- il y a 5 heures
- #sudradio
Avec Gérald Andrieu, journaliste et ancien directeur adjoint de la rédaction de "Marianne", auteur de "Le peuple de la frontière" (Cerf)
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NewsTranscription
00:00Le face à face
00:01Il est 13h04, vous êtes sur Sud Radio avec Péric Oligas
00:05et je reçois une personnalité qui n'est pas encore connue nationalement
00:10mais qui mérite de l'être parce qu'il a tout simplement traversé la France à pied
00:16la France de la fracture, la France de la souffrance
00:19il a intitulé son livre Le Peuple de la Frontière
00:22c'était en 2016, c'était il y a un peu plus de 8 ans
00:25je reçois Gérald Landrieu qui était directeur adjoint de la rédaction de...
00:29non, il l'a été ensuite, il était journaliste à Marianne
00:32il a été remercié par la direction de Marianne de l'époque
00:36et il a décidé d'aller voir sur place la réalité du terrain
00:41d'aller rencontrer le peuple français
00:43il y a des grandes phrases mais c'est exactement ce qui s'est passé
00:45alors on sait que Jean Lassalle avait fait la même chose
00:47pour des raisons un peu similaires, il y en a avec une conclusion très intéressante
00:51le professeur Axel Kahn l'avait fait aussi en traverse
00:54il n'y a rien de tel quand on est un journaliste, un politicien, un intellectuel, un universitaire
01:00les théories c'est formidable, on en a besoin
01:02la prose est absolument essentielle
01:03mais d'aller vérifier sur place c'est encore mieux
01:06et d'aller rencontrer les gens, les femmes et les hommes
01:08qui sont les acteurs d'une situation et qui définissent le pays
01:11c'est encore plus formidable
01:12Gérald Landrieu, merci d'être là
01:14vous rééditez donc en format de poche
01:18Le Peuple de la Frontière qui a été édité
01:21aux éditions du Cerf par l'excellent Jean-François Colosimo
01:24là on est en version poche
01:25et le bonheur c'est que je relis
01:28comme vous l'avez fait vous-même, vous vous êtes relu pour faire la préface
01:31votre document
01:32alors je vous pose la question
01:35lorsque vous avez écrit ce livre en 2017
01:36vu la confirmation
01:39de beaucoup de théories
01:41et surtout la confirmation de beaucoup de craintes
01:43que vous émettez, vous aviez du mar de café
01:45ou une boule de cristal pour avoir été
01:47pour avoir pu être aussi précis
01:49dans ce qui se passe aujourd'hui par rapport à ce que vous pressentiez
01:51Alors moi je me garde toujours
01:54de me présenter comme une Madame Soleil
01:55ou une Madame Irma
01:57de la chose politique, économique et sociale
02:00et il se trouve que mon éditeur
02:02a eu le culot et la bonne idée
02:04de mettre en quatrième de couverture
02:06une phrase disant
02:07peu ou prou
02:08vous verrez que ce peuple
02:11qu'a rencontré Gérald Landrieu
02:12se fera entendre pendant le premier quinquennat
02:14d'Emmanuel Macron
02:15et en réalité évidemment
02:17il s'est fait bien entendre
02:18un an pile poil après la sortie du livre
02:20au moment du fameux mouvement
02:22des Gilets jaunes
02:23mais moi je n'imaginais pas
02:26que ça prendrait cette ampleur
02:27et d'ailleurs qu'il y aurait une explosion sociale
02:29comme celle-là
02:29Il y a prémonition quand même de votre part
02:31quand vous écrivez en 2017
02:32vous écrivez des...
02:34vous faites des conclusions
02:35dont on se doute qu'elles vont aboutir
02:37à un moment donné à un phénomène
02:38Alors en fait
02:39ce que vous avez présenté
02:40c'est l'outil de la marche
02:42et aussi le fait que
02:43j'ai choisi un trajet très particulier
02:44j'ai choisi de m'éloigner de Paris
02:46et de suivre la frontière terrestre
02:48depuis Dunkerque jusqu'à Menton
02:50La frontière Est
02:51La frontière Est
02:52Menton
02:52Donc suivre la frontière
02:54à la fois belge
02:55luxembourgeoise
02:56allemande
02:57suisse et italienne
02:58Pourquoi cet outil de la marche
03:00et le fait de marcher
03:00le long de la frontière
03:01m'a aidé à voir des choses
03:03c'est que j'ai fui Paris
03:04et la plupart des journalistes politiques
03:05en fait
03:06restent avec les responsables politiques
03:08suivent les états-majors
03:09pendant une campagne
03:09et ne sont jamais finalement
03:11auprès de ceux
03:12qui doivent décider
03:13si oui ou non
03:13une personne mérite ou non
03:15d'être élu
03:15et à l'endroit où j'étais
03:17pendant ces 5 mois de marche
03:18loin de Paris
03:19le long de la frontière
03:20j'ai compris qu'il y avait
03:21comment dire
03:22une sorte de
03:23de malentendu
03:24entre ce président
03:25qui allait être élu
03:26Emmanuel Macron
03:27que les médias adoraient
03:28que l'intelligentsia adoraient
03:30que les autres responsables politiques
03:32voyaient comme une sorte
03:33de renouveau de la politique
03:34mais les gens que je côtoyais
03:35ou ils ne connaissaient pas du tout
03:37Emmanuel Macron
03:38ou alors
03:38quand ils commençaient à le connaître
03:40il y avait une sorte de soupçon
03:42mais qui est ce mec
03:43finalement
03:44qui est ce mec
03:45qui ne connaît rien
03:46de notre vie
03:46de notre quotidien
03:47qui parle avec des mots
03:48qui ne sont pas les nôtres
03:49et qui ne se préoccupe pas
03:51des problématiques
03:52qui sont les nôtres au quotidien
03:54les problématiques sont assez simples
03:55vivre dignement
03:56ce qui était le lot
03:57des autres présidents
03:58Giscard d'Estaing
03:59François Mitterrand
04:00parlait avec des termes
04:02aussi assez
04:03j'allais dire
04:04assez éduqués
04:05assez complexes
04:06peut-être que Chirac et Sarkozy
04:07parlent en des termes
04:08un peu plus simples
04:09mais effectivement
04:10le discours officiel politique
04:12vous êtes en train de nous dire
04:13est en rupture
04:14de plus en plus forte
04:15avec la réalité
04:16de ce que vivent les français
04:17c'est même la rupture
04:19même totale
04:20avec Emmanuel Macron
04:20parce que vous m'avez cité
04:21des présidents
04:22oui ils ont été élus présidents
04:23mais avant ça
04:24ils ont été élus
04:25parfois députés
04:26parfois présidents
04:27de conseil général
04:28simple maire
04:30il y avait au moins
04:31cet ancrage local
04:32alors que
04:33Emmanuel Macron
04:34en 2017
04:35on peut dire que
04:36c'est le président
04:37des anywhere
04:38vous savez c'est cette thèse
04:39de David Goodhart
04:40cet auteur anglais
04:42qui explique
04:43qu'il y a des gens
04:43qui sont issus d'un territoire
04:45les somewhere
04:45appelle-t-il ça
04:46et les anywhere
04:48qui sont des gens
04:48en fait qui flottent
04:49au-dessus de la surface
04:50de la planète
04:50qui volent en jet privé
04:52qui ne sont attachés
04:54à rien
04:54à aucune racine
04:56à aucun principe
04:58qui vivent dans
04:59ce que
05:00Zygmunt Bauman
05:02qui est un sociologue
05:03appelé
05:03la société liquide
05:05tout est fluide
05:06on est entre l'ovni
05:07et l'extraterrestre
05:07sur le plan politique
05:09oui mais ce qui est
05:10le plus étonnant
05:10c'est que
05:11ce représentant
05:12de la société liquide
05:13nous invitait
05:14à une forme
05:14de fluidité
05:15pour le pays
05:17il fallait se mettre
05:17en marche
05:18monter dans le grand
05:19train de la modernité
05:20c'est-à-dire
05:21la mondialisation
05:22la globalisation
05:23aller de l'avant
05:23aller de l'avant
05:24aller de l'avant
05:24heureuse
05:25et un an plus tard
05:26justement
05:26on nous invitait
05:28à accélérer
05:28et un an plus tard
05:29il y a Edouard Philippe
05:30qui est son premier ministre
05:31et qui nous demande
05:31de ralentir
05:32puisqu'il faut passer
05:33à 80 km heure
05:34les gens n'ont pas saisi
05:35pourquoi ça avait suscité
05:36une telle colère
05:37évidemment qu'on a l'impression
05:38que c'est juste
05:39un ralentissement
05:40de vitesse kilométrique
05:41mais en fait
05:42la force du symbole
05:43même je veux dire
05:44la gifle symbolique
05:45qui est infligée au pays
05:46au moment où on nous dit
05:47qu'il faut accélérer
05:48et monter dans le grand
05:49train de la modernité
05:50on nous dit
05:50vous avec votre bagnole
05:51puisque vous êtes obligés
05:52d'avoir votre bagnole
05:53pour aller bosser
05:53vous vous allez ralentir
05:55et en plus
05:55on va vous rajouter
05:56des taxes sur le carburant
05:57moi je comprends
05:58pourquoi ça a pété
05:59un an plus tard
06:00donc il est bon
06:01pour un homme politique
06:02surtout lorsqu'il veut prétendre
06:03dans la magistature suprême
06:04d'avoir un minimum
06:05d'enracinement
06:06Pompidou était au Vergnat
06:07Mitterrand était très attaché
06:09au Morvan
06:09et à sa naissance
06:10en Charente
06:11Giscard d'Esta
06:12c'était l'Auvergne
06:12Sarkozy
06:13je me souviens
06:14on se moquait un peu lui
06:15en disant
06:15c'est que Neuilly
06:15lui il représente Neuilly
06:16mais c'était quand même
06:17quelque chose
06:18et là effectivement
06:19avec Emmanuel Macron
06:21on a une déconnexion totale
06:23avec finalement
06:24votre titre
06:26le peuple de la frontière
06:27et on ne va pas
06:28arriver à la conclusion
06:29mais le peuple de la frontière
06:30c'est le peuple français
06:31dans sa totalité
06:32vous ne faites que
06:33confirmer de façon pratique
06:35et j'allais dire
06:35de façon scientifique
06:36les théories
06:38de deux sociologues
06:38et géographes
06:39en un premier temps
06:40Christophe Gilly
06:40et Jérôme Fourquet
06:41aujourd'hui
06:41ils n'ont fait que
06:43mettre le doigt
06:44sur ce que vous
06:45vous aviez constaté
06:46à travers vos
06:46combien
06:472000 kilomètres
06:48de périple
06:493 millions de pas
06:51d'un querc
06:52vous avez vraiment
06:52longé la frontière
06:53alors vous avez longé
06:54d'abord la ligne Maginot
06:55presque ce qu'elle
06:56se représentait
06:56ensuite les Alpes
06:58et puis vous arrivez
06:59vous arrivez sur la frontière
06:59que des territoires
07:01où il s'est passé
07:02quelque chose
07:02dans l'histoire
07:03et où aujourd'hui
07:04les populations
07:05sont confrontées
07:05à des réalités
07:06j'allais dire
07:07inimaginables
07:08à un moment donné
07:08des souffrances
07:09des craintes
07:10des angoisses
07:10qu'ils n'étaient pas
07:11censés avoir
07:12il y a 30 ou 40 ans
07:13on m'a souvent demandé
07:14pourquoi j'avais pas fait
07:15la façade atlantique
07:17c'est le tome 2
07:18oui
07:18peut-être
07:19peut-être
07:20mais j'aurais longé
07:21la façade atlantique
07:22évidemment que les préoccupations
07:24n'auraient pas été les mêmes
07:24il y a une France de l'Est
07:25une France de l'Ouest
07:26une France de l'Ouest
07:27qui est une France
07:29du ça va pas trop mal
07:30je dis pas que ça va bien
07:32je dis ça va pas trop mal
07:33comparé à la France de l'Est
07:34et puis cette ouverture
07:35sur la mer
07:36souvent les géographes
07:37l'expliquent
07:37ça crée des populations
07:38bien plus ouvertes
07:40tandis que quand vous vivez
07:41en Alsace
07:41vous savez ce que c'est
07:42que l'invasion
07:43vous savez ce que c'est
07:44que les drames
07:44et le long d'une frontière
07:46il y a une culture
07:47une histoire
07:47qui s'ancre
07:49qui s'ancre parfois
07:49dans les drames
07:50et moi
07:51les villes et les villages
07:52où je suis passé
07:53c'est les villes du Nord
07:54et de l'Est
07:54et c'est les villes
07:55qui ont vécu de plein fouet
07:56un autre drame
07:57qui n'est pas la guerre
07:58mais qui est une sorte
07:58comment dire
08:00de conséquence
08:00de la guerre économique
08:01induite notamment
08:02par l'Union Européenne
08:03c'est la désindustrialisation
08:05quand vous êtes
08:06par exemple
08:06une ville qui m'est très chère
08:08où je me suis arrêté
08:09et j'en parle à nouveau
08:10dans la préface
08:10c'est JV
08:11dans les Ardennes
08:12avec la société Célatex
08:14Célatex
08:14c'est une usine incroyable
08:16c'est un symbole
08:16dans votre livre
08:17c'est un des fleurons
08:19mais ça devrait même être
08:19le symbole
08:20de tous les responsables politiques
08:21en 2000
08:22cette entreprise ferme
08:23c'est une filature
08:24qui faisait
08:24non pas du fil
08:25pour faire des vêtements
08:26mais du fil assez technique
08:27et vous avez
08:28153 employés
08:30qui se retrouvent
08:30sur le carreau
08:31pourquoi c'est symbolique
08:32parce qu'en 2000
08:32quand ça ferme
08:33la gauche plurielle
08:34est au pouvoir
08:35vous avez Jean-Pierre Chevènement
08:36qui est à l'intérieur
08:36Martine Aubry au travail
08:37et Dominique Voinet à l'écologie
08:39et la gauche va exploser
08:42sur l'histoire de cette usine
08:43pourquoi ?
08:43parce que pour la première fois
08:44les employés de Célatex
08:45vont user d'un moyen
08:47pour faire parler d'eux
08:48ils vont menacer
08:48de faire exploser
08:49eux-mêmes leur usine
08:50je me souviens
08:51et de mettre des produits nocifs
08:53dans la meuse
08:53alors ils ont menacé
08:55puis ils ont déversé
08:56de l'acide
08:57non pas dans la meuse
08:57mais plutôt un afflure
08:58de la meuse
08:59parce qu'ils avaient quand même
09:00conscience de ce qu'ils faisaient
09:01et c'était à dose minimale
09:02à l'époque
09:02c'était moins perçu
09:03comme négatif
09:05pour l'environnement
09:05et ils ont réussi
09:07à faire parler d'eux
09:08mais en fait
09:09l'usine a tout de même
09:10fermé en 2000
09:11ils ont eu
09:11des indemnisations
09:13un peu plus élevées
09:14que la normale
09:14mais quand vous allez sur place
09:15une usine qui employait
09:17autant de gens
09:17dans une commune
09:18de cette taille-là
09:19ça a des répercussions
09:20pas simplement symboliques
09:22économiques et sociales
09:23mais même sanitaires
09:24vous avez des gens
09:25qui se sont foutus en l'air
09:26quand une usine ferme
09:27vous avez des gens
09:28qui se foutent en l'air
09:29votre connaissance
09:30à l'époque
09:30qui s'appelle Nicole
09:31vous écrit
09:32et elle vous dit
09:33Gérald
09:34ça y est c'est fini
09:35c'est fermé
09:35oui j'ouvre la préface
09:37sur le message
09:37qu'elle m'a envoyé
09:38il y a quelques mois
09:39ça y est l'usine
09:40est totalement détruite
09:41merci d'être venu nous voir
09:43qui a un message
09:45très touchant
09:45et derrière
09:46elle me renvoie
09:46un deuxième message
09:47en me disant
09:47et désormais
09:49c'est une ferme
09:50photovoltaïque
09:50à la place
09:51et on a l'impression
09:53que cette phrase
09:54elle vient
09:55clore
09:55elle dit tout
09:56c'est une sorte
09:57de pierre tombale
09:58sur le caveau
09:59qui était cette usine
10:00elle dit tout
10:01c'est un changement
10:02total de société
10:02il faut imaginer
10:03que cette dame
10:04vit dans une maison
10:06juste en face
10:07de l'usine
10:08qui désormais
10:08est détruite
10:09et chaque jour
10:10de sa vie
10:10elle a ouvert les volets
10:11et elle voyait son usine
10:12il faut savoir
10:13que ses parents
10:13y ont vécu
10:14quand vous êtes
10:14dans un grand ensemble
10:15comme l'usine de Célatex
10:17ces usines là
10:18en fait
10:18elles interviennent
10:19dans tous les moments
10:20de votre vie
10:20du soir au matin
10:21mais même pour les vacances
10:22des gamins
10:23l'arbre de Noël
10:24les vacances
10:25c'est une usine
10:26qui date du 19ème siècle
10:28le patron de l'époque
10:29avait fait construire l'église
10:30il me semble
10:31vous avez toute la cité ouvrière
10:32autour
10:32les gens vivent
10:33dans des maisons ouvrières
10:34avec un petit lopin de terre
10:35j'ai le souvenir
10:36d'un ouvrier
10:37que je croise
10:37il est en train de bêcher
10:38je lui pose des questions
10:39sur Célatex
10:40il me dit
10:40moi j'y ai passé qu'un an
10:41mais j'ai morflé
10:42et puis il m'a levé
10:43sa chemise
10:44et sous sa chemise
10:44il était balafré
10:46parce qu'il était malade
10:47il avait dû être opéré
10:49et il estimait
10:50que c'était l'usine
10:50qui lui avait fait du mal
10:51mais en même temps
10:52il aimait cette usine
10:53et il vit toujours
10:54à même pas 500 mètres d'elle
10:56nous sommes avec
10:57Gérald Andrieux
10:58et nous dissertons
10:59sur les souffrances
11:00et les désillusions
11:01du peuple de la frontière
11:02vous restez avec nous
11:03on se retrouve
11:04dans quelques instants
11:04avec Gérald Andrieux
11:06qui publie en collection
11:07de poche
11:08le peuple de la frontière
11:09qui raconte
11:11c'est pas un périple
11:12puisque périple
11:13c'est le tour de la terre
11:14enfin ce parcours
11:15sociologique
11:16géographique
11:17et historique
11:17parcouru
11:20en 2016
11:22de Dunkerque
11:22à Menton
11:24Gérald Andrieux
11:25a traversé des territoires
11:26on dit territoire
11:27justement on va revenir
11:28sur le concept de territoire
11:29il a traversé des pays
11:31avec des gens
11:31des femmes et des hommes
11:32qu'il a rencontrés
11:33chez qui il est allé
11:34chez l'habitant
11:34et qui ont témoigné
11:36à l'époque
11:36se sont confiés à lui
11:37et 8 ans plus tard
11:39après cette réédition
11:40en collection de poche
11:41dans sa préface
11:43Gérald Andrieux
11:44fait le bilan
11:45de ces 8 années
11:46hélas
11:47et il s'en réjouit pas
11:48ce qu'il craignait
11:49s'est avéré
11:50ce document
11:51j'allais dire
11:52Gérald Andrieux
11:52c'est un peu
11:53le testament
11:54de la Macronie
11:54vous avez
11:55c'est la première
11:56homélie funèbre
11:57écrite 8 ans
11:58avant la mort
11:59du personnage
11:59c'est extraordinaire
12:00il y a une phrase
12:02et je me souviens
12:03de votre campagne
12:04à l'époque
12:04il y a une phrase
12:05qui me
12:06enfin pas qui me traumatise
12:07mais vous êtes
12:08sur France Info
12:09et un des journalistes
12:11qui vous reçoit
12:11pour la promo
12:12de votre bouquin
12:13c'est une situation
12:14que nous connaissons
12:15beaucoup en ce moment
12:16vous dit
12:17est-ce que vous êtes
12:17bien conscient
12:18que ce livre
12:19va dans le sens
12:20rôle pour un certain parti
12:22va faire du bien
12:24à une théorie
12:25autrement dit
12:27on vous reproche
12:27de prendre le thème en maître
12:28et de dire
12:29le gamma 39
12:30on me reprochait
12:32de travailler
12:33pour ce qui devait être
12:34encore le Front National
12:35et qui désormais
12:37s'appelle le Rassemblement National
12:38parce que pour cette
12:39grande voix
12:40du service public
12:41je n'écris pas son nom
12:42dans la préface
12:43mais s'intéresser
12:44aux villes petites et moyennes
12:46à la France rurale
12:47et périphérique
12:47c'était faire le jeu
12:49du FN
12:49alors déjà moi
12:50ce qui m'amuse
12:51c'est qu'on ne fait jamais
12:52le jeu d'Emmanuel Macron
12:54on ne fait jamais
12:54le jeu du Modem
12:55on ne fait jamais
12:55le jeu du PS
12:56mais on fait toujours
12:56le jeu du FN
12:57et puis en réalité
12:59moi je me fous bien
13:01de savoir
13:01à quoi vont servir
13:03mes écrits
13:05s'ils vont être utilisés
13:06par des responsables politiques
13:07s'ils le sont
13:08et s'ils sont récupérés
13:10par tout le monde
13:10ça me va très bien
13:11parce que moi
13:11je me suis intéressé
13:12non pas à la France
13:13qui nécessairement vote ERN
13:15je me suis intéressé
13:16à la France
13:16parce que la fameuse
13:17France périphérique
13:18de Christophe Guilloui
13:19celle que je suis allé voir
13:20en suivant la frontière
13:21en fait on considère
13:22que c'est 90% des communes
13:24et 60% de la France
13:25de la population
13:26donc elle n'est plus périphérique
13:27maintenant en fait
13:28la France périphérique
13:29elle est majoritaire
13:29et il faudrait l'appeler
13:30juste la France
13:31alors le terme
13:32de France périphérique
13:33est très intéressant
13:34parce que Christophe Guilloui
13:35a réussi à imposer
13:36cette thématique
13:36dans le débat public
13:37donc il faut le remercier
13:40pour ça
13:40parce qu'il a mis un nom
13:41sur des gens
13:42et des situations
13:42mais le problème
13:43de périphérique
13:44ça laisse entendre
13:45que c'est une marge
13:46France périphérique
13:47France un peu à la marge
13:48en réalité c'est la France
13:49comme le mot périphérique
13:50qui veut dire à la marge
13:51oui alors que c'est la France centrale
13:53en fait on a bien compris
13:54il faut le prendre
13:55au mot même
13:57c'est ce qui commence
13:58au périphérique
13:58qui entoure Paris
13:59tout ce qui va au-delà
14:00c'est la France périphérique
14:02le problème c'est que
14:02c'est 90% de la France
14:04clairement
14:05et donc moi
14:07voilà qu'on s'intéresse
14:08à la France
14:09des villes petites et moyennes
14:11de la ruralité
14:11et la France périphérique
14:12il y a 8 ans
14:14c'était
14:14c'était
14:15c'était suspicieux
14:16aujourd'hui
14:17voilà ce que j'apprécie
14:18c'est que quand même
14:19ces thématiques là
14:20sont beaucoup plus présentes
14:22dans le débat public
14:22elles sont très présentes
14:24mais justement
14:25vous évoquiez le mot
14:25de territoire
14:26elles sont tellement présentes
14:27qu'elles sont devenues
14:28caricaturales
14:29toutes les territoires
14:29rien que le mot territoire
14:30ça ne veut rien dire
14:31c'est vraiment le mot
14:33de l'énarchie
14:34il y avait quoi ?
14:34on trouve la province
14:35alors province c'est péjoratif
14:36la région c'est vague
14:38c'est flou
14:39mais moi je reste toujours
14:40avec cette idée
14:41que c'est la France
14:42et c'est des morceaux de France
14:43avec des morceaux de français
14:44et que les situations
14:45diffèrent d'un endroit
14:47à un autre
14:47mais ça reste la France
14:48et qu'il faudrait quand même
14:48désormais arrêter
14:50de parler à des petites populations
14:51à des communautés
14:52à des clientèles
14:52à des clusters
14:53à que sais-je encore
14:54il faut s'adresser aux français
14:55dans leur entierté
14:56on dirait des émissions
14:57vous savez d'explorateurs
14:58ou de missionnaires
14:59qui vont voir des populations
15:00encore en train
15:00d'un voyage en terre inconnu
15:01le reproche pourrait m'être fait
15:04parce que dire qu'un journaliste
15:05qui vit à Paris
15:06oui je vis à Paris
15:07mais je suis un provincial
15:08mais néanmoins
15:08je suis un journaliste
15:09aujourd'hui est estampié parisien
15:11on pourrait considérer
15:12que moi aussi
15:12j'ai fait une sorte
15:13je suis une sorte d'anthropologue
15:16de Claude Lévi-Strauss
15:17vous êtes originaire de Gérald ?
15:18du sud-est de la France
15:20du sud-est de la France
15:21en périphérie de Nice
15:23d'une cité dortoir
15:24et d'ailleurs c'est ça
15:25c'est ça qui m'intéressait
15:26c'est que les gens
15:27qui parlent de la ruralité
15:28de la France périphérique
15:29ne la maîtrisent pas très bien
15:30ils ont toujours l'impression
15:31du village paisible
15:32avec le clocher au milieu
15:34en réalité
15:34un des drames de notre pays
15:36c'est que la plupart des communes
15:37de ces zones-là
15:39sont devenues des cités dortoirs
15:41et la journée
15:42vous n'y trouvez personne
15:42ou presque
15:43vous n'avez pas les bagnoles
15:44puisqu'elles sont plus garées
15:45devant les maisons
15:46elles sont parties
15:47avec leurs propriétaires
15:48pour aller bosser
15:49à 20, 30, 40 ou 50 km de là
15:51et restent dans des maisons
15:52des gens qui sont assez âgés
15:53isolés
15:54et c'est assez triste
15:55puisque les gens
15:56chez qui je dormais
15:57ne savaient pas toujours
15:58qui étaient leurs voisins
16:00ce qu'ils faisaient dans la vie
16:01c'est ce qu'on appelle
16:01les rues urbains
16:02ou pas tout à fait ?
16:03pas simplement
16:03parce que ce que décrit
16:06Christophe Guilloui
16:07est en fait un mécanisme
16:08qui est visible
16:09sur tout le territoire
16:10c'est que la pression
16:11foncière immobilière
16:12est tellement forte
16:12dans les villes
16:13que les gens n'arrivent plus
16:14à se loger
16:14et que les gens
16:15qui n'ont pas les moyens
16:16sont obligés de reculer
16:17reculer et de reculer
16:18de plus en plus loin
16:19et désormais
16:20vous avez à la fois
16:21des ruraux
16:22qui cohabitent
16:23avec des néo-ruraux
16:24ou des rurbains
16:25et tout ça donne
16:26une société en fait
16:27qui est atomisée
16:28puisque les gens
16:29ne se fréquentent pas
16:30vous n'avez pas
16:31de petits commerces
16:33vous n'avez plus
16:33de services publics
16:34dans beaucoup de communes
16:37et donc il n'y a pas
16:38de lieu où se croiser
16:39on est dans une période
16:41où on nous parle beaucoup
16:41de vivre ensemble
16:42et à chaque fois
16:43c'est vu à travers
16:44le prisme de la diversité
16:45c'est très bien
16:46mais le vivre ensemble
16:47dans ces territoires-là
16:48il pourrait commencer
16:49par juste des endroits
16:50où on se croise ensemble
16:52et on ne peut pas
16:54nouer des solidarités
16:55des liens
16:55créer des échanges
16:56quand on se croise
16:57simplement dans un rayon
16:59de supermarché
16:59sous la lumière blafarde
17:02d'un rayon surgelé
17:04entre deux poissons panés
17:06et trois sachets de frites
17:07c'est pas possible
17:08donc le fait
17:08le fait d'aller le constater
17:09d'aller sur place
17:10sur le terrain
17:11autrement dit
17:11le fait d'aller rechercher
17:12le réel
17:13de le décrypter
17:14c'est faire le jeu
17:15du rassemblement national
17:15de l'extrême droite
17:16des racistes
17:17et des xénophobes
17:18c'est-à-dire
17:19si vous donnez
17:19le nom du mal
17:20si vous définissez
17:21ce qui est à l'origine
17:22de la fracture sociale
17:23et si vous laissez parler
17:25ces gens qui sont en souffrance
17:26qui s'expriment
17:26avec leur coeur
17:27qui sont pas plus
17:28de gauche ou de droite
17:29c'est des gens
17:29qui peut-être ont voté
17:30communiste ou socialiste
17:31très longtemps
17:31qui ont voté à gauche
17:32qui aujourd'hui votent
17:33pour le rassemblement national
17:34ou d'autres partis
17:35vous faites le jeu
17:36de l'extrémisme
17:36c'est ça que nos médias
17:38aujourd'hui
17:38je vais les appeler
17:39médias officiels
17:40et bien pensants
17:41on voit très bien
17:42à quoi je pense
17:42mais aujourd'hui
17:44c'est quand même la norme
17:45alors bon
17:46je pense qu'il y a
17:47une vision caricaturale
17:49et caricaturée
17:49de ces territoires là
17:50parce que d'une part
17:51ça n'est pas une France blanche
17:52ça n'est pas une France
17:54qui n'accueillerait
17:55que des gens
17:56qui ont peu de moyens
17:57en fait c'est une France
17:57qui est aussi diverse
17:58sur le plan ethnique
18:00religieux
18:01culturel
18:01et même économique
18:02et social
18:02puis c'est une France
18:03qui vote pour tous les partis
18:05avec vous avez raison
18:06une sur-représentation
18:08du vote RN
18:08mais moi
18:09ce qui m'alarme plus
18:10que le vote RN
18:11parce qu'on peut considérer
18:12que c'est encore un vote
18:13ça va m'être reproché
18:14peut-être cette phrase
18:15mais quand on vote
18:16pour le RN
18:16ça veut dire qu'on croit
18:17encore en la politique
18:18mais moi
18:19ce qui m'inquiète véritablement
18:20c'est les gens
18:20qui n'y croient plus
18:21c'est les gens
18:21qui ont fait sécession civique
18:23c'est les gens
18:24pour qui la chose publique
18:25n'a plus aucun intérêt
18:26et ça ça prend
18:27des proportions dingues
18:28c'est-à-dire que
18:29quand on ne connaît pas
18:30son voisin
18:30quand on n'a pas d'endroit
18:31où se croiser
18:32quand on n'est pas engagé
18:33quand on n'est pas
18:34dans une association
18:34quand on ne fréquente personne
18:37et qu'on fait juste
18:37des trajets
18:38de son domicile
18:39jusqu'à son boulot
18:40qui est à 30 ou 40-50 kilomètres
18:41comment voulez-vous
18:42que ça crée du lien ?
18:44Et ça c'est inquiétant
18:45cette sécession civique
18:46Vous avez aussi
18:47de l'autre côté
18:47de l'échiquier politique
18:48la France insoumise
18:51Alors le problème
18:53de la France insoumise
18:53c'est qu'un peu comme
18:54Emmanuel Macron
18:55j'écris dans ma préface
18:56que c'est comme pour Picasso
18:58il y a une période bleue
18:58une période rose
18:59Emmanuel Macron
19:00dès débuts
19:01ça n'est plus totalement
19:01le même qu'aujourd'hui
19:03et la France insoumise
19:04je veux dire
19:05le discours de Jean-Luc Mélenchon
19:06qui à une époque
19:07tenait à un discours
19:08qu'on pourra qualifier
19:09de populiste de gauche
19:10pouvait s'adresser
19:11à cette partie-là du pays
19:12mais ça remontait à longtemps
19:13et aujourd'hui
19:14le penchant
19:16ou plutôt la ligne
19:17choisie par la France insoumise
19:18et son sans doute
19:20futur candidat
19:21à la présidentielle
19:21qui est Jean-Luc Mélenchon
19:22c'est un discours
19:23et une orientation
19:24qui ne rencontrera
19:26aucun écho
19:27dans cette partie-là du pays
19:28Ou au contraire
19:28qui peut choquer
19:29Oui évidemment
19:30qui peut choquer
19:31parce que sur la question
19:32culturelle et identitaire
19:33parce qu'il faut bien le dire
19:34cette région
19:38enfin ces régions
19:39que j'ai traversées
19:40elles souffrent
19:40de trois insécurités
19:41l'insécurité classique
19:43qu'on connaît
19:44puisque quand on est
19:44dans des zones
19:45où l'habitat
19:45comme ça est individuel
19:46il y a une sorte
19:48de prévalence
19:50pour le cambriolage
19:51donc c'est l'insécurité
19:52classique
19:53les incivilités
19:53qu'on connaît tous
19:54la deuxième insécurité
19:55je l'évoquais précédemment
19:56c'est l'insécurité économique
19:57si on perd son boulot
19:58il faut dire qu'il n'y a pas
19:59beaucoup d'usines
20:00il n'y a pas beaucoup
20:00d'employeurs
20:01et donc on a la trouille
20:02de perdre son boulot
20:02l'insécurité économique
20:03et la dernière
20:04c'est l'insécurité culturelle
20:06les gens que j'ai croisés
20:07ne reconnaissent plus
20:08totalement leur pays
20:09alors notamment
20:10sous l'effet de l'immigration
20:11mais pas seulement
20:11c'est simplement
20:12que le pays change
20:15s'accélère
20:15sous les coups de boutoir
20:16aussi il faut bien le dire
20:17de la mondialisation
20:18et de la globalisation
20:19et cette insécurité culturelle
20:21ils la vivent pleinement
20:22quand vous arrivez
20:23à Montgilbert
20:24je parle en 2016-2017
20:26c'est dans la Maurienne
20:28c'est près d'Alberville
20:31les deux personnes
20:33qui vous rencontrent
20:34vous disent
20:34en France
20:35il y a deux fléaux
20:36les fonctionnaires
20:37et l'immigration
20:37je m'étais toujours
20:39promis de voter
20:39pour celui qui affirmerait
20:41vouloir s'occuper
20:42de ces deux sujets
20:43voilà quelques minutes
20:44seulement
20:45que je suis arrivé
20:45chez André et Colette
20:46dans leur maison
20:47impeccable
20:48à l'intérieur
20:48tout de bois clair
20:50la tête me tourne un peu
20:51un voile noir
20:53me passe par deux fois
20:54devant les yeux
20:55il me faut me rasseoir
20:56pourquoi vous avez
20:57cette sensation
20:58alors c'est pas tant
20:59pour les mots
21:00qu'ils me disent
21:00parce que
21:01venant du sud-est
21:02moi je suis habitué
21:04au discours politique
21:04un peu rugueux
21:06en l'occurrence
21:06ce jour-là
21:07j'ai remonté
21:07la vallée de la Maurienne
21:08il faisait extrêmement chaud
21:09ça faisait déjà
21:10pas mal de kilomètres
21:11que je marchais
21:11et je suis arrivé
21:13avec un petit coup de chaud
21:14et donc ce ne sont pas
21:15leurs mots
21:16parce que moi
21:16je suis de ces journalistes
21:19qui ne veulent surtout pas
21:20juger les propos
21:21qui leur sont tenus
21:22je trouve que
21:23le drame de ma corporation
21:24c'est d'avoir
21:25un regard moralisateur
21:26sur les choses
21:27alors que
21:28l'essence de notre métier
21:30c'est de voir et tout voir
21:31d'entendre et tout entendre
21:32et surtout
21:32une fois qu'on a entendu
21:33de retranscrire
21:35et de tout retranscrire
21:36en mettant à distance
21:38ne pas sélectionner
21:38les mots qui fâchent
21:40et les mots qui fâchent pas
21:40non
21:41je ne crois pas du tout
21:42à l'objectivité
21:43c'est une vaste
21:44la neutralité
21:45la neutralité
21:46ça n'existe pas
21:47nous sommes tous
21:47le fruit d'une histoire
21:48d'une éducation
21:49ça n'est pas possible
21:51vous-même
21:52Péricault
21:52face à un événement
21:53vous n'aurez pas
21:54la même lecture que moi
21:55donc je ne crois pas
21:55à l'objectivité
21:56mais la subjectivité
21:57pour un journaliste
21:59elle doit se conjuguer
22:01avec une honnêteté intellectuelle
22:02qui consiste à tout voir
22:03tout voir
22:04et tout raconter
22:05et tout dire
22:05sans jugement aucun
22:06nous sommes avec
22:08Gérald Landrieu
22:09qui a parcouru
22:11la France de l'Est
22:12à pied de Dunkerque
22:13à Menton
22:133 millions de pas
22:163 millions de pas
22:18et une somme
22:19de témoignages gigantesques
22:20vous nous retrouvez
22:21vous nous retrouvez
22:22sur le sud radio
22:23il faut l'appeler
22:23vous appelez
22:24Gilles Galasso
22:24au 0 826 300 300
22:27posez des questions
22:28à Gérald Landrieu
22:28parce que
22:29vous faites certainement partie
22:30des gens
22:30qu'il aurait pu rencontrer
22:31qu'il aurait pu croiser
22:32et auprès dequels
22:34il a recueilli
22:34des témoignages
22:36dont j'allais dire
22:37l'inquiétude
22:39dont la perspicacité
22:41et dans la colère
22:42s'avèrent aujourd'hui
22:43être des réalités
22:44qui définissent
22:45notre vie politique
22:46à tout de suite
22:47sur sud radio
22:47midi 14h
22:48sud radio
22:50la France
22:51dans tous ses états
22:52vous êtes sur sud radio
22:53il est 13h33
22:54avec Péricault Légas
22:55qui reçoit
22:56Gérald Landrieu
22:57auteur
22:58Le Peuple de la Frontière
22:59on va revenir
23:00sur ce thème
23:01Gérald Landrieu
23:01Le Peuple de la Frontière
23:02il est la conclusion
23:04de votre voyage
23:06pédestre
23:07en 2016-2017
23:08de Dunkerque
23:09à Menton
23:10vous êtes allé
23:10à la rencontre
23:11des françaises
23:12et des français
23:12en traversant
23:14j'allais dire
23:15des territoires
23:16des régions
23:17confrontées
23:18à la mondialisation
23:19destruction
23:20du réseau économique
23:21disparition de l'industrie
23:22enfin
23:23tous les thèmes
23:23qui aujourd'hui
23:24sont dans la bouche
23:24de tous nos commentateurs
23:25de tous nos observateurs
23:27avec des termes
23:28qu'ils n'auraient pas utilisé
23:29quand vous avez écrit ce bouquin
23:30aujourd'hui
23:30ils sont tous un peu
23:31souverainistes
23:32il faut tous
23:33réindustrialiser
23:34il faut aller rencontrer
23:36la France qui souffre
23:36la France qui pleure
23:38la France qui se sent abandonnée
23:39trahie
23:39et oubliée
23:41oui
23:41vous l'aviez vous dit
23:42et comme d'autres
23:43vous n'êtes pas les seuls
23:43évidemment
23:44mais vous l'aviez dit
23:45parce que vous étiez allé les voir
23:46ah le roi est nu
23:47tout d'un coup
23:48Gérald Landrieu
23:49a trouvé que le roi est nu
23:50et tout le monde dit
23:50ah faudrait peut-être
23:51habiller le roi
23:51qui commence à être nu
23:52quel est un des vos souvenirs
23:54le plus prégnant
23:54de cette démarche
23:56vous avez parlé de JV
23:58tout à l'heure
23:58avec Nicole
23:59donc c'est latex
24:00est-ce qu'il y a un autre cas
24:01un autre territoire
24:02une usine qui a fermé
24:04des gens qui étaient vraiment
24:05dans la détresse
24:06qui étaient désespérés
24:07alors
24:08il y a un autre endroit
24:09qui m'a marqué
24:11parce que ça m'a permis
24:12d'interroger
24:12ce qu'était la frontière
24:14et cet endroit
24:15c'est Modane
24:15qui est une commune
24:16à la frontière
24:17franco-italienne
24:18c'est donc tout au bout
24:20de la vallée de la Morienne
24:21on parlait tout à l'heure
24:22de Mont Gilbert
24:22où je me suis arrêté
24:23mon étape d'après
24:24c'était Modane
24:25pourquoi je m'intéresse
24:26à Modane
24:27parce que justement
24:28moi qui avais choisi
24:30la frontière
24:30à dessein
24:31parce que je considère
24:31que c'est un outil
24:32et un objet politique
24:34passionnant
24:35ça m'a permis de voir
24:36que la frontière
24:37n'est pas du tout
24:37du tout
24:38du tout
24:38ce que l'on dit
24:39dans le débat public
24:40vous avez les gens
24:41qui veulent stopper net
24:43l'immigration
24:43je comprends
24:44qu'il faille la réguler
24:45l'immigration
24:45mais ceux qui veulent
24:46la stopper net
24:46pensent que la frontière
24:48devrait être un mur
24:48et en fait
24:49la frontière
24:50à la Hongroise
24:50on va dire
24:50une frontière fermée
24:53oui
24:53ou la frontière
24:54façon Trump
24:55avec le Mexique
24:56mais ça n'est pas
24:58l'objet de la frontière
24:59alors là je pense
25:00que vos auditeurs
25:01doivent avoir
25:01les poils qui se hérissent
25:03en m'entendant
25:03mais je veux dire
25:04de l'autre côté
25:05de l'échiquier politique
25:06les no border
25:08les gens de la gauche
25:09de gauche
25:09eux aussi considèrent
25:11que la frontière
25:11déjà aujourd'hui
25:12est un mur
25:12mais c'est une méconnaissance
25:13de ce que c'est la frontière
25:14la frontière
25:15Régis Debray
25:16dit dans un livre
25:17éloge de la frontière
25:18il dit que
25:19la traité de passoire
25:21ça n'est pas
25:22ça n'est pas se moquer d'elle
25:23c'est lui rendre
25:24c'est lui rendre honneur
25:25et c'est la ramener
25:26à sa mission première
25:27la frontière
25:28ça permet de filtrer
25:29et pourquoi je vous parle
25:30de Modane
25:30sur la frontière
25:32franco-italienne
25:33c'est que les gens
25:34sur place vous expliquent
25:35que depuis que la frontière
25:36a disparu
25:36ils ont beaucoup moins
25:38d'échanges
25:38avec leurs voisins italiens
25:39parce que la frontière
25:41a ce truc de merveilleux
25:42que ça permet de savoir
25:43qui l'on est soi-même
25:44et qui est son voisin
25:45qui est son vis-à-vis
25:46la frontière
25:47ça n'est pas un mur
25:48ça permet de se définir
25:50le problème de notre frontière
25:51c'est pas qu'elle n'est pas
25:52un mur
25:52c'est qu'elle n'est pas tenue
25:53c'est quand même la différence
25:54et je comprends
25:56vos auditeurs doivent se dire
25:57mais que raconte-t-il
25:58bien sûr
25:58je pense qu'ils comprennent
25:59bien la nuance
25:59parce qu'ils sont confrontés
26:00eux-mêmes
26:01Sud Radio est très implanté
26:02dans cette région-là
26:03et ils voient bien
26:04on a souvent eu d'ailleurs
26:05de témoignages d'auditeurs
26:06nous disant
26:07on n'a plus les mêmes rapports
26:08avec nos voisins
26:09du pays d'à côté
26:10qu'on en avait autrefois
26:11encore une fois
26:12Régis Debré dit
26:13de la frontière
26:14que c'est comme l'épiderme
26:15pour un corps humain
26:16c'est avec
26:17vous avez la peau
26:19puis vous avez des pores
26:20et la frontière
26:20son objet
26:21c'est de laisser passer
26:23dans un sens ou dans l'autre
26:24et parfois
26:25d'arrêter et de stopper
26:26dans un sens et dans l'autre
26:27Vous êtes bien d'accord
26:28qu'il n'y a pas de diversité
26:29sans frontière
26:30sinon c'est l'homogénéité
26:31c'est la globalisation
26:32c'est une forme de
26:33d'uniformisation
26:35du monde
26:36et de nos civilisations
26:37et que ce sont ces frontières
26:38qui peuvent être culturelles
26:39linguistiques
26:40philosophiques
26:40mais dans une cohabitation heureuse
26:42un respect de l'autre
26:43c'est ça la diversité
26:44et la frontière doit être poreuse
26:45par définition
26:46sinon c'est un rempart
26:47ou c'est une citadelle
26:48et là on est dans la cité à piéger
26:50pour autant est-ce que aujourd'hui
26:52en j'allais dire
26:53sans tomber dans la métaphore
26:55ou en extrapolant un petit peu
26:56est-ce que
26:57quand vous situez la frontière
26:58telle qu'elle est aujourd'hui
26:59dans la société française
27:00est-ce qu'elle n'est pas
27:01entre des gens
27:02qui se sentent français
27:04ou qui croient être en France
27:06et d'autres
27:07qui sont français
27:07qui ne se sentent plus du tout
27:08en France
27:09ou qui ne reconnaissent pas la France
27:10bien sûr
27:10on en parlait tout à l'heure
27:11et c'est la fameuse
27:12insécurité culturelle
27:14donc c'est les questions
27:15culturelles et identitaires
27:16qui fait
27:16qui fait que les gens
27:18se posent la question de
27:19je ne reconnais plus totalement
27:21le pays dans lequel
27:22je vis
27:23je prends un exemple
27:24tout à l'heure
27:25on évoquait
27:26JV
27:26j'ai rencontré sur place
27:28une ancienne
27:28c'est donc JV
27:30là où il y avait
27:31cette usine
27:31Célatex
27:32j'ai rencontré
27:32cette représentante syndicale
27:34élue CGT
27:35et elle a eu cette phrase
27:37qui je trouve
27:39est assez frappante
27:40elle me dit
27:40mais je ne reconnais plus
27:42le pays dans lequel je suis
27:43avant au moins
27:44les choses
27:45étaient bien rangées
27:46et bien rangées
27:47elle entendait par ça
27:48elle
27:48l'élue syndicale CGT
27:50elle disait
27:50les notables étaient des notables
27:51les ouvriers étaient des ouvriers
27:52elle-même
27:53élue CGT
27:54était capable
27:54de me tenir ce discours
27:55et elle enchaîne derrière
27:57elle me dit
27:57vous vous rendez compte
27:58et ça nous renvoie à l'actualité
27:59maintenant il y a tous ces débats
28:01sur les crèches dans les mairies
28:02elle élue CGT
28:04elle était choquée
28:05qu'on empêche
28:05l'installation de crèches
28:07dans des établissements publics
28:09ça n'est pas totalement mon avis
28:10mais encore une fois
28:11je retranscris son propos à elle
28:13et quand je la rencontre
28:15ce jour-là
28:16il y a une grande fête
28:17qui se tient à Jivet
28:18et on est obligé
28:19de claquemurer les rues
28:21de les fermer
28:22parce qu'on a la crainte
28:23de l'attentat
28:23à coups de voiture
28:24bélier
28:25donc pour cette personne
28:27qui est élue CGT
28:28qui est marquée à gauche
28:28qui a été ouvrière
28:29elle me dit
28:30avant les choses
28:31étaient bien rangées
28:32je ne reconnais plus mon pays
28:33c'est quand même important
28:34de savoir entendre ça
28:35sans jugement
28:37alors vous expliquez
28:38qu'aujourd'hui
28:38cette coupure
28:40avec l'enracinement territorial
28:42avec les authenticités territoriales
28:44elle est compensée
28:45par la création artificielle
28:47de territoires
28:48pour donner l'illusion
28:49on identifie un territoire
28:50on invente un label local
28:52que ce soit dans le commerce
28:53dans la production
28:54on a besoin
28:55on donne le nom du territoire
28:56c'est le reflet de France
28:58chez Carrefour je crois
28:59et ainsi
29:01on met des labels
29:01qui sont artificiels
29:02les gens qui les imposent
29:03ne savent pas ce que ça signifie
29:04mais c'est censé rassurer
29:06le consommateur
29:06en disant tu sais
29:07ça vient de pas loin
29:08de chez toi
29:08on est dans la proximité
29:09le fameux territoire
29:12ce mot
29:12qui est complètement idiot
29:15devient un argument marketing
29:17le marché
29:18a ça de merveilleux
29:19qu'il est capable
29:19de tout récupérer
29:20et de nous vendre
29:21du territoire
29:22du soir au matin
29:22alors on vient d'en parler
29:23reflet de France
29:24je crois que c'est le groupe
29:26Carrefour
29:27qui nous vend ça
29:27ça fait terroir
29:28et puis il sent
29:29le côté corrosif
29:31de Charles Maurras
29:32c'est pas là
29:33c'est propre
29:35c'est sympa
29:35alors l'alliance est là
29:36est-ce que c'est morassien
29:36ou est-ce que c'est pas morassien
29:37parce que souvent ils vous disent
29:38ah mais toute
29:39j'allais dire
29:40toute glorification
29:41d'une identité locale
29:43et géographique
29:44c'est du morassisme
29:45mais non
29:45c'est la réalité du pays
29:46mais là
29:47moi ce qui m'amuse
29:48c'est que le territoire
29:49et le terroir
29:50on le retrouve partout
29:50dans la préface
29:51je l'écris
29:52vous avez même
29:52un créateur de mode
29:54qui s'appelle
29:54Jacques Mus
29:55et qui récemment
29:56a fait un défilé
29:57à Versailles
29:59accrochez-vous bien
30:00qui s'appelle Paysan
30:01et pour faire vendre
30:03enfin pour communiquer
30:04sur son futur défilé
30:05il fait poser des mannequins
30:07alors on imagine
30:08hommes et femmes
30:09avec des fichus sur la tête
30:10une botte de carotte à la main
30:12et parfois un utilitaire citroën
30:13derrière eux
30:14pour faire vraiment paysan
30:15on est dans la caricature
30:17la plus totale
30:17et le territoire partout
30:19moi ce qui me pose problème
30:20c'est que les territoriens
30:21s'il fallait les appeler comme ça
30:22eux ils sont nulle part
30:23c'est-à-dire le territoire
30:24c'est un super label
30:25vous avez des tas de films
30:27qui racontent la campagne
30:28et qui ont même monté
30:29les marches
30:30du festival de Cannes
30:32qui ont été récompensées
30:33au César
30:34mais les habitants
30:35et leurs problématiques
30:36on ne les voit pas
30:37avant on les appelait
30:38les invisibles
30:38moi je considère
30:39que désormais
30:40ils sont visibles
30:40mais ils sont inaudibles
30:41parce que les responsables politiques
30:42ne les écoutent toujours pas
30:44est-ce qu'il existe encore
30:45un prolétariat
30:45Gérald Andrieu
30:46ou est-ce qu'il y a
30:47une classe moyenne
30:48à différents échelons ?
30:49oui
30:49moi je considère en fait
30:51qu'il y a des classes
30:52que les classes existent
30:53mais que le problème
30:53c'est la conscience de classe
30:55quand vous travaillez
30:56dans une grande usine
30:57qui compte 100, 150, 200, 500 personnes
30:59je veux dire
31:00votre conscience de classe
31:01elle est immédiate
31:02chaque matin
31:02vous embauchez
31:03avec votre camarade de chaîne
31:06et il y a une hiérarchie
31:07et il y a une hiérarchie
31:08et les classes
31:08elles sont marquées
31:09et vous les voyez
31:10le problème de notre monde
31:12où tout est atomisé
31:13c'est que vous ne croisez jamais
31:14votre semblable
31:16et vous ne savez pas
31:17que vous appartenez
31:18à la même classe que lui
31:19et d'ailleurs
31:19vous ne savez pas
31:20que potentiellement
31:20vous avez les mêmes intérêts que lui
31:21et qu'à deux
31:22vous êtes plus fort
31:23pour les défendre
31:24c'est ça le drame
31:28de l'époque moderne
31:29ça se traduit par des situations
31:30électorales très précises
31:32alors soit
31:32comme vous l'avez dit
31:33un désespoir
31:33veut n'y croire plus
31:34donc abstention
31:35et si je m'exprime
31:36je m'exprime pour la colère
31:37et pour témoigner de ma souffrance
31:38tout à fait
31:39mais pour essayer
31:41d'illustrer mon propos
31:44j'ai dormi en Alsace
31:46chez un jeune homme
31:47qui était rechappeur de pneus
31:49je ne savais pas
31:50qu'en France
31:50il y avait encore
31:50des rechappeurs de pneus
31:51il était itinérant
31:52il allait sur tout le grand test
31:54de garage en garage
31:55rechapper des pneus
31:56à Festenheim
31:57ou à Ungersheim ?
31:58à Ungersheim
31:59Ungersheim
31:59et ce jeune homme
32:02passait sa journée
32:03dans sa camionnette
32:04allait de garage en garage
32:05et pour améliorer l'ordinaire
32:07quand il passait devant
32:08un supermarché
32:08il rentrait
32:09et grâce à une entreprise
32:11je ne sais plus laquelle
32:12et une appli sur son téléphone
32:13il allait relever des codes barres
32:16sur les produits
32:16pour être sûr
32:17que les produits
32:17étaient bien en rayon
32:18bien disposés
32:19etc
32:19et il touchait
32:20quelques centimes d'euros
32:21là dessus
32:21je veux dire
32:22ces journées
32:23il les passait seul
32:24au volant de sa camionnette
32:25et allait de garage en garage
32:26et de supermarché en supermarché
32:28comment voulez-vous
32:29qu'il crée du lien ?
32:30je veux dire
32:30lui il est de la classe ouvrière
32:31en fait
32:32c'est un manuel
32:32mais il n'est jamais
32:34avec un autre ouvrier
32:35que lui-même
32:35et ça c'est un drame
32:36parce qu'en fait
32:37des classes il en existe
32:38mais la conscience de classe
32:39elle elle a été diluée
32:40dans le grand tout
32:41de ce monde fluide
32:43où chacun est auto-entrepreneur
32:45et chacun vit dans
32:46sa maison
32:47d'une cité dortoir
32:47il faut pouvoir se rencontrer
32:49pour avoir conscience
32:50qu'on appartient à un ensemble
32:51plus grand que soi
32:52nous sommes avec Gérald Landrieu
32:54le peuple de la frontière
32:56en édition de poche
32:57politique
32:59Lectio
32:598 euros
33:00un ouvrage
33:01qu'il faut absolument lire
33:02parce qu'on comprend tout de suite
33:04sur des témoignages
33:05de vécu
33:06sur place
33:07à la rencontre
33:08des femmes et des hommes
33:09qui composent la France
33:09où on est aujourd'hui
33:11notre détresse nationale
33:12et quelque part
33:13on va en parler dans quelques instants
33:15le dernier espoir
33:16que ça peut susciter
33:17si on prend conscience
33:18de ces enjeux
33:18à tout de suite
33:19Sud Radio
33:21midi 14h
33:23Sud Radio
33:24la France
33:25dans tous ses états
33:27il est 13h47
33:28vous êtes sur Sud Radio
33:29avec Péricault
33:30les gars
33:30c'est dans le face à face
33:31c'est pas un face à face
33:32c'est plus qu'un compromis
33:33c'est une rencontre
33:34avec Gérald Landrieu
33:35qui a écrit
33:35le peuple de la frontière
33:36pour l'avoir
33:37j'allais dire
33:38traversé ce peuple de la frontière
33:39visiter
33:40rencontrer des femmes
33:41et des hommes
33:41c'était il y a 8 ans
33:43aujourd'hui dans sa préface
33:44il fait le point
33:45sur cette expérience exceptionnelle
33:46et il constate
33:47un peu hélas
33:48que tout ce qu'il avait
33:49prédit ou pressenti
33:50est en train de se produire
33:51mais quand même
33:52avec des lures d'espoir
33:53vous vous souvenez
33:54Gérald Landrieu
33:55notre grand Philippe Solaire
33:57notre grand intellectuel
33:58qui allait souvent
33:59à la cause de l'Ila
33:59avait parlé
34:00de la France moisi
34:01ensuite
34:02en 2005
34:03quand les français
34:04s'étaient exprimés
34:05à 54,8%
34:06contre le traité
34:07le projet de traité constitutionnel
34:08on avait parlé
34:10de France-Rance
34:11vous
34:12vous allez voir
34:13la France
34:13alors des territoires
34:14c'est l'expression consacrée
34:15moisi
34:17Rance
34:18elle se porte très bien
34:19finalement
34:19le problème c'est qu'elle est
34:20peut-être très très majoritaire
34:22aujourd'hui
34:22alors je le disais
34:23quand on parle de la France
34:24périphérique
34:25que je suis allé voir
34:26souvent on pense
34:27que c'est une marge
34:28en fait pour moi
34:29c'est la France
34:29parce que c'est 90%
34:30des communes
34:3160% de la population
34:33est-ce qu'on peut utiliser
34:33ce terme réactionnaire
34:34de pays réel
34:35qui est aujourd'hui confisqué
34:36mais c'est bien la réalité
34:37d'un pays
34:38dans la situation
34:38où il se trouve
34:39on va dire
34:40qu'il y a aussi
34:41la réalité des métropoles
34:42mais pour en revenir
34:43à ces expressions
34:46de France-France
34:46et de France-Moisie
34:47je vais parler
34:48de mon cas personnel
34:49quand vous faites
34:502000 km à pied
34:51en automne et en hiver
34:52vous tapez la pluie
34:53vous tapez la neige
34:54parfois la neige
34:55jusqu'aux genoux
34:56et bien moi
34:57la France-France
34:58je ne l'ai pas croisé
34:58j'ai rencontré
34:59la France-Solidaire
35:00parce qu'il ne s'est pas passé
35:01une seule journée
35:01sans qu'une voiture
35:03ne s'arrête pas à ma hauteur
35:04pour me proposer
35:04de monter à bord
35:05ce que j'ai systématiquement
35:06refusé
35:07parce que quand même
35:08l'objet de mon livre
35:09c'était de parcourir
35:10vraiment à pied
35:10de Dunkerque
35:12à Menton
35:12toute cette frontière
35:14terrestre de la France
35:15vous vouliez
35:15que la troisième formule
35:16de la République
35:17fraternité
35:17vous l'avez rencontrée
35:18mais évidemment
35:19évidemment
35:20cette France
35:20qu'on nous décrit
35:21comme rance
35:21elle est extrêmement solidaire
35:23et d'ailleurs
35:23elle tient aussi pour ça
35:24parfois on me demande
35:25mais pourquoi la colère
35:26ne s'exprime pas à nouveau
35:27parce qu'il y a des mécanismes
35:28qui font que ça se tient
35:31qu'on bricole entre nous
35:32pourquoi ça n'explose pas
35:34sur le plan économique
35:35et social
35:35c'est souvent qu'il y a
35:36de la solidarité
35:37intrafamiliale
35:38que les aînés
35:39vont donner un chèque
35:40un billet
35:41pour aider ceux d'en dessous
35:42quand ils ont un pépin
35:43quand la voiture a cassé
35:44ou quand il y a une naissance
35:45qui arrive
35:46et qu'il faut acheter
35:46un lit à barreaux
35:47c'est aussi bête que ça
35:48ces mécanismes de solidarité
35:50je les ai expérimentés
35:51j'ai dormi chez l'habitant
35:52plusieurs soirs
35:54par semaine
35:54lors de mon périple
35:55pendant 5 mois
35:56j'ai été invité
35:57à manger continuellement
35:58quand je repartais
35:59avec mon sac à dos
35:59de 15 kilos
36:00on me rajoutait
36:011 kilo de spécialité
36:02locale dans mon sac à dos
36:03je l'ai expérimenté
36:05les portes s'ouvraient
36:06tout de suite
36:06ou bon
36:07ça dépend
36:08vous qui êtes de Nice
36:09vous qui êtes méridional
36:10est-ce que les portes de Dunkerque
36:12les portes de Thionville
36:13les portes de Strasbourg
36:14de Lyon
36:15de Grenoble
36:15s'ouvraient de la même façon
36:16ou il y a quand même
36:17des phéromènes culturelles locaux
36:18qui fait que les tempéraments
36:19sont un peu variés
36:20alors au risque de choquer
36:22oui
36:22là pour le coup
36:23je dirais qu'il y a
36:24plusieurs France
36:24et plusieurs attitudes
36:25et je ne surprendrai personne
36:27en disant que dans le nord
36:28vous êtes invité à l'apéro
36:29à n'importe quelle heure
36:30de la journée
36:31assez rapidement
36:32on vous tutoie
36:33on vous dit
36:35mais qu'est-ce que vous faites
36:36avec votre sac à dos
36:37et vos chaussures de randonnée
36:38vous êtes trompé de direction
36:39Saint-Jacques-de-Compostelle
36:40c'est pas du tout par là
36:41monsieur
36:41mais pourquoi vous faites ça
36:43c'est un record
36:43allez venez boire un coup
36:44ça va immédiatement
36:45il y a des régions
36:46que je ne nommerai pas
36:47qui sont un peu plus compliquées
36:49pour le marcheur
36:49un peu plus hermétiques
36:50un peu plus hermétiques
36:51mais ça s'explique
36:52sur le plan historique et culturel
36:53ils ont été envahis très souvent
36:54l'Est de la France
36:56est un peu plus dur
36:57pour le marcheur
36:58mais j'y ai fait
36:58des rencontres extraordinaires
37:00et encore une fois
37:01je veux dire
37:02j'avais un sac à dos
37:04je suis un homme
37:05barbu
37:06et la barbe hirsute
37:08je ressemblais parfois
37:09à un routard du crime
37:10je veux dire
37:11et pourtant
37:12les gens s'arrêtaient
37:13et m'ont ouvert leurs portes
37:14régulièrement
37:14et je dois beaucoup
37:17aux gens que j'ai rencontrés
37:18parce qu'ils m'ont souvent aidé
37:19et puis ils m'ont aussi
37:20confié leur intimité
37:21quand vous êtes quelqu'un
37:22de passage
37:23pourquoi
37:23certains des témoignages
37:25de mon livre
37:26sont forts
37:27c'est pas une façon
37:27de me pousser du col
37:28de le dire
37:28mais pourquoi
37:29les gens se sont livrés
37:30aussi facilement
37:31parce que quand un mec
37:32fait des milliers
37:33de kilomètres à pied
37:33pour venir vous rencontrer
37:34vous vous dites
37:35bon bah celui-là
37:35peut-être que
37:36c'est pas un journaliste
37:38bas du front
37:38qui va juger
37:39chacune des phrases
37:40que je vais dire
37:41et puis en plus
37:41il y avait une vertu
37:42c'est que je ne faisais
37:43que passer chez eux
37:43et donc quelque part
37:45ils pouvaient se livrer
37:46puisque en général
37:47quand l'endroit me plaisait
37:48je pouvais rester
37:492, 3, 5 jours
37:50mais au bout d'un moment
37:50je repartais
37:51et je repartais
37:52et les gens se disaient
37:52bon bah
37:53il ne me jugera pas
37:54je le recroiserai pas
37:55qu'est-ce que vous suggérez
37:56au prochain candidat
37:58la personne
37:59l'individu
38:00la citoyenne
38:01le citoyen
38:01qui emportera
38:02l'élection présidentielle
38:03de 2027
38:04vous allez lui dire
38:05n'allez pas faire
38:05la soirée de victoire
38:06au Fouquet's
38:07ne faites pas la cérémonie
38:08dans les couloirs
38:10du Louvre
38:10dans les allées du Louvre
38:11avec la 9ème symphonie
38:13prenez un baluchon
38:15pendant 48 heures
38:16avant de vous investir
38:17dans votre fonction
38:17de président de la République
38:18ou de président de la République
38:19allez dans
38:20dans la France périphérique
38:22allez voir une ville
38:23allez voir
38:24il y a plein de choses
38:25il y a plein d'enseignements
38:26mais d'ailleurs
38:27est-ce que vous ne trouviez pas normal
38:29qu'on trouve
38:29qu'on fasse un programme
38:31pour nos élus
38:31nos ministres
38:32un stage
38:335 jours
38:34on prend le livre
38:36de Gérald Andrieux
38:36vous prenez le livre
38:37de Gérald Andrieux
38:38vous avez le
38:39à la fin
38:40vous avez l'inventaire
38:40des communes
38:41par où il est passé
38:42ça va de Stinvors
38:43pour Mijivet
38:44ça finit par
38:45Mont-Gilbert
38:45Modane
38:46toué sur l'escarène
38:48et Bray-sur-Roy
38:49vous y allez
38:50vous allez rencontrer
38:51les gens
38:51qui l'ont rencontré
38:52vous les écoutez
38:53ça met déjà
38:54ce qu'il y a
38:55un petit peu
38:55un petit plan dans la tête
38:57et les poids sur les i
38:58moi je veux bien
38:58accompagner les candidats
38:59ça ne me pose aucun problème
39:00on peut refaire
39:01un petit tour de France
39:02avec eux
39:02figurez-vous
39:03que quand le livre
39:04est sorti la première fois
39:05en 2017
39:06j'ai été invité
39:07à la question de l'Assemblée
39:08par les députés macronistes
39:09pour leur expliquer
39:10le pays qui n'avait pas voté
39:11pour eux
39:12j'ai trouvé ça
39:13assez rafraîchissant
39:14et en même temps
39:14d'une naïveté confondante
39:15mais j'ai trouvé
39:17que la démarche
39:17était intéressante
39:18bon il faut croire
39:19que depuis 2017
39:20ils n'ont toujours pas
39:21totalement saisi
39:22le pays
39:22certains si
39:23vous avez vu
39:25que vous avez
39:25beaucoup de mal
39:25à trouver des électeurs
39:26de Macron
39:27moi je fais des sondages
39:27de temps en temps
39:28personne n'a voté Macron
39:29on se regarde
39:30je n'ai pas voté Macron
39:31moi je n'ai pas voté Macron
39:32non plus
39:33donc c'est terrible
39:33par contre
39:35les gens qui sont
39:36dans votre livre
39:36eux ils continuent
39:38ils continuent à dire quoi
39:38aujourd'hui
39:39quand vous les envoyez
39:40à dire quoi ?
39:41quand ils vous disent
39:42c'est pire qu'il y a 8 ans
39:43ils oscillent
39:45et ça ne surprendra personne
39:46entre colère
39:47et cette colère
39:47peut s'exprimer
39:48à travers plusieurs votes
39:49le vote RN en état
39:52mais aussi
39:53le fait d'avoir lâché
39:55totalement l'affaire
39:55et on le comprend aisément
39:57je veux dire
39:57quand on voit la qualité
39:58du débat public
39:59la qualité des discours
40:01tenus par les responsables
40:01politiques
40:02et les commentateurs
40:03médiatiques
40:03on comprend que les gens
40:04aient lâché l'affaire
40:05totalement
40:06si on revient à votre question
40:09sur quel conseil
40:09je donnerais aux candidats
40:11et bien oui
40:12je vais m'autoriser
40:13un conseil
40:14c'est d'arrêter
40:15de parler à des clientèles
40:17arrêter de parler
40:18à des communautés
40:19arrêter de parler
40:20à des clusters
40:20et à des publics captifs
40:23il faut tenir un discours
40:25à l'ensemble des français
40:26c'est aussi bête que ça
40:27en fait
40:27alors Gérald Landrieu
40:28il faut prévoir un tome 2
40:30donc on va faire
40:31caler
40:32en daille
40:34si vous voulez bien
40:35on rencontrera des marins
40:36des marins pêcheurs
40:37des artisans
40:38on goûtera quelques huit
40:39je vous le promets
40:40alors volontiers
40:41vous verrez des picards
40:43des normands
40:44du bocage
40:45des paysages
40:46toute la Bretagne
40:47et ensuite
40:48la Vendée
40:50vous verrez
40:51c'est une autre forme
40:52de territoire
40:52alors c'est la France occidentale
40:54plutôt chrétienne
40:55plutôt apaisée
40:56et puis
40:57vous comparez
40:58avec la France orientale
40:59celle qui est une souffrance
41:00et le tout fait la France
41:01alors c'est le peuple
41:01de la frontière
41:02finalement
41:03le peuple de la frontière
41:04c'est tout ce qui est
41:05au milieu de la France
41:05alors
41:07le peuple de la frontière
41:09est édité
41:10en collection de poche
41:13politique
41:13le X10
41:15c'est ça
41:16la version originale
41:17c'est les éditions de Lucer
41:19je pense qu'on peut encore
41:19trouver la version originale
41:20oui bien sûr
41:21et Gérald Andrieux
41:23vous êtes un témoin
41:25on vous rappellera
41:26à cette antenne
41:27parce que je pense que
41:28sur l'évolution
41:29de notre vie politique
41:30et les perspectives
41:32que nous avons
41:33pas toujours rassurantes
41:34le fait d'avoir lu ce livre
41:35et l'expérience
41:36que vous en avez tiré
41:38vous autorise
41:39à vous exprimer
41:41vous n'avez pas
41:42de vérité politique
41:43je pense pour l'instant
41:44non aucunement
41:45mais vous êtes prêt
41:46à participer au débat national
41:47ça oui
41:47ça c'est clair
41:48oui c'est l'essence même
41:49de mon métier
41:50quand il est
41:51je crois bien fait
41:52vous restez quand même
41:54même s'il y a beaucoup
41:55d'épreuves difficiles
41:55à franchir
41:56vous restez optimiste
41:57sur l'avenir
41:57de ce peuple de la frontière
41:59oui je crois que ce pays
42:00a de la ressource
42:02a des ressorts
42:03et puis je dois le dire
42:04les français que j'ai rencontrés
42:05encore une fois
42:05c'est pas la France France
42:06c'est la France Moisi
42:07c'est une France
42:08qui est très combative
42:09très énergique
42:11qui est une sorte de poésie
42:12du quotidien
42:13il suffit pour ça
42:14d'aller dans un café
42:15et d'échanger avec les gens
42:16vous avez des histoires dures
42:18mais vous vous marrez aussi
42:19il y a un enthousiasme
42:20puis il y a de la solidarité
42:21dans ces endroits là
42:22c'est sans doute la raison
42:23pour laquelle ce pays
42:23malgré tout
42:24tient encore debout
42:25et qu'il y a encore des énergies
42:26et des ferveurs
42:27qui sont là pour
42:28j'allais dire sauver la patrie
42:29parce qu'on en est là
42:30il faut sauver la patrie
42:31merci Gérald Landrieu
42:32d'être venu sur Sud Radio
42:34pour nous témoigner
42:35de ce merveilleux voyage
42:36merveilleux
42:37parce que vous avez traversé
42:38des paysages uniques
42:39et vous avez surtout rencontré
42:41des gens
42:41des femmes et des hommes
42:42qui vous ont clamé
42:43leur ferveur
42:44et leur clameur pour
42:44leur amour de la France
42:45merci à vous Péricault
42:46merci
42:46merci
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