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  • il y a 2 jours
🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?
Rodolphe Bruneau-Boulmier, producteur de l'émission "En pistes!" sur France Musique nous parle de son rapport à la langue.

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Transcription
00:00Je suis toujours du côté de ceux qui font, plutôt que de ceux qui commentent ou qui regardent.
00:12Les messages des auditeurs, ils sont surprenants, ils sont exigeants.
00:16Exigeants parce qu'effectivement, on a toujours des auditeurs qui savent plus que nous,
00:19qui en connaissent plus, donc qui font pas mal de messages, de remarques.
00:23Mais aussi, depuis quelques temps, j'ai trouvé aussi les messages des auditeurs inquiétants.
00:26Je trouve que depuis quelques années, on a de plus en plus de messages,
00:30en tout cas nous, on le voit dans le milieu de la musique classique,
00:32qui ont des contenus racistes, qui ont des contenus un peu extrémistes.
00:36Et ça, je trouve que c'est quelque chose qu'on n'avait pas il y a quelques années et que je trouve inquiétant.
00:40Et aussi, je dirais, des messages de plus en plus violents dans leur façon dont ils sont formulés.
00:45On a de moins en moins de formules de politesse.
00:47Par exemple, on reçoit beaucoup de messages sans bonjour, sans les formules de politesse,
00:51avec une façon de s'adresser directement.
00:53Donc les messages des auditeurs, je les trouve assez déroutants.
00:56Oui, je pense qu'effectivement, on se doit de parler le mieux possible,
01:03sachant que la langue, elle évolue, qu'elle change, qu'elle bouge.
01:06Nous aussi, on bouge avec cette langue.
01:09Donc on essaye, nous, en tout cas, en tant que producteurs sur France Musique,
01:13on a des micros qu'on a écrits, même si c'est une émission que moi,
01:15je fais en dialogue avec une coprésentatrice.
01:18Ce sont des micros qui sont écrits.
01:19Donc on fait évidemment attention à la formulation du français,
01:23puisqu'on parle, nous, de l'écrit pour ensuite en donner une matière orale.
01:27Donc pour moi, c'est très important.
01:28Et d'ailleurs, c'est vrai que je ne supporte pas quand j'écoute les autres radios du groupe
01:33si parfois, il y a le français maltraité ou malmené.
01:35J'essaye autant que possible de retirer tous les petits mots parasites,
01:44les « du coup », qu'on a quand même beaucoup ces derniers temps.
01:48J'ai remarqué aussi les « assez ».
01:50Cette version est assez belle, assez fantastique, assez géniale.
01:55Il y a plein de petits mots comme ça, on se rend compte,
01:56qui ne sont pas utiles finalement et qui n'apportent rien au contenu ou au sens de la phrase.
02:01C'est la répétition.
02:05Je me rends compte qu'il y a des mots que je répète
02:07alors que je les ai donnés dans deux, trois phrases avant.
02:10Et plus qu'un tic de langage, je pense que c'est une richesse de vocabulaire
02:14qu'il faut chercher et qu'il faut trouver.
02:19Moi, j'aime bien le mot « faire ».
02:21Il est tout simple, F-I-R-E, mais je trouve qu'il applique une action.
02:25Et je suis toujours du côté de ceux qui font
02:27plutôt que de ceux qui commentent ou qui regardent.
02:30Et c'est vrai que « faire », dès qu'il y a « faire » dans une phrase,
02:33je trouve que ça indique une action composée, fabriquée,
02:36qui vienne finalement du mot « faire ».
02:38C'est pour moi un mot que j'aime beaucoup.
02:43Il ne me gêne pas à partir du moment où on les utilise,
02:46mais où on utilise aussi leur version française.
02:49Par exemple, nous, évidemment, quand on présente un concert,
02:52sur les disques, on reçoit, il y a marqué souvent « concert live ».
02:55Moi, ça ne me gêne pas de dire « concert live »
02:57si deux secondes après, je peux dire « concert enregistré en public ».
03:00ou « captation publique ».
03:01Je trouve qu'on peut les utiliser si une phrase après,
03:04on donne une autre version.
03:05Je ne m'empêche pas de les utiliser,
03:07mais je ne veux pas qu'ils soient la seule raison de définir quelque chose.
03:10Ça évoque pour moi le fond et la forme.
03:19C'est à la fois un média qui nous propose des contenus inédits,
03:23et c'est pour moi important, je trouve, d'avoir un fond,
03:27un contenu que je ne vais être trouvé que là.
03:28Et une forme, c'est quelque chose qui nous permet d'inventer des nouveaux formats,
03:34des nouvelles façons de parler, d'inventer, de réfléchir.
03:38Donc c'est un contenu pour moi, la radio.
03:43Très curieusement, finalement, ici, quand j'écoute les chaînes du groupe Radio France,
03:49j'aime particulièrement presque les émissions
03:50où il n'y a pas de présentateur, où il n'y a pas de producteur.
03:53J'aime bien les grands entretiens,
03:55où on écoute effectivement plus l'interviewé que l'intervieweur.
04:00J'aime bien les grands reportages,
04:01où finalement, peu importe qui parle.
04:03Et puis d'ailleurs, j'aimais bien aussi, quand j'étais adolescent,
04:05j'écoutais France Musique pour les concerts.
04:07Et peu importe le producteur, j'étais à l'autre bout de la France,
04:09j'étais à la Roque d'Enterron pour écouter un concert depuis chez moi.
04:12Donc c'était plutôt, là, pour le coup, le contenu qui m'intéressait.
04:16Après, j'avoue que j'aime bien, à Radio France,
04:19les producteurs qui ont un savoir très précis.
04:22Je pense à Jean-Claude Emézen, par exemple, sur France Inter,
04:26qui est un spécialiste d'une matière,
04:29mais qui nous la vulgarise d'une manière littéraire
04:32et qui nous emporte aussi par sa verve, par son vocabulaire.
04:35C'est la même chose avec Patrick Boucheron, par exemple,
04:38qui est historien, mais qui a une façon de raconter les choses,
04:41qui nous prend par la main et qui nous tient.
04:43Donc c'est vrai que j'aime bien aussi cette façon de compter
04:45que peuvent avoir certains producteurs.
04:59Merci.

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