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Espaces de loisir comme d'apprentissage, de nombreuses piscines municipales ont fermé ces dernières années. La journaliste Adèle Cailleteau qui consacre une série à ce phénomène sur Médiapart, le chercheur Emmanuel Auvray et le double champion olympique Alain Bernard étaient les invités du 8h20 de France Inter, dimanche 17 août.

Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

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Transcription
00:00France Inter, Kevin Dufresch, le 6-9
00:07Elles sont un refuge pour ceux qui n'ont pas la mer en cette période de canicule.
00:12Des lieux d'apprentissage essentiels, de souvenirs aussi pour bon nombre de Français.
00:17Les piscines municipales font partie de notre quotidien, oui, mais de moins en moins.
00:22Car on en ferme chaque année.
00:24Trop coûteuse, trop difficile à gérer, disent certaines collectivités.
00:28Et pour en parler ce matin sur Inter dans le Grand Entretien, trois invités.
00:32D'abord Adèle Caïto, bonjour.
00:34Bonjour.
00:35Vous êtes journaliste, membre du collectif YouPress.
00:38Et vous êtes l'autrice cet été d'une série d'articles pour Mediapart sur les piscines.
00:43En ligne avec nous, Emmanuel Ouvray, bonjour.
00:46Bonjour, merci pour votre invitation.
00:48Chercheur à l'université de Caen, en histoire du sport, dans le département Histoire, Territoire, Mémoire.
00:53Et puis Alain Bernard, bonjour.
00:56Bonjour.
00:57Ancien nageur, champion olympique du 100 mètres nage libre, c'était en 2008 à Pékin.
01:04Merci à tous les trois en tout cas d'avoir accepté l'invitation de France Inter ce matin pour parler des piscines.
01:10Adèle Caïto, d'abord, votre série sur Mediapart s'appelle La piscine, un service public à bout de souffle.
01:16Pourquoi avoir choisi ce titre ?
01:19D'abord parce que la piscine est un service public.
01:21C'est un lieu où on apprend à nager, ce qui est très important.
01:25La noyade reste la première cause de mortalité par accident de la vie courante pour les moins de 25 ans.
01:31Donc c'est un lieu d'apprentissage de la nage, mais c'est aussi un lieu refuge, en particulier l'été.
01:36C'est un lieu où jeunesse se fait.
01:39J'ai été étonnée de voir à quel point les souvenirs de piscines, de jeunesse, des personnes qui ont 50, 60 ans aujourd'hui sont encore très forts.
01:47Et de voir aussi, aujourd'hui, les jeunes dans les piscines, à quel point c'est un endroit important.
01:53Par exemple, dans le Tarn où je suis allée.
01:55Et puis, dernière chose, sur la piscine comme service public, c'est aussi un lieu dans lequel on apprend à être ensemble, à être dans la même eau.
02:02Ce qui n'est pas évident, on a rarement l'occasion d'être aussi proche dans un environnement comme celui-là.
02:08Donc c'est un apprentissage très important à faire.
02:11Et pourquoi « à bout de souffle » ? C'est ça le titre de votre série.
02:14À bout de souffle, parce que la piscine, comme beaucoup d'autres services publics, va mal.
02:19Et la piscine en particulier, parce que c'est un équipement qui coûte extrêmement cher, en particulier, et qui ne semble pas être la priorité politique actuelle.
02:27On va parler des coûts, bien sûr, mais puisque vous évoquiez la notion de service public.
02:32Emmanuel Ouvray, historiquement, en effet, les piscines en France, c'est un service public.
02:37On parle tous de piscines municipales.
02:41Oui, disons que par rapport à l'histoire des équipements sportifs et des piscines en particulier,
02:46il faut remonter au début de la 5e République pour avoir une politique régalienne
02:50qui va viser à équiper le pays de piscines en nombre, des piscines peu coûteuses,
02:56à en fabriquer, à entretenir, à une époque où, effectivement, on va chercher à développer
03:01à la fois le sport de haut niveau, la natation de masse, et puis la natation scolaire
03:06qui, au début des années 60, va se sportiviser avec des épreuves chronométrées.
03:12Donc, pour vous donner un ordre de grandeur et pour montrer un peu le retard qu'a pris la France en 1958,
03:17la France ne dispose, enfin, 52% des départements ne disposent pas de piscines couvertes.
03:24Donc, par rapport à la natation scolaire, bien évidemment, c'est quasiment impossible de pouvoir l'enseigner à l'année.
03:29Donc, le ministère des Sports, dirigé par Herzog, va lancer cette politique d'équipement
03:35avec des piscines qu'on va appeler industrielles, les fameuses piscines Tournesol, Iris, Canton,
03:40qui, aujourd'hui, représentent encore presque 50% du parc de piscines,
03:45qui sont, bien évidemment, vieillissantes, coûteuses et pas toujours très en phase
03:48avec les nouvelles offres des piscines que j'appelle 4 en 1,
03:51dans lesquelles il faut à la fois offrir du sportif, du ludique, du scolaire et du bien-être.
03:56On va en parler, bien sûr, mais justement, vous évoquez les piscines Tournesol.
04:01Alain Bernard, vous, vous avez commencé dans une piscine Tournesol.
04:03Il y en a même une à votre nom, celle où tout a commencé pour vous, dans le quartier du Charest, à Aubagne.
04:09C'est la piscine municipale qui vous a permis, à vous, Alain Bernard, comme à d'autres,
04:13de devenir un champion, de démarrer cette carrière.
04:18Exactement. Et c'est vrai que ça a été très bien présenté en amont,
04:22dans cette introduction, dans le sujet que je vous remercie de traiter,
04:25qui est un sujet ô combien important.
04:26Moi, j'ai eu la chance d'apprendre à nager dans une piscine tout proche de chez moi.
04:29Si la piscine avait été à l'autre bout de la ville,
04:31ou quelques minutes de voiture ou de transport plus loin,
04:35je n'aurais pas forcément eu la même vie.
04:37Et ce qui est extraordinaire dans mon histoire,
04:39comme dans beaucoup d'athlètes de haut niveau français et des nageurs français,
04:41c'est qu'on a appris à nager pour être en sécurité dans l'eau.
04:44Donc, nos parents nous ont poussés dans l'eau à travers un club de natation.
04:50Il faut vraiment insister sur le maillage territorial
04:52qu'occupent aussi les clubs affiliés à la Fédération française de natation
04:55ou autre fédération ou autre association
04:57qui vont permettre d'apprendre à nager à moindre coût.
05:00Parce que l'enjeu sociétal, c'est finalement de pouvoir offrir à la population
05:04un outil qui permet d'apprendre à nager
05:07sans vous avoir à payer de mettre nageur dans sa piscine privée.
05:10Certes, il y a des personnes qui peuvent se le permettre et c'est très bien,
05:14mais voilà, moi j'ai envie de penser à la majorité des classes sociales
05:18qui est des moyens ou pas pour que tout le monde puisse apprendre à nager.
05:21Et donc, comme l'a expliqué Emmanuel en introduction,
05:24ce plan des 1000 piscines date en effet des années 60.
05:27Il a été réfléchi dans les années 60, à partir des années 70.
05:31On faisait des équipements sans trop réfléchir à l'isolation,
05:33sans trop réfléchir à la consommation d'eau,
05:35à la consommation électrique et énergie fossile.
05:40Aujourd'hui, il existe des modèles
05:41et c'est là-dessus qu'on veut alerter à travers notre tribune
05:44que l'on a lancée avec Florent Manodou
05:46parce qu'il existe différents modèles qui puissent permettre d'industrialiser ça
05:50et que l'État puisse participer à nouveau à cet effort de guerre, j'ai envie de dire.
05:56Excusez-moi le terme.
05:58À cet effort-là, parce que depuis la décentralisation,
06:00le poids des investissements et des entretiens reposent sur les collectivités
06:07qui sont à bout de souffle.
06:08Puisque vous l'évoquez d'ores et déjà, effectivement, Alain Bernard,
06:12cette tribune que vous avez publiée avec Florent Manodou il y a 15 jours,
06:16vous appelez un plan piscine pour renouveler les infrastructures
06:20et pour que l'État vienne en aide aux collectivités
06:23puisque ce qu'il faut bien dire et repréciser,
06:26c'est que ce sont les collectivités qui s'occupent des piscines municipales.
06:30Oui, c'est une coordination, vous voyez, qui n'est pas très claire aujourd'hui.
06:34On se perd un peu dans ce marasme administratif
06:36où les prérequis de l'éducation nationale
06:39obligent finalement apprendre à nager dans les cycles 1 et 2, les enfants.
06:46Mais ils s'appuient sur des infrastructures qui sont gérées par des collectivités.
06:51Et donc, ici et là, on a vu assister sur le territoire avec la fermeture des piscines
06:55sur un bassin de population donné, il y a 50 ans, on avait deux ou trois petites piscines de 25 mètres.
07:01Aujourd'hui, sur ce même bassin de population, on a un seul grand équipement,
07:05c'est-à-dire avec du sportif, du ludique, du bien-être,
07:07des grands équipements qui sont très coûteux, très énergivores,
07:10mais qui vont non seulement augmenter les temps de trajet des scolaires pour apprendre à nager,
07:14et qui ne vont pas permettre d'absorber finalement à surface d'eau équivalente
07:19ce qui existait quelques années auparavant.
07:21Vous savez, avec les intercommunalités, les communautés de communes, les agglomérations, etc.
07:28Eh bien, c'est un peu tout dilué.
07:30Et grâce finalement au chiffre qu'a publié Paris 2024,
07:34qui a annoncé un bénéfice de 75 millions d'euros,
07:37eh bien on s'est dit avec Florent que c'était l'occasion d'alerter un petit peu les pouvoirs publics
07:41avec à la fois des gens qui se noyaient début août dans les mers, piscines privées, etc.
07:47Et de l'autre côté, une équipe de France hyper performante.
07:49Donc il y a un vrai paradoxe.
07:51Adèle Caïto, vous avez illustré les difficultés des collectivités locales dans la gestion des piscines.
07:58En allant, vous l'évoquiez un petit peu tout à l'heure, dans le Tarn,
08:00vous y consacrez un article spécifique sur les cinq que vous avez écrits pour Mediapart.
08:05Il y a une dizaine de bassins qui ont fermé dans ce département.
08:09Que disent les élus locaux dans le Tarn ?
08:12Ça coûte trop cher, c'est pas plus compliqué que ça.
08:15Alors c'est quoi ? C'est l'énergie ?
08:17Le personnel, l'énergie et le personnel, parce que la piscine a la particularité
08:20à la fois d'être un endroit très énergivore puisqu'il faut faire chauffer l'eau,
08:24mais aussi de nécessiter une surveillance permanente,
08:27donc de devoir rémunérer du personnel en permanence, qui coûte très cher.
08:31Et par exemple, le maire de Saint-Sulpice-la-Pointe,
08:34qui est une commune de 10 000 habitants dans le Tarn,
08:36a expliqué en janvier qu'il allait fermer la piscine municipale
08:39parce qu'elle coûtait trop cher.
08:42Alors finalement, il est revenu en partie sur cette décision
08:45après la mobilisation d'une partie de la commune.
08:49Et finalement, la piscine va changer.
08:51Au lieu d'être... Elle était gérée jusque-là par la municipalité,
08:54elle va passer à l'intercommunalité.
08:57Donc il y a aussi ce genre de solutions qui peuvent être trouvées.
08:59Et dans une commune voisine a groillé 13 000 habitants.
09:03Là, la piscine a fermé définitivement en 2023.
09:07Et les raisons, c'est les mêmes, en fait.
09:09C'est que ça coûte trop cher et que la piscine était vétuste
09:11puisqu'elle avait déjà plus de 50 ans.
09:13Mais il y a aussi une question un peu politique.
09:15C'est aussi... Enfin, toutes ces questions-là...
09:16Alors, en effet, les piscines coûtent très cher,
09:18mais il y a aussi une question de volonté politique.
09:20Par exemple, à Saint-Sulpice-la-Pointe,
09:22la gestion de la piscine représentait 2% du budget de la commune.
09:27Donc c'est un choix.
09:28C'est aussi le choix de ne pas augmenter les impôts, par exemple.
09:31Et à groiller...
09:32En fait, donc là, en plus, à groiller,
09:35il y a la particularité d'avoir une difficulté
09:37avec l'intercommunalité concernant la gestion de la piscine.
09:44Et donc l'idée, ce serait à terme de reconstruire une nouvelle piscine.
09:47Mais en fait, on ne sait pas quand.
09:49Les années à venir, il n'y aura sans doute pas plus d'argent
09:51à disposition, donc ça reste incertain.
09:54Et le contexte global, politique et budgétaire,
09:57on le connaît avec le gouvernement et François Bayrou
10:01qui veut faire plus de 40 milliards d'euros d'économie l'année prochaine.
10:04Les collectivités locales qui voient leur budget de fonctionnement baisser.
10:08Emmanuel Ouvray, c'est vrai, en fait,
10:10les piscines services publics se retrouvent, en fait,
10:14au cœur de choix politiques, désormais, des collectivités.
10:17Non seulement, oui, au cœur de choix par rapport aux restrictions budgétaires.
10:22Et puis aussi, il y a un autre élément, une question aussi d'attractivité.
10:26C'est-à-dire qu'il y a des territoires qui laissent se fermer quelques piscines
10:31et préfèrent construire des piscines beaucoup plus attractives pour les touristes,
10:35dans lesquelles, effectivement, comme l'a souligné Alain Bernard,
10:38le sportif et le scolaire ne sont pas forcément les éléments
10:41qui vont faire venir les touristes.
10:43Donc, quand vous compilez ces deux éléments-là,
10:46les restrictions budgétaires et une volonté aussi d'avoir des piscines
10:48beaucoup plus attractives qu'une piscine tournesol,
10:51qui est une piscine, finalement, à plat,
10:53qui ne va pas forcément intéresser les gens qui viennent en vacances
10:55pour faire de l'apprentissage,
10:58eh bien, vous vous retrouvez dans des territoires,
11:00le Lot, le Tarne, où on a fermé de nombreuses piscines
11:04et on se retrouve avec l'intercommunalité,
11:06des piscines qui font le choix, des fois, on peut le comprendre
11:09parce qu'elles n'ont pas les épaules financières suffisamment solides,
11:12et construisent des piscines à 20, 25 millions d'euros
11:15dans lesquelles on retrouve ces logiques-là,
11:17mais qui, effectivement, ne permettent pas de couvrir les territoires.
11:20On parle là de ce qu'on peut appeler des centres aquatiques
11:24qui se diversifient.
11:25Donc, effectivement, Alain Bernard, vous parliez des espaces de bien-être,
11:29les spas, des grands toboggans,
11:31même parfois des salles de sport intégrées aux piscines,
11:33tout ça, ce sont des opérateurs privés.
11:36Est-ce que, du coup, ça nous éloigne du côté très populaire de la piscine ?
11:42Puisque le coût d'entrée dans une piscine, il y a encore quelques années,
11:47c'était même parfois moins de 2 euros.
11:50Alain Bernard, c'est aussi une des choses qui vous inquiète,
11:53en fait, qu'on éloigne certaines populations, peut-être bientôt, de la piscine ?
11:58Oui, alors, les opérateurs privés, enfin, ce sont des personnes qui vont gérer
12:03ce qu'une collectivité décide de ne pas gérer.
12:05Donc, il va forcément générer un surcoût.
12:07Une piscine qui va coûter une collectivité, je dis n'importe quoi,
12:10250 000 ou 300 000 euros par an,
12:12va faire appel à un gestionnaire privé,
12:15où il y en a 4-5 gros qui se partagent le marché,
12:19et donc, ils vont construire leur modèle économique là-dessus,
12:21et qui vont marger pour payer leurs salariés, leurs employés,
12:24la maintenance de la piscine.
12:25Donc, historiquement, juste pour rappeler quelques chiffres,
12:28le coût d'entrée d'une piscine, c'est entre 3 et 5 euros, en moyenne,
12:31ce que l'on observe sur le territoire national.
12:34Avant la crise et l'invasion de l'Ukraine,
12:36et la hausse du prix de l'énergie,
12:38en fait, on était entre 13 et 15 euros pour être à l'équilibre.
12:41Aujourd'hui, on est plus entre 15 et 17 euros.
12:44Donc, c'est-à-dire, entre les 5 et les 15 euros,
12:47je vais prendre la fourchette haute pour le prix de la personne qui vient d'entrer,
12:50et la fourchette basse pour ce que ça coûte à la collectivité,
12:52c'est 10 euros, ça s'appelle le déficit d'exploitation,
12:55qui est amorti par la collectivité.
12:57Est-ce qu'aujourd'hui, on ne peut pas réfléchir à des nouveaux modèles
13:00où, peut-être, on peut se baser comme au conscient familial,
13:03quand on inscrit nos enfants à l'école, à la crèche,
13:06dans un centre de loisirs,
13:08pour définir un plan tarifaire ?
13:10Est-ce qu'on ne peut pas, au-delà de tout ça,
13:12finalement, encore une fois, revenir à des modèles
13:14qui soient plus préconisés par l'État,
13:18avec une gestion de l'énergie moindre ?
13:20Tout à l'heure, ça a été très bien aussi présenté par Adèle,
13:23c'est vrai qu'une piscine, c'est très énergivore,
13:25c'est le deuxième bâtiment public le plus énergivore derrière un hôpital.
13:29Néanmoins, c'est un endroit où 100% de la pyramide des âges se retrouve.
13:32C'est un endroit où on apprend à être en sécurité,
13:36et donc, est-ce qu'on ne pourrait pas réfléchir à ces modèles-là,
13:38qui soient moins coûteux en énergie ?
13:40Nous, on a réfléchi, justement, avec un groupement d'associés,
13:43sur le fait que la halle de bassin soit ventilée naturellement,
13:45et on va pouvoir enfin remporter un premier appel d'offres
13:48à Pleineuf-Vallandry, en Bretagne,
13:51qui va nous servir, on espère, un peu de, pas de laboratoire,
13:54mais de showroom, presque, si je me permets l'expression.
13:57Parce que recycler l'air 4 à 5 fois par heure,
14:00comme l'impose l'Agence régionale de la santé,
14:02ça aussi, ça a des coûts énergétiques.
14:05Donc voilà, là, on va rentrer dans un calendrier électoral municipal,
14:07qui va, comme le disait Emmanuel aussi,
14:11aider des maires à mettre des piscines dans leurs projets électoraux, etc.
14:16Parce que, aujourd'hui, ce sont des vrais sujets, localement parlant,
14:19et donc, on espère, encore une fois, que les planètes puissent s'aligner,
14:21que tout le monde puisse s'accorder.
14:23Et puisqu'on en parlait, Emmanuel Ouvray,
14:25pour parler d'éventuelles solutions,
14:28on a parlé plusieurs fois, depuis le début de ce grand entretien,
14:30des piscines tournesols, qui étaient des modèles préfabriqués, en fait,
14:34et qui, donc, coûtaient moins cher,
14:36est-ce qu'aujourd'hui, on pourrait imaginer un nouveau plan,
14:40comme celui-là, des piscines en kit, finalement ?
14:43Est-ce que ça existe, peut-être même déjà, Emmanuel Ouvray ?
14:45Oui, bien sûr, la solution existe déjà,
14:48avec des piscines qui seraient beaucoup plus, on va dire, basiques,
14:51c'est-à-dire uniquement réservées à l'apprentissage et à la natation,
14:54sous ses différentes formes,
14:56que ce soit sportif, loisir, entretien de soi.
14:58Mais, bien évidemment, il y a des formules qui existent,
15:00et qui sont nettement moins chères que des piscines,
15:02qui intègrent des espaces ludiques, des toboggans, des rivières sauvages,
15:07des espaces ludiques, et puis parfois aussi d'autres éléments
15:10pour nos activités physiques.
15:11Bien évidemment, la solution est possible, à moindre frais.
15:16Adèle Caïto, il y a aussi une notion,
15:19et vous l'évoquiez un petit peu tout à l'heure,
15:21c'est que les gens, les habitants des territoires,
15:24souvent se mobilisent pour leur piscine.
15:27On voit là l'attachement, en fait,
15:30quand on sait qu'elle va fermer,
15:31que ce soit temporairement ou définitivement,
15:33il y a des manifestations, quoi, finalement.
15:37À Saint-Sulpice-la-Pointe, c'est exactement ce qui s'est passé.
15:40Une pétition qui a recueilli quasiment 1000 signatures
15:42sur 10 000 habitants, donc presque 10% de la population.
15:46Ou bien, je pense aussi à la commune de Lachaise, en Bretagne,
15:49où là, les habitants de ce village de 500 habitants
15:52ont mis la main à la pâte
15:53pour participer à l'amélioration de la piscine
15:57pour qu'elle puisse tenir une saison de plus.
15:59Alain Bernard, vous vouliez réagir
16:02à ce que disait Emmanuel Ouvray
16:04sur les piscines standardisées, peut-être ?
16:07Oui, en fait, au-delà des piscines standardisées,
16:10bien sûr que je prêche pour ma paroisse
16:13par rapport à un modèle auquel je crois,
16:14mais je ne suis pas convaincu
16:16que ce soit la réponse à tout à 100%.
16:19C'est-à-dire qu'il faut vraiment créer un écosystème,
16:20il faut créer des actions d'apprentissage massées,
16:23comme il existe depuis 2020,
16:25il existe ce qu'on appelle l'aisance aquatique,
16:27ce qui permet à des enfants de 4 ans à 6 ans
16:29de se sortir de situations dangereuses.
16:31Ça ne veut pas dire qu'on leur apprend à nager,
16:33mais on les met dans l'eau
16:34deux fois par jour pendant une semaine.
16:36Donc vous imaginez bien que les progrès,
16:38ils sont extrêmement conséquents,
16:41et donc dans ces apprentissages-là,
16:44vous voyez, ça permet d'occuper finalement
16:46un espace aquatique
16:47beaucoup de temps sur une coût de période,
16:49mais qui est beaucoup plus efficace
16:50que si on essaie d'apprendre à nager
16:52une heure par jour
16:53et se passer d'une semaine sur six semaines.
16:55Je prends souvent cet exemple en se disant
16:57quand on veut apprendre à skier,
16:58on ne va pas skier 20 minutes ou une heure
17:01et on revient la semaine d'après.
17:02C'est un sujet que je voulais qu'on aborde également.
17:06Il nous reste assez peu de temps,
17:07mais le nombre de noyades,
17:09Bernard, a beaucoup augmenté
17:12sur cet été, l'été précédent.
17:15D'année en année, ça augmente.
17:17Et là aussi, en fait, il y a urgence finalement
17:19à apprendre à nager.
17:21Alors, il y a aussi des liens de cause à effet.
17:23On le voit souvent, on l'observe
17:24avec la chaleur et les périodes de canicule.
17:27Donc c'est proportionnel finalement à la fréquentation,
17:31mais peu importe.
17:32Il y a des campagnes de sensibilisation qui sont faites
17:34à laquelle j'essaie de participer aussi chaque année
17:36avec certains collègues,
17:37parce qu'on est toutes et tous des citoyens.
17:40Donc ce n'est pas parce qu'on va se baigner à la plage
17:41qu'il ne faut pas se soucier de la personne
17:43que l'on ne connaît pas à notre droite et à notre gauche.
17:45Donc voilà, encore une fois,
17:47apprendre à nager, c'est le meilleur moyen de ne pas se noyer.
17:50Mais il y a la vigilance,
17:51il y a se renseigner sur les conditions climatiques.
17:53Il y a le fait que quand on a un certain âge
17:55ou si on n'est pas en forme à ce moment-là,
17:58si on va aller toucher la bouée des 300 mètres,
18:00il faut penser qu'au retour à la plage,
18:02il y a 300 mètres à faire de l'autre côté.
18:04Donc voilà, c'est plein de choses.
18:06Et je vous en remercie encore une fois
18:08d'en être l'un des nombreux relais sur cette thématique.
18:11Quand on fait une petite recherche à Delcaïto,
18:13on trouve beaucoup d'articles de presse quotidienne régionale
18:16ces derniers jours, ces dernières semaines,
18:17pour dire que les piscines sont fermées
18:19faute de MNS, les maîtres nageurs sauveteurs.
18:22Ça aussi, ça fait partie du problème.
18:24Il y a une vraie pénurie.
18:26À quoi c'est dû ?
18:28Oui, il y a plusieurs facteurs.
18:31C'est un...
18:33En fait, le statut des maîtres nageurs
18:35a commencé à changer
18:36avec la délégation des piscines
18:39déléguées à des gestions privées.
18:41Auparavant, les MNS étaient des employés territoriaux.
18:46Maintenant, il y en a de plus en plus
18:47qui travaillent sous le statut de la micro-entreprise.
18:51Et donc, il y a...
18:52En fait, tout ça, ça génère...
18:53Ça contribue à générer une perte de sens au travail.
18:57Et les chercheurs, par exemple,
18:59Fabien Camporelli,
19:00qui a beaucoup travaillé
19:00sur les maîtres nageurs sauveteurs,
19:03constatent qu'il y a beaucoup
19:04de maîtres nageurs sauveteurs
19:06qui ne font pas leur recyclage
19:07au bout de 5 ans.
19:08C'est une profession dans laquelle
19:09tous les 5 ans,
19:09on doit passer à un recyclage.
19:12Et en fait, là, parmi les jeunes,
19:13il y en a beaucoup qui,
19:14après 5 ans, se sont arrêtés.
19:16Et sans doute parce qu'il y a
19:17en grande partie une perte de sens.
19:18Le recyclage, c'est un genre
19:19d'actualisation du diplôme ?
19:21Oui, oui, tout à fait.
19:22Pour vérifier que les maîtres nageurs
19:23ont encore tout à fait les compétences
19:24et puis pour réactualiser
19:25leurs connaissances.
19:26Pour terminer,
19:28Emmanuel Ouvray,
19:29avec vous,
19:30vous dites, je crois que,
19:32puisqu'on a parlé beaucoup
19:33de finances publiques,
19:34vous dites que c'est de l'investissement
19:36pour la santé publique,
19:37en fait, aussi.
19:38Les piscines,
19:39ça permet d'éviter
19:40des dépenses futures,
19:41comme le sport,
19:42de manière générale.
19:42De manière générale,
19:45le sport et la natation
19:46au sens large du terme,
19:47effectivement,
19:48les piscines ont un coût
19:50mais n'ont pas de prix
19:50puisque, tout simplement,
19:51elles évitent la noyade
19:52si c'est adossé
19:53à aussi une campagne
19:56de prévention
19:56qui, parfois,
19:57fait un peu défaut.
19:58Ça donne la santé,
19:59mais, évidemment,
20:00on sait que les gens
20:01qui pratiquent normalement
20:01une activité aquatique
20:02sont des gens
20:03qui se portent mieux,
20:04qui sont moins isolés,
20:07qui vont moins chez le médecin,
20:08qui prennent moins
20:08de psychotropes.
20:09Donc, on sait aujourd'hui
20:11que, de manière générale,
20:12quand vous investissez
20:13un euro dans les activités physiques,
20:14vous en économisez six
20:15à la fin
20:16en termes de dépenses publiques.
20:17Donc, quand on m'en dit
20:18des fois, parfois,
20:18que les piscines
20:19sont déficitaires,
20:20on pourrait aussi imaginer
20:21des systèmes,
20:22comme l'a souligné un peu
20:23Alain Bernard,
20:24où il y aurait
20:24un basse communicant financier
20:25où, quand quelqu'un va nager,
20:26on reverse un euro
20:27à la piscine
20:28puisqu'elle a aussi
20:29apporté de la santé.
20:31Emmanuel Ouvray,
20:32Alain Bernard,
20:33merci beaucoup
20:34à tous les deux
20:35et merci Adèle Caïto.
20:37Je rappelle
20:37votre série d'articles
20:38« Les piscines,
20:39un service public
20:40à bout de souffle »,
20:41c'est à lire sur Mediapart,
20:42c'est en cinq épisodes.
20:44Merci beaucoup
20:44à tous les trois
20:45d'avoir été les invités
20:46de France Inter ce matin.
20:47Merci.

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