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  • il y a 7 semaines
Chaque soir, Julie Hammett vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.

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00:00On voulait parler d'une autre actualité. Ce soir, cette deuxième semaine du procès de Cédric Jubilard, il est jugé aux Assises du Tarn pour le meurtre de sa femme Delphine, disparue en décembre 2020 à Cagnac-les-Mines.
00:14Deux témoignages ont stupéfait le public dans la salle d'audience ce jeudi. Regardez ce récit de cette journée d'audience signée Raphaël Redon et Emmanuel Abron.
00:26Ce jeudi, dernier jour d'audience de la semaine.
00:30Les avocats de la partie civile tentent d'inverser le rapport de force. Ils convoquent des témoins à la barre.
00:38Parmi eux, la nounou des enfants, qui raconte avoir été choquée par des propos de Cédric Jubilard un jour où elle regardait un reportage sur le meurtre d'Alexia Daval par son mari, Jonathan.
00:51Cédric est arrivé. J'ai dit que c'est malheureux pour cette dame. Et il m'a dit, oh, il n'est pas malin, lui. Il se fait pleurer. J'aurais fait mieux que ça, moi.
01:00Ça m'a estomaqué. Six mois après, sa femme disparaît. Ça fait drôle.
01:04La présidente s'attarde également sur la déposition d'un ami de Cédric Jubilard, absent au procès.
01:13Là encore, une confidence troublante.
01:15Il m'a dit, ça se passe pas bien. J'ai envie de la tuer. Cédric était très énervé contre Delphine. Il pensait finir sa vie avec elle.
01:23A chaque fois, Cédric Jubilard reconnaît ses paroles, mais assure les prononcer avec ironie.
01:32Alors quel degré de crédibilité y accorder pour la cour ?
01:35La question qui se pose à partir du moment où la situation est admise à demi-mot par Cédric Jubilard, c'est de savoir s'il a pu, en amont de la disparition tragique survenue le 15 décembre,
01:49fomenter, imaginer la possibilité effectivement de se débarrasser physiquement de son épouse.
01:55Pour que les six jurés puissent se faire leur propre opinion sur la personnalité de l'accusé, la présidente propose un élément matériel.
02:04Un enregistrement, réalisé à l'insu de Cédric Jubilard par deux membres de la famille de Delphine.
02:11La conversation se déroule dans la maison du couple.
02:1433 heures après la disparition de la jeune femme, Cédric décrit un mariage en péril.
02:20Quand est-ce que vous avez parlé de Dubourg, ça, première fois ?
02:23Cet été.
02:23On s'était donné un mois, un mois et demi pour sauver le couple, si tu veux.
02:29Elle me dit non, non, mais ça, c'est rien. De toute façon, ma décision est prise.
02:32Je suis déjà très loin dans ma tête. J'ai toujours été sur le second plan, toujours.
02:37Parfois, durant les 20 minutes de conversation, Cédric Jubilard parle de sa femme au passé, avec un certain détachement.
02:45Le cousin et le frère de Delphine vont alors le questionner sur la nuit de la disparition, comme pour tenter de le perturber.
02:53Qu'est-ce qu'elle avait comme chaussures ?
02:54Des espèces de boots, des trucs chauds.
02:57Non, mais c'est des trucs très chauds. C'est des trucs chauds d'hiver, quoi.
03:02Et le pyjama dessous.
03:06C'est ce que je suppose.
03:11D'abord, certains de la tenue de sa femme ce soir-là, Cédric Jubilard se reprend ensuite.
03:17Comment peut-il savoir, alors même qu'il affirme s'être couché avant elle ?
03:22Pour la défense de l'accusé, cet enregistrement ne trahit en rien leurs clients.
03:26Chacun l'interprète comme on veut, cet audio.
03:30Nous considérons que c'est Cédric Jubilard.
03:33Donc vous avez des personnes qui viennent, qui veulent en savoir plus, qui ont déjà une certaine conviction, qui posent des questions, il y répond.
03:39Et à la fin, il s'effondre dans les bras de ces deux personnes.
03:41Alors que la première moitié de ce procès s'achève, les partis civils ont tenté à leur tour de mettre à mal la défense de Cédric Jubilard.
03:50La semaine prochaine, l'amant de Delphine s'exprimera à la barre.
03:55L'un des témoignages les plus attendus de ce procès hors normes.
04:00En plateau pour en parler, Dominique Rizet.
04:03Bonsoir Dominique.
04:04Bonsoir Julie.
04:05Considant de police-justice, Jacques Fonbonne, général de gendarmerie.
04:08Bonsoir Jacques Fonbonne.
04:10Et Carole Maslia, vous êtes avocate pénaliste et de l'association La Voix de l'enfance.
04:16J'aimerais qu'on commence avec vous, Dominique Rizet, sur ces témoignages.
04:20Quand même des témoignages qui ont marqué cette nouvelle journée d'audience.
04:24Cette nounou donc, qui raconte qu'un soir, elle évoque avec Cédric Jubilard, ou plutôt lui,
04:30il lui parle directement de l'affaire Jonathan Daval et se compare à lui.
04:34Elle regarde la télévision, elle regarde un documentaire sur Jonathan Daval,
04:39qui a été condamné à 25 ans pour le meurtre de sa femme Alexia Daval, trois mois d'enquête,
04:46et qui a beaucoup pleuré lui-même en demandant à ce qu'on lui rende sa femme.
04:50On se souvient tous de l'histoire.
04:51Jonathan Daval, voilà, la marche blanche, les larmes, tu étais mon énergie, tu étais...
04:58Et donc, lui passe derrière la télévision, enfin, il voit ce documentaire,
05:06et il dit donc à la nounou, il s'est mal pris parce que moi, je ne me serais pas fait prendre.
05:12Alors, c'est un message subliminal.
05:16Moi, j'aurais fait mieux que ça, on ne l'aurait jamais retrouvé, précisément.
05:20Voilà, j'aurais fait mieux que ça, on ne l'aurait jamais retrouvé.
05:22Quand on connaît aujourd'hui le contexte de la disparition d'Elphine Jubilard,
05:26qui a disparu et qu'on n'a toujours pas retrouvé,
05:29c'est vrai que cette phrase, elle sonne, et même elle résonne à l'infini
05:33entre les murs de la cour d'assises et dans la tête de tous ceux qui sont ici,
05:37commençait par celle des jurés.
05:40Mais encore une fois, c'est du jubilar dans le texte,
05:43c'est du jubilar dans la vie, c'est du jubilar chaque jour,
05:47avec tout ce qu'on est habitué maintenant à entendre
05:50de ce qu'il a été capable de dire.
05:52On ne va pas revenir sur les détails, même sur sa vulgarité,
05:55quand sa femme disparaît, sur les phrases qu'il va prononcer,
05:59les expressions qu'il va avoir.
06:01On les a dites ici, dans l'affaire suivante, on ne va pas les répéter.
06:05Mais voilà, c'est du jubilar.
06:06Alors, est-ce que le personnage est capable ?
06:09Il était vulgaire, pardon, avec elle ?
06:11Non, mais il était vulgaire.
06:14Écoutez, quand il a, au petit matin, il a Anne au téléphone,
06:22qui est la meilleure amie de sa femme.
06:24Il lui dit, est-ce que tu as vu Delphine ?
06:26Je la cherche partout.
06:27C'est vrai qu'il appelle Anne.
06:28Il parle un peu du contexte, de la séparation.
06:31Mais comment ça va entre vous ?
06:32Elle lui pose des questions.
06:32Et il dit, la semaine dernière, on a encore couché ensemble.
06:39Et il lui dit ça, il lui donne ce détail.
06:41Et il lui dit, elle m'a stiqué le poireau.
06:43Donc, vous voyez, c'est jubilard.
06:46C'est indécent de dire un truc pareil.
06:49C'est indécent de le dire alors que sa femme vient de disparaître.
06:53On est vraiment dans les heures où...
06:54Voilà.
06:54Donc, est-ce que cet homme parle toujours comme ça ?
06:58Est-ce qu'il est toujours de cette vulgarité-là ?
07:02Est-ce qu'il est toujours aussi inconséquent, aussi stupide,
07:06aussi provocateur, aussi vantard ?
07:08C'est jubilard.
07:10Et c'est cet homme-là qu'on juge.
07:12Et c'est ça qui est important.
07:13C'est jubilard.
07:14Mais Jacques Fonbonne, est-ce que derrière, il peut y avoir autre chose ?
07:17Une sorte d'aveu ?
07:19Parce que c'est ça dont il est question.
07:21La nourrice qui dit, d'ailleurs, à la barre, qu'elle était choquée.
07:24Il me dit ça.
07:25Et six mois après, sa femme disparaît.
07:26Ça fait drôle.
07:27Alors, je pense qu'il y a deux éléments à prendre en compte.
07:31D'abord, c'est le contexte, c'est le ton.
07:36Le même texte dit d'une façon sérieuse ou dit sur le ton de la plaisanterie
07:41n'a évidemment pas le même sens.
07:43Et puis, comme le soulignait Dominique Rizal-Instant,
07:46il y a la personnalité de ce garçon qui, pour autant, n'en fait pas un coupable.
07:51Mais on a l'impression qu'il joue contre lui-même.
07:55C'est-à-dire que tous ces éléments qui s'ajoutent,
07:58qui sont de petits éléments,
08:00qui ont un poids, finalement, extrêmement faible
08:02lorsqu'on les prend séparément,
08:04dessinent un personnage
08:07qui donne sans doute l'impression au juré
08:13de rentrer dans la culpabilité
08:15à cause de ce qu'il dit de lui-même
08:17ou à cause de ce qu'il fait et qu'on ne lui demande pas.
08:20Comme un joueur de poker, en quelque sorte,
08:21qui fait chauffer la machine
08:22jusqu'au moment où il va y avoir une rupture
08:25et qui, peut-être, s'il en a l'intelligence,
08:27s'arrêtera avant que des éléments deviennent trop lourds
08:31pour ne pas faire pencher la balance
08:35dans le sens de la culpabilité.
08:36Carole Maslia, c'est toute la particularité, quand même,
08:39de ce procès.
08:40Pas de corps, pas d'aveu.
08:41Ces témoignages-là,
08:43ils ont un poids essentiel pour ces jurés.
08:46Et en l'occurrence,
08:47ils sont plutôt à charge
08:48contre Cédric Jubilard.
08:50Je crois qu'il faut déjà se dire
08:54que ce procès va durer plusieurs semaines,
08:56qu'il a été très médiatisé,
08:59qu'on a des jurés,
09:02on a six jurés,
09:04qui vont statuer en leur âme et conscience
09:06en fonction d'un certain nombre d'éléments,
09:10des éléments probants,
09:12mais aussi des éléments subjectifs.
09:14Et c'est toute la particularité d'un procès d'assise.
09:18Le procès d'assise,
09:19il va être basé sur une intime conviction.
09:22L'intime conviction,
09:24ce n'est pas l'intime intuition.
09:28Ça ne peut pas être,
09:30il est désagréable,
09:31il est vulgaire,
09:33finalement, on dirait qu'on a l'impression que...
09:35Ça va plus loin que ça.
09:36Ça va même beaucoup plus loin.
09:39Vraiment, au moment de la délibération,
09:42c'est comme une forme de recueillement
09:44où on va évidemment
09:46exéminer les éléments à charge,
09:47à décharge,
09:49mais on va aussi s'interroger
09:51de manière certaine.
09:52Est-ce qu'il y a une évidence
09:54à se prononcer
09:56sur la culpabilité d'un homme
09:58fut-il aussi antipathique,
10:01aussi vulgaire,
10:03même si nous avons des soupçons ?
10:06Et en même temps,
10:07c'est toute la difficulté
10:08et c'est tout l'art
10:09de la cour d'assise.
10:13Mais je crois,
10:15très honnêtement,
10:15il ne faut pas se leurrer dans ce dossier.
10:18Quelle que soit la décision,
10:19il y aura un appel.
10:20S'il y a un acquittement,
10:21il y aura un appel du parquet.
10:23S'il y a une condamnation,
10:24il y aura évidemment
10:25un appel de la défense.
10:27Aujourd'hui, on voit
10:28que les avocats de la défense,
10:30et c'est leur rôle,
10:31vont se battre pied à pied,
10:34bec et ongle,
10:35pour obtenir ce trophée
10:37qui est l'acquittement.
10:38Et on a le parquet,
10:40on a l'avocat général,
10:42et on a des partis civils
10:44qui, elles,
10:45si vous voulez,
10:46expriment de manière subjective
10:48leurs ressentis.
10:49Il a été comme ci,
10:52il a été comme ça,
10:53c'est désagréable,
10:53c'est pas normal.
10:54Il a dit
10:55que peut-être
10:56il avait envie de la tuer.
10:58Oui, mais bon.
10:59Et, so what ?
11:01Donc, si vous voulez,
11:02je crois qu'il faut être très prudent.
11:04Il est toujours présumé innocent.
11:07Tout peut arriver.
11:09Moi, je ne crois pas
11:10dans ce type de dossier
11:11à l'aveu de dernière minute.
11:14Vous ne croyez pas
11:14qu'il y aura un aveu
11:15de ces prochains jours ?
11:17On l'a déjà eu,
11:17mais pas là.
11:18Dominique Rizet ?
11:19Oui.
11:19Moi, j'ai l'impression
11:20qu'on assiste à un combat de boxe
11:22où il n'y aura pas de chaos.
11:23Le chaos,
11:23ce serait
11:24Cédric Jubilard
11:26qui se lève
11:27et qui dit
11:27« oui, c'est moi ».
11:28Ou le chaos,
11:29ça pourrait être un avocat
11:30qui va lui sortir quelque chose,
11:32un argument
11:32et où il va s'effondrer
11:35parce que ça sera
11:36intenable pour lui
11:37et il sera obligé
11:38d'avouer.
11:39Le chaos,
11:39ça peut être son fils,
11:41lui,
11:41qui ne viendra pas,
11:42ou quelqu'un
11:45qui viendrait,
11:46quelqu'un ou sa mère,
11:47Nadine,
11:47qui lui dirait
11:48« mais parle-nous,
11:49dis-nous quelque chose »
11:50et que là,
11:50il s'effondre,
11:51ce serait un chaos.
11:52J'ai l'impression
11:52que ça n'arrivera pas,
11:54malheureusement,
11:54si tant est
11:55qu'il soit le coupable
11:57de la disparition
11:59et du meurtre de sa femme.
12:01J'ai l'impression
12:01qu'on va aller jusqu'au bout
12:02du combat en 12 rounds
12:04et qu'au bout du combat,
12:05on va compter les points.
12:06Et ceux qui vont compter les points
12:08sont les trois magistrats,
12:10président, assesseur
12:11de la cour d'assises
12:12et les six jurés
12:13qui vont dire
12:14« ben voilà,
12:15pour nous,
12:16il y a eu plus de coups
12:17de l'accusation,
12:18il y a eu plus de coups
12:19de la défense
12:20et on va,
12:21en fonction de ça,
12:23prendre une décision
12:24et ça va être terrible.
12:26Ça va être terrible
12:27pour ces neuf personnes
12:28de se décider,
12:30sachant que de toute façon,
12:31et Karl l'a très bien dit,
12:33à l'issue,
12:34s'il est acquitté,
12:35il y a un appel,
12:36un appel du parquet
12:37et s'il lui est condamné,
12:39il y a un appel
12:39de ses avocats,
12:40donc de lui.
12:40D'où l'importance
12:41de ces témoignages.
12:42Autre témoignage évoqué
12:43dans le reportage
12:44qu'on vient de voir,
12:45ce moment où Cédric Jubilat
12:47range du bois
12:47et qu'il est aidé
12:50par un ami.
12:52Par son copain
12:52Sofiane,
12:53c'est un week-end.
12:56Allez-y,
12:56vous racontez mieux
12:56que moi,
12:57Dominique,
12:57laisse le micro.
12:58Non, pardon,
12:58je ne veux pas
13:00qu'il y a apparaît
13:01la parole tout le temps.
13:01Non, non,
13:02si, si,
13:02vous êtes là pour ça.
13:03Non, je le fais
13:04avec 15 secondes,
13:05il est avec un copain,
13:06Sofiane,
13:06qui est venu l'aider
13:07à ranger du bois,
13:08il lui parle
13:09et il lui dit,
13:09elle m'énerve,
13:10je vais la tuer
13:12et je vais l'enterrer.
13:15Ça, c'est ce que dit
13:15Sofiane aux enquêteurs.
13:17Il n'est pas venu
13:17témoigner,
13:17Sofiane,
13:18aujourd'hui.
13:19Mais son témoignage
13:20qui a été recueilli
13:20par les enquêteurs
13:21dans le cadre
13:21de l'instruction judiciaire
13:23a été évoqué.
13:23A été lu par la présidente.
13:24A été lu par la présidente.
13:26Et lui,
13:27Cédric Jubilard,
13:27dans son box,
13:28dit,
13:29ouais, c'est vrai,
13:30c'est vrai,
13:30j'ai dit ce jour-là
13:32que j'avais envie de la tuer.
13:33Mais je n'ai pas dit
13:33que j'allais l'enterrer.
13:35Je n'ai pas dit ça.
13:36Donc vous voyez,
13:36il y vient un peu
13:37et pas vraiment,
13:38il en donne un bout,
13:39il dit quelque chose,
13:40oui, c'est vrai,
13:41j'ai dit ça.
13:41Le fait d'avoir dit
13:42que j'allais tuer Delphine,
13:43oui, je le reconnais.
13:44Alors, je ne sais pas
13:44si on peut remettre
13:45cette phrase qui vient
13:46de disparaître.
13:47Mais ce n'est pas pour autant
13:48que je l'ai fait.
13:49Peut-être qu'on peut écouter
13:50les avocats, justement,
13:51de Cédric Jubilard là-dessus.
13:53Voilà un homme
13:54dont on voudrait maintenant,
13:55pour les besoins de l'accusation,
13:56croire qu'à de multiples reprises,
13:58il va d'abord annoncer son crime.
14:00Et puis qu'une fois l'ayant commis,
14:01il va aller l'avouer à tout le monde.
14:02Enfin, moi, à un moment donné,
14:04qui peut le croire autrement
14:05que par le prisme
14:06de ce que Cédric Jubilard raconte.
14:08C'est-à-dire, dès le début,
14:09je sais que je suis
14:09le suspect numéro un.
14:11Et c'est vrai.
14:12Pendant des semaines
14:13et des mois,
14:14à chaque fois que je vais
14:15croiser des gens,
14:16je vais sentir le regard accusateur.
14:18Et donc, auprès des gens
14:19que j'aime, auprès des proches,
14:20eh bien, je vais ironiser
14:21en me disant, tu sais bien
14:22que c'est moi qui l'ai tué,
14:23bien sûr.
14:24Et c'est drôle, c'est pas drôle,
14:26c'est adapté, c'est pas adapté,
14:27peu importe.
14:28Mais enfin, à quel moment
14:28on peut valablement considérer
14:30que cet homme fait des aveux
14:31ou aurait pu prévenir
14:33à l'avance de tout le monde
14:34son crime.
14:34Ça ne tient pas la route.
14:36Les avocats qui jouent vraiment
14:37sur cette personnalité
14:38de Cédric Jubilard,
14:39il est comme ça,
14:39il a mironisé.
14:41Oui, oui, mais c'est pas...
14:44Maître Franck le défend très bien
14:45ou, effectivement,
14:48il se conduit de la façon
14:49la plus stupide possible
14:50en donnant du grain à maudre
14:52à l'accusation
14:53ou c'est un jeu.
14:55Moi, je persiste à penser
14:56que c'est un jeu.
14:58C'est un jeu pour se mettre en valeur.
14:59Les experts psychiatres disent
15:01que c'est une personnalité
15:03très égocentrée,
15:05très dominante.
15:07Ils mènent en quelque sorte
15:09le jeu parce que tout le monde
15:10s'interroge sur la question
15:11de savoir si, effectivement,
15:13il dit la vérité
15:13ou s'il les balade,
15:15si c'est un jeu de chat
15:17et de souris
15:18parce que c'est ce que
15:20l'on est en train de dire.
15:21Ça se joue sur la tonalité,
15:24sur le moment où on le dit,
15:26sur le fait que,
15:27bah oui, c'est moi qui l'ai...
15:28J'ai dit que je l'avais tué,
15:30mais c'est pas une infraction.
15:31Il n'y a pas d'élément matériel,
15:33il n'y a pas d'élément intentionnel.
15:34C'est comme quand on s'embrouille
15:36dans un bistrot,
15:37sort, je vais te tuer,
15:38il ne se passe rien.
15:39Il n'y a pas d'infraction pénale,
15:40il peut y avoir des menaces,
15:41mais là, ce n'est pas le cas.
15:43Je dirais, il maintient
15:44l'attention.
15:47Et comme vous le disiez,
15:48dans un dossier où, effectivement,
15:50je dirais que la pièce de monnaie
15:52est à la verticale,
15:52elle peut tomber du côté
15:53de l'acquittement
15:54ou de la culpabilité.
15:56Bien malin, celui qui peut prétendre
15:59comment ça va se faire.
16:01Mais ce qui est très intéressant
16:02dans ce que vous disiez,
16:03c'est que c'est le raisonnement
16:04de l'intime conviction.
16:06C'est-à-dire que c'est quelque chose
16:07dont la tentation
16:08est de le faire
16:10de façon récursive.
16:11C'est-à-dire,
16:12j'ai le sentiment
16:14qu'il est coupable
16:15et pour nourrir
16:17cette culpabilité,
16:18je vais aller chercher
16:19dans le dossier
16:20et dans ce que j'ai entendu,
16:21les éléments
16:22qui m'ont impressionné
16:23dans ce sens-là
16:24et qui,
16:25en les mettant l'un
16:26à côté de l'autre,
16:27deviennent logiques.
16:27L'intime conviction,
16:29c'est autre chose.
16:29C'est justement l'inverse.
16:30C'est à partir
16:31des éléments objectifs
16:33de ceux,
16:33comme dit l'article 353,
16:36qui ont impressionné
16:37ma façon de voir le procès,
16:40à partir de ces éléments,
16:42quelle est ma conclusion ?
16:43Et ça n'est pas la conclusion
16:44qui doit être un a priori
16:47qui va s'appuyer
16:48sur quelque chose.
16:49Alors, j'aimerais
16:50qu'on écoute
16:50des extraits,
16:52justement,
16:53qui ont été diffusés
16:55pendant le procès.
16:56Donc, c'est Cédric Jubilard,
16:5833 heures seulement
16:59après la disparition
16:59de sa femme.
17:00Il est enregistré
17:01à son insu par un cousin
17:02et écoutez
17:03ce qu'il lui raconte.
17:064 à moins 10,
17:064 à moins le quart,
17:07c'est la petite
17:08qui m'a réveillée.
17:08Tu es réveillée comme ça ?
17:09Tu n'as pas réveillé,
17:10tu n'avais personne dans le lit ?
17:10Personne dans le lit ?
17:11Je me suis dit,
17:12il y a s'en dormi
17:12sur le canapé,
17:13tu vois.
17:14Personne.
17:14Bon, elle est au WC.
17:15Puis là,
17:16j'ai commencé un peu
17:16à l'appeler.
17:17Je fais,
17:17t'es là ?
17:18T'es par là ?
17:19Ré.
17:19Je suis descendu au sous-sol.
17:21T'es là,
17:21je suis descendu,
17:22j'ai fait le tour.
17:23J'ai cherché ce matin,
17:24mais je cherche une aiguille
17:26dans une boîte de fouet.
17:27Ça, je connais là,
17:28tu le sais.
17:28Si tu veux parler,
17:29tu parles,
17:30tu nous...
17:30Courage, hein.
17:32Tu sais qu'on est là.
17:33Oui, je sais que vous êtes là.
17:35Qu'est-ce qu'elle avait
17:35comme chaussure ?
17:36Des espèces de boots.
17:37C'est des trucs très chauds.
17:39Oui, oui.
17:39C'est des trucs chauds d'hiver, quoi.
17:40Et une jean,
17:41ça donne blanche,
17:42d'hiver.
17:43Et le pyjama dessous.
17:46C'est ce que je suppose.
17:47Alors, là-dessus,
17:49il y a quelque chose
17:50qui ne colle pas,
17:51visiblement,
17:51puisqu'il aurait dit
17:52qu'il était déjà couché
17:54au moment de sa disparition.
17:57Et il raconte à son cousin
17:59qu'il se souvient précisément
18:00des chaussures qu'elle portait
18:02au moment où elle a quitté la maison.
18:04Il faut dire qu'au moment
18:05où il va se coucher,
18:06il raconte que sa femme
18:08est en train de regarder un film,
18:10une émission sur M6, je crois,
18:13et la France a un incroyable talent,
18:15il me semble que c'est ça.
18:17Elle est avec son fils Louis
18:18dans le canapé
18:19et lui, il monte se coucher.
18:21Mais je crois qu'il dit
18:22qu'elle est en pyjama.
18:23Et ça, de toute façon,
18:24les avocats vont y revenir.
18:25Et vous avez vu
18:26qu'à la fin de sa phrase,
18:27il rajoute,
18:28je suppose, je suppose.
18:30Donc, elle est en pyjama
18:32avec Louis dans son canapé.
18:34On sait qu'elle envoie
18:34des messages à son amant
18:35jusqu'à 22h55.
18:37Et ensuite, lui, il dort.
18:41Et quand il s'enlève,
18:42il n'y a plus la doudoune blanche.
18:45Et donc, il dit, voilà,
18:48la doudoune,
18:48je suppose qu'elle était en pyjama.
18:50Le problème,
18:51c'est que le téléphone a disparu.
18:53Mais on va retrouver dans la maison,
18:54quand même,
18:55si c'est quelqu'un
18:56qui est parti volontairement,
18:57le sac à main de Delphine,
18:58son portefeuille,
18:59sa carte bleue,
19:00ses papiers d'identité,
19:02son permis de conduire,
19:03ses clés de voiture.
19:04D'ailleurs, que les gendarmes
19:06lui demanderont le matin
19:07en disant,
19:07mais la voiture,
19:08elle a les clés,
19:08donc il va les chercher,
19:09il va les trouver.
19:10D'ailleurs,
19:10il va les trouver assez rapidement.
19:12Donc, c'est vrai que ça,
19:15c'est troublant.
19:16C'est troublant
19:17et ça va constituer
19:19ce que le général Fontbonne
19:20appelle le millefeuille.
19:22Donc, ça plus le reste,
19:24tous les éléments,
19:25on ne va pas les réévoquer,
19:26ça va prendre trop de temps.
19:29Ça fait se poser
19:30cette question terrible,
19:33c'est qui d'autre
19:34que lui aurait pu le faire ?
19:36Qui d'autre
19:36que lui aurait pu faire ça ?
19:38À Cagnac-Lémine,
19:39en pleine nuit
19:40du 15 au 16 décembre,
19:42en plein couvre-feu
19:42du confinement,
19:43Covid,
19:45quand on sait
19:46que ce ne sont pas
19:46les deux autres personnes,
19:48l'amant de Delphine
19:49et la femme de l'amant.
19:51On va y revenir d'ailleurs
19:52à la femme de l'amant
19:53puisqu'elle a témoigné aujourd'hui,
19:54elle faisait partie des témoins,
19:55mais un autre extrait
19:56quand même
19:57qui va un peu dans votre sens,
19:59il évoque toujours
20:00auprès de ce cousin
20:01alors qu'il est toujours
20:01enregistré à son insu.
20:03quelques heures
20:04après la disparition
20:05de sa femme,
20:05les problèmes de couple
20:07qu'il a avec elle.
20:08On l'écoute.
20:09Qu'est-ce que vous avez parlé
20:10de divorce la première fois ?
20:12Entre nous cet été.
20:13D'accord.
20:13On s'était donné
20:14un mois,
20:16un mois et demi,
20:16pour sauver le couple
20:18si tu veux.
20:20Elle me dit
20:20non, non,
20:20mais ça ne sert à rien.
20:21De toute façon,
20:21ma décision est prise.
20:23Je suis déjà très loin
20:24dans ma tête.
20:24J'ai dit,
20:25j'ai dit de toute façon,
20:25c'est le mec
20:25que tu as rencontré
20:26sur Internet et tout,
20:27il n'y a pas de...
20:28Je lui dis,
20:28dis-moi-le,
20:29je m'en fous,
20:29j'ai des doutes
20:31si tu veux,
20:32mais je n'ai aucune preuve
20:34réelle de ça
20:35si tu veux.
20:36On avait l'impression,
20:37alors je sais que vous dites
20:38qu'il faut rester prudent,
20:39mais jusque-là,
20:40on avait l'impression
20:40que la défense avait quand même
20:41la main rentrée,
20:43arrivait à défendre
20:45Cédric Jubilard
20:46contre tout ce qui était
20:47mis sur la table
20:51lors des audiences,
20:52mais qu'aujourd'hui,
20:53se retrouvait un petit peu
20:54en difficulté quand même.
20:56Il y a ces enregistrements,
20:58il y a ces témoignages
20:59qui sont à nouveau
21:03à charge.
21:06Il est renvoyé
21:06devant la cour d'assises
21:07justement parce qu'il y a
21:08des témoignages,
21:09parce qu'il y a des éléments
21:10de preuve,
21:11parce qu'il y a des choses,
21:12il y a quand même
21:12des éléments probants.
21:14Mais si vous voulez,
21:16quel est l'élément ?
21:17Y a-t-il dans ce dossier
21:18un élément déterminant
21:19qui va véritablement
21:23être révélateur
21:25en disant voilà,
21:26là c'est sûr,
21:26c'est acquis,
21:27dont acte,
21:28c'est terminé,
21:29c'est bouclé ?
21:30Non.
21:31Qu'on menace quelqu'un
21:32de dire j'ai envie
21:34de la tuer,
21:34bon ben il a envie
21:35de la tuer,
21:36qu'il se soit trompé,
21:38qu'il dit voilà,
21:39j'ai commis une erreur
21:40sur les bottes,
21:40tout peut se justifier.
21:42Et donc si vous voulez,
21:43c'est pas sa crédibilité
21:44et surtout ne pas partir
21:47à mon sens du postulat
21:48en disant attendez,
21:49si c'est pas lui,
21:51qui c'est ?
21:52Non, c'est pas comme ça.
21:53C'est lui ou pas ?
21:55C'est pas,
21:56ça ne peut pas être
21:57un choix
21:58en creux.
22:00Voilà,
22:00c'est vraiment,
22:01il faut que ce soit une,
22:03je sais pas dans quelle mesure
22:04ça va être une évidence
22:05pour les jurés,
22:07bon,
22:07ils doivent statuer
22:08à la majorité,
22:09ils doivent être sept,
22:11mais je crois vraiment
22:13qu'on doit se dire,
22:15voilà,
22:16on va étudier
22:16tous les éléments
22:17de manière objective,
22:20après il y a la balance,
22:22là c'est pas bénéfice-risque,
22:23mais c'est culpabilité-innocence,
22:26s'il y a un doute,
22:26il doit de toutes les manières
22:28profiter à l'accusé,
22:29s'il y a le moindre doute,
22:30il doit profiter à l'accusé,
22:32c'est le principe,
22:33c'est la clé de voûte
22:34de l'édifice pénal,
22:36ça c'est certain.
22:37Maintenant,
22:38on ne peut pas envoyer
22:38quelqu'un en prison
22:39en se disant,
22:40parce que de toutes les manières,
22:41moi j'ai beau réfléchir,
22:42je ne vois pas,
22:43on ne lui connaissait pas d'ennemi,
22:44elle était charmante,
22:45elle était sympa,
22:46en plus il ne s'entendait pas,
22:49ils étaient sur le point de divorcer,
22:50elle avait un amant,
22:53et des milliers de dossiers.
22:56Donc si vous voulez,
22:57quel va être l'élément déclencheur
22:59qui va véritablement bouleverser
23:01l'économie de ce dossier ?
23:02Aujourd'hui,
23:03moi je ne le vois pas,
23:04la défense elle est en difficulté,
23:07je ne sais pas,
23:08et vous savez,
23:08une défense qui est en difficulté,
23:10par principe,
23:11elle rebondit,
23:12pour effacer les difficultés.
23:13Donc je crois que,
23:15je crois que ce n'est pas terminé.
23:16Et pardon Maître,
23:18c'est vrai qu'à la fin,
23:19ce sont les avocats
23:20qui auront la parole,
23:21avec leur talent d'avocat,
23:23et on parlait tout à l'heure
23:24avec le général Fonbonne
23:25dans le couloir,
23:26avec Hugues Vigier,
23:27l'avocat qui était là tout à l'heure,
23:29qui était ici,
23:29qui est un pénaliste
23:30qui ne fait que des assises.
23:32Il a obtenu 126 acquittements,
23:35Hugues Vigier.
23:36C'est un monument de...
23:38C'est un...
23:39Voilà.
23:39Dupond-Moretti,
23:40Éric Dupond-Moretti,
23:41en avait obtenu 145.
23:43Donc autant vous dire,
23:44bon,
23:45Carole Mastia,
23:46vous en avez eu aussi,
23:47ça veut dire que,
23:48quand même,
23:49l'acquittement,
23:49ce n'est pas quelque chose de rare.
23:50Pas du tout.
23:53Donc,
23:53il pourrait y avoir un acquittement
23:54également possible.
23:55Donc, ça peut arriver,
23:56mais après,
23:56on va revenir à la case départ,
23:58nouveau procès,
23:59on en discutait aussi,
24:00c'est vrai qu'il faudra
24:01batailler dur
24:02pour le faire acquitter,
24:03Cédric Jubilard.
24:04Dernière question,
24:06la semaine prochaine,
24:07un témoignage
24:08qui sera particulièrement intéressant,
24:10l'amant
24:11de Delphine Jubilard
24:12qui sera donc auditionnée,
24:14c'est bien ça ?
24:14Oui,
24:15et puis qui va donner,
24:16qui va donner,
24:18à mon avis,
24:19un éclairage
24:20sur le côté,
24:21sur le côté conflictuel
24:23ou sur le côté rupture
24:25entre adultes consentants
24:27qui font le constat
24:29de l'échec
24:29de leurs unions respectives.
24:31Et ça va effectivement ajouter,
24:35parce que c'est toujours le cas
24:36dans ces dossiers
24:36où l'émotion prend
24:38la plus grande part,
24:41un côté humain,
24:42je dirais,
24:42avec une couche supplémentaire,
24:44une couche d'ambiance
24:45et c'est vrai que dans ce dossier
24:46il y a surtout des éléments
24:47d'ambiance
24:47à défaut de preuves irréfragables.
24:50Merci à tous les trois,
24:51le procès qui se poursuit donc.
24:54Vous avez un dernier mot,
24:55Dominique Rizet ?
24:55Le général Fonbonne
24:56aime bien le mot irréfragable.
24:58Vous l'avez noté.
24:59Oui, j'ai noté.
25:00Vous l'avez prononcé trois fois ce soir.
25:02Et moi j'aime beaucoup
25:02Dominique Rizet.
25:03Voilà, magnifique,
25:04on termine là-dessus.
25:05Merci beaucoup à tous les trois.
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