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  • il y a 2 heures
Bullshitomètre : "On a tout essayé pour régler le déficit"

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Transcription
00:00C'est le moment d'accueillir notre combattant, celui qui combat le consensus et les idées reçues.
00:04Jean-François Robin nous accompagne, directeur de la recherche de Natixis.
00:08Bienvenue, Jean-François, ravi de vous retrouver.
00:11Bonjour à tous.
00:12Ça va ?
00:13Il fait une entrée fracassante.
00:14Oui, fracassé, mais vous n'êtes pas tombé, bravo.
00:18Jean-François, on entend beaucoup alors que la France est en train de suspendre sa réforme des retraites,
00:22l'Assemblée nationale suspend aujourd'hui, doit suspendre la réforme des retraites.
00:25On entend beaucoup que face au déficit, on a tout essayé, c'est un discours politique qui se répand.
00:29Vous n'êtes pas d'accord, vous dites bullshit.
00:32Vous foudroyiez cette facilité intellectuelle qui consiste à croire qu'on a tout essayé
00:36et qu'on ne peut plus rien faire en l'occurrence.
00:39Oui, moi ce qui me frappe dans ce débat, c'est l'absence totale de questions sur le côté dépense du déficit.
00:46Le déficit, c'est la différence entre des recettes et des dépenses.
00:49Et ce qui me frappe quand même, c'est l'évolution phénoménale du côté dépense qu'on n'attaque pas du tout.
00:54En 2025, on va avoir zéro effort sur les dépenses et on va avoir augmenté les recettes de 25 milliards.
01:01Donc les impôts vont augmenter.
01:02Mais si on se prolonge un petit peu de la tendance, il faut quand même qu'on ait tous un peu en tête les chiffres.
01:07En 2000, les dépenses publiques, c'était 760 milliards.
01:10On va être à plus de 1700 milliards cette année.
01:13Donc on a des dépenses publiques qui explosent.
01:15Et en fait, on a une espèce d'addiction à la dépense publique qui fait que notre dépense publique augmente année après année,
01:21beaucoup plus vite finalement que les recettes.
01:25Et la seule solution qu'on trouve en ce moment à l'Assemblée nationale, c'est de nouveau d'augmenter les impôts qui sont à un niveau record.
01:31Et là aussi, il faut avoir un petit peu des chiffres en tête.
01:33La France, on est à 57% de dépenses publiques dans le PIB.
01:37C'est à peu près 7 points de plus que la moyenne de la zone euro.
01:40Trois quarts des pays de la zone euro ont une part des dépenses publiques dans le PIB inférieure à 50%.
01:45Donc on est les seuls un petit peu à être là-dedans.
01:49Et les 11 points de hausse de dépenses publiques françaises depuis 1975, devinez d'où ça vient ?
01:55Ça vient aux trois quarts.
01:56Ils avaient 8,5 points qui viennent des dépenses sociales.
01:59Et de ça, 40% les retraites.
02:01Donc on a quand même une espèce d'addiction à la dépense publique qui est quand même assez frappante.
02:06Et on parle d'augmenter les impôts.
02:07On parle de 50 milliards sur les entreprises cette année.
02:10Absolument pas de la baisse des recettes.
02:12Regardez la sécurité sociale.
02:14730 milliards de dépenses.
02:16On ne fait qu'augmenter la CSG qui est déjà à des niveaux...
02:19On impose 2,5 points de plus le capital que le reste de la zone euro.
02:22On n'a absolument pas parlé du niveau de dépenses.
02:25On ne parle que des recettes.
02:26C'est un pays qui est record man des impôts.
02:28On comprend du coup comment on est arrivé là.
02:30Quand on entend les débats actuels, c'est...
02:32C'est un peu hallucinant.
02:34Ce qui me frappe, moi, c'est cette espèce de chose un peu transpartisane.
02:38C'est-à-dire qu'on dit, bah tiens...
02:41C'est une somme de renoncement, en fait.
02:42C'est une somme de renoncement.
02:43Pour donner des petits chiffres, quand même.
02:46Macron, il va faire 15 points de dette de PIB de plus, quoi.
02:49Depuis 2021, en moyenne, la dette sur PIB des pays, elle baisse de 6,5.
02:55Un pays comme le Portugal, ils ont baissé de près de 30 points lors de dette sur PIB.
03:0014 points, un pays comme l'Espagne.
03:01C'est monstrueux, quoi.
03:02Et nous, Macron va faire 15 points de dette sur PIB.
03:05Alors, qu'est-ce qu'ils ont fait, ses prédécesseurs ?
03:07C'est ça qui est quand même rigolo.
03:10François Hollande, en un mandat, il fait 9 points de dette sur PIB.
03:13Mais lui, il n'a pas eu la crise du Covid à gérer, etc.
03:15Sarkozy, grand gérant, 25 points de dette sur PIB en plus lors de son mandat.
03:20Il a eu la crise des malnudes.
03:21Et lui, il a eu la grande crise financière.
03:23Mais très, très loin d'un Mitterrand, 30 points de dette sur PIB.
03:2712 points pour M. Chirac.
03:29Vous voyez, c'est un truc complètement transpartisan.
03:31Personne ne se pose la question à quel moment il va falloir arrêter cette guêpe G, quoi.
03:34Pour le coup, Mitterrand, il n'avait pas le Covid, a priori.
03:38Non, mais alors, par contre, la question à 2 000 milliards d'euros,
03:41c'est comment on fait pour réduire la dépense publique
03:43sans obéir ou trop obéir à la croissance ?
03:45Est-ce qu'on passe par les transferts de missions de l'État vers le privé ?
03:48Comment est-ce qu'on peut faire ?
03:49Ce qui est clair, en tout cas, c'est qu'on entend beaucoup
03:51que de réduire trop vite la dépense publique réduirait la croissance.
03:54Ce qu'on peut raisonner à l'inverse, c'est de se dire
03:56si jamais la dépense publique faisait la croissance,
03:58on serait parmi les champions du monde de la croissance.
04:01Quand vous regardez ce qu'a fait typiquement l'Espagne,
04:03les chiffres que je citais juste avant, depuis 2021,
04:0614 points de dette sur PIB de moins.
04:08Qu'est-ce qu'ils ont fait les Espagnols depuis ?
04:10C'est les records mal de la croissance européenne
04:13depuis ce moment-là.
04:14Donc on ne peut pas lier dépense publique
04:16et croissance économique.
04:18Ça, pour moi, c'est vraiment quelque chose qu'il faut regarder.
04:22Évidemment, aujourd'hui, la question est centrée
04:24autour des retraites aujourd'hui.
04:26Mais là aussi, il y a quand même quelque chose d'assez rigolo.
04:29Est-ce qu'on peut être d'accord sur un certain nombre de chiffres ?
04:31Aujourd'hui, vous avez un peu moins de 29 millions d'actifs en France.
04:36Vous avez 50 millions de personnes depuis 18 ans
04:39qui ne sont pas étudiants.
04:41Sur les 50 millions de plus de 18 ans en France,
04:44vous avez donc 28 millions d'actifs
04:46qui vont payer pour 18 millions de retraités,
04:482,5 millions de personnes aux minima sociaux
04:50et 1,5 million de personnes qui sont au chômage.
04:52Donc vous voyez bien qu'en France, aujourd'hui,
04:54vous avez la moitié des gens qui ne vivent pas de leur travail.
04:58Et en plus de ça, quand vous rentrez un peu dans les...
04:59Sans compter les mineurs, évidemment.
05:00Sans compter les mineurs, évidemment.
05:01Et quand vous regardez les gens,
05:03c'est les dernières études très intéressantes qu'on a pu sortir,
05:05quand vous regardez les gens qui travaillent,
05:07il y a plus de la moitié de leur revenu qui ne vient pas de leur travail.
05:10Donc on est quand même une extrême concentration,
05:13aujourd'hui, des recettes qui sont sur un tout petit nombre de gens,
05:17et je ne parle pas des entreprises aujourd'hui,
05:19qui sont largement plus imposées que l'ensemble de la moyenne européenne.
05:22Donc il y a quand même un vrai moment de se poser la question.
05:25Là, à aucun moment, on n'a parlé de compétitivité prix.
05:27À aucun moment, on a commencé à se poser la question
05:30pourquoi, tiens, les data centers,
05:31aujourd'hui, on est très très bien positionnés en France.
05:34On a 322 data centers, beaucoup plus que l'Espagne.
05:37Pourquoi aujourd'hui, les annonces qui sont faites,
05:39c'est d'aller faire des data centers au Portugal, en Espagne ?
05:42Pourquoi ?
05:42Question de compétitivité.
05:44Non, j'ai renouvelable. Je vous réponds, moi.
05:46Oui, prix de l'électricité, prix de...
05:48Le Magne, prix de l'électricité.
05:49Prix de l'électricité, et c'est ce qu'a dit Nvidia.
05:51La Chine va gagner la guerre de la data center
05:53grâce à ses prix d'électricité moins chers.
05:56Mais aussi du coût du travail.
05:58Aujourd'hui, quelqu'un qui a un salaire médian en France,
06:01il va toucher autour de 2300 euros.
06:05Après toutes les cotisations qu'il a.
06:07Avant toutes les cotisations qu'il a, il a 3800 euros.
06:10Vous voyez la différence, quand même ?
06:12Elle est hallucinante.
06:13Ce qu'on appelle le coin social en France est monstrueux.
06:17Vous avez quand même le travail qui est plus imposé
06:19que partout en Europe.
06:20Le capital qui est imposé plus que partout en Europe.
06:23Les revenus qui sont investis partout en Europe, etc.
06:26Donc, il y a quand même un vrai problème de compétitivité prix.
06:28Électricité, certes, mais coût du travail aussi.
06:30Antoine ?
06:31Du coup, qui paye ?
06:34Qui fait l'effort ?
06:35Qui fait l'effort ?
06:36Je ne sais pas.
06:37En tout cas, ce qui est très clair, c'est que...
06:38La priorité nationale française depuis maintenant des décennies,
06:45c'est les dépenses sociales, encore une fois.
06:47Les trois quarts de la hausse de la dépense publique,
06:49c'est les dépenses sociales.
06:5040% c'est la retraite,
06:52avec quand même des Français qui gagnent trois mois d'espérance de vie tous les ans,
06:56qu'avant la plus grande espérance de vie d'Europe.
06:58C'est encore vrai, ça ?
06:59Oui, bien sûr.
07:00Avec des gens aujourd'hui à 70 ans qui ont la même capacité cognitive
07:04que des gens d'il y a 55 ans, il y a 30 ans, etc.
07:07Ce débat de réduire l'âge de la retraite,
07:09je vous rappelle qu'en Europe,
07:11le gros des débats, c'est est-ce qu'on passe de 67 à 70 ans ?
07:14On est les seuls au monde à se demander s'il faut être à 62 ans.
07:16Vous restez avec nous, Jean-François, ça vous dit ?
07:18Avec plaisir.

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