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  • il y a 1 jour
Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management, et Wilfrid Galand, directeur général adjoint de Montpensier Arbevel, étaient les invités de Laure Closier dans Good Morning Business, ce mardi 7 octobre. Ils ont abordé les inquiétudes concernant une récession d'une part, et l'assurance par la BCE d'autre part, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Retour de la matinale de l'économie. Dans quel camp sont nos deux économistes qui viennent de nous rejoindre ?
00:04Philippe Wächter, bonjour.
00:05Bonjour.
00:06La chef économiste chez Ostrom Asset Management, en face de vous, Wilfried Galland, directeur adjoint de Montpensier-Arbevel.
00:11On a deux équipes clairement ce matin, ceux qui sont très inquiets d'une récession à venir en France,
00:16et puis ceux qui disent de toute façon à la BCE qui nous couvrira, donc ne nous inquiétons pas.
00:20Vous êtes dans quel camp Philippe Wächter ?
00:22J'aimerais bien que la BCE nous couvre, j'en suis pas persuadé.
00:26Je ne crois pas qu'il y ait une récession, je pense qu'on est dans un truc très mou,
00:30où les entreprises vont attendre pour investir, les consommateurs ne vont pas se précipiter,
00:37et où on manque d'impulsion.
00:39On est clairement dans ce système-là, et le choc qu'on a eu hier, parce que malgré tout, c'en est un,
00:44même si quand on regarde les marchés financiers, il n'y a pas de grave.
00:48Un petit choc, quoi.
00:49On est dans une psychose un peu nouvelle, enfin, qui se prolonge, en disant, pour l'instant,
00:56rien ne se passe en France, et donc il n'y a pas de raison de se précipiter.
01:00Et je pense que s'il y a une source d'impulsion à venir, elle doit être de la BCE,
01:06mais pour l'instant, la BCE ne veut pas changer de cadre, pas de baisser les taux d'intérêt.
01:10Moi, je pense que le problème de la BCE, c'est qu'aujourd'hui, sa réduction de bilan est beaucoup trop rapide,
01:19beaucoup trop forte, ce qui fait qu'on manque de liquidité au sein de la zone euro.
01:25Ça va deux fois plus vite qu'aux États-Unis.
01:29Donc, il y a quelque chose qui ne va pas, et on a l'impression que tout le monde est en train de regarder ses propres préoccupations,
01:39d'avoir ses propres préoccupations.
01:41Je regarde ce qui se passe dans mon économie.
01:43Contrairement à ce qu'on avait avant, avant, on regardait le monde et on se calait sur le monde.
01:48On a l'impression que la BCE reste calée sur le monde, alors que les problèmes sont en Europe.
01:53L'Allemagne n'est pas en grande forme non plus, l'Italie a révisé à la baisse sa croissance,
02:00la France a une croissance médiocre, donc la BCE a un rôle à jouer,
02:04et elle doit se concentrer sur l'Europe, même si l'inflation est à 2,2% comme au mois de septembre.
02:11Wilfried ?
02:12En fait, je pense qu'on est dans un système de nœuds coulants, ce qui n'est pas très sympa d'ailleurs.
02:18C'est-à-dire qu'on n'a pas de choc brutal qui, d'un seul coup, nous mettrait immédiatement notre vie en danger,
02:23mais en fait, les taux se resserrent progressivement parce que,
02:26pour prendre une image qui est très proche de ce que vient de dire Philippe,
02:30en fait, on a une lande glissade à la fois de l'économie et des paramètres financiers français.
02:36Donc, il n'y a pas de drame, effectivement, il n'y a pas de choc financier
02:40qu'on pourrait identifier comme étant véritablement un signal d'alarme extrêmement brutal qui nous réveillerait,
02:46mais à l'inverse, on a effectivement, et quand on le regarde sur longue période,
02:50un lent décrochage et ce qui marque au sein de la zone euro,
02:55c'est qu'on a une fragmentation qui, en fait, économiquement,
02:58même si d'un point de vue des paramètres financiers, la fragmentation n'est pas gigantesque,
03:02mais la fragmentation économique est de plus en plus forte.
03:04Et donc, les autorités européennes ont de plus en plus de mal
03:08à concevoir des politiques qui puissent être des politiques du bien commun,
03:13parce que le bien commun pour l'Allemagne, le bien commun pour l'Espagne,
03:17le bien commun pour l'Italie, le bien commun pour la France est complètement différente.
03:21Aujourd'hui, en France, on a un véritable problème de décrochage économique
03:24et on a même un problème, si on veut parler de l'inflation, de déflation latente.
03:27Ce n'est pas du tout ce qu'on voit apparaître, par exemple, en Espagne ou dans d'autres pays européens.
03:32Donc, c'est vrai que la BCE a un rôle très compliqué.
03:34Et le sujet, effectivement, pour nous, c'est le décrochage,
03:37c'est le fait qu'on n'a pas aujourd'hui en France une croissance potentielle suffisante
03:41pour pouvoir supporter le niveau de dépense sociale que souhaite le pays.
03:46Et tant qu'on n'aura pas, à un moment donné, aborder les deux faces de cette équation,
03:51soit augmenter la croissance potentielle par la productivité et le niveau d'emploi,
03:54soit diminuer les dépenses sociales, on n'arrivera pas à poser les vrais problèmes.
03:58On ne pose pas les vrais problèmes.
04:00Et les marchés nous disent, à un moment donné, il va falloir vous poser les vrais problèmes,
04:03mais vous êtes environné de personnes un peu bienveillantes quand même,
04:07et très puissantes.
04:09Donc, on ne va pas aujourd'hui vous planter un couteau dans le dos,
04:12mais on resserre gentiment la corde.
04:13Ce que dit Philippe, la presse étrangère, c'est qu'elle dit
04:16qu'il n'y a aucune chance que la France réussisse, à un moment donné,
04:18à réduire son problème de finances publiques.
04:20À quel moment les autres membres de l'Union européenne
04:24peuvent s'énerver en disant
04:25« Respectez, un, ce que vous avez dit,
04:28et puis arrêtez de vous servir de nous comme béquille ? »
04:31– C'est une question éternelle.
04:33Moi, je suis d'accord avec ce que disait Wittfried.
04:36C'est-à-dire qu'on voit bien, sur la problématique des finances publiques,
04:40l'analyse qu'on peut faire depuis 30 ans,
04:43c'est que le modèle social a besoin d'une croissance
04:46bien supérieure à celle de l'économie.
04:48Et donc, la dérive qu'on voit sur la dette,
04:52quand vous regardez la dette de 1975 à 2025,
04:55c'est quasiment une ligne droite.
04:57Et ça traduit ce phénomène d'une divergence
05:00entre le modèle social, les besoins du modèle social
05:03et les capacités de l'économie.
05:05Et le problème qu'on peut souligner,
05:08c'est que la capacité à croître de l'économie
05:11a eu plutôt tendance à ralentir ces dernières années.
05:15On est plutôt sur 1% de croissance potentielle,
05:18on était plutôt à 2% auparavant,
05:20et la question n'est pas résolue.
05:24Et très clairement, en France,
05:26personne n'a envie de résoudre cette question,
05:29puisque quand on voit les discussions
05:32qu'il y avait à la fin du mandat de François Béroud,
05:36ou même pendant le début du mandat de Lecornu,
05:40on parlait simplement de fiscalité,
05:43comment résorber les déséquilibres fiscaux.
05:48On ne parlait pas du tout de dépenses.
05:49Pas de croissance, pas de croissance, etc.
05:52C'est-à-dire qu'on a le sentiment
05:53que la croissance est quelque chose qui est acquis,
05:56et qu'il faut piller cette croissance
05:58pour financer le modèle social.
06:00Ça ne marche pas tout à fait comme ça.
06:02Et à un moment donné,
06:04alors ce qui pourrait se passer, peut-être,
06:07pour que les choses bougent,
06:09c'est qu'on ait une sorte de moment listreuse,
06:11comme il y a eu en Grande-Bretagne
06:13il y a quelques courtes années,
06:15où le programme du Premier ministre d'alors,
06:17listreuse...
06:18– Oui, mais ils n'ont pas les Allemands,
06:20les Anglais.
06:20– Non, mais on est dans un cadre très différent.
06:24Mais il faudrait qu'il y ait une espèce de...
06:27– Donc là, un pic sévère sur le médiataire.
06:30– Un pic sévère, qui montre qu'on ne peut plus faire n'importe quoi.
06:34– Et ça ne pourra se faire,
06:35pour remondir sur votre question,
06:37ça ne pourra se faire que si, effectivement,
06:39on a le sentiment à un moment
06:41que nos partenaires européens et la BCE ensemble,
06:44donc les instances européennes et la BCE
06:47conjointement mettent un signal d'alarme vis-à-vis de la France
06:51en disant, là, ça suffit,
06:53vous ne pouvez plus vous cacher derrière l'euro
06:55pour continuer à soutenir un modèle qui est insoutenable.
06:59Et là, effectivement,
06:59on pourrait avoir un accident financier à l'istreuse.
07:03Aujourd'hui, ça n'est pas le cas,
07:04parce que personne ne souhaite le faire encore.
07:06Les Allemands ont leurs propres problèmes.
07:08Tous les pays d'Europe ont quand même pas mal de sujets.
07:11Le sujet allemand est un véritable sujet
07:12et Merde s'est fragilisé politiquement.
07:15Est-ce qu'il a envie aujourd'hui d'être le chef
07:17ou en tout cas de soutenir une coalition du refus ?
07:23– Mais peut-être que ce matin, on peut remercier les Allemands.
07:25C'est-à-dire que c'est peut-être à eux
07:26qu'on n'a pas de moment à l'istreuse.
07:28– Oui, oui, oui.
07:29– À la fois grâce et à cause d'eux.
07:31C'est-à-dire qu'en fait, on n'a pas ce signal d'alarme
07:34grâce aux Allemands, mais aussi à cause des Allemands,
07:35à cause de l'euro.
07:36– Est-ce que vous voulez un signal d'alarme
07:38pour faire des réformes ?
07:39– Un vrai problème politique.
07:41C'est-à-dire que, rappelez-vous, en 1982-83,
07:45quand François Mitterrand dit
07:46« Il faut qu'on reste dans l'Union européenne »
07:49et à ce moment-là, on prend les mesures.
07:52Pour l'instant, personne ne rentre dans cette logique.
07:55Tout le monde regarde ses chaussures en disant
07:57« J'ai mon problème à régler. »
07:59Le problème est l'inscription de la France
08:02dans l'Union européenne
08:03et il faut qu'on ait la capacité politique
08:06de vouloir y rester
08:08et de prendre les mesures qui vont avec.
08:10C'est ce qu'avait fait Jacques Delors
08:12en mars 1983
08:14avec la rupture
08:16et le tournant de la rigueur.
08:18– Le tournant de la rigueur.
08:20On rentre dans une logique
08:21qui doit être plutôt celle-ci aujourd'hui.
08:24– Merci beaucoup à tous les deux
08:25d'être venus ce matin
08:25dans la matinale de l'économie.
08:27– Merci.

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