Ce mardi 23 décembre, la polémique autour de Air France qui opte pour le réseau de Starlink dans ses avions au lieu d'Eutelsat ou d'autre produits français a été abordée par Raphaël Legendre et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00Face à le chef aujourd'hui c'est Raphaël Lejean dont on va venir sur le dossier Air France
00:03qui se retrouve attaqué par les défenseurs du souverainisme après une vidéo montrant l'installation de Starlink dans ses avions.
00:09Il y a l'expert par exemple du numérique Gilles Babinet qui a annoncé qu'il allait carrément limiter ses voyages sur la compagnie.
00:16Il les trouve inacceptables de ne pas avoir préféré l'option E-Telsat OneWeb.
00:20La question pour vous ce matin Emmanuel, faut-il choisir français ou européen même quand c'est moins bien ?
00:26Là pour le coup je ne suis pas sûr que l'argument technologique soit le bon, celui qu'évoque Gilles Babinet sur Air France
00:33parce qu'objectivement est-ce qu'il y avait aujourd'hui une meilleure solution technique que Starlink pour répondre aux besoins d'Air France ?
00:42Non certainement pas, E-Telsat ce n'est pas du tout la même offre, c'est de la technologie ancienne.
00:48Après il y a d'autres possibilités, il y a Iris mais Iris c'est encore qu'un projet, ce ne sera pas avant 2030.
00:54Donc à court terme, on ne peut pas en vouloir à Air France d'avoir choisi Starlink.
00:59Mais la question qu'il faut se poser c'est, est-ce que Air France ne vaut pas mieux qu'une stratégie de Webcafé du coin ?
01:06C'est-à-dire ?
01:07C'est-à-dire qu'Air France c'est quand même une entreprise qui doit aussi considérer le long terme.
01:12Et à long terme, il y a quand même des sérieuses questions à se poser sur le choix de Starlink.
01:17Par exemple, faire dépendre une infrastructure critique d'un acteur privé américain, c'est quand même accepter des choses assez lourdes.
01:27C'est accepter que les données passagers, par exemple, transitent par une entreprise qui est soumise aux droits américains en cas de tension géopolitique.
01:34C'est compliqué.
01:34Starlink nous a quand même montré que ce n'était pas une entreprise qui était neutre.
01:39Regardez ce qui s'est passé pendant la guerre en Ukraine où Musk a limité finalement l'usage militaire de Starlink.
01:47Starlink, ce n'est pas très transparent non plus.
01:49On ne sait pas trop la localisation exacte des données, les protocoles de sécurité, etc.
01:53Et puis, c'est une dépendance technologique qui est difficilement réversible.
01:59C'est que Starlink, c'est une infrastructure technologique qui est très particulière.
02:03Si un jour on veut en sortir, ce sera long.
02:05Donc, la conclusion, c'est qu'effectivement, à court terme, on comprend.
02:09À long terme, ça pose quand même un certain nombre de problèmes.
02:12Et c'est toute l'illustration, finalement, de la problématique de la souveraineté.
02:16C'est que c'est facile à court terme de choisir des solutions étrangères parce que c'est plus performant, plus efficace.
02:22Mais l'abandon de cette souveraineté, à long terme, ça peut coûter aussi extrêmement cher.
02:26C'est facile, c'est rationnel, surtout.
02:28Parce que, pardon, toute amitié pour Gilles Babinet, mais c'est du souverainisme en carton de dire
02:33je ne prendrai plus Air France parce qu'il a choisi Starlink.
02:37La réalité des faits, c'est que la quasi-totalité des grandes compagnies aériennes européennes
02:41ont ou vont choisir Starlink.
02:44Déjà cette année, vous avez Air Baltic, Air France et SAS, la compagnie scandinave.
02:50Et l'année prochaine, ce sera British Airways, Iberia en Espagne,
02:53Erlingus, la compagnie irlandaise, Vueling, enfin bon, tout le monde.
02:56C'est-à-dire qu'un wifi qui marche ?
02:58Évidemment ! Et pourquoi elles choisissent Starlink ?
03:00Parce que c'est tout simplement la meilleure et de très très loin.
03:04C'est le système le plus récent, le plus performant.
03:08Vous avez un système qui existe en Europe, c'est le European Aviation Network
03:12qui ne fonctionne absolument pas.
03:15Vous en parlez aux compagnies européennes, toutes vous disent
03:17mais quand est-ce qu'on change de système enfin ?
03:21Alors vous avez effectivement le franco-britannique Telsat OneWeb,
03:24mais qui n'est pas bon, c'est pareil.
03:26On n'est pas au niveau de ce que sont capables de produire.
03:29Les Américains, quant à Iris, on n'est pas près de le voir,
03:32ce n'est pas pour tout de suite.
03:35Donc on fait quoi ?
03:36Est-ce qu'on reste dans un service dégradé
03:38pour rester sur un produit européen ?
03:43Mais c'est un peu comme si on devenait l'Europe de l'Est ou l'URSS, quoi.
03:46Pardon, mais c'est tout ça pour des raisons de souveraineté.
03:50On ne va pas passer à côté des bonnes technologies.
03:51Mais c'est exactement le même sujet que pour le cloud,
03:54que pour des choix d'infrastructures.
03:56À un moment donné, vous êtes une compagnie française
03:58dans un sujet de compétitivité.
04:01Emmanuel, vous êtes bien obligé de faire le choix
04:03de ce qui marche le mieux.
04:04Alors, à court terme, encore une fois,
04:06on est toujours obligé de faire le choix qui marche le mieux.
04:08Et c'est là où, encore une fois, le piège se referme.
04:11Le problème, c'est que ce piège, on l'a connu,
04:13vous citez tous les cas modernes,
04:15tous les cas de technologies modernes, le cloud, etc.
04:17Mais la réalité, c'est que quand on a laissé se barrer
04:21l'industrie française, on se disait
04:23« Ah oui, c'est ce qu'il y a de mieux, c'est le meilleur choix, etc. »
04:27Ces entreprises vont se développer.
04:29Une fois qu'elles ont été absorbées, elles n'existent plus.
04:32C'est exactement le choix qu'on est en train de faire
04:34sur l'alimentation, l'agroalimentaire.
04:36« Ah bah ouais, c'est super, on importe des produits bon marché
04:39venus du reste de l'Europe, etc. »
04:42Des fromages transformés et tout.
04:44« C'est génial, c'est super, ça correspond aux besoins des Français. »
04:46Et puis, il n'y a pas d'équivalent, donc allons-y, continuons.
04:49Mais la réalité, c'est qu'on se retrouve
04:51sans industrie, on se retrouvera
04:53bientôt sans agriculture,
04:55et une fois qu'on sera totalement
04:57dépendant de production étrangère,
04:59on se rendra compte que c'est dommage.
05:00Mais là, il y aura des choix irréversibles.
05:02Moi, je comprends l'intérêt compétitif à court terme
05:05d'utiliser Starlink.
05:07Simplement, il y a un moment où peut-être
05:09qu'on se mordra les doigts
05:11d'avoir pris cette décision,
05:12et qu'il n'y aura pas d'autre solution,
05:14malheureusement, que de rester pieds et poings liés
05:16avec cette décision.
05:17Donc, ce que je trouve de bien
05:19dans ce que dit Gilles Babinet,
05:20c'est quand même qu'il nous alerte
05:21sur un peu cette vision du long terme
05:23qu'il faut avoir.
05:24On n'est pas obligés de renoncer
05:25tout de suite, à court terme,
05:27pour avoir le Wi-Fi.
05:28Encore une fois, on s'est passé du Wi-Fi
05:29dans les avions pendant des années.
05:32Non, mais c'est une vraie question.
05:33Il n'agit pas de faire du ringardisme, etc.
05:37C'est ça, votre solution.
05:38Enfin, Air France, encore une fois,
05:40ce n'est pas le webcafé du coin.
05:41Non, mais on a besoin de bosser quand même aussi.
05:43Enfin, tous les voyageurs business
05:45ont simplement besoin de travailler
05:46dans les avions.
05:47Oui, bien sûr, on se retrouve à côté
05:49d'un concurrent qui va découvrir tout leur truc.
05:51On a besoin d'avoir un Wi-Fi
05:51qui fonctionne au début et à la fin du voyage.
05:53Attends, Raphaël, il y a des tas de boîtes
05:53aujourd'hui qui interdisent.
05:55Il y a des boîtes qui interdisent aujourd'hui
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