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  • il y a 2 jours
Les clefs d'une vie - Jean Lassalle

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-12-02##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Votre accent de la sincérité vous a permis de passer des montagnes au plateau des théâtres.
00:11Vous avez choisi de délaisser la politique traditionnelle en adhérant au parti d'en rire.
00:16C'est peut-être pour cela que le public s'est accroché à votre béret basque.
00:20Bonjour Jean Lassalle.
00:21Bonjour cher Jacques.
00:23Jean Lassalle, c'est le comédien, le héros du seul en scène qu'on a vu à Paris
00:27et qu'il va partir en tournée que Jacques a eu aujourd'hui.
00:30Puisque ce seul en scène, Jean dans Lassalle, est un événement qu'on va évoquer.
00:34Mais le principe des clés d'une vie, cher Jean Lassalle, c'est d'évoquer votre parcours à travers des dates clés.
00:39Et j'en ai trouvé quatre.
00:40La première, c'est le 26 décembre 1983, votre première télé qu'on pourrait évoquer à travers une chanson célèbre.
00:51La montagne de Jean Ferrat, chanson qui est mythique, c'est l'image qu'il y a eu en arrivant à Entraigle.
00:59Et cette chanson est aujourd'hui dans les écoles.
01:01Et pourquoi je parle de la montagne ?
01:03Parce que votre première télévision, c'est un projet de création d'une station de ski en Valais d'Aspe.
01:09Oh, vous avez été cherché loin.
01:11Oui.
01:11Ce n'est pas croyable.
01:13Oui, j'étais conseiller départemental, j'étais maire et conseiller départemental.
01:18Je n'étais pas non plus très vieux, puisque j'étais conseiller maire à 21 ans, conseiller départemental, plus après, oui.
01:26Je voulais créer une station de ski, parce que c'était la seule vallée qui n'en avait pas, ici, dans les pionniers de l'Ouest.
01:37Oui. C'était le Val d'Azant. Azant qui en patroie signifie lumière, je crois.
01:41Exactement. Oula !
01:42Et c'est vrai qu'on vous voit avec un blouson de ski, c'était vraiment quelque chose que vous aviez envie de faire exister.
01:50C'est-à-dire, il faut voir le contexte de l'époque.
01:54Je suis élu très jeune, et dans des élections difficiles.
02:00Et on m'élie parce qu'il y a une forme d'espoir qui, soudain, se porte sur moi.
02:11Comment je devrais dire ?
02:13La population décroissait à une vitesse hallucinante.
02:1810 000 habitants au début du siècle.
02:20On en était en plus qu'à 2 600 à ce moment-là.
02:23Et il y avait une forme de désespérance.
02:26Et la station de ski, malgré tout, dans les vallées voisines,
02:31avait donné le sentiment d'un renouveau économique, social,
02:35et puis, surtout, la possibilité donnée à des jeunes de rester au pays.
02:39Et puis, vous évoquez dans ce film, Akus, qui est juste...
02:43C'est un canton à côté de chez vous.
02:45D'un jeté, le conseiller général.
02:47Exactement, et qui est un des lieux où on fait du parapente dans les Pyrénées,
02:52ce qui n'est pas si fréquent.
02:54Et c'est un des lieux les plus réputés pour le parapente en France.
02:58Oui, parce qu'il y a un dispositif aérométrique qui n'existe pas ailleurs.
03:04Et paraît-il que c'est même ascensionnel.
03:07C'est formidable, c'est bien, oui.
03:09Donc, c'est venu après, un petit peu.
03:10C'est venu après.
03:11Mais à cette époque-là, vous évoquez donc ce développement touristique
03:14dont la région a besoin, Jean Lassalle.
03:16Oui, tout à fait.
03:17Tout à fait, parce que je ne voyais pas qu'est-ce qui pouvait faire le pendant
03:22à une agriculture qui était déjà touchée à mort.
03:25Bon, on a fait beaucoup, hein.
03:27On pensait, on a quand même relancé l'artisanat et le commerce.
03:33Je voyais bien que le mauvais temps venait.
03:36Nous avions des usines.
03:39En vrai dire, il n'en restait plus qu'une, celle d'Alcan.
03:44Et je disais, il faut impérativement une autre activité, sinon ça ne le fera pas.
03:49Et des touristes dans vos jeunes années, vous n'avez pas vu beaucoup parce que vous
03:52étiez dans la montagne, loin et loin de la nature et des touristes.
03:56Oui, et quand j'y étais, avec le papa, il a passé quand même des touristes.
04:02Mais vous savez, c'était des touristes, on aurait dit qu'ils étaient distants.
04:06Vous voyez, ils préféraient caresser le chien.
04:09Remarquez, ils n'avaient pas me caresser à moi non plus.
04:11Il ne va pas non plus, remarquez.
04:12Non plus, vous n'êtes pas cabot non plus.
04:13Oui, donc ils caressaient le chien, puis ils s'en allaient, quoi.
04:17Et moi, je disais, déjà, c'est dommage, parce que ces gens-là, si on les connaissait
04:22mieux, ils pourraient peut-être nous apporter autre chose.
04:25En même temps, les grandes villes, dans vos jeunes années, vous ne connaissiez pas,
04:28Jean Lassalle ?
04:29Non, je ne connaissais pas beaucoup.
04:31Mais j'avais déjà vu, parce que papa était très sensible à ce problème, pas que
04:36lui, dans la famille de tout le monde, à l'exode rural.
04:38Et papa n'avait de cesse de dire, la révolution industrielle, c'est finie, il y a belle
04:44lurette.
04:45Bon, on a tourné la page de 14-18, maintenant, il faut que des jeunes restent au pays.
04:51S'ils s'en vont tous à la ville, les villes deviendront trop grandes.
04:54Il faudra des sous-villes, et dans ces sous-villes, on sera parfaitement malheureux.
04:59Et nous, si on reste seul au pays, à trois, on se bouffe la gueule.
05:03Alors, je crois qu'il y a 200 habitants quand vous naissez à Lourdiose-Hichère.
05:07Et vous êtes né à la maternité.
05:10Votre naissance n'a pas été facile, je crois.
05:12Non, justement, pas à la maternité, à la maison.
05:14Oui.
05:15Je suis, je pense, le seul à être né, parce qu'à l'époque, c'était comme ça.
05:18C'est-à-dire, ça aurait été facile, mais maman avait 17 ans.
05:21Elle a eu les premières contradictions, les premières contractions, quand il fallait.
05:27Mais le médecin est venu, ados de mulet, il a dit, l'enfance se présente bien,
05:32mais ce sera long.
05:32Et elle a mis neuf jours à en faire sortir 4,9 kilos.
05:37C'était énorme.
05:38En plein printemps béarnais.
05:39Voilà.
05:39Et en même temps, au départ, vous lui, vous prenez un homme et Julien.
05:42Et je crois que votre grand-père est mort et que ça a changé le prénom.
05:45Ça vient décidément de tourner.
05:47Je suis né le 3 mai et mon grand-père, paternel, que je n'ai pas connu, à mon grand regret,
05:53est mort fin mars, juste avant.
05:57Donc, le prénom a changé et c'est votre frère qui a été prénomé Julien.
05:59Donc, je suis devenu Jean et mon frère est devenu Julien.
06:03Et je crois que votre grand-mère avait eu un autre souci, un peu avant votre naissance,
06:07c'est les poussins.
06:07Elle avait des problèmes de poussins.
06:09Ça, alors...
06:10Oui, alors, il y avait une glousse qui avait délaissé ses poussins,
06:15avant qu'elle n'ait été mangée par un renard.
06:18Et comme c'était au mois de mai, il y avait encore des gelées,
06:21peut-être les saines de glace ou je ne sais quoi.
06:23Et ses poussins allaient tous mourir.
06:25Donc, elle les avait glissés dans un lit, dans la chambre à côté,
06:30de là où maman essayait de la mettre au monde.
06:33Et le médecin était tellement fatigué, le mulet qui le portait aussi,
06:37qu'elle a dit, bon, je vais m'étendre un peu.
06:41Là, il y a un lit.
06:42Et la grand-mère se pose vite, non, non, non, docteur, docteur, docteur.
06:45Et puis, il lève et il voit un cajot qui était tout plein de poussins.
06:50Alors, mais non, je les avais mis là au chaud.
06:52Il ne fallait pas un docteur.
06:53Le docteur, il a mis des poussins à part.
06:56Ma mère vit une veste, ma grand-mère une veste sur les poussins.
06:59Et le docteur a fait la sieste.
07:01Vous parliez des mulets, Jean Lassalle.
07:02Et je crois que la première transhumance de votre vie,
07:05c'est à un an, à dos de mulet.
07:06Exactement.
07:07Même pas un an, tout à fait.
07:09Et papa voulait m'emmener de suite.
07:14Et je suis monté, alors pas à Califourchon, mais sur le bas du mulet.
07:19Alors le bas, ce n'est pas un bas de femme, c'est un bas, vous voyez, avec deux poches qu'on met.
07:24Et d'un côté, il y avait moi.
07:26Et de l'autre côté, il y avait un potiron pour faire le contrepoids, pour pas que, voilà, que ça tienne.
07:31Et il me surveillait, comme les dames avec la poche kangourou, pour pas que je m'enfonce trop et que je m'étouffe.
07:37Alors votre père a été nomade jusqu'à votre naissance, pratiquement.
07:40Et après, il est resté à la maison.
07:43Et je crois qu'il a beaucoup travaillé sans jamais se plaindre.
07:47Alors, il est redevenu nomade lorsque nous sommes redevenus grands.
07:52Lorsque nous sommes devenus grands, pardon.
07:54Parce qu'il ne vivait pas.
07:56C'est-à-dire que son troupeau avait toujours été habitué à la transhumance.
08:03Lorsqu'il a cessé de transhumer, ces bêtes qui ont l'habitude, attraper toutes des douves,
08:10elles mourraient de maladies mystérieuses.
08:12Les vaches, c'est toute la figure, parce que chez nous, c'est une propriété très très en pente.
08:16C'est la plus en pente de toute la vallée, de toute la région.
08:20Et ça n'allait pas du tout.
08:22C'est pour ça que dès que j'ai eu ma dernière sœur, qui avait 15 ans de moins que moi,
08:29lorsqu'elle a eu 15 ou 16 ans, il est reparti.
08:31Il était nomade.
08:33Mais non, c'est un homme que je n'ai jamais entendu se plaindre.
08:37Et je crois que votre oncle et votre père sont les deux hommes, Jean Lassalle,
08:40que vous admirez le plus au monde.
08:41Absolument.
08:43Ah, je les ai admirés, mais au quotidien.
08:51Parce qu'ils m'étonnaient à tout moment.
08:53Je me disais, mais je vois bien ce qu'ils vivent.
08:56Je comprends ce qui leur arrive en permanence.
09:00Et pourtant, mon père chantait quasiment très souvent.
09:05Et mon oncle, qui était moins expansionniste, était un homme réfléchi,
09:12mais qui était un hérudit, incroyable, comme mon père d'ailleurs.
09:17Mais il prenait tout d'une manière positive.
09:20Ça ne posait pas de problème.
09:23Et papa est devenu triste lorsque il est arrivé à la fin de sa vie
09:26parce que la maladie, et puis l'usure,
09:30parce qu'il avait déjà eu à connaître un petit peu le moment très difficile.
09:35Il s'était fait attraper comme un pasteur d'homme pendant la guerre.
09:39Ensuite, il avait eu un accident très grave.
09:42Et ça l'avait beaucoup, beaucoup diminué.
09:44Et quant à l'oncle, son frère, il a été pris d'une attaque de...
09:50Je savais, un vaisseau qui a pété.
09:53Oui, un AVC, oui.
09:54Un AVC.
09:55Et il était handicapé à 58 ans.
09:57Et ils n'ont pas eu la fin qu'ils méritaient, ni l'un ni l'autre.
10:00En même temps, vous n'avez manqué de rien.
10:01Je crois que les goûters étaient très abondants en retour de l'école.
10:04Oh, mais vous savez tout.
10:06C'était le repas principal.
10:08Parce que...
10:09Papa estime bien que le matin, on était trop sur les nerfs,
10:13surtout moi, j'avais un peu peur d'aller à l'école, tout ça.
10:16Je déjeunais mal.
10:18À midi, on courait vite pour venir manger à la maison.
10:21Mais il estime bien qu'on ne mangeait pas bien.
10:22Tandis que le soir, il disait, il n'y a pas de panique.
10:25Vous prenez le temps.
10:26Et le soir aussi.
10:28On vivait de peu, mais on n'a jamais eu faim.
10:32Et il y avait surtout une ambiance très chaleureuse.
10:37Et puis, le travail, vous y participez en courant après les chèvres et les vaches, après le goûter, justement.
10:43On allait chercher, d'abord seul, puis très vite avec ma soeur.
10:48Mais c'est incroyable.
10:49Je vois aujourd'hui, j'ai un petit-fils, 8 ans.
10:52Je ne vois pas comment il pourrait faire, même ses soeurs, pour aller chercher les vaches, les brebis, aussi loin que nous le faisions.
11:02Et ma grand-mère, maternelle, paternelle, je veux dire, au moment, me guidait, au papa, à la voix.
11:10« Allez, vas-y, va, n'aie pas peur ! »
11:13Il y avait des voix qui portaient, tu vois.
11:15Et j'y allais.
11:16Et récupérais, on faisait des fois deux heures de marche après le retour du quart de l'école.
11:24Ça, c'est votre enfance.
11:25Et puis, il y a un autre moment de votre enfance qui a été important.
11:28On va l'évoquer à travers une date qui n'a rien à voir avec vous, mais qui est importante, qui est le 18 juillet 1913.
11:33À tout de suite sur Sud Radio avec Jean Lassalle.
11:36Sud Radio, les clés d'une vie.
11:38Jacques Pessis.
11:39Sud Radio, les clés d'une vie.
11:40Mon invité, Jean Lassalle.
11:41Nous parlerons tout à l'heure du jeune comédien avec Jean dans la salle.
11:45On a regardé votre parcours.
11:46On a expliqué vos débuts dans la montagne.
11:49Et le 18 juillet 1913, c'est sorti un roman qui a marqué votre vie.
11:53C'est le blé en herbe de Colette.
11:55Et ce roman a été quelque chose de très important dans votre parcours.
11:59Oui, parce qu'au fond, elle explique que les jeunes d'aujourd'hui...
12:081913.
12:10Oui, oui, 1913.
12:11Elle explique que là, les jeunes d'aujourd'hui ont complètement changé.
12:16Qu'il n'y en a plus aucun qui se lèverait pour les défendre dans la patrie.
12:20Que c'est un affaire seulement, sans précédent, de la jeunesse française.
12:27Et deux ans après, c'est les grognards de Verdeur.
12:32C'est incroyable.
12:35Oui, ça m'a beaucoup marqué.
12:37Parce que c'était très juste dans son analyse.
12:40Et en même temps, ça montre bien qu'on ne peut jamais faire trop de raisonnement sur le temps qui vont venir.
12:48Oui, en même temps, Colette a toujours été en avance sur son temps.
12:51Je ne sais pas si vous le savez, elle était au Moulin Rouge comme comédienne en 1907.
12:54Elle a fait scandale avec un spectacle qui a duré un soir, Rêve d'Egypte.
12:58Elle était allongée sur le sol.
13:00Et il y avait une momie devant elle qui arrivait.
13:03Cette momie, les pansements disparaissaient.
13:05C'était la marquise de Morny, la demi-sœur de Napoléon III.
13:09Et elle s'embrassait goulûment.
13:11En 1907, ça avait fait un véritable scandale.
13:13La préfecture de police avait interdit le spectacle.
13:15Je pense que Colette était un peu plus capable de tout.
13:18Mais ses jugements, ses intuitions,
13:23et le courage à exprimer faisait sensation bien des fois.
13:27Et là, elle l'avait choquée en 1913.
13:29Elle l'a choquée aussi.
13:31Et puis vous, tout ça vous intéressez.
13:32Parce que vous avez une autre passion, c'est la philosophie.
13:35Et vous avez découvert la philosophie, je crois,
13:37grâce à un professeur de français dans vos jeunes années, Jean Lassalle.
13:41Oui, qui m'a beaucoup marqué.
13:43Pour deux raisons.
13:45Parce que j'avais fait mes premières classes,
13:49si j'aurais pu dire,
13:51élémentaires.
13:53Et ensuite, au moyen, très ratés.
13:58Parce que je faisais français, troisième langue.
14:00Oui, parce qu'au départ, à votre naissance, vous parlez béarnais.
14:04Et espagnol.
14:05Et espagnol.
14:05Parce que j'ai été en montagne avec mon papa en Espagne.
14:09Et...
14:10À six ans, vous apprenez le français.
14:13Oui, mais avec du mal.
14:14Parce que je ne possède pas un traitrement.
14:16Et puis, ce n'est pas les meilleures conditions pour l'apprendre.
14:18Parce que c'est là que je découvre
14:20que j'ai d'autres camarades
14:22qui n'ont pas le même chemin normal que le mien.
14:25C'est ceux qui sont au centre-village.
14:27Moi, j'étais dans le Hamon.
14:30Je m'occupais tout le temps du bétail, même très jeune.
14:34Et j'avais presque une vie d'adulte.
14:36Et vous êtes, bien sûr,
14:38et vous êtes le souffre-douleur de ces jeunes.
14:40Et je deviens le souffre-douleur.
14:42Donc, je suis un peu bloqué pour ça.
14:45Et arrête.
14:46Et il y a quelqu'un qui, dans votre cas aussi,
14:48qui a eu le même problème.
14:50C'est Étienne Rodagil, l'auteur de Jean-Julien Clerc,
14:52qui est arrivé d'Espagne en France,
14:54qui ne parlait pas un mot de français,
14:55qui, pendant des années, n'a parlé espagnol
14:57et n'a pas pu aller à l'école.
14:59Ah, oui, oui.
14:59Moi, ce n'était quand même pas à ce point.
15:01Moi, j'allais à l'école.
15:03Avec la peur au ventre, quand même, le matin.
15:05Ah, mais la moule, c'était incroyable.
15:07Je ne pouvais pas marcher.
15:09Incroyable.
15:10Il ne marchait pas.
15:11Il fallait que je me traîne.
15:12Et alors, j'arrive au collège, à 5e.
15:18Un jour, on avait parlé, je ne sais qui,
15:22avec mon papa ou mon oncle,
15:24mais j'avais d'autres ongles aussi,
15:28qui n'étaient quand même aucune instruction.
15:30Et on avait parlé de Platon.
15:32Et moi, je m'étais rendu à la bibliothèque, à Rète,
15:35et j'avais pris Platon, le professeur,
15:39que j'appréciais beaucoup.
15:41Et que j'appréciais, d'abord, parce qu'il faisait attention à moi.
15:43Deuxièmement, parce qu'il avait une très jolie jeune fille.
15:47L'ensemble du collège était amoureux.
15:51Et moi, plus que tout.
15:53Mais je ne lui ai jamais adressé la parole,
15:55parce que je ne pouvais pas lui parler,
15:57bien qu'elle eut un an de moins que moi.
15:59Elle était en 3e, alors que moi, je n'étais qu'en 6e.
16:02Elle était surdouée, et moi, très attardée.
16:04D'ailleurs, j'ai fait sa connaissance en me rendant en Suisse avec ma femme,
16:08il y a 2 ans, et c'est là que j'ai enfin pu voir à quoi elle ressemblait.
16:12Donc, il y avait ces deux éléments qui m'attiraient.
16:15Et ce gars m'a dit, il a regardé un petit peu,
16:20mais c'était des livres qu'on a beaucoup fait évoluer depuis.
16:24Tu sais, quand on écrivait Platon,
16:25autrefois, c'était un petit peu latin, un peu...
16:28Bon.
16:29Et il dit, cet enfant, quelque chose d'exceptionnel,
16:32il suggère à ma famille d'acheter 27 ouvrages
16:36de toute la...
16:38Comment je devrais dire ?
16:39La Grèce et la Rome Antique.
16:42Et on voit arriver tout ce truc,
16:44et ça coûtait très cher.
16:46Maman ne voulait pas.
16:47Oui, parce qu'en plus, le pain n'était pas veillé à la boulangerie.
16:50Oui, depuis 3 ans.
16:51Ça, vraiment.
16:53Et alors, maman disait,
16:54tu n'as pas t'emmuché à acheter tous ces livres à Jean,
16:57alors qu'on ne peut pas payer le pain.
16:59Et puis, finalement,
17:00comme je n'étais pas bien,
17:02à l'extérieur,
17:05comme je...
17:07Voilà, très bien localement,
17:09à la maison.
17:10Et puis, je me suis mis à lire.
17:12Alors, au départ, c'était très difficile,
17:14parce que dire du Platon, du Socrate, etc.
17:17Ma mère venait me fermer la lumière
17:18à 3 ou 4 heures du matin,
17:20folle de rage,
17:21on voyait encore que je lisais.
17:22Et puis, je m'y suis mis.
17:23Et mon père m'a donné un coup de main, d'ailleurs,
17:25pour lire,
17:26parce qu'il avait appris à lire, lui,
17:27en travers, ce qui est difficile.
17:29Je l'ai vu faire, mais il faut beaucoup de concentration.
17:33Et là, j'ai beaucoup lu.
17:35Et c'est ce qui a fait un peu la chance de ma vie,
17:37parce qu'après, j'ai lu d'autres auteurs aussi.
17:40Mais ça, ça m'a ouvert, effectivement.
17:42Et les Grecs m'avaient donné de l'enthousiasme,
17:46et les Romains, que j'ai trouvé très amurés,
17:50me l'ont un peu cassé.
17:52En même temps, c'est comme ça que vous avez appris
17:54le latin et le grec, ensuite ?
17:56Non, je n'ai pas appris, à part le grec ni le latin,
18:01parce qu'il faut quand même, je pense, aller à l'école.
18:03Mais j'en connaissais quand même les...
18:06Les bases.
18:07Les bases, voilà.
18:08Alors, il se trouve, il y a quelqu'un qui a compté aussi
18:09dans votre vie à l'époque.
18:11C'est votre maîtresse qui s'appelait Madame Chabanne.
18:13Exactement, oui.
18:14Qui est toujours en vie.
18:15et qui a été d'une douceur et d'une bienveillance
18:19totale, à mon égard,
18:22qui m'avait pris vraiment un petit peu sous son aile.
18:25Et la première année, j'ai survécu,
18:28le terme n'est pas trop fort, grâce à elle.
18:31Oui, parce que vous n'arriviez pas à vous exprimer, Jean Lassage.
18:34Non, je n'arrivais pas à m'exprimer.
18:35J'étais un petit peu...
18:37un peu souffleté, un peu pied.
18:40Il n'y avait pas d'école de transition, à l'époque.
18:43Donc, il y avait des gaillards qui avaient...
18:4516 ou 17 ans.
18:46Dans la cour de récréation, surtout que de temps en temps,
18:50j'avais quelques... je ne sais pas si ça venait du cosmos,
18:52quelques impressions.
18:54Par exemple, le papa met le...
18:55le sceau à remplir.
18:57le chef de gare dans le départ du train à Bergerin,
19:01qui va à Périgueux,
19:02qui aura fini le premier, une règle de trois.
19:04Mais moi, j'avais compris, je donnais la réponse.
19:07Donc, ce n'était pas bon.
19:08Non, Mme Chaban a été très, très bienveillante.
19:11Et il y a eu un autre problème lorsque vous avez subi un test scolaire,
19:15et là, votre papa s'est mis très en colère dans la salle.
19:17Papa et maman, parce qu'on était les seuls
19:20à ne pas avoir eu le résultat.
19:23Et c'est M. le curé, d'ailleurs, qui l'a dit à papa,
19:25en disant, mais dis-donc, tu sais qu'ils ont tous passé
19:28avec un médecin scolaire,
19:30et comme je dis souvent,
19:30tu imagines, à l'époque, il y avait des médecins scolaires,
19:35alors qu'aujourd'hui, tu n'as même pas un médecin
19:36pour te signer l'arrêt de mort dans un EHPAD,
19:40pour qu'on puisse t'enterrer,
19:41eh bien, là, il faisait aussi un test psychotechnique.
19:47Et moi, je ne savais pas rien.
19:50Je ne connaissais rien de tout ça, les autres non plus.
19:53Mais il a pris le groupe,
19:54moi, il ne m'appriait pas,
19:55il m'a jeté un paquet de matériel à mes pieds,
19:59il m'a dit, toi, tu me fais,
20:00un cheval.
20:02Je n'avais pas vu que c'était un jeu de cubes.
20:04Je ne pouvais pas le savoir, d'ailleurs.
20:06Si j'avais vu la boîte,
20:07j'aurais vu qu'il y avait des dessins,
20:08et qu'en les enchantant de telle ou telle manière,
20:11tu faisais un cheval,
20:12ou une jeune fille en blanc sur un vélo bleu.
20:15Je ne savais pas.
20:15Donc, j'ai entassé les cubes
20:17pour faire le corps du cheval,
20:19mais quand j'ai voulu faire le cou ou la queue,
20:21tout se cassait la figure.
20:22Il m'a regardé, puis il a dit, le pauvre.
20:24Et donc, suite à ça,
20:27maman a filé à l'école,
20:29parce qu'on était les seuls à ne pas avoir eu le résultat,
20:32l'instituteur, alors c'était le deuxième, là.
20:37C'est la deuxième année.
20:38Je ne voulais pas les donner.
20:39Maman a dit, j'exige,
20:41et elle lui a fait lire,
20:42« Enfant, ne présentant aucun intérêt,
20:48son regard, si par bonheur vous le croisez,
20:52n'exprime rien. »
20:54Point.
20:54Le néant.
20:56Point.
20:56Quant à son QI,
20:58il doit être très proche au voisin de zéro.
21:00Ça a dû plaire à votre papa, ça.
21:02Non, maman a dit tout de suite,
21:03et on a eu de la chance,
21:04parce qu'il aurait pu être handicapé.
21:06Oui, c'est une belle phrase.
21:08L'anglais, ce n'était pas mieux.
21:10C'est-à-dire que l'anglais,
21:11je n'en avais absolument aucune notion.
21:15Et je l'ai appris, là aussi,
21:17un cinquième au collège.
21:18Je l'ai appris avec une dame
21:21qui n'était pas prof d'anglais,
21:22d'abord, pour commencer,
21:24et qui, manifestement,
21:27était là, mais sans y être.
21:29Elle disait, écoutez,
21:30vous faites ce que vous voulez,
21:31à la fin de séance,
21:32et à la fin aussi.
21:33Et puis, j'ai eu aussi,
21:34comme prof d'anglais,
21:35un jeune homme que je vois
21:36qui est plus vieux que moi,
21:38mais qui est toujours là
21:38pour aller soutenir les matchs de rugby.
21:41Il avait 22 ou 3 ans,
21:43et on avait dit,
21:44toi, tu vas faire prof d'anglais.
21:45Donc, vous imaginez
21:46les bases anglaises que j'ai eues.
21:49Je l'avais arrêté sur le coup,
21:50mais pas après,
21:51parce que je me suis toujours débrouillé,
21:52j'ai fait le tour du monde,
21:54et au fond,
21:55je n'ai toujours pu me faire comprendre.
21:56Oui, ben, on dit toujours
21:58qu'on a déjà assez de mal
21:59à parler le français,
22:00pourquoi en plus s'imposer
22:01de parler anglais ?
22:02Oui, oui,
22:02et si aujourd'hui,
22:03on le faisait un peu moins,
22:05et si on reprenait un peu plus
22:06le français à notre compte,
22:07nous, on n'en nous apporterions
22:08que mieux.
22:09Voilà.
22:09Quand on voyait des Québécois,
22:11comment, enfin, après...
22:14à travers une autre date
22:15qui a compté dans votre parcours
22:16pour d'autres raisons,
22:18le 7 décembre 1966.
22:20A tout de suite sur Sud Radio
22:22avec Jean Lassalle.
22:23Sud Radio,
22:24les clés d'une vie,
22:25Jacques Pessis.
22:26Sud Radio,
22:26les clés d'une vie,
22:27mon invité Jean Lassalle.
22:29Nous parlerons tout à l'heure
22:29de Jean Lassalle,
22:31un événement au théâtre
22:32qui a débuté à Paris
22:33et qui va se poursuivre en tournée.
22:357 décembre 1966,
22:38sorti d'un film culte
22:40dont vous allez reconnaître
22:41la chanson du générique.
22:44La chanson de Lara
22:50par les compagnons de la chanson
22:51et cette chanson,
22:53vous l'avez interprétée,
22:53je crois, à Moscou
22:54dans des conditions particulières,
22:56Jean Lassalle.
22:57Oui, je l'ai chantée un soir
23:00dans l'hôtel
23:02dans lequel je croyais être descendu
23:06et qui était en fait mon hôtel.
23:08C'est parce que j'avais été voir
23:10peu de temps auparavant.
23:12Non, mais ça c'était après,
23:14la chanson est sortie avant.
23:16Mais j'écoutais souvent cette chanson
23:17parce que c'était le grand tube
23:18des compagnons de la chanson.
23:20Et quand je suis arrivé
23:23dans cet hôtel,
23:25il y avait aussi une boîte de nuit
23:26qui était au premier
23:27au rez-de-chaussée.
23:29Donc j'ai suivi les jeunes,
23:30les gens qui allaient,
23:31je ne savais pas où ils allaient.
23:32et puis vers 5h du matin,
23:35j'en avais marre de ne rien dire
23:37et de rien comprendre
23:38et de boire du...
23:40La vodka, oui.
23:41La vodka.
23:42Et puis là, je...
23:45Je ne sais pas,
23:46j'ai eu une envie,
23:47je pensais à cette chanson
23:48et je me suis levé
23:49et je l'ai interprété un peu,
23:52ce que je savais.
23:53Parce que je savais aussi
23:54qu'il y avait un film
23:55sur le docteur Jivago
23:57qui venait de sortir.
23:58Jivago avait été très, très en guerre
24:01contre les soviétiques
24:02mais il s'était réconcilié
24:03et bien qu'un meurtre très jeune
24:05il y avait un secret en film.
24:06Je me suis dit avec ça,
24:07je n'ai certainement pas parti en Sibérie
24:09donc j'ai sorti ce chant
24:11et là, quand j'ai vu que...
24:13Quand ils ont vu que je m'asseyais,
24:15ils n'en revenaient pas.
24:16J'ai vu, hein.
24:17Et ils m'ont...
24:19Ils m'ont...
24:20Ils m'ont...
24:21Grâce à une...
24:22C'est incroyable.
24:23Grâce à une jeune femme
24:25convaincue d'aller chanter avec eux
24:27et je les ai suivis au Bolshoi
24:28et j'ai chanté.
24:30Et c'était les chœurs de l'armée rouge.
24:32Et voilà, c'était les chœurs
24:33de l'armée rouge
24:34et nous nous sommes entraînés
24:35donc au Bolshoi
24:36l'après-midi.
24:37Mais moi, je pensais
24:38que c'est cela impossible.
24:39Mais elle, elle avait sorti...
24:41Vous savez, il y avait des feuilles
24:43autrefois en...
24:45Maintenant, le nom m'échappe
24:46en...
24:47Enfin, qui vous donnaient...
24:49qui accentuaient beaucoup.
24:51Oui.
24:52Et qui disaient...
24:53En phonétique.
24:54En phonétique, oui.
24:54Voilà.
24:54Donc ça, j'avais déjà un peu vu
24:57pour d'autres affaires.
24:59Et elle est venue.
25:02Elle m'a dit, voilà.
25:03Je me suis procuré
25:04l'ensemble des chants
25:05qu'ils vont faire.
25:06Mais s'il y en a certains...
25:08Si certains ne le fais pas,
25:10tu fais semblant.
25:12Mais tu vas voir sinon,
25:13ça s'attire.
25:14C'est surtout sur la longueur.
25:16Donc si tu as la bonne note,
25:18tu suis le mouvement.
25:19Et comme tu vas faire
25:20d'autres répétitions,
25:21mais c'est pas des chants
25:23courts et nerveux
25:23comme quoi elle connaissait
25:24quand même bien.
25:25C'est...
25:25J'ai pas la rate.
25:26J'ai la rate qui se dit
25:27l'art, j'ai le poire
25:28qui n'est pas droit.
25:29Non, non.
25:29Ça va durer.
25:31Donc c'est en fait ça.
25:32Et comme dans ces cas-là,
25:34c'est la voix qui compte.
25:35Et moi, j'avais une basse...
25:39Non de la nature de papa,
25:41très très basse.
25:43Et donc je pouvais creuser.
25:45Et j'ai compris que ça allait
25:46quand j'ai vu un des types
25:47se retourner sur moi
25:48sur l'estrade en train de dire
25:50disons, toi, voilà.
25:51Et vous avez changé
25:52avec le bolcheuil
25:53pendant un après...
25:54Pendant un soir.
25:55Ah oui, le soir.
25:57De part à...
25:58Je ne sais pas, à 20h.
25:59Et puis ensuite,
26:01j'ai suivi une petite délégation
26:04qui est montée jusqu'à tout en haut,
26:08jusqu'à la corbeille.
26:10Et là, j'ai vu de loin,
26:12pourtant je n'avais pas vu
26:13de chars d'assaut à l'entrée,
26:16Léonide Brezhnev.
26:18Léonide Brezhnev est décédé en 1982.
26:22Et donc, j'ai compris
26:26que j'allais lui serrer la main.
26:27La main, il en a imposé.
26:32Et il était d'ailleurs
26:34avec l'autre...
26:36Cossiguine.
26:37Cossiguine.
26:38Il ne se séparait jamais.
26:39Je leur ai serré la main.
26:41Et puis je suis redescendu.
26:44Et d'ailleurs,
26:45il y a eu un prolongement après.
26:47C'est parce que
26:47j'avais vraiment été très impressionné
26:49par cette jeune femme.
26:50Mais notre jeune femme,
26:51elle était toute blondinette,
26:53très gentille.
26:54Et elle m'a félicité.
26:56Et elle m'a dit,
26:57viens, j'ai une chambre
27:00à la cité étudiante
27:02et j'ai des copains.
27:03Et on a parlé,
27:04refait le monde là.
27:06Et c'est là que j'ai appris
27:08que c'était
27:09Nattaï...
27:11C'est exact.
27:1220 ans après.
27:13Oui.
27:14À l'Olympia.
27:15Alors que j'ai amené,
27:16je voulais amener un groupe,
27:17je les ai amenés pratiquement tous,
27:19les groupes du Sud.
27:20Je m'étais trompé d'une semaine
27:22et c'était lui.
27:25Bicot.
27:25Gilbert Bicot
27:26qui chantait
27:27Le Petit Oiseau de toutes les couleurs.
27:29Je dis au directeur,
27:30là,
27:30tu me regardes une place,
27:32on se connaissait très bien,
27:33tu me regardes une place
27:34chez Édith Piaf
27:35parce qu'il y a un salon
27:37Édith Piaf
27:38et tu le fais venir.
27:40Et on a vu
27:42qu'on y avait été
27:42certainement la même année,
27:45c'est-à-dire
27:45l'hiver 1980 ou 80 ans.
27:47Oui, en fait,
27:48quand Nathalie a été lancée
27:50par Bicot,
27:51il y a eu un avion
27:52à fretter spécialement Nathalie
27:53avec des personnalités,
27:5570 personnalités
27:55qui sont arrivées à Moscou
27:57et on a trouvé une étudiante
27:58qui a joué le rôle de Nathalie
28:00pendant la chanson
28:01et à l'époque,
28:01il n'y avait pas de café Pouchkine.
28:03Le café Pouchkine est né
28:04simplement à la fin des années 90.
28:05Mais voilà,
28:06bien après.
28:07Bien après.
28:08C'est une invention
28:08de Pierre Delanouet
28:09et de Gilbert Bicot.
28:10Oui, tout à fait.
28:12Alors, il se trouve
28:12que ça a été le point de départ
28:14effectivement d'autre chose
28:15parce que des voyages,
28:17vous n'avez jamais cessé
28:18d'en faire, Jean Lassalle,
28:20en Europe,
28:20dans le monde entier,
28:21c'est presque viscéral
28:22chez vous.
28:24C'est aussi viscéral
28:25qu'inattendu,
28:27à vrai dire.
28:28Parce que je n'aurais jamais
28:29imaginé faire
28:31tous ces voyages.
28:33Mais je trouve que
28:35j'ai eu des opportunités
28:39et la plupart du temps,
28:41les opportunités,
28:42elles se présentent dans tous.
28:44Mais moi,
28:45j'ai eu l'opportunité,
28:45c'est comme vous avancez
28:48puis tout d'un coup,
28:48il y a un précipice
28:49mais il n'a qu'un mètre de large,
28:52c'est-à-dire
28:52vous pouvez l'enjamber
28:53et vous continuez votre route.
28:57Vous la prenez
28:58avec un peu plus de l'âme,
28:59etc.
29:00Mais beaucoup restent
29:01de ce côté-là
29:02du précipice,
29:03ils ne vont pas.
29:04Et moi,
29:05je me suis dit,
29:05puisque j'ai l'opportunité,
29:07j'ai toujours beaucoup réfléchi,
29:08je suis toujours parti
29:09au dernier moment
29:10lorsque décidément
29:11je n'avais pas le choix
29:12et qu'il fallait dire
29:13oui ou non.
29:15Et oui,
29:16j'ai commencé,
29:17c'est comme ça d'ailleurs
29:18que j'avais découvert,
29:19j'avais eu l'occasion
29:20de le dire,
29:21Radio Andorra.
29:21Exactement.
29:22Parce que je voulais voir
29:22et je suis parti à l'autostop
29:23pour voir
29:24qu'est-ce que c'était
29:25Radio Andorra.
29:26Parce que la nuit,
29:27on écoutait
29:28l'accordéon espagnol
29:30sur Radio Andorra
29:31et le jour
29:32avec des larcenes partout,
29:35Paris Inter
29:35et les informations.
29:36Et d'ailleurs,
29:37effectivement,
29:37vous avez circulé
29:38en autostop
29:39et même à pied,
29:40vous avez souvent fait
29:41des voyages à pied
29:42pendant des semaines
29:43et des semaines.
29:44Oui,
29:44alors là,
29:45c'est après,
29:45d'abord ça,
29:46c'était la transhumance.
29:47Oui.
29:47Parce que,
29:49tout jeune,
29:51avant que papa n'arrête
29:54quelque temps,
29:54mais surtout lorsqu'il a repris
29:56après,
29:56j'avais 18 ou 19 ans,
29:58même moins,
29:59moins,
30:00moins,
30:0015 ou 16 ans,
30:01on faisait toutes les transhumances
30:03et il fallait faire quand même
30:04100 kilomètres à pied
30:06avant d'attaquer
30:08les sommets
30:10où il y avait
30:104 ou 5 heures de route
30:12avant d'arriver
30:13à 2000 mètres d'altitude.
30:14Donc,
30:15on a marché
30:15très jeune.
30:18Mes frères et soeurs aussi.
30:20Et puis ensuite,
30:23mon Dieu,
30:24lorsque j'ai été
30:25élu de chaque haussier départemental,
30:29j'ai eu l'opportunité
30:31de faire quelques voyages.
30:32mais j'ai surtout eu
30:34une chance
30:35et une douille,
30:37c'est que,
30:38bon,
30:40je voulais savoir d'abord,
30:41parce que
30:42la bombe atomique
30:43m'inquiétait beaucoup.
30:45J'avais vu
30:45Hiroshima,
30:46mon amour,
30:47comme je vous l'ai dit,
30:48et je voulais savoir.
30:49Donc,
30:49je m'étais déplacé
30:50au Canada
30:51avec un groupe
30:53de chaînes
30:54de l'Ordios.
30:56On a eu la quarantaine
30:57à partir
30:57le 29 mai
30:591979
30:59parce que nous avions reçu
31:02auparavant
31:02un groupe
31:03de jeunes filles
31:05et
31:06qui nous avait
31:08ensuite invité
31:09parce que parmi elles,
31:10il y avait la fille
31:11du président
31:12Lévesque
31:13qui était
31:14président...
31:14René Lévesque,
31:16oui.
31:17René Lévesque
31:17qui était président
31:18de la province
31:20de Québec.
31:21Il avait tellement compris
31:22le général
31:23quand il avait dit
31:23vive le Québec libre
31:25que lui
31:26voulait le faire de suite.
31:27Donc,
31:28on était là-bas,
31:30on les avait reçus
31:31chez nous,
31:31ça a été quelque chose
31:32d'exceptionnel
31:33à l'occasion
31:34de la fête
31:34de l'Ordios.
31:35Il y avait 19 filles,
31:37la plus jeune
31:37avait 19 ans,
31:38la plus vieille
31:38a 19 ans aussi.
31:40Et
31:40nous avons été
31:41les voir
31:42et puis ensuite
31:42je m'étais rendu
31:45à Moscou
31:45mais j'étais très jeune.
31:46J'étais maire
31:47depuis 2 ou 3 ans
31:48et à peine
31:49conseiller départemental,
31:51même pas.
31:52Et si vous êtes
31:53devenu maire,
31:54il y a eu un déclic
31:55qui s'est produit
31:56dans vos jeunes années
31:57lorsque le général
31:58de Gaulle
31:59s'est présenté
31:59en 65
32:00à la présidence
32:01de la République
32:01au premier
32:02suffrage universel.
32:03Vous avez eu
32:04à ce moment-là
32:05envie de devenir
32:05président de la République ?
32:07Il y a eu
32:07trois déclics
32:08successifs,
32:09voyez-vous.
32:10D'abord,
32:11le premier
32:11c'est que
32:12je suis à l'école
32:13et ça ne se passe pas
32:15bon,
32:16c'est pas très bien
32:17et je dois dire
32:19que je n'ai pas
32:20beaucoup de contacts
32:20extérieurs non plus
32:22hormis la maison
32:23où tout est...
32:24Voilà.
32:25En plus,
32:26j'ai une famille
32:27qui pouvait apparaître
32:28un peu composite
32:29parce que
32:30deux des soeurs,
32:31les deux soeurs aînés
32:32de ma maman
32:32avaient épousé
32:33deux réfugiés espagnols
32:35qui étaient directement
32:36passés des geoles
32:36de Franco
32:37à celle de la Gestapo
32:38avant.
32:39Et les repas
32:42de famille
32:42étaient animés
32:43parce qu'ils étaient
32:44plutôt communistes
32:45et papa était
32:46plutôt gaulliste.
32:47Donc au début,
32:48ça s'attrapait
32:50joyeusement.
32:51Et puis tout
32:51sur fond
32:52d'apéros,
32:53de ricards espagnols
32:54de contrebande.
32:55Et puis,
32:56parce qu'on était
32:56plus près de l'Espagne.
32:58Et puis,
32:58les nanas
32:59mettaient de l'ordre
32:59et là,
33:00j'ai beaucoup aimé
33:00ces conversations
33:01parce que ces hommes
33:03parlaient lentement
33:04et ils débattaient.
33:08Alors,
33:08d'accord à peu près
33:09sur rien
33:09et avec des mots différents,
33:11sur un contexte
33:12qui était pourtant
33:13exactement le même
33:14pour tous,
33:15c'était
33:15le seuil de pauvreté.
33:19Voilà,
33:19pour tous.
33:20Pas de route,
33:21pas de rien.
33:22Donc,
33:23ça,
33:23effectivement,
33:24c'est un élément
33:25qui m'a
33:26beaucoup marqué
33:28et qui m'a aussi,
33:30qui a forgé aussi
33:31à moi
33:31l'idée
33:33que je devais
33:33faire autre chose.
33:34Donc,
33:35j'ai trouvé la maire
33:36qui était très chouette
33:37à six ans
33:38parce qu'il était
33:39le seul
33:39à me dire bonjour.
33:41J'ai eu envie
33:41d'être maire.
33:42Un peu plus tard,
33:43un député
33:44est venu inaugurer,
33:45ou réinaugurer
33:46l'église.
33:47Il a dit
33:47je suis parti
33:48de l'aéroport
33:50Ben Gurion
33:51à Tel Aviv.
33:52Hier soir,
33:54le fait de dire ça
33:55aujourd'hui,
33:56c'est tout juste
33:56si t'es pas en toile.
33:57Et il dit
34:00je suis très heureux
34:01d'être parmi vous
34:01pour inaugurer l'église.
34:03J'ai trouvé ce discours
34:04flamoyant,
34:04j'ai eu très avis
34:05d'être député.
34:06À la fin de l'année,
34:08c'était des présidentielles,
34:1065,
34:11j'avais 10 ans
34:12et papa était
34:14pour le général
34:14et voulait
34:16renoncer le pays
34:17et moi aussi.
34:19Et là,
34:19j'ai eu très avis
34:19de devenir président
34:20de la République.
34:21Alors,
34:21il y a eu tous
34:22les honneurs
34:23qui ont été liés
34:24à vos rangs
34:24et puis il y a
34:25un honneur très particulier,
34:26c'est une chanson.
34:27Faisant de l'eau d'ailleurs
34:30un pays universaliste
34:32au-delà des mers
34:33et des océans.
34:38Ce bon vieux Jean Lassalle
34:40par Wander Craft,
34:41chanson hommage,
34:42c'est pas très connu ça ?
34:43Écoutez,
34:45je ne sais pas si
34:45je l'avais entendu.
34:47Et on m'en avait parlé.
34:49C'est Adrien Penouette
34:50qui est un professeur
34:50de guitare
34:51à Châteaubourg
34:52qui a fait cette chanson
34:53pour vous rendre hommage.
34:56Je le remercie beaucoup,
34:57je lui rends hommage
34:58si tu le vois.
34:59Je lui dis bonjour.
35:00Parce que, oui,
35:02c'est de là aussi
35:03qu'est née
35:04un amour,
35:06je devrais dire,
35:08le même amour
35:11que celui que je porte
35:12à ma famille,
35:12à la France.
35:14Parce que,
35:15ma famille c'était ça.
35:17On aimait passionnément
35:19la France
35:20et dans toutes les générations.
35:23Et je l'ai toujours traduit,
35:26je l'ai toujours porté à moi.
35:28Et il faut dire
35:28que le fait que
35:30papa et mes oncles
35:32apprécient autant
35:33De Gaulle
35:34qui, d'une certaine manière,
35:36l'incarnait
35:37durant mes jeunes années,
35:39a encore développé
35:40un peu plus de ce sentiment.
35:42Alors, la France,
35:43vous allez la parcourir
35:44dans quelques semaines.
35:45Et on va évoquer
35:46une autre date
35:47qui a été importante
35:47dans votre parcours,
35:48le 9 octobre 2027.
35:50A tout de suite
35:51sur Sud Radio
35:51avec Jean Lassalle.
35:53Sud Radio,
35:54les clés d'une vie,
35:55Jacques Pessis.
35:56Sud Radio,
35:57les clés d'une vie,
35:57mon invité Jean Lassalle.
35:59On a évoqué
35:59votre parcours,
36:00la transhumance,
36:01vos voyages.
36:02Et puis,
36:03un événement
36:03que personne n'attendait.
36:05Le 9 octobre 2025
36:06a débuté à Paris
36:07un spectacle,
36:09un seul en scène
36:09Jean dans la salle.
36:10Il va être dans toute la France,
36:11il va être à Pau,
36:12il va être à Lyon,
36:13à Marseille,
36:14partout.
36:15Les dates sont sur Internet.
36:16Comment c'est arrivé
36:17ce passage
36:18de la scène politique
36:20à la scène tout court ?
36:21Je ne sais pas encore,
36:24vraiment.
36:25Ce que je peux dire,
36:25c'est que ça a été
36:26très douloureux.
36:28C'est l'un des passages
36:30de ma vie.
36:31Je me suis toujours dit
36:32que je n'aurais pas
36:34de passage plus douloureux
36:35que celui que je venais
36:36de franchir.
36:37Ça a été le cas
36:38lorsque je me suis extirpé
36:40de l'école primaire
36:41et du collège
36:42et que j'ai trouvé
36:43le lycée agricole
36:44à 100 km
36:45où personne ne me connaissait.
36:47Bref,
36:48à chaque étape,
36:49quand je suis devenu maire,
36:50je me suis dit
36:50que je ne pourrais jamais
36:51faire pire
36:52que devenir maire
36:53à 21 ans.
36:54Qu'est-ce que je vais faire ?
36:54Etc.
36:55Concierge général aussi
36:57dans une année très compliquée.
36:58Bon,
36:59devenir chef d'entreprise
37:00après avoir été bergé.
37:02Et pourtant,
37:03voilà.
37:03Alors,
37:04si vous voulez,
37:05je ne me suis pas représenté
37:06en 2022
37:07après avoir fait
37:09pourtant une campagne
37:10présidentielle,
37:10mon Dieu,
37:11plutôt honorable,
37:121 250 000 voix
37:13bien que je n'ai pas été gâté
37:15par la télévision française
37:17où je fais 4 heures
37:18à comparer
37:19avec les 40 et quelques
37:22de Mélenchon,
37:23les 40 et plus
37:24de Zemmour,
37:25tout le monde.
37:28Et puis,
37:29j'avais été vacciné
37:30contre le Covid
37:32par le vaccin Johnson.
37:34Et dès que j'ai été vacciné,
37:36le 30 juillet 2021,
37:39tout de suite,
37:40je me suis senti mal.
37:41Je partais avec mon épouse
37:43parce que quand on arrête
37:44la session d'été,
37:46pour moi,
37:47c'était un moment béni.
37:48C'est-à-dire qu'avant
37:49de faire des fouets
37:51et le nettoyage
37:52de la maison,
37:53on arrête un peu.
37:55Et là,
37:55mon fils avait retenu
37:57l'occasion à 7
37:58avec sa femme
37:59et nos 3 petits-enfants.
38:01Mais je ne supportais rien.
38:04J'étais agacé partout.
38:05Je me suis dit,
38:06l'été,
38:06ça va me faire transpirer,
38:07ça va faire du bien.
38:08Rien du tout.
38:09Et suite à ça,
38:10dès le 3 janvier,
38:12j'ai suivi trois opérations
38:13et on est tombé
38:14sur une chirurgienne,
38:16c'est exceptionnel,
38:18qui s'était formée
38:19en nouvelle
38:20espèce de thérapie.
38:22et elle m'a dit,
38:26ne vous en faites pas.
38:27Je vous donne un produit,
38:28surtout ne conduisez pas
38:29parce que la douleur
38:31peut éteindre la lumière.
38:33J'ai dit,
38:34je vais faire
38:34la campagne en bus.
38:36Ça me va très bien.
38:38Et puis après,
38:39je vous opérerai.
38:40Et elle m'a opéré,
38:41mais elle m'a opéré
38:42au moment
38:43où je devais me présenter
38:44pour les législatives.
38:46Parce que je n'avais pas fait
38:47mon deuil encore
38:48d'y aller ou de ne pas y aller.
38:50et ce qui fait que
38:53elle avait raison,
38:54je me suis très bien tiré,
38:55mais j'ai commencé
38:59à sombrer un petit peu
39:00dans la mélancolie.
39:02Et puis dans le regret,
39:05je me suis dit,
39:05mais comment j'ai pu faire
39:06tous ces efforts ?
39:08Je suis encore
39:08à la force de l'âge.
39:10J'ai pu passer le cap
39:12de la séparation
39:14avec papa, maman,
39:17mes oncles,
39:18ma famille,
39:19ma belle-mère
39:20qui était avec nous,
39:21etc.
39:21Sans trop d'encombre.
39:23Maintenant,
39:24il n'y a que les fils,
39:25ma femme,
39:25tout le monde est en âge
39:26de se débrouiller.
39:27Et j'arrête
39:28au moment
39:29qui pourrait être
39:29pour moi
39:30certainement
39:31le meilleur
39:33et où je pourrais renoncer
39:34le plus de service
39:35à ma famille.
39:36J'ai commis
39:37une erreur considérable
39:39deux ans après.
39:41Je me suis présenté
39:42aux européennes
39:43avec une liste
39:45de chasseurs
39:46du président
39:49Willy Schrem.
39:51Malheureusement,
39:52de sorte de résultat,
39:54on a tous été abattus
39:55par le Rassemblement National
39:56qui a fait
39:57un score incroyable.
40:00Du coup,
40:00le président est apparu
40:01à la télévision
40:0223 minutes plus tard.
40:03Il a dissous.
40:04Le chasseur,
40:07ça s'est passé
40:07moyennement
40:07parce qu'il a oublié
40:08de payer
40:11une grande partie
40:12de la campagne
40:12qu'il m'a laissée
40:13en héritage.
40:14Mais surtout,
40:15je me suis lancé
40:16à contre-temps
40:17dans cette campagne
40:18contre le nouveau
40:19député jeune
40:2028 ans
40:22qui venait d'être reçu.
40:23Et j'ai pris
40:23la gamelle
40:24de ma vie.
40:25Donc à partir de là,
40:27petit à petit,
40:27s'est instauré en moi
40:29un sentiment
40:30d'inutilité.
40:31Mais là,
40:32l'inutilité,
40:33c'est pire que tout.
40:34C'est-à-dire,
40:35tu ne te sens utile
40:36à rien.
40:37À rien.
40:38Et là,
40:39on avait reçu,
40:40j'avais reçu
40:40dès que j'avais arrêté
40:42deux ans avant,
40:44trois ans avant,
40:45la députation,
40:47Philippe et Magda Barraud,
40:49deux producteurs
40:50qui m'avaient dit
40:52tu devrais faire
40:53un one-man show.
40:54Donc je les ai écoutés
40:55pendant un jour et demi.
40:56J'ai dit
40:57non, non, non,
40:57pas de ça.
40:58Et là,
40:59c'est toute ma famille
40:59qui m'a dit
41:00mais pourquoi tu n'essayes pas ?
41:02Ma femme qui est là,
41:03mes enfants,
41:04mon frère,
41:05Julien,
41:06qui a été berger,
41:08le berger que je devais être.
41:10Et ils m'ont dit
41:11mais essaye.
41:12Et au fond,
41:14c'est au tout dernier moment
41:15que ça s'est passé.
41:16Je n'ai pas eu le temps
41:17de m'y préparer.
41:18À Châteaudan,
41:19ils avaient trouvé
41:19un petit théâtre.
41:22Deux jours avant,
41:23il n'y avait rien.
41:23Et puis finalement,
41:24ça s'est construit.
41:25ils ont pris
41:26quelques-unes
41:26des anecdotes
41:27que j'ai racontées.
41:28Ils les ont un petit peu
41:29scénarisées
41:30et ça a démarré.
41:32Mais ça me permet
41:33de découvrir
41:33une partie de moi-même
41:35que je n'aurais pas découverte.
41:36C'est-à-dire
41:36le déterminisme intérieur
41:39qui au fond
41:39m'a permis
41:40de faire tout ça.
41:42Oui,
41:42parce qu'en plus
41:42quand on vous voit
41:43sur scène
41:43et à Paris
41:45les salles étaient pleines,
41:46vous arrivez en rockstar
41:47pour évoquer votre parcours
41:49avec des anecdotes
41:49choisies sur votre parcours.
41:51C'est vraiment,
41:51il a fallu faire un choix
41:52d'anecdotes précises
41:54vous permettant
41:54de lire un quart d'heure
41:55pour raconter
41:56chaque événement.
41:57À votre façon.
41:58Mais oui,
41:59vous voyez,
42:00la meilleure c'est que
42:01je n'ai pratiquement
42:02choisi aucune des anecdotes.
42:04C'est eux
42:05qui les ont choisis.
42:06Mais il a fallu
42:06en plus apprendre
42:07par cœur ensuite
42:08mais vous improvisez
42:08un petit peu.
42:09Non,
42:09je n'ai jamais été capable
42:12d'apprendre
42:12un texte par cœur.
42:15J'aime le son du corps
42:16sous forme de récitation
42:17d'Alfred Vigny
42:19ou de Musset,
42:20je les conforme maintenant,
42:21je n'y arrivais pas.
42:22Non,
42:23j'étais très nul là-dessus.
42:24Mais par contre,
42:27j'avais pour moi
42:28une chance,
42:28si on peut dire.
42:30Et mon père me l'avait dit,
42:32c'est une force d'intuition
42:33qui m'a servi
42:35lorsque je rencontrais
42:36quelqu'un.
42:37Et ça me servait
42:39parce qu'il me disait
42:39il y a des personnes
42:40qui se sentira bien,
42:42ne va pas trop loin avec.
42:43et c'était un peu vrai.
42:45Et il me disait
42:46si tu te fais confiance,
42:49tu découvriras
42:50qu'il y a beaucoup de choses
42:51que tu sais.
42:53Mais tu n'oses pas
42:54les mettre en avant
42:55parce que tu as peur
42:56d'en oublier
42:57ou tu n'as pas confiance
42:58en toi.
42:59Mais si tu as confiance en toi,
43:00elles vont venir
43:01au moment qu'il faut.
43:03Et ça tombe bien
43:04parce que c'était justement
43:05les conclusions
43:06de la révolution.
43:08à l'Assemblée nationale,
43:09tu n'avais pas droit
43:10aux notes.
43:11Il ne fallait parler
43:12que d'intuition
43:13parce que c'est là
43:14que tu disais
43:15a priori
43:17les choses les plus vraies.
43:18Donc je n'ai pas
43:20appris mes textes.
43:22Les anecdotes,
43:24forcément je les connaissais,
43:25je les avais vécues.
43:26Je les adapte
43:27un peu tous les soirs.
43:28Ça me vaut
43:29quelques sorties de route
43:30de temps en temps
43:30mais je me rattrape
43:32et l'un dans l'autre
43:33ça le fait.
43:34Oui, en plus
43:34vous regardez le régisseur
43:36de temps en temps
43:36et vous dites
43:37que je n'ai pas été trop long.
43:37Il y avait Henri Tizot
43:39que vous avez bien connu
43:39qui lui partait
43:40dans un spectacle délirant
43:41mais lui
43:42il devait faire une heure et demie
43:43il faisait deux heures et demie
43:45et à chaque fois
43:45quelqu'un a essayé
43:46de sortir de scène
43:47il n'y arrivait pas
43:48alors que vous
43:48il y a une rigueur
43:49dans tout ça.
43:50Alors il y a plusieurs anecdotes
43:51dans ce spectacle
43:52et il y en a une
43:53qui dans ma mémoire
43:54a évoqué
43:55un sketch célèbre
43:56de Jean-Yann.
43:57L'examinateur
43:58ce n'est pas un métier
43:59dont les candidats
44:01veulent avoir leur permis
44:02ils ne se donnent même pas
44:03la peine d'apprendre
44:03le code de l'ordre.
44:04Le permis de conduire
44:04où Jean-Yann
44:05est un gros balourd
44:06pour obtenir son permis de conduire
44:08elle menace l'examinateur
44:09et ça le permis de conduire
44:11je crois que vous êtes
44:12et vous l'évoquiez
44:12dans ce spectacle
44:13Jean Lassalle
44:14vous êtes à l'origine
44:15d'une loi
44:16qui a changé beaucoup de choses
44:17pour ceux
44:18qui ont perdu leur permis.
44:20Oui c'est-à-dire
44:21ce n'est pas une loi
44:22c'est une adaptation
44:23très importante
44:24parce que
44:25nous avions voté
44:27le permis à point
44:28mais au départ
44:30ceux qui sont
44:31dans notre génération
44:32ils ont tous passé un permis
44:34qui était identique
44:35c'était un permis
44:36universel
44:37et à vie
44:37une fois que vous l'aviez
44:39mais après avec le permis à point
44:40moi je ne m'en étais pas tellement rendu compte
44:42ça changeait
44:43parce que vous n'aviez plus que 12 points
44:45et si vous commettiez des fautes
44:47vous perdiez des points
44:48et là
44:48dans un chantier
44:49tout proche de chez moi
44:50je perdais un point
44:51en partant le matin
44:52et un ou deux
44:53en rentrant le soir
44:54ce qui fait qu'on me l'a annulé
44:55et c'était pour moi
44:57une blessure intense
44:58parce que j'avais été le seul
44:59dans la famille
45:01à obtenir le permis de conduire
45:04papa n'avait jamais pu le passer
45:05maman ne l'avait pas eu
45:07personne
45:08et moi j'ai été très fier
45:09on m'avait même acheté une voiture
45:11à 18 ans
45:12qui était garée
45:13à 3 km dans la maison
45:14parce qu'il n'y avait pas de voiture
45:15parce qu'il n'y avait pas de route
45:16c'est moi qui l'ai faite
45:17et quand ils sont venus me l'enlever
45:18ça a été terrible
45:19mais après
45:20pour le passer
45:21c'était toute une affaire l'état
45:22il fallait attendre 36 mois
45:24et là heureusement
45:26j'avais un voisin
45:27qui avait pris sa retraite
45:29il travaillait dans les ports des chaussées
45:33il m'a transporté partout
45:35et au bout de 36 mois
45:36j'ai été convoqué à la préfecture
45:37et là je me suis fait
45:38mais hué
45:39parce qu'il y avait 200 personnes
45:41comme moi
45:42et ils ont cru
45:42que moi
45:43j'avais échappé
45:44que je voulais leur faire la leçon
45:45j'ai dit
45:46non non non
45:46je suis comme vous
45:47ils ont dit
45:48bon bon
45:48t'es bien
45:49et puis là
45:52j'ai découvert
45:52que ça allait être
45:53le chemin du commandant
45:54parce que d'abord
45:54il fallait passer des tests
45:56psychotechniques
45:58comme celui de l'école
46:00et puis ensuite
46:02bon que j'ai pas tellement réussi
46:04puis reprendre le code
46:05et là
46:07effectivement
46:08j'ai eu beaucoup de difficulté
46:10à voir le test psychotechnique
46:11et j'ai porté ça
46:12à l'Assemblée nationale
46:13pour essayer de faire abaisser
46:15et lorsque je l'ai apporté
46:18le président de l'Assemblée
46:20ne voulait surtout pas
46:21que je voque ça
46:22le ministre non plus
46:24et je l'ai fait quand même
46:27mais j'ai eu la chance
46:28de déclencher un fou rire
46:30qui m'a énormément simplifié la vie
46:33et du coup
46:34c'est repassé
46:35de 36 mois
46:36à 6 mois
46:37donc ça a tout changé quand même
46:39exactement
46:39alors dans ce spectacle
46:40vous évoquez aussi
46:41votre premier enterrement à la mairie
46:43vous évoquez un jour
46:44ou sur un passage à niveau
46:45vous avez carré votre voiture
46:46et à la fin du spectacle
46:48il y a un chant
46:49qui revient traditionnellement
46:50et la salle reprend ce chant
46:52en chœur
46:53Marcel Hamon
47:02qui est aussi basse
47:04qui a chanté
47:05ce chant traditionnel
47:06vous arrivez avec votre béret sur scène
47:07mais quand on écoute ce chant
47:08on se dit
47:09on a l'impression d'entendre la musique
47:11de je cherche fortune
47:12auprès du chat noir
47:13qui est un chant
47:15très très célèbre
47:17d'Aristide Briand
47:17alors j'ai été très ému
47:19parce que
47:20avant de dire soir
47:21j'avais
47:22Marlène
47:23la femme de Marcel Hamon
47:25qui était venue me voir
47:27nous sommes très proches
47:29avec Pascal
47:29mais mes parents étaient déjà
47:31très proches
47:31de la famille de Marcel Hamon
47:33et
47:34qui étaient bernés
47:35comme moi
47:36le Pays Basque
47:37est juste à côté
47:38donc j'ai eu la chance
47:39d'être en député
47:40des Basques
47:40et des Bairnés
47:42ce qui ne s'était jamais produit
47:43et alors
47:44donc
47:44c'est l'un des plus vieux
47:46chants recensés en France
47:47800 ans
47:48et
47:49c'est un chant d'amour
47:51et c'est un chant
47:53qui imagine
47:53que
47:54les Pyrénées
47:55ça va se rendre
47:56pour que
47:56le fiancé
47:57puisse voir
47:58plus facilement
47:59sa fiancée
48:00qui est de l'autre bout
48:00et c'est devenu
48:01l'hythme des Pyrénées
48:03et l'hythme du Sud
48:05et moi
48:05je lui ai donné
48:06un sacré coup de main
48:07le jour où j'ai chanté
48:08à la salle nationale
48:09à Grasse-Montagne
48:11pour empêcher
48:12sa fille de parler
48:13parce que je voulais
48:14lui mettre un pavé
48:15dans la mare
48:16alors ce spectacle
48:18vous l'avez donc créé
48:19à Paris
48:19ça a marché
48:20et maintenant
48:21vous partez en tournée
48:22c'est votre première tournée
48:23de seule en scène
48:24Jean Lassalle
48:25oui oui
48:26il y a surtout un passage
48:28qui déjà
48:29est inscrit
48:30c'est celui de Pau
48:31oui
48:31je pense que c'est quand même
48:33le chalier de département
48:34c'est là que j'ai été
48:35pas très vite
48:37j'étais peut-être
48:39la première fois
48:39pour me faire opérer
48:41de l'apendicite
48:41donc c'était pas si temps
48:42que ça
48:42mais c'est difficile
48:44et puis
48:44c'est une grande élite
48:46et puis après
48:47j'irai partout ailleurs
48:48je me suis dit
48:49après tout
48:49si j'ai réussi
48:50à Château d'Heure
48:51si j'ai réussi
48:52dans le Lot
48:53si j'ai réussi à Tarbes
48:54et 15 séances
48:56à Paris
48:56pratiquement
48:57à Guichet
48:57fermé
48:58oh oui
48:59aux têtes de Tour Eiffel
48:59c'était plein
49:00donc je vais peut-être
49:02passer pour
49:02et puis après
49:03quand j'ai vu
49:04qu'il me mettait
49:04à Nice
49:05quand j'ai vu
49:05qu'il me mettait
49:06à Nantes
49:06dans toute la France
49:08à Marseille
49:08à Lyon
49:09partout
49:09oui
49:09j'ai dit
49:09mais vous me prenez
49:10pour les Rolling Stones
49:11c'est pas possible
49:12mais vous êtes fous
49:13et là je dois dire
49:14qu'ils ont eu quand même
49:15beaucoup de courage
49:17parce qu'eux
49:17engagent ça sur leur denier
49:18et
49:19certains flares
49:22tout seuls
49:23je pense pas
49:24que j'aurais fait ça
49:24mais c'est toujours pareil
49:25dans la vie
49:26il y a quelqu'un
49:27qui peut te donner la main
49:28si tu fais confiance
49:30et si tu fais confiance
49:31et en même temps
49:32la sortie du spectacle
49:33quand elle une rockstar
49:34on vend les produits dérivés
49:35la ligne fils de berger
49:37qui est votre ligne
49:39avec votre fils
49:40et votre femme Pascal
49:41oh mais alors ça
49:42c'est le génie de ma famille
49:43parce que
49:44ça va être
49:46tellement attaché
49:47à cette
49:48très très longue notion
49:50de berger
49:50que mon père
49:51et je le dis en commençant
49:53situe à l'antiquité
49:55il dit même
49:56qu'il y avait des bergers
49:57sans probis
49:58comme il y avait des pêcheurs
50:00à Saint-Jean-de-Luz
50:01sans poisson
50:01c'est parce que c'était
50:03des éveilleurs de conscience
50:04qui étaient là
50:04pour voir si tout allait bien
50:06pour informer
50:10de proche en proche
50:11toutes les populations
50:11et sachant ça
50:14j'ai un de mes fils d'abord
50:17Amori
50:17le dernier
50:18qui a commencé
50:19à mettre ça
50:19un petit peu au point
50:20puis après toute la famille
50:22s'y est mise
50:22leur maman bien sûr
50:24Pascal
50:25les a encouragés
50:26mais du côté de mon frère
50:28le vrai berger
50:29aussi
50:30à tel point que
50:31mon fils Amori
50:33maintenant
50:33reprend la suite
50:35de la propriété
50:35de Julien
50:37mon frère
50:38alors sur un type
50:39un peu nouveau
50:40mais il la reprend
50:42et je suis étonné
50:43du travail
50:44de communication
50:45très moderne
50:46qu'ils ont fait
50:46parce que le nombre
50:47de t-shirts
50:48qu'on voit
50:48tous les soirs
50:49c'est incroyable
50:50et de la même manière
50:51comme
50:52les deux producteurs
50:55ont fait le leur
50:55Jean dans la salle
50:57et bien on vend
50:58ces t-shirts
50:59avec les livres
51:00que j'ai écrits
51:00aussi j'en ai écrit
51:01une dizaine
51:02ça c'est le côté rockstar
51:03donc ce spectacle
51:04en tournée
51:05vous trouverez les dates
51:06sur internet
51:06Jean de la salle
51:07Poët le premier
51:08Méiannis
51:09Marseille
51:10Bordeaux
51:11beaucoup d'autres
51:11continuez ainsi
51:12parce que je crois
51:13que vous êtes à l'aube
51:13d'une nouvelle carrière
51:14Jean de la salle
51:15écoutez
51:16en fait
51:18j'ai appris une chose
51:19de ce que j'ai vécu
51:20jusqu'à ce jour
51:21c'est que d'abord
51:22rien n'était définitif
51:24et plus vous avancez
51:25en âge
51:26plus vous avez le sentiment
51:27que ça y est
51:28bon ça s'est calé
51:29tout est définitif
51:30vous savez où vous allez
51:31ça vous conduit
51:32tout tout doucement
51:33tout doucement
51:34vers le dernier jour
51:35et bien moi ça m'y conduit
51:37de toutes les façons
51:38mais je ne sais pas encore
51:40de quoi est fait
51:41mon demain
51:42parce que je n'aurais
51:43jamais pu imaginer
51:44que ceci
51:45eut lieu
51:46et de la manière
51:48je n'ai
51:49j'ai appris
51:50à ne rien exclure
51:51du capital
51:53que j'avais reçu
51:54tout petit
51:54dans des conditions
51:55difficiles
51:56je suis sûr
51:57que vous ferez autre chose
51:57et que vous reviendrez
51:58en parler dans
51:59les clés d'une vie
51:59merci Jean Lassalle
52:00et tous mes voeux
52:01et tous les voeux
52:02de Sud Radio
52:03pour la suite
52:04de cette aventure nouvelle
52:05et merci
52:06parce que c'est peut-être
52:07l'un des entretiens
52:08les plus émouvants
52:09que je viens de vivre
52:11avec vous
52:12cet après-midi
52:13vous êtes un peu de science
52:14mais vous êtes
52:15un homme
52:16avec un cœur
52:17immense
52:18le cœur de Montagnat
52:19le cœur
52:20d'un homme
52:21du monde
52:22de la terre
52:22qui est proche
52:23de la nature naturelle
52:24merci Jean Lassalle
52:25je vais rougir
52:26les clés d'une vie
52:27c'est terminé
52:28pour aujourd'hui
52:28on se retrouve bientôt
52:29restez fidèles
52:30à l'écoute de Sud Radio
52:31on le sera
52:35et puis
52:36on se retrouve
52:36à l'écoute de Sud Radio
52:37on se retrouve
52:37à l'écoute de Sud Radio
52:38pour aujourd'hui
52:39on se retrouve
52:40à l'écoute de Sud Radio
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