00:00Lui aussi il est expressif, il vient de nous rejoindre et je vois qu'il a peur à son visage.
00:03C'est David Kruk, la musique qui fait peur bien sûr.
00:06Bonjour David.
00:07Bonjour Antoine.
00:07On est ravi de vous retrouver.
00:08Oui, vous avez peur David, c'est la financière de la Chiquier, vous nous accompagnez régulièrement.
00:12Vous avez peur parce que, ou pas d'ailleurs, vous allez rendre votre verdict.
00:15Ce verdict que vous allez rendre, cet instant que l'on va vivre, est-ce que vous l'assumez David ?
00:19Alors totalement, j'estime et j'assume que la performance des deux dernières mois se fera par les retardataires.
00:27Mal de performance.
00:28Vous n'êtes pas eu peur de le dire.
00:30La performance des deux derniers mois de l'année, donc la performance d'ici à la fin de l'année qu'on aura sur les marchés, sur les indices, à vos yeux,
00:35elle sera portée par les valeurs en retard plutôt que par les grosses valeurs type IA et compagnie.
00:40Pourquoi les valeurs en retard ?
00:42Alors déjà c'est une bonne journée pour le faire puisque le CAC 40 reprend 2%, les valeurs du luxe enfin prennent de la performance,
00:48tout comme les télécoms et d'autres valeurs d'ailleurs des secteurs un petit peu en retard.
00:53Parce que je pense que la traction de l'IA va être un petit peu plus compliquée.
00:58Il y a eu un sondage de Bank of America, le Fund Manager Survey qui sort tous les mois,
01:03et 54% des investisseurs disaient que le risque principal des marchés est la bulle IA.
01:11Et c'est assez intéressant parce que je ne reçois plus aucun document lié à l'inflation, lié à la récession,
01:17lié aux politiques monétaires américaines ou européennes.
01:21Mais ce qui cristallise l'attention des investisseurs en ce moment, c'est vraiment l'IA.
01:25Et donc les secteurs qui ont poussé les marchés ces derniers temps, en Europe ça a été la défense,
01:30ça a été les bancaires et ça a été aussi beaucoup l'IA.
01:33Donc on sent qu'il y a énormément de questionnements aujourd'hui sur l'IA.
01:36Est-ce qu'il y a bulle ou pas bulle ? Est-ce qu'il y a le tout big tout fail ?
01:39Est-ce que les investissements vont être, les investissements vont être faits ?
01:43Est-ce que les return in equity vont être là ?
01:45Donc il y a beaucoup, beaucoup de questions.
01:47Et c'est vrai que les montants en jeu sont vraiment colossaux.
01:50On parle de 400 milliards d'investissements par an sur l'intelligence artificielle.
01:55Juste pour vous donner, le programme Apollo spatial des années 70, c'était 300 milliards sur 10 ans.
02:00Alors des dollars d'aujourd'hui bien sûr, sinon ça n'aurait pas de sens.
02:03Mais ça veut dire qu'on finance un programme Apollo tous les 10 mois, Guillaume.
02:06Donc les besoins sont incroyables.
02:09Mais ça provoque des questions.
02:10Et quand on provoque des questions, quand on provoque des débats dans les marchés financiers,
02:14c'est généralement qu'on enlève de la performance,
02:17ou en tout cas que les titres vont faire moins de performance qu'ils n'ont fait ces derniers temps.
02:20Là où il y a débat, il y a manque de performance.
02:22Mais dans le même temps, c'est là où j'arrive,
02:25c'est que les besoins d'investissement dans les marchés sont toujours là.
02:28On a des hedge funds qui sont présents,
02:30on a des fonds d'investissement qui ont des besoins d'investissement,
02:32les particuliers sont...
02:33Il va falloir les nourrir.
02:35Et dans ce cas, ils vont venir s'investir dans des secteurs qui sont en mal de performance,
02:40comme ça arrive souvent en fin d'année.
02:42Souvent, dans les derniers mois, les mauvais performeurs font la performance.
02:47Et je pense que cette fois-ci, parce que les grands performeurs de ces derniers mois
02:50vont être un peu à l'arrêt,
02:52ça ne veut pas dire qu'ils ne vont pas reprendre la performance plus tard,
02:54mais il y a des questions, il faut répondre aux questions.
02:57Malheureusement, les chiffres d'NVIDIA, ce sera mi-novembre,
02:59les chiffres de Broadcom, ce sera mi-décembre.
03:01C'est dans mon temps.
03:01Donc, il va falloir être patient, Guillaume, il va falloir que vous soyez patient
03:04pour répondre à ces questions sur l'IA.
03:06Mais dans le même temps, je pense que les investisseurs vont se tourner
03:08sur ces secteurs qui sont plus en mal de performance.
03:10Oui, et la séance du jour, on est peut-être effectivement le signe et le signal.
03:14LVMH en tête, mais alors plus 12% LVMH.
03:16Après, c'est vrai, une publication meilleure qu'attendue,
03:18mais pas non plus brillantissime.
03:19Et pourtant, plus 12%.
03:20On est là sur une valeur qui a un petit peu souffert quand même
03:22depuis le début de l'année, qui a accumulé un peu de retard.
03:26Est-ce que vous vous dites aussi que les retardataires feront la hausse
03:29dans les deux prochains mois, la hausse de la fin de l'année,
03:31dans la mesure où eux aussi finiront par bénéficier de l'IA ?
03:34C'est-à-dire que les géants de la tech américaine
03:36posent un peu question sur le montant de leurs investissements.
03:38En revanche, il y a moins de doute sur le fait que l'IA finira
03:40par se diffuser à tous les autres acteurs également
03:42qui n'en ont pas bénéficié encore en bourse.
03:44C'est tout à fait exact. Votre question est très intéressante.
03:46Mais d'ailleurs, vous connaissez le nouvel acronyme
03:48qui circule dans tous les bureaux de New York.
03:50Ce n'est plus le FOMO qui était lié aux investisseurs,
03:52donc de louper la tendance des marchés,
03:55mais c'est le FOMO, donc c'est le fait de fear of being obsolete.
03:59Donc c'est la peur de devenir obsolète pour les sociétés
04:01qui n'investiraient pas dans l'intelligence artificielle.
04:05Fear of being obsolete.
04:06Le but, c'est de ne pas être obsolète.
04:13Et c'est vrai qu'il y a les capitaux pour.
04:15On voit qu'il y a à peu près, si je prends 30 sociétés du S&P
04:19qui représentent 40% de l'indice,
04:21c'est à peu près 24 trillions de market cap.
04:23Ils ont 600 milliards de dollars de cash à l'intérieur.
04:26Donc ce que je veux dire par là, c'est que l'investissement dans l'IA
04:30va continuer et va se diffuser dans tous les secteurs
04:33et probablement qu'il y a un grand nombre de secteurs
04:35qui vont en bénéficier.
04:36Mais l'IA a encore, bien sûr, un avenir exceptionnel.
04:39C'est une révolution et ça, il ne faut pas en douter.
04:41En tout cas, bulle ou pas bulle, moi, je crois qu'il n'y a pas de bulle
04:44et que l'IA continuera de progresser.
04:46Mais il faut lui laisser le temps de répondre à ces questions.
04:49Il fallait trouver quand même.
04:50Après, l'effet FOMO, l'effet FOMO.
04:51C'est JP Morgan.
04:53C'est JP Morgan.
04:54D'accord, voilà.
04:55Fair of being obsolete.
04:57Voilà, et raté la vanille.
04:58C'est ce que vous allez entendre beaucoup ces prochains temps.
05:00Vous dites qu'il n'y a pas de bulle et finalement, le train reste haussier.
05:03Sauf qu'on a une économie américaine qui de plus en plus forme un cas
05:07avec une divergence croissante.
05:08Le cas, vous savez, une branche du cas qui monte,
05:10c'est les ultra-riches qui portent presque à eux seuls
05:12les bons indicateurs macro-américains.
05:14Et puis l'autre branche qui descend du cas,
05:16c'est le reste de la population qui s'appauvrit.
05:18Est-ce que ça, ce n'est pas un problème pour l'avenir des marchés ?
05:20Alors je dirais, pour l'économie en elle-même, peut-être socialement, probablement.
05:24Pour les marchés, probablement pas du tout d'ailleurs.
05:26Parce qu'effectivement, on s'est aperçu que les bas salaires
05:29avaient évidemment des problèmes d'emploi
05:31et ça s'est caractérisé par les derniers chiffres qu'on a vus.
05:35On voit aussi les jeunes qui ont des problématiques sur l'emploi,
05:37mais les retail sales, donc tout ce qui est consommation,
05:40en tout cas des hauts ménages, des hauts revenus, se portent extrêmement bien.
05:43Pourquoi je vous dis ça, Guillaume ?
05:44Parce que les ménages détiennent 40% des actions aux Etats-Unis, du S&P.
05:48et 90% de ces actions sont détenues seulement par 10% les plus riches.
05:54Donc en fait, si vous regardez, c'est la FED qui donne ce chiffre,
05:58les 1% les plus riches détiennent 2,6 trillions de dollars aux Etats-Unis.
06:02Pourquoi je vous dis ça ?
06:03Parce que finalement, si les ultra-riches vont bien,
06:05les marchés iront bien, tout simplement.
06:07C'est eux qui détiennent la clé.
06:09C'est-à-dire que le problème, c'est qu'effectivement,
06:10les bas salaires n'ont pas énormément de leur patrimoine en actions,
06:14donc le miroir des actions sont vraiment les hauts salaires,
06:19et non pas les bas salaires.
06:20Oui, mais hier, quand même, le FMI a lancé une alerte en disant
06:23qu'il y a quand même un certain nombre de chocs,
06:25chocs économiques au sein de la société américaine et même,
06:28une divergence croissante entre les riches et les autres.
06:30Il y a des chocs, bien sûr, géopolitiques,
06:32la guerre commerciale, des déficits publics élevés.
06:35Et pour le FMI, compte tenu de tous ces risques,
06:36les marchés mondiaux sont surcotés.
06:39Il y a une surcote, surévaluation 10%.
06:42Il devrait chuter aux yeux du FMI de 10%.
06:43Est-ce que vous partagez quand même un peu du diagnostic ?
06:46Je trouve que 10%, ce n'est pas beaucoup.
06:48Ce n'est pas une surévaluation qui me paraît très importante.
06:52Surtout qu'encore une fois, la valorisation par rapport à quoi ?
06:54Par rapport à un historique ?
06:55Moi, je fais partie de ceux, et je viens souvent le dire,
06:58je pense qu'il y a une expansion des multis qui est naturelle sur ces marchés.
07:01Pourquoi ? Parce que l'offre de marché est très faible,
07:04il y a très peu d'IPO, et dans le même temps,
07:06il y a extrêmement de demandes qui est absolument…
07:10On ne peut pas la freiner, je n'avais pas trouvé le mot,
07:12mais en tout cas, qui est infrénable,
07:14et qui est en expansion constante.
07:16Donc, les marchés, rien que par l'équation des flux,
07:19ne peuvent coprogresser.
07:20Donc, si finalement, on n'est surévalué que de 10%,
07:23vu l'orientation de l'économie actuelle,
07:27de ce Goldilocks qui est avec nous,
07:29c'est-à-dire une bonne croissance des résultats
07:31qui vont être probants,
07:32et en même temps un cycle de baisse des taux qui est là,
07:35moi, je trouve que ce n'est pas excessif.
07:36C'est vrai que 10%, c'est un peu la tête de l'épicier,
07:39c'est quand on n'a pas vraiment d'idées.
07:42On salue le FMI s'il nous écoute.
07:45On pourrait s'en contenter.
07:46Non, dans quand même l'abondance des publications d'entreprises
07:50auxquelles on a droit en ce moment,
07:52est-ce qu'il y a un secteur, une valeur,
07:54qui peut constituer une publication, on va dire, à risque ?
07:58À risque, je ne sais pas.
08:00Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de risques
08:01sur les résultats globalement du troisième trimestre.
08:03On attend environ, je crois, autour de 8% de progression
08:08des résultats du troisième trimestre.
08:10Mais si on regarde, si on prend la techno, c'est 20%.
08:13Ça veut dire que sur les 493 autres valeurs,
08:16on n'attend à peu près que 4%.
08:17Donc, les anticipations des résultats du T3 sont relativement faibles.
08:21Et je pense que la barre sera facile à sauter.
08:25Et donc, je ne vois pas vraiment de risque.
08:26Maintenant, là où il y aura beaucoup d'attentes,
08:29évidemment, c'est encore sur les résultats de l'IA.
08:31Et c'est pour ça que je citais en préambule NVIDIA
08:34qui sera mi-novembre et Broadcom mi-décembre.
08:36Il va falloir être patient, Antoine, c'est sûr.
08:38C'est David Cru qui nous accompagne régulièrement,
08:39la financière de l'échiquier.
08:41Juste un minimo, David, sur LVMH en hausse de 12%.
08:44Après sa publication, on va beaucoup y revenir
08:45tout au long de l'émission.
08:46Ce matin, il a fallu attendre 12 minutes
08:48avant que LVMH puisse être coté.
08:49Le titre était réservé à la hausse pendant 12 minutes.
08:52Enfin, il n'y a qu'à Paris que ça existe, des trucs comme...
08:54À Wall Street, par exemple, on a vu des valeurs
08:56ces dernières semaines gagner 30-40%
08:58sans que le titre soit réservé à la hausse.
09:00À Paris, il faut attendre 12 minutes pour qu'LVMH,
09:02la première pondération, puisse coté.
09:04Est-ce que c'est une anomalie ou c'est normal ?
09:06Moi, je trouve que c'est même rassurant, je vais vous dire.
09:07Parce que quand on regarde ce qui s'est passé aux US,
09:09aux Etats-Unis, sur le flashcrack,
09:11finalement, il y a pas mal de bourses
09:13où les choses se passent anormalement,
09:15même en Italie où on a parfois les résultats
09:16avant la clôture.
09:18Donc, je trouve qu'ils protègent les actionnaires
09:20et finalement, ce n'est pas si mal.
09:2110 minutes, ce n'est pas grave
09:22si réellement, pour trouver l'équilibre
09:25entre offres et demandes sur ce titre.
09:26Donc, je trouve ça finalement plutôt rassurant.
09:28On salue Étienne Braque qui, le matin,
09:29Good Morning Markets, doit parfois attendre
09:31que les titres ne soient plus réservés
09:33à la hausse ou à la baisse
09:33pour enfin pouvoir donner leur cotation.
09:36C'était le cas.
09:36Il a failli attendre 9h12 ce matin pour LVMH.
09:38Ça va aller le coup, manifestement,
09:39puisqu'il est encore en hausse, ce titre de 11%.
09:41En ce moment, ce n'est pas grave, dites-vous.
09:44David Kruk, merci David.
09:45Merci beaucoup, Guillaume.
09:45Merci.