Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 3 mois
Regardez L'esprit de l'info avec Roger-Pol Droit avec Thomas Sotto du 17 septembre 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Thomas Soto, RTL Matin.
00:03On est ensemble jusqu'à 9h30 et c'est l'esprit de l'info avec notre grand témoin du mercredi.
00:07Et c'est vous, Roger Paul Droit, philosophe et écrivain.
00:09Bonjour et bienvenue Roger Paul.
00:10Bonjour.
00:11La rentrée continue d'être marquée par cette grogne sociale après le mouvement Bloquons-Tout de la semaine dernière, le 10 septembre.
00:16Il y a donc cette journée de mobilisation XXL visiblement qui se prépare pour demain jeudi.
00:21Ça va être la pagaille un peu partout.
00:23Est-ce que c'est sain dans une démocratie pour vous ?
00:26Tout dépend des objectifs et tout dépend aussi de la manière dont ça se déroule.
00:31Il y a une grande différence me semble-t-il entre ce qui s'est passé le 10 où c'était des nébuleuses d'individus
00:37qui finalement appelaient à un blocage général sans modalité, sans objectif, très épargne.
00:44Et ça a été d'une certaine manière un échec relatif mais on a juste retenu, ah il faut que ça bouge.
00:50Bon, mais là c'est très différent parce que le 18 et ensuite le 25 avec les agriculteurs, c'est le retour des forces syndicales.
01:00Le retour en force des syndicats ?
01:02Il me semble bien puisque là vous avez quelque chose qui est organisé, institutionnellement mis en place.
01:09La différence si vous voulez c'est que c'est le retour aussi des intermédiaires.
01:16Voilà, et c'est ça qui me frappe.
01:17D'un côté des individus isolés, type mouvement de gilet jaune qui finalement faute.
01:24Où on n'arrive pas à trouver le fil conducteur.
01:25Voilà, faute d'organisation, faute de leader, faute d'objectifs clairement définis.
01:31Ceux d'élite d'une certaine manière et finissent par disparaître.
01:37Et puis là, quelque chose qui n'avait pas eu lieu avec cette ampleur depuis finalement longtemps,
01:43dans une situation de crise gravissime, des organisations syndicales qui montent fortement au créneau,
01:51qui mobilisent et qui pour mobiliser ont évidemment un appareil, des organisations, des militants.
02:00C'est donc quelque chose qui est très différent.
02:02Ça vous rassure en fait, quelque part, de voir que c'est plus structuré, même si j'imagine qu'ils jouent gros les syndicats demain ?
02:08C'est pas que ça me rassure ou m'inquiète, mais je crois qu'il y a, quand je regarde les choses,
02:13je ne suis pas spécialiste des mouvements sociaux, je ne sais pas, bon, je vois les choses avec mon oeil de philosophe,
02:19eh bien j'ai tendance à penser qu'il y a quelque chose de tout à fait différent parce que ce sont les intermédiaires.
02:24Il y a un sociologue américain, au début des années 2000, Andrew Chakwick, qui avait parlé de la,
02:32le mot est affreux mais je vais l'expliquer en deux mots, de désintermédiation.
02:38C'est-à-dire que finalement, tous les intermédiaires, que ce soit, je ne sais pas, des critiques gastronomiques,
02:44des journalistes, les gardiens des portes, comme on dit en anglais,
02:49eh bien, étaient disqualifiés par les réseaux. Et je crois qu'on a la même chose dans ces deux journées qui est en jeu.
02:57D'un côté, des initiatives individuelles, de l'autre, quelque chose d'institutionnel à travers les syndicats.
03:05En tout cas, s'il y a des intermédiaires, on peut dire qu'il y a moins de grands vides entre la base et le sommet.
03:10Exactement. Autrement dit, une société, elle marche avec des rouages, si vous voulez,
03:15où les gens ne sont pas tout seuls face à l'État, ils sont représentés, ils se regroupent, ils s'organisent.
03:21Évidemment, et c'est ça qui me frappe, il y a une immense responsabilité historique, je crois,
03:27et sociale des syndicats et politiques, évidemment, dans les semaines qui viennent.
03:31Alors, ce mouvement de demain, il a quand même une particularité, c'est que, souvent, quand il y a des manifs,
03:35c'est contre la réforme des retraites, contre tel projet, contre...
03:39Là, il n'y a pas de gouvernement, il y a de la colère, en fait, mais il n'y a pas de...
03:44On ne sait pas très bien, on manifeste parce qu'on n'est pas content, mais qu'est-ce qu'on demande demain ?
03:50Eh bien, c'est justement, moi, ce que j'attends de voir et de savoir.
03:53C'est très important, parce que deux choses, l'une.
03:55Ou bien on est sur un accroissement du désordre, du chaos.
04:02On proteste et c'est...
04:04Alors là, c'est finalement une très vieille filiation qui est de vouloir tout détruire.
04:09Vous savez, c'était des nihilistes russes au XIXe siècle.
04:11C'était pas le projet des syndicats, pour en revenir.
04:12Non, mais c'était les syndicats révolutionnaires qui ont eu ce projet.
04:17C'est-à-dire, il y avait ce qu'on appelait l'anarcho-syndicalisme au début du XXe siècle.
04:23C'était l'idée que plus on casse le système, et bien plus après on verra.
04:30Mais on ne sait pas, on n'a pas d'objectif.
04:32Tandis que le syndicat réformiste, vous parliez tout à l'heure de FO, par exemple,
04:36et bien c'est l'idée que on pose des objectifs, on négocie, on entre dans un système de rapports de force.
04:45Et puis il y a ce mot qui revient, qu'on entend, qu'on lit, c'est le mot colère.
04:48Tiens, j'ai eu envie qu'on réécoute ce matin.
04:50Ségolène Royal, dans le débat d'entre-deux-tours de la présidentielle en 2017,
04:54c'était face à Nicolas Sarkozy et elle était en colère.
04:56Non, je ne me calmerai pas.
04:58Je ne me calmerai pas.
04:59Pour être président de la République, il faut être calme.
05:01Non, pas quand il y a des injustices.
05:04Il y a des colères qui sont parfaitement saines.
05:06Parce qu'elles correspondent à la souffrance des gens.
05:08Il y a des colères que j'aurai, même quand je serai présidente de la République.
05:12Je ne sais pas pourquoi Mme Royal, d'habitude calme, a perdu ses nerfs.
05:17Non, je ne perds pas mes nerfs, je suis en colère.
05:19Ça n'est pas pareil.
05:20J'allais être en colère.
05:20Est-ce que vous êtes en colère, vous ?
05:23Non, je suis...
05:23Est-ce que vous comprenez ce mot colère ?
05:25Ah, je comprends très bien.
05:26Oui, je comprends très bien.
05:27C'est à la fois la lassitude, c'est le sentiment que nous vivons dans une série d'impasses, finalement.
05:36D'impasses politiques, d'impasses institutionnelles, d'impasses économiques.
05:40Et il y a là quelque chose qui, bien sûr, non seulement peut lasser, déprimer, etc.
05:46Mais peut aussi indigner et mettre en colère.
05:49La colère, ça peut être un bon, j'ai envie de dire, un bon sentiment.
05:55A la condition d'en faire quelque chose.
05:58Et de la canaliser.
05:59Voilà, s'il s'agit d'être en colère pour détruire, mépriser et tout casser, ça n'a pas d'intérêt.
06:04Bon, il y a la colère et puis il y a la tristesse aussi.
06:06Vous teniez à nous dire quelques mots de Robert Redford, dont on a appris la mort hier à l'âge de 89.
06:10Alors c'est bizarre Redford parce qu'il fait partie de ces gens qu'on ne connaissait pas personnellement, évidemment.
06:15Et puis c'est un peu comme Johnny Hallyday.
06:17On a l'impression qu'ils étaient dans nos vies, qu'ils étaient là et ils nous manquent.
06:20Absolument.
06:21C'est curieux, non ?
06:22Je crois, moi, toutes les femmes que je connaisse pleurent depuis hier après-midi, d'une certaine manière.
06:29Alors, bien évidemment, les hommes peuvent aussi être émus de cette disparition.
06:33Parce que c'est une, Meryl Streep a dit un lion, mais c'est une légende, c'est une icône, c'est une grande, grande figure.
06:41Et qui me paraît d'autant plus intéressante que si on la compare à l'Amérique d'aujourd'hui.
06:48Voilà, c'est le Hollywood.
06:50C'est le négatif au sens photographique du terme de l'Amérique d'aujourd'hui, c'est le contraire exact ?
06:55C'est autre chose.
06:57C'est-à-dire que, bien évidemment, Redford s'était engagé pour Biden à traiter Trump de dictateur et des choses comme ça.
07:05Bon, mais ce n'est pas seulement ça.
07:07Ce qui est intéressant, me semble-t-il, dans la personnalité et l'itinéraire de Redford,
07:15en dehors de tous ses films, où il a été grand acteur et grand réalisateur aussi,
07:21c'est finalement l'idée que c'était une sorte de rapport à l'Amérique qu'il avait sur le thème du « je t'aime, moi non plus », si vous voulez.
07:30Il était profondément américain, il incarnait des tas de choses, mais il était aussi très critique.
07:36Un film de Redford pour vous, s'il y en a un comme ça, que vous aimeriez revoir ce soir ?
07:40L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux.
07:43L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux.
07:44Restez avec nous, Roger Poldrois, parce qu'on va continuer à évoquer...
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations