terme.
17:01Quasiment négatif,
17:02ça veut dire quoi ?
17:02C'est un tapissage,
17:03si on met des personnes
17:04derrière une vie de soixante
17:05et on les fait connaître
17:06et considèrent
17:08qu'étant donné
17:09que les gens
17:10n'ont pas été catégoriques
17:11en disant
17:12c'est sûr,
17:12c'est eux,
17:13on écarte la piste.
17:14Donc tout le monde
17:14est relâché,
17:15on dit
17:15c'est pas eux,
17:17on arrête.
17:19Et ensuite,
17:20effectivement,
17:21quand Jean-Pierre Adam
17:22entre dans la danse
17:23après l'assassinat
17:24de Michel Pirot,
17:27enfin le meurtre,
17:30à ce moment-là,
17:31il envoie des tas
17:32de courriers,
17:33il demande
17:33à ce que l'enquête
17:34soit relancée
17:34sur cette piste française.
17:36Entre-temps,
17:36il y a des tas
17:36d'autres pistes
17:37qui ont été examinées
17:39en Belgique,
17:39mais toujours
17:40sur une piste
17:41belge au belge,
17:42disons,
17:43on sort pas
17:44des frontières
17:44de la Belgique.
17:45et en fait,
17:47on a l'impression
17:48d'une justice
17:49qui s'enferme
17:49un petit peu
17:50dans ses convictions premières
17:53et qui ne veut pas
17:54explorer une nouvelle piste
17:56qui arrive de l'extérieur
17:57finalement.
17:59Et ce qui est important
18:00de savoir,
18:01c'est qu'en 2018,
18:03donc c'est assez récent,
18:04un enquêteur de Charleroi
18:07va regarder
18:09si la piste française
18:10a bien été examinée
18:12ou pas,
18:12puisque les enquêteurs
18:13disent que ça a été
18:15le cas.
18:15Et ce qui conclut
18:16au fait que non,
18:17la piste n'a pas
18:18été examinée.
18:19Donc,
18:19on a la certitude
18:20que l'enquête
18:21n'a pas été menée
18:22sur ce volet-là,
18:23sur le volet français.
18:25Ça,
18:25on le sait maintenant.
18:26Et on sait aussi,
18:28c'est encore plus grave,
18:29que la justice belge
18:30et que les enquêteurs
18:31ont couvert
18:33leurs premières erreurs
18:34par des PV
18:35disant
18:35on a tout examiné,
18:37mais c'est sûr,
18:37c'est pas eux.
18:37En fait,
18:38ils n'ont pas à examiner.
18:39Donc,
18:39il faudrait reprendre
18:40depuis le début.
18:41Alors ça,
18:42je l'ai demandé,
18:42évidemment.
18:43J'ai demandé
18:44à la juge
18:45d'instruction belge
18:46pourquoi,
18:48en 2011,
18:49un commissaire
18:50de police
18:50avait fait
18:51un procès verbal
18:52d'une page
18:52disant
18:53tout a été fait
18:54sur les frères Siman,
18:56les références
18:57seraient trop nombreuses
18:58à citer,
18:59je n'en donne que
18:59trois de 82.
19:01Sauf que,
19:02en 2019,
19:03huit ans après,
19:04un autre enquêteur
19:05alerté
19:06par Jean-Pierre Adam
19:08va faire un procès verbal
19:09alors de 12 pages,
19:10donc 1 contre 12,
19:12dans lequel il décortique
19:13et il dit
19:13nous avons constaté
19:17que toutes ces mentions
19:18sont fausses,
19:20sont inexactes.
19:21On ne dit pas faux
19:21parce que c'est déjà
19:22un jugement.
19:23Elles sont inexactes.
19:24rien n'a été fait
19:25dans le cadre
19:26de l'enquête
19:26CBOW,
19:27c'est-à-dire
19:28Cellule du Brabant-Wallon
19:29en acronyme.
19:31Voilà.
19:32Moi, j'ai demandé
19:33l'audition
19:33de cet enquêteur
19:35qui dit avoir tout fait
19:35et éventuellement
19:36sa confrontation
19:37avec l'enquêteur
19:38qui dit
19:38que ce n'est pas vrai.
19:38et la juge d'instruction
19:41m'a répondu
19:41ça n'est pas utile
19:42c'est la vérité.
19:43C'est assez...
19:44Ça n'est pas utile ?
19:45C'est pas utile.
19:46C'est un peu court,
19:48c'est pas motivé,
19:49j'en ai fait appel.
19:50C'est quoi l'histoire ?
19:51C'est que c'est un
19:52trop vieux dossier ?
19:53Non, non.
19:54C'est...
19:54On n'a pas envie
19:55de découvrir quelque chose ?
19:56C'est la couverture
19:57des premières errances
19:58de l'enquête ?
19:58Ou qu'on s'en fout
19:59complètement ?
20:00Parce que ça existe
20:01et ça aussi ?
20:01Honnêtement,
20:02je ne crois pas
20:02qu'on s'en fout.
20:03Je pense qu'on a peur
20:04de découvrir
20:07justement les erreurs
20:08du début
20:08qui auraient pu éviter.
20:10Quand le titre
20:11de mon premier livre,
20:12je dis
20:12on pouvait éviter
20:1327 morts,
20:14il y en a eu 28,
20:15mais après le premier,
20:17la banque était dénoncée
20:18sur procès verbal
20:18et on n'a rien fait
20:19avec ça.
20:20C'est pour ça que...
20:21On n'aime pas farfouiller
20:22dans nos propres erreurs.
20:23Non, on a peur
20:23parce que vous vous rendez compte
20:24de devoir reconnaître
20:25qu'on pouvait éviter
20:26ces 27 morts.
20:28La honte,
20:30en fait,
20:30si vous voulez,
20:31j'avais à l'époque
20:32en 99,
20:342000,
20:342001,
20:352002,
20:35de très bons contacts
20:36avec la PJ de Reims,
20:38Daniel Bourgard,
20:39qui m'alimentait
20:40sur la bande ici.
20:42Et chaque fois,
20:42je faisais des rapports
20:44officiels
20:44depuis Neuchâtel
20:46vers la cellule
20:47Brabant-Wallon.
20:48Et j'étais convaincu
20:49qu'ils investiguaient,
20:51convaincu
20:52qu'un jour ou l'autre,
20:53on allait dire
20:53ok,
20:53on a élucidé
20:54les tueries du Brabant.
20:55Ah oui.
20:56Il y a quelques années
20:57d'ici,
20:58la télévision belge,
20:59la RTBF,
21:00dans leur émission
21:01Investigation,
21:03va au contact
21:04du chef d'enquête
21:05de l'époque
21:06avec mes rapports
21:07et lui présente
21:09vous avez souvenance
21:11de ce premier rapport-là ?
21:12Bof,
21:13peut-être.
21:14Deuxième rapport,
21:15je ne me rappelle pas.
21:16Troisième rapport.
21:17Quatrième rapport,
21:18mais ça vous est adressé
21:19personnellement.
21:21Et alors là,
21:22qu'est-ce qu'il dit ?
21:23Oui,
21:23peut-être que cette piste-là,
21:25j'ai eu connaissance,
21:28mais elle n'entrait pas
21:30dans la politique générale
21:32menée à l'époque.
21:34Merci.
21:34J'ai demandé l'audition.
21:35Merci beaucoup.
21:36En tout cas,
21:37conclusion de notre discussion,
21:38croire en ces instincts
21:39de gendarme,
21:39là,
21:40si je puis dire,
21:41vous jouez gros
21:41puisque c'est cul tout double,
21:42la piste Slimane
21:43ou alors on repart de zéro.
21:45Merci à tous d'être venus.
21:46Merci d'avoir partagé
21:47ce moment avec nous.
21:48Merci.
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