00:00Tout pour investir, la masterclass, les signaux faibles.
00:05Alors point qui est important déjà pour évoquer, c'est tout simplement de voir qu'est-ce qu'on entend par risque géopolitique, on l'a beaucoup évoqué.
00:13Alors il y a deux manières d'appréhender le sujet, tout d'abord le premier point c'est du côté de l'économiste plutôt, vous avez un indicateur qui s'appelle le risque géopolitique.
00:22L'indicateur de risque géopolitique qui a été créé par deux chercheurs, notamment Kaldara et Yacovelli, c'est aujourd'hui le meilleur moyen pour essayer de comprendre comment ça a un impact sur le marché.
00:34L'indicateur de risque géopolitique finalement il permet de monitorer dans les médias et notamment avec les médias anglo-saxons toutes les références au risque géopolitique.
00:43Avec un point qui est important, chaque événement géopolitique qui est mentionné va avoir un score de risque.
00:48Alors cet indicateur, c'est un indicateur comme vous le voyez qui connaît des grands pics lorsqu'on a des moments de volatilité qui sont très importants et de risque.
00:56L'avantage qui est principal de cet indicateur c'est qu'il nous donne une vision historique, à savoir qu'on remonte jusqu'à 1900, donc on a un peu plus de 125 ans de traçabilité à cet égard.
01:06En revanche, peut-être l'inconvénient c'est qu'il y a un biais au niveau de la méthodologie puisqu'on est plutôt sur des références d'articles de presse, de médias qui sont plutôt anglo-saxons.
01:15Donc automatiquement c'est une vision qui est très occidentale, voire même je voudrais dire américaine, du risque géopolitique.
01:21Ça c'est le premier point, c'est un peu l'élément pour les économistes qui permet des comparaisons sur le temps long.
01:27Ensuite pour un investisseur, pour un épargnant, on a un autre indicateur qui peut être plus intéressant, qui est un peu plus opérationnel sur du court terme.
01:34C'est l'indicateur VIX, c'est tout simplement la mesure de la volatilité sur les options sur un mois.
01:40Alors le VIX a un avantage, c'est qu'il répercute quasiment immédiatement les événements géopolitiques.
01:47En revanche, le petit inconvénient, c'est que les tensions géopolitiques sur le temps long, qui ne sont pas nécessairement très exacerbées,
01:54typiquement on pensera à la première guerre commerciale lors du mandat de Trump entre les Etats-Unis et la Chine,
02:00finalement ça n'avait eu quasiment aucun impact sur le VIX.
02:03Il y a eu quelques pics légers, mais la réalité c'est que ça restait extrêmement mesuré.
02:07Donc toujours très compliqué finalement, avec ces deux indicateurs qui sont imparfaits, il faut bien le reconnaître,
02:13de voir comment on peut essayer de gérer ce risque géopolitique qui revient de manière régulière.
02:19Alors on va essayer de voir comment, du point de vue des marchés, avec mon premier invité, ça a un impact.
02:25Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui, Ronan Blanc, pour vous travailler comme gérant obligataire chez Montpensier-Arbevel.
02:33Vous avez bien sûr une longue expérience, on en parlait précédemment, notamment y compris des crises comme la crise de 2007-2008.
02:40Comment vous gérez le risque géopolitique ? On en parle énormément, mais vous au quotidien, dans vos allocations,
02:45notamment aussi bien sur le crédit, mais éventuellement sur les actions, comment on gère cet aspect-là ?
02:49Alors, ce risque est présent, on l'a rappelé depuis longtemps, on vit avec, notamment depuis 2008.
02:56Il y a un mélange de genre entre la géopolitique et la politique, parce que la frontière est quand même particulièrement perméable aujourd'hui.
03:02Ce que recherchent les investisseurs, c'est finalement où placer son argent avec une visibilité relativement importante.
03:08Et ce n'est pas évident, puisqu'on côtoie des chefs d'entreprise au quotidien, dans des secteurs très cycliques.
03:13On a une fragmentation quand même du monde tel qu'on l'a vécu.
03:17Et c'est difficile de se projeter très fortement.
03:20Aujourd'hui, sur ma classe d'actifs, notamment sur la partie crédit, c'est là, quelque part, où on a un peu le plus de visibilité.
03:27Le pic de VIX qu'on a eu au printemps dernier, suite aux hausses de droits tarifaires,
03:32finalement, la dernière classe d'actifs à avoir corrigé, c'était le crédit.
03:36Et ça n'a pas duré tellement longtemps.
03:37Et en fait, nous, notre conclusion au milieu de tout ça, c'est de se dire que les entreprises ont une posture particulièrement défensive.
03:45Justement parce que cette visibilité sur le cycle économique est relativement faible, relativement ténue.
03:50Donc elles maintiennent des liquidités comme jamais au bilan.
03:53En Europe, entre le marché d'investissement de RED et AIL, on est entre 20 et 25% des montants de dette en liquidité au bilan.
04:00C'est des rations qu'on n'avait jamais vues avant.
04:02Aux États-Unis, c'est un peu différent.
04:04Il y a une habitude d'un relâchement avec finalement une dynamique de croissance qui est toujours présente.
04:10Donc on essaye de croiser un peu différemment.
04:12On le disait juste un petit peu avant.
04:13Est-ce qu'il ne faut pas compléter ces indicateurs par éventuellement d'autres indicateurs peut-être un peu plus pertinents dans le monde de demain ?
04:22On voit les survols d'aéroports à répétition par des drones.
04:26Est-ce que cette accumulation d'épisodes de survols, est-ce que ce n'est pas un indicateur de tensions supplémentaires entre la Russie et l'Europe ?
04:36Avec des implications économiques, parce qu'on ferme des aéroports.
04:39Il y a des répercussions directes sur la fréquentation de certaines régions.
04:45Donc voilà, c'est des petites choses qui sont assez nouvelles, difficiles encore un petit peu à capter et appréhender.
04:53Mais peut-être que ça fera partie des réflexions de demain en termes de pilotage d'allocations d'actifs.
04:58Renan, vous évoquez à juste titre les survols de drones.
05:01C'est assez intéressant parce qu'en économie, vous le savez, moi j'ai un profil plus économiste.
05:04En économie, on a toujours cette difficulté de prévoir l'évolution macroéconomique.
05:08Et on a bien sûr les grands indicateurs prédictifs qui sont plus ou moins bons.
05:12Mais c'est vrai que notamment, on essaye de regarder des micro-phénomènes qui peuvent avoir un impact.
05:16Par exemple, pour savoir comment va évoluer l'évolution macroéconomique aux Etats-Unis,
05:20on va regarder notamment sur les places de parking dans les supermarchés, à quel point ils sont bondés, etc.
05:24Donc ça fait sens effectivement avec cette thématique de drones.
05:27Donc ça nécessite de travailler sur ça.
05:29Est-ce que vous considérez que finalement, pour un investisseur, on a beaucoup plus de risques géopolitiques à gérer aujourd'hui que par le passé ?
05:36Et aussi, est-ce que potentiellement, c'est une opportunité ?
05:39En mentionnant de ça, je me souviens bien sûr de la crise Covid,
05:41où on avait eu une ministre en France qui avait dit que c'est le moment d'investir en bourse.
05:45Elle n'avait pas complètement tort lorsqu'on a vu l'envolée du 440.
05:48Mais pour un épargnant, finalement, c'est très compliqué de savoir quand est-ce que c'est le point bas.
05:52Est-ce que ça peut chuter davantage ?
05:53Donc quel serait le conseil que vous donneriez à nos auditeurs et téléspectateurs ?
05:58Honnêtement, ce qu'on voit vraiment...
06:01Alors, il y a une succession de crises.
06:02Depuis 2008, on dit souvent, il y a une crise du siècle quasiment tous les trois ans.
06:05Je suis un petit peu provocateur, mais c'est un petit peu ça dans les faits.
06:10Donc cette posture défensive, encore une fois, les entreprises l'ont bien intégrée.
06:16Schématiquement, il y a encore quelques années,
06:18quand ils faisaient des projections sur chiffre d'affaires potentiel telle ou telle région,
06:23on était sur du 12-18 mois.
06:25Maintenant, si c'est sur du 3-6 mois, c'est grand maximum.
06:28Donc cette posture défensive se traduit par aussi un petit peu plus d'agilité.
06:33Donc c'est pour ça que, quelque part, le chemin vers lequel on va de plus en plus dans nos pays occidentaux
06:40est peut-être le chemin que les émergents ont pris.
06:42À savoir que les entreprises sont celles qui font le plus preuve de prudence,
06:47qui maintiennent des liquidités au bilan, on l'a dit,
06:50et finalement, qui attirent vers elles la confiance,
06:53au détriment, finalement, des États qui,
06:56bon, on ne va pas parler du cas français avec le bruit politique,
06:59mais ne donnent pas de ligne directrice, ne donnent pas le sentiment.
07:03Une confiance, encore une fois, ça se gagne au forceps et ça se perd assez rapidement.
07:08Donc moi, je serais un éditeur.
07:11Mon choix, en termes d'investissement sur la dette,
07:14l'aiguillage, pour moi, j'ai plus confiance dans ce que les entreprises me disent aujourd'hui.
07:20Peut-être que dans les remontées d'informations que j'ai sur la bonne tenue
07:24des finances publiques de certains États européens.
07:27Je pense qu'on se rejoint sur ça.
07:28Donc, de ce côté-là, je pense que c'est assez rassurant.
07:33Côté actions, les thématiques de fonds sont notamment celles qui nous animent
07:38sur les dépenses liées à la montée en puissance des modèles d'intelligence artificielle.
07:44On sait qu'à un moment donné, on sera sans doute dans l'excès,
07:47mais c'est une lame de fond.
07:48Et je pense qu'il faut quand même y participer de près de loin.
07:52Et même nos métiers, à nous, sont challengés par cette montée en puissance de l'IA.
07:57Donc, c'est une manière d'avoir des outils nouveaux.
07:59Moi, je le prends de manière plutôt positive.
08:01D'accompagnement dans l'aide à la décision d'investissement in fine et pas le grand remplacement que certains veulent bien nous laisser entendre.
08:11Si vous me permettez, dernière question.
08:13Juste, on en parlait précédemment sur l'or.
08:16Bien sûr, avant qu'on commence l'émission, c'est inévitable.
08:17Alors, vous en doutez qu'on va parler de ça, l'or a augmenté de 45%, en tout cas en dollars depuis le début d'année.
08:23Est-ce que vous considérez que c'est une bonne protection contre le risque géopolitique ?
08:28Ou finalement, la corrélation est un peu imparfaite et il y a d'autres raisons d'acheter de l'or aujourd'hui ?
08:34Une des raisons principales, et on le sait, puisqu'on a les chiffres, certes a posteriori sur les volumes d'achats,
08:41mais c'est évidemment les banques centrales étrangères qui ont une certaine défiance vis-à-vis des politiques qui sont menées,
08:46mais pas qu'aux États-Unis, aussi en Europe.
08:50En gros, jusqu'à maintenant, ils avaient le choix entre le dollar et l'euro, donc la peste et le choléra.
08:54Donc, ils ont redécouvert et augmenté leur allocation sur cette classe d'actifs.
09:00C'est un fait, il faut l'accepter.
09:04Je pense que c'est une tendance qui est sans doute assez lourde,
09:06même si là, il y a un petit peu un goulot d'étranglement avec une performance
09:10qui nous paraît sans doute un petit peu trop poussée.
09:15Mais c'est aussi aux gouvernants de s'interroger aux conséquences de leurs actes,
09:19puisque quand on a des déficits aussi forts,
09:22aux États-Unis, ils sont beaucoup plus élevés qu'en Europe, même si on en parle moins.
09:26Aujourd'hui, l'œil du Zico est centré sur l'Europe,
09:28mais évidemment, il y a cette même problématique qu'aux États-Unis.
09:31L'aiguillage des flux est stoppé.
09:34Vers ces zones-là, et vu les montants de liquidités à placer,
09:38une partie va s'aiguiller vers nos entreprises, y compris en Europe,
09:43et une autre partie va entretenir ce matelas de sécurité,
09:46on appelle ça souvent un matelas de sécurité,
09:48qui porte aujourd'hui bien son nom, et donc dont l'or fait partie.
09:52Merci beaucoup, Ronan Blanc, mon pensier à Arbevel.
09:55Pour résumer, effectivement, le point qui est important,
09:58deux indicateurs qui existent, l'indicateur de risque géopolitique,
10:01plutôt une approche très long terme, donc assez peu opérationnelle,
10:04la volatilité qu'on peut mesurer via le VIX,
10:06qui reste finalement la moins mauvaise mesure du marché à l'instant T,
10:10et bien sûr l'or qui est quand même une protection,
10:12mais une protection qui est très imparfaite,
10:14comme vous le rappeliez, Ronan.
10:15Merci beaucoup, on se retrouve prochainement, j'espère,
10:17sur un plateau pour évoquer encore les marchés.