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  • il y a 7 semaines
Ce vendredi 17 octobre, Alexandre Tavazzi, head of CIO Office and Macro Research chez Pictet Wealth Management, a abordé les banques régionales sous pression aux USA, les banques américaines impactées par la faillite de First Brands, la crainte de l'embrasement pour la finance US, et l'assouplissement du ton de Jerome Powell concernant la Fed, dans l'émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer. BFM Bourse est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.

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Transcription
00:00BFM Bourse, l'écho du monde.
00:03Avec Alexandre Tavadzi, il est avec nous pour PICT West Management.
00:06Bonjour Alexandre.
00:08Hier, les banques régionales américaines, certaines d'entre elles, perdaient 10-15%.
00:11Aujourd'hui, ça va un peu mieux, elles récupèrent un peu de terrain.
00:14On pense à Zions qui avait un peu mis le feu, plus 6% aujourd'hui Zions.
00:17Western Alliance aussi, qui avait bien reculé, récupère 4%.
00:20Bref, on repart de l'avant.
00:21Les grandes boxes sont encore en baisse, mais de 0,1-0,2.
00:24Autrement dit, les choses se calment.
00:26Est-ce qu'on est encore loin ?
00:27Alors, on a eu des alertes cette semaine sur le secteur régional américain.
00:31Mais est-ce qu'on est encore loin, finalement, d'une crise type 2023 ?
00:35C'est extrêmement difficile à dire, parce que cette fois-ci,
00:37la pression vient du secteur privé du crédit.
00:40En fait, le mécanisme est que les banques ont prêté à des investisseurs
00:44qui prêtaient à des entreprises qui faisaient du crédit privé.
00:48Et donc, ces prêts-là, qui aujourd'hui sont en train de poser problème,
00:51sont des prêts qui n'apparaissent pas sur le marché.
00:54Et donc, la grande difficulté que l'on a aujourd'hui dans l'analyse,
00:56c'est de voir que les sociétés qui n'arrivaient plus à se financer sur le marché public
01:00ont commencé à sortir du marché, se financer via des fonds de crédit privé
01:05qui, ensuite, ont emprunté aux banques.
01:06Donc, la réponse est aujourd'hui extrêmement difficile à vous donner.
01:10En revanche, ce que l'on arrive à enregistrer, c'est que les taux de défauts
01:13du côté du secteur du crédit privé sont en train d'augmenter,
01:16à contrario de ce qui est en train de se passer sur le secteur public.
01:18Donc, effectivement, s'il y a un centre d'attention,
01:21s'il y a un centre sur lequel il faut se focaliser aujourd'hui,
01:24c'est bien évidemment sur le secteur privé et du crédit privé aux États-Unis.
01:27On voit un nombre de défauts, un taux de défaut repartir à la hausse.
01:30On a eu aussi la faillite, il y a quelques jours, de First Brands dans le secteur auto.
01:34Pourquoi ça surgit maintenant, tout ça ?
01:36Les taux aux États-Unis sont insoutenables ?
01:38Ils sont si élevés que ça ?
01:39Comment est-ce qu'on explique le timing de ces annonces ?
01:43Oui. En fait, c'est lié très probablement au calendrier de refinancement
01:47de chacun de ces entreprises-là, qui peut-être arrivent en bout de course
01:50et maintenant qui commencent à poser problème.
01:52Et puis, il faut bien voir que depuis quelques années,
01:55le secteur a joui d'une popularité immense auprès des investisseurs,
01:58souvent des investisseurs institutionnels, qui se sont dit
02:01« Tiens, les spreads de crédit sur les marchés publics sont tellement faibles
02:04que je vais aller sur le secteur du marché privé. »
02:07Et on sait chaque fois que vous avez un afflux d'argent dans un segment,
02:10quel qu'il soit du secteur financier,
02:11ça incite certains investisseurs à peut-être investir avec des paramètres
02:15ou des analyses qui ne sont probablement pas suffisamment analysées,
02:19qui n'ont certainement pas fait le travail complet d'analyser les entreprises,
02:23d'où les problèmes que ça pose aujourd'hui.
02:24Et puis, vous avez, il faut être clair aujourd'hui,
02:27un pan complet de l'économie américaine qui pose problème.
02:29Et dans une de ces faillites, c'est un secteur qui est lié au secteur automobile,
02:33qui continue à souffrir du ralentissement,
02:35et là aussi de la hausée d'intérêt,
02:36puisque la hausée d'intérêt sur l'économie américaine
02:39se retrouve chez les taux d'emprunt des privés qui achètent leurs voitures,
02:44qui aujourd'hui sont en train également de voir des défauts importants.
02:47Et dans ce secteur, la first brand, en plus, c'est vraiment un cas très particulier,
02:51un cas d'école, c'est qu'il y a 2,5 milliards de trésorerie qui n'existaient pas.
02:55Le problème que l'on a vu aujourd'hui, c'est que certains investisseurs disent
02:59qu'il y a 2 milliards qui ont simplement disparu.
03:01On ne sait pas où cet argent a disparu.
03:03Exactement.
03:04Alors, on a vu qu'il n'y a pas que les banques régionales
03:06qui ont un petit peu les mains dans le cambouis de cette affaire.
03:08On a vu Jeffreys, notamment, qui est loin d'être une banque régionale.
03:10C'est un gros courtier très réputé.
03:13Mais, Alexandre, comment se passerait une éventuelle contagion aux grandes banques ?
03:21Est-ce que c'est un phénomène structurel de confiance et d'alimentation
03:24du marché du crédit de manière générale ?
03:27Ou est-ce qu'il y a des choses peut-être un petit peu plus structurelles ?
03:31Non, il y a probablement un élément structurel
03:33parce que le problème des banques régionales aux États-Unis est connu.
03:36Il y a trois ans, certaines d'entre elles ont fait faillite.
03:39Et c'est en fait le résultat de la baisse de la réglementation
03:41qui avait été mise en place par Trump lors de son premier terme
03:43où il avait estimé que les banques dont la taille était inférieure à 250 milliards de dollars
03:48échappaient à la réglementation qui était appliquée sur les grandes banques.
03:51Donc, le problème des banques régionales est toujours connu.
03:54Or, dans un environnement où les marchés publics vous donnent relativement peu
03:58en termes de rendement, certaines d'entre elles ont été certainement
04:01au-delà de ce qu'ils auraient été, disons, un niveau de risque acceptable
04:05pour pouvoir essayer de générer un tout petit peu de spread de crédit.
04:08Ils ont financé ces fonds d'investissement.
04:11Le lien pourrait se faire à travers les grandes banques
04:13si d'autres fonds d'investissement qui ont emprunté aux grandes banques,
04:16eux également, commencent à avoir des problèmes dans leur portefeuille.
04:20Mais jusqu'à maintenant, la réglementation qui était appliquée sur les grandes banques
04:23est telle qu'il est peu probable que l'on ait vraiment des problèmes importants
04:26ou alors que ces problèmes soient de taille suffisante
04:29pour poser un vrai problème aux grandes banques
04:31qui, encore une fois, jusqu'à récemment, ont eu une réglementation
04:37qui était nettement plus stricte et qui leur permettait moins
04:39d'aller dans ces mêmes segments de leur activité financière.
04:41Le problème, c'est la suite parce que, comme vous le dites,
04:43jusqu'ici, ils étaient tellement bien réglementés
04:45qu'il y a moins de risques jusqu'ici
04:46parce que Donald Trump, lui, est en train de tenter de déréglementer
04:48justement ce secteur bancaire.
04:50Donc peut-être que ce dont on est en train de parler pour les banques régionales
04:52finira aussi par se poser, on verra, franchement,
04:54mais peut-être à l'avenir aussi pour les grandes banques.
04:57Alors quand même, la Fed a laissé entrevoir
04:59une possible fin de réduction de son bilan.
05:01C'est-à-dire qu'elle pourrait peut-être à nouveau débloquer des liquidités un jour.
05:05C'est ce qu'a laissé entrevoir Jérôme Powell il y a quelques jours.
05:07Est-ce qu'effectivement, cette perspective doit nous rassurer
05:10dans le sens où la Fed a l'air relativement au courant d'un certain nombre de risques
05:15et vouloir peut-être prévenir plutôt que guérir cette fois-ci ?
05:19Alors, il n'est pas évident que la décision de la Fed soit liée
05:23à ce qu'on est en train de voir depuis deux, trois jours.
05:25Mais la Fed a toujours dit qu'elle voulait ramener
05:27le taux des réserves bancaires à un niveau acceptable.
05:30Le problème, c'est que lorsqu'on essaie de dégonfler son bilan
05:32et de revenir à une situation normale,
05:34le nouveau normal est quelque chose qu'on découvre au fur et à mesure
05:37parce que l'état du système bancaire et la taille de l'économie
05:40n'est pas ce qu'elle était il y a encore cinq ou six ans en arrière.
05:43Donc la Fed a commencé à réduire la taille de son bilan,
05:46de voir ce qui est en train de se passer au niveau des réserves bancaires.
05:48Il semblerait qu'on arrive maintenant, vous l'avez mentionné,
05:50avec deux, trois soucis en termes de liquidité,
05:54raison pour laquelle la Fed dit peut-être qu'on est arrivé
05:56à un niveau qui est suffisant,
05:57où on a des réserves bancaires qui sont suffisantes
05:59et je peux arrêter ici la contraction de mon bilan.
06:02Mais ils sont à quelque part en train de marcher,
06:03de découvrir finalement l'environnement dans lequel ils évoluent au fur et à mesure.
06:07Et on arrive en fin d'année, on le sait,
06:09la fin de l'année est historiquement une période
06:10dans laquelle les banques ont tendance à plutôt retirer de la liquidité
06:14pour faire face aux différents paiements réglementaires.
06:16Donc ils sont en train de nous dire, peut-être qu'on arrive au niveau
06:18à partir duquel ils sont relativement confortables
06:21en termes de taille du bilan, de leur bilan,
06:24mais également des réserves bancaires par rapport au total de l'économie américaine.
06:27Merci Alexandre.
06:28Très clair, Alexandre Tavadzi,
06:29PICT, Wealth Management, à nos côtés cet après-midi.
06:32Secteur bancaire qui donc se stabilise vraiment
06:34après sa baisse et l'alerte d'hier.
06:36Les banques régionales américaines repartent un peu à la hausse de 5-6%.
06:39Il y aura des publications la semaine prochaine d'ailleurs
06:40de plusieurs banques régionales américaines.
06:42Et puis les grandes banques américaines, elles sont stables aujourd'hui.
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