00:00Et il nous rejoint à 15h43, Emmanuel Salle, le président de la financière de la Cité.
00:04Bonjour Emmanuel.
00:05Bonjour Guillaume.
00:05Vous allez rendre Emmanuel votre verdict face aux marchés, aux différents actifs, à leurs évolutions.
00:10Ce verdict qui arrive, l'assumez-vous ?
00:13Je l'assume.
00:15Vous écoute.
00:16J'assume, j'estime et j'assume qu'en 2025, c'est l'or qui brille plus que tous les autres actifs.
00:23Oh !
00:24L'or brille plus que tout autre actif en cette année 2025, dites-vous.
00:30L'or brille au point d'éblouir, ce qui éblouit aveugle, vous le savez.
00:34Est-ce que la hausse de l'or la finit par aveugler ?
00:36Est-ce que ça ne monte pas un peu trop vite quand même ?
00:38Écoutez, il y a deux façons de voir la hausse de l'or.
00:40Soit effectivement c'est un rallye qui a vocation à connaître un mouvement différent, bien sûr.
00:49On peut le voir aussi comme une réévaluation de ces espèces actives.
00:53Il faut savoir que pendant des dizaines d'années, l'or n'a rien fait.
00:58Et là, aujourd'hui, depuis le mois d'août, on a une forme de réévaluation.
01:03Et je crois qu'elle a des raisons très profondes.
01:05Et notamment, la pression qui est exercée par le président Trump sur la réserve fédérale américaine.
01:11Et ça, c'est un élément qui est tout à fait nouveau.
01:14Il y a un risque d'une certaine façon de remise en cause de la place du dollar dans le système financier mondial.
01:20Je crois qu'une partie des investisseurs et des banques centrales en ont pris conscience.
01:25Et on voit qu'à côté de la vieille relique barbare, l'or électronique, on l'a vu vendredi, ne semble pas offrir les mêmes protections.
01:35Donc finalement, quand on voit d'ailleurs que même les promoteurs de monnaies électroniques investissent en mine d'or, voire en or métal, en or physique,
01:42on est conduit à se poser certaines interrogations.
01:46Vous ne pouviez pas vous empêcher de tacler le bitcoin en même temps qu'on parle de l'or ?
01:50Du tout.
01:51On a souvent dit que le bitcoin, c'était de l'or électronique.
01:54Non, non, je ne vise vraiment personne.
01:56On est à 115 000 dollars en ce moment sur le bitcoin.
01:59L'or, alors on regarde les futurs sur l'or aussi.
02:01Ils ont franchi pour la première fois les 4100 dollars.
02:03La semaine dernière, c'était les 4000.
02:04Là, c'est les 4100.
02:05C'est-à-dire que la dynamique reste en cours.
02:07Vous savez, il y a quelques semaines, Goldman Sachs prévoyait l'or à 5000 dollars en cas de remise en cause de l'indépendance de la Fed par le président Trump.
02:16C'est un tout petit peu ce à quoi on est en train d'assister aujourd'hui.
02:18Alors, il y a toujours quand même de l'incertitude.
02:21Parce qu'entre la voix incarnée par quelqu'un comme M. Miran et celle incarnée par Besant à la Fed,
02:27on voit bien qu'il y a différentes conceptions, différentes philosophies monétaires.
02:32Mon sentiment, c'est que si les besoins de financement des États-Unis sont toujours les mêmes,
02:36il sera difficile à la Fed et à d'autres banques centrales de ne pas s'engager dans un nouveau cycle de soutien des dettes d'État,
02:43d'assouplissement quantitatif.
02:45Et ça devrait continuer de soutenir les prix de l'or.
02:49Pour vous, on reviendra dans un cycle d'expansion monétaire, forcément.
02:53C'est-à-dire un bilan qui, à nouveau, s'élargirait de la part des banquiers centraux,
02:57peut-être des taux négatifs, peut-être pas.
02:59Enfin, on verra la Banque Nationale à Suisse.
03:00On verra bien, mais si vous voulez, quand vous avez une situation où vous avez peu de croissance, pas de ressort,
03:05il y a un moment, finalement, il faut bien que la Banque Centrale soutienne l'activité.
03:10C'est un tout petit peu pour cette raison qu'elles ont été créées, les banques centrales.
03:15Elles ne sont pas là simplement pour assurer la liquidité des marchés en période de crise.
03:19Elles sont également là pour soutenir l'économie lorsque ça va mal.
03:23En tout cas, ça fait partie du mandat de la Fed.
03:25Pour la BCE, c'est un peu plus compliqué.
03:26On garde les valeurs minières aujourd'hui encore à Wall Street.
03:28Elles sont en hausse.
03:29Goldfields gagne 6%.
03:31Newmont gagne 4%.
03:33On voit aussi Harmony Gold qui gagne 7%.
03:35L'or, puisque vous dites qu'il n'est peut-être pas trop tard, que la hausse va se poursuivre,
03:38c'est plutôt à travers l'once, à travers des ETF, qu'il faut y aller, ou plutôt à travers les minières.
03:43Écoutez, il y a trois façons de le faire.
03:44Effectivement, il y a les ETF.
03:47Quand vous avez un ETF, néanmoins, vous avez un titre de créance, vous avez un titre financier.
03:50Ce n'est pas tout à fait de l'or, il faut en être conscient.
03:52On sait que dans l'histoire, entre avoir la matière elle-même et un titre financier adossé sur la matière,
03:59ce sont deux choses différentes.
04:00L'or en bourse, c'est de la bourse.
04:02Voilà, l'or en bourse, c'est de la bourse.
04:03Vous avez effectivement les minières, mais qui dépendent également d'autres facteurs que la valorisation de l'or,
04:07notamment les conditions d'exploitation du métal, et principalement, d'ailleurs, le coût de l'énergie, le coût du pétrole.
04:12Et puis, vous avez enfin la possibilité de détire physiquement de l'or, soit directement,
04:16soit au travers de fonds d'investissement qui vous donnent la copropriété d'un stock d'or.
04:21Je crois qu'à ma connaissance, il n'y en a qu'un seul en France qui offre cette possibilité.
04:25Alors, on regarde l'état des marchés quand même, parce que là, en cette mi-octobre,
04:28on a un regain de volatilité, octobre est traditionnellement, d'ailleurs, pas forcément le plus mauvais mois de l'année,
04:33non, non, mais le plus volatile, oui.
04:34Et là, ce mois d'octobre montre que finalement, oui, la volatilité est de retour,
04:37avec les différentes menaces, tarifs douaniers de la part des Américains,
04:41restrictions d'accès aux terres rares de la part des Chinois.
04:44La question qu'on va vous poser dans un instant, Emmanuel,
04:46et qu'on vous pose à vous tous qui vous suivez en direct à la radio, à la télé,
04:48sur notre fil X, sur notre fil LinkedIn, BFM Bourse,
04:50La voici, cette question.
04:52De ces trois batailles à venir cette semaine, laquelle comptera le plus pour les marchés ?
04:55La bataille sur les terres rares, la bataille des publications d'entreprises aussi,
04:59qui vont démarrer, ou la bataille sur le budget, ici en France.
05:02Laquelle aura le plus d'importance et d'impact sur les marchés pour vous ?
05:06Question donc à laquelle vous pouvez répondre sur nos réseaux,
05:09et laissez-nous vos arguments en commentaire,
05:10on remondira dessus avec nos experts tout au long de l'émission.
05:12Pour vous, ce sera laquelle ? La mère des batailles, Emmanuel ?
05:14La plus grande des batailles, ce sont les terres rares,
05:16compte tenu de l'enjeu de l'intelligence artificielle pour le président Trump
05:19et pour l'économie américaine.
05:20L'économie américaine reste le moteur de l'économie mondiale,
05:24vous le déplorez, mais c'est ainsi.
05:26L'essentiel de la croissance du secteur privé aux Etats-Unis
05:29repose sur l'intelligence artificielle,
05:31et vous l'avez noté à l'instant,
05:32l'intelligence artificielle est consommatrice de moyens considérables,
05:36avec des dépenses d'investissement qui supposent effectivement
05:39la disponibilité de ces terres rares,
05:41qui ne sont rares que parce que l'un des pays que vous savez
05:44est parvenu à les exploiter,
05:46et à maîtriser l'ensemble du processus d'extraction
05:49et surtout de mise en valeur de ces terres.
05:52Parce qu'elles sont un peu partout en fait, ces terres rares,
05:54sauf que ce sont les Chinois qui ont décidé d'aller les extraire et les exploiter.
05:57Vous avez entièrement raison.
05:58Donc je pense que c'est le vecteur qui devrait, à mon sens,
06:03orienter le marché dans les prochaines semaines
06:06de façon beaucoup plus forte que les autres sujets que vous avez évoqués,
06:09à savoir le budget et...
06:11Et les publications d'entreprises.
06:13Et la publication d'entreprises.
06:14Mais oui, on finirait presque par les oublier.
06:16Elles vont revenir dans un instant, on va en parler.
06:17Mais pour vous, qui a la carte maîtresse ?
06:19Est-ce que c'est la Chine avec ces terres rares
06:20ou les États-Unis avec leurs tarifs douaniers ?
06:22Bah écoutez, j'ai le sentiment qu'il y a quand même un problème en Chine,
06:26c'est que c'est une économie qui est quand même assez fortement,
06:29comment dire, sous perfusion à la fois du gouvernement et de la banque centrale,
06:34avec pour des raisons à la fois démographiques, économiques,
06:37de contrôle également de l'activité
06:39qui est quand même sur une pente d'activité beaucoup plus faible.
06:43Et donc j'aurais tendance à penser que les États-Unis sont plus...
06:47ont davantage d'argument.
06:48Mon inquiétude, c'est moins les États-Unis d'ailleurs dans ce conflit que l'Europe.
06:51Parce que les États-Unis ont réévalué leurs tarifs douaniers.
06:54Donc on passe de 33 à un tiers à grosso modo à 100% de plus.
06:58Donc ça fait 100,133, ça commence à payer.
07:01Vous avez vu qu'aux Pays-Bas, en Europe,
07:04les Pays-Bas ont décidé de faire jouer une loi
07:10pour mettre la main sur une activité de puces,
07:14une activité de fabrication de matériels électroniques
07:16qui était sous la coupe des Chinois.
07:18Quelle va être la réplique de la Chine face à cette attaque américaine ?
07:22Je crois que la crainte que l'on peut avoir,
07:25c'est que l'Europe soit, d'une certaine manière,
07:27soit la variable d'ajustement de ces tensions.
07:30C'est pour ça qu'elle essaie juste diversifier ses approvisionnements.
07:32Le Mercosur sert à ça.
07:34C'est-à-dire que, bien sûr, dans l'agriculture,
07:36on voit les éleveurs s'ériger contre le Mercosur.
07:38Mais le Mercosur doit justement permettre,
07:39parallèlement dans d'autres secteurs à l'Europe,
07:41lui permettre de sécuriser les enjeux vitaux.
07:44Et notamment l'approvisionnement en terres rares
07:45pour moins dépendre de la Chine,
07:47plus aller s'approvisionner en Amérique du Sud.
07:48C'est possible, mais j'ai le sentiment que l'Europe peut se nourrir elle-même,
07:50en tout cas le pays,
07:51et que ce n'est pas en s'appuyant sur le Mercosur
07:53qu'on va trouver des terres rares,
07:55ce genre de produits.
07:57Est-ce que l'Europe serait prête à, par exemple,
07:59revenir sur certains engagements environnementaux
08:01pour justement regagner en souveraineté sur les terres rares ?
08:04Parce que c'est vrai que ça pollue beaucoup.
08:05L'extraction minière et le raffinage de terres rares
08:08sont extrêmement polluants.
08:09Effectivement, c'est un des enjeux.
08:10C'est un enjeu de société qu'il faut discuter en tant qu'elle.
08:13Alors, comme catalyseur, évidemment,
08:15il y a les résultats d'entreprises
08:16qui vont commencer à être publiées.
08:18Évidemment, c'est les financières et les bancaires américaines.
08:23Qu'est-ce qu'on en attend globalement ?
08:26On va avoir, à mon avis, une saison de résultats qui est plutôt bonne.
08:28Enfin, à mon avis.
08:29En tout cas, s'agissant du secteur bancaire en Europe,
08:31ça se passe très bien.
08:31Parce que quand vous avez des taux longs
08:33qui sont à 5% entretenus par la politique de contraction
08:37du bilan de la Banque centrale
08:39et des dépôts qui sont non rémunérés,
08:41je dirais que le métier de banquier,
08:42ce n'est pas très compliqué.
08:44Lorsque vous avez des taux courts à zéro
08:45et des taux longs à 5%,
08:46c'est assez commode.
08:49Aux Etats-Unis, c'est un peu la même chose.
08:51Le seul risque aux Etats-Unis,
08:52c'est sur les petites et moyennes banques
08:54où là, on a une montée des risques de crédit.
08:57Vous le voyez notamment avec des défauts
08:59qui apparaissent dans le secteur du subprime,
09:01notamment dans le secteur automobile
09:02et également le secteur des fabricants automobiles,
09:05les sous-traitants, ceux qui ont des pneus,
09:06des matériaux, etc.
09:07Où là, effectivement,
09:09les mesures de l'administration Trump
09:10commencent à peser,
09:13notamment dans les Etats
09:14avec une forte population hispanique.
09:17Donc tout ça commence à jouer,
09:18mais pour le moment,
09:19je ne vois pas véritablement d'inquiétude
09:21sur la saison des résultats.
09:22Demain, Publicis dévoilera ses résultats.
09:24Ce sera demain matin.
09:25Un premier groupe du CAC 40 a annoncé ses résultats.
09:27Vous êtes plutôt sur un pari à la hausse
09:28ou à la baisse avant la publication ?
09:29Écoutez, le sentiment que Publicis
09:30est plutôt bien orienté.
09:31En tout cas, on voit que la dynamique
09:33de la croissance du chiffre d'affaires
09:34est supérieure à celle de ses concurrents.
09:36Ils ont fait de très belles acquisitions
09:38aux Etats-Unis il y a quelques années.
09:40Tout cela est en train de porter ses fruits.
09:42On peut penser que le groupe sera moins victime
09:44que d'autres des progrès
09:45de l'intelligence artificielle.
09:46Et LVMH demain soir, après la clôture ?
09:48LVMH, à mon avis, sera un peu plus compliqué
09:50pour des raisons globales.
09:51Mais ça, je pense que c'est un peu le modèle.
09:53C'est toujours été ma vision des choses.
09:54Le modèle de l'industrie du luxe,
09:55enfin dite du luxe,
09:56me semble quand même avoir mangé son pain blanc.
09:59Mais c'est mon sentiment.
10:00Ah oui, alors que Mangan Sané
10:02s'attend à un choc,
10:03non, une explosion de créativité
10:05dans les prochaines années.
10:06Nous verrons bien.
10:07À suivre.
10:08Merci beaucoup.
10:09Je n'ai pas convaincu Emmanuel là-dessus.
10:10Merci de nous avoir accompagné
10:12aujourd'hui la financière de la cité.