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Chaque soir, Julie Hammett vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.
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00:00Dans l'actualité, je vous le disais, on va revenir sur les mots du chef d'état-major des armées français.
00:05Le général Fabien Mandon devant les maires de France face aux risques de guerre dans les prochaines années.
00:11Il estime que le pays, je cite, doit accepter de perdre ses enfants. On l'écoute.
00:16On a tout le savoir, toute la force économique, démographique pour dissuader le régime de Moscou
00:28d'essayer de tenter sa chance plus loin.
00:31Ce qu'il nous manque, et c'est là que vous avez un rôle majeur, c'est la force d'âme pour accepter de nous faire mal, pour protéger ce que l'on est.
00:43Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu'il faut dire les choses,
00:54de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production de défense, par exemple.
01:04Si on n'est pas prêt à ça, alors on est en risque.
01:08Mais je pense qu'on a la force d'âme.
01:10La France a toujours démontré sa force d'âme dans les moments difficiles.
01:15Et là, on est dans le moment où il faut en parler.
01:18Il faut en parler dans vos communes.
01:19Déjà, il faut rappeler peut-être le contexte.
01:21On est donc au Congrès des maires, il s'exprime devant les maires.
01:24Est-ce que c'est une première que le chef d'état-major des armées françaises s'exprime devant les maires de France ?
01:30Oui, mais parce que là aussi, c'est totalement cohérent avec le discours tenu par le chef d'état-major devant les maires.
01:37C'est que vous voyez bien que la guerre est revenue en Europe et que la menace existe.
01:42Nous avons aujourd'hui, ce qui n'était pas le cas sur les 30 dernières années, depuis la fin de la chute du Moor,
01:46on croyait qu'on n'avait plus d'ennemis. Là, pas de bol, on a quand même une Russie qui a attaqué l'Ukraine
01:50après avoir attaqué la Géorgie, être intervenu, etc.
01:53On a une armée chinoise qui...
01:54Donc, on voit bien qu'on est en train de revenir dans un monde de rapports de force.
01:59Dans un rapport de force, ce qui est d'importance, c'est de dissuader l'ennemi pour éviter la guerre.
02:03Le but du jeu, c'est justement que nos enfants ne se fassent pas tuer.
02:05Pour cela, il faut que nos adversaires soient persuadés qu'on est prêts et qu'on sera prêts à se battre
02:11et qu'on acceptera la bagarre.
02:12Et donc, une des choses qui est importante, c'est que la vie de la société s'organise
02:17parce que les batailles, c'est les armées, mais la guerre, c'est la nation.
02:21Donc, par exemple, si nos armées étaient engagées hors de France, en Europe,
02:26à défendre nos alliés européens parce qu'ils étaient agressés dans les Pays-Bas ou ailleurs,
02:30il y aurait des convois d'hommes, de matériels qui traverseraient la France,
02:35qui arriveraient de nos ports sur la façade atlantique pour aller à l'Est.
02:38Ça demandera des travails sur les ponts, du travail sur les chemins de fer,
02:42du travail sur les aéroports.
02:44Ce ne sont pas les militaires qui vont faire tout ça.
02:45Donc, ce seront les maires là qui seront en première ligne.
02:48Ce sont les maires et les conseils généraux.
02:49C'est ce qu'il y a dans la revue stratégique qui a été annoncée en juillet dernier
02:53et qui est en train de se mettre en œuvre.
02:55C'est l'organisation.
02:57On réapprend ce qu'on faisait il y a 30 ans,
02:59ce qu'on faisait à l'époque de la guerre froide,
03:01où on avait des régiments du train qui travaillaient avec la SNCF,
03:06où on avait des spécialistes de l'armée de l'air qui travaillaient avec les aéroports,
03:10où on avait des gens de ce qu'on appelle le train chez nous,
03:15enfin donc dans les armées qui font la logistique,
03:18qui travaillaient avec la gendarmerie, avec la police,
03:20avec les élus locaux pour faire de la circulation.
03:23Voilà.
03:23En fait, on est en train de réorganiser les hôpitaux.
03:26Le service de santé des armées va travailler avec les hôpitaux à l'arrière,
03:28sur les blessés, sur le sang, etc.
03:30On est en train de remettre en place toutes ces choses
03:33qui avaient été oubliées depuis la chute du mur de Berlin.
03:36Et puis, on se rend compte, par exemple, aujourd'hui,
03:38si on veut envoyer des chars de France en Roumanie,
03:41où on a déployé pour réassurer nos alliés une brigade,
03:46on ne peut plus le faire aujourd'hui autrement que par le train,
03:49parce que les règles entre les pays font qu'on n'a pas le droit
03:52d'avoir des véhicules de plus de 5 tonnes qui passent sur les ponts.
03:55Ça prend 3 semaines.
03:56On n'aura pas 3 semaines en cas de guerre.
03:58Donc, par exemple, on est aussi en train de travailler avec nos alliés
04:01à changer les règles, qui étaient des règles de temps de paix,
04:04pour pouvoir appliquer, au cas où, des règles de temps de guerre et de temps de crise.
04:08Pourquoi ?
04:08Ce n'est pas pour aller se battre contre les Russes,
04:10c'est justement pour éviter de leur dire que,
04:13comme on n'est pas prêts, ils peuvent essayer de nous tester.
04:16C'est ça, l'astuce.
04:17Mais honnêtement, il faut être honnête.
04:20Il faut dire aux Français, là, on a des valeurs.
04:22On a un pays en élimination.
04:24Le coût de la liberté, c'est de dire qu'on est prêt à payer le prix du sang pour rester libre.
04:29Point.
04:29Il faut accepter de perdre nos enfants.
04:31Peut-être qu'on peut relire vraiment ce qu'il dit,
04:33parce que, pardon, les mots ne sont quand même pas anodins.
04:35Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement.
04:38Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque.
04:41Il faut en parler dans vos communes.
04:45Ça fait peur.
04:45On peut rationaliser et dire, mais oui, c'est normal,
04:48il faut se tenir prêt, montrer à la Russie qu'on n'est pas faible, etc.
04:52Mais, Ulysse Gosset, les mots quand même quand on les lit.
04:57Et d'ailleurs, c'est intéressant, il dit,
04:58on n'a pas la force d'âme de l'accepter encore.
05:01Vous mettez le doigt là où ça fait mal.
05:03C'est-à-dire qu'effectivement, les mots sont très forts et ils sont inquiétants.
05:07Et quand les Français les entendent, ils se disent, est-ce que la guerre est pour demain ?
05:11D'abord, c'est la deuxième fois, en trois semaines,
05:14que le chef d'état-major prononce un discours fort.
05:18La première fois, c'était devant les députés,
05:19lorsqu'il a dit, mon objectif, c'est de préparer nos armées
05:23à un choc avec la Russie d'ici trois ou quatre ans.
05:27Donc, c'est l'annonce d'un conflit possible avec la Russie.
05:30Et là, il dit, il faut qu'il y ait une prise de conscience
05:33de la part des maires, bien sûr, mais surtout des Français,
05:38pour leur dire que le monde a changé.
05:39Les règles ne sont plus les mêmes, il y a un changement de paradigme
05:42et on est confronté à une menace de guerre.
05:45Et ce qui est dans tous les états-majors et dans les services de renseignement
05:47très clair aujourd'hui, c'est que Poutine pourrait ne pas s'arrêter à l'Ukraine
05:51et qu'il pourrait, par exemple, s'en prendre aux Pays-Bas.
05:54Et dans ces cas-là, qu'est-ce qu'on fait ?
05:56Est-ce qu'on réagit ou pas ?
05:58Et est-ce que les Français sont prêts à entrer en guerre
06:00avec les alliés de l'OTAN ?
06:02Il parle plutôt là, d'ailleurs, je m'arrête un instant sur ce que vous dites
06:04et ça rejoint aussi vos propos, Didier, il n'est pas en train de parler du risque
06:09d'avoir une guerre sur notre sol, il parle plutôt d'envoyer...
06:11Non, ce n'est pas un appel à la mobilisation générale,
06:13mais c'est un appel à la prise de conscience.
06:15C'est-à-dire que le monde a changé, il faut qu'on comprenne qu'aujourd'hui,
06:18effectivement, ce n'est plus comme les opérations extérieures
06:21comme l'Afghanistan ou le Tchad ou le Mali, c'est en Europe.
06:25Est-ce que vous avez conscience du risque ?
06:28Et il dit, si la nation ne comprend pas qu'il y a ce risque-là,
06:32eh bien, elle se met en danger.
06:33D'où la mobilisation des esprits, si j'ose dire.
06:36Et donc, c'est très important ce discours.
06:38Et en même temps, ce n'est pas non plus l'alerte générale,
06:40ce n'est pas le Toscin qui soigne pour dire mobilisez-vous.
06:44Non.
06:44Ce n'est pas l'alerte générale, mais pardon, quand on dit,
06:46d'ici 3-4 ans, il faut quand même se préparer à ce qu'il y ait un choc
06:49avec la Russie, en l'occurrence, et peut-être même la Chine,
06:52qui reste aussi un rival potentiel dans les prochaines années.
06:57C'est quand même imminent.
06:59Oui, mais c'est ce qu'on explique.
07:00C'est-à-dire que, grosso modo, vous voyez bien
07:02qu'il y a une armée russe qui est en train de mobiliser.
07:06Qui, pour l'instant, évidemment, est consommée,
07:09et en matériel et en homme, dans son engagement en Ukraine,
07:11puisqu'il tue les Ukrainiens, les Ukrainiens les tuent.
07:14Honnêtement, soyons totalement crus.
07:17Parce que les Ukrainiens, eux, ils continuent à perdre des enfants.
07:19Et ils sont en première ligne de l'Europe pour défendre le reste de l'Europe.
07:25Ce que l'on dit, c'est qu'on a 3-4 ans pour faire que Vladimir Poutine
07:29n'essaye pas autre chose.
07:31Et que pour le dissuader, il faut qu'on soit prêts.
07:33Or, la guerre, pour l'éviter, la guerre, c'est un affrontement de volonté.
07:37Si on n'a pas la volonté de résister face à un ennemi qui veut vous soumettre,
07:42vous faire perdre votre liberté, votre indépendance,
07:44il ne se passe ce qui s'est passé en 1939.
07:45On accepte l'occusation et on accepte la collaboration.
07:48Aujourd'hui, on est sur une logique qui est une logique de dire
07:51« Attention, nous prévenons les Français. »
07:53Ça ne veut pas dire qu'on va se battre demain sur le territoire national.
07:55Puisque le territoire national, là aussi, c'est expliqué dans la revue stratégique,
07:59il est protégé, sanctuarisé par le nucléaire et par la dissuasion.
08:04Néanmoins, si demain, la Russie testait nos partenaires européens
08:08avec qui nous avons une monnaie commune, une économie commune,
08:11des valeurs communes, de l'électricité en commun,
08:13vous croyez sincèrement qu'on pourrait se tourner les pouces et attendre que ça se passe ?
08:17Vous croyez sincèrement qu'on pourrait faire l'autruche ?
08:19Ce qu'on peut ajouter, c'est que les Français ne sont pas les seuls à être inquiets.
08:23Les services de renseignement allemands, les services britanniques disent tous la même chose.
08:28C'est-à-dire qu'il y a une guerre annoncée...
08:30Oui, ça c'est un message à Jean-Luc Mélenchon.
08:32Oui, mais c'est une crise de conscience russe.
08:35C'est une crise de conscience qui touche toute l'Europe.
08:38Et dans un contexte où la guerre continue en Ukraine,
08:42le contexte d'aujourd'hui, c'est 1000 morts par jour en Ukraine.
08:44Les forces russes, quand elles tentent de prendre une ville comme Pokrovsk,
08:48qui est sur le point de tomber, c'est 1000 morts par jour.
08:50Donc si vous voulez, c'est la nécessité de dire aux Français,
08:53la guerre est proche de nous, de nos frontières.
08:55Ça ne veut pas dire qu'elle va nous arriver,
08:56ça ne veut pas dire que les chars russes vont débarquer à Paris.
08:58Non, mais soyez bien conscients de ce qui se passe sur notre continent.
09:03Moi, ce que j'observe, avec les deux interventions fortes...
09:08Du chef d'État-major ?
09:08Du chef d'État-major, ce que disait Ulysse à l'instant,
09:11c'est que c'est lui qui s'exprime,
09:12c'est lui qui porte cette parole davantage que les politiques.
09:15Sans doute qu'il est plus audible, plus entendu.
09:19Alors aujourd'hui, il s'expose à la critique de Jean-Luc Mélenchon.
09:20Oui, parce que, pardon, j'allais vous poser la question, Bruno,
09:22mais c'est l'Élysée qui lui a dit
09:23« Va t'exprimer devant les maires pour faire passer le message. »
09:26Ça passerait mieux que c'était nous.
09:27Je ne sais pas si ça se passe comme ça,
09:28mais bon, il y a quand même une hiérarchie au-dessus de lui.
09:31N'oublions pas que le chef d'État-major d'aujourd'hui
09:33était le chef de cabinet particulier du président de la République.
09:36Le chef d'État-major d'avant a dit la même chose
09:39et pensé la même chose.
09:41Et par ailleurs, mais attention,
09:42c'est justement pour ça que c'est eux qui s'expriment,
09:44parce que, évidemment,
09:44sur les réseaux sociaux, tout le monde a dit
09:48« C'est parce que c'est Macron qui leur a demandé. »
09:50Et voilà, etc.
09:51Non, mais pour dire, je les connais assez bien,
09:53les deux chefs d'État-major,
09:54c'est ce qu'ils pensent et c'est ce qu'ils croient.
09:56Ils ne le font pas sur or.
09:57Je ne mets pas du tout en doute ça.
09:59Ce que je veux dire,
10:00c'est que cette parole porte davantage
10:04que si c'était des politiques
10:05qu'il a délibérées.
10:07Mais comme le fait d'aller devant le congrès des maires,
10:09un moment un peu solennel de l'année,
10:12ils sont là, ils sont tous réunis à la porte de Versailles
10:14et ils ont des messages.
10:16Parfois, c'est le président de la République qui y va,
10:18en ce moment, il n'y va pas parce que, bon,
10:20c'est bien qu'il vaut mieux qu'il reste un peu en retrait.
10:22Le Premier ministre ira demain.
10:23Mais le fait qu'il aille devant cette instance,
10:26qui est une instance,
10:27qui est une des rares instances,
10:29j'allais dire, apolitiques presque.
10:31Il n'y a que des politiques dans la salle,
10:32mais il y a un respect entre les dits.
10:35Et là, c'est là que ça porte.
10:37Et je trouve que c'est très nouveau.
10:38Et ça ajoute de la gravité aux messages.
10:40À la situation.
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