- il y a 2 jours
Ce jeudi 6 novembre, la suspension de la plateforme chinoise Shein dans l'attente de la vérification de sa conformité avec la législation française, ainsi que les nouveaux bouleversements du commerce international suite à la guerre commerciale lancée par Donald Trump, ont été abordés par Gaëlle Macke, directrice déléguée de la rédaction de Challenges, Lionel Fontagné, professeur à l'école de l'économie de Paris et membre du Cercle des Economistes, et Gaël Sliman, président d'Odoxa, dans l'émission Les Experts, présentée par Raphaël Legendre sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00On est de retour pour la seconde partie des experts avec toujours Gaël Mack autour de la table, Lionel Fontanier et Gaël Slimane pour parler non pas de la Chine mais de Chine qui débarquent en France.
00:13Et depuis hier au BHV, le corner Chine a débarqué avec fracas, ça fait réagir jusqu'à Matignon, Gaël Mack.
00:22Matignon qui demande de suspendre la plateforme le temps de vérifier qu'elle soit bien conforme aux droits français.
00:31D'abord on se demande pourquoi ce n'était pas le cas avant mais est-ce qu'on peut suspendre une plateforme d'un géant comme Chine ?
00:39En tout cas c'est inédit, pour l'instant ça n'a jamais été fait.
00:42Alors il y a une loi quand même européenne qui s'appelle le Digital Services Act, le DSA, qui concerne normalement toutes les giga plateformes internet,
00:57ce qui est clairement le cas de Chine, je crois qu'il y a 130 millions de consommateurs, de visiteurs en Europe.
01:02Et normalement la France, enfin je veux dire du coup pour ces très grandes plateformes-là, c'est ce DSA qui s'applique.
01:10Donc ça va être juridiquement un peu fragile à mon avis, même en droit français la question de la proportion, disons de la punition par rapport à la menace et au désordre public ou économique créé va être sujet à caution.
01:29On rappelle que c'est suite à la vente de poupées pédopornographiques, d'armes, de machettes.
01:33Exactement, voilà. Depuis maintenant on cherche, on cherche et on trouve.
01:39Je veux dire maintenant on tape, armes, drogues, voilà et on cherche.
01:43Bon alors il faut noter que Chine a...
01:45Vous avez trouvé des armées des drogues Gaëlle ?
01:47Je n'ai pas cherché personnellement mais je crois comprendre que c'est devenu un jeu en soi.
01:53Voilà.
01:53Mais en tout cas, Chine, ils ont réagi en mettant sur pause immédiatement leur marketplace.
02:00Puisqu'on rappelle quand même que ce ne c'est pas la marque Chine qui vend des poupées pédopornographiques ou des armes.
02:07C'est ce système qui existe pour beaucoup de grandes plateformes de distribution où des tiers vendeurs peuvent...
02:15C'est arrivé chez Amazon en 2020 je crois.
02:17Oui, où des tiers vendeurs profitent de la marque Ombrelle pour vendre sur la plateforme.
02:22Donc clairement, ils ont mis ça en pause, cette marketplace en pause dans l'idée de faire une vérification de leurs fournisseurs.
02:31C'est possible puisque chez Amazon ça n'existe plus donc on doit pouvoir avoir des procédures de contrôle.
02:39Et je pense que ça affaiblit encore plus en partie la position du gouvernement français puisque l'entreprise réagit et réagit là où se situe le problème, c'est-à-dire sur la marketplace.
02:51Bon donc il y a quand même pas mal de communication politique aussi autour de ce sujet.
02:56Chine a quand même joué un peu la provoque.
02:58Tout le monde est sorti, sur tous les bancs de l'Assemblée, tout le monde a eu son petit mot contre Chine.
03:01Avec ses gigas affiches devant le BHV, devant l'hôtel de ville, au cœur de Paris.
03:07Bon voilà, donc il y a un peu de communication politique dans cette affaire.
03:11Oui, voire un peu de moraline comme dirait Nietzsche contre des consommateurs qui eux réclament 26 millions de consommateurs.
03:20Oui mais vous avez...
03:212 milliards et demi de chiffre d'affaires en tout cas en France.
03:23En fait on est dans la schizophrénie des gens, de nous, de chacun.
03:29Oui bien sûr.
03:30Parce que quand on a des baromètres sur la conso, quand on suit tout ça, on voit que c'est pas forcément parce que vous avez une mauvaise image de certaines marques ou de certains produits que vous n'allez pas les consommer.
03:43Et oui.
03:43Si vous avez des produits d'Assemblée.
03:44Des désirs coupables.
03:45Oui, exactement. Et là, il y a mon ancienne maison BVA, il y a très longtemps, qui a sorti un sondage juste sur ces sujets de Chine.
03:54Et on voit que... On voit exactement ça. Vous avez tous les Français, 98%, qui ont entendu parler de cette marque.
04:01Vous imaginez ? Une marque chinoise qui s'est lancée il n'y a pas si longtemps chez nous.
04:05Tout le monde en France sait ce que c'est.
04:06Et en revanche, vous avez deux fois plus de mauvaises opinions sur la marque et sur ses produits que de bonnes.
04:13Donc pour les politiques, c'est du pain béni.
04:15Parce que vous pouvez taper dessus ou donner l'illusion, c'est l'idéal.
04:18Ne pas vraiment taper dessus, parce que le consommateur achète.
04:20On a un quart des gens qui s'achètent des produits de grande consommation, type vêtements, qui achètent chez Chine, en France.
04:27Donc c'est quelque chose de colossal quand même.
04:30Ce que vous évoquiez il y a un instant, Raphaël.
04:31Donc on achète beaucoup, on est très critique, c'est formidable.
04:35L'homme politique peut aller à l'Assemblée, vite upérer, menacer de sanctions qui ne sont finalement pas si fortes que ça ou pas si réalistes que ça.
04:44Et du coup, marquer quelques points de popularité, de notoriété et de popularité, lui aussi ou elle aussi, sur cette opération.
04:52L'une des réponses à ces petits colis venus d'un Résechine, c'est ému de ces grandes plateformes asiatiques, c'est une taxe de 2 euros par petit colis.
05:01On rappelle que les colis de moins de 150 euros ne paient pas de droits de douane, sont exonérés de taxes en arrivant en Europe.
05:08Est-ce que c'est une solution là, cette taxe à 2 euros française ?
05:11Alors je pense qu'il faut rappeler comment tout ceci fonctionne, parce que tout le monde commence sur des plateformes,
05:18mais le consommateur ne sait pas vraiment comment ça se passe derrière.
05:21Donc il y a un principe qui s'appelle dominimis au niveau international, qui est qu'on n'applique pas de droits de douane en dessous d'un certain seuil,
05:30dont les 150 euros qui viennent d'être mentionnés.
05:34Il faut rappeler pour commencer, et c'est le début de l'histoire, qu'aux Etats-Unis c'était 800 euros.
05:40800 dollars.
05:40Donc c'était 800 dollars, et la première chose, sur les petits colis, et la première chose que Donald Trump a fait,
05:47c'est de supprimer le dominimis de 800 dollars, c'est-à-dire on est passé de 800 dollars à zéro.
05:53Et ça a été radicalement efficace.
05:55Ce flux de petits paquets, de petits colis au niveau mondial a cherché à se réorienter.
06:01L'immense marché américain s'est fermé du jour au lendemain.
06:05On est passé de 800 dollars à zéro.
06:07Et c'est-à-dire que tout ce qui était entre 0 et 800 ne payait pas de taxes.
06:11Et donc tout ça, c'est en partie réorienté vers l'Europe.
06:14Donc le sujet dont on parle aujourd'hui, les petits colis, c'est un sujet qui concerne l'Europe,
06:19parce qu'on arrive derrière les Américains.
06:22Et alors, le point qui est intéressant, c'est qu'il y a une réforme qui est en train d'être mise en place au niveau européen,
06:30qui s'appelle l'Union douanière européenne, qui va supprimer aussi en Europe le dominimis,
06:35qui va supprimer le très grand nombre de petits droits de douane qui sont appliqués à telle ou telle chose,
06:43parce que c'est impraticable, ingérable.
06:47Et donc on va avoir simplement 4 droits de douane, 4 catégories de produits, 4 droits de douane,
06:51et la différence entre hier et demain, aujourd'hui on est un petit peu au milieu,
06:57hier on payait ni TVA ni droits de douane,
07:01aujourd'hui la plateforme fait payer la TVA mais pas les droits de douane,
07:05et demain la plateforme fera payer, je vais y venir, la TVA, les droits de douane,
07:11sur tous les paquets, et le respect, la plateforme sera responsable du respect,
07:19donc des normes sanitaires, des normes sanitaires, voilà.
07:23Et donc ça c'est très très important parce qu'on sait aujourd'hui,
07:25donc on y arrive, on sait aujourd'hui que deux tiers des petits colis,
07:29deux tiers, ne respectent pas du tout, sont des colis frauduleux.
07:34Ah oui, deux tiers.
07:35C'est absolument massif.
07:36Donc ça représente quelque chose d'énorme,
07:38et donc demain, ça va être réglé par une uniformisation au niveau européen
07:44du système donc de contrôle,
07:48du système d'application des droits de douane à ces petits colis,
07:50et on va utiliser, il faut bien que ça serve à quelque chose,
07:54l'intelligence artificielle pour repérer les fraudeurs.
07:57Et pour les grandes plateformes qui se comporteront correctement,
08:01eh bien il y aura un système d'accréditation
08:04qui permettra donc de passer à travers tous les contrôles administratifs, etc.
08:09Mais pour tous les plus petits vendeurs,
08:11ou pour ceux sur les plateformes qui font des choses qui ne sont pas convenables,
08:15eh bien il y aura ces contrôles et les fraudeurs seront repérés.
08:19Quand est-ce que c'est mis en place ?
08:20Ça commence en 2028, donc voilà, c'est l'Europe.
08:23La différence entre les Etats-Unis et l'Europe,
08:25c'est qu'il faut un petit peu de temps,
08:27mais on a un espace de droit,
08:29et donc il faut prendre le temps de faire les choses bien.
08:32Mais à partir de 2028,
08:34eh bien ça fonctionnera comme ça pour les plateformes,
08:36c'est le demain que je mentionnais,
08:38et pour l'ensemble du commerce européen,
08:41dix ans plus tard.
08:41Bon, le modèle américain qu'on suit donc avec du retard,
08:46comme bien souvent malheureusement.
08:47Ça fait un an aujourd'hui que Donald Trump a été élu 47e président des Etats-Unis,
08:53pour la seconde fois.
08:56Qu'est-ce que vous retenez de cette première année ?
08:58Alors évidemment, il est rentré en fonction qu'au mois de janvier.
09:01Enfin, en termes de guerre commerciale et de droits de douane,
09:04si on concentre sur les sujets économiques,
09:07ça a valsé quand même.
09:08C'est un peu un Trump sans limite.
09:09– Oui, oui et non.
09:11Alors c'est vrai que, comme souvent d'ailleurs avec Trump,
09:15facialement, oui, fracas, chocs, terreurs, surprises, ça secoue.
09:19Bon, donc on se souvient tous, avril, Libération Day arrive avec un énorme tableau de droits de douane.
09:28– Ne voulait strictement rien dire.
09:30– Voilà, et alors là, c'était que des taux punitifs absolument exorbitants,
09:34touchant tous les pays.
09:36Enfin, il y avait une liste de 150 pays.
09:38Bon, enfin, donc quand on regarde par rapport à l'issue de ce Libération Day,
09:44il y avait eu des calculs d'économistes et ils avaient dit,
09:48finalement, ça porterait le droit de douane moyen des États-Unis autour de 30%, 28%.
09:54En fait, quand on regarde aujourd'hui le droit de douane moyen perçu par les douanes américaines,
10:00donc les recettes des douanes, on voit que c'est plutôt 11%.
10:03– Non, c'est 16.
10:04– Ah, moi j'ai lu 11, mais bon, en tout cas voilà.
10:07– On a le meilleur autour de la table, 16%.
10:09– 16% en septembre, c'est une multiplication par 4 quand même.
10:12– Oui, oui, on est passé de 4 à 16%, c'est ça.
10:15– Oui, qui est une forte multiplication, clairement.
10:18– Donc des recettes supplémentaires pour le budget américain.
10:20– Voilà, mais qui n'est pas clairement à la hauteur de ce qui était annoncé.
10:24Donc bon, après, il y a eu aussi beaucoup de décalages,
10:27les entreprises avaient fait beaucoup de stocks en préparation de cet événement.
10:32Il y a des exonérations sur certains produits,
10:35il y a des retards, il y a des suspensions, etc. sur d'autres.
10:39Ce qui fait que les anticipations d'inflation,
10:41évidemment, tous les économistes disaient,
10:43« Ouh là là, mais ces droits de douane vont créer une inflation massive ! »
10:47qui, je le rappelle, avait été quand même le déterminant du vote pour Donald Trump.
10:52– C'est-à-dire, Joe Biden avait été vraiment très accusé,
10:56parce qu'il faut se souvenir que Joe Biden avait laissé l'économie américaine
10:59dans une situation étincelante.
11:02Il y avait une croissance au-dessus de 3%,
11:04un chômage longtemps en dessous de 4%,
11:07mais il y avait ce gros point noir de l'inflation
11:12qui était déjà en train de descendre,
11:14qui était beaucoup plus basse quand Trump est arrivé au pouvoir.
11:18Et là, elle remonte, mais elle remonte par étapes,
11:21un peu de manière décalée.
11:22– Ce n'est pas encore une explosion des prix aux États-Unis.
11:24On ne les voit pas venir pour l'instant.
11:25– Et c'est vrai que quand on regarde en février-mars,
11:28il y avait un certain nombre d'économistes
11:29qui prévoyaient carrément presque une récession pour les États-Unis à venir.
11:32Bon, là, on va se retrouver avec une croissance qui est ralentie,
11:36je veux dire, qui est en dessous de 2%,
11:38on prévoit pour 2025-2026,
11:42mais qui n'est pas une récession, clairement.
11:44Donc voilà, on est dans une situation un peu mitigée,
11:48qui n'est pas aussi catastrophique
11:50que ce qui avait été un peu anticipé au pire au printemps dernier,
11:54mais qui évidemment n'est pas non plus aussi bonne
11:57que celle qu'elle avait été quand Trump est arrivé au pouvoir.
11:59– Six mois après le fameux Liberation Day, un peu plus,
12:04Lionel Fontanier, vous êtes un grand spécialiste
12:06des questions de commerce international.
12:08Quel bilan vous tirez de l'action de Donald Trump ?
12:12– Alors, pour rebondir sur ce qui vient d'être dit
12:14sur la différence entre les Liberation Day et ce qu'on a aujourd'hui,
12:18ce qui est vrai, c'est qu'il y a eu beaucoup d'exemptions
12:20qui ont été obtenues.
12:21Donc il y a un grand fabricant de téléphones
12:23que vous avez tous dans votre poche,
12:25qui a obtenu une exemption.
12:26Il y a un fabricant d'avions américains
12:30qui a obtenu, d'une certaine façon, une exemption.
12:33Donc tout ça a fait effectivement qu'on est allé beaucoup moins.
12:35Et puis il y a eu des deals qui ont été passés,
12:37notamment le deal avec l'Europe, qui fait que…
12:40– Qui est un bon deal ou pas ?
12:41Parce qu'il y a vraiment deux commentaires.
12:43Certains disent qu'on a été très mauvais,
12:45d'autres qu'à 15%, on a quand même l'un des meilleurs taux
12:48au niveau mondial.
12:49– Voilà, donc je suis plutôt…
12:50– Moi aussi, je suis plutôt dans ce temps.
12:52– C'est une proposition, mais je ne vais pas passer trop de temps là.
12:54– Non, mais c'est bien de le rappeler parfois,
12:55parce qu'on n'a pas beaucoup d'espoir.
12:55– Voilà, je pense qu'il a été inutilement critiqué
12:58sans vraiment connaître tous les détails de l'affaire.
13:01– Non, non, pas si pire.
13:03– Voilà, donc le point qui est très très important,
13:06c'est d'avoir en tête qu'il s'est passé plusieurs choses à la fois.
13:09Donc la première chose qui s'est passée,
13:11c'est qu'il n'y a pas eu que des droits de douane,
13:12il y a eu aussi une dépréciation du dollar.
13:15– Absolument.
13:15– Qui a aidé l'économie américaine.
13:17– Ce qui s'est passé aussi, c'est que dans ces deals,
13:21les partenaires commerciaux des États-Unis ont ouvert leur marché,
13:24comme les Européens baissent leur droit de douane.
13:26Donc qu'est-ce que ça veut dire ?
13:27On a en économie, pardon,
13:30quelque chose qu'ils appellent le principe de symétrie de Lerner,
13:33qui est un vieil économiste,
13:35mais qui a dit une chose très très importante
13:37que les politiques oublient souvent,
13:38c'est que quand on met un droit de douane,
13:40ça diminue aussi nos exportations.
13:43– Eh oui.
13:43– Et donc, on peut calculer très facilement
13:46que les droits de douane doivent réduire les exportations
13:49à peu près du même pourcentage que les importations.
13:53Mais quand on part d'un déficit commercial,
13:55si vous réduisez du même pourcentage
13:57les importations et les exportations,
13:59vous réduisez bien sûr le déficit commercial.
14:02Le calcul est facile à faire.
14:03Mais quand même, les Américains auraient dû avoir beaucoup plus,
14:06et c'est ça l'effet récessif que tout le monde attendait,
14:08une baisse de leurs exportations.
14:09Mais en même temps, il y a eu la baisse du dollar
14:12qui a promu les exportations américaines,
14:15il y a eu le fait que les partenaires commerciaux
14:17ont ouvert toutes grandes les portes aux produits américains,
14:20ce qui a promu les exportations américaines.
14:23Et donc, l'impact récessif n'a pas été ici.
14:25– Donc, vous êtes en train de nous décrire
14:26une stratégie économique diablement efficace, là.
14:29Un succès sur quasiment toute la ligne,
14:31côté américain.
14:32– Diabolique.
14:33Diabolique.
14:33– Et donc, en même temps, on a eu la bulle sur,
14:38je pense qu'il y a une partie de bulles sur l'intelligence artificielle
14:41qui a compté beaucoup.
14:42– Oui.
14:43– Et concernant, donc, l'inflation,
14:47quand on dit tous les économistes pensaient
14:49qu'il y aurait une bulle d'inflation,
14:52j'aime pas beaucoup toujours le terme tous les économistes,
14:54parce qu'ils ne pensent pas tous la même chose.
14:56C'est une de leurs qualités principales,
14:57même de penser des choses assez différentes.
14:59Et donc, me concernant, et beaucoup de gens avec moi,
15:04on a tous dit qu'il y aurait une augmentation des prix aux États-Unis.
15:08Mais on n'a pas dit qu'il y aurait de l'inflation.
15:09La différence entre une augmentation des prix et l'inflation,
15:12c'est que l'inflation, c'est une augmentation des prix auto-entretenue.
15:15Et donc, évidemment, si vous mettez un droit de douane,
15:18les exportateurs vont manger leur marge,
15:19ça va prendre un tiers du droit de douane.
15:21Les distributeurs américains vont manger leur marge,
15:23ça va prendre un tiers du droit de douane.
15:25Et le consommateur américain, il va prendre un tiers.
15:28Donc, si vous mettez 15 ou 16 % de droit de douane,
15:32ça veut dire qu'à la fin, le consommateur américain devrait payer 5 % plus cher.
15:36Mais ça, c'est une marge d'escalier.
15:38Il va payer une fois 5 % plus cher.
15:40On va changer les étiquettes chez Walmart.
15:42Mais ce n'est pas de l'inflation, c'est juste une marge.
15:45Et donc, pour qu'il y ait inflation,
15:46il faudrait qu'il y ait une boucle prix-salaire qui s'engage.
15:50C'est-à-dire que les salariés américains
15:53obtiennent des hausses de salaire compensatrices
15:55de la hausse des prix chez Walmart.
15:57Et à ce moment-là, on rentre dans une boucle
16:01qui entretient l'inflation.
16:03Pourquoi cela ne s'est pas produit encore ?
16:06Et pourquoi cela risque de ne pas se produire ?
16:08C'est parce que le marché du travail américain
16:10n'est pas en aussi grande forme qu'il était auparavant.
16:13Et donc, ceci peut faire en sorte que
16:15cette hausse de prix ponctuelle
16:17ne se traduise pas, pour l'instant, en inflation.
16:21Gail Siman.
16:22Alors, tout ce que vous venez de dire l'un et l'autre
16:25m'aide un petit peu pour la réponse à votre question.
16:28Quel est le bilan aujourd'hui ?
16:30Le bilan, il est mauvais.
16:32C'est-à-dire que si vous avez un...
16:34Pardon, ce n'est pas ce que j'entends de la part de Lionel Fontanier.
16:37Pardon, mais si.
16:38Le bilan est forcément mauvais.
16:40Si la question posée, c'est
16:42quel est le bilan de Donald Trump depuis qu'il est président ?
16:46Si on observe, par rapport à ses objectifs,
16:49par rapport à ce qu'il avait affiché,
16:51par rapport au bilan de son prédécesseur,
16:53le vieux sénile Joe Biden,
16:55qui était incapable de marcher,
16:57en vrai, et puis selon Donald Trump,
16:59vous regardez concrètement les choses
17:02et vous observez que c'est moins bien
17:04que ce qu'avait promis Donald Trump.
17:05Ça, évidemment, puisqu'il avait dit
17:06jamais le niveau de vie des Américains ne s'améliorera.
17:10Jamais, dans toute l'histoire,
17:11le niveau de vie des Américains ne sera à ce niveau-là.
17:14Jamais on ne verra une situation aussi profitable
17:16pour les Américains.
17:17Ça n'est pas le cas.
17:19Ce que vous venez d'expliquer sur l'inflation
17:21est très intéressant.
17:22Et c'est utile de le rappeler.
17:24Mais ça montre juste que la préoccupation
17:26des Américains, des Français,
17:28de tous les peuples,
17:29n'est pas en soi l'inflation.
17:31Leur préoccupation, c'est le pouvoir d'achat.
17:33Et donc, le pouvoir d'achat des Américains
17:35ne s'est pas amélioré.
17:36Et d'ailleurs, là je reprends ma casquette de sondeur,
17:39quand on regarde dans les enquêtes d'opinion
17:41aux Etats-Unis,
17:42la popularité de Donald Trump,
17:44ça n'est pas terrible
17:45pour un président qui est élu depuis...
17:46Surtout sur l'économie d'ailleurs.
17:48Surtout sur l'économie.
17:49Et quand on regarde l'image,
17:53l'image de Donald Trump
17:54et des Etats-Unis à l'international,
17:56elle est catastrophique.
17:57Sur le bilan géostratégique,
17:59on va dire,
18:00ou de relations internationales,
18:02il a fait une chose, Donald Trump.
18:03Il a donné à l'Europe
18:07les meilleures raisons
18:08d'essayer de s'unir
18:09et d'arrêter de fonctionner
18:11sous la protection américaine.
18:12Il nous a un peu réveillé,
18:12mais ça effectivement, on nous secoua.
18:14Et donc, quand on fait le bilan
18:15de tous ces éléments-là,
18:17ça peut être en revanche,
18:18comme le disait Gaël il y a un instant,
18:19moins catastrophique
18:20que ce que l'on pouvait nous craindre de lui
18:23par rapport à l'olibrius
18:25et par rapport à des déclarations intempestives
18:27sur les réseaux sociaux
18:28qu'il pouvait faire.
18:29C'est moins pire,
18:30comme disent les enfants,
18:31que ce qu'on aurait pu craindre.
18:33Mais c'est quand même mauvais.
18:34Et ce qui est intéressant,
18:35c'est de voir que c'est la deuxième fois
18:37qu'il est président des États-Unis
18:38et qu'on voit dans tout un tas de pays,
18:40moi je suis ça de près,
18:42les démocrates illibéraux,
18:45appelons-les comme ça,
18:46qui arrivent au pouvoir
18:47parce qu'il y a une exaspération
18:48devant un sentiment d'inefficacité
18:50des dirigeants classiques démocratiques.
18:52Les second mandats sont plus compliqués,
18:54ce que vous nous dites.
18:55C'est surtout qu'ils font en général
18:58la preuve de leur inefficacité
18:59et ils ne sont pas réélus.
19:01Ça a été le cas de Bolsonaro
19:02et c'est le cas de Trump.
19:04Un mot sur le bilan.
19:05Je n'ai pas dit que le bilan était bon,
19:06j'ai juste expliqué
19:07pourquoi il était moins mauvais
19:08que ce que l'on avait pu craindre.
19:10Juste un chiffre.
19:12Donc les droits de douane
19:12qui ont été récupérés,
19:14les droits de douane réciproques,
19:15qui ont été récupérés
19:16avec le fonctionnement du YEPA,
19:18donc ce dispositif
19:20qui a été contesté hier
19:22devant la Cour suprême,
19:23qui donne des pouvoirs
19:26extraordinaires aux présidents américains
19:29pour mettre en particulier
19:31des droits de douane.
19:32Tout ça, ça a rapporté
19:34pour l'instant 80 milliards de dollars.
19:3780 milliards de dollars,
19:38évidemment, ça paraît beaucoup.
19:40Il en attendait 300 minimum.
19:41Il fallait mettre ça
19:42en regard des 1 800 milliards de dollars
19:46de déficit budgétaire américain.
19:49Donc si vous faites la division
19:50de l'un par l'autre,
19:51ça veut dire qu'un vingtième
19:52du déficit budgétaire américain
19:55est couvert par cet énorme chaos
19:58qu'il a créé au niveau international.
20:00Donc c'est évidemment quelque chose
20:02qui n'est pas du tout efficace.
20:03Et quant à ce dispositif
20:04qui n'est pas,
20:05qu'il a été utilisé,
20:07il faut se rappeler
20:08que c'est la suite
20:09d'un autre dispositif.
20:11Donc ça date de 1977,
20:13ça tout le monde l'a en tête.
20:14Mais ce que tout le monde
20:14n'a pas en tête,
20:15c'est que c'est la suite
20:16d'un autre dispositif
20:17à peu près équivalent
20:18qui datait de 1917
20:23et donc qui était un dispositif
20:27qui en français
20:27s'appellerait
20:29la loi de commerce
20:30avec l'ennemi.
20:31Donc c'est par une extension
20:33de la loi du commerce
20:34avec l'ennemi
20:35que Donald Trump
20:37a considéré qu'il y avait urgence
20:41pour la sécurité nationale
20:42des Etats-Unis.
20:42Oui, mais ça correspond bien
20:43à ce qu'il disait
20:44dans Libération Day
20:45sur les Etats arnaqueurs,
20:46sur le fait
20:47qu'ils étaient faits avoir.
20:48Allez, il nous reste
20:48cinq petites minutes
20:50pour, je veux qu'on parle
20:51de la COP30 quand même
20:52qui va ouvrir ses portes
20:52lundi à BLM au Brésil.
20:54Les chefs d'État
20:55sont d'ores et déjà réunis
20:56pour un sommet
20:56à partir d'aujourd'hui
20:59ou de demain.
21:00Simplement, cette COP30,
21:0260 chefs de gouvernement
21:04et d'État sont attendus.
21:07Il y en avait 150
21:08il y a deux ans à Dubaï.
21:10Est-ce que certains disent
21:11que c'est la dernière des COP ?
21:13On ne sait plus trop
21:14quoi en entendre.
21:14Est-ce que vous partagez ?
21:15Non, je ne partage pas du tout
21:17cet avis.
21:19Alors, je veux dire,
21:19clairement, il y a quand même
21:21un...
21:21Enfin, si on se souvient
21:23de l'enthousiasme
21:25et d'espèce d'allant
21:26qu'il y avait après
21:27les accords de Paris,
21:28donc en 2015.
21:29Ça fait dix ans.
21:29Il y avait eu...
21:30Voilà, c'est la COP des dix ans
21:32où il y avait eu quand même
21:33cette idée qu'il y avait
21:35une diplomatie écologique mondiale
21:38qui était à l'œuvre
21:39et que finalement,
21:40tous les pays,
21:41hormis quelques Rock States,
21:43pratiquement,
21:43avaient signé quand même
21:45des engagements.
21:47Et voilà.
21:47Donc, clairement,
21:49aujourd'hui,
21:49on est vraiment
21:52dans une période
21:54qui s'est assombrie
21:55sur ce sujet.
21:56Donald Trump,
21:58il était déjà sorti
21:59une fois des accords de Paris,
22:00il en sort une deuxième fois
22:01là au 1er janvier.
22:02Les Américains,
22:02officiellement,
22:03il n'y a pas de délégation
22:03américaine,
22:04officiellement,
22:05pour l'instant.
22:06Et même en Europe,
22:07en Europe après,
22:08surtout même en Europe,
22:09parce que les États-Unis,
22:10en fait, dans l'histoire,
22:11il faut quand même voir
22:12qu'ils n'ont jamais été moteurs
22:14sur la question climatique.
22:15Jamais.
22:16Je veux dire,
22:16ils ont été suivistes au mieux,
22:18jamais moteurs.
22:19L'Europe qui a été
22:20vraiment motrice
22:21avec le Green Deal,
22:22etc.,
22:23on voit aussi
22:24qu'à l'intérieur
22:26des pays européens,
22:27la montée des populismes
22:29d'extrême droite,
22:30et même d'ailleurs,
22:31je veux dire,
22:32ce sujet,
22:33il y a quand même
22:34un retour de bâton
22:35assez fort sur l'écologie.
22:36Cela dit,
22:37je veux dire,
22:38la diplomatie,
22:39c'est quand même
22:39un sujet mondial.
22:40Le réchauffement climatique
22:41ne s'arrête pas,
22:42qu'on veuille ou pas.
22:44Et donc,
22:45on continue d'avoir besoin
22:46d'avoir une arène
22:47où discuter,
22:48et ça paye quand même
22:49parce que je pense que
22:50sans ces COP,
22:51la situation serait bien pire.
22:53Lionel Fontanier,
22:54les États-Unis
22:54n'étaient peut-être pas moteurs.
22:55Aujourd'hui,
22:56les États-Unis menacent.
22:57C'est encore autre chose.
23:00Si les magas
23:00sont envoyés là à Bellem,
23:02certains en ont un peu peur.
23:04Oui,
23:04ça fait partie
23:05de l'approche actuelle
23:06de la diplomatie économique
23:07des États-Unis.
23:08Donc,
23:08je pense que
23:09ce n'est pas la peine
23:10d'y insister trop.
23:11Ce qui est important,
23:12c'est de regarder,
23:12puisqu'on est en Europe,
23:13ce que font les Européens.
23:15L'Europe a eu
23:16une petite difficulté.
23:17Ici,
23:18c'est d'annoncer
23:19à temps
23:19ses engagements.
23:20Parce que donc,
23:21le principe...
23:21C'est terminé tard dans la nuit,
23:22les négociations européennes.
23:23Le principe de la COP,
23:24c'est que chaque pays arrive
23:25avec une proposition
23:26de réduction
23:27de ses émissions
23:28à un horizon déterminé.
23:30Donc,
23:30la question qui a été posée
23:32à l'Europe,
23:33c'est qu'est-ce qu'on fait
23:34après le Green Deal,
23:35après le 55%
23:37de réduction
23:37de nos émissions
23:38par rapport à 1990.
23:40Et donc,
23:41il y a deux...
23:42Donc,
23:43c'était en 2035.
23:44Et donc,
23:44il y a deux dates
23:45qui comptent.
23:46C'est qu'est-ce qu'on fait
23:46en 2035 ?
23:47Qu'est-ce qu'on fait
23:47en 2040 ?
23:48Sachant qu'en 2050,
23:49on devrait être
23:50en net zéro.
23:50Donc,
23:51pour 2035,
23:52c'est simple pour faire vite,
23:53on ne s'est pas mis d'accord,
23:54on ne sait pas trop
23:54où on va aller,
23:55etc.
23:56Pour 2040,
23:57on a dit 2090,
23:59ce qui est extrêmement ambitieux,
24:01mais avec 5 ou 10%
24:02de réduction
24:04qui pourrait être obtenue
24:05non pas en Europe,
24:06mais par achat.
24:07Donc,
24:08de réduction
24:09d'émissions
24:10dans des décarbonations
24:13dans des pays
24:13en voie de développement.
24:14On sait qu'il ne fonctionne pas.
24:14Donc ça,
24:14ça peut apparaître
24:15comme une bonne idée,
24:17c'est-à-dire
24:17que ça coûte beaucoup moins cher
24:18de décarboner
24:18dans les pays
24:19en voie de développement
24:19qu'en Europe.
24:20Mais en même temps,
24:21ça limite l'investissement vert
24:22en Europe.
24:23Alors juste pour terminer,
24:25par rapport à ce 55%
24:27en 2030,
24:28où en est-on ?
24:29Eh bien,
24:30les derniers chiffres
24:30nous disent
24:32qu'on est à 37%
24:34de réduction
24:35par rapport à 90%.
24:36Ça,
24:36c'est fin 2023.
24:3737%,
24:38on doit arriver
24:39à 55%
24:41en 2030.
24:42Et donc,
24:42si vous regardez
24:42le site officiel
24:43de la Commission européenne,
24:45ça nous dit
24:46qu'on est en bonne voie
24:47pour atteindre
24:48pour atteindre
24:48le 55%.
24:50Un peu d'optimisme
24:53pour finir.
24:53Peut-être que les 20 derniers
24:55pourcents
24:55seront les plus durs
24:56aussi à obtenir.
24:57Merci,
24:57merci beaucoup
24:58à tous les trois
24:58d'avoir participé
25:00à cette émission.
25:01d'avoir regardé cette émission.
25:02Sous-titrage Société Radio-Canada
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