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  • il y a 1 semaine
Chaque soir, Julie Hammett vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.

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00:00Nicolas Sarkozy a donc quitté la prison de la santé vers 15h cet après-midi.
00:04On accueille pour en parler Maître Jean-Yves Leborgne, avocat pénaliste au barreau de Paris.
00:08Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
00:10Je rappelle que vous avez été l'avocat d'Éric Weur dans cette affaire qui a été relaxée en première instance.
00:15On est avec Gérard Longuet, ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, proche de Nicolas Sarkozy.
00:22Merci à vous d'avoir accepté notre invitation.
00:24Laurent Valdiguet du service de BFMTV, mais vous êtes consultant BFMTV et journaliste d'investigation.
00:33Vous êtes tellement là souvent que je vous prends pour l'un des nôtres, Laurent Valdiguet.
00:37Je voulais qu'on regarde la réaction de Nicolas Sarkozy sur les réseaux sociaux après sa libération.
00:42La vérité triomphera, dit-il.
00:44Le droit a été appliqué.
00:46Je vais maintenant préparer le procès en appel.
00:48Mon énergie n'étendue que vers le seul but de prouver mon innocence.
00:51La vérité triomphera, c'est une évidence que la vie enseigne.
00:56Voilà ce que dit l'ex-chef de l'État sur X.
00:59Gérard Longuet, comment vous avez réagi, vous, en apprenant aujourd'hui sa remise en liberté ?
01:04C'est quoi ? C'est du soulagement ? Il y a de l'émotion pour vous aujourd'hui ?
01:08De l'émotion, oui.
01:09En effet, un séjour de trois semaines à la santé dans les conditions qui sont les siennes,
01:14c'est-à-dire une personnalité connue de tous les autres prisonniers et qui ne sont pas nécessairement amicaux,
01:22ça doit être une pression épouvantable.
01:25La sécurité qu'apportent deux officiers de police, c'est très bien.
01:32Qui étaient avec lui en permanence ?
01:33Oui, oui, c'est très bien, mais la prison est un endroit dangereux.
01:39Et quelle que soit la qualité du travail des gardiens, tout est toujours possible à tout instant.
01:46Et on a, hélas, des exemples, pas nombreux, heureusement, mais il y en a.
01:51Donc vous vous êtes inquiété pour lui pendant ces trois semaines ?
01:53Un très grand soulagement de le voir sorti et la certitude de sa compatibilité pour, en effet, faire valoir sa bonne foi.
02:03Puisqu'on le rappelle, il est libéré donc dans l'attente de son procès en appel qui devrait avoir lieu à partir du mois de mars.
02:11Maître Jean-Yves Leborgne, comment interpréter cette décision de justice trois semaines après son incarcération ?
02:18Il y avait donc cette exécution provisoire qui avait envoyé Nicolas Sarkozy en prison, malgré sa présomption d'innocence, puisqu'il avait fait appel.
02:27Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui, d'une certaine manière, que la justice fait machine arrière, qu'elle se ravise ?
02:33Écoutez, je crois qu'il ne faut pas renvoyer une décision à une autre.
02:39Il y a dans la justice une possibilité de désaccord avec une décision prise.
02:46C'est l'existence même d'une cour d'appel.
02:49Une cour d'appel n'aurait aucun sens si elle confirmait d'une manière systématique les décisions de première instance.
02:56Alors, il y a eu cette appréciation du tribunal qui était un peu surprenante, disons,
03:03à laquelle on trouve un certain nombre de justifications juridiques qui me paraissent peut-être discutables.
03:10Et puis, il y a, à partir du moment où on se retrouve à la cour d'appel avec quelqu'un qui est en détention provisoire,
03:18on se reporte aux conditions de la détention provisoire.
03:22C'est l'article 144 du Code de procédure pénale, pour ceux qui veulent aller le lire.
03:26Et on verra qu'aucune des conditions qui imposent la détention en fonction de cet article n'était aujourd'hui remplie.
03:37Par exemple, le risque de se dérober à la justice française ?
03:41Oui, c'est-à-dire que ça, si vous voulez, c'est une potentialité.
03:44On ne peut jamais être sûr de rien.
03:46Mais enfin, on voit bien qu'il y a un certain nombre d'individus qui ne vont pas prendre la petite valise
03:52pour aller sous une fausse identité dans une île lointaine.
03:56Bon, on ne pouvait pas imaginer que le président Sarkozy, il fut quand même le chef de l'État,
04:02allait tout à coup disparaître et fuir.
04:04Mais ça, on ne pouvait pas l'imaginer il y a trois semaines non plus, d'où ma question.
04:07Parce que vous pensez qu'il y a une vérité, et que cette vérité doit être celle que l'on prononce,
04:15que par voie de conséquence, parce qu'on l'a libérée aujourd'hui,
04:18on a eu tort de prononcer hier une autre décision.
04:22La justice fait partie de ces modes de décision en escalade, en escalier plutôt,
04:30où la cour d'appel réforme, où la cour de cassation casse,
04:34où une cour de renvoi prend une autre décision.
04:38Je dirais, l'erreur fait partie de la justice.
04:42C'est pour ça qu'il y a une organisation pour essayer de la compenser autant que faire ce pas.
04:48L'erreur fait partie de la justice.
04:49Et donc, est-ce qu'entre les lignes, vous ne le direz pas comme ça ce soir,
04:53il y a eu erreur dans le cas de Nicolas Sarkozy ?
04:56À partir du moment où une cour d'appel prend une décision différente de la première instance,
05:03c'est que cette cour d'appel n'est pas d'accord avec la décision de première instance.
05:07Mais je dirais que ce n'est même pas un combat,
05:10ce n'est même pas un désaveu de la première instance.
05:13C'est la règle du jeu.
05:15C'est inhérent à la justice en France.
05:16C'est le type de fonctionnement.
05:19Imaginez une justice où des hommes, des femmes, prendraient une décision définitive.
05:26Mais ça fait froid dans le dos parce qu'ils peuvent toujours se tromper.
05:29De telle sorte que l'organisation contrôlée de notre forme de jugement des uns et des autres,
05:35qu'il s'agisse d'ailleurs d'affaires pénales ou d'affaires d'une autre nature,
05:39c'est la garantie démocratique d'une attention que l'on donne à un dossier.
05:44Alors il a réagi Nicolas Sarkozy sur comment il a vécu ces trois semaines en prison.
05:52La prison c'est dur, c'est très dur.
05:54Ça l'est certainement pour tout détenu.
05:56Je dirais même que c'est éreintant.
05:58C'est ce qu'il a dit en visioconférence justement à l'audience d'examen de sa requête de remise en liberté.
06:04Je veux rendre hommage au personnel pénitentiaire qui a été d'une humanité exceptionnelle,
06:09ce qui a rendu ce cauchemar, parce que c'est un cauchemar, supportable.
06:13Voilà les mots de Nicolas Sarkozy.
06:17Aujourd'hui ça a été une épreuve pour lui.
06:20Alors c'est la troisième fois, pour corriger un peu Maître Leborg,
06:23c'est la troisième fois qu'Olivier Géron, qui est le président de la Cour d'appel,
06:27statue sur les trois personnes que le tribunal correctionnel a envoyées en détention
06:33pour l'effectivité de la peine le 25 septembre dernier.
06:37Le président Géron, Olivier Géron, il a bien expliqué que le tribunal, c'était le tribunal,
06:42qu'ils avaient leurs critères et que lui, il n'était pas là pour corriger à ce stade
06:46les décisions du tribunal, ça sera la décision de la Cour d'appel en juin prochain,
06:50mais qu'il était là pour apprécier si les conditions de l'exécution provisoire étaient réunies.
06:54Donc il a expliqué ça et il a maintenu…
06:57– Ce qu'il m'a dit, votre propos j'y souscris, il ne me paraît pas corriger le mien.
07:03– Nicolas Sarkozy, il est apparu comme les deux autres, et c'était très spectaculaire.
07:09– Vous y étiez vous aujourd'hui ?
07:10– Oui, il est apparu, ce n'est pas le grand écran, c'est les grands téléviseurs.
07:15D'ailleurs, pour la première fois, on avait, y compris Carla Bruni,
07:20on avait fait éteindre tous les téléphones de la salle,
07:23et on nous avait même donné des petites pochettes, des enveloppes fermées,
07:27pour que les téléphones soient tous dans une enveloppe,
07:29pour qu'il n'y ait surtout pas de photos de ça.
07:32La salle était pleine, c'est l'ancienne 17ème chambre,
07:34c'est la chambre de la presse que Maitre Le Bonne connaît bien,
07:36c'est là où a été jugé Flaubert, Baudelaire et tout ça.
07:40Donc maintenant, c'est la chambre de la Cour d'appel,
07:42et là, il est apparu à l'écran,
07:43tel qu'on l'avait laissé,
07:45puisqu'il était exactement dans le même costume,
07:48dans le même pantalon et la même chemise, j'ai l'impression,
07:51que le jour où il a été, vous y étiez, M. Longuet,
07:55où il a été incarcéré,
07:57il n'avait pas de cravate, parce qu'en prison, c'est interdit.
08:02– Ni cravate, ni lacet.
08:03– Donc c'est vrai que c'était plus tout à fait le même.
08:08Il avait la voix un peu modifiée,
08:10il a repris du tonus en parlant,
08:11et notamment en racontant ce que vous avez cité, Julie,
08:15parce que ses avocats ont fait le boulot des articles,
08:19du article 144, il n'y a pas de risque de fuite,
08:23tout ce qui s'applique aujourd'hui.
08:25Donc les avocats, M. Ingrain a fait une plaidoirie sobre,
08:28il a lu un texte très sobre, efficace,
08:31et puis lui, il a eu la parole sur les conditions de détention.
08:35Et alors là, il s'est animé, il a dit,
08:39parce que depuis trois semaines, ses proches ne disent absolument rien
08:43sur sa détention, se refusent à tout commentaire.
08:46Lui, il a dit que c'était très dur, c'était éreintant,
08:49et puis au son de sa voix, on a compris qu'il n'en rajoutait pas.
08:53– Vous l'avez senti éprouvé ?
08:54Maître Darrois, qui a été là, à un moment donné,
08:56a dit qu'il avait assisté une nuit à un déco-détenu
08:59qui avait fait, il y avait eu un incident apparemment,
09:03dans le quartier d'isolement, donc c'était,
09:05et puis il a employé le mot cauchemar.
09:11C'est vrai que c'était assez impressionnant.
09:13– Ce cauchemar, parce que c'est un cauchemar
09:15qui a été rendu supportable grâce aux agents.
09:18– Voilà, c'était assez fort.
09:20Alors en plus, il y a eu un passage un peu délicat
09:23pour Nicolas Sarkozy aujourd'hui,
09:24c'est qu'Olivier Gérond, il a demandé le détail de ses revenus.
09:27Donc il a détaillé, ça c'est toujours très désagréable.
09:32– Il a détaillé ses revenus parce que dans le cadre
09:33de la décision de le libérer ou non,
09:37il voulait savoir s'il avait des activités à l'étranger.
09:39Alors Nicolas Sarkozy, il a expliqué qu'il gagnait
09:43un peu plus de 4 millions d'euros de revenus en 2023,
09:47et que ces 4 millions d'euros,
09:49il avait quelques activités à l'étranger.
09:51c'était pour voir si…
09:54Alors finalement, le tribunal a décidé, dans l'après-midi,
09:56la Cour d'appel a décidé de l'interdire de quitter le territoire.
10:00Ça c'était une petite surprise.
10:02Et puis l'autre petite surprise…
10:03– Alors justement, on y vient.
10:04Parce que finalement, j'allais dire, la remise en liberté,
10:06on s'y attendait globalement.
10:09Il n'y a pas eu tellement de surprises autour de cette remise en liberté.
10:11En revanche, il y a une surprise sur les obligations assorties à son contrôle judiciaire.
10:15Alors il y en a une, vous l'avez dit, c'est l'interdiction de voyager à l'étranger,
10:19parce que la Cour estime donc que le risque de pression,
10:22de concertation ne peut pas être totalement écarté.
10:25– Des dignitaires étrangers.
10:26– Et alors, des ex-dignitaires du régime Kadhafi disséminés un peu à travers le monde.
10:32Et puis la justice a aussi imposé une interdiction de contact avec Gérald Darmanin,
10:38actuel ministre de la Justice.
10:39Ça vous a surpris ?
10:40– C'est une réaction à la visite que le garde des Sceaux a faite à Nicolas Sarkozy
10:46à la maison d'arrêt de la Santé, et dont on a fait des gorges chaudes.
10:51À mon avis d'ailleurs, d'une manière qui n'est peut-être pas tout à fait conforme à la réalité.
10:57imaginer que le garde des Sceaux puisse avoir une influence sur le déroulement de la justice,
11:04c'est bien méconnaître ce que sont les magistrats.
11:07D'abord, il y a la loi.
11:08Les instructions que jadis le garde des Sceaux pouvait donner à un procureur,
11:14vous savez, il y avait cette vieille formule,
11:16la parole est libre, mais la plume est serve.
11:19C'est-à-dire que la plume, l'écrit, devait répondre aux ordres du garde des Sceaux.
11:25C'est complètement terminé maintenant.
11:26C'est le contraire.
11:28Il y a une interdiction d'intervenir dans un dossier déterminé.
11:32Seules des considérations de politique pénale générale peuvent être faites.
11:37Bon, alors, il y a eu une émotion dans la magistrature
11:40lorsque le garde des Sceaux est allé visiter son ami...
11:43Que vous ne partagez pas.
11:44Non, moi je ne suis pas magistrat, je n'ai pas de raison de m'émouvoir.
11:48En tant que professionnel quand même.
11:49Je crois que cette interdiction dans le cadre du contrôle judiciaire
11:54faite de contact avec le garde des Sceaux,
11:57c'est peut-être pour faire plaisir, apaiser un peu les magistrats.
12:01Maître Lebonne, il n'y a qu'une chose qui est tout à fait étonnante
12:03dans la décision de la Cour d'appel,
12:08c'est qu'on aurait pu imaginer qu'elles disent
12:10que le garde des Sceaux, la fonction, le ministre de la Justice,
12:17il ne pouvait pas entrer en contact avec le ministre de la Justice,
12:20quel qu'il soit.
12:21Or, il est précisé que c'est le garde des Sceaux actuel.
12:27En exercice.
12:28En exercice.
12:29Et ça, c'est quand même assez étonnant.
12:32Ils auraient pu anonymiser ou banaliser, je veux dire,
12:37la fonction en disant, bon ben voilà, au titre de la...
12:42Il n'a pas le droit de...
12:43Alors là, je trouve que c'est assez étonnant,
12:45parce que je vais vous dire une chose.
12:46On a beaucoup reproché que, d'une certaine façon,
12:49il y avait une pression qui allait au-delà
12:51de la séparation des pouvoirs du côté des défenseurs de Sarkozy
12:55vis-à-vis, je ne parle pas de ses avocats,
12:57mais de tous ceux qui le soutiennent,
12:59vis-à-vis de la justice.
13:01Et là, c'est une étrange intrusion de l'appareil judiciaire
13:06dans le pouvoir exécutif, me semble-t-il.
13:09Vous n'avez pas...
13:10Si, si, c'est une injonction.
13:12D'ailleurs, comment il le justifie légalement,
13:16cette interdiction de l'appareil judiciaire d'Armanin ?
13:18C'est vrai que c'était la surprise de 13h30.
13:20Parce que, le matin, tout le monde s'est quitté
13:23en étant persuadé que Nicolas Sarkozy serait libre
13:25sous contrôle judiciaire dans l'après-midi.
13:27Il avait quand même été question de deux ou trois sujets
13:30qui fâchent pendant les débats,
13:32puisque Nicolas Sarkozy, il y a une écoute
13:34où on a l'impression qu'il fait un peu pression
13:36sur Patrick Calvard, l'ancien patron des GSI.
13:40Donc, il a dû s'expliquer là-dessus.
13:42Et puis, il y a cette fameuse affaire Taquet d'Inbis,
13:44où il est quand même mis en examen
13:46pour recel de subornation de témoins.
13:48Donc, il y avait ces soupçons en termes de pression.
13:51Donc, il n'a jamais été question, ce matin,
13:52dans la matinée, sur la visite de Gérald Darmanin.
13:55Mais tout le monde a compris, quand il l'a justifié,
13:57en parlant d'indépendance de la justice
13:59et de sérénité des débats à venir,
14:02en disant que Nicolas Sarkozy avait déjà montré
14:04sa capacité à agir sur l'appareil de l'État,
14:08tout le monde a compris qu'Olivier Gérom
14:10avait envie qu'on le laisse travailler tranquillement
14:14et qu'il n'y ait plus d'ingérence.
14:17Et qu'au fond, la cour d'appel, on la laisse travailler.
14:20Comme avait dit Rémiette...
14:21Quand vous dites qu'il n'y ait plus d'ingérence,
14:22il n'y en a eu aucune.
14:24Encore faudrait-il que vous nous disiez quand il y en a eu.
14:27Rémiette, qui est le procureur,
14:30a pris la parole, lui, dit ce qu'il fait rarement.
14:32avait dit à Gérald Darmanin, le jour même,
14:35quand on connaît Rémiette,
14:36Maître Leborg, vous le connaissez très bien,
14:38quand on connaît Rémiette, avoir fait en sorte
14:40que le jour de l'incarcération de Nicolas Sarkozy,
14:43il soit en direct sur France Info ce matin-là,
14:45c'était quand même une sorte de...
14:47Et alors, je cite le plus haut...
14:49Et on peut ajouter qu'il rend visite au président Sarkozy,
14:53le ministre juiste.
14:54Il a rendu visite en tant que proche, ami.
14:57Je pense honnêtement que Gérald Darmanin
14:59n'a pas été prudent dans cette affaire
15:01et qu'il a donné des verges par son...
15:03Et que des deux côtés à l'arrivée.
15:06Et donc, que ce matin, enfin ce midi,
15:09à 13h30...
15:10Non, non, non, non, non, non, là, c'est pas normal.
15:12Que Darmanin aille voir Sarkozy, c'était pas normal.
15:16Moi, je suis...
15:17Alors là, je suis d'accord pour dire qu'il s'y est mal pris.
15:20Lui, il l'a justifié en disant,
15:21c'est mon rôle en tant que garde des Sceaux,
15:22je vais voir les détenus.
15:23Mais il ne l'est pas allé voir les autres.
15:25C'est une justification à postériori, en plus.
15:30C'était passé au départ.
15:30Mais en revanche, que le magistrat, là, dise
15:35le garde des Sceaux en exercice,
15:39non, ça, je trouve que c'est assez étonnant.
15:41Vous vous dites que c'est donc une intrusion
15:43dans le pouvoir exécutif.
15:45Gérard Longuet, c'est un camouflet, en tout cas,
15:47pour Gérald Darmanin.
15:48Non, non, non, je crois que c'est la contrepartie
15:50du corps judiciaire à un geste d'amitié
15:55qu'il aurait pu gérer différemment.
15:57Il l'a géré directement et franchement.
16:00Ah, vous trouvez aussi que c'était mal joué
16:01de la part du ministre de la Justice ?
16:03Pas du tout.
16:04Il l'a joué franchement et directement.
16:07Il aurait pu, en effet, être plus prudent,
16:09comme vous l'avez dit très justement.
16:10La prudence n'est pas toujours une qualité
16:12quand on veut exprimer ses sentiments.
16:15Moi, voyez-vous, je vois dans cette interdiction
16:18quelque chose qui relève du fantasme
16:21qui se lève, qui se crée, qui se fomente
16:25dès l'instant qu'on parle de Nicolas Sarkozy.
16:28L'idée que le garde des Sceaux,
16:30qui ne peut rien faire, puisse éventuellement intervenir,
16:35parce que c'est ça l'idée.
16:36Rien.
16:36Si le garde des Sceaux...
16:38Même sur la cantine, il n'a aucun problème.
16:39Parce que, au fond, le garde des Sceaux,
16:40patron de la justice, n'est patron de rien du tout.
16:43En tout cas, il est patron d'aucune décision judiciaire
16:46qui sont prises toutes ces décisions
16:49en parfaite liberté par les magistrats.
16:51Donc, il n'y a aucun risque, ce que vous dites ?
16:54Il n'y a aucun risque, parce que je pense qu'il suffirait
16:57qu'un garde des Sceaux commette l'erreur,
16:59voire la faute, d'essayer d'intervenir
17:02dans une décision judiciaire
17:04pour que les magistrats jaloux,
17:06à juste titre de leur indépendance,
17:09refusent et résistent.
17:11Donc, c'est quelque chose qui relève du fantasme.
17:14Mais c'est un peu normal.
17:15Ce n'est pas tous les jours qu'un ancien président
17:16ait poursuivi, voire incarcéré,
17:19de telle sorte que le roman suit la réalité.
17:22C'est même une première dans l'Union Européenne,
17:24l'incarcération d'un président de la République.
17:26Il faut éviter de nourrir ce fantasme-là.
17:27L'affaire, en effet, est très passionnée.
17:30Et peut-être qu'en effet, on peut voir
17:31quelque chose d'assez maladroit
17:32dans ce geste de Darmanin,
17:35aussi amical et affectueux, affectif, soit-il.
17:39Est-ce que, quelque part,
17:40ce n'est pas un petit peu maladroit
17:41et qu'on aurait pu s'éviter cette photo-là ?
17:44Oui, mais la photo peut nourrir aussi,
17:48peut nourrir les fantasmes et un certain ressentiment.
17:52Je vais vous lire la réaction de son camp.
17:54Bruno Retailleau, notamment, qui a réagi.
17:57L'ancien président de la République,
17:59présumé innocent, retrouve enfin la liberté.
18:02Il a affronté cette épreuve avec courage et détermination,
18:04animée par la volonté inébranlable
18:06de prouver son innocence.
18:09Ce sont les mots de Bruno Retailleau,
18:11le président du parti Les Républicains.
18:14On a vu aussi des piles de lettres
18:16s'amonceler sur son bureau.
18:19Alors d'ailleurs, Laurence,
18:20elle ne lui était pas remise directement en prison.
18:21Ce sont des lettres qu'il va pouvoir découvrir
18:22maintenant qu'il est libéré, c'est ça ?
18:24Oui, parce qu'en prison,
18:25le courrier est lu par l'administration pénitentiaire
18:27qui a dit qu'elle était un peu débordée.
18:29Alors, le garde des Sceaux ne peut rien,
18:31mais enfin quand même,
18:32Nicolas Sarkozy, il a pu aller,
18:34alors heureusement pour lui,
18:36il n'y a eu aucun incident en prison.
18:38Il a pu aller avec ses officiers de sécurité en détention.
18:40Il y a quand même un régime,
18:41il y a un régime un peu particulier,
18:43tout ça est évidemment passé par le garde des Sceaux.
18:45Mais vous voyez, vous allez bientôt nous dire
18:46que c'est un régime de privilèges.
18:47Non, pas du tout.
18:48Ce n'est pas un privilège,
18:49c'est une sécurité particulière qu'on essaie de lui assurer.
18:52Il y a eu des arbitrages pris par le garde des Sceaux,
18:55nécessairement.
18:56Et ces arbitrages, le garde des Sceaux,
18:57c'est ce que dit aussi aujourd'hui la justice,
18:59le garde des Sceaux aurait pu faire ça
19:01de façon un peu plus discrète.
19:03– Gérard Longuet,
19:06il y a une nostalgie de Nicolas Sarkozy
19:08qui persiste à droite.
19:10On voyait là cette pile de courriers arriver,
19:12des fans de Nicolas Sarkozy,
19:15malgré les accusations graves qui pèsent contre lui.
19:19– Je crois que les gens, certains, je l'ai fait,
19:25ont eu la possibilité de lire la décision de justice.
19:29Elle est très surprenante parce qu'elle aboutit
19:32à une relaxe sur les trois principales incriminations.
19:37Et il s'agit de la mise en cause,
19:42de la signification d'une rencontre
19:45entre le ministre de l'Intérieur de l'époque
19:47et le chef d'État libyen accompagné de ses collaborateurs.
19:52Alors il y a une première interrogation
19:54qui vient chez ceux qui connaissent un peu la politique.
19:56On se dit, mais pourquoi cette affaire
19:58n'est-elle pas devant, qui concerne la politique
20:01devant l'accord de justice de la République ?
20:03Et pourquoi j'évoque cela ?
20:05Parce qu'évaluer la signification d'une rencontre
20:10avec un chef d'État discutable,
20:12c'est quand même de la compétence des hommes politiques
20:17et pas d'un magistrat.
20:19C'est un peu surprenant.
20:21Il se trouve qu'il a été décidé
20:24que l'autorité compétente serait le tribunal correctionnel de Paris.
20:30C'est parfaitement normal pour ceux qui n'étaient pas membres du gouvernement,
20:35mais quelqu'un qui obéit à un projet politique
20:39qui était d'ailleurs partagé par toutes les puissances européennes,
20:43c'est-à-dire réintroduire Kadhafi dans le cercle des Égyptes.
20:46– Mais sans refaire, sans rentrer à nouveau.
20:50– Si vous voulez, on aurait bien compris
20:53qu'il soit jugé pour une faute politique, en quelque sorte.
20:57Mais pour un délit qui n'existe pas,
20:59on a du mal à comprendre que ce soit un tribunal correctionnel.
21:02– Ce que dit Gérard Louguet est tout à fait intéressant.
21:05Je voudrais juste faire peut-être un mot d'explication
21:08sur la compétence de la Cour de justice de la République.
21:12Elle est compétente pour juger les ministres
21:14auxquelles on reproche une infraction commise
21:17dans l'exercice de leur fonction.
21:20Alors bien entendu, on peut toujours dire
21:22qu'une infraction n'est jamais dans le cadre
21:26de la fonction naturelle d'un ministre.
21:28En revanche, c'est escalité de ministre de l'Intérieur
21:32que Nicolas…
21:33– Et à l'occasion d'une rencontre politique
21:35organisée par les services administratifs les uns et les autres.
21:39– Tout à fait, donc cette rencontre,
21:40qui est un point important dans ce procès
21:42entre Nicolas Sarkozy et celui qui était le maître de la Libye
21:47à l'époque, est une action politique.
21:50Était-elle opportune ?
21:51– Bon, on ne va pas refaire le procès.
21:54Le procès d'ailleurs qui aura lieu en appel en mars prochain,
21:57il peut être renvoyé en prison Nicolas Sarkozy
21:59à l'issue de ce procès en appel ?
22:01– Ah, c'est juridiquement possible.
22:05Est-ce que…
22:06– Mais il a plus de 70 ans,
22:07donc c'est une circonstance qui est quand même…
22:09– Alors attendez…
22:10– Alors ça n'empêche pas la prison…
22:11– Ça change quoi, pardon ?
22:13Ça change quoi ?
22:13– Dans les 70 ans, ça fait que quand vous…
22:15Ça n'empêche pas du tout la prison,
22:16il y a plein de gens qui ont plus de 70 ans en détention.
22:19Non, 70 ans, ça vous permet,
22:20le jour où vous êtes incarcéré,
22:22de demander déjà, sans attendre la mi-peine,
22:24une libération conditionnelle,
22:26donc un aménagement de peine.
22:27– Et ceci ne concerne que les condamnés définitifs.
22:30– Les condamnés, voie de recours, ça ne joue pas.
22:33– Pardonnez-moi, juste une chose que je n'ai peut-être pas…
22:36Il faut que vous compreniez
22:37qu'il y a quand même la majorité des Français
22:39qui ont voté pour lui.
22:42Et puis ensuite, il a été battu.
22:44Mais je veux dire qu'il y a un lien personnel
22:46entre des millions d'électeurs et leurs candidats.
22:49– Qui persistent, selon vous, malgré tout.
22:51– Ce lien persiste largement
22:53parce que justement, la décision a montré
22:56qu'il était relaxé dans cette affaire.
23:00Tout n'est pas parfait.
23:01– Oui, c'est comme le foot.
23:02– Mais dans cette affaire, il est relaxé.
23:03– C'est comme le foot, je le dis.
23:04La justice, c'est en deux manches.
23:06Donc il a été condamné la première fois.
23:08Il y aura un match retour.
23:10– Présumé innocent, procès en appel en mars.
23:12Un dernier mot, Gérard Longin,
23:14un dernier mot, vous avez échangé avec lui
23:15depuis sa libération ?
23:17– Non.
23:17– Non, ok.
23:18– Je crois qu'il a d'autres priorités.
23:20– Merci beaucoup, merci à tous les trois
23:23d'être venus sur ce plateau.
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