00:00Il vient de nous rejoindre, 15h44, Thomas Levoski.
00:03Bonjour Thomas.
00:04Bonjour à tous les deux.
00:05On est ravis de vous retrouver responsable de la stratégie action d'Odo BHF.
00:09Thomas, vous allez rendre votre diagnostic sur les marchés européens et sur l'Europe en particulier.
00:13Ce diagnostic est-il clair comme de l'eau de roche ?
00:16Il l'est.
00:17Alors on l'écoute.
00:19J'estime et je l'assume que l'Europe souveraine avance.
00:24Oh !
00:25L'Europe souveraine avance, dites-vous.
00:28La souveraineté européenne, comme ça, qui prime abord ne saute pas aux yeux.
00:31Mario Draghi, en début de semaine, disait que tout allait encore trop lentement en Europe.
00:35Mais vous, vous la voyez quand même grandir cette souveraineté européenne ?
00:38Absolument.
00:39Je l'estime et j'assume qu'on assiste à un réveil de la souveraineté européenne.
00:44Alors à trois niveaux.
00:46Au niveau de l'Union européenne elle-même, au niveau des États membres, qui sont comme des acteurs,
00:50et même au niveau de la société civile ou du secteur privé et du secteur de l'investissement.
00:54Sur l'Union européenne, on a quand même...
00:59Alors évidemment en Europe ça bouge à un rythme de grande union de pays.
01:02Mais les orientations budgétaires qui ont été données le 16 juillet dernier par la Commission européenne
01:08mettent en premier lieu le mot « souveraineté ».
01:11En deuxième, « durabilité ».
01:12En troisième, « compétitivité ».
01:14Et il y a de l'argent qui vient sur la table.
01:16On va passer sur le cadre budgétaire européen, donc de 28 à 2034,
01:21à 2 000 milliards d'euros d'investissement et de soutien divers,
01:25contre 1 000 milliards sur le plan précédent.
01:28On a différents dispositifs, je ne veux pas tous les détailler,
01:31mais le premier c'est quand même un fonds de compétitivité européenne à 400 milliards,
01:34le financement de la recherche à 175 milliards,
01:37des mécanismes de soutien des États,
01:40et là-dedans sur les soutiens de crise il y a la multiplication de la mobilité militaire,
01:43et un fonds spécial de 130 milliards sur les sujets défense, sécurité et dans le domaine spatial.
01:49Donc ça c'est l'UE.
01:50Après, sur les États membres, dans la note qu'on a publiée,
01:53on donne un certain nombre d'exemples de dispositifs nationaux.
01:57Évidemment, tout le monde parle de l'Allemagne, ça a commencé en 2022 avec Olaf Scholz,
02:01mais on a tout un tas de pays qui ont augmenté leur effort,
02:04la Pologne sur la défense, et puis il y a beaucoup de dispositifs européens.
02:07Et enfin, le dernier c'était le secteur privé, c'est l'épargne européenne,
02:10qui pourrait être aussi un vecteur de souveraineté.
02:14Eh bien, on se rend compte qu'en France et dans d'autres pays,
02:17il y a des fonds défense qui se créent,
02:19il y a des fonds qui deviennent d'ailleurs non seulement défense,
02:21mais souveraineté,
02:23qui peuvent investir dans différents types d'actifs,
02:25dans le secondaire, dans le primaire, dans le privé d'équité, dans la dette privée.
02:28Donc il y a aussi l'épargne des Européens qui est active là-dessus.
02:31Et donc nous, à ODBHF, on a voulu regarder là où c'était le mieux d'investir.
02:35On a trouvé beaucoup d'opportunités d'investissement,
02:39on a trouvé plus d'une centaine d'entreprises européennes cotées,
02:43sur lesquelles on peut investir si on croit à ce mouvement de souveraineté européenne.
02:47Et on a fait deux sélections,
02:48les sept magnifiques de la souveraineté européenne et les 20 étoiles montantes.
02:52Alors les sept magnifiques, c'est un clin d'œil évidemment aux sept magnifiques européennes.
02:56On a dedans...
02:57Américaines qu'on salue, on va les dépasser grâce à nos sept magnifiques à nous en Europe.
03:01Alors, ce n'est pas tout à fait au même niveau des sept magnifiques,
03:03parce que les sept magnifiques américaines,
03:05c'est les sept premières capitalisations de l'indice,
03:07et c'est 30% de l'indice S&P 500.
03:09Mais néanmoins, ce qu'on a identifié,
03:10deux valeurs de la défense,
03:11Rheinmetall, Thales,
03:13ASML dans les semi-conducteurs,
03:16SAP dans le digital,
03:17Schneider Electric ou Siemens Energy dans l'industrie,
03:20et tout ce qui est lié à la transition énergétique,
03:22ou l'ONZA dans la santé,
03:23sont quand même des belles valeurs,
03:25qui ont monté depuis 2024 de 60%
03:27quand l'indice ne montait que de 15%.
03:29Donc, on a quand même, en termes de performance boussière,
03:31des beaux moteurs,
03:32et nos 20 étoiles montantes,
03:33qui sont des capitalisations plus petites,
03:35on a prévu que ces entreprises
03:37aient une croissance des bénéfices
03:39de presque 50% sur les trois prochaines années.
03:42Donc, c'est quand même très impressionnant.
03:43Il y a beaucoup de perspectives de croissance.
03:45Et pas 50% par an ?
03:46Si ?
03:47En moyenne.
03:48En moyenne, oui.
03:49Il y a des très belles entreprises
03:50qui vont doubler par an.
03:51Il y a vraiment des belles trajectoires.
03:52C'est beau.
03:53Quelles sont ces étoiles montantes de la défense
03:55cotées en bourse ?
03:57Alors, sur les étoiles montantes de la défense,
04:00on a notamment ExoSense et Extel Technologies.
04:03On a deux petites pépites françaises.
04:07ExoSense, c'est la moitié de son chiffre d'affaires
04:09qui est exposé auprès des armées européennes.
04:11Ça fournit des tubes intensificateurs
04:13pour les systèmes de vision nocturne.
04:14Donc, c'est évidemment très ciblé.
04:16C'est le troisième mondial,
04:18après deux acteurs américains.
04:19Et ça, des technologies qui ne sont pas supervisées
04:21par un certain nombre de restrictions américaines.
04:23Donc, possibilité de croissance assez importante,
04:25sans intervention extérieure.
04:26Pour une valeur souveraineté,
04:27d'avoir une technologie qui ne dépend pas des US,
04:29c'est quand même plutôt pas mal.
04:31Une autre valeur française,
04:32Exel Technologies.
04:33Alors là, on est sur deux types de cycles.
04:35Plus 500% depuis le début de l'année déjà.
04:37Voilà.
04:38Mais ça va continuer.
04:39Alors, peut-être pas à ce rythme-là.
04:41Mais c'est spécialisé sur les drones navals
04:43et aussi sur ce qu'on appelle
04:45les systèmes de positionnement
04:46qui permettent aux engins militaires
04:48de se repérer.
04:49C'est le numéro 3, là aussi,
04:53sur les centrales inertielles,
04:54derrière deux acteurs aux US.
04:55Donc, on a des belles sociétés
04:57qui vont bénéficier, je dirais,
04:59pour revenir sur la défense,
05:01de l'augmentation des budgets.
05:02C'est ça.
05:02Alors, on pense souveraineté,
05:03d'abord défense, bien sûr.
05:05C'est le premier thème qui nous vient en tête.
05:07Et c'est quelques acteurs
05:08amenés encore à progresser en bourse
05:09que vous venez de citer.
05:10Mais, par exemple, en matière digitale,
05:12est-ce qu'on peut vraiment parler,
05:13vu la dépendance européenne aux États-Unis,
05:15en matière digitale,
05:16de souveraineté,
05:17et de souveraineté croissante
05:18amenée à se traduire aussi
05:19par de belles perfs boursières ?
05:21Alors, on a pris un petit peu
05:22trois domaines dans le digital.
05:24Il y en a un premier
05:24qui est un peu lié largement
05:25qui est sur les télécommunications
05:28et donc sur les satellites.
05:29Alors là, clairement,
05:30on est à la traîne.
05:31On a bien vu,
05:32sur la crise en Ukraine,
05:33la dépendance à Starlink,
05:35c'est un acteur majeur
05:36qui va être difficile de rattraper.
05:37Nous, ce qu'on souligne,
05:38c'est qu'on a quand même
05:39ce projet Iris Square
05:41lancé par la communauté européenne
05:42de 10 milliards d'euros
05:44pour la construction
05:45d'un réseau satellite sécurisé,
05:46qui s'appliquerait surtout
05:47au système de défense des États
05:48avec un consortium SES,
05:51E-Telsat et Ispasat.
05:53Donc, ça va quand même
05:53permettre à ces entreprises
05:54d'augmenter très nettement
05:56le chiffre d'affaires.
05:57Et après,
05:58ça a un horizon assez long terme.
05:59Ça va commencer normalement
06:00en 2030.
06:00Donc, les chiffres d'affaires
06:01commenceront en 2030.
06:02Il y a des risques d'exécution.
06:04Mais c'est trois belles sociétés.
06:05Et si on veut jouer
06:06des acteurs peut-être
06:06un peu plus solides
06:07dans le domaine des satellites,
06:09on a aussi
06:09toutes les activités spatiales
06:11d'Airbus,
06:12chez Thales
06:13ou même chez Leonardo aussi.
06:14Donc, on a plusieurs façons
06:15de jouer.
06:16Sinon, du côté de l'énergie,
06:19est-ce qu'on peut parler
06:20de souveraineté ?
06:20On importe quand même
06:2180% de notre énergie ?
06:24Alors, comme souvent en bourse,
06:26on regarde la dynamique.
06:27C'est-à-dire qu'on est
06:28effectivement dans une dépendance
06:30à la souveraineté
06:30qui est assez importante.
06:32Mais il y a plusieurs manières
06:33d'y répondre.
06:34D'abord, il y a évidemment
06:35le sujet du gaz russe.
06:36Donc là, il y a toute la partie
06:37liquéfaction du gaz.
06:39On a un acteur
06:40qui est Vopac,
06:41vraiment un leader mondial
06:42dans les systèmes
06:43de fabrication de terminaux
06:45et d'importation
06:45de gaz naturel liquéfié
06:46et du stockage de liquides.
06:47Il y a deux très gros terminaux
06:49aux Pays-Bas
06:49dont dépend l'Europe.
06:50Et il y a vraiment
06:51des perçus de croissance
06:52assez importantes
06:52pour cet acteur.
06:53Donc cet acteur
06:54peut être amené
06:54à se développer,
06:55c'est ce qui nous intéresse,
06:57dans cet environnement
06:58de moindre dépendance
06:59au gaz.
07:00On peut rappeler
07:00le nom de cette valeur
07:00parce qu'elle n'est pas forcément...
07:01Vopac.
07:02V-O-P-A-K.
07:04Super.
07:04Côté à Amsterdam,
07:06si je ne dis pas de bêtises.
07:07Et puis, il y a toutes nos majors
07:08des énergies renouvelables.
07:10Alors voilà.
07:10Après, le deuxième aspect
07:11de la dépendance,
07:12c'est d'avoir des énergies renouvelables.
07:15Il y a toujours des sujets
07:15sur le renouvelable,
07:16sur les équipements.
07:17Il y a des équipements
07:17qu'on importe de chez...
07:18Mais il y a aussi...
07:19On parlera peut-être après
07:20des minerais aussi
07:21pour le renouvelable.
07:22Mais néanmoins,
07:23on a des majors européennes
07:24qui ont quand même largement investi
07:25dans la transition énergétique.
07:27On a Total, le français,
07:28l'espagnol, le repsol,
07:30qui marche d'ailleurs très bien en bourse.
07:31Je fais un peu...
07:32Depuis, on a notre liste
07:33de valeurs recommandées
07:34chez O2BHF tout cet été.
07:35Il marche bien malgré un pétrole
07:36qui ne bouge pas trop là-dessus.
07:38Il est très spécialisé
07:39sur le raffinage.
07:40Donc, ça marche bien.
07:41Les marches de raffinage,
07:42c'est un peu de court terme.
07:43Mais on a l'italien et l'ennie.
07:45Et puis, on a aussi
07:45des champions un peu nationaux.
07:47L'autrichienne OMV,
07:49la polonaise Orlen,
07:50qui travaille sur le développement
07:52du renouvelable,
07:52qui travaille aussi
07:53sur l'approvisionnement en gaz.
07:57conservateur dans les hydrocarbures
07:58et même de petites valeurs.
08:00Je vais vous donner
08:00une petite anecdote historique
08:01sur ce Psy7 et TTP Energy.
08:04Donc, c'est dans les services pétroliers
08:05qu'ils pourraient bénéficier
08:06si on reprend un peu plus
08:08de production d'hydrocarbures
08:09en Europe.
08:10Mais en fait, leurs ancêtres,
08:11parce qu'il y a eu
08:12des transformations, des rachats,
08:14c'était Stolt et Koflexip
08:17qui ont développé
08:18leur technologie de forage offshore
08:20dans les années 70,
08:21après le choc pétrolier
08:22quand on a voulu forer en Europe.
08:23Donc, cette question de souveraineté,
08:25quand on a des fonds qui arrivent,
08:28ça peut permettre aussi
08:28de développer des technologies
08:29qui après s'exportent
08:30sur le plan mondial.
08:31Alors là, c'est quand même
08:32très précieux pour nos éditeurs
08:33et téléspectateurs
08:34parce que vous nous parlez
08:35de plein de valeurs.
08:36Là, chacun peut noter
08:37sur chaque thématique
08:37les mieux positionnés
08:38pour contribuer à cette croissance
08:40de souveraineté.
08:41On l'espère en tout cas
08:41pour l'Europe.
08:42Sauf qu'à la racine,
08:43il faudra avoir
08:44les bonnes matières premières aussi.
08:45C'est-à-dire que pour développer
08:47des éoliennes, etc.,
08:48ou du nucléaire,
08:49il faut avoir la matière première.
08:50Et on n'a pas la matière première.
08:51Enfin, on a beaucoup d'idées
08:52en Europe.
08:52On a beaucoup de pierres en France,
08:53un magnifique patrimoine immobilier.
08:55Mais des terres rares,
08:56peut-être qu'on en a,
08:57mais on choisit
08:57de ne pas les exploiter.
08:58Là-dessus, on est peut-être
08:59un peu pauvre.
08:59Ce ne sera pas plus compliqué
09:00en matière de souveraineté
09:01sur l'approvisionnement
09:02minerai essentiel ?
09:04Alors, sans aller sur les terres rares,
09:06dont la question du raffinage
09:07des terres rares
09:08est principalement
09:09une question réglementaire
09:10et d'écologie.
09:12Parce que même en Chine,
09:13elle importe les minerais
09:14qui après, elle raffine
09:14pour avoir les terres
09:15qui sont en faible quantité
09:17dans les matériaux
09:20qu'elle raffine.
09:21On a là aussi
09:22un début de prise de conscience
09:24puisqu'en 2023,
09:25on a eu,
09:25alors c'est toujours l'Europe,
09:26c'est toujours des actes
09:27bien déclaratoires,
09:28on a eu le Critical Role Material Act,
09:30donc l'acte sur les matières
09:31premières critiques
09:32qui vise justement
09:34les métaux de la transition énergétique.
09:36Donc, qui vise le nickel,
09:37le lithium,
09:38ce genre de minerai
09:39dont on a besoin
09:39pour les batteries
09:40et qui vise aussi le cuivre
09:41dont on a besoin
09:42quand on passe
09:43en transition énergétique
09:45vers davantage de génération
09:46d'électricité
09:47plutôt que sur les hydrocarbures.
09:49Donc, il y a un certain nombre
09:50de projets,
09:51la Commission européenne
09:52a listé 47 projets
09:53qui vont au moins bénéficier
09:54d'un effort d'assouplissement
09:55de réglementation.
09:56Alors, tenez-vous bien
09:57parce qu'on veut passer
09:59de 5 à 10 ans
10:00pour l'accord de permis
10:01à 27 mois.
10:03Alors, on dirait,
10:04c'est divisé par 4 ou 5.
10:05On voit qu'on a encore
10:06un peu de chemin à parcourir.
10:07C'est bon.
10:08Ce n'est pas forcément,
10:10je veux dire, irréaliste
10:11parce qu'on sait bien
10:11que pour faire une nouvelle mine,
10:13il y a tout un tas
10:14de réglementation
10:16à regarder
10:16et puis la gestion
10:17de l'opinion publique,
10:18des pouvoirs publics.
10:19Donc, il y a ça,
10:20il y a 10 milliards dessus
10:21et on a, nous,
10:22toujours des valeurs.
10:23On a quand même en France,
10:24en Europe,
10:25et en France,
10:25au Rubis,
10:26qui est le plus grand producteur
10:27de cuivre en Europe.
10:28Et donc, le cuivre,
10:29c'est vraiment
10:29la pierre angulaire
10:30de toute la transition énergétique.
10:32il y a des investissements
10:33assez importants
10:35qu'ils veulent faire en Europe
10:35parce qu'évidemment,
10:36ils font des extractions
10:37de rentre de l'Europe.
10:37Donc, cet acteur avance.
10:39Et alors, sur un autre point,
10:42tout ce qui concerne
10:43les batteries électriques,
10:44on a Humicor,
10:45qui est le premier producteur
10:46européen de matériaux
10:47pour les batteries,
10:47qu'on appelle les précurseurs
10:49de matériaux cathodiques.
10:50Il y a une usine,
10:52déjà à Nisa,
10:53en Pologne.
10:54Il y a un autre projet
10:54avec Volkswagen.
10:56Donc là,
10:56c'est des acteurs quand même
10:57qui développent
10:58des sujets
10:59sur le lithium.
11:01Thomas Zlovoski,
11:02merci beaucoup
11:03d'être passé nous voir.
11:04Intéressant,
11:04la souveraineté européenne,
11:05si vous ne la voyez pas
11:06d'un point de vue politique,
11:07vous pouvez commencer
11:08à la percevoir
11:08à travers les entreprises
11:09leur performance
11:11et leur business
11:11qui se développent.
11:12Vous en avez cité plein là.
11:13Merci beaucoup Thomas.
11:14Merci.
11:14Le privé n'attend pas
11:15pour la souveraineté européenne
11:16et prend sa part.
11:17Bien dit.
11:17Odo BHF.