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  • il y a 6 heures
Ce jeudi 4 décembre, Jérôme Tichit a reçu Jean-Roch Varon, président d'EY France, Vincent Sadé, vice-président de Prologis France, Reda Guiha, président de Pfizer en France, et Gilles Donnat, directeur général de Carrier France et Viessmann France, dans La France a tout pour réussir - l'émission spéciale en direct de la CESE, sur BFM Business. Retrouvez l'émission le vendredi et le samedi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00BFM Business, la France a tout pour réussir. Jérôme Tichyte.
00:13Bonjour, bonjour et bienvenue dans la France a tout pour réussir sur BFM Business, émission spéciale.
00:18Vous le voyez, nous sommes en direct du CESE, le Conseil économique, social et environnemental à Paris,
00:23à l'occasion de la 20e édition des Etats de la France.
00:26C'est un des rendez-vous annuels majeurs pour mesurer, pour débattre de l'attractivité de la France auprès des entreprises étrangères.
00:33Dans cette émission spéciale, je recevrai les dirigeants de plusieurs de ces grands groupes dans cette émission,
00:38successivement Prologis, Pfizer, Carrier, Compass, Manpower Group, Visa ou encore Accenture.
00:45Tous vont nous expliquer comment ils voient cette France de la fin 2025, quels sont ses points forts, quels sont ses points plus faibles,
00:52a-t-elle encore des capacités de rebond et d'attractivité après ces 18 mois d'instabilité politique et budgétaire ?
00:59Leur réponse dans un instant, mais tout d'abord, on va en quelque sorte planter le décor avec le président de EY France.
01:08Bonjour Jean-Rocquevaron.
01:10Bonjour.
01:11Président de EY France, je le disais, nous sommes donc ici en direct du CESE.
01:14Il y a un peu de bruit, on va quand même essayer de s'entendre.
01:17On va parler du baromètre EY que vous publiez chaque année à l'occasion de Choose France.
01:23C'était au mois de mai 2025, une version qui a été actualisée ensuite en juin 2025.
01:29Cette enquête, qu'est-ce qu'elle montre ?
01:31Alors certes, on reste en tête des investissements en Europe, mais il y a quelques bémols.
01:36On commence par le verre à moitié plein.
01:38Quels sont les enseignements positifs de l'enquête pour la France ?
01:41Alors effectivement, la France reste en tête au niveau européen
01:45comme le premier pays d'investissement pour les entreprises étrangères
01:48en devançant nos grands concurrents habituels, que sont l'Allemagne et le Royaume-Uni.
01:56Le bémol, il y a plusieurs bémols en fait.
01:59C'est que nous sommes néanmoins, les investissements dans ces trois grands pays
02:02sont en baisse de 14%, 14, 13, 15%.
02:07Donc ça veut dire que les grands pays européens restent en tête des investissements,
02:10mais avec une baisse dans le nombre d'investissements et dans le nombre d'emplois.
02:15Et le nombre d'emplois, c'est notre point faible.
02:19Le nombre d'emplois par projet en 2024, il est de 125 pour un projet en Espagne.
02:24Il est de 48 en Allemagne et seulement de 30 pour la France.
02:28On a un peu le même problème qu'avec le tourisme.
02:31On attire beaucoup de monde, mais il ne dépense pas assez.
02:34Est-ce que c'est un bon résultat ?
02:35Alors effectivement, les pays européens, globalement l'Europe est en décroissance
02:40dans les investissements internationaux mondiaux, tirés par les trois pays dont je viens de parler.
02:45Et en revanche, il y a des pays qui fonctionnent plutôt bien.
02:48Vous avez les pays du Sud, Portugal, Espagne, Italie.
02:52Donc ça, je vais y revenir.
02:53Et également les pays d'Europe centrale, la Pologne en tête.
02:56Et pourquoi ? Parce que le coût de l'emploi est nettement inférieur dans ces pays
03:00par rapport au coût de l'emploi dans les pays du Nord, qui sont l'Allemagne, la France notamment,
03:07et l'Angleterre.
03:10Par exemple, pour un employé qui coûterait 100 en France, le coût de l'emploi en Espagne, c'est 60.
03:17Donc ça veut dire que dans les projets d'investissement,
03:19dès que les projets d'investissement nécessitent de la main d'œuvre,
03:22ce sont les pays du Sud de l'Europe ou les pays de l'Est, Pologne en tête,
03:28qui réussissent à capter des investissements importants.
03:32Le coût de la main d'œuvre est un élément très important dans les choix de décision.
03:36Est-ce qu'à votre avis, c'est une lacune qui est rattrapable
03:40quand on voit les débats parlementaires actuels
03:42qui sont plutôt dans une aggravation des charges et de la fiscalité ?
03:47Est-ce que ce retard-là, il est rattrapable encore face à l'Italie, l'Espagne
03:51ou la Pologne ?
03:53Il est clair que dans les pays du Nord, on a des coûts salariaux qui sont significatifs.
03:59Je crois que c'est une donnée de base.
04:02La France, notamment, a des atouts.
04:05Il faut miser sur les atouts, accentuer ses atouts,
04:08qui sont les infrastructures, qui sont le coût de l'énergie décarbonée,
04:12qui sont la qualité de la main d'œuvre,
04:14qui sont d'être pionniers dans la transition écologique.
04:18Donc la France a d'énormes atouts sur lesquels il faut appuyer
04:22pour pouvoir compenser effectivement cette problématique du coût et des charges sociales.
04:29Mais est-ce que cette instabilité politique dont je parle,
04:33qui passe par le Parlement notamment,
04:36est-ce qu'elle a beaucoup joué, puisqu'elle s'est mise en place
04:38après la dissolution du mois de juin 2024,
04:41est-ce qu'elle a beaucoup joué dans la baisse d'attractivité de la France
04:44selon les réponses que vous avez pu enregistrer ?
04:47Alors, ce qu'on a vu dans le baromètre qui est sorti juste avant l'été,
04:50c'est que pendant la période, je dirais, Bayrou,
04:53finalement, la France a maintenu son rang
04:56et que le niveau d'instabilité n'a pas trop pénalisé les investissements étrangers.
05:00Donc effectivement, nous sommes aujourd'hui dans une nouvelle phase
05:03avec les nouvelles problématiques gouvernementales,
05:06avec les discussions sur le budget, etc.
05:07On n'a pas aujourd'hui encore quantifié les données disponibles
05:15sur les investissements de l'exercice 2025,
05:19puisque les données ne sont pas encore disponibles.
05:21On y travaille pour préparer le baromètre que nous sortirons au début 2026.
05:26Donc on n'a pas des données encore quantifiées.
05:28Néanmoins, il est évident qu'un certain nombre de projets d'investissement
05:33sont plutôt retardés, puisque, vous savez, un chef d'entreprise,
05:37français ou étrangers, d'ailleurs, ce sont les mêmes problématiques,
05:41travaillent en bon père de famille.
05:43Donc quand on a une visibilité, on est plus à l'aise
05:45pour réaliser des investissements.
05:48Et quand on ne sait pas exactement ce qui va se passer,
05:50on est plus attentiste et on retarde les projets.
05:57On peut éventuellement en arrêter.
05:59Pour l'instant, on n'en est pas là.
06:00Mais ce qui est clair, c'est que l'instabilité politique
06:03retarde les choix d'investissement.
06:05Et donc, on verra les résultats.
06:08Mais c'est clairement un frein à l'investissement.
06:12On reparlera des secteurs qui marchent
06:13et de ceux qui parlent au moins dans un petit instant.
06:15D'abord, j'accueille Vincent Sadé.
06:16Bonjour.
06:17Bonjour.
06:18Parce que dans cette émission, on va quand même respecter le titre.
06:20La France a tout pour réussir et être un peu positif,
06:23puisque vous êtes un des investisseurs en France.
06:26Vous êtes le vice-président et le directeur des investissements
06:28de Prologis France,
06:29donc en charge de déployer l'immobilier sur le marché français.
06:33Quelques chiffres clés d'abord que je rappelle pour nos téléspectateurs.
06:36Vous êtes une entreprise américaine basée à San Francisco,
06:39spécialisée dans l'immobilier et logistique.
06:42Vous êtes présent dans une vingtaine de pays implantés en France depuis 2002.
06:46En Europe, vous êtes aussi en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et aux Pays-Bas.
06:50Et puis, quelques chiffres de comparaison monde et France.
06:53215 milliards d'actifs sous gestion dans le monde.
06:56Un parc immobilier de 120,7 millions de mètres carrés.
06:59Le marché français, c'est 5 milliards d'actifs sous gestion et 3,4 millions de mètres carrés.
07:04Donc, évidemment, les ratios sont assez faibles en France.
07:07Mais comme vous le dites souvent, certes un petit marché, mais marché très porteur.
07:12Alors, merci et bonjour.
07:14Effectivement, la France est un petit marché en nombre par rapport aux États-Unis.
07:18La réalité, c'est que notre empreinte en France et notre portefeuille est déjà assez grand.
07:23Je pense qu'on est aussi là pour parler du pourquoi on n'a pas fait autant qu'on voudrait.
07:27Et effectivement, il y a quelques freins au développement en France.
07:30Alors, lesquels, lesquels ? Dites-nous.
07:32Déjà, l'immobilier et logistique se base sur les bassins de consommation.
07:38Et s'il y a bien des éléments positifs à retirer de la France, c'est bien ça.
07:42La France a tout pour réussir.
07:44C'est le nom de l'émission.
07:44Et je pense qu'il y a des éléments à détailler ici.
07:48Le premier, c'est l'énergie bas carbone.
07:49Vous en avez parlé.
07:50Ça, c'est très intéressant pour nous parce qu'on est consommateur d'énergie,
07:54à la fois à travers l'industrie logistique, mais aussi à travers l'industrie des data centers.
07:58Les infrastructures qui sont excellentes, qu'elles soient autoroutières, portuaires, ferroviaires, aéroportuaires.
08:04En Europe, on est leader sur la plupart de ces infrastructures.
08:07C'est un pays qui a des atouts.
08:09La situation géographique, évidemment, qui est particulièrement stratégique pour l'immobilier logistique.
08:14Et le marché intérieur qui est puissant.
08:16Donc, on a tout pour réussir.
08:19Malgré tout, on a des freins et on aimerait développer plus.
08:22Et les freins, ça passe par quoi ?
08:25Les freins, finalement, très simplement, il y a deux catégories de freins.
08:30Le premier, c'est l'accès au foncier.
08:31Notre métier nécessite du foncier.
08:34Si on n'a pas de foncier, on n'investit pas.
08:35Si on n'investit pas, il n'y a pas d'emploi.
08:37Et l'accès au foncier est compliqué de par certaines lois qui ont été passées il y a quelques années.
08:41La loisanne, notamment ?
08:43Exactement, la loisanne.
08:45Et de part aussi une volonté politique qui n'est pas toujours égale entre les régions, entre les différentes communautés de communes ou au niveau des communes, même au niveau très local.
08:54Classé au foncier est certainement le premier problème.
08:57Le deuxième sujet, il réside sur la stabilité et la lisibilité du cadre réglementaire et fiscal en France.
09:03Et ça, c'est un problème évident pour nous, investisseurs immobiliers, parce que l'investissement immobilier, c'est un temps long.
09:10Et quand on lance un projet, ça va être peut-être un peu trivial, mais on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé pendant les 3, 4, 5, 7 prochaines années.
09:18Est-ce que c'est un mal français ? Ou est-ce que vous le voyez dans d'autres pays ?
09:22Puisqu'on l'a dit, vous êtes au Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Pays-Bas.
09:25On est dans tous les grands pays d'Europe. On est dans 12 pays en Europe.
09:28C'est un mal davantage français que dans les autres pays.
09:31Et est-ce que c'est pire depuis cette instabilité liée à la dissolution de juin 2024 ?
09:39Le problème, c'est que tous les jours, on entend une nouvelle idée, qu'elle soit fiscale ou réglementaire,
09:44qui aurait un impact très important, voire même deal killer à l'échelle des projets.
09:50Et cet impact-là, on n'arrive pas à le mesurer tant que ce n'est pas acté et on ne sait pas si ça va être acté.
09:54Donc tous les jours, il y a une nouvelle qui, finalement, ne change pas nécessairement le cadre, mais qui rajoute de l'incertitude.
09:59Nous, on a deux propositions à faire qui sont simples et qu'on a déjà évoquées avec les cabinets du président de la République.
10:06La première, c'est d'avoir un fast-track permitting, c'est-à-dire un permis simple, rapide,
10:12qui serait un permis de six mois pour accélérer les délais d'instruction et pour justement pouvoir répondre rapidement aux demandes de nos clients.
10:18Ça, c'est la première réponse.
10:19Et la deuxième, c'est d'avoir un cadre clair, figé.
10:23Quand on dépose un projet, par exemple en mairie, on veut que pendant les deux, trois, cinq prochaines années, le cadre soit le même.
10:29On n'a pas de problème avec la complexité, mais on veut juste de la visibilité, de la lisibilité dans le temps.
10:35Je reviens dans un petit instant sur les investissements que vous avez annoncés à Choose France.
10:39Donc, on le voit, Jean-Roc Varon, l'immobilier, c'est un secteur qui va, mais qui pourrait aller mieux.
10:45Quand on va dans le détail des secteurs où la France est plus attractive et ce, où elle l'est moins, qu'est-ce qui ressort de votre baromètre ?
10:53Il y a des secteurs, effectivement, où la France a une carte à jouer indéniable.
10:57Il y a la partie tout autour de l'énergie, l'électricité décarbonée, on en a parlé.
11:03Il y a des compétences énormes autour de la transition écologique.
11:06Il y a la French Tech, l'IA, ce sont des atouts très significatifs et je crois que la France est extrêmement bien placée au niveau européen.
11:16Il y a également des éléments autour des énergies renouvelables, qui sont également des forces pour la France.
11:25Donc, il y a un certain nombre d'industries qui sont très significatives pour l'attractivité de la France.
11:31Mais ce que je voudrais dire, c'est que, parce qu'on parlait de l'instabilité des lois, de la fiscalité, de la simplification, etc.
11:39Mais en fait, ce dont on a besoin aujourd'hui, c'est d'avoir de la durée dans les décisions.
11:44Et ça, c'est très significatif dans un choix d'investissement.
11:47Ça a déjà été abordé par mon collègue.
11:50Et aujourd'hui, on n'a pas besoin.
11:51Là, on est en train de discuter des questions budgétaires.
11:53Mais en fait, ce que je crois, c'est qu'on n'a pas besoin d'un budget, mais on a besoin d'un projet.
11:58Et un projet, ça donne une direction et ça crée de la perspective dans les choix qui sont faits sur la durée par l'État français.
12:09Donc ça, on n'est pas dans cette situation politique.
12:12J'espère qu'on le saura bientôt parce que c'est ça qui va être le déclencheur de la reprise et du renforcement de l'attractivité de la France.
12:21Et si on a un projet, une perspective et de la durée dans les choix qui sont pris par l'État.
12:26Juste quelques mots encore sur les secteurs qui, eux, sont plus en souffrance.
12:30La chimie, l'automobile, bien évidemment.
12:33Et on recevra Redagia de Pfizer dans quelques instants.
12:37Le pharmaceutique, on est très challengé par d'autres pays.
12:41Oui, alors là, on est dans une problématique qui est à la fois française, mais qui est aussi européenne.
12:45Puisque, comme vous le savez, évidemment, la France et l'Europe sont pris en étau entre les problématiques avec les États-Unis et avec la Chine, principalement en Asie.
12:56Et donc, les politiques de ces deux blocs déstabilisent des grands pans de l'industrie européenne, notamment celle que vous avez citée, la chimie, les industries lourdes, avec l'acier, évidemment.
13:09On en parle depuis quelques jours et également l'automobile.
13:13Donc, sur ces éléments-là, il y a des questions de compétitivité, d'attractivité nationale, j'ai envie de dire.
13:18Mais il y a une sorte d'invasion de certaines industries étrangères qui bousculent les flux et les équilibres internationaux dans les échanges de marchandises.
13:31Et je crois que les discussions à Bruxelles aujourd'hui tournent autour de comment se protéger vis-à-vis de ces invasions.
13:37Donc, j'ai envie de dire que sur ces industries-là, on est au-delà de la compétitivité.
13:43On est sur des sujets beaucoup plus stratégiques et qui touchent à la souveraineté et de l'Europe et de la France.
13:48On va terminer, Vincent Sadeh, ce premier plateau par les investissements quand même du positif, puisque vous investissez donc en France depuis plus de 20 ans.
13:56Et lors du sommet de Choose France en mai 2025, vous avez du sommet de l'IA d'abord en début d'année, puis de Choose France, plus de 6 milliards d'euros que vous annoncez dans vos investissements en France.
14:09Écoutez, effectivement, j'ai rappelé les raisons pour lesquelles la France avait tout pour réussir.
14:14On a envie d'investir en France.
14:15On a annoncé 6,4 milliards d'euros, dont plus d'un milliard en logistique, on va dire traditionnel, et 5 milliards en data center.
14:24On a une volonté d'investir parce qu'on veut investir dans les territoires, parce que la France a des atouts et parce qu'on pense que le développement logistique est clé.
14:34Je désoe un petit peu sur la filière logistique.
14:37La filière logistique, c'est 10% du PIB en France.
14:40C'est 10% des emplois.
14:42On aime à dire que c'est le système sanguin de l'économie.
14:45On se rappelle pendant le Covid que seule la filière logistique était encore totalement opérationnelle.
14:50Elle a permis d'avoir des masques, des médicaments dans les pharmacies, de la farine dans les boulangeries.
14:56Donc, c'est le système sanguin de l'économie.
14:59Accessoirement, on parle beaucoup de réindustrialisation, mais il n'y aura pas de réindustrialisation sans logistique.
15:06Et donc, on a une vraie volonté d'investir.
15:08Il faut maintenant qu'on ait le cadre dans lequel investir.
15:11Et c'est ce dont on a parlé tout à l'heure.
15:12Et juste en un moment, il nous reste 30 secondes sur tous ces investissements, notamment dans les data centers.
15:18C'est combien d'emplois à la clé en France ?
15:21Alors, c'est plusieurs centaines d'emplois par projet.
15:24Eh bien voilà, c'est ce qu'on va suivre.
15:26Merci beaucoup, messieurs, d'avoir été des premiers invités de cette émission spéciale ici au CESE à l'occasion de la 20e édition des États de la France.
15:34Je vais recevoir deux autres invités qui sont en train, qui vont prendre place dans un petit instant.
15:39Donc, à la fois Redagia, le patron de Pfizer en France, et puis Gilles Donat, le directeur général de Carrier France.
15:46Ils sont en train de s'installer.
15:47Je vais les interroger précisément sur les investissements qu'ils vont pouvoir faire dans notre pays.
15:52Ils s'installent.
15:54Messieurs, bonjour.
15:55Messieurs, bonjour.
15:57Donc, je vous présente rapidement à ma droite Redagia, président de Pfizer en France,
16:02qui venait de nous rejoindre après une table ronde qui s'achève, puisqu'on est en direct ici pour ces États de la France.
16:08Et puis, Gilles Donat, bonjour.
16:09Bonjour.
16:09Je le disais, vous êtes le directeur général de Carrier en France.
16:12Pfizer, je commence par vous.
16:13On le rappelle, une entreprise américaine créée en 1849, plus de 70 ans de présence en France.
16:20Combien de personnes travaillent pour vous, d'ailleurs, dans notre pays ?
16:24C'est exact.
16:26Combien de personnes en France ?
16:28Nous sommes autour de 1000 personnes en France.
16:31Alors, juste avant votre arrivée, on parlait du baromètre EY 2025 avec des difficultés pour le secteur pharmaceutique.
16:38Est-ce que vous diriez, on s'était vu dans d'autres émissions les précédentes années,
16:42que la France a perdu en attractivité dans le domaine pharmaceutique ?
16:46Écoutez, le monde a changé.
16:49Il y a deux facteurs qui vraiment impactent l'attractivité de la France.
16:53Tout d'abord, des éléments externes.
16:57Vous avez actuellement les États-Unis qui représentent 4% de la population mondiale
17:03et environ 50% du marché pharmaceutique mondial.
17:08Vous rajoutez à cela que les Américains payent deux à trois fois le prix des médicaments au niveau de l'Europe.
17:15Et en plus, 50% de l'innovation émane des États-Unis.
17:19Alors, le poids des États-Unis, là, est énorme.
17:22Ils ne veulent plus subventionner les prix européens.
17:26Et nous avons aussi des facteurs internes propres à la France.
17:28On en a discuté aujourd'hui.
17:30Vous avez tout d'abord les prix.
17:32Nous avons les prix les plus bas en Europe.
17:35Vous rajoutez à ça notre fiscalité avec sept taxes.
17:38Sept taxes au niveau des laboratoires pharmaceutiques.
17:40Et des délais d'accès qui sont très longs.
17:44Pour vous donner un exemple, aujourd'hui, 4 nouveaux médicaments sur 10 qui sont autorisés en Europe ne sont pas disponibles aux patients français.
17:59Alors, quand vous prenez tout cela, l'équation ne tient plus.
18:01Est-ce qu'on vous écoute ? Est-ce qu'on vous entend quand vous parlez du prix des médicaments trop bas en France ?
18:09Vous réclamez, je crois, des états généraux du médicament.
18:12Est-ce que vous avez l'oreille de la nouvelle ministre de la Santé ?
18:15L'oreille du président de la République ?
18:17Est-ce qu'on vous entend assez au regard des investissements que vous faites dans notre pays ?
18:23Écoutez, moi, je l'espère bien parce qu'on le communique partout.
18:27Et nous avons aussi les données.
18:29Je vous répète vraiment, la vraie question, la vraie question, si on veut attirer que la France soit attractive en termes d'investissement,
18:39si la France veut rester souveraine, souveraine en santé, c'est-à-dire garantir aux patients, aux patients français, tous les nouveaux médicaments,
18:49il faut être à la pointe de la recherche.
18:52Il faut surtout donner de la valeur aux médicaments, redonner la valeur aux médicaments.
18:57On en parlera dans un petit instant. Je passe la parole à votre voisin Gilles Donat.
19:02Rebonjour, vous êtes le directeur général de Carrier France et de Wisman France,
19:06puisque vous avez racheté Wisman en 2024, le géant allemand des solutions climatiques et énergétiques.
19:13Alors, on parle dans votre secteur de CVC, chauffage, ventilation et climatisation.
19:18Quelques mots pour nos téléspectateurs.
19:20Entreprise américaine plus que centenaire, créée en 1915, le siège est en Floride.
19:25Un chiffre d'affaires monte de 22,5 milliards de dollars.
19:29Numéro 1 en Europe depuis le rachat de Wisman.
19:32Et vous faites du B2B. C'est bien ça ? C'est bien résumé ?
19:35B2B en Carrier et avec la société Wisman.
19:39Là, on vend directement à nos installateurs partenaires qui sont nos relais sur le terrain
19:43pour aller développer des solutions de décarbonation avec nos clients finaux.
19:47Alors, Wisman et Carrier en France, c'est combien de salariés ? C'est combien de sites ?
19:52Alors, le groupe Carrier en France, c'est 3500 salariés sur le territoire,
19:56répartis en des forces commerciales, évidemment.
19:59Nos usines et nos centres R&D, on a quatre usines et quatre centres de R&D
20:02qui sont reconnus mondialement dans le groupe comme des centres d'expertise et de technologie.
20:08Et évidemment, des techniciens qui sont nos ambassadeurs sur le terrain
20:12et qui vont promouvoir des solutions.
20:14Donc, ça peut être évidemment de la réparation et de la maintenance,
20:17mais aussi des solutions de modernisation de nos équipements
20:19qui sont là pour durer plusieurs dizaines d'années.
20:22Et vous êtes présent dans le département de l'Inde, la Seine-Maritime.
20:26L'usine Wisman, je crois, est en Moselle.
20:29Il y a donc aussi, je crois, des centres d'excellence dans les Alpes-Maritimes.
20:34Je reviens sur les annonces des 30 millions d'investissements
20:37que vous avez faits il y a quelques mois sur les deux sites de l'Inde.
20:40À quoi vont servir ces 30 millions d'investissements ?
20:44Eh bien, Carrier se développe particulièrement sur deux domaines.
20:47C'est le domaine des data centers sur lequel on a fait un investissement massif,
20:51non seulement sur l'outil de production,
20:53mais aussi sur notre laboratoire pour pouvoir valider les performances des machines
20:56avant de les mettre sur les data centers.
20:58Donc, une quinzaine de millions.
21:00Et sur un autre secteur qui est la pompe à chaleur industrielle.
21:02Si vous vous rappelez, Emmanuel Macron, notre président,
21:05nous avait donné un objectif d'un million de pompes à chaleur vendues en France.
21:10Si vous prenez l'ensemble des pompes à chaleur de type industriel
21:12qu'on fabrique déjà sur le site de Mont-Luel dans l'Ain,
21:16on est déjà à plus de l'équivalent de 100 000 pompes à chaleur
21:18sur un seul site de production.
21:20Donc, on est pleinement engagé dans cette démarche de décarbonation.
21:23Et aujourd'hui, on vend plus de pompes à chaleur
21:25que de climatiseurs de haute puissance
21:27depuis notre site industriel de Mont-Luel.
21:29Comme à tous nos invités, je vous pose la question des points forts
21:33et des points un peu plus faibles de la France.
21:36On a commencé à en parler avec Reda.
21:39Vous, qu'est-ce que vous constatez ?
21:40Et est-ce qu'il y a eu une évolution sur ces 18 derniers mois ?
21:44Je dirais, les points forts, on a quand même une électricité
21:46qui est en grande partie décarbonée,
21:48un accès qui est constant sur l'ensemble du territoire.
21:52Et ça, c'est un véritable point fort,
21:54notamment pour nos clients qui veulent implémenter des data centers,
21:57des réseaux de chaleur ou qui veulent simplement se développer.
22:00Je pense qu'un point d'amélioration, c'est la vitesse d'exécution
22:03quand on amène des projets.
22:04Aujourd'hui, ça reste deux fois plus long pour un acteur du data center
22:08de se connecter au réseau électrique qu'en Allemagne
22:10pour avoir les autorisations.
22:11Et quand vous prenez les grands acteurs de ce domaine-là,
22:14eux, ils ont une vision complètement européenne
22:16et la vitesse d'accès au marché est une donnée extrêmement importante
22:19pour choisir les investissements prioritaires.
22:21Donc, on y arrive, on s'améliore,
22:23mais je pense qu'il y a encore des progrès à faire
22:25pour avoir les autorisations plus rapidement
22:27et améliorer l'exécution des projets industriels.
22:29Et sur l'instabilité réglementaire, l'instabilité fiscale aussi,
22:34est-ce que c'est un point très faible de notre pays ?
22:37C'est un point extrêmement important,
22:38notamment pour la partie résidentielle de notre business,
22:40puisque c'est un domaine qui a été particulièrement activé
22:43puis désactivé grâce à MaPrimeRénov'.
22:46Maintenant, on est en train de changer petit à petit
22:48et basculer sur un système de certificat d'économie d'énergie,
22:51ce qui est extrêmement positif avec une incitation
22:54à avoir une fabrication européenne,
22:56ce qui correspond parfaitement à l'ADN du groupe.
22:59Néanmoins, ce qu'on cherche vers ces phénomènes-là,
23:02c'est d'avoir une stabilité dans le temps des systèmes.
23:05Si on change les systèmes tous les trois mois,
23:08les artisans partenaires s'y perdent
23:10et on a besoin de stabilité, de confiance dans les systèmes
23:13et de durée un peu plus longue
23:15pour que ces principes puissent continuer à apporter leurs effets.
23:20Dans cette émission, on essaie quand même de voir le verre à moitié plein.
23:24On va donc parler du milliard et demi d'investissement de Pfizer en France
23:28sur la période 2022-2027.
23:31Combien ont déjà été réalisés ?
23:33Et quid des millions restants ?
23:37Très bien.
23:37Alors, nous avons effectivement annoncé un milliard et demi.
23:42800 millions ont déjà été investis.
23:45700 millions sont planifiés et nous allons les investir.
23:49Oui, il n'y a pas de remise en cause de ça.
23:51Il n'y a pas de remise en cause pour une raison très simple.
23:54Un, on s'est engagé et deux, c'est vraiment de la recherche pour le bénéfice des patients.
24:00C'est des études cliniques, c'est de la recherche fondamentale au niveau des laboratoires
24:03et ça va contribuer à l'accès de ces nouveaux médicaments au niveau des patients.
24:11Est-ce que, parce que donc, 2027, ce n'est pas très, très loin,
24:15est-ce qu'il y a un autre plan qui pourra suivre ?
24:17Ou est-ce que c'est un peu tôt, vu toutes les réserves que vous nous avez faites sur l'attractivité de la France ?
24:22Est-ce que la France, dans les prochaines années, va rester une cible majeure pour vos investissements ?
24:27Parce qu'on sait que chaque pays doit défendre auprès de la maison mère l'attractivité de son propre pays.
24:32Est-ce que la France, ça va rester le cas ?
24:35Écoutez, on verra d'ici là.
24:36Aujourd'hui, nous sommes très concentrés sur les 700 millions.
24:39C'est quand même énorme.
24:41700 millions en l'espace de 18 mois, c'est énorme,
24:45qu'il faut qu'on mette en place et rapidement pour le bénéfice des patients.
24:49Moi, je dirais vraiment, la vraie question pour la France, c'est plus le long terme.
24:53Comment peut-on assurer l'attractivité de la France dans les années à venir ?
24:58Comment peut-on assurer que la France reste souveraine en santé ?
25:02La souveraineté, c'est très simple.
25:03C'est comment assurer que les patients aient accès à tous les nouveaux médicaments qui sont issus de la recherche.
25:10Et c'est pour cela qu'il faut vraiment, il est urgent de redonner de la valeur aux médicaments.
25:15Parce que l'on rappelle que vos médicaments, ça concerne l'oncologie, ça concerne les maladies rares, ça concerne l'immunologie.
25:23Donc, ce sont des traitements hyper importants.
25:26Il nous reste 30 secondes juste, Gilles Donat.
25:28Est-ce qu'on voit le verre à moitié plein, à moitié vide ?
25:31Comment, ici, on est au cœur des débats sur l'attractivité de la France ?
25:35Quel est, vous, votre sentiment ?
25:37Alors, moi, j'aime bien avoir le verre à moitié plein, parce que je pense qu'il faut être audacieux et continuer à être audacieux pour le navire France.
25:43Et si le plus gros investissement de carrière depuis trois ans est en Europe, avec le rachat de Wiesmann, et donc en Allemagne et en France,
25:50je pense que c'est une preuve aussi que le message passe.
25:52Il faut continuer à l'amener, continuer à accélérer sur tous les enjeux d'exécution des projets industriels.
25:59Et je pense qu'on a de bonnes chances en France.
26:02On a tout l'ADN et tous les basiques pour continuer à performer correctement.
26:06Eh bien, c'est ce que l'on souhaite.
26:07Merci beaucoup, messieurs, d'avoir été les invités de cette première partie de La France a tout pour réussir,
26:11ici en direct du CESE, à l'occasion de la 20e édition des États de la France.
26:16Dans un instant, deuxième partie de l'émission.
26:17Je recevrai les dirigeants France de Compass, de Manpower Group, de Visa et Accenture.
26:23A tout de suite sur BFM Business.
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