00:017h43 sur BFM Business et sur AMC Découverte. Notre invité ce matin c'est Thomas Reynaud.
00:04Bonjour, vous êtes le directeur général d'Iliade. On va parler guerre des prix, on va parler avenir,
00:09des CFR consolidation du secteur et aussi déploiement de l'IA.
00:13Vous avez dévoilé fin août vos résultats pour le premier semestre 2025.
00:17Des résultats plutôt positifs avec un bénéfice net semestriel qui a quasiment triplé sur un an.
00:23Une amélioration de la rentabilité, de la structure financière et du niveau des liquidités.
00:27La barre des 50 millions d'abonnés elle est franchie sur le plan européen mais en France ça stagne.
00:34Donc là on se dit qu'il y a une solution, c'est SFR et ça va être notre sujet en partie ce matin.
00:39Est-ce que c'est là où désormais est pour vous le relais d'abonnés dans une reprise des CFR ?
00:46Vous avez notre modèle de croissance et c'est le cas depuis plus de 20 ans.
00:50C'est avant tout l'innovation, c'est l'investissement, c'est la prochaine génération de Freebox.
00:56Vous l'avez cité, nos investissements dans l'intelligence artificielle.
00:59C'est ça avant tout notre modèle de croissance.
01:02Maintenant si à travers la consolidation, le passage de 4 à 3 opérateurs Free a la possibilité de faire grandir son modèle auprès d'un plus grand nombre de Français,
01:11on n'hésitera pas à regarder le sujet.
01:14Vous en avez déjà pris un certain nombre des abonnés des CFR.
01:17Qu'est-ce qu'il reste à prendre ?
01:18La pépite c'est quoi ?
01:19C'est SFR vers les entreprises ?
01:22C'est là où il y a la pépite à prendre ?
01:24Vous savez, les discussions sont à un stade très préliminaire et je tiens à insister sur ce point.
01:30Il se trouve qu'un de nos concurrents s'est retrouvé à la barre du tribunal de commerce pour restructurer sa dette cet été
01:37et ça a déclenché des discussions, mais avant tout sur des aspects industriels, comment assurer la continuité de service, le partage des infrastructures.
01:46On est à un stade très préliminaire sur les préoccupations avant tout industrielles et il est beaucoup trop tôt pour affirmer qu'on passera de 4 à 3 opérateurs.
01:56Et j'insiste, ce qui nous importe, nous, chez Free, avant tout, après mon passage dans votre studio, je rejoins nos bureaux, on va parler avant tout.
02:06C'est ça, la prochaine génération de la Freebox, de ce que l'on va faire sur nos data centers, comment on va pouvoir sortir de cette dépendance vis-à-vis des géants de la tech européenne et des chinois.
02:14Mais on dirait que ce n'est pas important le cas SFR, mais c'est structurel quand même pour le marché, ce passage de 4 à 3.
02:20On en parle depuis des années, l'Arcom n'était pas favorable. Aujourd'hui, il semble que tous les voyants sont ouverts quand même.
02:27Structurel, oui, mais ce que je veux dire, ce n'est pas au cœur du quotidien du groupe Free, du groupe Iliade.
02:31On est désormais le cinquième opérateur télécom en Europe, on est présent dans huit pays, ça n'occupe pas tout notre espace mental.
02:37Vous n'avez pas de discussion avec Bouygues pour dire, toi tu vas prendre telle boutique, moi je vais reprendre SFR Business ?
02:43Nous avons eu des discussions avant l'été, pendant l'été, peut-être qu'elles reprendront, mais j'insiste, c'est encore à un stade très préliminaire.
02:52Vous n'avez pas déposé d'offres en fait, c'est ça que vous êtes en train de nous dire.
02:56Du coup quand même, je reviens sur le plan structurel, c'est important toujours de passer à 3 opérateurs, le marché n'est pas assez gros pour 4, on en est toujours là ?
03:04Ce que l'on constate, et ça peut paraître un peu paradoxal, c'est vrai que le marché des télécoms en France est devenu mature, même quasiment saturé,
03:10et quelque part c'est une bonne nouvelle, c'est-à-dire que les opérateurs télécoms, les 4 opérateurs télécoms, ont bien fait leur job en termes de déploiement de la fibre optique,
03:18en termes de déploiement de la 5G. Dans ce contexte-là, on tire bien notre épingle du jeu, nous avons gagné énormément de parts de marché sur les 3 dernières années,
03:25grâce à des choix très forts, qui nous distinguent de la part de nos concurrents, en termes d'innovation, je l'ai dit, en termes d'investissement,
03:33et aussi en termes de stabilité des prix. On a pris, on a fait une promesse aux Français, et vous savez que pour les Français,
03:41leur sujet numéro 1 c'est le pouvoir d'achat, de ne pas toucher au prix, au tarif de nos forfaits mobiles, jusqu'en 2027.
03:47Et vous évoquiez la progression de nos résultats, la progression de ces résultats, c'est avant tout la stabilité de nos prix.
03:54Stabilité à la hausse, mais stabilité à la baisse, parce qu'il y a aussi cette guerre des prix,
03:58SFR justement pour réussir à recapter des abonnés, avait rebaissé les prix en début d'année,
04:03il y a une box qui sort sur Bouygues sans télévision, qui est moins chère,
04:07est-ce qu'on va retourner sur une guerre des prix, non pas à la hausse, mais à la baisse ?
04:12J'ai envie de vous dire, c'est la beauté de la concurrence, et tant mieux pour les Français.
04:17Après je pense que les Français ne sont pas dupes, ils savent que derrière des promotions très agressives,
04:22de la part de nos concurrents, très rapidement, 6 mois après ou 12 mois après,
04:25vous avez des augmentations de prix cachées et massives.
04:28Et c'est là où on a décidé de prendre le contre-pied de nos concurrents,
04:31en faisant cette promesse de ne pas toucher à nos prix.
04:35Depuis 2012, notre forfait 2 euros et 19,99 euros n'a cessé de s'enrichir,
04:39et nous n'avons pas eu un centime d'augmentation.
04:43Pas un centime d'augmentation.
04:45Sur le développement de l'ensemble du réseau, vous avez eu des revers,
04:51notamment en Italie, où là vous vouliez vous implanter,
04:53racheter Télécom Italia, devenir son actionnaire, ça ne s'est pas fait.
04:57Est-ce que vous avez senti, on l'a raconté sur BFM Business,
04:59à plusieurs moments, une hostilité des Français en Italie,
05:03avec une Georgia Meloni qui s'oppose à des deals dans différents secteurs ?
05:07La réponse est non. Aujourd'hui, la marque Ilia d'Italia,
05:11c'est la marque sous laquelle on opère en Italie,
05:13la marque préférée des Italiens,
05:15et on a aujourd'hui presque 13 millions d'Italiens
05:18qui utilisent chaque jour notre réseau en Italie.
05:22On a tenté un rapprochement avec Télécom Italia,
05:27les discussions n'ont pas abouti,
05:29et elles sont désormais définitivement fermées,
05:32et on poursuit notre modèle de développement en Italie,
05:36où on a une part de marché importante,
05:38où nous sommes en train de déployer une stratégie,
05:42là aussi autour de la figure politique.
05:43Mais vous parlez des Italiens, moi je vous parle du gouvernement italien.
05:46Non, on a eu des discussions avec Télécom Italia,
05:48mais je ne vois pas d'hostilité de la part du gouvernement italien
05:51vis-à-vis des intérêts économiques français.
05:55Ce sont des alliés.
05:57En termes de technologie, il y a plusieurs sujets.
05:59Et l'intelligence artificielle, vous continuez d'investir,
06:02vous voulez avoir une gigafactory en Europe
06:05pour entraîner des modèles d'IA.
06:07C'en est où en termes de développement ?
06:09Il y a des enjeux de financement européen très forts.
06:12Est-ce que vous pouvez y aller seul ?
06:13Est-ce qu'il faut s'associer à d'autres acteurs ?
06:15Nous, on a la conviction que les télécoms,
06:17ce n'est pas uniquement une question de connectivité,
06:18mais comme vous l'avez souligné,
06:20c'est aussi une question de souveraineté,
06:21de plus en plus d'hébergement de données,
06:23d'utilisation intelligente de ces données.
06:25Et notre continent a impérativement besoin
06:27d'une puissance de calcul.
06:29On ne peut pas se permettre d'être dans une dépendance permanente
06:32vis-à-vis des États-Unis, vis-à-vis de la Chine.
06:34Ça ne veut pas dire qu'on va basculer
06:35dans une forme d'autarcie technologique,
06:37mais on doit interroger nos dépendances
06:39et on doit être présent.
06:40Cette conviction, le groupe Iliade,
06:42l'a depuis un certain nombre d'années.
06:44Elle est avant tout portée par Xavier Niel
06:45et on voit que la géopolitique récente
06:47renforce cette conviction.
06:49Donc, on a répondu à un appel à la candidature
06:51de la Commission européenne
06:52pour opérer ce qu'on appelle une gigafactory,
06:55une puissance de calcul très importante
06:58que l'on souhaite implanter en France.
07:00Pourquoi en France ?
07:01Un, parce que Free, le groupe Iliade,
07:02a des racines françaises
07:03et parce qu'on a la chance aussi
07:04d'avoir une électricité qui soit décarbonée.
07:07Ce sont des investissements qui sont colossaux.
07:10Sur les infrastructures dédiées
07:11à l'intelligence artificielle,
07:12au-delà de cette gigafactory,
07:14on va y consacrer 3 milliards d'euros
07:16dans les prochaines années.
07:17On a sécurisé ces financements
07:18et c'est le moment d'accélérer.
07:20Mais alors là, vous cherchez des partenaires partout
07:23parce que 3 milliards d'euros, c'est super,
07:24mais ce n'est pas assez pour le projet en question.
07:28C'est ouvert à tout le monde ?
07:29Oui, on souhaite créer un consortium
07:31autour de ce projet spécifique.
07:33On a plusieurs projets.
07:34On a les logiciels avec le cloud,
07:36on a notre plateforme de data center
07:38où on souhaite devenir la première plateforme
07:40de data center européenne
07:41et on a ce projet spécifique industriel,
07:43gigafactory, et qui est très important.
07:45Et je vais vous dire pourquoi
07:45et pourquoi ça passe par la Commission européenne.
07:47On ne demande pas des subventions.
07:48Ce que l'on veut avant tout, c'est la commande publique.
07:51Et les Américains, les Chinois,
07:54ont été très bons pour instrumentaliser
07:56leur commande publique.
07:57Le succès incroyable de SpaceX
07:59qui est en train de révolutionner
08:00l'industrie aérospatiale,
08:02c'est avant tout de la commande publique,
08:04de la NASA pour faire émerger un acteur.
08:07Et ce qu'on demande à la Commission européenne,
08:08c'est mettez-nous le pied à l'étrier,
08:11sécuriser de la commande publique
08:12sur de la puissance de calcul,
08:14ça va devenir essentiel dans les années à venir.
08:16Et nous, on va créer un consortium
08:19avec des acteurs français,
08:20éventuellement aussi avec des acteurs européens,
08:22pour créer une gigafactory
08:23sur le territoire en France.
08:25On a parlé des CFR,
08:26on a parlé de Bouygues,
08:27bien sûr, Orange,
08:28les concurrents officiels.
08:29Mais est-ce qu'aujourd'hui,
08:30le concurrent,
08:30ce n'est pas directement Elon Musk et Starlink ?
08:32Aujourd'hui,
08:33quand vous ne pouvez pas mettre la fibre chez vous,
08:34vous prenez un abonnement Starlink
08:36qui vous envoie le matériel
08:37et c'est facile.
08:38Elon Musk,
08:39Xavier Niel,
08:40on ne peut pas dire que ça soit le grand amour.
08:41Il y a des clashes récurrents.
08:43Est-ce que l'ennemi,
08:43aujourd'hui,
08:44le concurrent,
08:46on n'a pas d'ennemi.
08:49La fibre optique,
08:50aujourd'hui,
08:51la fibre optique de Free,
08:52elle est disponible
08:52pour près de plus de 90%
08:54des foyers français.
08:56C'est la réalité.
08:57Il peut exister
08:58des technologies de complémentarité
09:00dans des zones très rurales,
09:01dans des zones montagneuses.
09:06Et le satellite peut être une réponse.
09:08Mais le satellite Elon Musk,
09:10mais le satellite aussi de Telsat.
09:13Donc pour vous,
09:13c'est complémentaire en fait ?
09:14Ça peut être complémentaire
09:16dans un certain nombre
09:17de cas spécifiques.
09:18Le satellite,
09:19par exemple,
09:19à Paris,
09:20à Marseille,
09:21à Besançon,
09:22ça n'a pas de sens.
09:22Vous êtes fibré là.
09:23Oui, mais là, c'est fibré.
09:23Ça n'a pas de sens.
09:25Question technique
09:26sur l'avenir de la carte SIM.
09:27Apple a annoncé
09:28que le prochain iPhone
09:30n'aurait pas de carte SIM.
09:31Est-ce que c'est terminé,
09:32la carte SIM ?
09:33Désormais,
09:33c'est une technologie has been ?
09:35Dans un certain nombre de pays,
09:36dans des pays
09:36où on opère,
09:38la carte SIM,
09:39l'objet physique,
09:40la carte SIM,
09:41n'existe plus.
09:43C'est une évolution technologique.
09:44Est-ce que ça va venir
09:44totalement révolutionner
09:45le secteur des télécoms ?
09:47Je ne pense pas.
09:48C'est quoi les télécoms ?
09:48Mais ça va être un objet
09:49de déco, quoi.
09:50Quelque part,
09:51vintage,
09:52comme la Minitel.
09:53C'est ça,
09:53l'avenir de la carte SIM.
09:55Merci beaucoup,
09:55Thomas Rénaud,
09:56d'être venu ce matin
09:56dans la matinale de l'économie.