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  • il y a 21 heures
Ce vendredi 3 octobre, Ronan Blanc, gérant obligataire chez Montpensier Arbevel, et Christopher Dembik sont revenus sur les différents indicateurs du risque géopolitique et sur la protection imparfaite de l'or, dans l'émission Tout pour investir, la masterclass, sur BFM Business. Retrouvez l'émission tous les vendredis à 11h.

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Transcription
00:00Tout pour investir, la masterclass, les signaux faibles.
00:05Alors point qui est important déjà pour évoquer, c'est tout simplement de voir qu'est-ce qu'on entend par risque géopolitique, on l'a beaucoup évoqué.
00:13Alors il y a deux manières d'appréhender le sujet, tout d'abord le premier point c'est du côté de l'économiste plutôt, vous avez un indicateur qui s'appelle le risque géopolitique.
00:22L'indicateur de risque géopolitique qui a été créé par deux chercheurs, notamment Kaldara et Yacovelli, c'est aujourd'hui le meilleur moyen pour essayer de comprendre comment ça a un impact sur le marché.
00:34L'indicateur de risque géopolitique finalement il permet de monitorer dans les médias et notamment avec les médias anglo-saxons toutes les références au risque géopolitique.
00:43Avec un point qui est important, chaque événement géopolitique qui est mentionné va avoir un score de risque.
00:48Alors cet indicateur, c'est un indicateur comme vous le voyez qui connaît des grands pics lorsqu'on a des moments de volatilité qui sont très importants et de risque.
00:56L'avantage qui est principal de cet indicateur c'est qu'il nous donne une vision historique, à savoir qu'on remonte jusqu'à 1900, donc on a un peu plus de 125 ans de traçabilité à cet égard.
01:06En revanche, peut-être l'inconvénient c'est qu'il y a un biais au niveau de la méthodologie puisqu'on est plutôt sur des références d'articles de presse, de médias qui sont plutôt anglo-saxons.
01:15Donc automatiquement c'est une vision qui est très occidentale, voire même je voudrais dire américaine, du risque géopolitique.
01:21Ça c'est le premier point, c'est un peu l'élément pour les économistes qui permet des comparaisons sur le temps long.
01:27Ensuite pour un investisseur, pour un épargnant, on a un autre indicateur qui peut être plus intéressant, qui est un peu plus opérationnel sur du court terme.
01:34C'est l'indicateur VIX, c'est tout simplement la mesure de la volatilité sur les options sur un mois.
01:40Alors le VIX a un avantage, c'est qu'il répercute quasiment immédiatement les événements géopolitiques.
01:47En revanche, le petit inconvénient, c'est que les tensions géopolitiques sur le temps long, qui ne sont pas nécessairement très exacerbées,
01:54typiquement on pensera à la première guerre commerciale lors du mandat de Trump entre les Etats-Unis et la Chine,
02:00finalement ça n'avait eu quasiment aucun impact sur le VIX.
02:03Il y a eu quelques pics légers, mais la réalité c'est que ça restait extrêmement mesuré.
02:07Donc toujours très compliqué finalement, avec ces deux indicateurs qui sont imparfaits, il faut bien le reconnaître,
02:13de voir comment on peut essayer de gérer ce risque géopolitique qui revient de manière régulière.
02:19Alors on va essayer de voir comment, du point de vue des marchés, avec mon premier invité, ça a un impact.
02:25Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui, Ronan Blanc, pour vous travailler comme gérant obligataire chez Montpensier-Arbevel.
02:33Vous avez bien sûr une longue expérience, on en parlait précédemment, notamment y compris des crises comme la crise de 2007-2008.
02:40Comment vous gérez le risque géopolitique ? On en parle énormément, mais vous au quotidien, dans vos allocations,
02:45notamment aussi bien sur le crédit, mais éventuellement sur les actions, comment on gère cet aspect-là ?
02:49Alors, ce risque est présent, on l'a rappelé depuis longtemps, on vit avec, notamment depuis 2008.
02:56Il y a un mélange de genre entre la géopolitique et la politique, parce que la frontière est quand même particulièrement perméable aujourd'hui.
03:02Ce que recherchent les investisseurs, c'est finalement où placer son argent avec une visibilité relativement importante.
03:08Et ce n'est pas évident, puisqu'on côtoie des chefs d'entreprise au quotidien, dans des secteurs très cycliques.
03:13On a une fragmentation quand même du monde tel qu'on l'a vécu.
03:17Et c'est difficile de se projeter très fortement.
03:20Aujourd'hui, sur ma classe d'actifs, notamment sur la partie crédit, c'est là, quelque part, où on a un peu le plus de visibilité.
03:27Le pic de VIX qu'on a eu au printemps dernier, suite aux hausses de droits tarifaires,
03:32finalement, la dernière classe d'actifs à avoir corrigé, c'était le crédit.
03:36Et ça n'a pas duré tellement longtemps.
03:37Et en fait, nous, notre conclusion au milieu de tout ça, c'est de se dire que les entreprises ont une posture particulièrement défensive.
03:45Justement parce que cette visibilité sur le cycle économique est relativement faible, relativement ténue.
03:50Donc elles maintiennent des liquidités comme jamais au bilan.
03:53En Europe, entre le marché d'investissement de RED et AIL, on est entre 20 et 25% des montants de dette en liquidité au bilan.
04:00C'est des rations qu'on n'avait jamais vues avant.
04:02Aux États-Unis, c'est un peu différent.
04:04Il y a une habitude d'un relâchement avec finalement une dynamique de croissance qui est toujours présente.
04:10Donc on essaye de croiser un peu différemment.
04:12On le disait juste un petit peu avant.
04:13Est-ce qu'il ne faut pas compléter ces indicateurs par éventuellement d'autres indicateurs peut-être un peu plus pertinents dans le monde de demain ?
04:22On voit les survols d'aéroports à répétition par des drones.
04:26Est-ce que cette accumulation d'épisodes de survols, est-ce que ce n'est pas un indicateur de tensions supplémentaires entre la Russie et l'Europe ?
04:36Avec des implications économiques, parce qu'on ferme des aéroports.
04:39Il y a des répercussions directes sur la fréquentation de certaines régions.
04:45Donc voilà, c'est des petites choses qui sont assez nouvelles, difficiles encore un petit peu à capter et appréhender.
04:53Mais peut-être que ça fera partie des réflexions de demain en termes de pilotage d'allocations d'actifs.
04:58Renan, vous évoquez à juste titre les survols de drones.
05:01C'est assez intéressant parce qu'en économie, vous le savez, moi j'ai un profil plus économiste.
05:04En économie, on a toujours cette difficulté de prévoir l'évolution macroéconomique.
05:08Et on a bien sûr les grands indicateurs prédictifs qui sont plus ou moins bons.
05:12Mais c'est vrai que notamment, on essaye de regarder des micro-phénomènes qui peuvent avoir un impact.
05:16Par exemple, pour savoir comment va évoluer l'évolution macroéconomique aux Etats-Unis,
05:20on va regarder notamment sur les places de parking dans les supermarchés, à quel point ils sont bondés, etc.
05:24Donc ça fait sens effectivement avec cette thématique de drones.
05:27Donc ça nécessite de travailler sur ça.
05:29Est-ce que vous considérez que finalement, pour un investisseur, on a beaucoup plus de risques géopolitiques à gérer aujourd'hui que par le passé ?
05:36Et aussi, est-ce que potentiellement, c'est une opportunité ?
05:39En mentionnant de ça, je me souviens bien sûr de la crise Covid,
05:41où on avait eu une ministre en France qui avait dit que c'est le moment d'investir en bourse.
05:45Elle n'avait pas complètement tort lorsqu'on a vu l'envolée du 440.
05:48Mais pour un épargnant, finalement, c'est très compliqué de savoir quand est-ce que c'est le point bas.
05:52Est-ce que ça peut chuter davantage ?
05:53Donc quel serait le conseil que vous donneriez à nos auditeurs et téléspectateurs ?
05:58Honnêtement, ce qu'on voit vraiment...
06:01Alors, il y a une succession de crises.
06:02Depuis 2008, on dit souvent, il y a une crise du siècle quasiment tous les trois ans.
06:05Je suis un petit peu provocateur, mais c'est un petit peu ça dans les faits.
06:10Donc cette posture défensive, encore une fois, les entreprises l'ont bien intégrée.
06:16Schématiquement, il y a encore quelques années,
06:18quand ils faisaient des projections sur chiffre d'affaires potentiel telle ou telle région,
06:23on était sur du 12-18 mois.
06:25Maintenant, si c'est sur du 3-6 mois, c'est grand maximum.
06:28Donc cette posture défensive se traduit par aussi un petit peu plus d'agilité.
06:33Donc c'est pour ça que, quelque part, le chemin vers lequel on va de plus en plus dans nos pays occidentaux
06:40est peut-être le chemin que les émergents ont pris.
06:42À savoir que les entreprises sont celles qui font le plus preuve de prudence,
06:47qui maintiennent des liquidités au bilan, on l'a dit,
06:50et finalement, qui attirent vers elles la confiance,
06:53au détriment, finalement, des États qui,
06:56bon, on ne va pas parler du cas français avec le bruit politique,
06:59mais ne donnent pas de ligne directrice, ne donnent pas le sentiment.
07:03Une confiance, encore une fois, ça se gagne au forceps et ça se perd assez rapidement.
07:08Donc moi, je serais un éditeur.
07:11Mon choix, en termes d'investissement sur la dette,
07:14l'aiguillage, pour moi, j'ai plus confiance dans ce que les entreprises me disent aujourd'hui.
07:20Peut-être que dans les remontées d'informations que j'ai sur la bonne tenue
07:24des finances publiques de certains États européens.
07:27Je pense qu'on se rejoint sur ça.
07:28Donc, de ce côté-là, je pense que c'est assez rassurant.
07:33Côté actions, les thématiques de fonds sont notamment celles qui nous animent
07:38sur les dépenses liées à la montée en puissance des modèles d'intelligence artificielle.
07:44On sait qu'à un moment donné, on sera sans doute dans l'excès,
07:47mais c'est une lame de fond.
07:48Et je pense qu'il faut quand même y participer de près de loin.
07:52Et même nos métiers, à nous, sont challengés par cette montée en puissance de l'IA.
07:57Donc, c'est une manière d'avoir des outils nouveaux.
07:59Moi, je le prends de manière plutôt positive.
08:01D'accompagnement dans l'aide à la décision d'investissement in fine et pas le grand remplacement que certains veulent bien nous laisser entendre.
08:11Si vous me permettez, dernière question.
08:13Juste, on en parlait précédemment sur l'or.
08:16Bien sûr, avant qu'on commence l'émission, c'est inévitable.
08:17Alors, vous en doutez qu'on va parler de ça, l'or a augmenté de 45%, en tout cas en dollars depuis le début d'année.
08:23Est-ce que vous considérez que c'est une bonne protection contre le risque géopolitique ?
08:28Ou finalement, la corrélation est un peu imparfaite et il y a d'autres raisons d'acheter de l'or aujourd'hui ?
08:34Une des raisons principales, et on le sait, puisqu'on a les chiffres, certes a posteriori sur les volumes d'achats,
08:41mais c'est évidemment les banques centrales étrangères qui ont une certaine défiance vis-à-vis des politiques qui sont menées,
08:46mais pas qu'aux États-Unis, aussi en Europe.
08:50En gros, jusqu'à maintenant, ils avaient le choix entre le dollar et l'euro, donc la peste et le choléra.
08:54Donc, ils ont redécouvert et augmenté leur allocation sur cette classe d'actifs.
09:00C'est un fait, il faut l'accepter.
09:04Je pense que c'est une tendance qui est sans doute assez lourde,
09:06même si là, il y a un petit peu un goulot d'étranglement avec une performance
09:10qui nous paraît sans doute un petit peu trop poussée.
09:15Mais c'est aussi aux gouvernants de s'interroger aux conséquences de leurs actes,
09:19puisque quand on a des déficits aussi forts,
09:22aux États-Unis, ils sont beaucoup plus élevés qu'en Europe, même si on en parle moins.
09:26Aujourd'hui, l'œil du Zico est centré sur l'Europe,
09:28mais évidemment, il y a cette même problématique qu'aux États-Unis.
09:31L'aiguillage des flux est stoppé.
09:34Vers ces zones-là, et vu les montants de liquidités à placer,
09:38une partie va s'aiguiller vers nos entreprises, y compris en Europe,
09:43et une autre partie va entretenir ce matelas de sécurité,
09:46on appelle ça souvent un matelas de sécurité,
09:48qui porte aujourd'hui bien son nom, et donc dont l'or fait partie.
09:52Merci beaucoup, Ronan Blanc, mon pensier à Arbevel.
09:55Pour résumer, effectivement, le point qui est important,
09:58deux indicateurs qui existent, l'indicateur de risque géopolitique,
10:01plutôt une approche très long terme, donc assez peu opérationnelle,
10:04la volatilité qu'on peut mesurer via le VIX,
10:06qui reste finalement la moins mauvaise mesure du marché à l'instant T,
10:10et bien sûr l'or qui est quand même une protection,
10:12mais une protection qui est très imparfaite,
10:14comme vous le rappeliez, Ronan.
10:15Merci beaucoup, on se retrouve prochainement, j'espère,
10:17sur un plateau pour évoquer encore les marchés.

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