- il y a 8 heures
Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.
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00:00On va parler de l'actualité internationale à présent. Est-ce qu'on est au bord d'un accord de paix entre l'Ukraine et la Russie ?
00:07On vous en parle depuis des semaines, mais il semblerait que ça bouge sérieusement du côté des négociateurs.
00:12Les Ukrainiens et les Américains ont discuté pendant trois jours en Floride sur le plan de Washington qui vise à mettre fin à la guerre en Ukraine.
00:20Les discussions sont terminées. On va tenter d'en savoir plus avec vous, Axel Monnier. Bonsoir.
00:24Vous êtes notre correspondant à Washington. Qu'est-ce qu'on en dit sur place, Axel ?
00:30Alors tout le monde s'accorde ici à dire que les discussions ont été productives, qu'il y a eu des avancées.
00:36Alors côté américain, on est même très optimiste puisque l'un des émissaires de Donald Trump sur le sujet, Keith Kellogg,
00:42qui n'a pas participé directement à ces négociations en Floride, a estimé qu'on était très proche d'un accord,
00:47même s'il rajoute dans la foulée qu'il y a encore 10 mètres à faire et que ces 10 mètres sont souvent dans les négociations les plus difficiles à effectuer.
00:55Mais si on écoute la parole ukrainienne ici aux États-Unis par la voix de son ambassadrice, l'ambassadrice de l'Ukraine,
01:02eh bien elle, elle les met un peu plus de réserve.
01:04Oui, il y a des avancées. Oui, c'est constructif.
01:07Mais en même temps, il reste des points de divergence et des désaccords majeurs,
01:10notamment sur les territoires que la Russie convoite et que l'Ukraine ne veut pas perdre,
01:14et surtout sur les garanties de sécurité apportées à Kiev après le conflit.
01:19Alors en fait, les deux parties se sont entendues pour continuer à parler, à discuter,
01:25selon de nouveaux formats qui seront évoqués et précisés dans les prochains jours.
01:29Mais j'ai pu discuter avec des diplomates ici à Washington et c'est vrai qu'eux, ils estiment que oui,
01:34c'est vrai qu'il y a des petites avancées, mais elles sont minimes.
01:36Les désaccords restent très importants.
01:39Moscou ne veut pas bouger d'un iota de ses positions.
01:42L'Ukraine fait tout pour ne rien perdre, ne pas tout perdre, surtout.
01:45Bref, même si les États-Unis sont optimistes parce qu'ils veulent voir ce plan de paix être enfin réel,
01:52on n'est quand même pas prêt de signer cette paix entre la Russie et l'Ukraine.
01:56Merci beaucoup Axel Moignet en direct de Washington.
02:00Les plus grands spécialistes nous ont rejoints sur ce plateau.
02:03Je dis ça à chaque fois qu'il y a des personnes qui rentrent sur le plateau.
02:07On est avec Stéphane Bureau. Bonsoir.
02:10Consultant États-Unis, BFM TV, Patrick Sos. Bonsoir.
02:13Bonsoir Amine.
02:14Chef du service international, BFM TV.
02:16On est aussi avec le lieutenant-colonel Vincent Arbarretti. Bonsoir.
02:20Historien militaire, docteur en sciences politiques et histoires contemporaines, Nicolas Conquer.
02:24Bonsoir. Bonsoir. Merci d'être avec nous.
02:26Porte-parole de Républicaines versus France.
02:28Et puis on ne pouvait pas se passer d'Aurore Malval et Antoine Oberdorff.
02:31On vous séquestre ici.
02:33Patrick Sos, est-ce qu'on peut dire que ça y est, c'est imminent.
02:36Il pourrait y avoir un accord de paix ces prochains jours.
02:40Je sais, c'est la question à 100 000 euros.
02:42Néanmoins, les Américains commencent à le dire.
02:47Alors non, ils ne commencent pas à le dire.
02:48C'est la xième fois qu'ils le disent.
02:51C'est une façon très américaine aussi de penser les choses, toujours très positive, avec, on ne parle plus d'ultimaltum, mais une vraie volonté d'une nouvelle date.
03:00C'est important, ça imprime l'esprit des Américains.
03:03Et sur deux dossiers, Donald Trump, mais aussi Steve Wittkopf disent, voilà, on va régler tout ça avant Noël.
03:09Tout ça, c'est quoi ? C'est le dossier Gazaoui, la deuxième phase du plan de paix Donald Trump.
03:14Et puis, ce plan de paix pour l'Ukraine et la Russie.
03:18Alors, qu'est-ce qui leur fait dire ça ?
03:21Finalement, pas grand-chose.
03:23Donc, c'est du bluff, en fait, ce qu'il dit ?
03:24Non, ce n'est pas du bluff.
03:25Encore une fois, je crois qu'il faut connaître vraiment les Américains et leur sens vraiment de l'optimisme vraiment forcené.
03:32Ils essaient d'avancer.
03:33Eux, pour le coup, quoi qu'on en dise, voient les deux parties.
03:36Ils sont allés à Moscou, ils reçoivent les Ukrainiens à Miami.
03:41Ils ne reçoivent pas les Européens, certes, mais en tout cas, ils peuvent se dire.
03:45Et pareil, à peu près tous les deux jours, vous voyez un tweet d'un représentant de l'administration.
03:49Trump dit « Nous avons réussi à mettre au bord de la même table les Ukrainiens et les Russes. »
03:55La même table, oui, mais pas en même temps.
03:57Ils essayent d'avancer.
03:58Le fait est que, pour l'instant, les lignes rouges n'ont absolument pas bougé.
04:02La Russie veut poursuivre sa guerre.
04:04Les Ukrainiens ne veulent pas reculer.
04:07Ils ne veulent pas perdre non plus de leur souveraineté.
04:09Et puis, il y a cette question qui, pour le coup, là, je remets les Européens dans le jeu,
04:13qui taraude tout le monde et où les Américains sont extrêmement flous.
04:15Ce sont les garanties de sécurité pour l'Ukraine et, du coup, pour l'Europe.
04:19Oui, alors je voudrais vous faire écouter à ce sujet l'envoyé spécial des États-Unis pour l'Ukraine.
04:23C'est Kiss Kellogg.
04:23Alors, justement, c'est ce que vous disiez.
04:25Le futur ex, oui.
04:27Il était très, très, très optimiste ces dernières heures.
04:31Nous devons mettre fin au conflit.
04:33Le président Trump l'a vu.
04:35Le président Trump a fait tout son possible pour parler aux gens, ce qui est génial.
04:38Il a parlé à Poutine, à Zelensky et à tous ceux qui ont besoin de nous parler.
04:42Je pense que nous y sommes presque.
04:44Je ne parlerai pas au nom des négociateurs ou de la façon dont cela fonctionne actuellement,
04:48mais c'est un effort d'équipe.
04:50Et les Ukrainiens ont été très bons quant à ceux qu'ils ont envoyés aux négociations avec Umarov là-bas.
04:55Et nous devons juste, tu sais, attendre et voir comment ça se passe.
04:58Mais nous sommes vraiment, vraiment proches.
05:03Stéphane Bureau, qu'est-ce que vous en pensez, vous, quand vous entendez, justement, Kiss Kellogg dire
05:07« on y est presque, on est vraiment proches, proches, proches »,
05:11comment vous l'interprétez, vous, vous qui parlez bien leur langage ?
05:14Je ne sais pas si je parle Trump, mais c'est clair qu'il y a plusieurs signaux
05:18qui ont été envoyés au cours des derniers jours
05:20qui donnent à penser que les Américains sont prêts à faire leur lit sur quelque chose.
05:23Est-ce que ça veut dire que les Européens seront contents du résultat ?
05:26Pas nécessairement.
05:27Quand on entend M. Kellogg, il faut faire aussi...
05:29Ce n'est pas vraiment leur priorité qu'on soit content de toute façon.
05:32Ce n'est pas du tout une priorité.
05:33Pour eux, ça se négocie pour l'essentiel avec les Russes et les Ukrainiens.
05:37Et je pense qu'on est rendu au point où, si les Ukrainiens ne veulent pas danser la partition
05:41que les Américains vont dicter, alors on dira avec l'appui des Russes, évidemment,
05:46ça sera possiblement d'arrêter les négociations et d'ouvrir des relations cartes sur table avec les Russes.
05:54Je crois que c'est tout à fait en ce moment dans les cartons.
05:57C'est dit.
05:58On en a parlé hier soir.
06:00Ce ballon d'essai qui a été envoyé il y a une semaine, un peu plus d'une semaine,
06:03où les Américains disaient, s'il le faut, peut-être que nous pourrions reconnaître unilatéralement
06:09la souveraineté russe, par exemple, sur la Crimée.
06:12C'est énormément de pression qui est exercée en coulisses sur les Ukrainiens.
06:17S'il fallait que ça arrive, on imagine que les Américains ne seraient pas les seuls.
06:20Il y aurait derrière eux un effet domino.
06:23Ça serait évidemment quelque chose de majeur en termes de bouger.
06:26Ce n'est plus un bouger.
06:28Et alors la suite, c'est qu'est-ce qu'on fait au Donbass?
06:29Qu'est-ce qu'on fait ailleurs?
06:30Est-ce que les Américains seraient prêts à concevoir, agir aussi?
06:33Pour l'instant, je pense que ce n'est pas du tout de la politique fiction.
06:36Ça se dit, ça circule.
06:38S'il y a eu un ballon d'essai, c'est parce qu'on veut le faire entendre à tous.
06:41Et quand on entend M. Kellogg, je dis qu'il faut faire très attention
06:43parce que ce n'est pas l'acteur principal dans le dossier.
06:47Ponctuellement, il apparaît dans le décor pour dire des choses comme celles qu'on vient d'entendre.
06:51Et puis soudainement, on se rend compte que ceux qui sont vraiment à la manœuvre,
06:54c'est Whitcoff pour l'instant encore.
06:57Même si ce n'était pas au départ le dossier qui devait l'animer,
07:00c'est pas mal lui qui tire les ficelles.
07:02Alors on dira aussi avec le concours de son interlocuteur, sinon de ses interlocuteurs russes.
07:08Et puis en fin d'exercice, c'est Donald Trump.
07:10Donald Trump qui a envoyé un signal très fort, et je pense qu'il faut l'entendre,
07:14il ne verra pas Volodymyr Zelensky, et évidemment pas non plus Poutine,
07:19tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas quelque chose de tangible.
07:22Dans les faits, nous ne rejouerons pas dans le film
07:25que nous avons vu se déployer dans les jours qui avaient suivi le sommet en Alaska.
07:31Lorsque les Européens sont arrivés, et encore il y a deux semaines,
07:33lorsque les Européens ont dit non, non, non, attention, il y a un risque.
07:35Mais il en est où là, Donald Trump, Nicolas Conquer ?
07:38On avait le sentiment qu'il y avait ce délai de Thanksgiving, bon, c'est passé.
07:43Maintenant, il est toujours aussi pressé ou pas d'en finir avec cette guerre en Ukraine ?
07:48Ce sont ses termes.
07:50Il n'y a pas d'échéance, mais il y a une vraie volonté et une stratégie
07:52qui est d'ailleurs réaffirmée dans le document dont on parlera,
07:55qui est ce document de la stratégie sur la politique étrangère des États-Unis,
07:58mais qui rappelle qu'il y a une nécessité et une urgence de stabiliser ce conflit,
08:01tout d'abord pour mettre fin à cette boucherie humaine
08:03qui s'évitent depuis maintenant quatre ans.
08:05Je pense qu'il y a surtout une volonté et des actes qui sont,
08:08Steve Whitcock d'un côté, auprès des délégations russes, des délégations ukrainiennes,
08:12et une volonté de maintenir ces dialogues et de pouvoir aboutir potentiellement
08:17avec le souhait d'aboutir à une résolution à défaut de paix,
08:21au moins de cesser ce feu d'ici Noël.
08:23On l'a dit, il y a différents acteurs, et avant de rentrer dans la fiction,
08:26de se dire qu'est-ce qui se passerait si ces relations n'aboutissent pas,
08:28je vois surtout qu'il y a un progrès, pour l'instant,
08:31il parle juste de détails avant de pouvoir aboutir,
08:33et il y a un autre acteur dont on n'a pas parlé en plus de Steve Whitcock,
08:36qui est donc Jared Kushner,
08:37qui est le gendre de Donald Trump et le fils de notre ambassadeur américain à Paris,
08:41qui prend part à ces négociations,
08:43et qui a un rôle absolument déterminant dans la négociation entre Israël et Gaza,
08:47il y a tout juste deux mois,
08:49avec un plan qui était structuré sensiblement de manière similaire,
08:51avec plusieurs points,
08:53qui permettrait à mon avis d'apporter une aide et un impact déterminant,
08:57à minima, ce cesser le feu,
08:59et espérons-le jusqu'à un traité de paix, idéalement d'ici Noël.
09:02– Oui, colonel, comment vous voyez les choses, vous ?
09:04– Alors, il y a les acteurs autour de la table des négociations,
09:06puis il y a les acteurs sur le terrain qui se battent,
09:09donc c'est, à mon avis, il faut en tenir compte également,
09:11et il y a eu une déclaration il n'y a pas très longtemps,
09:13je crois que c'est aujourd'hui, le général Sersky,
09:14le chef d'état-major et le chef des armées ukrainiennes,
09:18pour qui il est prêt, certes, à geler la ligne de front à un endroit,
09:25mais où les Ukrainiens tiennent encore le terrain,
09:27il ne s'agira pas pour les Ukrainiens de céder,
09:30il l'a dit plusieurs fois, du terrain russe.
09:32Alors, les négociateurs ukrainiens peuvent évidemment se mettre d'accord
09:36avec les Américains sur certaines concessions sur le terrain,
09:39mais le problème, c'est que les militaires qui ont eu tous leurs camarades,
09:42qui se sont fait tuer en résistant aux russes,
09:44eux, ils ne voudront pas sortir,
09:45et s'ils partent, là, il y a un risque de déstabilisation interne du régime ukrainien.
09:49Une armée qui refuse qu'on la juge battue et qu'on oblige ensuite à quitter la ligne de front
09:59et qui repart en arrière, c'est jamais très bon pour le pouvoir politique en place.
10:03On va parler des différentes positions des armées dans un instant,
10:06mais d'abord, je voudrais qu'on parte à Londres pour rejoindre Laura Kalmu,
10:11puisque le président de la République sera au Royaume-Uni demain.
10:15Il y sera avec Volodymyr Zelensky, le président ukrainien,
10:19avec le Premier ministre britannique et avec le chancelier allemand.
10:22Bonsoir Laura. Qu'est-ce qui est prévu sur place ?
10:28Eh bien oui, ici à Londres, demain, l'idée, c'est vraiment de recadrer le jeu.
10:33On l'a vu ou du moins, on l'espère, les Américains avancent vite dans leur plan de paix.
10:38Et en fait, les Européens veulent surtout éviter d'être mis devant le fait accompli.
10:44Alors, ce qui est prévu demain, c'est d'abord une réunion très resserrée
10:48avec le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne.
10:50Et ensuite, le président Zelensky qui les rejoindra aux alentours de 14h à Downing Street.
10:56Et en fait, l'idée, c'est que l'Ukraine entre dans ses négociations en position de force
11:01et non pas comme un pays qui subit.
11:04Et concrètement, eh bien, les Européens vont passer au crible.
11:07Tout ce que les Américains ont mis sur la table.
11:09Et ils vont, en fait, établir des lignes rouges européennes,
11:13à savoir la souveraineté de l'Ukraine,
11:15mais également les paramètres de cet accord de paix.
11:18Et aussi, ces leviers européens, comme le soutien militaire,
11:22mais aussi les avoirs russes gelés.
11:25Et en fait, en deux mots, cette réunion,
11:28c'est pour bien montrer que les Européens ne sont pas seulement
11:30des spectateurs du plan américain.
11:33Merci beaucoup, Laura Calmeux, en direct depuis Londres.
11:37Est-ce que c'est vain de la part des Européens ?
11:40Pardon, ma question est dure,
11:41mais est-ce que c'est vain de la part des Européens
11:43de dire qu'on ne va pas rester spectateur de ce qui se passe ?
11:46On a l'impression d'être énormément et beaucoup sur le port de bagages,
11:50très clairement,
11:51mais il y a la volonté d'être,
11:53et en particulier d'Emmanuel Macron,
11:55d'être en renfort, en soutien de Volodymyr Zelensky,
11:58qui, notamment dans la perspective où un jour,
12:01il faudrait que les Européens assurent une forme de force de réassurance
12:04vis-à-vis de l'Ukraine, une fois qu'il y aura la paix.
12:07Donc, c'est la raison pour laquelle les Européens tiennent à se montrer présents.
12:11En revanche, ils voient bien qu'ils sont,
12:13notamment par rapport aux Américains, dans un contexte d'hostilité.
12:16Vous évoquiez la nouvelle note qui fixe,
12:20qui part de la politique extérieure des États-Unis,
12:22qui est particulièrement sévère et rude à l'égard de l'Union européenne,
12:26qui est promise, selon les Américains, à l'effacement,
12:28compte tenu des flux migratoires qu'elle reçoit.
12:31Non, bon, c'est pas trop vite sur les sujets,
12:33parce qu'on va en parler à quelques instants.
12:34Donc, c'est un peu dans ça qu'on situe.
12:36Et puis, surtout, une autre information importante pour les Européens,
12:40là, c'est des révélations de Reuters,
12:42c'est un ultimatum, disons-le,
12:44qui leur est fait sur l'OTAN.
12:46Le rythme de prise en charge des capacités conventionnelles de l'Alliance
12:50par les Européens ne va pas assez vite,
12:53aux yeux, en tout cas, des responsables du Pentagone,
12:55qui leur demandent de forcer le pas sur leurs investissements en matière de défense.
13:00Et donc, à ce niveau-là aussi, on sait que ça prendra plusieurs années,
13:03que nous n'en sommes pas du tout à l'économie de guerre
13:07ou à l'industrie de guerre qu'il faudrait pour honorer ces engagements.
13:12Donc, il y a beaucoup d'ultimatums en direction des Européens
13:14qui ont l'impression qu'au fond, côté américain,
13:16la pression leur est beaucoup mise sur eux,
13:18très peu sur les Russes.
13:19Aurore ?
13:20Effectivement, Emmanuel Macron était en visite en Chine en fin de semaine.
13:24Et c'est vrai que la France...
13:25Il a essayé de mettre la pression, Jean-Pierre Chinois.
13:27Ça n'a pas du tout été un succès.
13:30Et j'allais dire, l'Europe mesure aussi la faiblesse de sa diplomatie
13:33ou en tout cas de la façon dont elle peut agir par rapport à ses partenaires.
13:37C'est vrai qu'Emmanuel Macron a une bonne relation, justement,
13:41avec le président chinois.
13:42N'empêche que ça n'a servi absolument à rien, visiblement.
13:45Parce qu'effectivement, la Chine est un partenaire économique privilégié de la Russie.
13:48Et donc, les Européens aimeraient bien qu'elle aide à faire pression sur la Russie.
13:53En l'occurrence, après la visite d'Emmanuel Macron, ça n'a pas semblé porter ses fruits.
13:56Mais ce n'est pas un échec de la faiblesse de la diplomatie européenne.
13:59C'est la puissance européenne qui ne peut plus s'exercer.
14:02Il est très clair pour les Russes que l'Union européenne
14:06ou une OTAN sans les États-Unis pour défendre l'Ukraine, ça ne fait pas le poids.
14:11Donc, à partir du moment où les Américains disent,
14:13écoutez, si on n'arrive pas à une solution, on vous laisse la garde des enfants.
14:16C'est un peu ce que disent aux Européens les Américains.
14:20Si vous voulez vous occuper d'Ukraine, soit,
14:21mais ça sera votre seule et entière responsabilité.
14:23Nous ne serons plus dans le coup.
14:24Et c'est un peu le bluff européen qui dit,
14:29s'il le faut, nous prendrons le relais.
14:30Et puis, on constate que prendre le relais demain matin,
14:33très, très, très difficile.
14:34Mais on a un petit peu de mal à comprendre, Patrick Sos,
14:37à quoi va servir cette nouvelle réunion à Londres
14:40entre plusieurs dirigeants européens.
14:42Enfin, on a le sentiment qu'ils regardent un match depuis le banc de touche.
14:45– L'idée, en tout cas, je vais être transparent avec vous,
14:48on a eu un brief de l'Elysée en fin de journée.
14:51Ce qu'on nous explique, c'est que vraiment…
14:53– Ah, vous pouvez le dire plutôt ça.
14:54– Mais oui, mais je vais tout vous expliquer.
14:55Mais attendez, moi aussi, j'ai un petit peu le sens du suspense.
14:57Non, mais surtout, je vous donne la voix de l'Elysée.
14:59Pas exactement ce qui va se passer,
15:00mais ce qui est voulu par Paris.
15:03C'est qu'on est véritablement, non plus,
15:05une position ukrainienne d'un côté,
15:07la petite Ukraine qui essaye de se battre face aux Russes
15:10et parfois un peu face aux Américains.
15:12Et puis, vous avez à côté les Européens
15:15qui, eux, n'arrêtent pas de crier au loup
15:17et essayent de se raccrocher à leur seul pouvoir,
15:19c'est celui des garanties de sécurité,
15:21c'est-à-dire pour l'après.
15:22L'idée, c'est d'avoir vraiment une position
15:24ukraino-européenne ou européo-ukrainienne,
15:28c'est-à-dire faire bloc, encore une fois,
15:29on s'accroche à l'Ukraine
15:31et on fait en sorte de donner de la puissance
15:34un peu à l'image de ce qu'on avait vu fin août
15:36lorsque les chefs d'État du gouvernement européen...
15:38Ça change quoi par rapport à ce qu'on a vu jusqu'à présent ?
15:40C'est rappelé, parce qu'ici, en Europe,
15:43on joue selon les règles.
15:45Voilà.
15:46Et il se trouve que ça ne marche plus tellement aujourd'hui
15:48dans ce monde de grands carnivores.
15:50Certes, Emmanuel Macron avait dit
15:51qu'il faut arrêter d'être des herbivores
15:53au milieu des carnivores.
15:54Oui, mais voilà, la beauté,
15:56la faiblesse de l'Union européenne,
15:58c'est encore une fois de jouer selon les règles.
16:00Et les règles du droit international
16:01font que les premiers concernés,
16:04normalement, doivent être à la table des négociations.
16:06Et les premiers concernés,
16:07ce sont, au-delà des Ukrainiens,
16:09les Européens.
16:10Et ça va être encore le message
16:11qui va être envoyé,
16:13avec à chaque fois un problème
16:15qui est que vous avez une oreille,
16:17l'oreille droite de Donald Trump,
16:18c'est Marco Rubio,
16:19qui va bien l'entendre
16:20et qui connaît et qui joue selon ses règles.
16:22Puis vous avez l'oreille gauche
16:23qui, elle, joue selon des règles
16:25tout à fait nouvelles,
16:26c'est celle de Wittkopf
16:27et que je jumellerai avec Gerard Keschner.
16:29Et il se sert plutôt de quelle oreille ?
16:31On a l'impression que ça passe d'une oreille à l'autre.
16:33Le problème, c'est que pendant ce temps-là,
16:34on y revient toujours,
16:35il y a un champ de bataille
16:36avec des gens qui meurent
16:37et toujours 1 600 drones et bombes
16:40qui sont tombées,
16:40rien que la dernière semaine,
16:42sur des infrastructures civiles.
16:44Vous avez raison.
16:45Et Dmitry Peskov, justement,
16:47en Russie,
16:47qui s'est exprimé sur la question,
16:48alors vous allez me dire
16:49s'il a l'intention d'arrêter cette guerre,
16:51le porte-parole du Kremlin, en tout cas.
16:53Il est plutôt content
16:55de ce qui se passe en ce moment,
16:56des discussions qui ont lieu
16:57avec les Américains.
16:58Écoutez-le.
16:58Les ajustements que nous constatons
17:02correspondent à bien des égards
17:04à notre vision.
17:05Il y a donc lieu d'espérer
17:06que cela puisse constituer
17:07une modeste garantie,
17:09que le travail conjoint constructif
17:11en vue de trouver
17:12un règlement pacifique pour l'Ukraine
17:14puisse au minimum se poursuivre.
17:16Le plan prône la non-confrontation
17:18et le dialogue,
17:19ainsi que l'établissement
17:20de bonnes relations,
17:21comme l'avait déclaré
17:22le président Poutine.
17:23C'est encourageant, certes,
17:24mais nous savons aussi
17:26ce qui se passe
17:27lorsque tout semble parfait
17:28sur le papier.
17:29On peut se demander quand même
17:31est-ce que Moscou
17:32veut vraiment la paix
17:33quand on entend notamment
17:34la déclaration de l'Ukraine ?
17:35Ils veulent la paix,
17:36mais leur paix.
17:38Ils veulent leur paix,
17:38c'est-à-dire avec des demandes
17:41maximalistes,
17:42parce que sur le terrain,
17:43pour l'instant,
17:44c'est eux qui font pression,
17:45ils ne battent pas retraite
17:46et il y a plein de points
17:47d'inflexion,
17:48et je laisserai le colonel
17:49en discuter,
17:50mais il y a plein de points
17:50d'inflexion
17:51qui donnent raison
17:53à cette réalité brutale
17:56de la guerre sur le terrain.
17:57Je pense que Poutine
17:58ne veut pas négocier
17:59sans continuer
18:01à faire une pression militaire
18:02qui fait très, très mal
18:04à l'Ukraine.
18:04J'ajouterais qu'il y a
18:05une variable
18:05dont on n'a pas beaucoup parlé,
18:07qui est l'ensemble
18:08des affaires de corruption
18:09qui éclabousse en ce moment
18:10le pouvoir à Kiev.
18:11Alors, du côté européen,
18:13on préfère ne pas trop en parler,
18:14mais je crois que c'était
18:15su, entendu, compris.
18:17Il y avait un malaise,
18:18mais compte tenu de la guerre,
18:19on était prêts
18:19à faire le dos rond.
18:21Pour les Américains,
18:22je crois que c'est au contraire
18:23presque une occasion d'affaires,
18:25c'est-à-dire qu'on sait
18:26le pouvoir de M. Zelensky
18:27fragilisé,
18:29et donc on accentue
18:30la pression,
18:31sachant que politiquement,
18:32sa marge est beaucoup
18:33moins grande
18:34qu'elle l'était.
18:35Et c'est une vision
18:37très opportuniste
18:37des affaires,
18:38mais c'est celle
18:39des Américains.
18:40Elle est opérante,
18:41et ce n'est pas un hasard
18:42s'il y a un forcing
18:42en ce moment.
18:43Ils savent que le pouvoir
18:44ukrainien est très fragilisé
18:46par tout ça.
18:46Et c'est dit,
18:47il faut voir que le chancelier
18:49Merz disait,
18:50il y a un ménage
18:51à faire chez vous
18:52il y a quelques semaines,
18:53s'inquiète de l'arrivée
18:54grandissante de jeunes
18:56ukrainiens
18:57sur le territoire allemand.
18:58Il y a beaucoup
18:58d'insatisfaction
18:59en coulisses,
19:00mais ça teste
19:01la patience
19:02des interlocuteurs
19:03de Volodymyr Zelensky.
19:04On en parle peu,
19:05mais je crois que ça compte,
19:06et les Américains,
19:07eux, le savent.
19:08Donc,
19:08ils savent qu'il y a une impatience
19:09et qu'il faut donc presser
19:10le pas.
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