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  • il y a 2 mois
Ce mardi 2 septembre, Jerome Powell qui va devoir organiser son équipe sous la pression de Donald Trump, a été abordé par Christian Parisot, conseiller économique pour Aurel BGC, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Christian Parizeau, conseiller économique pour Aurel, BGC et président d'Altaïr Economics.
00:06Merci d'être resté avec nous aujourd'hui Christian Parizeau.
00:09Nous allons notamment revenir sur la fête parce que c'est quand même en ce mois de septembre
00:14l'enjeu clé pour débuter ce mois.
00:17La Banque Centrale Américaine qui va se réunir dans 15 jours maintenant.
00:21Le marché qui anticipe à 90% une baisse de taux de 25 points de base.
00:25Mais là n'est pas la question.
00:26La question c'est de voir aujourd'hui comment Jerome Powell va pouvoir organiser un petit peu son équipe
00:31avec les pressions du président américain.
00:34On l'a vu en plein cœur de l'été, il a limogé Lisa Cook qui est une gouverneure de la Fed.
00:40Vendredi, le tribunal américain n'a pas rendu sa décision et cette décision pourrait être communiquée aujourd'hui ou demain.
00:47C'est quand même un choc pour la Banque Centrale Américaine qu'un président intervienne comme ça
00:52pour limoger un gouverneur de la Banque Centrale.
00:55Oui c'est un choc parce que d'une part il y a toujours eu cette idée d'indépendance de la Banque Centrale
00:59qui était très forte aux Etats-Unis.
01:01Donald Trump s'attaque vraiment au cœur de la Banque Centrale.
01:04Il faut savoir que sur ceux qui votent la politique monétaire,
01:07vous avez au sein du FOMC 12 personnes qui votent et vous avez 7 gouverneurs.
01:12Et les 7 gouverneurs ont des mandats très longs et qui ne peuvent pas être normalement démis en fonction de l'actualité.
01:18Donc ce sont des gens qui sont là pour assurer la stabilité.
01:21Donc là il s'attaque vraiment au cœur de la Banque Centrale avec peut-être des éléments un peu limites juridiquement.
01:29Mais on le voit qu'il met en tout cas une pression très forte en disant
01:32« Voilà, moi je veux que vous baissiez les taux, sinon je vais vous chercher des poux dans votre tête et je vous mets en risque. »
01:39Donc il met quand même une pression qui n'est pas forcément bienvenue.
01:42Alors je suis assez étonné de l'absence de réaction des marchés obligataires.
01:46Les marchés actions même réagissent plutôt positivement parce qu'eux ils jouent le côté
01:49« Ça met une telle pression sur la Banque Centrale qu'elle va baisser les taux. »
01:52Mais attention au retour de bâton parce que si on avait l'inflation qui repart,
01:55ça veut dire que la Banque Centrale va laisser filer l'inflation et ça, ça pourrait faire se réagir les marchés obligataires.
01:58Mais pour moi, ce n'est jamais bon en termes de communication.
02:02Ça crée de l'incertitude en tout cas très clairement pour ce quatrième trimestre.
02:07Et cette pression américaine génère quand même un vrai risque pour les marchés obligataires.
02:11Donc à terme, ça risque de se retourner un peu contre le président américain à mon avis.
02:1586 pour ce 10 ans américain avec les marchés actions qui ont bien progressé à la fin du mois d'août
02:21à la suite de Jackson Hole.
02:24C'est un grand symposium, un grand colloque des banquiers centraux.
02:27là où justement Jérôme Paul a laissé sous-entendre que si l'emploi continuait de se dégrader,
02:33en tout cas s'il se dégradait, il serait opportun de baisser les taux.
02:36Ça tout de suite, ça a plu au marché.
02:38Mais également, une autre nouvelle qui est intervenue pendant ce temps,
02:41c'est la Fed qui visiblement va changer un petit peu ses calculs pour calculer l'inflation.
02:46Oui, c'est surtout que la Banque Centrale américaine nous donne sa stratégie,
02:51sa fonction de réaction, pour faire simple, comment elle va réagir aux différents indicateurs.
02:55Et donc, il y a un document qui a été publié, alors c'était l'autre partie de ce discours de M. Powell
03:00qui n'a pas du tout intéressé les marchés, je peux le comprendre,
03:03mais qui est très important pour savoir comment elle va réagir dans l'avenir.
03:06Alors, il y a plusieurs modifications importantes qu'il faut avoir en tête.
03:09Première chose, pour la première fois, la Banque Centrale dit que la stabilité financière
03:13est un élément important de son mandat.
03:15Et ça, c'est important, ça veut dire que si on avait des tensions sur les taux longs américains,
03:18jusqu'à un certain point, ça voudrait dire que ça pourrait rentrer dans le mandat de la Fed
03:22d'intervenir sur les marchés et de l'imiter, et donc aller prêteur en dernier ressort.
03:26Donc ça, elle renforce ce rôle, finalement, de stabilité financière.
03:30Et ça, c'est un message très important envoyé au marché.
03:31Quoi qu'on en pense, elle sera là pour stabiliser les marchés financiers
03:35et éviter toute surreaction des marchés.
03:36Mais est-ce que ça, c'était déjà pas anticipé ?
03:38Alors maintenant, c'est inscrit.
03:40C'est différent, ça fait partie de son mandat.
03:42C'est différent.
03:43C'était pressé, maintenant c'est fait.
03:44Voilà, c'est quand même un élément important pour les marchés.
03:46Alors après, il y a deux autres éléments qui sont plus ambigus.
03:49Premier élément qui peut être positif pour les marchés,
03:51c'est qu'elle nous dit qu'elle a une position, un biais un peu différent,
03:56selon si le taux de chômage est bas ou élevé.
03:59Si le taux de chômage est bas, ça ne veut pas dire forcément
04:01qu'on va mener une politique monétaire restrictive,
04:03puisque le taux de chômage ne va pas forcément induire plus d'inflation.
04:06Et ça, c'est un changement profond.
04:07Avant, c'était qu'on réagit en fonction du taux de chômage,
04:10mais on n'avait pas ce biais en disant
04:12si le taux de chômage rebaissait trop bas,
04:13il fallait durcir la politique monétaire.
04:15Par contre, si le taux de chômage remonte,
04:17elle sera très réactive.
04:18Donc ça, c'est un point important.
04:20C'est pour ça que les marchés ont beaucoup réagi.
04:22C'est parce que si le marché du travail commence à vraiment réagir,
04:26il y a maintenant un biais pour qu'elle réagisse rapidement
04:28face à une dégradation du marché d'emploi.
04:30Dernier point, par contre, lui, qui est négatif pour les marchés,
04:33si l'inflation est maintenant là au-dessus de 2%,
04:37strictement au-dessus de 2%,
04:39alors elle agira de manière très rapide et de manière très ample.
04:42Parce qu'avant, ce qu'elle nous disait,
04:44c'est qu'elle regardait l'inflation sur le cycle économique.
04:46Il fallait qu'en moyenne, on soit autour des 2%.
04:48Maintenant, si l'inflation commence à véritablement accélérer,
04:52à véritablement donner une image d'être durablement au-dessus des 2%,
04:57là, elle agira fortement,
04:58puisque sa priorité, c'est d'encadrer les anticipations d'inflation.
05:02Donc, c'est un double message que nous envoie Powell.
05:04D'une part, je serai flexible.
05:05Certes, si les chiffres de l'emploi vendredi ne sont pas bons,
05:08je peux baisser les taux.
05:09Mais attention, si je pense que l'inflation revient véritablement,
05:12que les droits de douane régénèrent durablement de l'inflation,
05:16je pourrais aussi changer à être très réactif et remonter mes taux.
05:19Donc, c'est un peu un double message que nous envoie la Banque Centrale.
05:22D'un côté très accommodant, dans le sens,
05:24je suis prêt à soutenir les marchés, ne vous inquiétez pas,
05:25je soutiens le marché du travail.
05:27Mais de l'autre, attention, je ne laisserai pas filer l'inflation.
05:30Donc voilà, c'est quand même important de lire ça,
05:32c'est quand même important de l'avoir en tête.
05:34Ça montre qu'à mon avis, la Banque Centrale, aujourd'hui,
05:36est prête à être beaucoup plus réactive, beaucoup plus flexible.
05:39Ça ne veut pas dire que si elle baisse en septembre,
05:41elle peut remonter très rapidement l'année prochaine,
05:43si elle estime qu'il y a un vrai risque inflationniste.
05:45Donc voilà, ça montre quand même,
05:48elle va s'adapter beaucoup plus rapidement que par le passé,
05:52face aux éléments économiques, face aux données.
05:55Donc, data dépendante, oui,
05:56mais elle sera encore plus réactive face à ces datas.
05:58Et ça change quoi, concrètement, aujourd'hui,
06:01en termes de prévision pour les baisses de taux ?
06:04Est-ce que vous avez des économistes qui ont changé leur copie
06:06par rapport à la publication de ce document ?
06:08Je ne sais pas comment tous mes confrères vont l'interpréter,
06:11mais ça, c'est un élément de vision que nous donne la Banque Centrale
06:14de fonction de réaction.
06:15Ça veut dire qu'elle va être beaucoup plus flexible,
06:17ce que je vous disais.
06:17Pour moi, je le perçois comme ça.
06:19Et je pense que, globalement, tout le monde a en tête
06:22qu'il y a une forte chance qu'elle continue à baisser ses taux,
06:25qu'elle devient moins restrictive.
06:26Mais, encore une fois, ça veut dire que, pour moi,
06:30ça renforce l'idée qu'il y a deux indicateurs importants,
06:33aujourd'hui, pour la Banque Centrale américaine.
06:35Le taux de chômage.
06:37Et si ce taux de chômage remonte très vite,
06:39là, à ce moment-là, elle agira vite.
06:42Mais attention, à l'inverse,
06:44il n'y a plus, forcément, aujourd'hui,
06:46un durcissement de politique monétaire
06:47lié qu'au marché du travail.
06:48Et, par contre, je pense qu'il faut quand même rester prudent,
06:51parce qu'on va rentrer dans une zone de turbulence
06:52sur l'inflation aux États-Unis,
06:54avec un débat qui va être ouvert,
06:55parce que les droits de douane,
06:56ils vont se répercuter sur l'indice des prix.
06:58Ça va se voir.
06:58Ça va prendre plus ou moins de temps.
07:00Mais ça veut dire qu'on va avoir une inflation
07:02qui va rester résiliente.
07:03Et là, ça nous montre que la fonction de réaction de la Fed
07:05peut être beaucoup plus réactive que par le passé
07:07face à cette inflation.
07:09Donc, attention au stop and go qu'on risque d'avoir.
07:11voir si on a des mauvais chiffres d'inflation.
07:13C'est pour ça que je dis que plus que les chiffres de l'emploi
07:15qui, maintenant, on est plutôt sur l'idée
07:17qu'ils vont baisser les taux,
07:18le vrai risque, si vous le dire,
07:19un scénario à risque,
07:20aujourd'hui, pour M. Trump,
07:21pour notre perspective de marché,
07:23c'est plutôt l'inflation.
07:25Si l'inflation remonte,
07:26et si on s'aperçoit qu'on est dans un risque
07:28d'inflation durable,
07:29là, on aura des réactions beaucoup plus fortes
07:31sur les marchés.
07:32Donc, s'il y a un indicateur à suivre,
07:34encore et toujours,
07:35c'est l'inflation aux États-Unis,
07:36et voir comment on va digérer, finalement,
07:38cette hausse des droits de douane.
07:39Idéalement, il faudrait que ça soit progressif
07:41et pas d'effet cumulatif.
07:43Mais attention, c'est à surveiller,
07:44en tout cas, pour les prochains mois.
07:45Ça sera l'indicateur phare.
07:46Sans compter qu'en plus des droits de douane
07:48qui, forcément, viennent alourdir l'étiquette,
07:50il y a l'inflation des services,
07:52qui, là aussi, n'est pas neutre.
07:54Loin de là, c'est l'inflation
07:55qui est la plus collante aux États-Unis.
07:57Oui, si on prend le dernier PCE,
07:58c'est vrai que pour près de la moitié...
08:00C'est l'indicateur de référence de la banque centrale.
08:03C'est un indicateur large,
08:04donc qui est beaucoup moins sensible,
08:06par exemple, que les prix à la production
08:07qui sont un indicateur sur les prix des biens
08:09et qui pondèrent plus les biens.
08:11Donc, il est plus sensible.
08:12Si vous voulez voir l'effet droit de douane,
08:13vous regardez les prix à la production.
08:15Si vous voulez voir l'inflation globale,
08:16vous regardez plutôt les prix du PCE.
08:19Et ces prix du PCE, pour près de moitié,
08:21c'est l'inflation dans les services
08:23qui reste forte, qui reste dynamique.
08:25Alors, il y a une partie service financier
08:27qui est peut-être liée à la conjoncture boursière
08:30et à la bonne performance des marchés,
08:31indirectement,
08:31mais il y a quand même une inflation
08:33qui reste résiliente.
08:35Et puis, surtout, on commence à s'inquiéter
08:36parce qu'on voit que les prix des biens
08:37s'accélèrent quand même.
08:39Et on peut se poser la question,
08:40c'est qu'il n'y a pas que l'effet droit de douane.
08:42Et ça, ça pourrait inquiéter la banque centrale.
08:43C'est qu'on commence aussi à avoir
08:44des hausses de prix dans les secteurs
08:46qui sont protégés maintenant
08:47par les droits de douane de M. Trump.
08:49Donc, est-ce qu'il y a sa part redonner
08:50du pricing power aux entreprises ?
08:52Est-ce que ça ne les incite pas
08:53à plus remonter les prix ?
08:54En tout cas, ça intervient à un moment
08:57où la banque centrale n'a pas beaucoup
08:58de marge de main-d'oeuvre sur l'inflation.
09:00L'inflation est déjà au-dessus de son objectif.
09:02Donc, si ces droits de douane
09:03vont avoir un impact forcément positif
09:06sur l'inflation,
09:07mais derrière, ça crée encore plus d'incertitudes.
09:09Donc, voilà, l'incertitude inflationniste
09:10peut revenir aux États-Unis
09:12comme un sujet de débat central.
09:14Et de l'incertitude qui se rajoute
09:15à l'incertitude d'une certaine façon.
09:17Merci beaucoup, Christian Parizeau,
09:19de nous avoir accompagnés ce matin.
09:20Conseiller économique pour Aurel BGC
09:22et président d'Altaïr Economics.
09:24C'est donc l'emploi américain
09:25qui sera publié ce vendredi
09:27avant l'ISMB Service.
09:29Ça sera jeudi.
09:30Et le manufacturier, ça sera cet après-midi.

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