Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 jours
Ce mardi 30 septembre, Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions européennes, professeur à Sciences Po, était l'invité de Caroline Loyer dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Il a abordé le plan en 20 points de Donald Trump pour la paix à Gaza. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Le plan présenté hier par Donald Trump à Benjamin Netanyahou,
00:03qu'il a accepté, qu'il est soutenu également par le Royaume-Uni, par la France, par le Qatar.
00:08Notre invité ce matin, c'est Patrick Martin-Jeunier. Bonjour !
00:11Vous êtes professeur à Sciences Po, spécialiste des questions européennes,
00:14mais il faut qu'on dise un mot de ce plan de Donald Trump présenté hier.
00:17Est-ce que c'est enfin un véritable espoir pour la paix à Gaza ?
00:22Il faut espérer que ce soit un espoir, qu'à l'urgence c'est quoi ? C'est un cessez-le-feu.
00:26Il y a deux urgences en réalité, le cessez-le-feu et la libération des otages israéliens qui sont encore là.
00:33Donc si on peut simultanément libérer les otages et avoir un cessez-le-feu,
00:38puis ensuite un retrait des Israéliens, et enfin après une nouvelle gouvernance pour Gaza,
00:43avec une reconstruction économique, ça c'est vraiment l'urgence.
00:47Il y a des gens qui meurent de faim, des enfants, des femmes,
00:50la situation humanitaire est catastrophique.
00:52Et donc si Donald Trump, qui a le soutien de l'ensemble du chef d'État et de gouvernement,
00:57le soutien du premier ministre israélien, arrive effectivement à rétablir et à mettre en œuvre ce plan,
01:03ce sera une bonne chose effectivement pour l'avenir, en espérant que le Hamas naturellement accepte.
01:10Oui, parce qu'est-ce qu'il a intérêt à accepter ?
01:11Parce que Netanyahou dit, c'est ce plan-là où de toute façon je vais jusqu'au bout.
01:16Il a intérêt le Hamas parce qu'il est considérablement affaibli,
01:19ce mouvement terroriste n'a plus les capacités d'action, et heureusement j'allais dire.
01:23Et donc il a intérêt à cela, tout le commandement militaire du Hamas a été complètement décapité,
01:30et puis la population en a assez.
01:32Donc je pense que le Hamas qui a toujours gouverné ce territoire,
01:35n'a plus la capacité de le faire, et donc je pense qu'il n'a pas le choix.
01:38S'il ne le fait pas, le premier ministre israélien a clairement dit,
01:42je terminerai le travail, c'est ce qu'il a dit à l'Assemblée nationale.
01:44Avec le soutien de Donald Trump.
01:46Tout à fait.
01:46Annalisa Capellini.
01:47Patrick Martin-Jeunier, justement, on parle dans ce plan d'une administration transitoire pour Gaza,
01:53sans le Hamas, qui serait absolument exclu de toute gouvernance.
01:58Il y aurait donc un organisme international.
02:01Quelle serait la place de l'Europe ?
02:04Écoutez, l'Europe malheureusement n'a pas beaucoup d'espace,
02:08malheureusement comme dans tous les conflits,
02:09puisque tout se règle à la Maison-Blanche,
02:11et ici en l'espèce entre Donald Trump et Benhamin Netanyahou, le premier ministre israélien,
02:17l'objectif c'est quoi ?
02:18C'est de mettre en place un organisme de transition internationale,
02:23une autorité de transition internationale,
02:27qui serait présidée...
02:28Présidée par Donald Trump, bien sûr.
02:30Oui, qui serait décidée par Donald Trump,
02:32en accord avec le premier ministre.
02:34Le Hamas serait complètement exclu.
02:35Il n'y aura peut-être pas de totale exclusion de l'autorité palestinienne,
02:40mais il faudrait que celle-ci soit complètement rénovée,
02:43ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
02:44Elle est dans l'incapacité de gouverner ses propres troupes politiques.
02:48Sans Mahmoud Abbas, donc ?
02:50Oui, Mahmoud Abbas.
02:51Et donc on parle de l'ancien premier ministre britannique, Tony Blair.
02:54Mais ce qui est étonnant, quand même,
02:55parce que Tony Blair revient dans tous les dossiers,
02:57à un moment donné on se dit qu'il va présider l'Europe,
02:58maintenant il va avoir un rôle important dans la supervision de Gaza.
03:02Profil étonnant, quand même.
03:04C'est quelqu'un qui cherche à avoir un rôle international
03:08depuis qu'il a quitté le thème d'Armangstreet, il y a plus de 20 ans.
03:11Et donc il a l'oreille de Donald Trump,
03:14c'est quelqu'un qui dirige un organisme international,
03:17l'Institut Tony Blair, par définition.
03:20Et donc il cherche effectivement à avoir un rôle.
03:22Il voyage dans le monde entier, il essaye d'avoir un rôle,
03:26et donc là il pense qu'il pourrait avoir un rôle.
03:28Ça me semble un peu maladroit que les Britanniques reviennent dans le jeu.
03:33En tout cas, si Tony Blair y était, ce serait la tête d'une autorité internationale,
03:37il aurait tous les pouvoirs, et l'autorité palestinienne serait complètement exclue.
03:42Et c'est en cela que ce n'est pas encore acquis.
03:44En tout cas, pour répondre à votre question,
03:46je ne sais pas en quoi l'Union Européenne pourrait avoir un rôle,
03:49car naturellement, premièrement, quand les États-Unis ont un plan,
03:52c'est eux qui, après, assurent les services après-vente,
03:55notamment sur le plan logistique et économique.
03:57N'oublions jamais que Donald Trump avait parlé d'une riviera,
04:01il veut investir considérablement.
04:03D'ailleurs, c'était dans l'esprit du premier mandat de Trump,
04:06avec Jared Kushner, lui-même, qui avait proposé de déverser
04:09des centaines de millions de dollars sur cette partie du territoire.
04:13Donc il y aura un aspect business très important, toujours pour Donald Trump,
04:16et je crains que l'Union Européenne,
04:18compte tenu de sa division sur ces dossiers,
04:22soit un peu exclue de la reconstruction de Gaza.
04:25Mais qu'est-ce que ça veut dire, une supervision d'un comité de paix par Donald Trump ?
04:31On connaît ce genre d'organisation, on a déjà fait ça dans d'autres conflits ?
04:35Écoutez, c'est assez rare, mais oui, une autorité internationale,
04:40sous la direction de l'ONU, qui pourrait éventuellement,
04:43effectivement, organiser l'après-Gaza,
04:46mais il faudrait que ce soit supervisé par l'ONU,
04:49parce que là, on est en train de parler d'une nouvelle autorité,
04:52complètement construite de toutes pièces,
04:55qui échapperait totalement à l'autorité palestinienne,
04:59avec tous les pouvoirs, parce que c'est ce que j'ai dit,
05:01tous les pouvoirs exécutifs seraient entre les mains du président
05:04de cette mission internationale, que serait Tony Blair,
05:07et donc, naturellement, tout cela serait dirigé par la Maison-Blanche.
05:11Il y a aussi tout un volet économique dans ce plan sur la reconstruction de Gaza,
05:16qui est effectivement complètement rasée,
05:17donc la reconstruction sera un chantier immense.
05:19Donald Trump parle d'entreprise, parle d'emploi, d'investissement.
05:23Est-ce que les États-Unis vont prendre une grosse partie du gâteau ?
05:26Manifestement, oui.
05:28C'est ce qu'ils vont faire, de la même façon qu'ils veulent prendre
05:30la grande part du gâteau dans la reconstruction de l'Ukraine.
05:33Ce n'est pas gratuit.
05:34Rappelez-vous aussi l'Irak avec George Bush.
05:37Les Européens avaient été exclus, dès lors que les Américains interviennent quelque part,
05:42bien évidemment qu'ils vont se tailler, si j'ose dire,
05:44la part du lion dans la reconstruction économique.
05:46Même sur un volet simplement humanitaire, où là, on aurait plus notre place ?
05:49Oui, bien sûr, l'Europe aurait sa place, mais encore une fois,
05:52de quelle façon l'Europe pourrait-elle intervenir ?
05:56Bien sûr que l'Europe, la Commission européenne,
05:58Mme Ursula von der Leyen, sa présidente, a dit
06:00qu'elle serait prête à envoyer de l'aide humanitaire,
06:03mais malheureusement, c'est toujours ça.
06:05L'Europe est bonne pour l'humanitaire,
06:08mais pour le business, ce sera avant tout les Etats-Unis.
06:10Le prix Nobel de la paix, ça fait sourire des conditions,
06:14le prix Nobel de la paix de Donald Trump,
06:15mais on y croit ? C'est possible ?
06:18Écoutez, il a décidé tout seul qu'il avait résolu sept conflits régionaux.
06:23Donc on ne sait pas toujours lesquels, il confond parfois les pays.
06:26En tout cas, vous avez raison, c'est une véritable obsession
06:28que d'obtenir ce prix Nobel de la paix.
06:31Il sera délivré prochainement.
06:33Je n'exclus pas qu'il soit retenu,
06:35parce qu'il sait faire des pressions sur tous les organismes,
06:38donc il pourrait faire pression sur le comité d'Hommel,
06:40dont on dit qu'il n'est pas proche de Donald Trump,
06:43mais au final, si jamais il y avait des vraies perspectives de paix,
06:46avec des moyens,
06:48on ne peut pas exclure, au final,
06:49que Donald Trump puisse être retenu
06:51pour cette distinction très importante à laquelle il tient.
06:55mais il y a sans doute d'autres personnes
06:58qui pourraient être retenues,
06:59notamment des gens qui défendent les droits de l'homme,
07:01notamment en Iran par exemple.
07:02Merci beaucoup Patrick Martin.
07:03Je vous ai détenu ce matin dans la matinale de l'économie.

Recommandations