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  • il y a 4 mois
Ce mardi 26 août, Raphaël Gallardo, chef économiste chez Carmignac, était l'invité de Caroline Loyer dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils sont revenus sur la décision historique prise par Donald Trump qui a eu l'audace de démettre une gouverneure de la Fed, ce qu'aucun président américain avant lui ne s'est jamais permis. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Raphaël Gallardo, bonjour, chef économiste chez Carmignac.
00:04On va évidemment parler ensemble ce matin de cette reprise en main de la Fed.
00:09On pensait que c'était impossible, que c'était illégal de limoger un membre de la Fed.
00:13Une lettre cette nuit de la Maison Blanche, limogage avec effet immédiat, dit Donald Trump.
00:18Là c'est clair, l'indépendance de la Fed c'est une question de jour en fait, ou même c'est terminé.
00:23On va voir jusqu'où va ce bras de fer.
00:25C'est vrai que la Cour suprême avait pris une décision qui était historique,
00:30où elle disait qu'elle donnait le droit à Trump de licencier tout personnel d'une agence fédérale américaine.
00:38Mais il y avait un astérisque qui disait « sauf un gouverneur de la Fed »,
00:41avec une justification qui était assez douteuse.
00:44Donc il n'avait pas le droit de le faire de façon arbitraire, il fallait qu'il trouve un motif.
00:51Et donc là, effectivement, ils sont allés creuser dans l'historique de Lisa Cook.
00:55Dans ses prêts immobiliers ?
00:56Dans ses prêts immobiliers, alors un, ça a eu lieu avant qu'elle soit nommée gouverneure,
01:00parce qu'elle a été nommée gouverneure en 2024.
01:03Et deuxièmement, ça n'a rien à voir avec ses fonctions de gouverneure de la Fed.
01:07Donc c'est vrai que c'est absolument douteux,
01:09mais c'est vrai que les textes disent qu'il a le droit de licencier pour cause.
01:15Et là on considère que c'est une cause ?
01:17On ne sait pas exactement, et si ça monte jusqu'à la Cour suprême,
01:20ce sera la Cour suprême de décider si ça vaut la peine ou pas.
01:24Mais pourquoi est-ce si important ?
01:25C'est parce qu'effectivement, au Conseil de la Fed, vous avez sept membres,
01:29vous en avez trois maintenant qui sont nommés par Trump,
01:32et il en restait plus que quatre.
01:34Donc il faut qu'il y en ait un qui saute.
01:35Il faut qu'il y en ait un qui saute, parce qu'avec ça,
01:37en fait non seulement il a la majorité au Conseil,
01:40mais ceux qui prennent la décision, en fait, ils sont douze,
01:44c'est-à-dire c'est les sept membres du board,
01:46plus cinq présidents régionaux sur une base tournante,
01:49sauf que les douze présidents régionaux, dont cinq votes sur une base tournante,
01:54en fait ils sont tous soumis à réapprobation du board en février de l'année prochaine.
02:02Donc en février de l'année prochaine, si Trump a la majorité,
02:05en fait il peut tous les faire sauter s'il en a envie.
02:07Donc c'est fini ?
02:08C'est-à-dire que clairement on est sur une reprise en main totale ?
02:12Si Glissakouk saute, c'est terminé.
02:15Annalisa, ce qu'on voit surtout, c'est qu'il essaie vraiment de forcer la main
02:18de toutes les institutions économiques.
02:21Est-ce que c'est un pari politique qui peut marcher ?
02:24Alors, jusqu'à présent, c'est vrai qu'en tant qu'investisseur étranger,
02:28on est sidéré, de voir à quelle vitesse on a en fait
02:31une détérioration institutionnelle des États-Unis.
02:34Mais ce qui est flagrant, c'est que pour l'instant, les marchés ne le font pas plier.
02:38C'est-à-dire que des investisseurs étrangers, comme nous,
02:41on va se dire, bon ben voilà, ce qui faisait la force de l'Amérique,
02:44c'était son dynamisme économique, mais aussi sa stabilité institutionnelle
02:48qui est en train de partir à volo.
02:50Donc, ça va faire baisser le dollar.
02:53Mais finalement, paradoxalement, ce qui fait baisser le dollar,
02:55c'est ce que Trump veut.
02:56Trump, il veut réindustrialiser l'Amérique, donc un dollar faible, il applaudit.
03:00Ce qui le fera plier, c'est si les marchés actions américains commencent à baisser.
03:04Et ce n'est pas du tout le cas.
03:05Mais ce n'est pas du tout le cas pour l'instant.
03:07Donc, rien ne l'arrêtera jusqu'à présent.
03:09Et la deuxième chose qui l'incite, les marchés ne l'arrêtent pas,
03:13mais la deuxième chose qui l'incite à aller plus loin,
03:15c'est qu'il considère qu'il n'a pas encore tous les bénéfices de sa politique économique.
03:22Et notamment, malgré les succès qu'il a engrangés,
03:26sa cote de popularité est coincée en dessous de 46%.
03:29Alors, pourquoi ? Parce que les ménages américains,
03:33pourtant, ils ont des actions, donc ils sont plutôt contents que ça monte.
03:37Mais ils ont peur de quoi ? De l'inflation ?
03:39C'est ça ? C'est ancré dans la tête de chaque Américain ?
03:43Oui, je pense que, et c'est là une erreur de la réserve fédérale,
03:46c'est de penser qu'il fallait absolument frilégier l'emploi,
03:51et que l'inflation,
03:53Powell l'a dit vendredi lui-même,
03:55ça fait plus de 50 mois qu'on rate notre cible,
03:58et à la fin de son discours, il dit,
03:59mais on va baisser les taux parce qu'il y a un risque sur l'emploi.
04:01Alors que ça cible sur l'inflation, ça fait plus de 4 ans qu'il la rate.
04:04Mais effectivement, il y a une peur viscérale de l'inflation,
04:07il y a une exaspération,
04:08parce que ça fait maintenant plus de 4 ans que ça dure.
04:11Et puis, on voyait bien que tous les arguments que donnait l'administration Biden
04:15pour dire, l'inflation, arrêtez de nous tanner avec ça,
04:17elle est montée à 8%, c'est vrai, c'était la pandémie, la guerre en Ukraine,
04:21elle est retombée à 3%, donc tout va bien.
04:22Et en plus, vos salaires augmentent à 4%.
04:25Donc l'impact est faible, finalement.
04:26L'impact est faible, mais en fait, psychologiquement,
04:29et c'est ça que les démocrates n'avaient pas compris,
04:31c'est que même si l'inflation est à 3%, mais que les salaires sont à 4%,
04:34les gens ne sont pas contents, pourquoi ?
04:35Parce que quand votre salaire augmente de 4%,
04:39c'est votre mérite à vous.
04:41Vous le méritez, vous n'êtes plus productif, etc.
04:44Mais l'inflation à 3%, c'est Walmart qui vous fait les poches.
04:48Donc en fait, c'était totalement impopulaire,
04:50et c'est comme ça que tout le discours populiste de Trump
04:54pour gagner les élections s'est bâti là-dessus,
04:56sur dire l'économie de Biden, c'est une économie horrible,
04:59avec une inflation insupportable, etc.
05:01Mais finalement, il est en train de bâtir la même économie.
05:04Sauf qu'il a quand même encore une clé,
05:06c'est qu'il peut baisser encore les impôts,
05:08il y a des mesures qui sont prévues pour le début de l'année prochaine.
05:11Oui, et c'est là le paradoxe, c'est-à-dire qu'on a du mal à comprendre,
05:14c'est ce qui doit l'exaspérer,
05:15c'est qu'avec tout ce qu'il a réussi à obtenir,
05:18c'est-à-dire ses promesses de campagne,
05:19immigration zéro, lutte contre la criminalité,
05:22baisse du prix de l'énergie qu'il a obtenue
05:23en faisant des deals avec les Saoudiens,
05:25baisse d'impôts,
05:27on a gagné la guerre contre l'Iran, etc.
05:30Sa cote de popularité ne décolle pas.
05:33Alors, ce qui peut arriver effectivement,
05:36mais ça, ça va prendre un petit peu de temps,
05:37c'est que les ménages vont voir leur impôt fédéral diminuer
05:41parce qu'il y a une exonération des pourboires,
05:43des heures supplémentaires et des retraites.
05:45Mais ça, ça arrivera plutôt début 2026.
05:48Merci beaucoup Raphaël Galardo d'être venu ce matin
05:50sur le plateau de Good Morning Business,
05:51chef économiste chez Carmignac.
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