00:00Allez, Didier François, le président syrien à la Maison Blanche, c'est une visite historique, Didier.
00:13Alors c'est historique pour les Syriens, parce que ça fait 46 ans qu'un président syrien n'avait pas mis les pieds à la Maison Blanche.
00:19Mais alors, c'est surtout quel président syrien ? Alors là, on le voit arriver.
00:22Il arrive par la porte de service quand même.
00:23Alors justement, c'est quand même pas n'importe quel président syrien.
00:26Il arrive un peu par la porte de service, oui, il arrive par derrière, mais il va quand même à la Maison Blanche.
00:32Pourquoi ? C'est quand même la première fois qu'on a un ancien djihadiste qui est reçu directement par le président des États-Unis.
00:39Ahmed Al-Chara, ancien chef djihadiste.
00:41Voilà, Ahmed Al-Chara, son pseudo, il était plus connu sous le nom de Jolani.
00:46Il a commencé sa carrière dans le djihad en prenant un bus pour partir de Syrie et rejoindre l'Irak pour combattre les Américains.
00:58A tel point que jusqu'à il y a quelques heures, il avait encore 100 millions de dollars sur la tête par le FBI pour toute information qui permettait de l'arrêter ou de le neutraliser, comme on disait.
01:07Ça, ça n'arrête pas Trump.
01:08Il est également dans l'affaire.
01:10Donc c'est quand même, c'est assez étonnant.
01:13Donc un ancien chef djihadiste reçu officiellement à la Maison Blanche par Donald Trump.
01:18Oui, il a été arrêté en Irak pour avoir combattu contre les Américains.
01:20Il a 6 ans, il a été au Newf là-bas, dans la fameuse prison d'Abograïbe et dans le fameux Kambouka où il avait rencontré Bagdadi, le patron de l'État islamique,
01:31qui l'avait fait rentrer à l'État islamique et qui en avait fait son représentant en Syrie.
01:35Et après, il se trouve que ça s'est gâté entre eux et que le jeune Jolani a rompu avec l'État islamique, a trouvé protection au plan d'Al-Qaïda jusqu'en 2016.
01:46Et à partir de 2016, là, il a vraiment basculé.
01:50Qu'est-ce que ça veut dire basculer ?
01:52Il a commencé à travailler avec les Occidentaux et donc a donné un peu d'informations pour se protéger.
01:57Et là, ce qui est étonnant, c'est qu'il arrive maintenant aux États-Unis.
02:01Il est devenu président par intérim.
02:02Il est devenu président décembre dernier parce que c'est lui, avec ses combattants, qui ont fait tomber le régime de Bachar al-Assad.
02:08Donc quand même, après une guerre qui n'en a pas fini, il a donc...
02:15Il a rangé le treillis, il a remis le costume.
02:17Et là, d'un seul coup, il a rangé le treillis, il a remis le costume et il a passé des accords avec tout le monde, à commencer par les Français d'ailleurs.
02:22Parce que le premier rendez-vous international qu'il a eu, c'était à l'Élysée avec Emmanuel Macron,
02:29qui a ouvert ensuite la porte, et avec l'appui des Saoudiens et des Turcs,
02:34pourquoi l'idée étant de stabiliser en fait la région et de l'utiliser.
02:37Dieu sait s'il les connaît, les mecs en face, pour combattre le terrorisme islamiste aujourd'hui,
02:43à tel point que là, il vient de signer aujourd'hui l'accord pour rentrer dans la coalition de lutte antiterroriste,
02:50qui regroupe, ça va être le 89e pays pour aller lutter contre...
02:54Donc il combat ses anciens copains, entre guillemets.
02:57Exactement, voilà. Donc on est vraiment dans le baptisme absolu, c'est ça qui est assez étonnant et qui est par ailleurs assez efficace,
03:05puisque la semaine dernière, par exemple, il est allé, ces troupes qui sont pourtant issues de l'islamisme radical et du djihadisme,
03:16ont encerclé le grand camp où sont les djihadistes français dans le nord-ouest de la Syrie, du côté d'Idlib,
03:27où règne un recruteur de français qui s'appelle Haussmann.
03:34Donc on voit bien que, de manière totalement pratique, il est passé maintenant dans le camp de la lutte contre le terrorisme et le djihadisme.
03:41Et donc, il s'éloigne de ses alliés historiques, l'Iran, la Russie, pour se rapprocher de nous, des Occidentaux, des États-Unis ?
03:51Il y a quand même une petite arrière-pensée. La Syrie étant été à la fois détruite par la guerre et le régime d'avant était effectivement soutenu par les Russes et par les Iraniens,
04:02lui, il a pris le contre-pied et il s'allie avec les Occidentaux et les pays du Golfe contre nos anciens ennemis.
04:09Et puis par ailleurs, comme il a aussi des relations parfois un petit peu compliquées avec son voisin israélien,
04:15ça lui permet d'avoir un soutien américain pour justement négocier avec Israël la possibilité d'une normalisation.
04:22Et le rapport avec la Turquie ?
04:25Les rapports avec la Turquie sont bons, mais il a essayé justement, en s'appuyant sur les Occidentaux et sur l'Arabie Saoudite,
04:30de gagner un petit peu d'autonomie parce qu'il était, à son goût, un peu trop dans leurs mains.
04:35Donc on est en fait tombé sur quelqu'un d'assez pragmatique qui...
04:38Il est plus nationaliste aujourd'hui qu'islamiste, vous diriez ?
04:41Je pense qu'il est islamiste toujours.
04:43Je pense qu'il est là-dessus, je ne vois pas...
04:45Enfin, il n'a fait aucune déclaration sur le fait qu'il ait changé d'orientation,
04:49mais il n'est plus internationaliste, c'est-à-dire il n'est plus djihadiste,
04:51au sens où il ne veut plus exporter.
04:54Et au contraire, le rôle qu'on lui donne aujourd'hui et sur lequel il travaille,
04:58c'est de lutter contre les combattants étrangers qui étaient venus rejoindre l'Arabie,
05:02pour les désarmer, réintégrer une partie d'entre eux dans l'armée.
05:06Et le truc qui est assez intéressant, c'est qu'évidemment,
05:09on lui a quand même donné deux, trois éléments qui nous intéressaient.
05:13Lutter contre le terrorisme, se rapprocher des Kurdes,
05:15qui étaient nos alliés dans le cadre de la lutte anti-terrorisme,
05:18c'est assez important, et protéger les minorités.
05:20Donc voilà, l'avenir nous le dira.
05:23– Symbol fort de la nouvelle série Post-Assad.
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