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  • il y a 2 jours
Avec Patrice Duchemin, sociologue de la consommation

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##C_EST_QUOI_LE_PROBLEME-2025-10-22##

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đź—ž
News
Transcription
00:00Oui, on a acheté 42 vêtements neufs, dites-vous, l'année dernière, 42 vêtements neufs achetés par Français.
00:0742 vêtements neufs, moi j'ai pas l'impression d'avoir acheté autant de vêtements, mais c'est très peu, c'est une moyenne.
00:13C'est une moyenne selon l'ADEME, des vêtements de plus en plus souvent, d'ailleurs ça arrive de plus en plus jetés neufs avec leur étiquette,
00:22ils le constatent dans les centres de retraitement.
00:25Cet été, l'éco-contribution des marques pour le retraitement de leurs produits a donc été relevée.
00:30228 euros par tonne de textiles vendus désormais vu l'ampleur du problème.
00:35Les associations, les entreprises de retraitement croulent sous la masse.
00:39Conséquence directe de la fast fashion, la mode rapide des vêtements, souvent made in China, 2, 3, 4 euros.
00:45Un modèle qui pousse à la consommation impulsive avec des collections renouvelées en permanence.
00:51Alors au-delà des achats impulsifs sur internet, des grands magasins aussi, désormais comme le BHV ou bien certaines galeries Lafayette,
00:57ont provoqué une levée de boucliers, c'était il y a quelques semaines, en annonçant leur intention d'accueillir des points de vente de Chine, le géant chinois du secteur.
01:04Oui, ce qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup débat, effectivement.
01:07Est-ce qu'il faut accepter ça dans nos rayons désormais ?
01:10Ou alors subir cette concurrence sur le net ?
01:13Certains voient dans l'achat de secondes mains une solution plus raisonnable pour la planète.
01:19Oui, la plateforme de revente Vinted a explosé les compteurs ces dernières années.
01:24Son chiffre d'affaires à Vinted a quadruplé en 2024.
01:28Alors effectivement, la limite, c'est une forme de bonne conscience qu'on se donnerait comme ça,
01:32acheter de façon impulsive un vêtement qui a déjà été acheté lui-même de façon impulsive une première fois.
01:37Quelque part, désormais l'acheteur sait qu'il va revendre au moment où il achète,
01:40donc il s'en donne d'autant plus à cœur joie.
01:42Parallèlement, les associations spécialisées dans la collecte aussi ont constaté une baisse de la qualité des dons
01:48qu'elles reçoivent avec cette concurrence du marché de la seconde main.
01:51Quelque part, les pièces de bonne qualité ne sont plus données puisqu'elles sont revendues.
01:56Ayant nous fait croire que le bonheur c'est d'avoir, de l'avoir plein nos armoires.
02:07Alain Souchon le disait déjà en 1993, c'est peut-être encore plus vrai aujourd'hui.
02:10A l'avoir plein les armoires.
02:12Bonjour Patrice Duchemin.
02:15Bonjour.
02:16Vous êtes, c'est bien d'écouter Alain Souchon, c'est sympa.
02:19Vous ĂŞtes sociologue de la consommation, Patrice Duchemin.
02:23Dites-moi, moi je vous avoue que ce sujet m'effraie totalement.
02:28On a beau dénoncer cette surconsommation en permanence, il y a des prises de conscience collectives à tous les niveaux.
02:35Et pourtant, comment expliquer, Patrice Duchemin, que ces chiffres continuent à croître dans de telles proportions ?
02:43En fait, pour moi, l'explication est assez simple.
02:46C'est une explication qu'on peut qualifier de générationnelle.
02:49C'est-à-dire que là, on a parlé des 42 pièces achetées tous les ans.
02:52Vous, vous n'étiez pas concerné, je ne suis pas non plus concerné.
02:55Parce que nous avons sans doute plus de 40 ans.
02:57Et donc, c'est assez simple en fait Ă  comprendre.
03:00C'est-à-dire que la génération qui est née au début des années 2000,
03:04qui est née dans les années 90-95, qui est née avec les nouvelles technologies,
03:08eh bien, ils ont découvert Vinted.
03:10Vinted, c'est pour la nouvelle génération l'équivalent des galeries La Féguette,
03:14puisqu'on les a citées, mais ça peut être aussi le printemps ou des grands magasins,
03:17pour leurs parents.
03:17C'est-à-dire que chaque type de distribution, chaque réseau de distribution,
03:22plaît, séduit et correspond à un type de génération, un type d'âge.
03:27Et donc, quand vous êtes né dans les réseaux sociaux et quand vous êtes né avec Vinted,
03:31pour vous, il est aussi naturel de revendre vos vĂŞtements.
03:34Je ne dis pas que c'est une bonne chose,
03:35mais c'est aussi naturel de revendre vos vêtements que pour votre mère ou votre grand-mère
03:38d'aller dans les magasins ou dans les grands magasins.
03:40Vous voyez ?
03:40L'explication est d'abord générationnelle.
03:42C'est très important, parce que quand on parle de Cheyenne
03:44et quand on parle de la fast fashion,
03:46on considère l'ensemble des consommateurs comme justement un ensemble homogène,
03:50ce qu'il n'est pas.
03:51Toujours les écrans et les algorithmes, Patrice Duchemin.
03:54Oui.
03:55Vous voyez, toujours ça, toujours le même problème.
03:56C'est le même problème pour l'éducation et pour le reste.
03:58C'est une espèce de transformation, de bouleversement, de bourrasque sur notre société.
04:04Oui.
04:04Vous êtes d'accord avec ça, vous ?
04:06Oui, enfin, bourrasque, je ne sais pas,
04:07parce que bourrasque, c'est un mot négatif.
04:09En tout cas, c'est une mutation.
04:11Mais vous savez, quand les centres commerciaux sont arrivés
04:14et les gens qui vivaient, les commerces au centre-ville se sont pleins,
04:17quand Internet est arrivé, les centres commerciaux se sont pleins
04:20et en fait, il y a toujours quelqu'un qui prend la place de quelqu'un.
04:23Vous voyez ce que je veux dire ?
04:24C'est vrai.
04:24C'est-à-dire que ça, c'est ce qu'on appelle l'évolution du commerce.
04:26Et donc, ce n'est pas la peine de dire
04:28« Ah ben oui, c'était mieux avant, on va se débarrasser de Chine, etc. »
04:31Je sais bien qu'il faut faire des choses contre Chine et contre la fast fashion,
04:36mais il n'empêche qu'il faut trouver d'autres manières de présenter la consommation
04:39sur tout vĂŞtement, plutĂ´t que de se dire
04:41« On va essayer de tout faire pour qu'il n'arrive pas. »
04:43Vous avez raison.
04:44Question de Félix Mathieu.
04:45On évoquait donc ces plateformes de revente.
04:48L'achat de seconde main, ce n'est pas non plus l'alpha et l'oméga
04:51pour régler la facture environnementale de tout ça ?
04:55Ah non, non, ce n'est ni l'alpha ni l'oméga du reste.
04:57Mais de toute façon, les gens qui achètent en seconde main
05:00ne sont pas forcément tous motivés par des préoccupations écologiques.
05:03Évidemment, dans le discours, c'est toujours de bon ton de dire
05:06que c'est bien pour la planète.
05:08Et d'ailleurs, ça ne peut être bien pas tant que ça,
05:09parce que vous voyez bien que ça bloque dans certains coins,
05:12puisque notamment pour les associations, pour la circulation des vĂŞtements,
05:16ce n'est pas aussi fluide qu'on l'imagine.
05:18Mais en tout cas, les préoccupations vertes, on va dire,
05:21étant rentrées dans les consciences des consommateurs,
05:24c'est sûr que ça fait partie.
05:25Mais moi, ce qui me paraît plus intéressant avec la conscience écologique,
05:28qui est toujours quelque chose qu'on déclare,
05:30mais ce n'est pas forcément quelque chose qui nous anime,
05:32ce qui me paraît intéressant, c'est qu'en fait,
05:33les gens sont toujours en quĂŞte de bonnes affaires.
05:35Ça, on n'en parle pas assez souvent.
05:37Il y a aujourd'hui un tas de réseaux de distribution pas chers,
05:41qui sont des stockers,
05:42qui sont des gens qui vous présentent des produits à très très peu cher,
05:46qui sont tout Ă  fait comparables et concurrentiels de Vinted et les autres.
05:50C'est-à-dire qu'en fait, l'idée de trouver un produit pas cher, c'est bien,
05:53mais surtout ce qui motive les gens, c'est de trouver un produit moins cher
05:56et surtout ĂŞtre les seuls ou les premiers Ă  le trouver.
05:58Donc vous voyez, la consommation, c'est devenu un peu une chasse au trésor.
06:01C'est-Ă -dire que la quĂŞte de bonnes affaires,
06:03c'est aussi la quĂŞte de trouver quelque chose avant les autres.
06:06Donc il y a de la valorisation de soi.
06:07Ce n'est pas simplement un exercice mécanique
06:10qui consistera Ă  cliquer sur des produits Ă  2 euros, vous voyez.
06:13Félix, si je vous entends bien,
06:15on se dit que l'idée d'aller vers des achats moins impulsifs,
06:18des vĂŞtements qui seraient peut-ĂŞtre plus durables,
06:20mais aussi plus chers, qu'on achèterait moins souvent,
06:22ça paraît presque un vœu pieux dans ces conditions.
06:26C'est un vœu pieux.
06:28C'est-à-dire qu'en fait, comme il y a une tension économique aujourd'hui chez les foyers,
06:32eh bien, vous avez forcément, plus il y a de tensions économiques,
06:35plus vous avez forcément l'envie de trouver des produits pas chers.
06:38Mais un produit pas cher, c'est forcément aujourd'hui un produit de mauvaise qualité.
06:41Mais l'équation difficile à résoudre, c'est de prouver qu'il peut y avoir des produits pas chers
06:45qui sont de bonne qualité.
06:47On peut produire en France, il y a des vĂŞtements, il y a des enseignes,
06:50je pense Ă  Promod, je pense Ă  Kiabi, etc.,
06:53qui sont des enseignes françaises,
06:54qui arrivent Ă  produire un peu cher.
06:57Donc, en fait, il faut bien évidemment rappeler les conditions de production des produits,
07:02bien évidemment éduquer chez les consommateurs,
07:04bien évidemment tout faire pour produire de qualité à pas trop cher,
07:08parce qu'effectivement, on ne sera jamais aussi peu cher qu'un fabricant chinois.
07:11Mais les solutions existent.
07:13Et les jeunes, puisque l'approche générationnelle est fondamentale,
07:16vous voyez que dans plein de secteurs, les jeunes ont évolué.
07:19Les jeunes, par exemple, sont aujourd'hui plus habitués à faire du sport
07:23parce qu'ils ont été élevés avec l'idée de bouger, etc.,
07:26à trier les déchets, etc.
07:28Donc, il y a des mouvements quand mĂŞme qui sont en action.
07:32Mais ça prend du temps.
07:33C'est-à-dire que pas très cher et éthique,
07:35même du point de vue de ceux qui sont à l'usine à produire, ça existe ?
07:39Oui, parce qu'en fait, le problème de Cheyenne,
07:42bien sûr, c'est parce qu'ils produisent des produits pas chers,
07:45mais c'est qu'en fait, ils produisent en grande quantité.
07:47Vous avez des enseignes comme Prima, par exemple,
07:50qui produisent des produits plutĂ´t basiques,
07:51donc ils ne sont pas tout le temps à produire des nouveautés
07:53en écoutant les IA et pour savoir ce que les gens attendent.
07:57Ils produisent plutĂ´t des produits basiques.
07:59Donc, quand vous produisez beaucoup de produits basiques,
08:01vous pouvez produire des produits peu chers.
08:03Mais quand vous essayez de coller Ă  la mode
08:05et de produire des produits qui ont une durée de vie
08:07de trois semaines, de quatre semaines,
08:09parce que c'est la tendance du moment,
08:11c'est là que le système dérape.
08:12Donc, c'est un peu plus subtil que ça,
08:15la production Ă  bas prix de la mode.
08:18Il vaut mieux aller vers des produits basiques
08:20qui ont une possibilité, une capacité à durer dans le temps
08:24plutôt que de courir après l'ultime nouveauté
08:26qui va créer des produits hyper éphémères
08:28qui vont ensuite encombrer les systèmes.
08:30Merci en tous les cas, Patrice Duchemin.
08:32Vous m'avez convaincu.
08:33Vous êtes, pour moi, désormais le Charles Darwin
08:36de la consommation.
08:37Il faut s'adapter, vous avez raison.
08:39Il faut arrêter de regarder derrière
08:40et se dire qu'il faut s'adapter
08:41et trouver le chemin.
08:43Je compte sur vous.
08:44Et sur vous aussi.
08:45Merci beaucoup, Patrice Duchemin,
08:47sociologue de la consommation.
08:48Merci infiniment pour votre éclairage
08:50et une fois de plus,
08:52merci Félix Mathieu
08:52pour cet excellent sujet.
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