- il y a 10 heures
Chaque soir, Julie Hammett vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.
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00:00Votre invité, je disais, c'est Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque Centrale Européenne, ancien gouverneur de la Banque de France.
00:06Bienvenue à vous sur ce plateau. Je voulais d'abord vous faire entendre cette ultime coup de pression de Sébastien Lecornu aux députés
00:14avant le retour du budget de la Sécu à l'Assemblée Nationale. Demain, on écoute le Premier ministre. C'était un peu plus tôt dans la soirée.
00:22Moi, je ne suis pas un papa qui est là pour rassurer ou inquiéter les gens. Moi, je ne suis pas là pour rassurer les gens.
00:27Les parlementaires, ils ont du pouvoir. Ils sont là pour rassurer les Français sur le fait qu'il y aura bien un budget pour la sécurité sociale dans les temps.
00:33Ils sont là pour rassurer les partenaires sociaux dans le paritarisme qui est le nôtre, pour expliquer que les caisses pourront fonctionner.
00:38Ils sont là pour rassurer le monde hospitalier en disant qu'il y aura une visibilité sur les tarifs. Ils sont là pour rassurer les marchés financiers aussi.
00:45Ils vous rassurent, vous, les parlementaires français, depuis trois mois, là ?
00:49Non, ils inquiètent les Français, ils inquiètent les Européens et ils inquiètent le monde entier.
00:55Donc, nous sommes vraiment dans une situation qui était déjà très, très mauvaise auparavant,
01:01mais qui s'est aggravée au fur et à mesure avec un désordre politique, il faut bien le dire, qui est épouvantable,
01:08et aussi une aggravation des déficits, puisqu'on évite la catastrophe politique à coût de dépenses supplémentaires.
01:16Or, on était déjà dans une situation très mauvaise.
01:19Pour qualifier la situation, c'est très simple.
01:22Nous espérions, avec M. Bérou, arriver à moins de 3%, juste moins de 3% en 2029.
01:32C'est le pire résultat de tous les Européens.
01:34Et les Italiens, eux, ils seront à ce niveau-là en 2026.
01:40Donc, nous sommes dans une situation réellement épouvantable.
01:44Et pour qualifier aussi la situation française en général, par rapport à nos voisins européens,
01:50je vais nous comparer à l'Italie.
01:52L'ancien Premier ministre italien, Mario Monti, était à Paris tout récemment.
01:57Et il nous rappelait qu'il a obtenu, en 2011, que l'âge légal de la retraite en Italie soit porté à 67 ans.
02:09Et il a obtenu ça avec une majorité remarquable, à la Chambre basse, 495 pour, contre 80 contre.
02:20Voilà la situation dans laquelle...
02:21Et le décalage, donc, avec la France.
02:23Le décalage avec nous est presque incompréhensible, tellement nous sommes hors de la réalité.
02:29Dans la sphère politique, et aussi, il faut bien le dire, dans l'opinion publique en général,
02:33compte tenu précisément de la pensée politique qui nous imprègne.
02:39Vous avez vu que le PS a été reçu à nouveau aujourd'hui par le Premier ministre.
02:42Et voilà ce que dit Olivier Faure à sa sortie.
02:45Nous pouvons dire que nous progressons.
02:47Nous sommes dans une approche qui peut aboutir à un compromis, même si nous n'en sommes pas encore là.
02:51Ce budget du compromis, donc, à vous entendre, il vous inquiète ?
02:55Il inquiète tout le monde.
02:57Mais effectivement, c'est un must dans le système politique français,
03:00puisque on veut, et je comprends qu'on puisse, comment dirais-je, essayer d'arriver à ce résultat.
03:07On ne veut pas, en effet, avoir un gouvernement qui tombe,
03:11et le cas échéant de nouvelles élections...
03:13Donc, il vaut mieux un budget un peu, j'allais dire, médiocre à vos yeux,
03:18qui comprend une suspension de la réforme des retraites, etc.
03:20Aux yeux de ceux qui décident actuellement, c'est ce qui est le mieux.
03:24Et je comprends que c'est leur objectif.
03:26Cet objectif est clair.
03:28Mais malheureusement, ça se paye en dépenses supplémentaires,
03:31alors que nous sommes déjà le plus mauvais pays d'Europe.
03:35Les deux sont vrais.
03:36Le meilleur scénario, en tout cas pour vous,
03:38c'est malgré tout d'avoir un budget de compromis d'ici le 31 décembre.
03:41Je pense que ne pas avoir de budget et réenclencher toute une séquence politique tragique,
03:48ce serait encore plus mauvais.
03:50Donc, il s'agit de choisir entre des mots qui sont tous épouvantables,
03:55parce qu'encore une fois, par rapport aux autres pays européens,
03:57la situation française est horrible.
04:00Comment vous l'expliquez ?
04:01Tiens, vous parliez du cas italien, du fait qu'eux acceptent de partir plus tard à la retraite.
04:07Pourquoi est-ce que nous, là-dessus, on bute encore ?
04:10Quel est votre regard à vous, là-dessus ?
04:11Écoutez, d'abord, c'est le bon sens.
04:13Dans tous les autres pays, c'est le bon sens.
04:15Et nous, on n'a pas de bon sens en France ?
04:16La durée de vie s'allonge.
04:18Nous, on a une capacité.
04:20On peut raisonner sur les raisons pour lesquelles il y a de telles enchères,
04:26si vous voulez, à qui sera le plus démagogue.
04:28C'est lié aussi, probablement, au fait que nous sommes très divisés politiquement
04:32et que nous sommes très divisés syndicalement.
04:35Donc, chacun essaye, disons, d'être le mieux-disant dans ce concours qui est catastrophique,
04:41puisqu'il ne correspond pas à la réalité.
04:43Jean-Marc Siméon.
04:44Monsieur Trichet, compte tenu du diagnostic que vous avez rappelé,
04:48et qui, je crois, est partagé par la plupart des experts,
04:52j'allais dire sérieux, mais même ceux qui sont moins sérieux doivent partager cette situation.
04:56Comment expliquez-vous que la France continue,
05:01en étant le plus mauvais élève à la fois de l'Europe et du monde,
05:04continue de trouver de l'argent sur les marchés financiers sans beaucoup de difficultés, franchement ?
05:09Dès qu'on a besoin de quelques milliards pour faire la fin de mois, on la trouve.
05:13La direction du Trésor, que vous connaissez bien,
05:16elle a beaucoup de talent, mais elle a aussi quelques facilités.
05:19Si nous n'en trouvions pas, nous ne parlerions pas de cette situation,
05:26on serait en pleine crise.
05:28On serait en pleine crise.
05:29Et tout le monde serait conscient du fait que c'est la crise.
05:32Les taux d'intérêt auraient flambé,
05:34et tout le monde se demanderait comment on va sortir de la crise.
05:38Et quelle est la conditionnalité qui va nous être imposée.
05:41C'est ce qui s'est passé en Italie, d'ailleurs.
05:42Je vantais, en effet, et je soulignais à quel point l'Italie
05:46avait su prendre des décisions très difficiles à nos yeux.
05:50Mais c'est vrai qu'elle n'arrivait plus à se financer.
05:53Elle a été aidée, M. Trichet.
05:56Elle a été aidée par l'Europe, dans des conditions très importantes.
05:59Massivement, en 2020, après le pacte européen.
06:02Je ne parle pas de 2020, je parle de 2011.
06:04Oui, 2011, mais c'est des réformes de structure qui ont été conduites,
06:07comme en Allemagne, dans les années 2010,
06:10ce qui n'a pas été fait en France à ce moment-là.
06:11Oui, c'est ça.
06:11Et l'Italie était dans une situation gravissime,
06:15comme l'Espagne, comme l'Irlande, comme le Portugal.
06:18Le problème aujourd'hui, c'est que nous sommes le seul pays
06:21qui est dans une très mauvaise situation
06:23et qui s'apprête à aggraver encore sa situation.
06:26C'est ça, le problème.
06:27Oui, mais M. Trichet, à l'époque, il y avait cinq pays qui étaient en difficulté.
06:30Victor Hérault, Victor Hérault.
06:31Si je comprends bien, on est sous assistance respiratoire.
06:34Cette assistance respiratoire nous empêche de voir la gravité de notre situation.
06:38Il vaudrait mieux que nous soyons réellement en crise pour pouvoir embrayer
06:40et trouver un meilleur modèle ?
06:42Alors, j'ai mal compris.
06:42Non, non, ce n'est pas du tout ce que j'ai dit.
06:44D'ailleurs, nous ne sommes pas...
06:45Un mauvais point pour vous, Victor Hérault.
06:46Nous ne sommes pas en assistance respiratoire.
06:51Nous sommes, en effet, dans une situation qui, n'étant pas une situation de crise ouverte,
06:56ne nécessite pas d'assistance obligatoire exceptionnelle,
07:01mais qui nous permet simplement, en perdant des points année après année,
07:05de continuer à nous financer tant bien que mal.
07:08Simplement, on avait des taux d'intérêt et donc des primes de risque
07:11qui étaient plutôt basses au sein de l'Europe, proches des Allemands.
07:16Et maintenant, on est au niveau des Italiens.
07:19Ce n'est pas énorme.
07:19Et de temps en temps, au-dessus des Italiens.
07:21Non, le dit-il, ce n'est pas énorme.
07:22Monsieur Trichet, le principal point que vous soulevez, c'est la question des retraites
07:27qui, évidemment, coûtent extrêmement cher au pays.
07:30La plupart de nos voisins, effectivement, font les réformes importantes et douloureuses
07:34pour les populations en Allemagne, en Italie, en Espagne,
07:38où l'âge de la retraite a été largement repoussé jusqu'à 67 ans pour certains pays.
07:44Et l'Allemagne envisage de le faire plus loin.
07:46En France, ce n'est pas du tout cette situation-là.
07:48Nous sommes à la fois parce que deux grandes forces politiques, les extrêmes,
07:52il faut les citer, les insoumis à la fois et le RN,
07:56sont absolument arc-boutés sur les 62 ans.
07:59Enfin, pas que les extrêmes, pardon.
08:00Voir les 60 ans.
08:01Et maintenant, le Parti socialiste, toute la gauche, et même, on va dire,
08:06une partie des LR n'a pas vraiment joué le jeu en 2022.
08:09Donc, de toute façon, il y a quelque chose du domaine du totem en France
08:13sur la question des retraites.
08:14Est-ce que vous, vous avez un moyen d'expliquer mieux aux Français ?
08:17Parce que finalement, les Français, ils n'écoutent aucune des explications.
08:20Ils veulent travailler, ils veulent s'arrêter à 60 ans.
08:23Ça a été expliqué quand même.
08:24Les gouvernements successifs,
08:27successifs depuis 2007, quasiment, ont essayé.
08:31Ils ont tous essayé.
08:32C'est vrai.
08:33Comment donner envie aux Français de travailler plus longtemps, finalement ?
08:36En les payant plus.
08:37Écoutez, il faut arriver, en effet, à les convaincre
08:40que ce n'est pas douloureux, comme vous avez dit.
08:43Vous avez dit, c'est douloureux.
08:44Elles ne sont pas du tout douloureuses.
08:47C'est comment assurer, sans diminuer pour autant les retraites,
08:52sans augmenter pour autant les cotisations,
08:55comment assurer les retraites de nos concitoyens ?
08:58Il n'y a pas d'autre moyen que d'allonger, en effet,
09:01les cotisations.
09:02Il y a un vrai mystère dans cette affaire.
09:04Parce qu'on s'aperçoit que, curieusement,
09:06les Français ont compris que leur régime de retraite était en danger
09:09parce qu'ils empruntent massivement pour pouvoir se protéger.
09:14Et non seulement ils font de l'épargne facile à la caisse d'épargne,
09:20mais ils font de l'épargne par capitalisation,
09:23puisque les banques n'ont jamais ouvert autant de prêts
09:26par retraite, par capitalisation, que depuis un an ou deux.
09:29Donc, ils ont compris qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
09:32Non, je crois qu'en effet, les Français, nos concitoyens,
09:36sont beaucoup plus en avance que la classe politique,
09:39que la sphère politique.
09:40Ça me paraît clair.
09:41D'ailleurs, les fonctionnaires eux-mêmes
09:43ont une retraite par capitalisation complémentaire, si vous voulez.
09:47Donc, c'est vrai que les gens, nos concitoyens,
09:51sont beaucoup plus éclairés,
09:52et à mon avis, ils sont prêts, le moment venu, effectivement,
09:56à ce qu'il y ait les réformes de bon sens.
09:59Comme tous les autres Européens.
10:01Dans ces débats-là, on a beaucoup parlé de la taxe Zuckmann.
10:04Ça, a priori, c'est derrière nous,
10:05mais il y a un nouveau rapport, un rapport explosif, Samy,
10:08qui va, a priori, très probablement,
10:10relancer le débat sur les hauts patrimoines.
10:12Ça, c'est sûr.
10:12Ça va remettre une pièce dans la machine.
10:14Et d'ailleurs, je ne suis pas sûr que ça vous plaise vraiment,
10:16monsieur Trichet.
10:16D'ailleurs, c'est ce rapport qui est issu
10:18du Conseil des prélèvements obligatoires.
10:20C'est un organisme, le CPO,
10:22qui est rattaché à la Cour des comptes
10:25et à qui a pondu ce rapport.
10:27Alors, eux, jugent souhaitable le constat suivant,
10:30une contribution plus effective des très hauts patrimoines,
10:34justement, aux charges publiques.
10:36Alors, le constat est assez saisissant.
10:37En tout cas, regardez ce chiffre,
10:38qui en dit assez long.
10:4027% du patrimoine total français,
10:44aujourd'hui, appartient,
10:46est détenu, en tout cas,
10:47par 1% des foyers.
10:49C'est vrai que ce chiffre,
10:50il peut, en tout cas, interpeller.
10:52Alors, pour eux,
10:53la taxe Zuckman n'est pas la solution,
10:55puisqu'il faudrait mener,
10:57mettre à bien des négociations à l'international.
11:01Ce serait très compliqué,
11:02notamment avec l'arrivée de Donald Trump.
11:04C'est ce qu'ils expliquent.
11:05Mais ils préconisent, quand même, trois pistes.
11:07La première, c'est d'aller taxer les très gros héritages
11:10sur les biens qui sont non professionnels.
11:13Donc, aller mettre en place,
11:16en fait, une sorte de prélèvement
11:17qui correspondrait à 7,5%
11:19au-delà d'un certain seuil.
11:21Ça n'a pas encore été très bien défini,
11:23mais en gros, aller sur une taxation
11:25plus importante des gros héritages.
11:26Autre piste, cette fois,
11:27qui est plus ambitieuse,
11:29le retour de l'ISF,
11:30mais un ISF un peu différent,
11:31ISF 2.0,
11:32en mettant l'immobilier,
11:34comme l'IFI aujourd'hui l'est,
11:35mais en ajoutant les liquidités,
11:36le placement et les holdings,
11:38une sorte d'ISF modernisé.
11:41Et puis, dernier élément,
11:42et Jean-Marc le disait,
11:43l'épargne des Français,
11:44eh bien, il préconise
11:45d'abaisser le plafond du livret A.
11:48Vous savez que les Français
11:49épargnent énormément.
11:51Aujourd'hui, le plafond,
11:52c'est 22 950 euros.
11:53Depuis 2013,
11:54ça pourrait donc changer
11:55pour réinjecter cet argent
11:57dans l'économie réelle.
11:58Il faut s'attaquer aux héritages,
12:00Jean-Claude Trichet ?
12:01J'ai une difficulté de compréhension
12:03sur le livret A.
12:04Oui, abaisser le plafond.
12:06On a abaissé le plafond,
12:07c'est ça.
12:08On décourage.
12:09Pour encourager les enlaississements ?
12:11Pour encourager à ne plus,
12:12finalement,
12:12autant épargner qu'avant.
12:14Il suffit de réexpliquer,
12:15d'ailleurs,
12:15qu'il n'y a pas de taux d'intérêt
12:16sur le livret A des caisses d'épargne
12:18pour les décourager.
12:19Parce qu'actuellement,
12:20il n'y a pratiquement aucun rendement.
12:221,7 %,
12:23on est un petit peu
12:24au-dessus de l'inflation.
12:25L'inflation est très inférieure
12:26à 1,7 %.
12:27Il faut reconnaître ça.
12:29Il ne faut pas, il ne faut pas.
12:30C'est une des trois pistes en tout cas.
12:31Sur les questions,
12:33comment faire contribuer
12:34ceux de nos concitoyens
12:36qui ont des revenus très élevés
12:38ou un niveau élevé de capital ?
12:40Je dirais,
12:41il y a une seule règle,
12:42à mon avis,
12:44faire en sorte
12:45qu'on ne les incite pas
12:47à quitter la France.
12:49Parce que,
12:50sauf erreur de ma part,
12:51je peux me corriger moi-même,
12:53mais, sauf erreur de ma part,
12:54dès que vous franchissez
12:55une frontière française
12:57de tous les côtés,
12:59au nord, au sud,
13:00à l'ouest,
13:01à l'est, pardon,
13:02vous n'avez pas d'impôts
13:04sur les fortunes.
13:07Donc, je vois maintenant
13:09des contribuables français
13:11qui vont s'installer à Milan,
13:13qui vont s'installer à Rome.
13:15Ils ont commencé d'ailleurs par Venise.
13:17Vous avez le coin
13:18des milliardaires français à Bruxelles.
13:20À Marrakech.
13:21Vous avez, en effet,
13:22une fiscalité
13:23beaucoup plus favorable
13:24en Espagne,
13:26en Portugal.
13:27Mais alors, comment on fait ?
13:28On sent que l'équilibre,
13:28il est difficile à trouver.
13:30Est-ce que vous êtes d'accord
13:30avec le constat
13:31qu'il faut que les riches
13:32contribuent plus ?
13:33Tous les autres n'ont pas envie
13:34de perdre les contribuables
13:36les plus intéressants pour eux.
13:38C'est du bon sens pur, là aussi.
13:40Donc, il faut, à mon avis,
13:42trouver, en effet,
13:43le bon équilibre.
13:44Rocaia Diallo.
13:44En fait, il y a quelque chose
13:45qui ne colle pas.
13:46C'est-à-dire qu'on ne peut pas
13:47strictement adopter
13:48des logiques comptables
13:49sans tenir compte
13:50de ce que sont les Français.
13:51Les Français sont mobilisés
13:53de manière assez massive
13:54contre la réforme des retraites
13:55parce qu'au siècle dernier,
13:58on avait acquis
13:58un certain nombre
13:59de confort social
14:02avec des congés, etc.
14:03Et c'est la direction
14:04que semblait prendre l'histoire.
14:05Et je crois que les gens
14:06ne considèrent pas
14:07que plus on vit longtemps,
14:08plus on doit travailler.
14:09En fait, la vie n'est pas censée
14:10nécessairement être dédiée
14:11au travail.
14:12On peut aussi, philosophiquement,
14:13se poser la question
14:14d'une mécanique
14:15qui consiste à dire
14:15plus on vit longtemps,
14:16plus on doit travailler.
14:18Par ailleurs, je ne vois pas
14:19comment on peut convaincre
14:19les Français
14:20de travailler plus.
14:21Mais économiquement,
14:21ce n'est pas viable,
14:22le rocailleur.
14:22Je ne vois pas comment.
14:23Mais économiquement,
14:24on peut aussi aller chercher
14:25de l'argent.
14:25Là, il y en a,
14:26effectivement, dans les héritages,
14:27dans le fait qu'aujourd'hui,
14:28le meilleur moyen de faire fortune
14:29en France, c'est d'hériter.
14:31Effectivement, aujourd'hui,
14:32on ne peut pas s'enrichir
14:33uniquement avec son travail.
14:34Donc, financer une abrogation
14:36de la réforme des retraites
14:37via des taxes sur les héritages.
14:39En tout cas, notre principe,
14:40c'est liberté, égalité, fraternité.
14:41La fraternité, c'est la solidarité.
14:43De me dire qu'il y a des Français
14:44qui, aujourd'hui,
14:44vont fuir leur pays
14:45parce qu'ils ne veulent pas
14:46contribuer à la solidarité nationale.
14:48Ça devrait poser des questions
14:49à tous ceux qui déclarent
14:50patriotes aujourd'hui.
14:51Ça pose des questions
14:52à nous tous.
14:53Ça va de soi.
14:54Ça nous pose des questions
14:55à nous tous.
14:56Et à tous nos voisins aussi.
14:57Ils n'aiment pas leur pays.
14:58Et donc, ce que nous voulons,
14:59c'est que le pays puisse avoir,
15:01en effet, le plus de gens actifs,
15:03de gens dynamiques
15:04et de gens payants de gros impôts
15:06chez nous,
15:07pas chez les voisins.
15:08Donc, on est d'accord
15:09sur l'objectif.
15:10Non, mais pardonnez-moi,
15:11ceux qui ont fui Berlin
15:12à la chute du mur,
15:12on n'a pas dit que c'était
15:13des antipatriotes.
15:14Il y a un moment,
15:15il y a aussi une réalité.
15:16Mais il y a une réalité fiscale
15:17qui fait qu'en étant
15:18fiscalement repoussoirs,
15:19il est normal que les gens
15:20fuient le pays.
15:21Mais je...
15:22On ne peut pas simplement dire
15:23qu'ils ne sont pas patriotes.
15:24Je ne les accable pas.
15:25Oui, non, non.
15:26Vous répondez à Recaillat.
15:28Oui, j'assume.
15:28J'assume.
15:29C'est-à-dire qu'on ne peut pas
15:30simplement aller sur l'axe
15:31de « ils fuient le pays
15:32donc ils ne sont pas patriotes. »
15:33Si la fiscalité est infernale,
15:35c'est que vous n'êtes pas votre pays.
15:36Elle n'est pas infernale.
15:37Ces gens sont extrêmement fortunés.
15:38Ça ne va rien changer à leur vie.
15:39À un moment donné,
15:40il faut se poser la question.
15:40En l'occurrence, si.
15:41Ça va changer tout le business.
15:42Qu'est-ce que ça va changer
15:43complètement à leur confort de vie ?
15:45Ce que je ne comprends pas
15:46dans votre raisonnement également,
15:49c'est lorsque vous dites,
15:51je comprends sur les acquis sociaux,
15:53etc.,
15:53mais vous dites
15:53« l'augmentation du niveau de vie
15:55ne doit pas être corrélée
15:56à une augmentation du temps de travail. »
15:57Non, la raison de l'espérance de vie.
15:59Oui, donc on a le droit,
16:00c'est-à-dire qu'on a le droit
16:01de ne pas travailler plus longtemps
16:02et d'être à la retraite plus longtemps.
16:03Mais il y a un paramètre
16:04dans tout cela qu'on oublie,
16:05c'est que ce sont les travailleurs
16:06qui paient la retraite
16:07de ceux qui ne travaillent pas.
16:08Donc la charge,
16:08elle va peser sur les actifs.
16:10C'est-à-dire qu'on va
16:10de plus en plus faire payer les actifs
16:12pour des gens qui travaillent
16:12de moins en moins longtemps.
16:13Déjà, la notion de travail,
16:15on peut l'interroger
16:15parce qu'il y a énormément
16:16de retraités qui sont bénévoles
16:18dans des associations,
16:18donc qui contribuent indirectement
16:20à notre vie sans rémunération.
16:22Donc ça, c'est un travail
16:22qu'on peut aussi considérer
16:23et évaluer.
16:25Mais ce que souligne
16:26ce Conseil des prélèvements
16:28obligatoires
16:29qui publie donc ce rapport,
16:30c'est la dégressivité
16:31du système fiscal
16:32pour les plus aisés.
16:33Et ils ont publié un graphique
16:35qui est quand même assez parlant
16:36et qui montre effectivement
16:38que plus on est riche,
16:39moins on paie d'impôts.
16:41On débat sur la question
16:42depuis trois mois.
16:44On a l'impression
16:45qu'on ne trouve pas réellement
16:46la solution
16:47à ce que beaucoup voient
16:48comme une injustice.
16:49Je ne sais pas si on peut voir
16:50ce graphique.
16:53Il va apparaître
16:54et il est assez parlant.
16:55Les milliardaires,
16:55vous voyez la chute
16:56de la courbe.
16:57Nous, la France,
16:57on est en rouge tout en haut.
16:59Les impôts,
17:00les impôts proportionnellement
17:02baissent
17:02ou sont moins importants.
17:05Je pense que là,
17:06évidemment,
17:07ce n'est pas
17:08ce qui est normal
17:10et ce qui est
17:10dans la loi
17:12fiscale normale.
17:16Ce que l'on a là,
17:16c'est le phénomène
17:17des holdings,
17:19des holdings
17:20qui accumulent
17:21des profits,
17:23qui ne les distribuent pas.
17:24Donc il n'y a pas
17:25de dividendes
17:26et par conséquent,
17:27il n'y a pas d'impôt
17:28sur le revenu
17:28correspondant
17:29à ces profits.
17:31Ils sont donc
17:31accumulés
17:32dans toute une série,
17:35un empilement,
17:36le cas échéant,
17:37chez les plus
17:37sophistiqués
17:38de holdings.
17:40C'est comme ça,
17:41si vous voulez,
17:41qu'on arrive
17:42à un résultat
17:43qui n'est pas du tout
17:44le résultat
17:44que veut
17:45le parlementaire français.
17:48Le parlement français
17:49n'a pas voté pour ça,
17:51mais c'est une conséquence.
17:52Il y a un problème
17:53qui est très sérieux
17:54et à mon avis,
17:55il faut le regarder
17:56de près.
17:56Comment compenser
17:57le fait que
17:58des revenus importants
18:00sont accumulés
18:01dans des holdings
18:02qui ne distribuent pas
18:03de dividendes ?
18:04C'est un vrai problème.
18:05Une dernière question,
18:06Jean-Claude Trichet.
18:06Comment vous voyez la suite ?
18:08Est-ce que vous pensez
18:09qu'on va tout droit
18:09vers une dissolution ?
18:11Comment vous voyez là
18:12les prochains mois
18:13jusqu'en 2027 ?
18:16Écoutez,
18:17il y a deux hypothèses.
18:19Ou bien nous n'arrivons pas
18:20à nous faisons,
18:23si je puis dire,
18:24tomber le gouvernement.
18:26Le parlement
18:26fait tomber le gouvernement.
18:28Alors là,
18:28on est dans une séquence
18:29qui me semble
18:30réellement catastrophique.
18:32En effet,
18:32après déjà la succession
18:33de gouvernements
18:34qu'on a eu.
18:34Vous pensez que c'est
18:34encore possible ?
18:35Je dirais 50-50.
18:37Je n'ai pas d'informations
18:38aussi extraordinaires
18:40que certains d'entre nous.
18:41Oui, Bruno Jeudy,
18:42pendant la pub,
18:43disait qu'il n'y croit pas.
18:43Je me contente
18:46de faire l'hypothèse.
18:46Vous êtes moins optimiste.
18:48Alors,
18:49les autres 50,
18:50ça consiste à aller
18:53jusqu'aux élections présidentielles
18:54en dépensant
18:56encore plus d'argent,
18:57c'est-à-dire en alourdissant
18:58encore plus
18:59notre situation budgétaire,
19:02en inquiétant
19:02encore plus
19:03les Français
19:04qui épargnent massivement,
19:06les Européens
19:07qui sont très inquiets
19:08de voir la France
19:09dans une telle situation
19:10à laquelle ils ne s'attendaient pas
19:12et le reste du monde
19:13aussi.
19:14Et donc,
19:15nous sommes dans
19:15les deux cas
19:16en présence de situations
19:18qui sont en effet
19:19très inquiétantes.
19:20On va s'arrêter
19:21sur cette vision
19:23un peu pessimiste,
19:25un peu inquiétante,
19:26effectivement.
19:27Merci beaucoup.
19:27Le seul élément positif,
19:28c'est ce que vous disiez,
19:30M. Sylvester,
19:31les Français
19:32sont beaucoup plus conscients
19:34de la difficulté
19:36et de ce qu'ils vont faire
19:37qu'on ne le pense
19:38et qu'on ne le croit.
19:40On n'a plus le temps,
19:40Jean-Marc.
19:40Je suis désolée,
19:41mais vous avez encore
19:41une heure et demie
19:42pour vous exprimer.
19:43Je vous rassure.
19:44Merci beaucoup,
19:44Jean-Claude Prichet,
19:45d'être venu nous voir
19:46sur le plateau BFM TV ce soir.
19:47Merci beaucoup.
19:47Sous-titrage Société Radio-Canada
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