00:00Good morning business, parole de patron.
00:03Bonjour, Marc Sanchez, secrétaire général du syndicat des indépendants et des TPE,
00:09le SDI, on a parlé bien sûr du contexte budgétaire français.
00:13Il y avait cette lettre de Patrick Martin envoyée à Sébastien Lecornu cette semaine.
00:17Il y a quasiment toutes les organisations patronales, il y en a même que j'ai découvert dans cette lettre.
00:22Vous n'êtes pas dedans, vous auriez pu dû signer cette lettre, pourquoi ?
00:26Alors, on n'a pas été dedans parce qu'on n'est pas complètement d'accord avec la démarche,
00:30puisque les sujets qui ont été évoqués essentiellement sont des sujets qui concernent les grandes entreprises,
00:35que ce soit sur la taxation de Jucman, où on avait déjà eu d'ailleurs l'occasion de réagir.
00:41On estime, et nos adhérents l'estiment aussi d'ailleurs, que les éléments qui fondent ce courrier
00:46ne sont pas des éléments qui touchent directement les problématiques au quotidien des entreprises commerciales et artisanales.
00:52Et c'est la raison pour laquelle on a publié un comité de soutien sur effectivement la démarche en elle-même,
00:58qui montre que la seule solution aujourd'hui qu'on a dans ce pays pour pouvoir régler les déficits,
01:03c'est d'augmenter les taxes et notamment les taxes.
01:05Là, vous êtes d'accord ?
01:06Là-dessus, oui.
01:07Par contre, sur les éléments qui ont été listés,
01:08parce qu'il y a une liste en fait de positionnements que les organisations patronales représentatives ont voulu prendre,
01:16très clairement, nos entreprises ne s'y reconnaissent pas.
01:18D'abord, parce qu'elles n'étaient pas effectivement impactées par ce type d'impôts au niveau des seuils qui étaient prévus,
01:23et parce qu'elles trouvent aussi parfois qu'il peut y avoir une certaine équité,
01:27notamment, on a eu ça dans notre dernier baromètre, on a constaté par exemple sur la taxe du Kman,
01:31il y avait beaucoup de nos adhérents qui nous expliquaient que globalement, ça ne les choquait pas plus que ça,
01:36qu'effectivement, ça pouvait rétablir quand même une espèce de justice fiscale.
01:40Et cet élément-là, en fait, il est très prégnant dans nos boîtes, dans nos petites boîtes.
01:45Et on voit qu'il y a quand même des différenciations entre la fiscalité,
01:50ou en tout cas le taux de fiscalité qui est imposé à un boulanger, à un salon de coiffure, etc.
01:55et à quelques grandes entreprises qui ont effectivement la possibilité parfois d'organiser,
02:01alors je ne dis pas une évasion fiscale, mais des éléments qui peuvent alléger effectivement leur empreinte fiscale dans notre pays.
02:08Dans quel contexte économique aujourd'hui évoluent vos adhérents ?
02:12La demande ne doit pas être très fougueuse, mais quand même, ça tient.
02:17On a des chiffres de croissance économique 0,5 sur le dernier trimestre, c'est plutôt surprenant.
02:22Alors, c'est la vision macro qu'on a.
02:23Alors effectivement, de ce point de vue-là, il y a des choses qui fonctionnent plutôt bien,
02:26malgré un contexte politique qui reste quand même assez compliqué,
02:30puisqu'on est dans une instabilité depuis déjà un an et demi,
02:34qui pose quand même un problème réellement à l'économie de proximité.
02:38Je vous dirais que quand on regarde un petit peu les derniers baromètres,
02:41s'agissant des TPE, il est clair que la situation, elle n'est pas optimum,
02:47dans le sens où on va, je crois, sur l'exercice 2025,
02:50arriver quasiment à 70 000 procédures collectives.
02:54On est à peu près à 67 aujourd'hui.
02:55Ce qui est quand même une année quasiment historique aussi.
03:00Rappelez-vous, cette année, on nous parlait d'une année plateau.
03:03L'année noire était l'année dernière.
03:06Je pense qu'on va arriver effectivement encore à un record cette année.
03:09Que 90% de ces boîtes qui sont, dans le cadre de procédures collectives,
03:13c'est des boîtes de moins de 5 ou de moins de 10 salariés.
03:16Donc, je ne peux pas vous dire que de ce point de vue-là,
03:18de tout secteur d'activité confondu, que ça va très bien.
03:20Il y a un deuxième indicateur qui est quand même assez inquiétant,
03:23c'est la renonciation à l'entreprise.
03:25Quand vous regardez, par exemple, les stats qui sont publiées
03:28par les greffes des tribunaux de commerce,
03:30vous avez quasiment presque 100 000 entrepreneurs
03:34qui ont renoncé volontairement à leur activité.
03:37Là aussi, tout secteur d'activité confondu.
03:40Mais c'est quoi ?
03:40C'est avant que ça n'aille plus et qu'on finisse par avoir plus le choix
03:46ou c'est des chefs d'entreprise qui n'en peuvent plus,
03:48qui en ont marre de faire ça ?
03:49C'est des chefs d'entreprise qui n'en peuvent plus,
03:51qui en ont effectivement marre.
03:52Dans notre dernier baromètre, on a listé un petit peu le revenu
03:56de ces dirigeants et le nombre d'heures qu'ils faisaient par semaine.
04:00On est sur des scopes à peu près à 50 heures semaine
04:02pour quasiment gagner moins d'un SMIC par mois.
04:05En moyenne, pour en tout cas 48% d'entre eux.
04:08Donc forcément, quand vous arrivez au bout du bout,
04:10si vous avez la possibilité d'anticiper un arrêt compliqué
04:14ou que vous pouvez juger compliqué,
04:16ou qui n'est pas à la hauteur finalement de votre investissement familial,
04:21humain, financier, etc.,
04:22vous saisissez cette opportunité.
04:25Et ça, c'est ce qu'on constate depuis maintenant
04:26à peu près un an et demi à deux ans
04:28où on a de plus en plus de dirigeants qui nous disent
04:31« Écoutez, moi, ça fait 5 ans, 6 ans que j'exerce mon activité.
04:35Là, j'en peux plus.
04:36Je n'ai pas de perspective.
04:38Je ne sais pas si j'ai intérêt à investir dans mon entreprise.
04:40Donc, je préfère m'arrêter.
04:42Expliquez-moi comment je dois faire. »
04:43Après, je vais vous dire, que peut faire l'État ?
04:46Enfin, je veux dire, le sujet, c'est le fonctionnement de l'économie.
04:49Ça peut être des boîtes qui ne fonctionnent pas.
04:51Ça peut être…
04:52Bien sûr.
04:52Mais la question, c'est qu'on n'attend rien particulièrement de l'État.
04:56On attend simplement un cap.
04:58On attend de ne pas être mangé à une sauce fiscale différente
05:01tous les 3 mois, tous les 6 mois,
05:03ou à chaque menace éventuelle ou possibilité de dissolution de l'Assemblée nationale.
05:07On attend d'avoir des programmes, on va dire peut-être pluriannuel,
05:11sur 3, 4, 5 ans.
05:12L'exemple de la retraite d'hier, il est quand même assez symptomatique.
05:15On essaye d'aller jusqu'en 2027.
05:16Oui, oui, on essaye, mais il est quand même assez symptomatique.
05:19On a des entrepreneurs depuis la réforme bande de 2003
05:22qui ont effectivement, par rapport à leurs salariés dans leur entreprise,
05:26anticipé ou organisé le départ à la retraite.
05:30Et ça s'organise, un départ à la retraite dans nos entreprises.
05:32Il faut former un nouveau salarié, recruter.
05:35Vous avez des problématiques de transmission aussi.
05:39Il y a 30 000 boîtes aujourd'hui qui ne sont pas reprises
05:41parce qu'effectivement, il y a des problématiques
05:43au niveau du départ à la retraite du dirigeant,
05:46que ce soit en termes de rémunération
05:47ou aussi, effectivement, en termes de transmission.
05:50Et ce qu'on attend, effectivement,
05:51au-delà de la problématique financière,
05:53c'est qu'on nous donne un cap précis
05:54et surtout qu'on arrête de le bouger.
05:56Merci beaucoup Marc Sanchez d'être venu ce matin
05:58dans la matinale de l'économie.