00:0015h44, David Crucq nous rejoint. Bonjour David. Bonjour Guillaume. David Crucq pour la
00:03Financière de Les Chiquiers, bienvenue. Vous allez rendre votre verdict face à ces marchés
00:07alors que le CAC 40 est tout proche d'un nouveau record, on n'est plus qu'à quelques points cet
00:10après-midi, le CAC gagne 1%. Ce verdict que vous allez prononcer, cet instant qu'on va vivre
00:15ensemble, est-ce que vous l'assumez ? Totalement. J'estime et j'assume que cette fois-ci,
00:19ça sera différent. This time is different, si on peut faire un peu d'anglais, on traduit en tout
00:24cas, mais j'ai la foi. Il a la foi. Et cette fois, ça va bien se passer. This time is different,
00:30c'est votre message sur les marchés. Les marchés sont hauts quand même, mais cette fois, ça va
00:34quand même bien se passer. Ça va bien se passer Guillaume, vous avez raison, les marchés sont
00:37hauts et traditionnellement, quand il y a des nouveaux investisseurs qui rentrent dans ces
00:40marchés-là avec ce niveau de valorisation, c'est difficile pour eux de gagner de l'argent.
00:44Normalement, on achète traditionnellement, année par année, dans des creux de marché et on a une
00:48moyenne qui nous fait de gagner de l'argent. Mais cette fois-ci, c'est un petit peu différent et je le
00:53vois d'ailleurs, ce qui m'a amusé ce matin, c'est de voir Goldman Sachs nous annoncer que les marchés,
00:57le return, le retour sur investissement pour un investisseur dans les marchés financiers sera de
01:037% sur les dix prochaines années. Pourquoi c'est si intéressant que ça ? Parce que ce chiffre,
01:07finalement, il est assez flou Guillaume. Parce qu'on est quand même sur des marchés qui sont très
01:12élevés. On vient d'un marché qui a pris 15% par an sur les dix dernières années. On a 60% des
01:18marchés qui sont pratiquement sur leur plus haut ou qui ont dépassé leur plus haut. Et pour autant,
01:23on nous annonce que les marchés vont continuer à hauteur de, autour de 7% par an sur les dix
01:28prochaines années. Donc je trouve que c'est extrêmement rassurant de voir que les perspectives
01:33de certains grands banqueurs américains nous laissent penser que les marchés vont continuer
01:37de progresser. Et pourquoi finalement les marchés peuvent continuer de progresser ? C'est ça la vraie
01:42question. Pourquoi Goldman Sachs nous dit 7% de rendement par an sur dix ans encore alors qu'on
01:46part de niveau déjà historiquement élevé ? C'est quoi le moteur qui fait que cette fois,
01:50qui ferait que cette fois, du point de vue aussi Goldman Sachs comme du vôtre, c'est
01:53différent d'avant ? Alors du point de vue Goldman Sachs, il parle beaucoup de la qualité
01:56des résultats à venir. Mais je vais vous parler d'autre chose parce qu'il y a des choses
01:59qui m'intéressent. Et vous savez, je reviens toujours à la notion de flux et d'équation
02:03de marché qui est souvent peu regardée mais qui est si importante. Et vraiment, c'est
02:08un point qu'il faut toujours avoir en ligne de mire. Ce qui m'a passionné, c'est
02:11le podcast BG2 de Brad Gessner. Il y avait donc le patron d'OpenAI, Sam Altman qui était
02:18là et à qui on posait une question que tout le monde a envie de poser. C'est comment
02:23une société qui fait 14 milliards de revenus peut prendre des engagements de dépense
02:29à hauteur de 1,4 trillion de dollars ? C'est vraiment une question qui est l'essence
02:33de tout le questionnement et des angoisses des investisseurs aujourd'hui. Et Sam Altman
02:38a une réponse qui est exceptionnelle, qui nous dit, si vous voulez vendre des actions
02:42OpenAI, moi j'ai des acheteurs derrière. Si réellement OpenAI était coté, si les
02:49gens shortaient, c'est-à-dire se mettaient dans une position de vendre des actions,
02:53ils se feraient brûler. Pourquoi je trouve que cette réponse est exceptionnelle, Guillaume ?
02:58C'est qu'en fait, on attend le patron d'OpenAI en nous disant que finalement les valorisations
03:03ne sont pas si élevées, potentiellement la création de valeur va être exceptionnelle dans
03:06les prochaines années. Et il répond par la notion de flux, comme un trader, comme un
03:10investisseur particulier, comme moi je le ferai. Et c'est pour ça que je trouve que
03:13c'est hallucinant et fantastique. C'est-à-dire que c'est une réponse dans l'air du temps.
03:17L'air du temps c'est dire, voilà, il y a des flux, il y a des acheteurs, il y a des gens
03:20qui croient à mon modèle, vous n'y croyez pas, rangez-vous sur le côté. Mais les marchés
03:25vont continuer de progresser.
03:25Pour prendre une analogie, c'est comme si on disait, le bateau n'a plus de carburant,
03:29et encore, il en a peut-être encore, le bateau n'a plus de carburant, mais il
03:31continuera d'avancer parce qu'il est sur une rivière, et que la rivière, elle avance,
03:36il y a un bon débit d'eau, amener ce débit d'eau à se maintenir.
03:38Et c'est exactement ça. Donc, cette réponse, elle me fascine vraiment, et je trouve qu'elle
03:44est vraiment dans l'air du temps. Donc, s'il n'y a pas de récession, s'il n'y a pas
03:47de problème financier grave, clairement, les marchés vont continuer de monter, et même
03:51à 23 fois, même pas peur, Guillaume.
03:54Antoine, même pas peur.
03:59Attends, tu viens d'éteindre ton micro, Antoine, je crois.
04:01Il était allumé, et Antoine a choisi de l'éteindre. C'est une forme de geste inconscient.
04:04C'est un signe.
04:05Quand soudain.
04:06Quand soudain. Alors, il y a quand même, et c'est d'ailleurs pas étranger à la vague
04:12de scepticisme à laquelle on a eu droit il y a une dizaine de jours sur l'intelligence
04:16artificielle, sur la valorisation de la big tech américaine, c'est ce pari lancé par
04:21Michael Burry, sur le héros du film The Big Short, le vrai, qui avait parié à la
04:28baisse contre l'effondrement du marché en 2008, qui avait fait une fortune.
04:31Bon, il a passé son temps à se bourrer sur le reste du temps, et là, il prend la
04:36mer des bulles en vente à découvert, et en disant, non seulement c'est pas tenable,
04:42non seulement il va falloir vendre Nvidia, Palantir, mais en plus, ils nous disent que
04:48voilà, les chiffres ont de quoi poser question, les chiffres que nous proposent ces hyperscalers,
04:56il y a de quoi se poser de vraies questions sur leur véritable évaluation.
05:01Qu'est-ce que vous en pensez ?
05:02C'est effectivement une bonne question, et c'est vrai qu'on a, moi je disais un mot
05:06qui me faisait rire, c'est qu'il y a bulle dans le fait de dire bulle.
05:08Tout le monde crée à la bulle, donc déjà ça en fait une bulle à elle-même.
05:11Je trouve que cette phrase d'UBS m'a fait beaucoup rire ces derniers temps.
05:15Je ne crois pas que ce soit une question de prix en tout cas, puisqu'on l'a dit, les
05:17valorisations de certaines banques japonaises, ou pendant la crise des années 2000, la valorisation
05:24était très élevée.
05:24Donc dans le price earning, dans le PE, ce n'est pas la problématique du prix qui
05:28est en jeu, c'est la problématique du E, des résultats, on est d'accord.
05:34Donc c'est la capacité bénéficiaire qui va être difficile.
05:37Bon, là c'est pour l'instant en tout cas, quand on voit AMD, vous venez d'en parler,
05:41la rentabilité, les résultats sont vraiment très bons.
05:45On regarde le troisième trimestre.
05:46Au troisième trimestre, on a des résultats qui sont deux fois ce qu'on escompte, c'est-à-dire
05:50qu'on attendait 7, on sort 14, plus 14% sur les bénéfices par action au troisième
05:54trimestre.
05:55Sur l'année prochaine, UBS anticipe 14% encore.
05:58Donc en tout cas, dans les prévisions des résultats, on y est également.
06:02Après, vous pouvez dire qu'il y a aussi un doute sur les dettes.
06:04C'est vrai que la part des émissions obligataires qui sont faites par l'intelligence artificielle
06:13est passée de 15 à un tiers des émissions totales.
06:15Donc il y a une vraie volonté de chercher de la dette.
06:18Oui, ça fait partie des récentes inquiétudes justement, qui ont entraîné le marché à
06:23consolider un peu la semaine dernière, mais depuis on remonte.
06:25Voilà, mais pourquoi ? Parce que finalement, les grandes sociétés américaines de l'IA,
06:30elles sont très peu endettées.
06:31Elles ont très peu de dettes, donc même si on est passé de 15 à 33% du volume global
06:36des émissions, ce n'est pas si énorme que ça, Guillaume.
06:39Et c'est ça qui est intéressant.
06:40Alors, peut-être que vous allez me donner des...
06:43Ora, vous avez peut-être parlé d'Ora, qui est une société qui était plus endettée,
06:45vous avez parlé peut-être des petites sociétés.
06:47Mais si on prend les grandes sociétés américaines, il n'y a pas de risque de dette.
06:51Pour l'instant, les résultats sont au rendez-vous et les perspectives bénéficiaires
06:54sont toujours là.
06:55Et les valorisations, on n'est pas dans une bulle.
06:58Donc oui, on peut crier à la bulle en permanence, mais pour l'instant, en tout cas, on n'en
07:02voit pas grand-chose.
07:03On n'en voit pas grand-chose, sauf à ce qu'il surgisse une crise financière.
07:07Ça fait partie des éventuels risques, qui ferait que sur les niveaux de valorisation
07:10actuels, même si ce n'était pas des niveaux de bulle, on pourrait décrocher fortement
07:13en cas d'imprévu, en cas de signe noir.
07:14Alors, est-ce que la déréglementation bancaire, par exemple, les autorités américaines
07:18de régulation se sont mises d'accord, d'après Bloomberg, sur les conditions d'assouplissement
07:22d'un ensemble d'exigences en matière de capital pour les banques américaines ? Est-ce
07:26que si l'on allait vers une déréglementation excessive, même de créer une nouvelle crise
07:30financière, là, le décrochage serait d'autant plus violent qu'on a monté comme on l'a
07:33monté depuis des années ?
07:34Déjà, je pense que la dérégulation, c'est quelque chose que Trump voulait absolument.
07:37Les banques libèrent du capital, elles sont plus actives.
07:41Et les derniers stress tests ont monté en tout cas qu'elles étaient au point.
07:44Et qu'elles étaient bien capitalisées.
07:47Maintenant, il n'y a pas de risque à court terme.
07:48Si le risque, on le voit, on le verra dans plein d'années, Guillaume.
07:52La seule chose que ça fait, c'est que ça renforce la compétitivité des banques
07:54américaines par rapport aux banques européennes.
07:56C'est la seule chose que ça induit.
07:58Mais dans le reste, en l'occurrence, c'est encore beaucoup trop tôt.
08:01Cette question, elle est excellente, mais je pense qu'elle sera posée dans quelques
08:04années et on y verra plus clair.
08:06On est très français, quelque part, à se dire.
08:08Les Américains aussi, quand on regarde les médias américains, ils se demandent du matin au
08:11soir si on est en bulle à Wall Street.
08:13Peut-être que c'est très journalistique, peut-être, mais pendant qu'on se pose des
08:16questions, qu'on s'interroge, les investisseurs, ils prennent leurs gains.
08:18Ils prennent leurs gains trimestre, un vrai trimestre.
08:20Et pour vous, ça devrait continuer à se poursuivre.
08:22C'est exactement le sens de mes propos.
08:24Les brokers restent positifs sur la suite ?
08:25Le FOMO Vember, absolument.
08:28J'ai vu UBS mettre 7500.
08:30Et effectivement, la plupart des brokers restent positifs.
08:34Les stratégies d'UBS voient 7500 en 2026.
08:37Il y a des résultats, je viens de vous en parler, des bénéfices par action qui sont
08:40excellents.
08:41L'année prochaine, ça devrait être.
08:42Il y a des révisions qui sont très bonnes.
08:44Et puis évidemment, on a un positionnement et un sentiment qui n'est pas si excessif
08:47que ça, Guillaume.
08:48Le positionnement, les gens ne sont pas ultra investis sur les marchés.
08:51Et le sentiment, il est plutôt assez mitigé.
08:53Donc ça aussi, c'est contrariant.
08:55Et ça donne encore un petit peu de puissance potentielle, de potentielle puissance au marché
08:59sur les prochaines semaines.
09:00En se disant que les vieilles valeurs ou les valeurs de l'économie traditionnelle
09:03pourraient apporter un relais de plus ou pas ?
09:04Hier, le Dow Jones a fait mieux que le Nasdaq, par exemple.
09:06Il y a des petits signaux comme ça, tant en temps, qui apparaissent.
09:08Moi, je trouve que c'est une très bonne nouvelle quand c'est le cas.
09:10Parce qu'effectivement, on ne peut pas se concentrer trop et avoir que les mêmes
09:12valeurs qui montent.
09:13Donc d'avoir des relais de croissance sur le marché ou d'avoir une journée comme
09:17hier, finalement, je trouve que c'est encore une fois extrêmement positif.
09:19David Crucq avec nous, la financière de l'échiquier.
09:22Ah, il n'en démore pas, il y a des positifs sur les marchés.
09:24Mais depuis que vous venez et que vous participez à BFM Bourse, vous avez à chaque fois raison.
09:27Il peut y avoir des accidents, bien sûr.
09:28Ah, il y aura des accidents, c'est sûr.
09:29Ouais, ça viendra quand même.
09:30Enfin, pour l'instant, chapeau.