- il y a 17 heures
Regardez Les auditeurs ont la parole avec Amandine Bégot du 13 novembre 2025.
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00:0012h30, 14h, RTL Midi, les auditeurs ont la parole, avec Amandine Bégaud.
00:07Et à la une aujourd'hui, les cérémonies du 13 novembre, 10 ans après, l'émotion reste vive pour les victimes, 132 victimes, on le rappelle.
00:16On pense aussi, bien sûr, à ceux qui s'en sont sortis, leur famille, émotion aussi de tout un pays.
00:23Dites-nous d'ailleurs, quels souvenirs vous gardez 10 ans après de cette nuit d'horreur, si ces attentats ont changé quelque chose pour vous ?
00:29J'attends vos témoignages au 3210, vous avez la parole dans un instant.
00:34Dans l'actualité également, les dates du procès en appel de Nicolas Sarkozy dans l'affaire libyenne, ce sera du 16 mars au 3 juin prochain.
00:42L'ancien président désormais libre, mais sous contrôle judiciaire.
00:47A l'Assemblée nationale, la reprise des débats autour du volet recette du budget et les retraités ne seront finalement pas mis à contribution.
00:54Les parlementaires, en tout cas, ont voté ce matin contre la suppression de l'abattement de 10% sur les retraites.
01:00Il y a du foot ce soir, France, Ukraine et les Bleus peuvent décrocher dès ce soir leur qualification pour le Mondial 2026.
01:07En cas de succès, ce sera validé à suivre, bien sûr, sur RTL.
01:12RTL Foot, c'est dès 20h30.
01:15Je vous signale le carton plein du nouvel Astérix qui a passé le million d'exemplaires vendus.
01:22C'est 6% plus que le précédent.
01:24La météo avec cette douce petite musique.
01:27La douceur, Peggy, ça va changer.
01:30Ça persiste encore demain à l'échelle nationale parce qu'on aura encore des températures très douces le matin et elles resteront douces l'après-midi.
01:36On sera souvent entre 10 et 16 degrés le matin, 16 à 20 au nord, 20 à 23 au sud.
01:41Côté ciel, ça va changer et pour les températures, ça va commencer à baisser à partir de ce week-end.
01:45Mais changement de temps avec un épisode méditerranéen qui se met en place dès le matin demain avec des pluies régulières sur les Cévennes.
01:52Est-ce qu'on soutenu en journée de fortes pluies sur les Pyrénées également ?
01:55Ce sera plus vieux le matin sur le nord-ouest entre la Bretagne, la Normandie, les pays de la Loire.
01:59Bien nuageux entre le sud-ouest et la frontière belge, ensoleillé encore sur le flanc est.
02:04Mais ça ne va pas durer parce que les nuages vont se décaler vers l'est.
02:07On va retrouver des éclaircies sur l'ouest et des pluies orageuses vont se mettre en place dans l'après-midi entre le Limousin et le Centre.
02:13Donc un temps perturbé demain et qui annonce un week-end plutôt mitigé, gris, pluvieux.
02:18Bon, on aura le temps de redétayer tout ça d'ici là. Merci beaucoup Peggy.
02:21J'étais dans ma chambre et quand j'ai regardé les informations sur mon téléphone, j'ai été tellement choquée que j'ai été réveillée mon père.
02:37Je lui ai dit « Papa, il se passe un truc horrible, il faut que tu viennes voir ».
02:41Tout de suite, il a appelé ma tante parce qu'il savait que mes cousins étaient à un match de foot sur Paris ce jour-là.
02:47C'était effrayant, j'avais le cœur qui battait à 2000 à l'heure.
02:50Et depuis, tout est tellement différent.
02:51Si je réserve un concert à Paris, j'aurais toujours cette appréhension.
02:54J'étais à Paris avec un ami, nous étions à un concert, mais pas celui du Bataclan.
02:59Donc le concert s'est terminé, on rangeait le matériel, j'ai entendu à la radio ce qui se passait et j'étais très touché de ça.
03:06Nos enfants savaient qu'on était à un concert, mais ils ne savaient pas où ça se passait.
03:10Ils ont essayé de nous appeler, mais comme les lignes étaient très occupées, c'est un peu compliqué.
03:13Voilà, dix ans après ces attentats du 13 novembre, ces cérémonies aujourd'hui,
03:21elles sont en cours en ce moment même sur chacun des lieux de ces attaques.
03:27Et le souvenir, et on le voit dans vos appels, est extrêmement présent toujours.
03:32On va vous entendre dans un instant.
03:35Sandra Wabian est aussi avec nous.
03:37Bonjour.
03:38Bonjour.
03:38Vous êtes docteure en sociologie, directrice du CREDOC et l'une des auteures de Faire face les Français et les attentats du 13 novembre 2025,
03:46ouvrage collectif publié chez Flammarion.
03:49En fait, ça retrace tout le travail que vous avez réalisé depuis dix ans, à partir de juin 2016 jusqu'à juillet 2024.
03:59Vous avez interrogé plusieurs dizaines de milliers de personnes pour voir comment cette mémoire commune des attentats évoluait avec le temps.
04:11On entend, vous avez entendu Sandra, ces auditeurs qui nous ont laissé des messages.
04:17Ce qui est assez frappant, c'est que tout le monde, ou presque en tout cas c'est l'impression que j'en ai,
04:20se souvient d'où il était ce soir-là.
04:22Oui, tout à fait.
04:24Ça, c'est un des marqueurs les plus importants de la mémoire.
04:29C'est quand on est face à un événement très choquant et qui marque la société,
04:36eh bien, quasiment tout le monde est capable de se rappeler où il était quand il a appris les attentats,
04:41à qui il en a parlé, comment il a appris les événements.
04:45Et au total, si on regarde tous ces différents marqueurs,
04:48on est encore à 66% de la population française
04:51qui a cette mémoire qu'on appelle la mémoire flash,
04:54un peu comme un flash d'une photo où vraiment on se rappelle.
04:57C'est la même chose, par exemple, pour les attentats du 11 septembre
05:01qui ont aussi beaucoup marqué les sociétés occidentales.
05:05Sandra Ouabian, restez avec nous et on va échanger avec les auditeurs.
05:08Je voudrais qu'on accueille d'abord Nicole. Bonjour Nicole.
05:10Bonjour.
05:11Vous nous appelez d'où, Nicole ?
05:13Cherbourg.
05:14Cherbourg.
05:15Alors, et vous savez précisément ce que vous faisiez ce soir-là du 13 novembre 2015 ?
05:21Ah oui.
05:21Nous fêtions les anniversaires de mon beau-fils et de ma fille
05:24qui sont nés à huit jours d'intervalle.
05:26Et quand on a vu ça, tout allait bien.
05:30C'était convivial, très sympa.
05:32Et d'un coup, la télévision était allumée.
05:33D'un coup, on a entendu.
05:35Alors, les attentats, mon Dieu, tout s'est arrêté.
05:40Tout s'est arrêté.
05:41C'était une catastrophe, bien sûr.
05:43On a fait le repas quand même, bien sûr.
05:46Mais c'était dans les têtes.
05:48Dix ans après, c'est toujours dans nos têtes.
05:50Il n'y a rien à faire.
05:51On sent encore, Nicole, l'émotion dans votre voix, dix ans après ?
05:54Ah oui.
05:54Ah oui, on ne peut pas oublier.
05:55C'est impossible.
05:57C'est impossible.
05:58Partout où on passe, on a un petit peu peur.
06:01Il faut dire ce qu'il y a.
06:02Ah aujourd'hui encore, vous avez peur ?
06:03Ah oui.
06:04Ah oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui.
06:06Ah oui, partout.
06:09Voilà.
06:09Si on va dans une salle de concert, là, l'autre fois, on est allé voir Hugo Fray.
06:14J'ai dit à mon mari, oh là là, ça pourrait nous arriver là aussi.
06:18Voilà.
06:19C'est au quotidien, en fait, moi.
06:21Ça n'a pas disparu ?
06:23Vous n'avez pas le sentiment qu'avec le temps, ça s'affaiblit ?
06:25Non.
06:26Non, c'est impossible à oublier.
06:27C'est impossible.
06:28Pas ce qui s'est passé.
06:30Et puis, il y en a eu d'autres.
06:31On dit le Bataclan.
06:31Il y a le Bataclan, bien sûr.
06:33Il y a eu tous ces morts.
06:34C'était une horreur.
06:35Une horreur, mais il y a eu autour, au bar, sur les terrasses.
06:38Les terrasses.
06:39Pourquoi ?
06:40Mais c'est gratuit.
06:41On ne peut pas oublier ça.
06:43On va de temps en temps à Paris.
06:45On est allé sur...
06:46Il a fallu que j'aille.
06:48On était avec nos enfants.
06:49Et j'ai dit, il faut qu'on aille voir.
06:50Il faut que j'allez devant le Bataclan.
06:53Il faut que j'aille devant ces bars.
06:54Voilà.
06:55Ça a été ça.
06:57Oui, oui.
06:58Personne ne peut oublier.
06:59Je ne pense pas.
07:00Je ne pense pas.
07:01Non.
07:02Ce n'est pas possible.
07:02C'est impossible.
07:04Nicole, on est toujours en ligne avec Sandra Ouabion, directrice du Credoc.
07:10Vous pilotez, entre autres, avec d'autres, cette grande enquête sur les Français et les attentats du 13 novembre.
07:15Sandra, quand vous entendez à la fois l'émotion de Nicole et aussi cette peur,
07:19c'est quelque chose qui est présent chez les Français ?
07:23Oui, tout à fait.
07:25C'est exactement ce que dit votre auditrice, Nicole.
07:31En fait, la première conséquence perçue de ces attentats, c'est effectivement la peur.
07:36Il y a plus d'une personne sur deux qui nous parle de la peur.
07:38Et c'est un chiffre qui n'a pas du tout diminué en dix ans.
07:41Donc, c'est vraiment, d'une certaine manière, une forme de réussite des terroristes d'avoir semé la peur dans notre société.
07:51Après, il y a d'autres conséquences qui sont perçues.
07:54Le sentiment de vivre dans une société qui est plus sécuritaire, où il y a davantage de mesures qui sont prises.
08:00Et on le voit dans nos quotidiens, quand on va au spectacle, quand on va dans des salles, des endroits publics.
08:07Et également des menaces sur les libertés individuelles, puisque cette augmentation de la sécurisation des Français a aussi des conséquences, forcément, sur les libertés individuelles.
08:19Un Français sur deux qui continue à avoir peur.
08:24Nicole, restez avec nous. On va accueillir Alexia.
08:26Bonjour, Alexia.
08:27Bonjour.
08:28Vous nous appelez d'où ?
08:2991 et seule.
08:31Et vous faites partie de ceux qui ne sont pas retournés voir un spectacle depuis le 13 novembre ?
08:36Effectivement, c'est vrai.
08:37Puisque moi, ce soir-là, j'étais dans le 11e.
08:40Alors, pas au cœur de l'action, malheureusement pour moi, mais malheureusement pour les gens qui y étaient.
08:47J'étais sur un autre spectacle complètement, qui n'avait rien à voir avec le Bataclan, vraiment avec une amie, tout simplement.
08:56Une amie qui, pourtant, n'est pas de la région parisienne, contrairement à moi.
09:01Et qui, déjà, s'interrogeait, quand on est sortis du spectacle, de voir autant de policiers, de voitures de secours passer dans les rues.
09:09Moi, j'ai tenté de la rassure.
09:11On n'était pas du tout au courant, bien entendu, de ce qui pouvait se passer quelques minutes avant, puisque c'était quelques minutes avant.
09:17Et je lui disais, mais tu sais, Paris, c'est comme ça.
09:21Il y a beaucoup de brassages de personnes, de policiers, etc.
09:25Elle n'était pas très rassurée.
09:26On a quand même été manger.
09:27Juste après, il y avait le match de foot qui était diffusé dans la pizzeria.
09:33Nous, nous étions en vitrine.
09:34Elle me dit, mais ce n'est pas normal.
09:35Tout se monte, quand même.
09:37Je suis habituée.
09:38Et on a quand même reçu un coup de fil de mon colloque, à l'époque, qui m'a appelée pour me dire, mais tu es toujours sur Paris ?
09:44Oui.
09:45Il me dit, mais il y a un attentat.
09:46Vous êtes où ?
09:47Vous êtes en sécurité ?
09:48Je ne sais pas.
09:48De quoi tu me parles ?
09:50Je ne sais pas.
09:51Nous, on ne sait pas ce qui se passe.
09:52On n'avait plus de réseau, en fait.
09:53On ne s'en est pas rendu.
09:54On n'arrivait pas à aller sur les réseaux sociaux, les informations.
09:57On arrivait à avoir des appels.
09:58Si vous étiez, en plus, dans le 11e, effectivement, tout était saturé.
10:02C'est ça.
10:03Et la copine, quand on a eu cette appel, elle m'a dit, tu vois, il se passe quelque chose, quand même.
10:08On va rentrer, ce n'est pas normal.
10:10D'habitude, je vais toujours en voiture à Paris.
10:11Nous avions pris le métro.
10:13Et on nous a quand même pu repartir.
10:15Mais en fait, on nous a annoncé directement dans le métro que c'était le dernier et que tout était fermé à partir de maintenant.
10:21Donc, on a pu sortir de Paris assez vite, finalement.
10:25Et une fois qu'on a passé la barrière pour Paris, on a pris le RERB et on a commencé à capter.
10:30Et en fait, vous avez tous les réseaux sociaux qui se sont affolés pour vous demander si vous étiez en sécurité, de rassurer les familles, etc.
10:36Mais on n'arrivait pas à savoir ce qui se passait.
10:39Sur le moment, on a pris ça comme une alerte peut-être bénigne ou fausse, en fait.
10:44Quand est-ce que vous avez réalisé, Alexia ?
10:47On a réalisé quand, justement, nos téléphones ont commencé à nous capter et nous dire, mais est-ce que vous êtes en sécurité ?
10:54Mais on n'arrivait pas à avoir des informations dans le RER.
10:56C'est vraiment quand on est rentré et qu'on a pu allumer la télé, le match était fini.
11:02Puisqu'ils n'ont pas arrêté le match, c'est ce que j'ai dit à mon colloque au téléphone, mais le match est toujours en cours.
11:07Et s'il n'y avait qu'un si gros attentat comme tu penses, ça aurait arrêté.
11:11C'est ça qui me reste en tête, c'est des fois d'avoir été proches, qu'à la fois, l'information, quand on nous étudie dans Paris, nous n'avions pas cette information du tout.
11:20Peut-être la preuve, les gens extérieurs de Paris étaient au courant avant, les gens qui étaient sur place.
11:28C'est ce qui me reste vraiment en tête.
11:31Et quand on a éliminé la télé, on s'est dit que c'était vraiment grave ce qui s'est passé.
11:34Et ce n'était pas encore fini, puisque les attaques ont continué en cours.
11:39Et on a vu au fur et à mesure l'horreur de ce qui se passait.
11:42Et vraiment, le Stade de France, pourquoi ils n'avaient pas arrêté le match, etc.
11:46Malgré qu'on avait le son, mais dans Gene Pizzeria, vous n'entendiez pas.
11:50Mais depuis, Alexia, vous n'êtes jamais retourné voir un spectacle, vous avez 38 ans.
11:53Non, oui.
11:55Alors, j'y allais beaucoup, c'est vrai.
11:57J'ai mis beaucoup de temps à retourner à Paris, quand même.
12:01Spectacles, non.
12:02Alors, j'allais beaucoup pour la culture, plus sur Paris, je ne suis pas très loin.
12:07Et plus des expos, concerts, spectacles, en tout cas, c'est vrai que je n'y suis jamais retournée.
12:14J'ai perdu ce goût, je pense, d'y aller.
12:18Je suis quand même retournée à Paris, mais c'est vrai qu'on a, comme disait le disque précédent,
12:22de cette petite crainte, en fait, de se retrouver.
12:27Il y a eu les terrasses, mais il y a aussi le Bataclan, où ils étaient pris au piège, en fait.
12:31Et il n'y a pas d'issue.
12:34Alexia, restez avec nous.
12:35On va continuer à échanger, à vous donner la parole pour nous raconter cette soirée du 13 novembre 2015.
12:43On voit à quel point elle reste ancrée dans la mémoire de chacun de nous.
12:46A tout de suite.
12:4710 ans après ces attentats du 13 novembre, on continue à évoquer cette soirée d'horreur avec vous, les auditeurs.
13:07Ce qui est très frappant, c'est que vous avez tous une mémoire très précise de l'endroit où vous étiez ce soir-là,
13:15ce qui s'est passé quand vous l'avez appris.
13:18Sandra Ouabian est toujours avec nous, directrice du CREDOC,
13:21qui réalise cette grande enquête pour mesurer, en quelque sorte,
13:26le souvenir des Français et ces attentats du 13 novembre.
13:31On va accueillir Adèle.
13:32Bonjour Adèle.
13:34Bonjour.
13:34Vous nous appelez d'où ?
13:37Alors là, je suis sur Brest, dans le 29.
13:39Voilà, et vous nous aviez laissé un message, on vous a entendu tout à l'heure,
13:42et c'est pour ça qu'on vous a rappelé.
13:44Vous aussi, comme Alexia, qui est toujours en ligne avec nous,
13:47vous disiez aujourd'hui...
13:49Alors Alexia, elle n'est carrément pas retournée voir un spectacle,
13:51mais vous vous dites, dès que je réserve un concert à Paris, j'ai toujours une appréhension.
13:56Complètement, complètement.
13:57Il y a deux ans, on a eu la chance d'aller voir Rammstein au Stade de France,
14:01et avec mon mari, on y a pensé.
14:05On s'est dit, mais qu'est-ce qui se passe là, si jamais on est bloqué,
14:08il y a 70 000 personnes, qu'est-ce qui va nous arriver ?
14:11C'est l'endroit fatigué qu'on se dit, il peut se passer n'importe quoi, en fait.
14:16Et même à l'extérieur, que ce soit tout autour du Stade de France,
14:20on a bien vu qu'il y avait une sécurité énorme, mais tout peut arriver.
14:23Adèle, vous avez 28 ans aujourd'hui, c'est ça ?
14:26C'est ça.
14:27Vous aviez 18 ans à l'époque, vous vous souvenez précisément de ce soir-là ?
14:32Ah oui, je ne l'oublierai jamais.
14:35J'étais dans ma chambre chez mon papa,
14:37et je regardais les actualités sur mon téléphone.
14:40Quand j'ai vu les premières annonces, c'était sur le monde, je me rappelle.
14:45J'ai tout de suite été réveillée mon père pour lui dire qu'il se passait quelque chose d'horrible,
14:48qu'il fallait qu'il vienne voir.
14:50Et donc, on a allumé la télévision, on regardait, on était tous les deux aux aguets.
14:56Et tout de suite, mon père a pris son téléphone pour appeler notre tante, sa soeur,
15:02pour voir comment allait ses fils, parce qu'eux étaient au Stade de France pour voir un match de foot.
15:08Donc, on était très, très inquiets.
15:09Elle n'avait pas de nouvelles à ce moment-là, parce que du coup, je pense que le réseau était saturé.
15:13Oui, comme c'était le cas dans Paris, c'était le cas aussi aux abords du Stade de France.
15:16Les gens ne pouvaient pas appeler.
15:17C'est ça, par chance, ça s'est bien fini pour eux.
15:20Ils ont pu rentrer à la maison, mais c'est vrai qu'on a eu très, très peur.
15:25Et en fait, pendant toute la soirée, on voyait presque à la nuit, près de tous les déplacements qu'il y avait au niveau des attentats.
15:33Ça s'est allé sur tout Paris, quoi.
15:34On s'est dit, mais c'est le début de la guerre, en fait, ça ne va jamais s'arrêter.
15:37Et ça a suivi une nuit d'angoisse, donc, pour vos cousins, j'imagine ?
15:42Pour toute notre famille, que ce soit nos cousins, leur maman, mon père, moi, ma maman.
15:49Enfin, on est tous restés aux aguets toute la nuit pour voir ce que nous, toute notre famille est sur Paris.
15:55Donc, c'est vrai qu'au final, puisqu'ils peuvent toucher n'importe qui, pourquoi pas l'un des nôtres ?
16:01À quelle heure, Adèle, vous avez su que vos cousins étaient sains et saufs ?
16:05Il était tard. Je pense qu'on n'était pas loin d'une heure du matin.
16:08Restez avec nous, Adèle. On va accueillir Françoise. Bonjour, Françoise.
16:13Oui, bonjour, Amandine.
16:15Vous nous appelez de Montpellier ?
16:16Voilà, tout à fait. J'appelle de Montpellier.
16:18Et vous aussi, vous avez vécu une nuit d'horreur, cette nuit-là ?
16:21Moi, ça a été épouvantable, beaucoup plus que la jeune fille qui vient de parler,
16:25parce que mon fils Arnaud était le producteur du groupe qui était au Bataclan.
16:31Donc, il était sur place ?
16:33Ah oui, oui, oui. Il a été gravement blessé dès l'arrivée des terroristes.
16:39Lui, bon, je dois dire que lui, malheureusement, il a été blessé gravement,
16:44mais son copain Thomas a été shooté sous ses yeux et lui est mort, malheureusement.
16:52Donc, ça a été une nuit d'horreur.
16:55Je n'ai su que le lendemain, à 9h30, qu'Arnaud n'était pas mort,
17:00qu'il était toujours vivant et qu'il avait été transféré à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce,
17:06enfin, l'ancien Val-de-Grâce.
17:08Donc, j'ai tout de suite, il a pris une balle sous l'aisselle,
17:11la droite qui est rentrée et qui est ressortie au-dessus du sein droit,
17:17qui lui a explosé les côtes, les muscles, etc.
17:21Donc, ça a été une nuit absolument terrible,
17:25d'autant que, bon, je vis toute seule à Montpellier.
17:29Et pardon, Françoise, comment est-ce que vous avez su ce qui se passait à Paris ?
17:33Ah ben, moi, j'ai su parce que j'ai vu un bandeau qui défilait à la télé,
17:38ou je pense que c'est ça.
17:40Et vous saviez que votre fils était au Bataclan ce soir-là ?
17:42Alors, il avait posté une photo en début de soirée, comme quoi il était au Bataclan.
17:48Et donc, tout de suite, vous vous êtes dit, oh là là, il est dedans ?
17:51Ah ben oui, oui, oui.
17:52Oui, mais vous avez tout de suite fait le rapprochement.
17:54Et là, j'imagine...
17:55Ah ben, évidemment.
17:56Parce qu'en plus, comme c'est son travail, si vous voulez,
17:59bon, voilà, c'était évident qu'il était là-bas.
18:04Donc, sachant que je vis toute seule à Montpellier,
18:07mes deux autres fils habitaient et habitent toujours aux Etats-Unis.
18:12Et donc, bon, c'était vraiment l'horreur, quoi.
18:17Ça a été une nuit d'enfer.
18:19Je n'ai pas fermé l'œil, évidemment, de toute la nuit.
18:22Et vous avez essayé de l'appeler, Françoise, toute la nuit, j'imagine ?
18:25Ah oui, plein de fois, plein de fois.
18:27En plus, vous savez, bon, à l'époque, c'était il y a 10 ans,
18:29donc il avait 34 ans.
18:31Bon, il avait plein d'amis sur Paris.
18:34Enfin, c'était un garçon extrêmement solaire
18:37qui a adoré sortir, faire la fête, etc.
18:41Mais moi, les amis, je ne connaissais que les prénoms, vous voyez ?
18:45Impossible de retrouver.
18:47Donc, enfin, ça a été épouvantable, quoi.
18:50Une nuit d'horreur, quoi.
18:52Et ça n'est que le lendemain, à 9h30, que vous savez qu'il est vivant.
18:55Mais c'est affreux.
18:56C'était épouvantable.
18:58Ces numéros qui défilaient à la télé.
19:01Alors, j'ai appelé une amie qui habitait à côté de chez moi,
19:03qui est vite venue, qui a enfilé une robe de chambre
19:07et qui est vite venue me tenir compagnie.
19:10Oui, jusqu'à 3h du matin.
19:12Mais bon, il fallait qu'elle aille travailler le lendemain.
19:15Donc, c'est son mari qui est venu prendre le relais en cours de nuit, quoi.
19:20Mais on n'arrivait à voir personne, quoi.
19:22C'était épouvantable.
19:24Épouvantable.
19:24Et à 9h30, Françoise, c'est votre fils Arnaud
19:27que vous avez au téléphone ou vous apprenez ?
19:29Non, non.
19:29Alors, on s'était partagé tous les hôpitaux.
19:32Parce que certains de ses amis, évidemment,
19:35savaient qu'il était au Bataclan.
19:37Donc, on a partagé un certain nombre d'hôpitaux
19:41et on a appelé sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt.
19:44Et une de ses amies m'a appelée, donc, à 9h30.
19:48Elle m'a dit, Françoise, ça y est, je l'ai trouvé.
19:50Mais je n'ai pas osé appeler.
19:52Il a été transféré à tel hôpital.
19:54Mais je n'ai pas osé appeler pour savoir dans quel état il était.
19:58Parce que, bon, voilà.
19:59Et quand est-ce que vous avez pu, enfin, l'avoir au téléphone, Françoise ?
20:02Moi, je n'ai pas pu l'avoir au téléphone.
20:04Je suis immédiatement partie le samedi.
20:08En début d'après-midi, j'ai pris un avion.
20:10Je suis partie à Paris.
20:12Bon, c'est vrai que c'était bien parce que la production,
20:15puisqu'il était producteur,
20:17avait organisé une voiture pour venir me chercher,
20:20l'hôtel réservé, etc.
20:21Donc, je suis allée immédiatement à l'hôpital.
20:25Mais on l'avait mis dans un coma artificiel
20:29pour éviter, si vous voulez, les douleurs, quoi.
20:32Donc, il avait été opéré en fin de matinée
20:34par une équipe absolument formidable.
20:38Donc, voilà.
20:39Et jusqu'au jeudi, on l'a maintenu dans ce coma artificiel.
20:44Et Françoise, comment il va aujourd'hui, 10 ans après ?
20:46Oh, il va merveilleusement bien.
20:48C'est merveilleusement bien parce que c'est le directeur général
20:52de AEG Presents France
20:55qui a fait la tournée de Taylor Swift,
20:58d'El Chirane.
20:59Ah oui, oui, c'est vraiment...
21:01Donc, il a continué dans ce métier-là.
21:02Ah oui, oui, oui.
21:04Donc, je voulais vous envoyer un article
21:06qui est paru ce matin dans la presse régionale
21:09où il explique tout ça.
21:11Mais vous devriez lui dire de nous appeler, François.
21:14Il est aux Etats-Unis en ce moment.
21:17Il était à Nashville et à Chicago.
21:20Il reste marqué toutefois, j'imagine.
21:23Ah oui, oui, oui.
21:24C'est terrible.
21:25Il vous a raconté, lui, comment il avait vécu les choses ?
21:28Non, de façon tripudique.
21:30De façon tripudique.
21:32Et pour ma part, j'ai évité les questions trop intrusives.
21:36Je me souviens simplement que l'année d'après,
21:40l'anniversaire d'après,
21:43il était à Montpellier, là, chez moi.
21:44Et donc, les photos des terroristes ont défilé.
21:48Et simplement, je lui ai dit,
21:49tu veux que j'éteigne la télé ?
21:51Il m'a dit, non, non, n'éteins pas.
21:53Et j'ai dit, tu te souviens qu'il t'a tiré dessus ?
21:55Parce qu'apparemment, le mec,
21:57il était à trois mètres de lui
21:59quand il lui a tiré dessus.
22:01Quand il a tiré...
22:03Parce qu'ils étaient à l'extérieur
22:04avec Thomas et Delphine,
22:07une amie qui a été extraordinaire aussi
22:10et qui s'est occupée de lui.
22:14Thomas, malheureusement, il n'y avait plus rien à faire.
22:16Mais Arnaud, vraiment,
22:18je pense qu'il a été épargné
22:20malgré tout de toute cette horreur
22:23qu'il y a eu à l'intérieur, si vous voulez.
22:24Et vous diriez aujourd'hui
22:26qu'il n'a aucune séquelle, Françoise ?
22:28Physiquement, il n'en a aucune.
22:31Psychologiquement, je pense que,
22:33bon, de temps en temps,
22:35peut-être que ça doit remonter.
22:37Aujourd'hui, vous ne l'avez pas eu au téléphone, par exemple ?
22:39Ah non, non, non.
22:40Parce qu'il est au Mexique, là.
22:42Il était parti à Nashville
22:43parce qu'il y avait une réunion
22:45des producteurs qui étaient là-bas.
22:48Et maintenant, il est à Nashville.
22:50Donc, avec le décalage, je ne l'ai pas eu.
22:52Mais je voulais vous faire part que,
22:54oui, il a une force de résilience incroyable, quoi.
22:59Incroyable, moi.
23:00Il fait toute mon admiration.
23:02Pas seulement, parce que c'est mon fils, quoi.
23:06Oui, oui, mais on vous comprend.
23:08Mais vous, vous gardez des séquelles
23:12de cette nuit d'angoisse ?
23:13Moi, j'en ai eu.
23:14Alors, curieusement, pas tout de suite
23:16après les attentats.
23:17Mais peut-être six mois après,
23:19je me trouvais dans un magasin,
23:21une grande surface.
23:22Et tout d'un coup,
23:23une terreur m'a habité en me disant
23:27« S'il y en a qui rentrent avec des kalachnikovs,
23:30qu'est-ce que je fais ? »
23:30Alors, je me suis dit
23:32« Je vais me cacher sous la caisse. »
23:34Enfin, des choses complètement terribles, quoi.
23:38Et donc, comme j'avais un ami psychologue,
23:42psychiatre, je lui ai demandé,
23:44il m'a dit « Tu fais un stress post-traumatique. »
23:47Donc, j'ai fait quelques séances, peu.
23:50J'en ai fait que trois,
23:51parce qu'on m'avait prévu dix,
23:54mais de MDR.
23:56Et ça a été, pour moi,
23:58vraiment salutaire, quoi, de faire ça.
24:00Merci beaucoup, Françoise,
24:02pour votre témoignage.
24:03Restez avec nous, si vous le pouvez.
24:05On va continuer à échanger
24:07autour de ce 13 novembre.
24:10À 14h, l'heure du crime.
24:12Jean-Alphonse Richard.
24:13Bonjour, Jean-Alphonse.
24:13Bonjour, Amandine.
24:14Et alors, ce matin,
24:15aujourd'hui, pardon,
24:16vous nous parlez du peintre de Montmartre.
24:19Ben oui, vous connaissez à Paris
24:20la place du Tertre, évidemment.
24:22Vous allez vous y balader de temps en temps.
24:24C'est à Montmartre.
24:24C'est un haut lieu touristique de la capitale.
24:27Théo Pingsing, c'est un Singapourien.
24:30Il était là depuis 40 ans
24:31et c'était un peu la star,
24:33on va dire, de la place du Tertre.
24:35C'est une petite célébrité.
24:36Beaucoup de touristes venaient le voir.
24:37Il gagnait beaucoup, beaucoup d'argent.
24:40Et on va le retrouver chez lui,
24:42battu à mort dans son appartement,
24:44ou plutôt dans son pavillon,
24:46tellement frappé et torturé
24:47que son visage s'est presque effacé.
24:50C'est vous dire la violence
24:51avec laquelle cet homme a été tué.
24:52On cherchait à lui faire avouer un secret.
24:56Mais quel secret ?
24:57Il en avait sans doute beaucoup,
24:58Théo Pingsing.
24:59Le fait est, c'est qu'on n'a pas trouvé
25:01quel secret on pouvait chercher.
25:03Pourquoi tuer cet artiste
25:04qui était discret, solitaire,
25:06qui n'avait pas mal à partir avec personne ?
25:09Il n'avait pas d'ennemi, Théo Pingsing.
25:11C'est cette histoire que je vous raconte aujourd'hui.
25:12C'est un call case,
25:13mais avec beaucoup de rebondissements
25:16et de secrets.
25:16Théo, le supplice du peintre de Montmartre.
25:20Heure du crime, 14h.
25:22A tout à l'heure.
25:22A tout à l'heure, Jean-Alphonse.
25:24Et dans un tout petit instant,
25:25on continue à évoquer cette nuit d'horreur.
25:28C'était il y a 10 ans, le 13 novembre 2015.
25:31A tout de suite.
25:33Jusqu'à 14h, RTL midi, les auditeurs ont la parole.
25:37Avec Amandine Bégaud.
25:4112h30, 14h, RTL midi, les auditeurs ont la parole.
25:45Avec Amandine Bégaud.
25:47Le matin du 13 novembre, je sortais de nuit.
25:50J'étais auxiliaire de régulation au Samuel Lameuse.
25:52Et le soir, n'arrivant pas à dormir,
25:53j'ai allumé la télé.
25:55Et c'est là que j'ai découvert l'horreur.
25:57J'ai une pensée aujourd'hui pour les victimes,
25:59mais également pour les rescapés qui luttent chaque jour.
26:03J'ai une pensée pour mes collègues secouristes de l'époque
26:06qui, eux aussi, ont vécu l'horreur de cet attentat.
26:10Je n'ose même pas imaginer ce qu'ils ont pu voir.
26:13Le message de Marilyn au 3210.
26:16Et oui, c'est vrai qu'il faut penser, bien sûr,
26:17à tous ceux qui s'en sont sortis.
26:20Le fils de Françoise, par exemple,
26:23qui était producteur du groupe qui jouait au Bataclan.
26:26Et Françoise qui est toujours avec nous.
26:28Il faut penser aussi aux soignants, aux secouristes
26:30qui se sont rendus sur place, aux policiers aussi,
26:33qui se sont souvent retrouvés.
26:35On l'évoquait tout à l'heure avec notre invité,
26:37complètement démuni.
26:39On continue à échanger sur cette soirée du 13 novembre 2015.
26:43Sandra Ouabian, vous êtes toujours avec nous.
26:45docteur en sociologie, directrice du CREDOC
26:48et auteur de Faire face les Français et les attentats du 13 novembre.
26:52C'est un ouvrage collectif.
26:54Résultat du travail que vous faites depuis 10 ans
26:57avec à la fois des sociologues et tout un tas de chercheurs
27:01pour comprendre justement le lien
27:02et la marque qu'ont imprimé ces attentats sur les Français.
27:08Vous entendiez, Sandra, depuis tout à l'heure,
27:10tous ces auditeurs.
27:11Il y a quelque chose d'extrêmement frappant.
27:14C'est finalement, bien sûr, pour ceux qui avaient des proches sur place,
27:19c'est assez normal, j'imagine,
27:22que le souvenir soit aussi intact.
27:24Mais même chez ceux qui n'avaient pas de proches sur place.
27:29Oui, c'est ce qu'on constate en fait dans nos enquêtes.
27:31C'est que c'est vraiment l'événement
27:33qui a le plus marqué l'ensemble de la société française.
27:37Et même, par exemple,
27:39si on prend les gens qui habitent dans la région méditerranée,
27:43il nous cite aussi davantage le 13 novembre
27:45que l'attentat de Nice.
27:46Qui pourtant était dramatique aussi,
27:4886 ans, je le rappelle.
27:51Voilà, donc il ne s'agit pas de faire une hiérarchie des victimes.
27:55Mais en fait, ce qu'on voit dans notre enquête,
27:56c'est que le 13 novembre a été comme une forme de condensation
28:00de toute la séquence terroriste.
28:02En fait, les individus, comme les sociétés,
28:05ne peuvent pas tout retenir.
28:07Et donc, le 13 novembre est devenu emblématique
28:10de la séquence terroriste,
28:12avec vraiment un avant et un après,
28:14pour plusieurs raisons.
28:16D'abord, parce que les gens se sont identifiés aux victimes.
28:18On l'a entendu chez les paroles de vos auditeurs.
28:21Oui, on aurait tous pu être à ces terrasses, par exemple.
28:24Ça aurait pu être moi, ça aurait pu être mes enfants.
28:25C'était un acte vraiment banal de la vie de tous les jours.
28:29Alors que les attentats qui avaient pu avoir lieu auparavant
28:33étaient plutôt visés des personnes,
28:36soit de confession juive,
28:38dont on est malheureusement un peu habitué
28:40à ce qu'elles soient la cible d'attaque,
28:42ou à des personnes dans l'exercice de leur fonction,
28:45donc des journalistes ou des policiers.
28:47Donc, même si les attaques avant avaient pu être aussi très choquantes,
28:52eh bien, il y a eu une prise de conscience
28:53que finalement, le terrorisme pouvait toucher tout le monde.
28:55Et puis, la deuxième raison aussi, c'est la réaction des pouvoirs publics.
29:00C'est-à-dire que, tout de suite, il y a eu la déclaration de l'état d'urgence,
29:04l'utilisation du vocabulaire de guerre,
29:07alors qu'auparavant, par exemple, pour l'attentat de Toulouse,
29:10on avait eu plutôt un discours sur un loup solitaire, en fait.
29:14Oui, on se souvient de François Hollande
29:16qui apparaît à la télévision tard le soir.
29:18Il était à l'époque président de la République
29:19en disant, effectivement, c'est une guerre.
29:22Exactement.
29:23Et en fait, beaucoup de gens étaient devant leur poste de télévision
29:27puisqu'il y avait ce match France-Allemagne
29:29et donc ont aussi appris l'événement en direct.
29:32Et ce qui a, évidemment, participé au fait
29:34qu'on se rappelle, on a vécu cette angoisse
29:37de manière vraiment très proche de l'événement.
29:42Merci beaucoup, Sandra.
29:43Restez avec nous, on va accueillir Marie.
29:44Bonjour, Marie.
29:45Bonjour.
29:46Votre Marie est policier ?
29:50Exact, il est motard.
29:51Et ce soir-là, il était à proximité de ces explosions ?
29:55Il n'était pas à proximité,
29:57mais il a été appelé pour aller de toute urgence
29:59au Stade de France
30:00parce qu'il y avait eu des explosions
30:02et donc il m'a tenu au courant
30:04qu'il allait rentrer tard,
30:06mais il ne savait pas exactement ce qui se passait.
30:08Et au fur et à mesure de la soirée,
30:09ça s'est précisé.
30:11Et il m'a demandé d'appeler tous nos amis parisiens
30:15pour qu'ils rentrent chez eux
30:17parce que ça ne se sentait pas bon.
30:18Et ensuite, il est parti sur les terrasses
30:21et pour finir au Bataclan
30:23parce que lui, sa mission dans ces cas-là,
30:26c'est d'escorter les SAMU, les ambulances,
30:29la BRI, etc.
30:31Vous sentiez son inquiétude grandir
30:34au fur et à mesure de la soirée ?
30:35Oui, au fur et à mesure de la soirée, oui.
30:37Au début, non, parce qu'en gros,
30:39il y avait des explosions au Stade
30:40et au fur et à mesure, oui.
30:43Et en plus, moi, j'ai vite basculé
30:45sur les chaînes d'infos
30:46et presque, je le tenais au courant aussi
30:49qu'à tel endroit, il se passait ça.
30:51Donc oui, ça a grandi ensemble
30:53et on était inquiets.
30:55Enfin, ensemble, avec les enfants aussi.
30:57Vous avez eu peur pour lui ?
30:59Oui, oui, oui.
31:01On sent votre émotion encore très forte
31:0310 ans après ?
31:04Marie, restez avec nous
31:09et je vais vous laisser reprendre
31:10un peu aussi vos esprits.
31:13Rémi est avec nous.
31:14Bonjour, Rémi.
31:17Rémi ?
31:18Alors, Rémi est avec nous.
31:21Je ne sais pas s'il nous entend.
31:22Oui, bonjour, Rémi.
31:24Merci de nous avoir appelés.
31:25Vous étiez au Stade de France,
31:27vous, ce soir-là.
31:28Racontez-moi.
31:30Comment ? Pardon ?
31:31Alors, il y a quelqu'un
31:33qui parle à côté de vous ?
31:34Non, non, c'est la radio.
31:35Ah, c'est la radio.
31:35Vous pouvez l'éteindre,
31:36ça ne vous ennuie pas
31:37parce que du coup,
31:38on s'entend en écho ?
31:39Pas du tout, voilà.
31:40Pas du tout.
31:42Je disais,
31:42vous étiez au Stade de France
31:43ce soir-là.
31:45Absolument,
31:45avec ma fille,
31:47mon gendre
31:47et mon petit-fils
31:48avec lesquels
31:49on fêtait les 20 ans.
31:52Et alors,
31:53à quel moment
31:54vous avez compris ?
31:55On a regardé le match
31:56en écoutant,
31:58en écoutant,
31:59évidemment,
32:00toutes les...
32:01Mais on croyait
32:01que c'était des bombes,
32:03mais on ne savait pas.
32:05On ne savait rien.
32:07Et puis,
32:08il n'y a qu'à la fin,
32:10il n'y a qu'à la fin
32:11qu'on a vu
32:15qu'il se passait quelque chose
32:16mais on ne savait pas encore.
32:17On ne savait pas.
32:18Même les joueurs,
32:19pendant le match,
32:20il y en a un qui s'était arrêté,
32:21je me souviens.
32:22Et puis nous,
32:22quand on est sortis,
32:24il y a eu tout un tas
32:25de problèmes.
32:28Il y a eu quelqu'un
32:29qui a mis des pétards.
32:31Donc,
32:31on est rentrés dans le stade,
32:32on s'est mis sous les couches,
32:34sous les sièges
32:35et c'était tout un problème
32:38pour repartir.
32:39On a vu en bas
32:40les pompiers,
32:41quand on est sortis
32:42quand même du stade,
32:43il devait être
32:44peut-être une heure après.
32:46Et il y avait les pompiers
32:48en bas,
32:48il y avait les ambulances,
32:49on ne savait pas
32:50ce qui se passait encore.
32:51On ne savait pas.
32:52Et on l'a su
32:53qu'après,
32:54longtemps après,
32:55quand on est monté
32:56dans la voiture
32:56pour revenir,
32:57parce que j'habite Angers,
32:59et c'est là
33:00qu'on a su,
33:00qu'on a par la radio,
33:02que tout ce qui se passait
33:02à ce moment-là,
33:04le Bataclan
33:04et toutes les rues
33:07autour du Bataclan,
33:08c'était quelque chose
33:09d'affreux.
33:10Je peux vous dire
33:11que,
33:12oui,
33:13on en garde un souvenir,
33:16un mauvais souvenir.
33:17C'est vraiment
33:18quelque chose
33:18de dramatique.
33:19On vous sent encore
33:21très ému,
33:21Rémi.
33:23Oui,
33:23parce que
33:24ce n'est pas
33:26à souhaiter,
33:27ce n'est pas.
33:28Moi,
33:29je suis vieux,
33:29j'ai 85 ans
33:30et je ne souhaite pas
33:31revoir ça.
33:32C'est affreux,
33:33quoi.
33:35Je ne sais pas.
33:36Je ne sais pas
33:36quand je vois tous
33:37ces morts partout.
33:39Comment vous expliquez ?
33:41Vous êtes retourné
33:42au stade,
33:43Rémi,
33:43depuis ?
33:44Oui,
33:44oui,
33:44oui.
33:45Et vous y êtes retourné
33:47sans crainte,
33:49sans appréhension ?
33:50On y a toujours,
33:51mais à ce moment-là,
33:52moi,
33:52j'adore le sport,
33:54j'adore,
33:54j'ai toujours adoré le sport
33:56et j'aime bien retourner
33:58au stade de France,
33:59c'est quand même
33:59quelque chose
34:00de merveilleux.
34:00Bien sûr.
34:01Et puis,
34:03et puis,
34:03mince,
34:04c'est la vie,
34:05c'est tout,
34:06c'est le spectacle,
34:07c'est les pauvres gens
34:08du Bataclan
34:09qui allaient là-bas
34:10pour passer
34:10un bon moment.
34:12Je ne sais pas.
34:12Mais qu'est-ce qu'ils ont
34:14dans la tête
34:14tous ces abrutis ?
34:16On ne peut parler
34:17que comme ça,
34:18quoi.
34:19C'est fou,
34:19tuer des gens
34:20comme ça,
34:21bêtement,
34:21ça sert à quoi ?
34:23Ce n'est pas ça,
34:24la vie.
34:24Mais ce n'est pas ça,
34:25la vie,
34:25il faut continuer à vivre,
34:27c'est ce que vous nous dites.
34:28Absolument,
34:29absolument.
34:30Mais voilà,
34:31madame,
34:32écoutez,
34:33je suis content
34:33de vous avoir,
34:34madame.
34:34Moi,
34:35je suis content
34:35de vous avoir entendu
34:36aussi et c'est très touchant
34:39de sentir tous
34:40votre émotion
34:41qui est toujours intacte.
34:42dix ans après.
34:45Il y a un match ce soir,
34:46Rémi,
34:47France-Ukraine,
34:48vous n'y allez pas ?
34:49C'est au Parc des Princes.
34:50Oui,
34:50c'est au Parc des Princes,
34:51vous n'y allez pas ?
34:51Non,
34:52je suis d'Angers,
34:52moi,
34:53je suis d'Angers
34:53et non,
34:55on va souvent à Paris
34:56parce que j'y ai travaillé.
34:58J'adore retrouver Paris,
35:00d'ailleurs.
35:02Mais non,
35:03ce soir,
35:03je le regarde
35:04à la télé,
35:06voilà.
35:07Vous pouvez l'écouter
35:08sur RTL aussi.
35:09je...
35:10J'ai écouté,
35:11ma RTL,
35:12c'est ma radio
35:12matin,
35:13midi,
35:13soir.
35:14C'est bien.
35:14Donc,
35:15de ce côté-là,
35:15il n'y a pas de problème.
35:16Bon,
35:16écoutez,
35:17Rémi,
35:17continuez comme ça
35:18et ça fait plaisir aussi
35:20de ce message.
35:21Il faut continuer à vivre.
35:23C'est aussi important
35:24de le dire,
35:24même si c'est important
35:25de se souvenir aujourd'hui
35:27plus que jamais.
35:28Restez avec nous,
35:29on revient dans un tout petit instant.
35:30on va tout de suite sur RTL.
35:31Contactez-nous gratuitement
35:32via l'appli RTL
35:34ou au 3210.
35:3550 centimes la minute.
35:38Amandine Bégaud,
35:40RTL midi,
35:41les auditeurs ont la parole.
35:43Et on continue à évoquer
35:45ce 13 novembre 2015,
35:47dix ans après,
35:48alors que les cérémonies
35:49se déroulent en ce moment même.
35:51Celle prévue au Bataclan
35:53doit avoir lieu
35:54dans quelques minutes.
35:56Vous évoquez
35:57ces souvenirs
35:58qui semblent toujours
35:59intactes,
36:00dix ans après,
36:01on était avec Rémi
36:02qui est toujours avec nous
36:03qui était au Stade de France
36:04ce soir-là
36:04avec sa fille
36:05et son petit-fils.
36:05C'est votre cas aussi,
36:06Olivier.
36:07Bonjour.
36:08Oui,
36:08bonjour Amandine.
36:09Vous nous appelez d'où,
36:10Olivier ?
36:11J'appelle de New York
36:13dans le 79.
36:14Et vous étiez donc,
36:15vous aussi,
36:16ce soir-là,
36:16au Stade de France ?
36:17Oui,
36:18j'étais au Stade de France
36:19pour le travail.
36:20Je devais mesurer
36:21globalement
36:21ma mobilité interne
36:24au Stade de France
36:24et donc j'avais terminé
36:25ma mission
36:26à peu près
36:27à la mi-temps
36:28du match.
36:29Et donc,
36:31vous êtes sorti
36:32à la mi-temps ?
36:33Oui,
36:33je suis sorti
36:34à la mi-temps
36:35parce qu'il y avait
36:35une pression.
36:37Moi,
36:37je voulais partir
36:38à la mi-temps
36:38parce que le foot,
36:39ce n'est pas forcément
36:40ma tasse d'été
36:40comme j'ai dit
36:41à votre interne
36:41de suite à tout à l'heure.
36:43Et donc,
36:43je devais rentrer
36:44chez moi.
36:46L'explosion
36:47avait déjà eu lieu ?
36:48Oui,
36:48les deux explosions
36:49avaient eu lieu.
36:50Et vous les aviez
36:50entendues ou pas ?
36:51Oui,
36:52c'est vrai.
36:53Mais ne connaissant pas
36:53l'ambiance
36:54d'un stade
36:54de cette taille-là,
36:55j'avais demandé
36:56à mes voisins.
36:57Ils m'ont dit
36:57que ça peut être
36:58ce qu'on appelle
36:58des bombes auricoles
36:59ou quelque chose
36:59comme ça.
37:01Mais je trouvais
37:01quand même
37:02qu'il y avait
37:02une sensation
37:03relativement intense
37:04avec des vibrations.
37:06C'était quand même
37:07assez particulier.
37:08Et donc,
37:09ça s'est arrêté là
37:10dans la conversation.
37:11Et donc,
37:12j'ai décidé de partir
37:13à la mi-temps
37:13mais on s'est retrouvés
37:14bloqués
37:14à la sortie
37:16du stade,
37:17au gris en fait.
37:18Et j'ai attendu,
37:20c'est ma femme
37:20qui m'a appelé
37:21en me disant
37:22qu'il y avait quand même
37:22des événements
37:23que c'était assez particulier.
37:24Et moi,
37:24je n'étais pas au courant.
37:26Et c'est elle
37:26qui m'a dit
37:26je suis devant
37:27les chaînes d'info,
37:28il se passe des trucs,
37:29fais attention à toi.
37:31Et là,
37:32en fait,
37:32les journalistes internes,
37:34je pense,
37:34au stade de France
37:35étaient au courant
37:36de ce qui se passait.
37:37Et globalement,
37:37le reportage
37:38du stade de foot,
37:39ils sont fichés
37:40un petit peu,
37:41si on peut dire.
37:42Et ils pensaient plutôt
37:43à ce qui se passait
37:44à l'extérieur.
37:44Et la pression a fait
37:46qu'il y a,
37:47je pense,
37:47un VG ou quelque chose
37:48comme ça
37:49qui nous ont ouvert
37:50la porte.
37:50Et on a été
37:51quelques ans
37:51à sortir
37:52sur l'une des ailes
37:52du stade de France.
37:55Et là,
37:55on s'est retrouvés
37:56dans une scène de guerre
37:57avec tous les gendarmes,
38:00ce qui est normal,
38:01le GIGN et tout ça,
38:02enfin tous ces gendarmes,
38:04armés,
38:05bien entendu,
38:06et qui se demandaient
38:07ce qu'on faisait là
38:08parce que globalement,
38:09tout était sécurisé.
38:10Et nous,
38:11on s'est retrouvés
38:11quelques-uns
38:12au milieu de tout ça.
38:13C'était vraiment
38:14une ambiance
38:14à l'une de ces deux guerres.
38:16C'est une scène de guerre,
38:16vous dites, oui.
38:17C'est une scène de guerre
38:17qui a été très marquante
38:18et qui l'est encore.
38:20Comme je disais
38:20à votre interlocuteur,
38:21je fais attention maintenant.
38:24Dès l'instant
38:24où il y a une foule quelconque,
38:26j'observe les...
38:28Je ne sais pas non plus
38:29être dans l'obsession,
38:30mais je regarde quand même
38:31l'environnement.
38:32Dès l'instant
38:33où je suis dans un concert
38:34ou dans une foule,
38:36s'il n'y a pas des gens
38:37qui pourraient arriver
38:38soit en voiture
38:39pour bousculer les gens
38:41entre guillemets
38:42si on peut être ça comme ça,
38:43comme ce qui s'est passé à Nice.
38:44Donc ça a changé
38:45votre façon de vivre quand même ?
38:47Oui, tout à fait.
38:48Tout à fait.
38:49Oui, ça a changé
38:50dans l'observation.
38:52L'observation,
38:53dès l'instant
38:53où il y a une foule,
38:55j'observe plus particulièrement
38:56ce qui se passe à l'extérieur
38:57alors qu'avant,
38:58je ne le faisais pas.
38:59C'est sûr.
39:01Vous diriez que...
39:02Enfin, vous restez très marqué
39:03et on l'entend.
39:05Vous avez eu peur,
39:06vous, ce soir-là ?
39:06On ne se rend pas compte
39:10sur le moment de l'action,
39:12c'est après.
39:13En fait,
39:13quand je me suis retrouvé
39:14sur le périphérique
39:15avec, je crois que c'est
39:16le plan blanc
39:17que ça s'appelle
39:17qui a été déclenché,
39:19quand j'ai vu le nombre
39:20d'ambulances
39:21et de tout ce qui était
39:22gendarmerie, etc.,
39:23qui se sont déplacés,
39:24c'est là que j'ai commencé
39:25à comprendre.
39:27Après, il y a le franchissement
39:29d'un péage
39:31qui est à l'extérieur
39:32pour aller en province
39:33direction Bordeaux.
39:34Je me suis dit
39:35tiens, je vais peut-être
39:35me retrouver bloqué.
39:37Donc, c'était une première
39:37procession assez particulière.
39:40Et après,
39:40avec la peur,
39:41elle a commencé en fait
39:43dès l'instant
39:44où j'ai eu besoin
39:45de faire le plein d'essence.
39:47Je me suis dit
39:48tiens, les gens
39:48qui ont fait ces actes-là
39:50sont en train de partir
39:52et j'ai fait attention,
39:54je regardais à droite
39:55et à gauche.
39:56J'étais très content
39:57de monter dans ma voiture
39:58et de filer
39:59en direction de chez moi.
40:01Et je dirais
40:01que c'est le lendemain matin
40:02au réveil
40:03que je me suis dit
40:04je suis bien mieux
40:05en province,
40:06même si ça ne change
40:07pas grand-chose.
40:09Oui, parce que ça peut
40:10arriver n'importe où.
40:11Mais comme mieux de tout ça.
40:12Voilà, c'est ça.
40:13Et là, on l'a vu à Nice,
40:14par exemple, effectivement.
40:15Tout à fait.
40:16On s'aperçoit
40:17qu'on est à l'abri
40:20de tous ces attentats
40:23nulle part.
40:24Attention.
40:24Effectivement, Olivier.
40:26Merci beaucoup
40:27pour votre témoignage.
40:28Je voudrais qu'on accueille
40:28Stéphane.
40:29Bonjour Stéphane.
40:30Oui, bonjour.
40:32Vous étiez à Paris
40:33ce soir-là,
40:33en plein centre de Paris.
40:35Absolument.
40:36Je me souviens très bien.
40:37On était allé voir
40:39une pièce de théâtre
40:40d'Alil Vardard
40:42pour ne pas le citer
40:43qui s'appelait
40:43Le plan des divorcés.
40:44Donc, on était au théâtre
40:45au Théâtre République.
40:48Et puis,
40:49après, nous sommes allés
40:50dîner dans un petit restaurant
40:52dont j'ai oublié le nom
40:53qui est 200 mètres plus loin,
40:54qui est sur le même boulevard.
40:57Donc, on était trois,
40:59moi avec deux amis.
41:00On a commencé à dîner.
41:01On devait avoir fini
41:02le plat de résistance.
41:05Et là, le restaurateur
41:05est passé nous voir
41:07table par table
41:07en disant,
41:08je suis désolé,
41:09il y a des événements importants.
41:10Sans me donner plus d'explications,
41:12je dois fermer.
41:13Donc, il nous a empiessés.
41:14Et puis,
41:15il a mis tout le monde dehors.
41:18Il a fermé son restaurant.
41:19J'imagine qu'il suivait
41:19des consignes.
41:21Et là,
41:21on s'est retrouvés
41:23face à une espèce
41:24de marée humaine,
41:25je dirais.
41:26Il y a des gens
41:27qui fuyaient
41:28la place de la République
41:29ou du moins
41:29de cette direction-là.
41:32Là,
41:32on a entendu clairement
41:33des coups de feu.
41:34Moi,
41:34je n'ai pas...
41:36C'est ce que je dis
41:37à votre collaborateur
41:37au Standard.
41:38Je suis d'une génération
41:39où je suis allé à l'armée
41:41dont je me sais différencier
41:42un coup de feu
41:44d'une arme automatique
41:45d'un pétard.
41:46Ce n'était clairement
41:46pas des pétards.
41:47C'était très sec.
41:48Donc,
41:48c'était bien une arme.
41:49Et de toute façon,
41:51vu l'affolument des gens,
41:52j'ai rapidement compris
41:52qu'il se passait
41:53quelque chose de grave.
41:55Et j'ai eu une réaction
41:58complètement anormale
42:00et même un peu idiote.
42:02C'est-à-dire que
42:03moi,
42:03mon véhicule
42:04était plutôt garé
42:05vers la République.
42:06Et pour fuir,
42:07je savais qu'il me fallait
42:08mon véhicule.
42:08Je ne me voyais pas
42:09fuir en courant.
42:10Et donc,
42:11je n'ai eu qu'une obsession
42:11à ce moment-là.
42:12C'était de moi aussi courir,
42:14mais plutôt à contresens
42:16de tout le monde
42:17pour aller chercher
42:18mon véhicule.
42:19en fait.
42:20Après coup,
42:21je me dis que c'est idiot
42:22parce que j'allais vers
42:23le danger,
42:23a priori.
42:25Mais voilà.
42:26C'est ça qui vous obsédait ?
42:28Complètement.
42:30Complètement.
42:30Pour moi,
42:31il fallait que je me sauve.
42:32Et pour me sauver,
42:32il me fallait ma voiture.
42:33Vous savez quoi ?
42:35Ça me fait penser,
42:36Stéphane ?
42:36Je ne sais pas si vous avez vu
42:37la série
42:38Des vivants
42:38qui est diffusée
42:39sur France Télé
42:40justement sur
42:41les rescapés
42:43du Bataclan
42:43et notamment
42:44ceux qui avaient été
42:45pris en otage
42:46dans le couloir
42:46du Bataclan.
42:47Il y en a une
42:48qui raconte
42:49que tout le long
42:50où elle est dans ce couloir
42:51du Bataclan,
42:51enfermée avec
42:52deux terroristes,
42:54elle s'accroche à son sac
42:55et c'est ce qu'il a fait tenir.
42:57Vous,
42:57vous êtes accrochée
42:58à l'obsession
42:59de retrouver votre voiture.
43:00Exactement.
43:01Parce que pour moi,
43:02c'était le moyen
43:03d'échapper
43:03à cette situation
43:06et pas de courir
43:07avec tout le monde,
43:08ce qui aurait été logique.
43:10Vous gardez des traces
43:12de tout ça ?
43:12Vous y pensez souvent
43:14dix ans après,
43:14Stéphane ?
43:16Non,
43:16je ne peux pas dire ça.
43:18Je n'y pense pas souvent.
43:19J'ai eu la chance
43:20entre guillemets
43:21de ne pas avoir blessé
43:24ni mort
43:25ni de choses comme ça.
43:26Parce que là,
43:28le traumatisme
43:28aurait été tout autre.
43:29dont je peux dire
43:31que l'image,
43:32toute la scène
43:33est parfaitement
43:34claire et gravée.
43:36Je m'en souviens
43:36comme si c'était hier.
43:38Par contre,
43:38je ne peux pas dire
43:38que j'y pense régulièrement.
43:40Ce n'est pas vrai.
43:41Merci beaucoup,
43:42Stéphane,
43:43pour votre témoignage.
43:45On va retrouver
43:45dans un instant
43:45Nathalie,
43:46dont le fils et le mari
43:47étaient au Stade de France.
43:49Juste avant,
43:49je voulais vous réentendre,
43:51Sandra Ouabian.
43:53Merci beaucoup
43:53d'être restée avec nous.
43:55Vous entendez
43:55tous ces témoignages.
43:57Vous êtes directrice
43:57du Credoc
43:58qui est l'une des auteurs
43:59de Faire face
43:59les Français
44:00et les attentats
44:01du 13 novembre.
44:02Vous avez interrogé
44:03plusieurs milliers
44:04de personnes
44:05depuis 10 ans
44:06justement pour voir
44:08l'évolution
44:09de cette mémoire
44:10autour de ces attentats.
44:12Il y a eu le procès
44:13des attentats
44:14du 13 novembre.
44:16Il a été suivi,
44:17ce procès,
44:18par les Français ?
44:19Oui,
44:20il y a vraiment eu
44:21une attention très forte.
44:22Il y a 40%
44:22de la population
44:23qui a suivi
44:24le procès
44:25et 20%
44:26qui volontairement
44:27s'en est mis
44:28à distance,
44:28c'est-à-dire
44:28qui étaient intéressés
44:30par le procès
44:31mais qui voulaient
44:32se protéger
44:32aussi
44:33d'être face
44:35à ces événements
44:36traumatiques.
44:37Donc,
44:38c'est vraiment
44:38une part importante
44:39de la population
44:39qui a suivi
44:41et ça a eu
44:42un effet
44:43à la fois
44:43sur la mémoire
44:45de l'événement
44:45puisque du coup,
44:46les gens ont pu
44:48reprendre connaissance
44:50dans le détail
44:51de ce qui s'était passé
44:52et également,
44:54c'est aussi
44:54un effet
44:55pour les victimes
44:56directes
44:56et les témoins
44:58dans le sens
44:59où,
44:59eh bien,
45:00on a une forme
45:02de justice
45:02qui est là
45:03et qui a quand même
45:03été assez exceptionnelle
45:05avec des heures
45:06de procès filmés,
45:083000 parties civiles,
45:10300 avocats.
45:11Ça appartient
45:11à notre histoire aussi.
45:13Voilà.
45:14Donc,
45:14un événement
45:14qui appartient
45:16à notre histoire
45:17et qui dit aussi
45:18qu'on est dans
45:19une société démocratique
45:21et qui juge,
45:24qui prend le temps
45:26de bien décortiquer
45:28tous les événements
45:30et c'est aussi
45:31un des éléments
45:32qui peut permettre,
45:33qui a permis
45:34à certaines victimes
45:35d'abord de se considérer
45:36comme victimes
45:37parce que certaines
45:38n'arrivaient pas
45:39à vraiment
45:40en prendre conscience
45:41et également
45:42d'aller de l'avant
45:43même si,
45:43bien sûr,
45:44c'est très difficile
45:45et d'une personne
45:45à l'autre.
45:47Parfois,
45:47les injonctions
45:48à la résilience
45:49peuvent être
45:49un peu pénibles
45:50pour les victimes.
45:51Merci beaucoup,
45:52Sandra Wabian
45:53de nous avoir accompagnés.
45:54Je rappelle le titre
45:55de ce livre,
45:56« Faire face
45:56les Français
45:57et les attentats
45:57du 13 novembre ».
45:58C'est aux éditions
45:59Flammarion.
46:00On va accueillir
46:01Nathalie.
46:01Merci à vous.
46:02Merci beaucoup.
46:02Bonjour Nathalie.
46:04Oui, bonjour,
46:04Amandine.
46:05Vous nous appelez d'où,
46:06Nathalie ?
46:07Je vous appelle
46:07de Ville-Crenne
46:08dans le Val-de-Marne.
46:09Et votre mari,
46:10donc,
46:10et votre fils
46:11était au Stade de France
46:12ce soir-là ?
46:13Voilà,
46:14alors c'est vrai
46:14que j'ai hésité
46:14à vous appeler
46:15parce que
46:16j'ai heureusement
46:17perdu personne
46:18dans cette catastrophe.
46:20Mais effectivement,
46:22passionnés de foot
46:22tous les deux,
46:23ils sont allés
46:24au Stade de France.
46:25J'en ai profité,
46:27moi,
46:27pour aller au cinéma
46:28avec ma maman
46:29et à la sortie
46:29de la séance de cinéma,
46:31je rentre dans la voiture,
46:32j'allume la radio
46:32et j'entends
46:33deux morts
46:34au Stade de France.
46:35Ça va vous paraître,
46:36effectivement,
46:37par rapport à tout
46:37ce qui s'est passé,
46:38ridicule ?
46:39Ah bah non,
46:39pas du tout.
46:40J'imagine que
46:41à ce moment-là,
46:41vous vous êtes glacée,
46:42quoi.
46:43On est glacée,
46:43mon cœur s'arrête,
46:44je sais qu'il y a
46:45des milliers de gens
46:45mais en même temps,
46:46je ne pense forcément
46:47qu'à mon fils.
46:47Bien sûr.
46:48Impossible de les joindre,
46:49c'était saturé,
46:51il n'y avait pas de réseau,
46:52enfin,
46:52en tout cas,
46:53je rentre chez moi
46:53et je vous assure
46:54que la voiture
46:55conduit toute seule
46:56pour arriver à la maison
46:57et quand j'ai allumé la télé,
46:59j'ai vu effectivement
47:00tout ce qui se passait
47:01dans Paris.
47:02On ne pouvait toujours
47:03pas les joindre
47:04et eux n'avaient absolument
47:05aucune nouvelle
47:06de leur côté.
47:07Voyant qu'il y a quand même
47:08un petit peu de mouvement
47:09dans la tribune présidentielle,
47:11ils ont entendu
47:12les deux explosions
47:14sans savoir
47:15ce que c'était comme bruit,
47:16bien sûr,
47:16on ne peut pas imaginer
47:17ce qui se passe
47:17et après,
47:18on les a effectivement
47:19confinés
47:20sur la pousse
47:21du Stade de France
47:22en leur expliquant
47:23qu'il se passait
47:24des choses très graves
47:25sur Paris
47:26et eux ne pouvaient pas
47:27nous appeler
47:27et nous non plus.
47:28Quand est-ce que
47:29vous avez su
47:29qu'ils allaient bien ?
47:31Alors,
47:32quand ils ont réussi
47:33à sortir du Stade de France
47:34parce que là,
47:34il y a eu des mouvements
47:35de panique
47:36avec effectivement
47:36tout le monde
47:37qui voulait se ruer
47:38forcément sur les transports
47:39en commun et rentrer.
47:41Mouvement de panique
47:42où mon mari
47:42a failli tomber,
47:43mon fils l'a rattrapé
47:44sinon il était écrasé
47:45contre une barrière
47:46et ça,
47:47c'est le mouvement
47:47de panique de foule
47:48donc on n'en veut
47:49à personne.
47:50Ils sont arrivés,
47:51ils s'étaient garés
47:52Gare de Lyon
47:52parce que nous sommes
47:53en banlieue parisienne
47:54le sud.
47:55Ils ont réussi
47:56à récupérer le véhicule
47:57mais ils ne pouvaient pas.
47:58Là,
47:58ils nous ont joint,
47:59bien sûr,
47:59pour nous rassurer
48:00mais là,
48:01le président
48:01ayant fermé
48:02tous les accès
48:03de Paris,
48:04nous,
48:04il fallait que de leur côté
48:05ils rentrent
48:06sur la région parisienne
48:07et ça a mis
48:08trois heures pour rentrer.
48:09Oui,
48:10donc vous vous êtes inquiétée
48:10encore malgré tout
48:11après ?
48:12Après une fois
48:13que j'étais au téléphone,
48:14j'avoue franchement
48:14que c'était rassurant.
48:16On savait qu'ils allaient rentrer,
48:18on ne savait pas
48:18à quelle heure
48:18ni comment
48:19et c'est ce que je disais
48:20entre guillemets
48:21à votre collaborateur,
48:23moi,
48:23je ne bois jamais d'alcool.
48:25C'est-à-dire que
48:25quand mon mari
48:25et mon fils
48:27sont rentrés
48:27dans la maison,
48:28j'ai eu besoin
48:29de prendre
48:30quelque chose
48:31de très très fort
48:31pour me faire redescendre
48:33l'adrénaline.
48:34J'avais mon cœur
48:35qui battait
48:35à mille à l'heure.
48:37Donc c'est un dommage
48:38collatéral,
48:39je ne vais pas me plaindre.
48:40Mais non,
48:40mais vous avez très bien fait
48:41Nathalie de nous appeler
48:42parce que c'est aussi ça,
48:44c'est savoir
48:45à quel point
48:46ça reste ancré
48:46dans la mémoire de chacun
48:47qu'on ait été touché
48:48directement ou pas
48:49et c'est important.
48:50Je voudrais juste faire
48:51un petit coucou à Jacqueline
48:52qui patiente depuis longtemps.
48:54Jacqueline,
48:54bonjour.
48:55Oui,
48:56bonjour.
48:56Vous disiez,
48:58je repense chaque année
48:59au 13 novembre 2015
49:01et il se trouve
49:01que le 13 novembre
49:02c'est le jour
49:02de votre anniversaire.
49:03Alors j'en profite
49:04pour vous souhaiter
49:04un bon anniversaire Jacqueline.
49:06Merci beaucoup.
49:07Et j'imagine que oui,
49:08c'est une date...
49:10C'est une date qui est marquée
49:11parce qu'à chaque fois
49:13j'y pense.
49:15Surtout ce jour-là,
49:16on sortait du restaurant,
49:17on était au restaurant
49:18et on sort du restaurant
49:19et puis sur Facebook
49:20il y a plein de messages
49:22qui nous demandaient
49:23si on était en sécurité
49:24donc on n'avait pas du tout
49:26compris ce qui se passait.
49:29Merci beaucoup Jacqueline,
49:31je suis désolée,
49:31je suis obligée de vous couper
49:32parce qu'on arrive
49:33à la fin de l'émission.
49:35Je vous souhaite
49:35un très bon anniversaire
49:36en tout cas
49:37et on vous envoie
49:37toute notre affection.
49:39Une pensée bien sûr
49:41aux 132 victimes
49:42de ces attaques,
49:45aux rescapés aussi,
49:45c'est important
49:46parce qu'ils vivent
49:47toujours avec cette blessure
49:48à leur famille
49:49et à tous les secours
49:50qui étaient sur place
49:51ce soir-là.
49:53Dans un instant,
49:54l'heure du crime
49:54et un mystère,
49:57Jean-Alphonse,
49:58du peintre de Montmartre.
49:59Oui, un mystère
50:00sur la place du Tertre,
50:01c'est la mort de Théo,
50:02le peintre.
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