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  • il y a 1 semaine
Laurent Guillot, directeur général d'Emeis, était l'invité de Laure Closier dans Good Morning Business, ce mercredi 5 novembre. Ils sont revenus sur le bilan de redressement du groupe Emeis trois ans après le texte le livre "Les Fossoyeurs" qui a fait vaciller l'entreprise, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:0045 sur BFM Business et sur AMC Live.
00:02Notre invité ce matin c'est Laurent Hilleau.
00:03Bonjour, vous êtes le directeur général d'Emeis, l'ancienne Orpea.
00:06On va regarder ensemble comment se porte le groupe.
00:08Trois ans après le livre qui a fait vaciller l'entreprise.
00:11Vous avez annoncé récemment, au début du mois,
00:15c'était votre réseau de résidences seniors indépendantes pour 159 millions d'euros.
00:19Ça fait partie de la stratégie de désendettement.
00:21On voit que le taux d'occupation remonte dans vos établissements.
00:24Aujourd'hui, comment vous diriez que se porte le groupe ?
00:27Bonjour, le groupe se porte mieux.
00:30Le bilan, vous l'avez dit, a été renforcé.
00:31Alors il y a eu la dernière opération en date qu'on a annoncée début de semaine
00:35qui est cette cession des résidences seniors pour 16-159 millions d'euros.
00:40Mais avant ça, on a fait pour, depuis deux ans et demi,
00:43on a fait pour 2,1 milliards d'euros de cessions immobilières
00:50et puis un tout petit peu des cessions d'opérations
00:52qui ont permis de considérablement renforcer le bilan du groupe.
00:56Ça c'est sur la partie bilancielle qui était importante
00:58et qu'il faut continuer à travailler.
00:59Et puis aussi, on a commencé le redressement opérationnel
01:03avec, vous l'avez dit, des taux d'occupation,
01:05notamment en France qui remontent,
01:07mais dans l'Europe entière qui remontent,
01:09des prix qui montent aussi
01:11et donc du coup, des résultats opérationnels qui progressent.
01:16On s'est engagé cette année à avoir une progression
01:19de notre EBITDA entre 15 et 18%
01:20et on a confirmé notre objectif pour l'année.
01:23Vous diriez que c'est quoi le modèle du groupe demain ?
01:26C'est ne plus du tout posséder les murs ?
01:28C'est un modèle un peu comme Accor où on a le fonds de commerce
01:31et les murs appartiennent à des foncières ?
01:33Alors, ce n'est pas complètement ce modèle-là.
01:37Nous avions historiquement, et quand j'ai pris le groupe en 2022,
01:41nous avions 40-42% de nos murs.
01:45L'objectif, c'est de redescendre plutôt à un objectif
01:47de 20-25% de détention des murs.
01:50On a besoin de garder une partie des murs aussi.
01:54L'interaction entre les opérations
01:57et la qualité du foncier est très importante.
02:01Je pense que c'est comme un hôtel.
02:02Et donc du coup, on veut garder notre compétence
02:04pour construire des établissements.
02:06Mais après, on peut les rendre.
02:07Votre métier, ce n'est pas l'immobilier ?
02:08Notre métier, ce n'est pas l'immobilier.
02:09Notre métier, c'est le soin.
02:11Néanmoins, l'efficacité de notre métier du soin
02:14dépend aussi de l'organisation du travail
02:16à l'intérieur d'un bâtiment.
02:18Et donc, avoir cette capacité d'optimiser le bâtiment
02:21pour faire le meilleur soin possible
02:22est vraiment très important pour nous.
02:24Et par ailleurs, vous savez,
02:26on est là pour que les gens soient chez eux.
02:29Et chez eux, il faut que le chez eux soit agréable.
02:31Et donc, il faut qu'on se conçoive les meilleurs chez eux,
02:34chez nos résidents possibles.
02:36Alors, je le disais, le taux d'occupation remonte.
02:38Donc ça, c'est évidemment une bonne nouvelle.
02:39Quelles sont les discussions que vous avez encore aujourd'hui,
02:41trois ans après le livre Les Fossoyeurs,
02:43avec les clients ?
02:44Comment ils parlent de cette affaire ?
02:47Est-ce que c'est derrière vous ?
02:48Est-ce que vous avez toujours encore à vous justifier ?
02:50Non, non.
02:50Je pense que maintenant, c'est derrière nous.
02:52On a beaucoup de choses qui ont été faites,
02:54à la fois pour nos équipes,
02:56parce que c'est important de prendre soin des personnes qui prennent soin.
02:59Pour nos patients et nos résidents,
03:01on a considérablement à renforcer les contrôles en termes de qualité.
03:06On a changé le nom de l'entreprise.
03:08Et donc, de passer au nom EMEIS,
03:10ça a été aussi une étape importante,
03:11à la fois pour nos équipes et puis pour nos résidents.
03:15Aujourd'hui, tout ça, c'est derrière nous.
03:16Le secteur se consolide.
03:18Le marché, évidemment, explose avec les besoins du grand âge,
03:21les besoins en dépendance.
03:22Mais on voit aussi qu'il y a des groupes qui sont en difficulté,
03:25qui sont à racheter, qui changent de pavillon.
03:28Vous, c'est quoi votre vision à cinq ans ?
03:30Vous allez continuer de céder des murs,
03:32mais est-ce que vous allez racheter des acteurs ?
03:34Comment vous voyez un peu votre positionnement ?
03:36Alors, pour l'instant, on va se concentrer sur les quelques années qui viennent,
03:40sur le redressement opérationnel du groupe.
03:41On n'est pas encore là où je voudrais être.
03:44On n'est pas là où je voudrais être en termes de prendre soin des équipes.
03:48Vous savez que le secteur est un des secteurs les plus accidentogènes de l'économie,
03:51le plus accidentogène de l'économie.
03:53Donc, les taux de fréquence d'accident sont énormes.
03:55Sur les salariés ?
03:56Sur les salariés, eux-mêmes.
03:58Alors qu'ils prennent soin des autres.
03:59Ce n'est pas normal.
04:00Donc, on doit encore travailler sur la qualité de vie au travail de nos équipes
04:04pour les retenir.
04:05Parce que le grand enjeu de 2030, c'est évidemment la croissance des besoins,
04:09mais en face, avoir les personnes pour prendre soin de nos aînés,
04:15pour prendre soin aussi...
04:16Il faut être bien payé aussi.
04:18C'est ça au cœur du sujet.
04:20Tout à fait.
04:21On y travaille.
04:22Vous savez que depuis trois ans, on a mis en place des modes de rémunération
04:26qui sont un peu plus attractifs,
04:28qui en même temps permettent de retenir.
04:30Donc, on a mis en place un 13e mois, ce qui n'existait pas avant.
04:32Et on le fait ça dans de négociations collectives avec les équipes.
04:37Et ça fonctionne ?
04:37Et ça fonctionne.
04:38Alors évidemment, c'est une négociation avec des représentants du personnel,
04:41donc on n'est pas toujours d'accord.
04:42C'est normal.
04:43Mais on a un dialogue de qualité qui permet de travailler
04:46toute l'amélioration de la qualité de vie au travail.
04:50Après, on doit continuer à améliorer la qualité du service
04:54qu'on rend à nos patients et à nos résidents.
04:57On a besoin de continuer à le structurer,
04:58à digitaliser beaucoup plus
05:00pour pouvoir réduire la part du temps de travail de nos soignants
05:05qui est consacré à faire du reporting.
05:07Ce reporting est obligatoire.
05:08Il est indispensable parce que vous voulez savoir
05:11ce qui se passe dans nos maisons et c'est totalement légitime.
05:13Les pouvoirs publics veulent savoir ce qui se passe dans nos établissements
05:16et c'est totalement légitime.
05:17Mais il faut décharger nos soignants de ce travail.
05:19Et là, il y a l'Ire.
05:20Vous allez pouvoir faire des comptes rendus.
05:22Exactement.
05:23Vous l'utilisez.
05:23C'est ce sur quoi on travaille.
05:25C'est très peu développé dans le secteur pour le moment.
05:27Mais on est en train de faire des tests en certaines maisons
05:30où avec la voie, on peut faire immédiatement le compte rendu
05:33sans avoir à retourner dans son bureau pour prendre à la main.
05:37Alors c'est très préliminaire pour l'instant,
05:38mais je pense que dans les cinq ans,
05:40ça va être une grande voie pour améliorer à la fois
05:42la qualité de vie de nos soignants,
05:44mais aussi le reporting qu'on peut avoir
05:46et la qualité de suivi.
05:47Et puis, il faut qu'on continue à améliorer
05:49notre taux d'occupation, nos prix,
05:51à travailler sur nos coûts
05:53pour améliorer la profitabilité de l'entreprise.
05:56On est en plein débat budgétaire.
05:58Alors on parle de la réforme des retraites,
06:00mais on ne parle pas du financement du grand âge,
06:02de la dépendance.
06:02C'est même pas un sujet que j'ai entendu dernièrement.
06:05On a une sorte en France de déni démographique
06:08sur la vague qui va nous arriver.
06:09Comment vous voyez ça ?
06:11Tout à fait.
06:11Moi, je la compare au déni écologique
06:14qu'on avait sur le changement climatique
06:16il y a quelques années.
06:17On est dans la même situation
06:18où on ferme les yeux
06:20alors que le problème, il est demain.
06:22Et là, j'allais dire, il n'y a pas de débat scientifique,
06:25même si pour moi, il n'y a pas de débat scientifique
06:26sur le changement climatique non plus.
06:28Il n'y a pas de débat scientifique sur la démographie
06:29parce que la démographie, elle est là, elle existe
06:32et on sait qu'on a 300 000 personnes dépendantes
06:36qui vont arriver en plus d'ici 5 ans
06:38et qu'il va falloir trouver une solution.
06:39Les solutions sont multiples.
06:41Elles passent par du maintien à domicile
06:43qu'il faut renforcer,
06:44mais ils passent aussi par les maisons de retraite
06:48où il faut qu'on continue à investir.
06:50Votre titre en bourse,
06:51il a repris 124% depuis le début du mois de janvier.
06:54Alors si on dézoome, évidemment,
06:55l'histoire est bien plus compliquée que ça.
06:57Vous avez toujours votre place en bourse
06:59et vous pensez qu'il faut y rester,
07:01que vous pouvez faire grandir le titre
07:03et retrouver des financements par ce biais ?
07:05Tout à fait.
07:06Je crois que c'est très très important
07:07même d'avoir un équilibre.
07:09On a des actionnaires de long terme
07:10qui sont venus nous soutenir
07:12au moment de la restructuration financière
07:14en 2022-2023.
07:16Ils ont le contrôle du conseil d'administration,
07:18ils nous soutiennent tous les jours
07:20et en même temps,
07:22la cotation en bourse est un vecteur d'efficacité,
07:25de contrôle de notre action
07:27et du fait qu'on ait à rendre compte
07:29beaucoup plus souvent.
07:30Moi, je suis totalement favorable
07:32à la transparence complète
07:34sur tous les indicateurs,
07:36à la fois les indicateurs de soins,
07:37les indicateurs RH
07:38et puis les indicateurs financiers.
07:41Et pour ça,
07:42la bourse est un bon vecteur.
07:43On n'a pas la même transparence
07:45sur les acteurs publics ou associatifs.
07:47Vous avez au coin de votre tête
07:48un petit objectif de cours de bourse
07:49qui vous dit que vous serez arrivé
07:50au redressement du groupe ou pas ?
07:52Je n'ai pas d'objectif en tête
07:53mais je sais qu'il y a un potentiel
07:55d'amélioration très énorme
07:56dans cette entreprise.
07:57Merci beaucoup Laurent Guillot
07:58d'être venu ce matin
07:59dans la matinale de l'économie.

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