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  • il y a 2 jours
Ce lundi 8 décembre, Alexis Karklins-Marchay, directeur général délégué d'Eight Advisory, était l'invité dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Il s'est intéressé à la nouvelle stratégie de sécurité nationale de l'administration Trump. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00La nouvelle stratégie de sécurité nationale de l'administration Trump a été dévoilée vendredi, évidemment ça concerne le monde entier.
00:06Bonjour Alexis Kerklin, directeur général délégué d'Aitadvisory.
00:10Il y a pas mal de choses à retenir, beaucoup de mal dit sur l'Europe quand même, c'est assez virulent, on va disparaître, on va sortir de l'OTAN, risque d'effacement civilisationnel, ce qui est quand même assez fort.
00:23Qu'est-ce que vous retenez vous ?
00:24Alors d'abord il faut expliquer ce que c'est que ce document. Chaque année la présidence américaine publie un document sur la stratégie de sécurité, et là évidemment celui-là était très attendu, c'est la fin de la première année du deuxième mandat de Trump.
00:36Alors ça commence, objectivement on voit tout de suite, c'est vraiment dans l'auto-congratulation, c'est-à-dire que c'est un panéjérique, Trump est cité 27 fois lui-même expliquant qu'il a sauvé le monde, ramené la paix et la stabilité,
00:47bref qu'aucun gouvernement n'a jamais accompli en si peu de temps, ça on y est habitué.
00:52Mais en réalité c'est moins un document stratégique, de mon point de vue, qu'une forme de brochure, une forme de prospectus, qui n'est pas d'une très grande portée stratégique, objectivement,
01:01mais qui est surtout une reprise de la rhétorique et des valeurs magas, c'est vraiment du trumpisme étendu à l'international.
01:07On retrouve les thèmes classiques, depuis la fin de la guerre froide, l'Amérique n'a eu aucune stratégie et les élites n'ont aligné que des platitudes en faisant la promotion du libre-échange
01:16et de la mondialisation, une critique des alliés qui pensaient que l'Amérique pourrait financer toutes les guerres du monde.
01:22Un rappel important, pour Trump, l'unité politique du monde la plus pertinente est et restera l'État-nation.
01:29On commence à voir arriver la critique de l'Union Européenne, évidemment également une critique des institutions internationales,
01:36le succès des idéologies radicales, notamment on comprend, en Fénigrane on parle du wokisme, évidemment on veut dire pendée,
01:43et puis un rejet massif de l'immigration, et ça va loin parce que c'est pas que l'immigration de masse,
01:48c'est aussi l'immigration des talents, des talents mondiaux, vous savez qu'il y a beaucoup beaucoup d'étrangers qui vont étudier aux Etats-Unis et qui travaillent,
01:54l'Amérique a beaucoup utilisé, c'est beaucoup reposé, et bien ce document critique également cette immigration choisie.
02:01Heureusement, et c'est écrit comme ça, Trump est célébré comme celui qui, après un premier mandat qui avait été très réussi,
02:08vient apporter des corrections nécessaires et bienvenues à l'ordre mondial.
02:11Et en matière de politique internationale Alexis, c'est le retour de la doctrine hémisphérique, c'est une nouvelle doctrine Monroe quelque part ?
02:20Alors, c'est d'ailleurs appelé comme ça, ça s'appelle le corollaire Trump à la doctrine Monroe.
02:23Alors, on rappelle, la doctrine Monroe, c'est l'Amérique aux Américains.
02:26On est au début du 19e siècle, le président Monroe explique que les Européens n'ont plus à s'occuper du continent américain,
02:33que ce sont les Etats-Unis qui doivent s'en occuper.
02:35C'est pas exactement expliqué comme ça, mais c'est vrai que c'est une forme de corollaire,
02:39enfin, une forme de corollaire.
02:40En fait, ce que dit ici ce document, c'est que l'Amérique doit garder le contrôle de cette hémisphère occidentale,
02:48comprendre tout le continent américain, notamment pour lutter contre le narcotéroïsme, les cartels, l'immigration,
02:54il y a aussi une réaffirmation de l'importance de l'économie, on s'y attendait, c'est un peu bateau,
02:58mais de dire qu'il faut absolument avoir une économie innovante, créatrice de valeur,
03:02parce que les Etats-Unis, c'est un mode de vie, parce que les Etats-Unis, c'est une position mondiale dominante
03:06qui repose sur cette économie.
03:08Et donc, tout doit être fait, encore une fois, America first, pour protéger un secteur industriel,
03:13pour protéger les capacités de défense, pour protéger la propriété intellectuelle.
03:16Petit acte à la Chine.
03:17Donc il y a, j'allais dire, quelque chose d'assez classique, mais il y a une forme,
03:21il y a une vraie forme, de mon point de vue là encore, d'incohérence,
03:24parce qu'il y a des appels au non-interventionnisme, mais dans le même temps,
03:28l'Amérique a un avis sur tout, et notamment sur le continent qui prend le plus cher.
03:33Mais il parle, avec l'Europe, il parle d'attachement sentimental, c'est sympa quand même.
03:37Oui, alors c'est ça. En fait, ça commence, c'est la petite flatterie au départ, c'est formidable.
03:42L'Europe, vrai attachement sentimental, évidemment.
03:45Alors, c'est l'Irlande et le Royaume-Uni qui sont quand même cités,
03:47ce sont les deux pays d'Europe qui sont cités, comme l'attachement sentimental.
03:50Mais voilà que c'est un partenaire vital pour l'Amérique,
03:53que le commerce transatlantique est un pilier de l'économie mondiale.
03:57Et il va même plus loin, il dit même.
03:58L'Europe, c'est une économie robuste, des recherches scientifiques de pointe,
04:02et bien sûr, des institutions culturelles reconnues.
04:04Enfin, derrière tout ça, il y a quand même un très très fort discours
04:08profondément critique de l'Europe, qui va au-delà de l'économie.
04:12Et en réalité, on est dans la ligne du discours de Gide Evans à Munich,
04:15en début de l'année, qui avait fait beaucoup parler.
04:17C'est l'extension naturelle de ce qui avait été dit,
04:19avec une critique, vous avez dit, lors de l'effondrement civilisationnel.
04:23L'Europe serait victime de réglementations qui la tuent,
04:26d'un déclin économique qui est éclipsé par des vagues migratoires,
04:30une critique de l'Union européenne qui s'appelle la liberté d'expression, qui censure.
04:34Il y a des accusations très fortes.
04:36Et je crois que ce qui est finalement, on peut retenir de ce discours sur l'Europe,
04:41c'est qu'il y a d'un côté une forme de soutien des alliés européens pour changer de politique.
04:46Autrement dit, les Alliés-Unis disent, vous devez changer de politique.
04:49Vous devez célébrer l'histoire et les caractères propres à chaque nation.
04:53Encore une fois, on réaffirme l'importance de l'état-nation.
04:56Et surtout, et c'est cette phrase-là qui a fait réagir,
04:58l'Amérique se félicite de l'influence croissante des partis patriotiques européens,
05:02virgule, source d'optimisme.
05:05C'est écrit comme cela, concrètement, soutien à l'AFD en Allemagne,
05:08Rassemblement National en France, le réforme parti au UK.
05:11Il y a deux lectures qu'on peut avoir, alors.
05:13Vraiment, en résumé, il y a deux lectures qu'on peut avoir.
05:15On peut avoir une lecture qui va plaire aux admirateurs de Trump,
05:18une lecture civilisationnelle.
05:20En fait, Trump dit aux Européens, faites comme moi.
05:23Et puis il y a une lecture qui va plaire, peut-être peu davantage, aux Européens,
05:27convaincus, qui est en fait une forme de cynisme,
05:29que les États-Unis aujourd'hui veulent morceler, séparer les États européens,
05:33casser l'Union européenne pour faire de l'Europe un vassal,
05:36pour faire de chaque nation européenne des vassaux.
05:38Et c'est des vassals, et c'est ça que je crois qu'on peut retenir aussi
05:41en cette deuxième lecture, beaucoup plus critique.
05:43Il parle de l'Europe face à la Chine.
05:44On a les chiffres du commerce mondial, de l'excédent commercial ce matin chinois.
05:50On est à 1 000 milliards de dollars en 2025.
05:53Une hausse des exportations chinoises vis-à-vis de l'Europe de 15%.
05:56Il dit qu'il faut agir contre la Chine.
05:58On a l'interview d'Emmanuel Macron ce matin dans les Echos,
06:00où il dit qu'il faut que les Chinois comprennent qu'on est un marché,
06:02qu'on est leur client, sinon on va leur mettre les droits de douane.
06:05Il veut faire Emmanuel Macron un peu comme Donald Trump.
06:07Oui, c'est ça. En réalité, du point de vue américain,
06:10déjà c'est un peu une hypocrisie,
06:11parce que si les Chinois exportent autant depuis quelques mois en Europe,
06:16c'est que les marchés américains sont beaucoup plus compliqués
06:18pour les exportations chinoises.
06:19Donc en réalité, c'est la conséquence,
06:21c'est une des grandes conséquences des décisions
06:24en matière de tarifs douaniers de Trump.
06:26Et l'Europe finalement réagit un peu tardivement,
06:29mais elle réagit aussi, je crois en tout cas,
06:31elle doit réagir avec lucidité.
06:32Et on en a parlé d'ailleurs sur cette antenne,
06:34c'est qu'aujourd'hui, la Chine a des taux de change
06:37qui favorisent l'exportation,
06:38avec des technologies de plus en plus pointues.
06:41La Chine qui copie, c'est fini, ça.
06:43Aujourd'hui, c'est nous qui copions la Chine.
06:45Et donc, il est normal que l'Europe réagisse aussi.
06:47Je crois que c'est une forme de réveil.
06:49On peut s'attendre à une forme de réveil européen,
06:51jusqu'où ça va aller avoir.
06:53Mais il y a finalement, dans toute cette séquence,
06:55des messages très forts qui sont envoyés aux Européens,
06:57qui disent, mais l'Europe, vous pouvez regagner confiance en vous.
07:02Et je crois que c'est ce message optimiste
07:03qu'on peut porter ce lundi matin.
07:04Allez, on gardera ce message-là pour 7h25.
07:08Ça nous va bien.
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