- il y a 2 mois
Ce mardi 28 octobre, Sandra Gandoin a reçu Benoît Serre, co-président du Cercle Humania, Chloé Hermary, fondatrice et CEO chez Ada Tech School, et Christine Artus, avocate associée au cabinet K&L Gates, dans l'émission Avec vous, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00BFM Business avec vous, les réponses à toutes vos questions dans l'entreprise. Sandra Gandouin.
00:13Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver pour cette émission avec vous, l'émission de la vie en entreprise.
00:18Que vous soyez patron, salarié, indépendant, vous connaissez le principe, vous nous écrivez à cette adresse avec vous.
00:23BFM Business.fr, vous pouvez également scanner le QR code qui va bientôt apparaître sur votre écran.
00:30Vous tombez directement sur notre messagerie. Vos questions, on les traite sur un sujet par jour et on répond tous les jours à 12h30 sur BFM Business.
00:39Aujourd'hui, cette question, la formation est-elle en danger avec l'IA, le contexte économique, les entreprises se soucient-elles encore de notre formation, de notre employabilité aussi ?
00:49On va en parler avec mes experts du jour.
00:51Chloé Hermari, vous êtes fondatrice et CEO chez Adatex School. Bonjour, ravie de vous retrouver. Vous nous rappelez très vite ce que c'est que l'Adatex School ?
00:59Adatex School, c'est un groupe de formation dans la tech et l'IA qui est présent à Paris, Nantes et Lyon et qui forme ou des personnes à se reconvertir vers les métiers de la tech ou des personnes à monter en compétences vers les compétences numériques et IA.
01:10À vos côtés, Benoît Serc, coprésident du Cercle Humania et vous avez été aussi vice-président de la MDRH, l'Association Nationale des DRH pendant 10 ans. C'est quoi le Cercle Humania, Benoît ?
01:20En fait, c'est le premier cercle de réflexion RH en France sur les sujets de travail, d'emploi, social, etc. qui réunit à peu près 700 DRH d'entreprises.
01:29Et pour les questions juridiques, on va se tourner aujourd'hui vers Christine Artus. Bonjour Christine, avocate associée au cabinet K&L Gates. Vous allez bien ?
01:37Oui, très bien. Merci Sandra.
01:39Allez, c'est parti. On entre dans le vif du sujet tout de suite avec cette question d'Adrien pour vous.
01:43Chloé, je suis développeur depuis 10 ans. Je me demande, avec tous les nouveaux métiers de l'IA, est-ce que nos formations ne sont pas déjà dépassées ?
01:51Alors, c'est vrai que l'IA aujourd'hui pose des questions sur à la fois le contenu des formations. Moi, la conviction que j'ai, c'est qu'on a cette approche, ou cette idée, cette peur en ce moment que les métiers vont disparaître.
02:07Je pense qu'on s'oriente plutôt vers une transformation des métiers, qu'il est très probable que les fondamentaux de ces métiers restent. Dans le cas, par exemple, du développement informatique, on va continuer à construire des projets informatiques, créer des solutions, concevoir des solutions à destination des utilisateurs, découper des problèmes, etc.
02:27Donc, il faut quand même se dire que les métiers vont rester les mêmes. Néanmoins, effectivement, sur les sujets d'intelligence artificielle, c'est un challenge pour les organismes de formation qui doivent adapter leur contenu.
02:39Et nous sommes les premiers touchés à la Tech School pour le faire. Et aussi, ce qu'on observe, c'est qu'à la fois, il faut être extrêmement agile pour ces organismes de formation, mais il faut aussi, pour les apprenants, être aussi en capacité à s'adapter et à percevoir que le métier va évoluer.
02:54Donc, Benoît Serre, plus généralement, cette question de l'IS, mais ça concerne tout le secteur, en quoi l'IA, justement, bouleverse la formation et l'intégration ?
03:06En fait, l'IA, il touche la formation avant, après, pendant. Notamment, l'IA est très utile pour essayer de bien identifier les besoins en formation individuelle que les gens peuvent avoir.
03:17Quelquefois, dans une organisation, on a tendance à reformer les gens à des choses qu'ils savent déjà. Donc, ça, c'est une partie de sa vertu.
03:25Ça aussi, c'est plutôt votre partie pendant la formation elle-même, ça permet de faire un nombre de choses.
03:30Et après, surtout, parce que l'IA est quand même très, très utile pour évaluer le niveau d'acquisition.
03:35Autrement dit, suit le niveau de compétence dont les gens deviennent plus aisés avec l'IA.
03:38À l'inverse, on le voit déjà, l'IA pose des... Enfin, c'est pas l'IA qui pose des problèmes, les choses ne sont pas responsables, mais l'arrêté de l'IA fait que les modèles d'intégration dans certaines entreprises sont très différents.
03:49Parce que des gens, des choses qui se faisaient un peu sur 2, 3, 4 mois, il fallait que les gens travaillent, qu'ils crunchent de la data, qu'ils fassent des choses comme ça, ils ne le font plus, en fait.
03:58Parce que l'IA le fait tout seul. Ce qui fait qu'on perd deux choses, l'intégration dans un métier et la compréhension profonde de ce qu'ils font.
04:05Et ça, c'est sans doute quelque chose d'assez délicat pour le sujet.
04:10Parce que la conséquence, moi je le vois, la conséquence, c'est que certains vous sortent un truc très bien fait via l'IA, vous leur dites, mais qu'est-ce que tu penses de ça ?
04:17En fait, ils n'en pensent rien. Tandis que quand vous avez fait vous-même les choses, vous vous êtes fait forcément des convictions.
04:25Donc ça, c'est vraiment ça qu'il va falloir trouver. Un autre point sur les métiers, bien sûr que l'IA va transformer les métiers.
04:31Moi je pense que, et on le voit d'ailleurs dans beaucoup d'entreprises, moi je le fais aussi, c'est qu'on prend les métiers, on les découche par tâches et on regarde.
04:37Quelles sont les tâches qui basculent vers l'IA ? Quelles sont les tâches qui restent ?
04:40Les métiers se transforment, mais c'est la composition intérieure des métiers qui est en train de se transformer.
04:44Christine, Guillemette vous demande, je suis chef d'entreprise d'une PME. Certains salariés n'ont pas eu de formation depuis plus de 6 ans.
04:54Peut-être que l'IA d'ailleurs pourrait l'aider, parce que là pour le coup, ça aide à avoir des formations plus rapides, des formes très intéressantes.
05:03Elle aimerait aussi savoir si elle risque quelque chose à ne pas former ses salariés.
05:07Alors, il y a une obligation de l'entreprise de former ses salariés de façon continue.
05:13Alors, de former adaptation au poste, donc s'il y a de l'IA, il faut une formation d'adaptation à l'IA.
05:21Et également de s'assurer du maintien du salarié dans ses compétences par rapport à son poste.
05:28Donc, il y a cette obligation-là et il y a deux autres obligations qui sont, et dans ce cadre, il y a une obligation qui est que tous les deux ans, c'est assez récent,
05:36il y a un entretien professionnel qui vise à évaluer l'évolution professionnelle du salarié dans l'entreprise, là pour le coup.
05:45Et tous les six ans, il y a une obligation légale de l'entreprise d'assurer un bilan de parcours professionnel.
05:52Donc là, c'est beaucoup plus global.
05:54C'est de s'assurer qu'est-ce que le salarié veut, quelles sont ses compétences, quelles sont les formations qu'il a eues ou qu'il souhaite.
06:02Et à défaut, en fait, il y a deux risques.
06:04Donc, premièrement, il y a un risque, s'il n'y a pas eu de formation pendant six ans, de devoir abonder, donc financer ce qu'on appelle le CPF,
06:12donc c'est le compte personnel de formation du salarié, qu'il a acquis et qui poursuit pendant toute sa vie professionnelle,
06:19indépendamment de l'entreprise dans laquelle il est.
06:21Et là, l'entreprise doit financer quelque part ce compte.
06:25Mais c'est surtout qu'on voit de plus en plus dans les contentieux,
06:28notamment le contentieux de licenciement pour insuffisance professionnelle, insuffisance de résultats.
06:35On voit de plus en plus, en fait, cet argument de dire,
06:38écoutez, il n'a pas été formé ou elle n'a pas été formée.
06:42Et en fait, c'est la faute de l'entreprise.
06:44Elle engage sa responsabilité parce qu'elle n'a pas donné les moyens aux salariés de s'adapter.
06:49Et notamment, sur l'IA, on va en avoir, ce qui fait que le juge, s'il n'y a pas eu de formation,
06:56va dire, effectivement, et le licenciement est sans cause réelle et sérieuse.
07:01Simplement parce qu'il n'y a pas eu la formation adaptée au poste.
07:04Donc c'est ça le risque qu'encourt l'entreprise, finalement.
07:07C'est qu'en cas de contentieux, elle ne va pas pouvoir, effectivement, avoir gain de cause
07:12si elle n'a pas donné les formations nécessaires.
07:14C'est intéressant parce que ces entreprises,
07:16c'est un sentiment que j'ai, moi, mais vous allez me corriger peut-être, Benoît Serre,
07:20est-ce que les gens sont assez formés ?
07:23Est-ce que les entreprises appliquent cette obligation de formation
07:27autant qu'elles le devraient, de façon générale, quand on a une vue d'ensemble ?
07:30En fait, il y a deux sujets.
07:31Et d'un côté, toutes les entreprises forment,
07:34parce qu'il y a une somme de formation obligatoire qui est considérable.
07:37Et c'est un problème pour les PME ou les entreprises un peu plus grandes.
07:41C'est-à-dire que le budget formation, il est consommé par l'obligatoire.
07:44À 70% à peu près.
07:47Donc il ne reste que 30% pour les formations qui sont directement connectées
07:50aux métiers ou aux besoins de l'entreprise.
07:52C'est vraiment le premier sujet.
07:55Après, ce que vous venez d'évoquer, c'est parce qu'il y a eu un changement de jurisprudence
07:58qui expliquait que l'entreprise devait prouver qu'elle avait fait le nécessaire
08:00pour que la personne ait les compétences.
08:02Au moment où elle l'a licencié pour insuffisance professionnelle,
08:04avant, ce n'était pas possible.
08:05Donc maintenant, cette espèce de changement, ça a fait la formation.
08:09Le troisième point, c'est qu'on voit quand même que l'enjeu de la formation
08:12monte beaucoup dans les entreprises, seulement parce que, d'abord,
08:16la démographie est ce qu'elle est, les métiers se transforment,
08:19il y a des enjeux de mobilité interne qui sont extrêmement forts,
08:22des transformations de métiers qui sont extrêmement rapides,
08:24et donc la formation continue est de plus en plus adaptée
08:28et de plus en plus captée par l'entreprise, ce qui est un problème,
08:31parce que ça signifie que les formations initiales et supérieures
08:34ne mettent pas la même vitesse à s'adapter aux besoins de l'entreprise.
08:37Ça, c'est un vrai problème typiquement français.
08:39Vous en pensez quoi, Chloé ?
08:40C'est ce qu'on se disait au début.
08:42En fait, effectivement, il faut trouver des systèmes de formation
08:44qui soient suffisamment agiles pour se transformer aux compétences.
08:48Or, on a construit des systèmes de formation français aujourd'hui de qualité,
08:51par exemple Calliope, par exemple des titres de certification professionnel,
08:55qui apportent énormément de rigidité aux organismes de formation
08:58pour pouvoir s'adapter.
09:00Aujourd'hui, il y a un enjeu quand même,
09:02et c'est encore plus vrai pour l'éducation nationale,
09:04qui est quand même ce qu'on appelle le mammouth,
09:06pour justement restructurer la formation et l'éducation initiale.
09:11Donc, il y a un enjeu de système.
09:13Il faut transformer quand même le système.
09:15C'est important de garder ces garde-fous qui nous permettent
09:17de créer des organismes de formation de qualité.
09:19On sait, c'est un des enjeux des dirigeants et des salariés,
09:22c'est de trouver des organismes de formation de qualité.
09:24Calliope est un label de qualité.
09:26Mais il ne faut pas pour autant entraver les organismes de formation
09:29dans leur adaptation de programmes, de compétences,
09:32parce que c'est bien ces acteurs-là qui vont pouvoir permettre
09:36la transformation des entreprises côte à côte avec la réalité des métiers,
09:40et il va falloir être agile.
09:41Dites-nous ce que vous en pensez sur notre adresse.
09:42On va parler, il y a un instant de budget aussi.
09:50Lucien vous demande, je suis DRH dans une PME,
09:52je vois les budgets de formation fondre avec la complexité du CPF.
09:56Est-ce que la formation ne devient pas un luxe ?
09:57Il l'est, mais finalement, la formation devient de plus en plus coûteuse
10:03parce qu'on va avoir et on anticipe une baisse des niveaux de prise en charge
10:06de l'État avec les réductions budgétaires, etc.
10:09Néanmoins, il y a eu beaucoup de réformes qui ont été faites ces dernières années
10:12pour essayer justement de simplifier tout de même
10:14le déploiement de ces budgets de formation via les opco,
10:17via le CPF au titre des individus.
10:20Moi, ce que je pense, c'est que qu'est-ce que coûte de ne pas former, finalement ?
10:24Et je pense que ça coûte beaucoup plus cher, à moyen terme,
10:26finalement, de ne pas former ses salariés
10:28parce que justement, on parle des enjeux de licenciement,
10:30on va reparler ensuite des enjeux de re-recrutement, etc.
10:33Et honnêtement, je pense très sincèrement que l'éducation,
10:37la formation initiale n'est pas non plus en reste en termes de retard, finalement.
10:41Donc en fait, l'enjeu va vraiment se passer dans les entreprises
10:43de pouvoir continuer à former ces salariés-là.
10:47Et donc, je pense qu'il est capital justement d'investir
10:49dans cette formation continue plutôt que de prendre du retard.
10:53On prend aussi un risque quand on est patron
10:55et qu'on forme ses salariés.
10:57Christian vous demande, Christine,
11:01je suis employeur d'une PME, j'investis dans des formations,
11:05mais je crains que mes salariés partent ailleurs.
11:07Et ça, c'est intéressant.
11:08Est-ce que je peux me protéger ?
11:09Oui, on travaille l'employabilité ici.
11:13Oui, tout à fait.
11:14C'est vrai que parfois, j'ai des clients qui me disent,
11:17voilà, tel profil, on veut le garder,
11:20on veut investir, on veut lui offrir une formation
11:23qui a un coût supplémentaire que ce que prévoit la loi
11:27ou la convention collective.
11:30Mais la crainte, c'est qu'une fois que le salarié a cette formation,
11:34bénéfice de cette formation, il s'en aille.
11:36Alors nous, ce qu'on propose d'un point de vue juridique,
11:38mais c'est toujours très délicat quand même,
11:40c'est ce qu'on appelle la clause dédi-formation,
11:44qu'on voit de moins en moins quand même dans les contrats.
11:48C'est une clause par laquelle, en fait, c'est un win-win,
11:51c'est-à-dire je te donne une formation qui me coûte de l'argent
11:55au-delà de ce que m'impose la loi,
11:57mais en contrepartie, je vais te demander de rester un certain temps.
12:01À défaut, tu me rembourseras.
12:03Et la question qui est, qu'est-ce qu'on veut dire par un certain temps
12:07et qu'est-ce qu'on veut dire par « tu me rembourseras ».
12:12Donc, il y a des conditions, c'est-à-dire qu'il faut d'abord
12:15conclure un accord écrit avec le salarié avant le début de la formation.
12:20La possibilité de rembourser une somme,
12:24il faut que ce soit proportionnel au but poursuivi,
12:26c'est-à-dire que si une formation est très très chère,
12:31mais que le salarié gagne une rémunération normale,
12:37on ne va pas lui demander de tout rembourser, ce n'est pas possible.
12:40Et il ne faut pas que cette clause empêche le salarié de démissionner.
12:44Le salarié doit toujours avoir, dans la relation de travail,
12:47le droit de démissionner.
12:49Donc, si cette clause fait que le salarié va dire
12:51« ah ben non, moi je vais devoir rembourser 100 000 euros »,
12:55je ne vais pas démissionner.
12:58Et l'idée, c'est aussi, en fonction des formations,
13:01et du coup, d'évaluer la durée.
13:03Ça ne peut pas être pour la vie éternelle
13:06que le salarié ne puisse pas partir.
13:08Donc, c'est important parce qu'il y a toujours...
13:11Moi, je vois que le salarié, il est d'accord au début,
13:14normal, il a la formation,
13:15et puis tout d'un coup, il a une opportunité.
13:17Il n'avait pas forcément la volonté de partir.
13:19Il a une opportunité de doubler son salaire,
13:22de faire du télétravail.
13:24Donc, il a envie de partir.
13:26Et souvent, après, on a un peu de contentieux
13:28sur l'exécution de cette clause.
13:31Et la difficulté derrière, c'est que c'est le juge.
13:34Le juge va considérer soit les valables,
13:38soit réduire le montant, soit réduire la durée,
13:41en fonction de la formation
13:42et du but poursuivi par l'entreprise.
13:44Ça pose la question, en effet, de l'après.
13:46Pourquoi je forme mes salariés ?
13:48Est-ce que c'est pour les rendre meilleurs ?
13:50S'ils sont meilleurs, ils sont plus employables ?
13:52Enfin, il y a une vraie question sur la formation.
13:54On ne s'arrête pas à la formation, Benoît Serre.
13:56Oui, d'abord, une entreprise ne peut jamais se plaindre
13:58d'avoir des salariés employables.
14:00C'est son intérêt premier.
14:01Les clauses de formation, d'abord,
14:03on les utilise de moins en moins
14:04parce que ça ne marche jamais.
14:05Parce que le fond du sujet, c'est pourquoi
14:07quelqu'un qu'on a formé veut s'en aller.
14:09C'est ce que vous dites.
14:10Le sujet, c'est que vous formez les gens
14:12pour le plaisir de les former, ça ne sert à rien.
14:14Si vous les formez dans une perspective professionnelle
14:16que vous leur donnez,
14:18dans un champ de responsabilité supplémentaire
14:20que vous leur donnez avec un impact de rémunération,
14:22quelquefois, sincèrement,
14:24il n'y a pas de raison qu'ils s'en aillent.
14:26Après, vous avez toujours des...
14:28Ça fidélise la formation.
14:29Oui, de toute façon,
14:29le premier critère de fidélisation,
14:32ce n'est pas l'argent,
14:32c'est la perspective professionnelle.
14:33La formation en fait partie.
14:34Mais par contre,
14:36il faut que ça s'inscrive
14:37dans quelque chose qui est construit
14:39avec le salarié, avec son équipe, etc.
14:41C'est ce que je disais tout à l'heure
14:42sur les formations obligatoires
14:43qui sont venues un petit peu,
14:44les gens là tellement,
14:44dans tous les sens,
14:45la compliance, le truc, le machin.
14:47Ce qui fait que la formation
14:49a perdu un peu de son sens.
14:51Donc, si vous envoyez quelqu'un
14:53à une formation très chère de MBA,
14:55j'imagine qu'on prévoit avant
14:57où est-ce qu'il ira après.
14:58Exactement, il y a un poste derrière.
14:59C'est ça que ça veut dire.
15:00C'est ça.
15:01Bon, donc...
15:03Après, moi, je pense que les clauses
15:05de déformation,
15:05les clauses de non-concurrence,
15:07tout ça, sont des trucs
15:07un petit peu ringards.
15:09Et de toute façon,
15:10avec la démographie qui nous attend,
15:13ça ne marchera plus du tout.
15:14Les clauses de non-concurrence
15:15des noms de profit,
15:16ça ne marche pas.
15:16Parce que l'entreprise qui embauche
15:17rachète la clause de non-concurrence
15:18aux salariés.
15:20Ça ne marche pas.
15:21Ce qu'il faut,
15:21c'est donner des raisons
15:22aux gens de rester.
15:23Et c'était une question
15:24qui s'était posée au moment
15:24où ça allait mieux,
15:26vous savez, en 23-24,
15:27où tout le monde se barrait.
15:28Moi, je disais,
15:29mais c'est marrant.
15:29Comment ça se fait
15:30que dans telle ou telle entreprise,
15:31dès que ça va mieux,
15:32la première idée des gens,
15:33c'est s'en aller.
15:34Ça pose une question à l'entreprise,
15:35pas à l'individu.
15:36Oui, oui, en effet.
15:37Dans quelle démarche
15:38ils font des formations,
15:39clouées chez vous ?
15:46Juste derrière,
15:47et il nous manque
15:47un petit escalier,
15:49une petite marche.
15:51Ils viennent vous voir
15:52dans quel état d'esprit
15:53les gens,
15:54les entreprises ?
15:55Alors, c'est amusant
15:55parce que justement,
15:56nous, on s'est créés en 2019,
15:58donc pré-Covid,
15:59et on a eu trois premières
15:59années d'activité
16:00qui étaient exactement
16:01dans cette période-là,
16:02pleine emploi,
16:03avec une vraie mobilité
16:05inter...
16:06Enfin,
16:06avec des sorties d'entreprises.
16:09Nous, on s'adresse
16:09à des individus historiquement,
16:11à des individus
16:12qui veulent se former.
16:13Et donc,
16:14on avait une très forte demande,
16:16évidemment,
16:16contextuelle au Covid
16:17qui était
16:17« je veux changer de métier,
16:19je veux changer de job,
16:20crise de sens,
16:21d'épanouissement ».
16:22Ce qui est intéressant,
16:23c'est que
16:24toutes et tous
16:25n'ont pas quitté
16:26leur entreprise.
16:27Comme on formait
16:27des développeurs
16:28et développeuses,
16:29et que c'était un métier
16:30avec beaucoup de débouchés...
16:31C'est très demandé,
16:31les développeurs, en plus.
16:32On avait beaucoup d'apprenants
16:33et d'apprenants
16:34qui ne quittaient pas
16:34leur entreprise
16:35et qui quittaient
16:35simplement le métier
16:36et ils faisaient
16:37de la mobilité interne.
16:38Mais par contre,
16:39vraiment,
16:39ce à quoi j'assiste
16:40avec Ada,
16:40c'est que
16:41la question,
16:43c'est est-ce que
16:43la formation est en danger ?
16:44En vérité,
16:45je pense que
16:46la formation
16:46est absolument centrale
16:48aujourd'hui
16:48pour les enjeux
16:49d'employabilité
16:50et de compétences.
16:52Les gens
16:52ont envie de se former,
16:53les individus
16:54ont envie de se former,
16:55ils ont envie
16:56d'occuper des postes différents,
16:57ils savent
16:58qu'ils ont la formation
16:58pour le faire.
16:59Je pense que
17:00la réforme du CPF
17:01a été vraiment
17:01en ce sens-là
17:02pour les aider
17:03à mener ces projets-là.
17:04Et donc,
17:05il y a une vraie volonté
17:06finalement,
17:07en tout cas,
17:08des individus
17:08de profiter de la formation
17:10pour avoir des carrières
17:11qui sont longues
17:12et des carrières
17:13qui sont davantage
17:14épanouissantes.
17:15Vous disiez tout à l'heure
17:16la crise démographique
17:17rend la formation stratégique.
17:18Pourquoi,
17:19Benoît Serre ?
17:20Sous le double effet
17:21de l'IA
17:21et du fait qu'il y aura
17:23de moins en moins
17:24de candidats au recrutement
17:25puisqu'il y a de moins en moins
17:26de naissances.
17:26Celui qui n'est pas né
17:27en 2023,
17:29on sait qu'il n'a pas
17:2920 ans en 2043.
17:32Ça, au moins,
17:33c'est l'avantage.
17:34Ce qui fait que les entreprises
17:35ont un enjeu de fidélisation énorme
17:36puisque,
17:37vous l'avez dit tout à l'heure,
17:38trouver des gens à recruter
17:39déjà aujourd'hui,
17:40ça coûte cher,
17:41mais alors demain,
17:42ça coûtera encore plus cher.
17:43La difficulté,
17:44c'est que ce n'est pas
17:45le régime dans lequel
17:45l'on vit,
17:46nous les entreprises,
17:47depuis 40 ans.
17:48On vit dans un régime
17:49jusqu'en 2012
17:50avec une démographie
17:50plutôt favorable
17:51par rapport aux autres
17:52pays d'Europe,
17:52mais surtout avec le chômage
17:53de masse.
17:54Donc, à la limite,
17:54trouver des gens,
17:55c'était facile.
17:56Là, la démographie
17:56qui est terrible,
17:58fait que de toute façon,
17:59la mécanique va faire
18:04mais c'est le chômage
18:04de manière...
18:06Alors, l'autre raison
18:07pour laquelle stratégique,
18:08c'est l'IA.
18:08Autrement dit,
18:09c'est des nouveaux métiers
18:10ou de nouvelles manières
18:11de faire des métiers existants.
18:13Donc là aussi,
18:13parce que sinon,
18:14vous aurez un problème
18:14de productivité.
18:15Vous savez que la productivité
18:16en France s'est écroulée
18:17et vous aurez donc
18:18un problème de compétitivité.
18:19Je mets juste un dernier point
18:20et qu'il faut faire très attention
18:21parce qu'il y a
18:22de plus en plus de métiers
18:23qui peuvent se faire à distance
18:24et aujourd'hui,
18:25on assiste à un mouvement
18:26qu'on appelle
18:27la mondialisation des compétences
18:28et la France,
18:29si elle est classée
18:31septième en termes de qualité
18:32des formations initiales
18:33qu'elle donne,
18:34elle est trente-septième
18:35en termes de capacité
18:36à garder ses talents chez elle.
18:37Donc, les enjeux des entreprises,
18:39ça va être de former,
18:40d'accompagner,
18:40de créer des parts plutôt quaires
18:41pour que les gens restent
18:42non seulement dans leur entreprise
18:43mais également dans le pays
18:44si c'est possible.
18:45Oui, ce serait bien, effectivement.
18:46Un patron, néanmoins,
18:47ça fait des choix.
18:48Christine Valentine vous dit,
18:49je suis RH dans une grande entreprise,
18:50j'ai des salariés
18:51qui demandent à suivre une formation
18:53pendant leur temps de travail
18:54durant une période
18:55de forte activité.
18:56Est-ce que je suis obligée
18:57de leur accorder
18:58à ce moment-là ?
19:00Alors, les dispositions légales
19:02poussent de plus en plus
19:04à la formation
19:05au continu professionnel.
19:07Donc, il y a deux situations.
19:10Soit c'est hors du temps de travail
19:11et effectivement,
19:12l'entreprise n'a pas grand-chose
19:14à dire,
19:14il n'y a pas besoin
19:15d'obtenir une autorisation
19:16de l'entreprise.
19:18Quand c'est pendant le temps de travail,
19:20il y a une procédure.
19:21Ça dépend de la durée
19:22de la formation demandée.
19:24Donc, si c'est une formation
19:26de moins de six mois,
19:27il faut demander par écrit
19:29à l'entreprise
19:30l'autorisation
19:31de faire cette formation
19:3360 jours avant,
19:35donc c'est deux mois avant.
19:36Et si c'est une formation
19:37qui est six mois et plus,
19:39il faut demander
19:40120 jours avant,
19:41donc à peu près
19:42quatre mois avant.
19:43L'entreprise,
19:44après,
19:45il faut justifier la formation.
19:49Et ensuite,
19:50l'entreprise a un délai
19:51d'un mois
19:52pour répondre.
19:53alors la loi,
19:54ça montre
19:55qu'elle est vraiment
19:56pour la formation
19:57parce que,
19:59de façon assez exceptionnelle
20:00dans le code du travail,
20:01c'est que le défaut
20:03de réponse
20:03de l'entreprise
20:04vaut acceptation
20:05de la formation.
20:07Donc,
20:07l'employeur
20:08qui serait négligent
20:09et qui ne voudrait pas répondre,
20:10en fait,
20:12on n'a pas besoin
20:13de son autorisation
20:14formelle.
20:15Le fait
20:16qu'il ne dise rien,
20:17au bout de 30 jours,
20:18ça vaut acceptation.
20:19Donc,
20:22voilà,
20:23effectivement,
20:24les entreprises,
20:24il y a
20:26quelques jurisprudences
20:27sur les raisons,
20:28les motifs valables
20:29de refus de l'entreprise.
20:31Alors,
20:32ça va être,
20:32par exemple,
20:33sur
20:33l'activité,
20:36c'est-à-dire
20:37c'est une période
20:37très forte.
20:40Là,
20:40on est dans ce cas de figure.
20:41Voilà,
20:41une période très,
20:42très forte
20:42et l'entreprise
20:44n'a pas d'autres moyens
20:46que cette personne
20:47a absolument besoin.
20:48Donc,
20:48l'entreprise peut justifier,
20:51mais pas d'un refus
20:52de la formation.
20:54C'est-à-dire,
20:54c'est pas
20:54je refuse votre formation
20:56pour des raisons
20:57X,
20:57Y,
20:58Z,
20:58parce que c'est la période
20:59de forte activité,
21:00vous le savez.
21:01C'est je refuse aujourd'hui,
21:03mais il a le droit
21:04de reporter à plus tard,
21:06à une période
21:06moins chargée.
21:08Et c'est ça,
21:08toute la difficulté
21:09pour l'entreprise
21:10et notamment,
21:10comme vous le disiez,
21:11pour les PME.
21:12Parce que,
21:13il y a un poste de DAF,
21:15il n'y en a pas 10 000.
21:17Si le DAF demande
21:18une formation
21:196 mois
21:20ou plus de 6 mois,
21:22il faut que l'entreprise
21:23s'organise.
21:23Voilà,
21:24ça demande une organisation.
21:25Elle va être obligée.
21:26Une question de Cédric
21:27pour vous,
21:27Chloé.
21:28J'ai 25 ans,
21:28je suis en alternance.
21:30On parle beaucoup
21:30de formation initiale,
21:31mais est-ce que la vraie formation
21:32aujourd'hui,
21:33finalement,
21:33ne se fait pas surtout
21:34en entreprise ?
21:35C'est tout ce qu'on se dit.
21:38Dès lors que la transformation
21:39des métiers
21:40et des compétences galope,
21:41va très vite,
21:42s'accélère,
21:43on a aujourd'hui un vrai sujet
21:44avec la formation initiale.
21:46Ce qu'on observe
21:47côté formation initiale,
21:48c'est qu'aujourd'hui,
21:49on a un recul
21:50des choix d'orientation
21:52vers les bacs plus 5,
21:54d'écoles privées.
21:55On a une réémergence
21:57des étudiants post-bac
21:58qui vont d'abord
21:59choisir une licence,
22:00souvent la fac,
22:01moins coûteuse,
22:02pour ensuite aller composer
22:03avec des masseurs
22:04spécialisés,
22:05etc.
22:06Ce qui a du sens,
22:07parce que quand on a 18 ans,
22:08on connaît très peu les métiers,
22:09d'ailleurs,
22:10on sait qu'ils évoluent très vite,
22:11et donc de pouvoir avoir
22:12cette approche quasiment
22:13comme de la formation continue,
22:15de composer son parcours.
22:17Moi,
22:17dans ce contexte-là,
22:18je suis une fervente défenseuse
22:22du modèle d'alternance,
22:23justement.
22:24En fait,
22:24l'idée,
22:25c'est de pouvoir composer
22:25des parcours de formation
22:26même initiale,
22:27plus progressifs,
22:29plus proches de l'idée
22:30que se font des élèves
22:32et des étudiants
22:32du marché de l'entreprise,
22:33et la meilleure manière
22:34de faire ça,
22:35c'est l'alternance.
22:36C'est un dispositif en France
22:37qui permet aux apprenants
22:39et aux élèves
22:39d'être financés,
22:41d'être on the job
22:42la plupart du temps,
22:44et d'avoir une formation
22:46qui est exactement adaptée
22:47à ce qu'ils vivent
22:48quotidiennement
22:48dans l'entreprise.
22:49On le sait,
22:50c'est un dispositif
22:51qui a été questionné
22:52justement dans les choix
22:53budgétaires récemment,
22:55mais qu'on appelle
22:57à conserver,
22:58parce que je pense
22:59qu'à l'ère de l'IA
23:00et de la transformation
23:02des entreprises,
23:04l'alternance est un dispositif
23:05formidable.
23:05Oui, effectivement,
23:06et très évolutif.
23:08Vous l'avez dit,
23:09ça me fait penser à ce livre
23:10« Ne faites plus d'études »
23:11dont on parle beaucoup
23:12en ce moment,
23:12de Laurent Alexandré.
23:13Je pense qu'on aura
23:14toujours besoin
23:14de fondamentaux.
23:15Une base, effectivement,
23:17peut-être,
23:18surtout à cet âge-là,
23:19en formation initiale,
23:20entre 18 et 21 ans,
23:22où on cherche énormément,
23:23il faut acquérir
23:24surtout de la maturité d'ailleurs,
23:26mais c'est aussi
23:26apprendre autrement
23:28à l'ère de l'IA,
23:29et effectivement,
23:29ça va probablement
23:30tout changer.
23:31Votre avis, Benoît Serres,
23:32sur cette question,
23:33qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
23:34Qu'est-ce que vous conseilleriez ?
23:35Le problème qu'on a,
23:37c'est qu'on a
23:38trois mondes de formation
23:39qui se parlent assez peu
23:40en réalité.
23:41Vous avez le monde
23:42de l'éducation,
23:43l'école,
23:44vous avez le monde
23:44de la formation professionnelle
23:46ou supérieure,
23:48et vous avez le monde
23:48de la formation continue.
23:50Et c'est totalement parallélisé.
23:52Et là où vous avez raison,
23:53c'est que le seul endroit
23:54où ça ne l'est pas,
23:55c'est l'alternance
23:56et l'apprentissage.
23:57Or, pour des raisons budgétaires,
23:59on ne va pas rentrer
23:59dans le débat,
24:00parce qu'on n'entend
24:00parler que de ça.
24:01N'empêche que la France
24:02avait enfin compris
24:03que l'alternance
24:04et l'apprentissage
24:04constituait une chance énorme
24:06pour les jeunes.
24:07Oui, ça coûte très cher,
24:08mais enfin,
24:08je pense qu'il faut raisonner
24:09un peu moyen terme.
24:10C'était pragmatique en tout cas.
24:14des niveaux d'études
24:15qu'ils n'auraient jamais atteints
24:16en raison de leur coût.
24:17C'est un ascenseur social
24:18et on ne peut pas dire
24:19que ce social soit en grande forme
24:20en ce moment.
24:21La deuxième vertu,
24:23c'est que ça permet à des jeunes
24:24de voir ce que c'est qu'un métier,
24:26de le voir concrètement
24:27tout en se formant,
24:28autrement dit,
24:28d'avoir un modèle applicatif.
24:31La troisième raison,
24:32c'est le taux de transformation.
24:34C'est la meilleure voie
24:35vers l'emploi aujourd'hui.
24:37Donc, tous ces gens-là,
24:39un jour,
24:39s'ils trouvent un job plus vite,
24:42ils paieront des cotisations sociales,
24:43ils consommeront
24:45parce qu'ils auront
24:45une rémunération.
24:47Je sais que ça coûte cher,
24:48ça coûte 12 milliards.
24:50D'accord ?
24:50On a une dette
24:51de 3 400 milliards.
24:5312 milliards
24:53pour l'avenir des jeunes
24:54en emploi dans ce pays,
24:57ce n'est pas trop cher payé,
24:58c'est moins cher
24:58que la réforme des retraites.
24:59Qu'on met au plus tôt
25:00les jeunes au travail
25:01pour qu'ils sachent
25:02ce qu'ils veulent faire
25:03et que ce soit concret.
25:04Le message est passé.
25:05Merci Benoît Serres.
25:06Merci à tous les trois
25:07d'être venus dans cette émission.
25:08Chloé Hermari,
25:09fondatrice et CEO
25:10de l'Adatex School,
25:11Benoît Serres,
25:12co-président du Cercle Humania
25:14et Christine Artus,
25:14avocate associée au cabinet
25:15Ken Elgates.
25:17Merci à tous les trois.
25:18Émission à retrouver en podcast
25:18et en replay
25:19sur notre appli
25:20et notre site.
25:21Je vous retrouve tous les jours
25:22sur BFM Business
25:23à midi 30.
25:24Très bonne journée.
25:24Avec vous sur BFM Business.
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