00:00Il est 9h30 là-bas à New York et notre Dream Team est en place.
00:05John Plassard pour Cité Gestion, bonjour John, ravi de vous retrouver.
00:08Bonjour Guillaume.
00:09Et Antoine Larigauderie en fil rouge, re-bonjour Antoine.
00:12Re-bonjour messieurs.
00:12C'était bien ce matin encore à 11h midi, tout pour investir et en podcast et replay.
00:17Antoine, Wall Street vient à son tour d'ouvrir, comment ça se passe ?
00:20Sans surprise, c'est une baisse marquée aussi pour un Nasdaq qui perd 1,6%, 23 465 points.
00:28Le Dow Jones, moins 0,71% à 47 010 points, moins 1,12% pour le S&P 500 à 6 775.
00:37L'indicateur marquant, c'est l'indice VIX qui a nettement repris de la hauteur.
00:41On était au-delà des 20 points ce matin.
00:43Là, on descend du côté des 19.
00:45Les choses se calment un petit peu, tout comme pour le CAC 40.
00:48On se souvient, ce matin, on perdait quasiment 1,8, 1,9%.
00:51Là, on ne perd plus que 0,9%.
00:53On est remonté légèrement au-delà des 8 038 points.
00:57Mais on sent une vraie crispation autour des marchés, autour de la valorisation de l'intelligence artificielle en bourse.
01:05Et tout cela donne du grain à moudre aux investisseurs qui prennent beaucoup de bénéfices sur pas mal de secteurs.
01:10A noter l'euro-dollar aussi qui a décroché d'un 15.
01:13On est à 1,1481.
01:14C'est peut-être aussi un des faits marquants de la journée.
01:16Effectivement, c'est la première fois depuis juillet que l'euro repasse sous le dollar 15.
01:20Tout à l'heure, on est passé dessous.
01:21John, on vous retrouve.
01:22Alors, c'est la tech, une nouvelle fois qui fait la tendance.
01:24Mais cette fois, à la baisse, il y a des vrais doutes sur les valorisations.
01:26On peut peut-être démarrer par l'actu immédiate.
01:28Palantir a publié ses résultats.
01:30Juste après la publication, après bourse à Wall Street, on attendait un titre en hausse.
01:34Le titre réagissait à la hausse.
01:36Et là, on le voit finalement reculer à l'instant à l'ouverture de Wall Street de moins 8%.
01:40Comment analysez-vous la réaction des marchés américains ?
01:44Oui, c'est fou.
01:45Vous l'avez dit immédiatement après la publication des résultats.
01:48On était même en hausse de plus de 4%.
01:49Les résultats sont absolument extraordinaires.
01:52La société a relevé ses objectifs annuels pour la troisième fois consécutive.
01:58Et si on regarde le bénéfice net, il est à 475 millions d'euros contre 143 il y a un an.
02:07Vous avez un résultat opérationnel qui a été multiplié par 2.
02:11Donc, tout est extraordinaire dans les chiffres.
02:15Mais ce n'est pas assez.
02:16Ce n'est pas assez pour l'investisseur.
02:18Ce n'est pas assez pour l'investisseur parce que la valorisation de Palantir est jugée absolument excessive.
02:25Le titre a progressé depuis le début de l'année de près de 150%.
02:29Et aussi, on a, si vous regardez en termes techniques, le price to sales ratio, il est à un record de 85.
02:40C'est le plus haut du S&P 500.
02:42Donc, évidemment, les investisseurs estiment que ça a été trop vite, trop haut.
02:46La valorisation n'est pas celle qu'elle devrait être.
02:50Et en plus, ce qui a un peu déçu les investisseurs, c'est que Palantir, on l'a dit, a parlé de cette année, mais n'a pas été assez clair pour 2026.
03:01Donc, ça aussi, ça a refroidi les investisseurs.
03:05Et puis, on dira qu'en termes de croissance, c'est surtout aux États-Unis, plus 121% sur la gamme commerciale, plus qu'en Europe où ça fonctionne.
03:17Donc, évidemment, on fait la fine bouche.
03:19Évidemment, on a une prise de bénéfices qu'on appellera plus technique qu'autre chose après un rallye totalement ininterrompu depuis janvier dernier.
03:30C'est vrai. Et il fallait bien qu'à un moment, la pause arrive sur une publication malgré tout étincelante.
03:35Antoine, on est à moins 7%, donc Palantir en ce moment à Wall Street.
03:38Effectivement, on en parlait dans Tout pour investir ce matin.
03:41Il n'y a pas de doute sur la capacité pour les hyperscalers de faire des bénéfices.
03:46NVIDIA, c'est du sonnant trébuchant.
03:49Microsoft également. Google, même chose.
03:51Le seul problème, c'est qu'à ce niveau de valorisation, le moindre faux pas, déjà, il est sanctionné x100.
03:58De plus, il y a l'éléphant dans la pièce.
04:00C'est que tout tourne autour d'OpenAI.
04:02Et OpenAI ne fait quasiment pas de bénéfices et continue à brûler du cash sur des grandeurs absolument hors normes.
04:11Ils auraient besoin, pour financer tous leurs investissements, tous leurs développements, ils auraient besoin de 1400 milliards de dollars.
04:17Bien sûr. Et que tout ça, ça se fait avec de la dette, on a encore eu des émissions de dette absolument monumentales hier.
04:25Et que voilà, cet écosystème pose question au moment.
04:28Parce qu'encore une fois, il y a un éléphant dans la pièce.
04:30Et l'éléphant dans la pièce, il ne fait pas de bénéfice.
04:33Il a un modèle très particulier d'alliance, d'accord, etc.
04:36Avec tout ça, très difficilement quantifiable.
04:38Et alors, vient souffler sur les braises un autre éléphant dans la pièce.
04:41Il s'appelle Michael Burry.
04:43Et lui aussi, John, explique sans doute, peut-être c'est un humain, c'est un être humain comme vous, comme moi, comme Antoine.
04:50Un être humain comme chacun de nous, mais qui à lui seul aussi explique une grande partie de la tendance du jour sur le marché américain, John.
04:56Oui, tout à fait. On rappelle Michael Burry, c'est le héros du film, le Big Short, qui aurait prédit ou qui a prédit la baisse, qui avait parié sur la baisse des subprimes en 2008.
05:10Film qu'on conseille, qui avait été joué par Christian Bale, un jeu d'acteur absolument extraordinaire.
05:17Il revient après deux ans d'absence sur Twitter, il revient, Michael Burry, et il dit une chose, c'est qu'il craint que nous soyons proches d'une bulle qui va bientôt, évidemment, éclater.
05:30Il raconte qu'il est short sur deux valeurs, surtout, c'est ses grosses positions short, donc vendeuses.
05:36Et ses deux grosses positions, c'est quoi ? C'est Palantir et NVIDIA.
05:41Et Palantir perd 8% aujourd'hui. Mais d'un autre côté, il profite aussi du rallye technologique parce qu'il est très investi en Chine.
05:53Il est sur les grandes et les géants chinois que sont Alibaba, JD.com et aussi Baidu.
06:00Et donc, il est dans une espèce de sélection où il dit qu'il y a une bulle dans l'intelligence artificielle, mais qu'il faudrait plutôt être en Chine.
06:09Et ça, c'est un message qui est écouté parce qu'il ne parle pas souvent.
06:13Et ce qu'il faut aussi rappeler, parce que c'est aussi important de le noter, ce n'est pas un oracle, puisqu'il a souvent eu tort depuis 2008.
06:22Mais on l'écoute quand même, surtout lorsqu'il a des messages aussi alarmistes.
06:26Oui, ça faisait deux ans qu'il n'était plus apparu sur les réseaux sociaux.
06:29C'est l'un des rares ayant prévu la crise des subprimes avant l'heure quand même, même si depuis, il s'est régulièrement trompé.
06:35Et le voilà short, mais alors big short en l'occurrence, très short, puissamment vendeur sur NVIDIA et sur Palantir aujourd'hui, Antoine.
06:42Alors, on le rappelle, de mémoire, je ne pense pas que ce soit la première fois qu'il soit short de manière extrêmement importante autour d'NVIDIA.
06:50Il faut rappeler aussi que depuis le fameux big short qui a fait sa fortune aussi, il n'a pas arrêté de se planter, ce garçon.
06:58Il n'a pas arrêté de faire des paris qui ont été mais complètement ramassés par le marché.
07:02Il a dû quasiment liquider son fonds et là, les positions ont quand même de quoi étonner parce qu'il est au-dessus du milliard d'euros de dollars de position de vente à découvert autour d'NVIDIA et autour de Palantir.
07:16Ça représente 80% du portefeuille de son fonds, Sayon.
07:21Juste les deux positions vendeuses, 80% de son fonds.
07:23Juste ces deux positions vendeuses.
07:25Alors, John l'a dit, il est exposé aussi sur le marché chinois et c'est un long short assez étonnant et c'est peut-être le pari du moment.
07:32Mais pour l'instant, on n'est pas tout à fait sûr que ces positions soient encore actives.
07:37Il s'agit de positions qui ont été publiées mais qui peuvent avoir été éteintes parce qu'il y a un délai de 45 jours.
07:43C'est ce que précisent les observateurs.
07:45Enfin, voilà, s'il est sur un big short, là, ce serait the big short, le film, mais fois 1000, fois 10 000.
07:52C'est quelque chose de délirant.
07:54Et ce serait en vrai, là, en l'occurrence.
07:55Wall Street a ouvert, donc, il y a maintenant 7 minutes.
07:58Il est 9h37 à New York.
07:59Le Nasdaq perd 1,6%.
08:01Nvidia, Palantir en repli avec tout ce qu'on vient d'expliquer.
08:04Le S&P 500 aussi perd 1,2%.
08:06Mais est-ce que tout cela montre une forme d'IA fatigue ?
08:08Est-ce que les Américains, finalement, John, commencent à ressentir une fatigue vis-à-vis de l'intelligence artificielle ?
08:14On a l'impression, alors moi, j'appelle plutôt ça une consolidation.
08:17Parce qu'on a une certaine euphorie qui est en train de s'essouffler.
08:20On l'a vu, avec les résultats très bons de Palantir.
08:23Les résultats de Google, la semaine passée, qui étaient très bons.
08:26On a eu une opération, hier, absolument folle entre OpenAI et Amazon.
08:30Et Amazon a monté de juste, entre guillemets, 4%.
08:34Alors que, par le passé, elle aurait pris plus de 10, 15, 20%.
08:38Et on a l'impression, ici, que les dernières informations, qui sont très importantes, ne provoquent pas de rallye boursière.
08:46Alors, on a aussi l'impression que les investisseurs mondiaux, mais surtout américains,
08:51cherchent désormais à avoir des signaux tangibles sur la rentabilité plutôt que sur des promesses de croissance.
08:59Et on y revient.
09:00À un moment ou à un autre, il faudra délivrer.
09:02À un moment ou à un autre, il faudra que les investissements dans l'intelligence artificielle, eh bien, rapportent de l'argent aux entreprises.
09:11Alors, évidemment, on n'est pas en train de dire que c'est une bulle qui est en train d'éclater.
09:15On n'est pas en train de dire qu'on a vu le meilleur derrière nous.
09:20Mais, effectivement, si vous êtes une entreprise dans l'intelligence artificielle, aujourd'hui, et que vous donnez des bonnes marges,
09:29vous dites que vous faites de la génération de cash et que vous avez de la soutenabilité dans votre modèle économique,
09:35eh bien, c'est ce qui va faire monter votre titre.
09:37Mais c'est très compliqué parce qu'on le sait, les investisseurs, et surtout les entreprises, parlent de 2026, 2027, 2028.
09:45Et là, ça commence à fatiguer, comme on l'a dit, les investisseurs.
09:49Effectivement. Alors, Wall Street a-t-il trop monté, trop vite, trop haut ?
09:52Il se trouve que Goldman Sachs met en garde sur une possible baisse des marchés à horizon de 2 ans de 20%.
09:58Morgan Stanley aussi. Les prévisions, là, ces dernières heures, des grandes banques américaines, assez négatives.
10:04On en reparlera dans la suite de BFM Bourse.
10:07Effectivement, ça participe à cette ambiance légèrement morose aujourd'hui, après tant de records tout au long des derniers jours à Wall Street.
10:12Et ce qui aussi pèse sans doute sur le marché, c'est le fait que les baisses de taux de la Fed,
10:16les prochaines en tout cas, ne sont pas si claires que ça. Elles sont même de moins en moins claires, John.
10:2060% de probabilité pour décembre. Vous vous souvenez, la semaine passée, juste après la réunion de la Fed,
10:27on était plutôt vers les 75%, parce qu'on se rappelle que Jerome Powell avait un peu douché l'ambiance en disant que ce n'était pas du « done deal »,
10:36ce ne serait pas effectivement dans les tabelles que la Fed va baisser ses taux en décembre.
10:42Depuis la semaine passée, vous avez eu plusieurs membres de la Fed, notamment Lisa Cook, qui ont dit qu'il fallait faire attention.
10:50Pourquoi ? Parce que notamment, vous avez l'inflation qui remonte aux États-Unis.
10:53L'inflation est un risque, donc il ne faudrait pas baisser les taux. Donc on est dans une situation où on a une fatigue de l'intelligence artificielle,
11:01en tout cas sur le court terme, et potentiellement une fatigue de la Fed.
11:06Parce que ce qui semblait établi, c'est-à-dire deux baisses de taux, on vient d'en avoir une, encore une baisse de taux en décembre,
11:14et bien ce n'est pas certain qu'on l'aille. Et ça, on sait que c'est aussi une essence, un fuel pour les marchés.
11:22Et ça, potentiellement, on est en train de le perdre. Donc on voit ici une forte volatilité, notamment sur les trajuries,
11:29depuis le début de la semaine, c'est-à-dire depuis hier. Et on peut appeler ça, après l'ail fatigue, la Fed fatigue.
11:36La Fed fatigue. Effectivement, les membres de la Fed qui tiennent des propos de plus en plus divergents,
11:39à mesure qu'on approche aussi la fin du mandat de Jérôme Powell, ça risque de continuer dans ce sens-là,
11:43et du coup, peut-être de reporter les prises de décision de Jérôme Powell et cette fameuse baisse de taux.
11:49Ça explique ce regain, ce rebond du dollar aujourd'hui, l'euro sous le dollar 15, pour la première fois depuis le mois de juillet.
11:55Et puis on a quelques publications supplémentaires, Uber, Spotify.
11:58Alors on espérait un peu de vert, un peu de couleur à la hausse, pas du tout.
12:01Deux fortes baisses, notamment Uber, moins 10% en ce moment, John, Uber.
12:04Oui, croissance toujours solide, pourtant, une nouvelle fois.
12:08Uber qui a conformé sa position de leader avec une demande robuste, que ce soit dans ses mobilités ou livraison,
12:15c'est deux piliers, mais lorsqu'on regarde un tout petit peu plus en détail,
12:20on voit que les résultats sont un peu ce qu'on appelle techniques,
12:23puisque les bénéfices sont gonflés par des effets fiscaux et comptables exceptionnels.
12:28Donc ça ne trompe pas tous les investisseurs.
12:32Et on voit qu'il y a une hausse des coûts et la complexité, bien évidemment, du modèle.
12:38Donc on est dans une situation où la vision stratégique, en tout cas sur le court terme, est moins claire qu'avant.
12:44Et puis juste un mot pour terminer, Spotify, c'est des bons résultats.
12:50Encore une fois, je me répète, Guillaume.
12:51Mais Spotify franchit pour la première fois la barre des 700 millions d'utilisateurs actifs mensuels,
12:59à la fois à travers ses abonnements payants, plus 12% quand même, c'est 281 millions d'abonnés.
13:07Et puis aussi par le segment gratuit.
13:11Et on a un chiffre d'affaires qui progresse.
13:13Et donc ici, on est dans une situation où effectivement, dans un jour normal,
13:18est-ce qu'il y a des jours normaux, ça je ne sais pas.
13:20Mais dans un jour normal, on aurait vu l'action Spotify progresser.
13:24Parce qu'en plus, ils ont lancé des innovations,
13:28notamment 30 nouvelles fonctionnalités qui ont été lancées avec notamment un tchat GPT intégré.
13:33Mais ça ne suffit pas aujourd'hui.
13:35– Effectivement, il y a partout.
13:39Mais comment ne plus en parler, comment ne pas réussir à ne pas en parler plutôt.
13:42Merci beaucoup John Plassard avec nous pour Cité Gestion.