- il y a 12 heures
François Ecalle, président de Fipeco, et Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE, étaient les invités de Laure Closier dans Good Morning Business, ce lundi 13 octobre. Ils sont revenus sur les grandes lignes du projet de budget pour 2026 qui devraient être présentées, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:007h42 sur BFM Business et sur AMC Live, ce matin avec nous François Eccal, bonjour le président de Fipeco,
00:06Mathieu Plann est en train de nous rejoindre, directeur agent du département analyse et prévision de l'OFCE.
00:12Ce budget, on l'attend d'ici quelques temps, François Eccal, est-ce qu'on sait à peu près à quoi il ressemble ?
00:18On sait qu'il ressemble quand même à ce qu'avait proposé François Bayrou dans les grandes lignes,
00:21même si Sébastien Lecornu dit c'est à négocier, mais c'est une base quand même.
00:25Oui, probablement, mais c'est vrai que pour le moment on ne l'a pas encore vu.
00:29Donc il y a des rumeurs, on sait en effet, et d'ailleurs le premier budget Bayrou, on ne savait pas non plus très bien ce qu'il y avait dedans.
00:37Il y avait des grandes lignes qui avaient été indiquées, on savait par exemple qu'il y avait 2 ou 3 milliards de réduction des dépenses fiscales,
00:45mais il n'y avait aucune précision sur la nature, quelles dépenses fiscales, de combien, comment, etc.
00:50Donc on en est encore toujours un peu au même stade, on a des grandes lignes.
00:55On a quelques hausses d'impôts en ligne de mire.
00:58Il y a apparemment quelques hausses d'impôts, oui, il y a ces dépenses fiscales, il y a quelque chose, disons, sur les riches,
01:04mais on ne sait pas encore exactement de quoi il s'agit.
01:07Enfin voilà, il y a aussi des baisses d'impôts apparemment.
01:09Sur la CVAE ?
01:10Alors il y a la CVAE, oui, c'est une vieille histoire.
01:12Donc on reprend la baisse de la CVAE apparemment.
01:16Il y a aussi peut-être quelque chose sur la CSG, j'ai compris, ça c'est nouveau, ce n'était pas dans le projet Bayrou.
01:21Donc voilà, on a des bribes.
01:24Mais qu'est-ce que vous dites, vous François ?
01:26Vous dites, peu importe ce qu'il y a dedans, ce qu'il nous faut c'est la stabilité,
01:29où on a raison de discuter et de ne pas tout prendre tel que c'est.
01:35La priorité c'est quoi ?
01:36La priorité, c'est quand même d'avoir un budget avant la fin de l'année.
01:40Il faudrait mieux, moi je pense qu'il faudrait mieux que ce budget conduise à réduire quand même un peu le déficit public.
01:48Après on peut discuter de combien.
01:50Je ne pense pas que ça va le réduire de beaucoup, parce qu'entre les lignes rouges des uns et des autres,
01:55je pense qu'au final et après discussion, il ne va pas en rester grand-chose.
02:00Mais bon, il faut quand même avancer dans ce sens, bien sûr.
02:03On va avoir un minimum de visibilité sur ce qui va se passer l'année prochaine en matière fiscale et budgétaire.
02:11Mathieu Plannes, le sujet de fond, c'est la réforme des retraites et sa suspension ou son abrogation.
02:16Maryse Léon de la CFDT disait sur ce plateau la semaine dernière,
02:19ok, si ça coûte 3 milliards, ce n'est pas grave,
02:22parce que de toute façon l'instabilité, ça coûte beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cher.
02:27Est-ce qu'elle a raison ?
02:28Je pense que le débat doit avoir lieu là-dessus.
02:32C'est-à-dire que, vous avez exactement résumé les choses,
02:36c'est-à-dire, est-ce qu'il vaut mieux suspendre la retraite
02:40et effectivement avoir une forme de relâche budgétaire qui pose quand même des problèmes,
02:44mais au moins vous avez un budget,
02:46ou dire on ne touche pas à la réforme de retraite et avoir une censure et pas de budget.
02:49Donc vous êtes face à ça.
02:50Donc là, la question, c'est vous gagnez du temps.
02:52Vous gagnez du temps.
02:53Alors je crois que c'est plutôt 500 millions en 2026,
02:55mais très vite, ça va monter et ça coûte cher.
02:57C'est 3 milliards après.
02:583 milliards et vous montez à plus de 6 milliards en 2035,
03:01et sans parler du manque à gagner en termes d'activité.
03:04Donc de toute façon, il faudra des financements en face.
03:05La question, c'est que le blocage budgétaire vous oblige à faire un peu de relâche.
03:09Le blocage politique vous amène à faire un peu de relâche budgétaire.
03:12La question, c'est jusqu'où vous allez ?
03:14Parce que vous devez quand même inscrire un budget qui est en baisse de défi,
03:18enfin, ou le déficit baisse.
03:19Donc c'est-à-dire qu'il faut une consolidation budgétaire.
03:21Rends les scurs, continue de dire qu'on sera à 3% en 2029.
03:23Voilà.
03:24Mais le 3%,
03:25comme il y a Bruxelles.
03:25Le budget qui était celui de Beyrou,
03:28comme on dit, il faisait du front-loading.
03:30C'est-à-dire que l'ajustement budgétaire était assez ambitieux
03:33au regard même des règles budgétaires européennes.
03:35Il allait au-delà.
03:36Donc quand on regarde,
03:37et ça c'est important,
03:38regardez aussi quelles sont les marges de manœuvre
03:40que peut avoir le gouvernement
03:42par rapport à ces règles budgétaires européennes.
03:45Et ce qu'on voit, c'est par rapport à ce qu'avait proposé Beyrou,
03:48il y aurait 0,2 point de PIB
03:50de possibilité d'être un peu moins dur.
03:54C'est qu'on peut monter à 5% de déficit, quoi.
03:56En gros, c'est ça ?
03:57Oui, c'est ça, c'est sur le structurel.
03:59Mais globalement, vous ne faites pas 44 milliards,
04:01mais vous faites plutôt 36-37 milliards
04:03d'ajustement budgétaire.
04:05Et vous avez un déficit qui est légèrement en dessous de 5%.
04:09Voilà.
04:09Mais c'est là-dessus qu'on va voir ce qui peut se passer
04:13et quelles sont les marges de manœuvre possibles.
04:15Et puis, bien sûr, à partir du moment où vous allez
04:16essayer de trouver des espaces de négociation,
04:19il est possible que vous relâchiez la contrainte budgétaire.
04:23François, on n'est pas des Américains,
04:24on n'a pas un risque de shutdown,
04:26on n'a pas un risque de ne plus être payé.
04:28Si, quand même, vous dites, on peut arriver à ce niveau-là.
04:30Parce que les Américains, quand il n'y a pas de budget qu'on ne vote pas,
04:32ils ne sont pas payés pour les fonctionnaires.
04:34Oui, alors il y a un risque théorique, qui est purement théorique,
04:36qui est que s'il n'y a pas de budget...
04:38Les comptables publics ne peuvent pas dépenser d'argent,
04:43c'est-à-dire payer les fonctionnaires, par exemple,
04:44s'il n'y a pas de crédit budgétaire.
04:46Donc s'il n'y a pas de budget, il n'y a pas de crédit.
04:48Et en effet, on risque de shutdown.
04:49Mais on a appris, cette année, en fait,
04:53qu'on pouvait voter une loi spéciale budgétaire.
04:55Elle a été votée à la quasi-unanimité,
04:57qui permet au gouvernement de continuer à lever les impôts,
05:01sans les changer, à lever les impôts,
05:03et à ouvrir les crédits nécessaires
05:05pour assurer le bon fonctionnement des services publics.
05:08Donc il n'y a pas de risque.
05:09Donc on peut fonctionner qu'une loi spéciale,
05:11mais pendant combien de temps ?
05:12Il n'y a pas de limite.
05:12C'est en principe fait pour durer peu de temps,
05:16le temps qu'une loi de finances en bonne et due forme soit votée.
05:21Donc il n'y a eu que trois expériences,
05:23celle de cette année et deux autres dans le passé,
05:25qui à chaque fois ont duré moins de deux mois.
05:28Mais il n'y a pas de limite.
05:29Ça pourrait, en fait, on pourrait vivre quasiment pas toute l'année
05:32sur la base d'une loi spéciale.
05:33C'est un peu compliqué quand même.
05:35Ça risque d'être un peu compliqué,
05:36parce qu'il faut à un moment ou à un autre,
05:38il y a toujours besoin de redéployer des crédits entre des ministères.
05:42D'ailleurs, c'est une raison pour laquelle chaque année,
05:43normalement, on n'en parle jamais,
05:45mais il y a une loi de finances rectificative en fin d'année.
05:47Parce qu'on s'aperçoit qu'il y a des crédits un peu tropés,
05:50qui ne sont pas consommés à certains endroits,
05:52et dans d'autres ministères, on en a besoin d'un peu plus.
05:55On n'en parle pas du tout,
05:56mais cette année, il devrait y avoir aussi une loi à voter en fin d'année.
06:00Une loi de finances rectificative.
06:02Oui, c'est important,
06:03parce qu'il n'est pas improbable qu'on se retrouve à nouveau avec une loi spéciale.
06:08La question, c'est que la loi spéciale, elle permet les transitions.
06:11C'est-à-dire que ce qu'on a vu,
06:12c'est d'éviter d'éteindre la lumière le 31 décembre,
06:15le passage 31 décembre au 1er janvier.
06:17Et donc, c'est une loi de transition
06:18qui reconduit les budgets à l'identique,
06:22mais qui pose quand même beaucoup de problèmes
06:23si elle s'installe dans le temps, en fait.
06:24Pourquoi ? Parce que d'abord, vous ne faites pas d'arbitrage,
06:27vous gêlez le budget de l'État,
06:28mais par exemple, typiquement,
06:29si vous voulez augmenter l'effort de défense,
06:31vous ne pouvez pas le faire.
06:32Ça ne gèle pas, pour le coup, le budget de la dépense sociale.
06:35C'est-à-dire que, pour le coup,
06:36la revalorisation des retraites se fait,
06:38vous n'avez pas de contrôle sur la dépense santé,
06:40pareil sur les collectivités locales,
06:41et vous ne pouvez pas jouer sur la fiscalité,
06:43vous ne pouvez pas augmenter certains impôts.
06:45Donc, ça, ce que je veux dire,
06:46c'est que la loi spéciale, elle n'est pas faite pour durer,
06:48premièrement,
06:49et deuxièmement,
06:49ce n'est pas une loi qui garantit la baisse du déficit,
06:52notamment ce qu'on peut entendre.
06:53Au contraire, à mon avis,
06:54le déficit ne baisserait pas dans ce cas-là.
06:56Et puis, à terme,
06:57si vous restez dans la loi spéciale,
06:58c'est si vous recondusez les budgets en valeur
07:00de chacun des ministères,
07:02la question, c'est
07:03qu'est-ce qui se passe si vous avez mangé tout votre crédit
07:05au mois d'octobre ou au mois de novembre ?
07:07Mais là, vous ne savez pas trop.
07:08Parce qu'en réalité,
07:09ce n'est pas parce que vous recondusez un budget
07:10à l'identique en valeur
07:12que vous avez la...
07:12C'est le besoin.
07:13Oui, et puis, il faut s'organiser,
07:14par exemple, pour atteindre cet objectif.
07:16Ça veut dire que vous n'embauchez plus,
07:17vous n'augmentez pas les salaires,
07:18vous faites moins d'investissements, etc.
07:20Ce qui est compliqué.
07:21Donc, ça marche un certain temps.
07:23Et c'est vrai que si ça dure trop longtemps,
07:25ça pose quand même le problème
07:26de savoir comment on va déployer ces budgets.
07:28C'est quoi pour vous la priorité, François ?
07:30C'est-à-dire, qu'est-ce que vous avez envie de dire
07:32aux parlementaires,
07:32vous qui travaillez sur les finances publiques,
07:34dont on dit que vous êtes le spécialiste français
07:36des finances publiques ?
07:37Vous dites quoi ?
07:38La priorité, pour moi,
07:39c'est d'arriver à réduire le déficit.
07:41Parce qu'on a un problème d'endettement public.
07:43On a une dette publique qui augmente
07:45non seulement en euros,
07:46mais aussi en pourcentage du produit intérieur brut.
07:48Il n'y a pas d'urgence,
07:50parce que la France n'est pas au bord
07:51du défaut de paiement.
07:52La BCE est là, au-dessus.
07:54Les marchés le savent.
07:56Mais notre dette publique
07:58ne peut pas augmenter indéfiniment.
08:00Donc, il y a un jour ou l'autre,
08:02il va falloir finir,
08:03arriver à en reprendre le contrôle.
08:05Donc, l'urgence, elle est là.
08:07Maintenant, la priorité, elle est là.
08:09Maintenant, ce n'est pas non plus, en effet, urgent
08:11que la baisse du déficit,
08:12qu'on descende à 5 points de PIB,
08:15à 4,8, à 4,7.
08:18Bon, ce n'est pas si important que ça.
08:20Mais enfin, il faut aller dans ce sens-là.
08:23Et ce n'est pas évident,
08:24compte tenu de la situation politique,
08:26qu'on y arrive.
08:27Mathieu, à quel point on a un risque
08:28de récession aujourd'hui ?
08:30Dans quel état est l'économie ?
08:31Si vous écoutez Patrick Martin,
08:32on est déjà en récession depuis un moment.
08:35Il y a des entreprises dont...
08:36Les chefs d'entreprise ont confiance dans leur boîte,
08:39c'est-à-dire qu'ils sont déprimés par la récession politique,
08:40mais dans leur boîte, ça ne va pas si mal.
08:42Qu'est-ce qu'on peut dire de l'économie française ?
08:44Je pense que ça, c'est assez important.
08:45Pour le coup,
08:46on n'est pas réellement dans une crise économique,
08:48on est dans une crise politique.
08:50D'ailleurs, si vous regardez,
08:50sur un an,
08:52la croissance française,
08:52elle fait 0,8%
08:54depuis la dissolution,
08:56malgré tous ces événements.
08:57Alors, ce n'est pas glorieux,
08:58mais ce n'est pas catastrophique.
08:58On n'est pas en récession.
09:00On serait mieux
09:00s'il n'y avait pas tous ces problèmes-là.
09:03La vraie question,
09:04c'est que cette crise politique,
09:05elle peut amener à une impasse
09:06qui crée aussi de l'incertitude.
09:08On l'a chiffré,
09:09le coût de l'incertitude,
09:10c'est déjà,
09:11c'est lors de 0,4 points de PIB cette année,
09:13ça peut être 0,3 points de PIB
09:14de manque à gagner pour l'année prochaine.
09:16Donc, ça fait déjà 0,7 sur deux ans,
09:17c'est beaucoup.
09:180,7 fait plus de 20 milliards.
09:20Donc, il y a un vrai coût à ça.
09:22Et puis, vous avez,
09:23tous les scénarios désormais sont possibles
09:25parce que si vous avez un blocage politique,
09:27si vous n'avez pas de budget,
09:28si vous passez sous une loi spéciale,
09:30combien de temps elle dure ?
09:30Est-ce qu'on a une dissolution ?
09:31S'il y a dissolution,
09:32est-ce qu'il y a une majorité ?
09:33Si cette majorité a,
09:36et il y a une élection,
09:36il y a une majorité,
09:37quel programme on a derrière ?
09:39Effectivement,
09:39est-ce que les 3% aujourd'hui sont crédibles ?
09:41Donc, c'est vrai que ça renvoie désormais
09:43à la question de la soutenabilité
09:44de la dette publique.
09:45On voit que s'il n'y a pas d'alliance,
09:46s'il n'y a pas de cohésion
09:47sur un programme budgétaire,
09:49assez clair,
09:49parce qu'on ne peut pas faire que des petits pas.
09:51Il faut avoir aussi une vision de moyen terme.
09:53Effectivement, ça peut être inquiétant.
09:55Une fois de plus,
09:55les fondamentaux de l'économie française
09:57sont quand même relativement solides,
09:59même s'ils se dégradent.
09:59Ils sont quand même relativement solides,
10:00mais la crise politique
10:01peut générer une crise économique.
10:04Un grand merci à tous les deux
10:05d'être venus ce matin
10:05dans la matinale de l'économie.
10:07Le budget, c'est donc pour avant-mercredi,
10:10qui doit être déposé au Parlement.
10:12Demain, Conseil des ministres,
10:13demain matin,
10:15déclaration de politique générale à 15h.
10:17Voilà pour l'instant ce qu'on sait.
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