- 30/04/2023
Au menu ce samedi : un débat sur l'efficacité de nos dépenses publiques, un détour par l'Allemagne et son offre de transports innovante, un focus sur l'intérim qui doit se repenser en période de pénuries de main d'œuvre et des questions pratiques à propos des carrières longues et des pré-retraites.
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00:00 Et on l'entendait dans le reportage avec ce chômage autour de 7%, en baisse d'1,2% au premier trimestre.
00:06 Certains secteurs manquent de bras et il faut savoir de séduire des candidats plus exigeants.
00:11 Pour en parler avec nous, Alain Roumiac, président du groupe d'intérim Manpower France, 700 agences dans l'Hexagone, 3900 collaborateurs.
00:18 Bonjour à vous. Bonjour.
00:20 Ce manque de main d'œuvre et ce chômage qui baisse, ça se traduit comment chez vous ?
00:24 Ça se traduit, tel que vous l'avez exprimé, par une tension pour trouver les candidats. Ceci étant, c'est vrai pour nous, nos activités d'intérim,
00:32 mais nous sommes également très actifs, recruteurs et très importants recruteurs pour le compte de nos clients quand ils recrutent en CDI.
00:40 Et on a à peu près les mêmes problématiques. Donc ce qu'il faut, c'est faire deux choses.
00:46 D'abord, il faut être attractif pour aller chercher les meilleurs candidats, savoir où il faut aller les chercher.
00:53 Donc on a évoqué un certain nombre de façons de faire. Mais aujourd'hui, nous, on a en particulier développé toute une stratégie de marketing digital
01:01 où on utilise d'ailleurs des technologies qui sont utilisées par...
01:04 Des applis comme dans le portable.
01:05 Voilà, donc des applis. Aujourd'hui, on a à peu près 250 000 personnes qui se connectent tous les mois sur notre appli.
01:11 Et puis, aller utiliser des techniques du e-commerce pour aller chercher des candidats sur un certain nombre de sites.
01:19 Voilà, les solliciter parce qu'aujourd'hui, le candidat ne vient plus à vous. Il faut aller le chercher.
01:26 Donc ça, c'est pour les candidats et ceux qui sont, on va dire, assez facilement employables.
01:30 Et puis, ce qui se passe, c'est qu'il faut augmenter les viviers.
01:33 Il y a sur un certain nombre de métiers, il n'y a pas suffisamment de personnes.
01:36 Donc il faut aller les chercher. On évoquait par exemple les soudeurs, les chaudronniers, mais on évoquait aussi les métiers du service à la personne.
01:44 Enfin, à peu près, d'ailleurs, énormément de métiers. Et ce qui se passe, c'est que là, ce qu'il faut, c'est aller chercher des gens qui n'ont pas obligatoirement la compétence et les former.
01:51 Donc nous, en ce qui nous concerne, cette année, je pense qu'on va former à peu près 40 000 personnes pour le compte de nos clients,
01:57 pour essayer d'aligner la compétence des candidats avec ce qu'est le besoin des entreprises.
02:05 Mais peut-être qu'on en reparlera. Et je pense que c'est d'ailleurs tout l'enjeu du projet France Travaille.
02:09 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on voit bien qu'il y a des opportunités d'emploi qu'on a du mal à fournir, qu'il y a des demandeurs d'emploi.
02:16 Donc ensuite, c'est comment est-ce qu'on va accompagner, comment est-ce qu'on va aller chercher ces demandeurs d'emploi qui sont peut-être un peu plus éloignés de l'emploi
02:23 que ceux qui, aujourd'hui, ont retrouvé un emploi sur ces deux dernières années, pour les accompagner. Dans un certain nombre de fois, faire ce qu'on fait, c'est faire lever,
02:32 ce qu'on appelle des freins périphériques au travail. Donc on évoquait, par exemple, des problèmes de transport, des problèmes de garde d'enfants.
02:39 On pouvait aussi avoir des problèmes avec des gens qui ont des problèmes de santé, pour pouvoir les former.
02:43 Alors juste pour traduire France Travaille, ça va être en gros le nouveau pôle emploi qui va faire son apparition prochainement.
02:49 On parle des freins périphériques, c'est le mot que vous utilisez. Il y a aussi la question des salaires, il y a aussi la question des conditions de travail.
02:56 Qu'est-ce que c'est votre réponse à vous là-dessus ?
02:58 Si vous voulez attirer des candidats, il faut être attractif. Donc ce qu'il faut comprendre, et donc on accompagne d'ailleurs un certain nombre de nos clients
03:04 pour faire en sorte qu'ils soient attractifs. Par exemple, sur le sujet du salaire, nous sommes capables, parce que c'est souvent une problématique de bassin d'emploi,
03:13 sur le bassin d'emploi, on évoque avec nos clients, quels sont les salaires...
03:17 Les entreprises ?
03:18 Les entreprises, quels sont les salaires qui sont pratiqués.
03:21 Est-ce qu'il faut les augmenter ?
03:22 Est-ce qu'il faut les augmenter ? Si vous êtes au-dessus de la moyenne de votre secteur, vous allez attirer. Si vous êtes en dessous, ça va être plus compliqué.
03:29 L'entreprise, c'est l'entreprise qui décide en fonction de sa situation économique.
03:33 Et puis vous avez le sujet de l'équilibre vie professionnelle-vie privée. Vous avez évoqué aussi le sujet des conditions de travail, mais sur l'équilibre vie professionnelle-vie privée,
03:42 Benoît Serre évoquait en particulier le sujet des horaires hachés. Mais aujourd'hui, vous avez un certain nombre de personnes qui...
03:51 Alors, bien évidemment, il y a le sujet du télétravail, pour ceux qui peuvent télétravailler. Il y a, pour ceux qui travaillent en horaires décalées,
03:58 c'est le nombre de soirs ou de week-ends où ils vont être en dehors de chez eux. Donc, ce qu'il faut, c'est que chaque entreprise définisse bien sa stratégie,
04:07 comprenne qu'elle est dans un marché concurrentiel. Et ça, c'est un peu une nouveauté. Et donc, dans un marché concurrentiel, qui est le marché de l'attraction des candidats,
04:16 qu'est-ce qu'il va faire ? Que je vais être le mieux capable de répondre aux attentes des candidats, comme je suis le mieux capable de répondre aux attentes de mes clients.
04:23 Et elles l'entendent, ça, les entreprises ? Elles sont prêtes à augmenter les salaires sur certains emplois, comme chaudronnier ou soudeur ?
04:31 Elles sont prêtes à dire "Bon, les horaires hachés sur la restauration, on va faire des efforts, etc. ?"
04:35 Mais dans bon nombre de cas, elles n'ont pas le choix. Ou dans ce cas-là, elles réduisent leur offre. Il y a des entreprises qui réduisent leur offre en disant "J'ai pas suffisamment de bras, je réduis mon offre".
04:44 Mais celles qui ont envie de développer leur offre, elles n'ont pas d'autre choix qu'encore une fois d'être attractives et de travailler sur ce qu'on appelle la marque employeur.
04:54 Alors, ça, c'est bien sûr très structuré dans une grande entreprise, un peu moins dans une petite. Les entreprises le comprennent.
05:01 Simplement, ce qu'il faut, c'est aussi que ça soit compris dans l'ensemble de l'entreprise.
05:05 Et j'étais il y a quelques semaines avec un entrepreneur, une ETI, qui avait bien compris le dirigeant et le ADH.
05:13 Et la question, c'était "Comment est-ce que je fais en sorte que mes managers de terrain, eux, comprennent qu'aujourd'hui, les aspirations des candidats sont différentes de quand ils étaient à leur poste ?"
05:27 Et donc, il y a tout un travail aussi d'acculturation du management. Ce n'est pas juste le fait de décider au niveau de l'équipe de direction.
05:36 En particulier, la notion de respect, la façon de traiter très humainement les gens, c'est devenu quelque chose de beaucoup plus important que par le passé.
05:46 Et donc, ça oblige à changer les méthodes de management.
05:51 Parfois, quand vous avez quelqu'un qui, si je peux me permettre presque cette provocation, qui a été maltraité quand il était sur le terrain, il a monté en hiérarchie.
05:59 Et quelque part, il applique les mêmes méthodes qui lui ont été appliquées.
06:02 Sauf que ça, aujourd'hui, c'est inapplicable, en particulier sur les nouvelles générations, mais plus largement par ce qu'attendent les candidats.
06:09 Donc, c'est toute une transformation au sein de l'entreprise, depuis la direction qui définit sa stratégie, jusqu'aux équipes de management de terrain qui l'appliquent.
06:18 Alain Romillac, vous avez entendu cette semaine le gouvernement qui renouvelle son envie, son besoin d'aller vers le plein emploi.
06:25 Et cette loi qui va arriver bientôt, c'est une bonne nouvelle pour vous ?
06:29 Parce qu'on a tendance à penser moins de chômage, ça veut dire moins de besoin des agences d'intérim en fait.
06:33 Aujourd'hui, en tout cas, le besoin continue à exister de façon importante.
06:38 Et donc, nous, aujourd'hui, on le voit plutôt comme une opportunité.
06:40 Et moi, j'ai une vraie conviction.
06:42 C'est qu'il faut qu'on fasse plus d'accompagnement.
06:47 Moi, je pense que structurellement, dans ce pays, on a considéré que le chômage était une fatalité.
06:52 Et à partir du moment où c'est une fatalité, on a mis beaucoup plus sur l'indemnisation que sur l'accompagnement.
06:57 Parce que si on accompagnait des gens, de toute façon, il n'y avait pas de job au bout.
07:00 On est dans une dynamique qui est différente.
07:02 Et aujourd'hui, moi, j'ai la conviction que la plupart des gens qui, aujourd'hui, sont en situation de pouvoir travailler, le peuvent.
07:10 Et que justement, ceux qui ont des difficultés aujourd'hui à s'insérer sur le marché du travail,
07:14 c'est parce qu'ils ont des difficultés, certains, un frein périphérique,
07:18 certains aussi peuvent avoir des problèmes d'addiction, de choses telles que ça.
07:21 Donc, il faut augmenter l'effort que l'on met sur l'accompagnement, accompagner un certain nombre de populations.
07:29 Nous, on a des expériences telles que celles-là.
07:32 On voit que ça marche et qu'on est capable de réinsérer un certain nombre de personnes.
07:36 Entre autres, on accompagne un certain nombre de gens qui expriment le fait qu'ils ne peuvent pas travailler parce qu'ils ont des problèmes de santé.
07:41 Alors, peut-être plus d'exercer le métier qu'ils exerçaient avant, mais peut-être on peut les positionner sur de nouveaux métiers.
07:47 Donc, il faut augmenter l'accompagnement des gens qui, aujourd'hui, sont en danger de...
07:54 Et les ramener vers le travail.
07:55 Et les ramener vers le travail en les aidant sur d'autres sujets.
07:59 Et puis ensuite, une fois qu'on a réglé un certain nombre de problématiques,
08:05 ensuite, on les rentre dans un processus classique, formation, mise à l'emploi.
08:09 Vous, Alain Romillac, vous y croyez, cet objectif de plein emploi ?
08:12 Parce que, à vos yeux de chef d'entreprise, est-ce que vous ne voyez pas aussi l'inflation, la hausse des taux, la crise de l'énergie ?
08:17 Est-ce que tout ça, ça ne pourrait pas peser sur l'activité à terme ?
08:19 Alors, d'abord, il y a qu'est-ce qui est conjoncturé, c'est qu'est-ce qui est structuré ?
08:24 Moi, j'écoute, comme tout le monde, en particulier ce que dit la Banque de France, ou l'INSEE,
08:28 qui dit qu'il va y avoir une remontée pas excessive du nombre de demandeurs d'emploi en fin d'année.
08:35 Bon, je note, ceci étant, qu'il y a un an, on pensait que ça serait déjà le cas,
08:40 et aujourd'hui, on continue à créer des emplois.
08:42 Donc, ceci étant, il peut y avoir un sujet conjoncturel, et peut-être que d'ici la fin de l'année, ça va remonter.
08:48 Moi, je pense que, structurellement, on a aussi une problématique de pyramide des âges,
08:52 qui fait qu'aujourd'hui, on a plus de croissance de la population active,
08:57 qu'il y a des besoins dans de nombreux secteurs, on évoquait le grand âge, et ainsi de suite,
09:03 qui vont créer de nouveaux besoins.
09:05 Donc, je pense qu'il faut s'engager sur le moyen terme.
09:09 On aura, toujours, ou je pense qu'on aura structurellement, dans les prochaines années, des problématiques,
09:16 encore une fois, pour trouver les compétences dont on a besoin.
09:20 Donc, je pense que cette démarche, il faut la faire, et encore une fois, avec une conviction personnelle extrêmement forte.
09:25 Il faut travailler plus sur l'accompagnement.
09:29 Il y a un certain nombre de gens qu'on peut ramener sur le marché du travail, mais en les accompagnant.
09:35 Et parmi les gens qu'on aurait pu ramener, pour qui la loi immigration voulait créer un titre de séjour spécial dans les métiers en tension,
09:44 elle est repoussée, au moins à la rentrée, cette loi immigration ? Vous le regrettez ?
09:49 Moi, je ne le regrette pas particulièrement.
09:51 Après, c'est une vraie question.
09:52 Je pense qu'on est l'un des seuls pays où les gens qui attendent de pouvoir être régularisés, ne travaillent pas.
09:59 Et sûrement, d'ailleurs, qu'il y a des déviations.
10:01 Dans les autres pays européens, en général, les gens ont la possibilité de travailler.
10:04 Mais ça, ce n'est pas mon sujet.
10:05 Moi, mon sujet, c'est plus de se dire, tous ceux qui ont la capacité de gérer et de travailler,
10:11 et il y en a plusieurs millions, qu'est-ce qu'on peut faire pour les aider à retrouver le chemin de l'emploi
10:20 et répondre à cette demande des entreprises ?
10:22 Vous citiez le chiffre de plus de 300 000 offres non pourvues.
10:25 Donc, il y a des opportunités.
10:27 Ça aide à développer l'économie.
10:28 Ça permet d'insérer des gens.
10:30 Donc, il faut faire un peu plus sur ce sujet-là.
10:32 Et dans les secteurs qui manquent de bras, il y a le secteur médical.
10:35 La loi plafonne, depuis le début du mois, les rémunérations des médecins intérimaires dans le public à 1390 euros bruts,
10:41 la garde de 24 heures.
10:42 Vous avez observé, vous, des conséquences, une baisse du nombre de candidats ?
10:45 Alors, nous, nous ne sommes pas dans le secteur du médical.
10:47 D'accord.
10:48 Donc, je ne peux pas évoquer ce sujet-là avec vous.
10:52 Est-ce que vous comptez sur la réforme des retraites pour vous apporter aussi des intérimaires qualifiés ?
10:57 Alors, ce qu'on a vu, c'est au cours de ces dix dernières années,
11:02 donc une augmentation très sensible du nombre d'intérimaires qui ont plus de 50 ans.
11:07 D'ailleurs, parce que parfois, pour un certain nombre d'entre eux,
11:10 qui, entre autres, sont très qualifiés,
11:12 l'intérim, ça leur permet aussi un peu de choisir leur mission.
11:15 Et donc, c'est une façon, il y a aussi cette demande de plus d'autonomie.
11:21 On parle beaucoup des auto-entrepreneurs ou des indépendants.
11:24 L'intérim peut être aussi une solution pour un certain nombre de personnes
11:27 qui veulent être plus indépendants, choisir leur mission.
11:31 Donc, on a vu cette évolution.
11:34 C'est clair que, de toute façon, s'il y a plus de personnes sur le marché du travail,
11:38 normalement, on devrait être plus à même de relier la demande des entreprises
11:44 et le nombre de candidats sur le marché.
11:46 Encore une fois, ça va être très progressif, puisque ça va être un trimestre par an.
11:51 Moi, je suis plus focalisé, c'est plutôt mon entropisme,
11:55 sur qu'est-ce qu'on fait, justement, pour passer de 7 à 5.
11:58 Je crois que c'est un vrai besoin social, c'est un vrai besoin économique.
12:04 - De 7 à 5, pardon ?
12:05 - De 7 à 5, pardon, du taux de chômage, puisque l'objectif, c'est de passer à 5%.
12:10 - Le plein emploi.
12:11 - Le plein emploi.
12:12 - Est-ce qu'un intérimaire peut faire grève contre la réforme des retraites ?
12:15 - On en a un certain nombre qui ont fait grève.
12:21 Après, c'est apprécié, comme vous le savez, par l'entreprise utilisatrice.
12:27 Mais oui, on en a un certain nombre qui ont fait grève.
12:30 - On parlait de France Travail tout à l'heure.
12:32 Peut-être une dernière question là-dessus.
12:33 La Première Ministre a confirmé la création de ce qui va remplacer Pôle emploi
12:37 en ajoutant l'émission locale, en ajoutant Cap emploi,
12:39 qui est destiné aux personnes handicapées.
12:41 Ça va vous faire de la concurrence ?
12:43 - Non, je crois que c'est plutôt une opportunité pour nous.
12:45 Vous savez, nous, on travaille avec tous ces gens-là.
12:47 On a signé une convention avec Pôle emploi, qu'on a déployé dans l'ensemble des régions.
12:53 On connaît toutes les missions locales.
12:56 On travaille avec les services du département, les services des régions.
12:59 Donc pour nous, c'est plutôt une facilité si on pouvait avoir justement un guichet unique.
13:05 Et d'ailleurs, je dois avouer qu'au cours de ces dernières années,
13:08 les relations se sont beaucoup fluidifiées, beaucoup améliorées avec les acteurs publics de l'emploi.
13:13 Jackie nous voit comme une solution pour justement pouvoir insérer sur le marché du travail
13:19 un certain nombre de personnes qui ont un peu de difficultés.
13:21 Donc on a d'excellentes relations avec eux.
13:23 Donc si on nous simplifie la vie avec moins d'interlocuteurs, ça sera bon pour nous.
13:27 - Alain Romiac, patron de Manpower et des agences d'intérim Manpower en France,
13:31 merci d'être venu sur France Inter.
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