Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 7 semaines
Arthur Cadre, danseur et contorsionniste, interprète du "Golden Voyager" lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024, est l’invité d’Alexis Morel. Il met en scène le spectacle "Le Rêve du gladiateur", représenté à Nîmes jusqu'au 15 août.

Retrouvez « L'invité de 7h50 » de Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Un artiste aux multiples talents, bonjour Arthur Cadre, vous êtes breakdancer, contentionniste,
00:05chorégraphe, entre autres choses, avec nous ce matin pour le grand spectacle que vous
00:10mettez en scène cette semaine aux arènes de Nîmes, le rêve du gladiateur, c'est jusqu'à
00:14vendredi, on va en parler bien sûr, mais d'abord si vous me permettez un petit retour
00:18en arrière, il y a un an pile, 11 août 2024, à cette heure-ci, Arthur Cadre, est-ce que
00:24vous vous souvenez où vous étiez et dans quel état vous étiez ?
00:28Bien sûr, j'étais au Stade de France.
00:30Déjà au Stade de France à 8h moins le quart ?
00:32Pardon, j'étais en train de me préparer, mais j'étais stressé, je pense que je devais
00:38sortir d'une répète ou quelque chose comme ça.
00:40Eh bien oui, parce que je le rappelle, c'était vous, le golden voyageur, le personnage principal
00:44de la cérémonie de clôture des JO de Paris, tout de doré vêtu.
00:49Un an plus tard, avec le recul, qu'est-ce que cette soirée, qu'est-ce que ce spectacle
00:54a changé pour vous ?
00:55Franchement, énormément de choses.
00:57Déjà, on est déjà un an plus tard et on m'en parle encore pratiquement tous les
01:01jours, n'importe où que j'aille, dans n'importe quel milieu.
01:05Il y a deux semaines, trois semaines, j'étais à Las Vegas.
01:07On m'en parlait encore, vraiment de manière random un peu.
01:11J'ai l'impression que c'est vraiment un personnage qui a marqué les gens, qui a marqué
01:16les esprits en tout cas.
01:17Et c'est aussi ce soir-là peut-être que le grand public français vous a vraiment
01:21connu, car vous avez fait une bonne partie de votre carrière jusque-là à l'étranger.
01:25Est-ce que depuis, la France vous tend les bras ?
01:29Oui, tout à fait.
01:29C'est pour ça aussi que j'ai l'occasion de faire le spectacle Le rêve du gladiateur
01:33aux Arèmes de Nîmes.
01:34Je pense que vraiment, ça m'a ouvert tout un tas de choses, de portes en France.
01:38Donc je suis très heureux de ça.
01:39Et vous remerciez pour ça Thomas Jolie, le metteur en scène de cette cérémonie
01:43des JO.
01:44Alors justement, retour en France avec ce grand show jusqu'à vendredi dans le magnifique
01:49écrin des Arèmes de Nîmes.
01:50Le rêve du gladiateur, c'est l'histoire d'un gladiateur qu'on pourrait dire suspendu
01:55entre la vie et la mort dans un empire romain qui ne se serait jamais effondré.
01:59D'abord, les Arèmes de Nîmes, c'est le lieu qui a inspiré, qui vous a inspiré
02:03l'histoire, peut-être la mise en scène aussi ?
02:05Oui, totalement tout.
02:06Je suis vraiment parti du lieu pour cette création-là.
02:09Parce que je pense que vraiment, c'est une forme de lieu qui est très intéressante.
02:13C'est une architecture avec une histoire qui est incroyable.
02:15Donc je pense que je ne pouvais pas vraiment ne pas partir de ce lieu-là.
02:19Et puis, vraiment cette idée d'histoire de gladiateur et en même temps de mélanger
02:24avec quelque chose d'un peu plus contemporain qui est le rêve, on va dire.
02:29Parce que le gladiateur, c'est une figure pour le coup vue et revue au cinéma.
02:34Vous avez voulu vous rester fidèle, si je puis dire, au stéréotype, sortir,
02:39aussi un peu des clichés ? Comment vous êtes sorti de ça ?
02:41Un peu des deux, oui.
02:42C'est vrai que j'ai maté un peu tous les peuplums avant de créer ce show-là.
02:47Mais oui, il y a tout un certain nombre de choses, de connotations.
02:51Bon, il y en a certaines qu'on est obligé d'utiliser, évidemment.
02:54Et puis, il y en a d'autres qui sont un peu moins intéressantes.
02:56Mais je voulais justement essayer de sortir de ça, essayer d'aller proposer quelque chose
03:00d'un peu plus artistique, de sortir de tous ces clichés-là.
03:05Mais effectivement, en fait, je suis parti du stipulat que ce gladiateur tombait dans un rêve.
03:12Ce qui me permettait, moi, artistiquement, d'aller chercher des choses très contemporaines,
03:16un peu plus artistiques, si je puis dire, et de m'affranchir d'une certaine vérité historique.
03:22Alors, ça donne concrètement 200 artistes et figurants sur scène, de la danse, des acrobaties,
03:28du théâtre, du chant, des chevaux et même des chorégraphies de moto.
03:33Vous n'avez pas voulu choisir.
03:35C'est un ovni, ce spectacle.
03:36Non, oui, complètement.
03:37Je pense que c'est un ovni.
03:38J'ai du mal à le décrire, d'ailleurs.
03:39Mais je pense que finalement, toutes ces choses-là ensemble, à travers un petit fil conducteur
03:45assez simple, permettent d'aller chercher des émotions chez les gens, chez les spectateurs.
03:50Moi, j'aime bien, en fait, que pendant une heure et demie, on vive des choses, qu'on
03:55passe à travers toute une série d'émotions différentes, la surprise, l'émerveillement.
04:02J'espère qu'il y a un moment où les gens vont peut-être verser une petite arme, etc.
04:06Et voilà, mais effectivement, c'est un spectacle qui est un peu original.
04:11Il y a beaucoup de choses différentes.
04:12Quand vous dites mélanger ensemble, c'est vraiment ensemble parce que j'ai lu, vous
04:15allez me confirmer qu'il y a même un tableau qui mêle des chevaux et des motos au même
04:21moment, sur la même scène.
04:22C'est ça.
04:23On a fait un espèce de pas de deux.
04:25J'aimais bien l'espèce d'imagerie entre l'ancien et le nouveau, encore une fois,
04:31le cheval et la moto.
04:32Et je trouve qu'il y avait peut-être un pas de deux à développer.
04:34Et puis dans l'espace qui est ovale des arènes de Nîmes, avec cette espèce de vue
04:37en plongée, ça rend assez intéressant.
04:40J'étais vraiment pas sûr que ça allait marcher.
04:42C'est peut-être inédit, pour le coup, une moto et un cheval.
04:44Ça, c'est jamais vu.
04:45J'ai jamais vu ça ailleurs, en tout cas.
04:47Et alors, vous n'avez pas pu vous empêcher d'aller vous-même sur scène.
04:50Vous ne faites pas que de la mise en scène.
04:51Vous faites partie des 200 artistes.
04:54Alors, d'habitude, je ne mélange pas trop parce que je trouve que c'est toujours un peu bizarre.
04:57Mais j'ai fait un peu comme les réals qui se calent dans une scène de film.
05:00Et donc là, il y a une espèce de scène où je suis assis dans le public en tant que spectateur.
05:06Et en gros, je m'envole.
05:09Donc, on vous reconnaît quand même.
05:10Vous n'êtes pas complètement caché.
05:11On reconnaît, oui.
05:12C'est le petit jeu pour les spectateurs.
05:14Alors, il y a eu, là, je crois, deux représentations déjà.
05:17Quels sont les premiers retours ?
05:19Déjà, les vôtres, ceux de l'équipe, ceux des spectateurs.
05:21Vous avez déjà des retours ?
05:22Oui, bien sûr.
05:23Alors, moi, mes retours, je suis un peu un internel insatisfait.
05:26Mais on n'a eu que dix jours de création.
05:28Donc, c'est vrai que les débuts étaient assez difficiles, etc.
05:30Mais là, ça commence à se mettre en place.
05:31Donc, je suis assez content.
05:32Et les retours des spectateurs sont quand même super positifs.
05:35Je ne savais vraiment pas comment les gens allaient prendre ce spectacle.
05:39Parce que c'est vraiment un rêve.
05:40Donc, pour moi, c'est quelque chose de très personnel.
05:42Et parfois, les choses très personnelles, on est complètement à côté de la plaque.
05:46Et puis là, j'ai l'impression que ce n'est pas le cas.
05:48Donc, je suis assez content quand même.
05:49Un paramètre qui n'est pas négligé, c'est la température.
05:53Il va faire 42 aujourd'hui à Nîmes.
05:55Ce n'est pas trop compliqué.
05:56Comment vous gérez ça, à la fois pour les humains et les animaux ?
05:59Justement, hier, on a dû annuler une répétition tellement il faisait chaud.
06:03Parce qu'en plus, il fait 42 à Nîmes.
06:04Mais dans les arènes, avec la pierre, etc., il fait encore plus chaud.
06:08Donc, c'est assez infernal.
06:10Ça veut dire que ça peut aller jusqu'à adapter le spectacle ?
06:13Alors, vous jouez tard le soir.
06:15Exactement.
06:15On joue à 9h30, donc a priori, ça va.
06:18Mais effectivement, pour la répétition, on est obligé de jouer avec le schedule
06:21pour trouver des moments où il fait un peu moins chaud.
06:23D'ailleurs, souvent, on s'entraînait de 16h à minuit parce qu'il fait moins chaud
06:28et parce qu'on peut jouer aussi avec les éclairages et puis avec les artistes.
06:32Et puis ensuite, à partir de minuit jusqu'à 2-3h du matin, on travaille avec les éclairagistes, etc.
06:36Les performances artistiques et sportives, c'est une épreuve aussi pour ceux qui sont sur scène.
06:41Vous parliez de cette enceinte particulière que sont les arènes de Nîmes.
06:44Je pense que vous êtes comblés parce que vous dites souvent que vous êtes plus stressés,
06:47vous, par les petites salles intimistes, que les grandes enceintes.
06:50Ah ouais, là, je suis plus stressé que sur scène.
06:52Ah d'accord, ne vous inquiétez pas, il fait moins chaud.
06:56C'est ça.
06:57Pourquoi ?
06:58Parce que je pense que dans les petites scènes, il y a vraiment une relation avec les gens.
07:01Il y a un high contact, etc. Il y a quelque chose qui se crée.
07:04Il y a l'humain qui est proche aussi physiquement.
07:07Alors que dans les grandes scènes, c'est des murs de gens.
07:10Il y a une distance qui se crée.
07:11Donc c'est plus facile d'être distant de ça, finalement.
07:14Là, je crois qu'il y a plus de 10 000 spectateurs par soir.
07:16Exactement, oui.
07:17Donc vous ne les voyez pas.
07:19En plus, il fait nuit.
07:22Donc c'est moins stressant pour vous.
07:24C'était pareil au Stade de France pendant les JO ?
07:26Tout à fait.
07:27Au Stade de France, c'était un peu différent le Stade de France
07:29parce qu'on sent quand même le brouhaha des gens.
07:32C'était énorme.
07:33Je ne sais plus combien de milliers de spectateurs à 80 000 ou 90 000, je crois.
07:36Plus la diffusion télé mondiale.
07:37Plus la diffusion télé, oui.
07:39Même si dans ce genre de gros événements,
07:41j'essaie d'oublier un peu l'ampleur des choses
07:43parce que sinon, ça peut vite être encore plus stressant.
07:47Mais je pense vraiment qu'il y a cette espèce de truc un peu complètement fou
07:54qui est que sur les petites salles, on a beaucoup plus de relations avec l'humain.
07:58Donc il y a quelque chose qui se passe.
07:59Est-ce que cet attrait pour les grandes salles,
08:02c'est aussi un moyen pour vous de toucher logiquement le plus grand nombre
08:06avec ces grands shows dont vous vous êtes fait un peu la spécialité
08:10depuis votre rencontre fondatrice avec le metteur en scène italien Franco Dragone et sa compagnie
08:15qui est le spécialiste de ces spectacles monumentaux ?
08:19Tout à fait.
08:20Je pense que, moi c'est mon point de vue,
08:22mais je pense que quand on fait de l'art, c'est pour tout le monde.
08:24Je ne pense pas que ce soit vraiment quelque chose d'élitiste.
08:27Et effectivement, faire des spectacles de grande ampleur comme ça,
08:31ça me permet vraiment de parler à tout le monde.
08:33Et en même temps, je pense vraiment qu'on peut aller chercher une finesse artistique
08:36et quelque chose de très intéressant.
08:38On n'est pas forcément dans des choses entre guillemets à Walt Disney.
08:41J'ai raconté Walt Disney.
08:42Je pense que c'est un génie lui-même.
08:44Mais voilà, on n'est pas forcément dans quelque chose
08:46qui parfois peut être assez connoté artistiquement,
08:50pas très intéressant ou pas très fin.
08:52Je pense que les deux peuvent totalement se marier ensemble.
08:54Et ça, c'est vraiment quelque chose que j'ai appris avec Franco Dragone.
08:56Oui, on peut faire de la grosse production, des gros moyens,
09:01mais en gardant l'émotion, en gardant la finesse, en gardant la création artistique.
09:07Voilà, en gardant l'originalité, en gardant une patte d'auteur,
09:10en gardant l'intérêt presque d'un cinéma d'auteur,
09:14mais à une plus grande échelle.
09:15Vous travaillez beaucoup sur commande.
09:17C'est un peu votre spécialité en partie.
09:20Est-ce que ça, ça ne bride pas un peu aussi votre liberté artistique ?
09:23Non, justement, parce que ça me permet d'être dans des contextes
09:26qui sont totalement différents.
09:27Par exemple, j'ai mis en scène un show en Arabie Saoudite en janvier
09:30qui s'appelait Souk Wonders.
09:32C'était une expérience immersive.
09:33On a recréé tout un souk artificiel.
09:35Et je trouve ça passionnant, parce que moi, la culture arabe,
09:38je ne suis pas spécialiste, évidemment,
09:39mais à chaque commande qu'on me demande,
09:42ça me permet de me plonger dans un univers,
09:44dans une culture,
09:45et d'essayer de développer,
09:46d'amener ma vision sur cet univers-là.
09:48Donc là, c'est un peu le même cas avec le thème des gladiateurs,
09:53l'empire romain, etc.
09:54Alors, on le disait, beaucoup de choses dans ce spectacle,
09:55un peu à l'image de votre vie et de votre carrière.
09:5734 ans seulement, mais déjà plusieurs vies dans 5 pays,
10:01plusieurs métiers.
10:02Vous êtes aussi architecte,
10:03diplôme décroché en 2015 à Montréal,
10:05passionné de photos, de dessins, j'en passe.
10:07Qu'est-ce qui réunit tout ça ?
10:09Il y a un fil rouge entre la breakdance,
10:11l'architecture, la photo ?
10:14Je ne sais pas, l'art, je pense.
10:15La volonté de créer quelque chose qui parle aux gens, peut-être.
10:21D'autres projets en cours, j'ai vu passer,
10:23alors ça, ça m'intrigue,
10:23un projet de spectacle dans des bottes de foin.
10:26Vous pouvez me confirmer ça ?
10:27Oui, tout à fait.
10:28Qu'est-ce qui va se passer ?
10:29Ça, c'est un concept qui est assez difficile à mettre en place, d'ailleurs.
10:33En fait, je me pose souvent la question,
10:35puisque j'aime bien les grandes ampleurs de spectacle,
10:37et je me dis comment ça peut être inclus dans notre monde contemporain,
10:42puisque souvent, c'est quand même des spectacles qui consomment
10:44parfois beaucoup d'énergie, des grosses machines, etc.
10:47Et je me dis comment est-ce qu'on peut pallier à ça,
10:50essayer de trouver des solutions.
10:51Cette interrogation-là sur l'empreinte carbone de ces grosses productions.
10:53Oui, entre autres, tout à fait.
10:55Et donc, j'ai un concept de spectacle qui se passe dans un champ de blé,
10:57où on a créé une espèce de théâtre en bottes de foin, finalement.
11:02On ne l'a jamais fait encore, mais c'est un concept.
11:05On essaie de trouver un peu le contexte opportun pour le faire dans de bonnes conditions, etc.
11:10Et voilà, j'espère qu'il va se faire assez rapidement.
11:12C'est un spectacle biodégradable, en quelque sorte.
11:14C'est exactement ça.
11:15Merci beaucoup, Arthur Cadre.
11:17Le rêve du gladiateur, pour l'instant, c'est jusqu'à vendredi,
11:19dans les arènes de Nîmes.
11:21Il reste, je crois, quelques places, si vous êtes de passage dans le Gard.
11:25Merci beaucoup.
11:26D'autant que je crois que vous avez fait là les retours de Nîmes pour nous.
11:28C'est très gentil.
11:29Bonne journée et bonne semaine à Nîmes.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations