00:01C'est notre Paris-New York de l'après-midi, votre vol quotidien pour rejoindre la tendance américaine.
00:06John Plassard avec nous, cité gestion. Bonjour John, ravi de vous retrouver.
00:09Bonjour Guillaume, bonjour Antoine.
00:11Antoine Larigauderie bien sûr aussi, bonjour Antoine.
00:13Bonjour messieurs.
00:14En fil rouge avec nous, lui aussi en direct Antoine en ce 11 novembre, tout pour investir ce matin.
00:18Un nouvel épisode à retrouver en podcast et replay, juste un mot quand même du marché obligataire américain
00:22qui lui est fermé, là-bas pour le Veterans Day aux Etats-Unis, mais le marché action lui Antoine est bien ouvert.
00:28Comment se passe ce début de séance à Wall Street ?
00:30Très mitigé, puisqu'on a un S&P 500 qui est en baisse de 0,17%, c'est le Dow Jones qui est en hausse, plus 0,15%,
00:37mais le Nasdaq lui est en baisse de 0,47%, à 23 415 points.
00:42En tout cas, jour férié, mais pas chômé à la Bourse de Paris, il valait mieux être là,
00:46puisque le CAC 40 avance encore, puis largement, plus 1,11%.
00:50On est désormais à 8 145 points.
00:53Effectivement, alors John, on est ravi de vous retrouver.
00:55Wall Street qui ouvre sur une note un peu plus mitigée.
00:58La 42e jour de shutdown, on n'est pas encore complètement au bout de ce tunnel.
01:0242e jour, donc aujourd'hui, où on est-on de cette sortie attendue, tant espérée depuis le vote du Sénat ?
01:08Oui, alors on l'a dit, l'ère du Sénat, un texte qui a été adopté à 60 voix contre 40,
01:13on en a parlé, et ça va passer devant la Chambre des représentants aux Etats-Unis.
01:20Et ce qui est assez intéressant, c'est qu'on a le président de la Chambre des représentants,
01:27qui s'appelle Michael Johnson, qui s'est dit confiant sur une adoption rapide.
01:34Vous avez aussi Donald Trump qui doit signer en dernier, qui a aussi déjà apporté son soutien.
01:41Alors, ça devrait être signé, ça c'est une surprise pour personne.
01:44Alors, les choses qu'on regarde un peu plus, nous, au niveau économique, évidemment,
01:48c'est que le retour à la normale va prendre énormément de temps.
01:51Vous avez des retards dans les vols, vous avez les aides alimentaires,
01:55les versements des prestations fédérales qui vont persister,
02:00tandis que, évidemment, il y a un nouveau bras de fer budgétaire
02:04qui se profile dès le début de l'année prochaine.
02:07On rappelle que le texte a réussi à repousser l'échéance jusqu'au 30 janvier.
02:16Et aussi, intéressant de noter que dans le texte qui a été signé,
02:21vous avez des paiements pour certains départements,
02:25comme les départements de l'agriculture,
02:27les départements des anciens combattants,
02:29qui, eux, seront payés jusqu'à fin 2026.
02:32Donc ça, c'est une meilleure nouvelle pour eux.
02:33Mais on peut s'attendre à de nouvelles discussions début d'année prochaine,
02:40puisqu'on en parlait hier, c'était quand même un espèce de camouflet pour les démocrates,
02:44puisqu'il n'y a pas eu les renouvellements des subventions Obamacare
02:49que voulaient absolument les démocrates.
02:51Effectivement. On attend donc la résolution de ce shutdown américain,
02:5542e jour, et puis ensuite toujours la tech, bien sûr.
02:57Alors là, surprise quand même.
02:58SoftBank a annoncé, cédé sa participation, toute sa participation dans NVIDIA.
03:04Pour quasiment 6 milliards de dollars, le titre NVIDIA perd 2%, John, en ce moment.
03:09Oui, c'est assez inattendu comme timing de sortie de NVIDIA, de SoftBank.
03:17Alors, évidemment, il y a des explications.
03:20Vous avez la stratégie du groupe qui est d'accélérer, du groupe japonais,
03:24qui est d'accélérer le déploiement des projets.
03:26Ils sont extrêmement ambitieux, comme des data centers,
03:29vous savez, les centres de données Stargate,
03:31et puis aussi une usine de robots dans l'intelligence artificielle aux États-Unis.
03:36Ils ambitionnent aussi de devenir un acteur central de l'écosystème d'intelligence artificielle,
03:41comme presque tous les grands groupes.
03:44Et on rappelle aussi que SoftBank sont investis massivement dans OpenAI.
03:50Donc, on voit ici que théoriquement et officiellement, SoftBank sort d'NVIDIA,
03:58non pas parce qu'ils craignent que l'action soit trop haute ou qu'il y ait une bulle sur NVIDIA,
04:04mais plutôt par des besoins.
04:07Eux, ils disent ça, un simple besoin de liquidité stratégique.
04:11Alors, évidemment, ça fait douter certains investisseurs qui préfèrent se retirer
04:16en disant que peut-être que SoftBank aurait une information sur les résultats qui vont être publiés.
04:22Mais là, imaginez bien que c'est totalement impossible.
04:25C'est plutôt, moi, je pense, une redirection stratégique de l'argent,
04:31parce qu'il faut rappeler une chose, c'est que tous ces projets,
04:34on en a parlé, on en parle depuis des semaines et des semaines,
04:37tous ces projets coûtent des milliards à des milliards d'euros.
04:40Et évidemment, un moment ou un autre, il faut peut-être sortir sur la valeur
04:44qui a le plus progressé et qui leur a apporté beaucoup d'argent
04:47parce qu'ils ont fait beaucoup de bénéfices sur leur teneur d'action NVIDIA.
04:54Effectivement. Alors, il y a toujours ce débat de savoir laquelle des deux intelligences artificielles,
04:58lequel des deux écosystèmes à la fin gagnera,
05:00l'écosystème l'IA américaine ou l'écosystème l'IA chinois.
05:03C'est une question que tranchera dans un instant Vincent Juvins pour ING, il sera avec nous.
05:07Mais c'est vrai Antoine que les retours sur investissement de l'IA américaine sont attendus stellaires.
05:12En tout cas, il faudrait un alliement d'étoiles pour le coup incroyable
05:15pour que les investissements annoncés soient vraiment rentables de la part des gens de la tech.
05:19C'est-à-dire que JP Morgan a fait une étude dessus qui donne quelques chiffres assez vertigineux.
05:24Ils disent, essayons d'imaginer un retour de 10% sur les investissements de l'IA à horizon 2030
05:33pour que ça donne ce retour de 10%.
05:35Ce qui n'est pas énorme 10% ce temps-là, voilà.
05:38Enfin bon, conventionnel c'est bien, mais ce n'est pas non plus...
05:40C'est quand même pas mal.
05:41Surtout sur une telle dynamique de développement.
05:45JP Morgan chiffre les revenus annuels nécessaires pour couvrir ce rendement
05:52de 650 milliards de dollars.
05:55Ce qu'ils qualifient comme chiffre assez dément.
06:01Pour remettre les choses dans leur contexte, ils disent que ce serait comme si pour obtenir
06:05un abonnement de base à Netflix, chaque abonné était obligé de dépenser 180 dollars par mois.
06:11En équivalent Netflix, ça donnerait à peu près ça.
06:14Et c'est ce que JP Morgan dit dans sa dernière étude.
06:19Alors comment ils ont fait leurs calculs ? Je ne sais pas.
06:21Ils ont leurs recettes.
06:22Mais la moulinette donne quelque chose d'assez étonnant.
06:25Ça va être compliqué d'atteindre ce retour sur investissement de 10%.
06:28Ce retour, ce rendement de 10% sur tous les investissements annoncés par les gens de la tech américaine, John ?
06:33Oui, et puis en fait, ça me fait penser un peu à la promesse, vous savez, de salaire.
06:39On en parlait aussi la semaine passée de 1 000 milliards de dollars pour Elon Musk.
06:43Évidemment, pour avoir ces 1 000 milliards de dollars, il faudrait qu'ils vendent plus d'un million de robots taxés.
06:50On en a parlé, il y a plein de choses qu'ils doivent faire pour arriver à ce chiffre magnifique.
06:57Alors moi, ce que je dirais plus, c'est que certaines entreprises vont réussir à le faire, même plus que 10%.
07:03Mais vous allez aussi avoir d'autres entreprises qui ne vont pas du tout réussir et potentiellement disparaître.
07:10Vous savez, ça s'est vu dans toutes les révolutions industrielles ou technologiques où il y a les meilleurs.
07:16Alors, c'est peut-être Nvidia, peut-être d'autres, mais il y a les meilleurs qui réussissent à rester sur le devant de la scène jusqu'en 2030
07:22et d'autres qui vont potentiellement disparaître.
07:25Antoine ?
07:26Oui, parce que si vous regardez OpenAI, et là, on parle du point central de l'architecture d'IA,
07:32ils sont effectivement capables de gagner en un semestre 4 milliards de dollars
07:38en refusant plus de 16 milliards de dollars en un an de trésorerie.
07:44Donc, pour servir du rendement et servir des intérêts, ça va être compliqué pour certains.
07:49Et ils continuent, les gens de la tech, à investir et à annoncer des investissements, y compris ici en Europe.
07:53En Europe, oui, mais en France, on ne voit pas beaucoup d'annonces, John, par rapport à nos voisins ?
07:58Oui, c'est vrai que c'est assez frustrant, je dirais, parce qu'on se souvient qu'en début d'année,
08:04il y avait eu ces premiers investissements de 105 milliards d'euros dans l'intelligence artificielle
08:10de la part du président Macron.
08:11Eh bien, on n'entend pas grand-chose comme investissement.
08:15Là, on vient d'avoir deux nouvelles assez importantes.
08:17Vous avez Google qui prévoit d'agiter 5 milliards de dollars en Allemagne
08:22pour renforcer ses capacités de cloud et dans les centres de données.
08:27Et en même temps, on a eu Microsoft qui va investir 10 milliards de dollars au Portugal
08:34pour développer son pôle d'intelligence artificielle.
08:37Et ça, c'est un des projets les plus ambitieux jamais lancés en Europe.
08:43Et de l'autre côté, eh bien, la France qui était pourtant ou qui est pionnière
08:48dans la recherche en intelligence artificielle, eh bien, elle semble payer le prix d'une fiscalité
08:55jugée instable et d'un cadre administratif plus rigide que ses voisins.
09:00En tout cas, c'est la première explication qu'on a.
09:02Mais c'est assez frustrant parce qu'on voit que les choses avancent.
09:06On voit que nos voisins sont en train, eh bien, d'investir massivement
09:11et réellement dans l'intelligence artificielle.
09:14Et pour nous, actuellement, c'est plutôt au niveau des promesses.
09:18Oui, il y a un petit peu décevant.
09:19Et Microsoft, donc, qui annonce investir 10 milliards de dollars au Portugal.
09:22Au Portugal, donc, 5 milliards de la part de Google en Allemagne.
09:25Et ici, en France, pas grand-chose en ce moment.
09:27La trêve entre la Chine et les États-Unis, disons-en un mot de cette trêve.
09:33Selon le Wall Street Journal, la Chine compte finalement restreindre
09:36ses exportations de terres rares vers les entreprises américaines liées à l'armée,
09:39les entreprises liées aux militaires américains.
09:42La trêve est donc encore une trêve provisoire, fragile et sous condition, manifestement, John.
09:49On a perdu John.
09:50Et si on s'imaginait bien que les Chinois et les Américains
09:55n'allaient pas être meilleurs amis et partir en vacances immédiatement ensemble.
10:01Et vous l'avez dit, il y a cette décision qui est annoncée par les Chinois
10:06comme étant, si c'est vrai, cet article de sécurité nationale
10:10pour certains métaux stratégiques et essentiels à la fabrication d'armes,
10:15vous l'avez dit, radars et systèmes de propulsion.
10:18Donc, on a vraiment l'impression que cette trêve commerciale
10:22entre les deux plus grandes puissances mondiales est extrêmement conditionnelle.
10:28On a une bataille d'influence technologique de part et d'autre
10:32et qu'il faudra beaucoup, beaucoup, beaucoup plus
10:35pour qu'on soit convaincu que ça puisse aller au-delà d'un an.
10:41Parce que je vous rappelle quand même que cette trêve dont on parle,
10:43ces papiers qui ont été signés, étaient seulement pour 12 mois.
10:48Donc là, on en est à 11 mois et quelques jours.
10:51Et on voit que déjà, ça se fissure dans ce qui avait été annoncé en grande pompe,
10:56en tout cas de la part de Donald Trump.
10:57– Effectivement, donc la Chine qui apparemment, d'après Wall Street Journal,
11:01ne restreindrait pas, enfin, restreindrait toujours en fait,
11:05ces exports de terres rares, partiellement bien sûr,
11:07mais continuerait d'exercer une pression à la baisse sur les exports de terres rares
11:11vers les entreprises américaines liées au secteur de la défense.
11:14Wall Street est mitigé, le Nasdaq perd 0,4%, le S&P moins 0,2.
11:17Cette question d'un de nos auditeurs, il s'appelle Jean-François,
11:19elle est pour vous sur X cette question.
11:21Je me permets de vous interpeller sur les multiples de valorisation,
11:24nous dit Jean-François.
11:25Vous parlez toujours des valorisations de la tech,
11:27mais les valorisations du commerce physique américain sont surprenantes également.
11:31Costco qui est valorisé à 50 fois ses bénéfices,
11:34Walmart à 38 fois.
11:35Pourtant, les perspectives ne sont pas super brillantes.
11:37Comment l'expliquez-vous ?
11:38– Je dirais que c'est assez simple,
11:41parce qu'aujourd'hui, dans toutes les interrogations qu'on a sur les marchés,
11:45on voit que ces ratios traduisent une prime de risque accordée par les investisseurs
11:52à des modèles qui sont jugés plus résilients et capables de maintenir leurs marges,
11:58même en période de ralentissement économique,
12:01ce qu'on craint, ce qui pourrait avoir plus d'impact sur les valeurs de la tech,
12:05par exemple, dont on parle souvent.
12:07Et donc, aujourd'hui, on a l'impression que cette rotation qu'on a vers la qualité,
12:12eh bien, les investisseurs payent désormais extrêmement cher la visibilité,
12:18la solidité du bilan de ces deux entreprises,
12:21c'est-à-dire Costco et Walmart,
12:23et de la puissance logistique,
12:24parce que ces deux entreprises ont une puissance logistique phénoménale.
12:29Alors, évidemment, on est dans une situation
12:32où s'il ne devait plus y avoir de nuages dans le ciel,
12:37eh bien, très certainement, ces valorisations de ces deux entreprises devraient, elles, baisser.
12:42– John Plassard avec nous pour Cité Gestion.
12:44Un dernier mot, John, parce que vous êtes avec nous en direct depuis Genève.
12:47C'est quoi l'ambiance en Suisse, là ?
12:48Parce que sur les droits de douane, la Suisse prend cher, quand même,
12:5039% de droits de douane sur les produits suisses exportés vers les États-Unis.
12:54Donald Trump, il n'y a pas de main morte avec la Suisse.
12:55Mais il semble qu'on s'approche peut-être d'un deal et d'un apaisement, quand même,
13:00entre Genève et Washington.
13:01– Alors, le sentiment, très rapidement,
13:04le sentiment est extrêmement mitigé,
13:07parce que d'un côté, évidemment, ça donne une bouffée d'oxygène.
13:10On était à 39%, on passe à 15%.
13:13C'est une visibilité supplémentaire pour les entreprises.
13:17Mais lorsqu'on y regarde un tout petit peu plus près,
13:20on se rappelle qu'en décembre dernier, il y a moins d'un an,
13:24eh bien, ces taux étaient de 0,6%.
13:28les exportations vers les États-Unis ont payé 0,6%.
13:32Donc, on passe de 0,6% à 15%.
13:36Donc, c'est quelque chose qu'il va falloir redéfinir dans les business models des entreprises
13:42et qui va avoir un impact négatif sur la Suisse, moins que 39%.
13:48Mais 15%, c'est toujours plus qu'avant.
13:50– Effectivement, ça fera quand même mal.
13:52Même si 15, ce n'est pas 39%,
13:53c'est quand même beaucoup plus que les niveaux de droits de douane actuels.
13:56Merci beaucoup, John Plassard, avec nous.
13:57Cité, gestion.
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