00:008h23 sur BFM Business et sur RMC Live, notre invité c'est Pascal Lorne.
00:04Bonjour, vous êtes le fondateur et directeur général de GoJob,
00:07leader français du recrutement en intérim avec de l'intelligence artificielle.
00:11Vous avez annoncé un investissement de 120 millions d'euros du japonais Persol,
00:15deuxième acteur de l'intérim au Japon.
00:17Vous vouliez aller devant Bercy faire un happening pour remercier l'État de son investissement.
00:23Ils avaient investi au départ, je ne sais pas combien, plus-value 11 millions d'euros.
00:29Un bon investissement pour l'État.
00:30Vous vouliez aller voir avec un gros chèque pour les remercier.
00:33Vous n'avez pas pu, il n'y a pas de gouvernement, mais franchement ça tient toujours.
00:36On attend que le nouveau gouvernement soit un peu stable et nous irons à Bercy pour remettre ce chèque.
00:40C'est un peu un pied de nez à la taxe Zuckmann.
00:43Alors c'est vrai qu'on me taxe parfois de patron de gauche,
00:45mais moi j'aime bien montrer au peuple français que l'État est là, il joue son rôle.
00:52En l'occurrence, la Caisse des dépôts et consignations, qui est un grand argentier de l'État,
00:55joue son rôle sur les territoires pour aider les start-up et notamment l'économie sociale et solidaire en investissant.
01:03Et puis parfois, ça marche.
01:05Et quand les énergies sont libérées et qu'il n'y a pas des taxes confiscatoires,
01:11ça marche, ça veut dire qu'on crée de la valeur.
01:13Et quand on crée de la valeur, moi ça me va bien de la restituer,
01:17de la partager pour qu'elle puisse continuer à faire fonctionner l'économie.
01:20Et donc symboliquement, pour faire un peu un pied de nez, je vais aller à Bercy avec un grand chèque
01:24pour dire je suis heureux de remettre et de payer 11 millions d'euros à l'État pour qu'ils puissent réinvestir.
01:29Ils avaient mis 14 millions d'euros au départ.
01:33La plus-value, bien.
01:34Alors pourquoi ça a si bien marché ? Pourquoi ils ont bien fait de vous faire confiance ?
01:37Je pense qu'il y a une conjonction de plusieurs choses.
01:41Premièrement, un projet très aligné avec les besoins du moment.
01:45Aujourd'hui, ça devient difficile de trouver un boulot quand on n'a pas tous les codes.
01:49Moi, je suis rentré des Etats-Unis il y a une dizaine d'années.
01:51J'ai retrouvé une France qui avait mal à son travail.
01:54Une France dans laquelle on aime bien écrire liberté, égalité, fraternité sur nos écoles et nos mairies.
01:59Mais franchement, parfois, l'égalité face au travail, elle n'est pas là.
02:04Sachez que le premier critère de discrimination face au travail, c'est l'âge.
02:08Plus de 50 ans, moins de 20 ans, c'est pas simple.
02:11Le genre, pour les femmes, c'est moins facile.
02:14Alors si vous êtes une femme de plus de 50 ans, ciao, bonsoir.
02:17Et donc, j'ai voulu recréer une place de marché sur Internet, avec un petit mobile, un smartphone,
02:24pour pouvoir faciliter et enlever tous les biais sur le recrutement.
02:28C'est pour ça que ça a marché, c'est qu'il y a un besoin.
02:30Il y a une énergie folle en France de gens qui veulent bosser, mais qui souffrent de discrimination.
02:36Dès lors que vous avez une machine et un smartphone qui dit,
02:38moi je ne regarde plus le genre, l'âge, l'origine, et je regarde seulement la motivation, ça marche.
02:44Ça a été magique, on a libéré les énergies.
02:46Alors c'est la consécration de l'intelligence artificielle dans le monde du recrutement, votre modèle.
02:51Parce que ce qui a intéressé votre investisseur, c'est votre outil qui s'appelle Aglae, c'est ça ?
02:55C'est ça.
02:55Qui est une intelligence artificielle qui permet de trouver instantanément le meilleur profil pour n'importe quel poste.
03:01En utilisant quoi en fait ?
03:02C'est une parfaite illustration de l'intelligence artificielle au service de l'humain.
03:08L'intelligence artificielle va être en capacité de rentrer en contact avec une centaine de candidats simultanément,
03:15d'échanger par SMS, par WhatsApp, par email, et de récupérer en quelques minutes, 14 minutes en moyenne,
03:22toutes les informations pour préqualifier chacun des candidats et lui poser toutes les questions
03:26qui ne sont pas très intéressantes pour un recruteur.
03:28Est-ce que vous êtes disponible ou pas ? Est-ce que ce salaire vous intéresse ou pas ?
03:31Et d'enfin arriver à identifier en 14 minutes en moyenne,
03:34laquelle parmi ces 100 personnes est intéressée pour tel salaire à tel moment ?
03:38Et je termine.
03:39Et donc, une fois que cette personne a été identifiée,
03:42alors on met en relation le candidat avec le recruteur.
03:47Et plutôt que de passer 3 minutes en moyenne,
03:49parce que c'est le temps de passage dans une agence à déco, c'est 3 minutes.
03:52C'est-à-dire, je pose mon CV et on ne vous capte même pas.
03:55Là, plutôt que de passer 3 minutes à faire des entretiens rapidos,
04:00des entretiens TGV, comme on les appelle,
04:02le recruteur qui est désormais un coach chez nous va passer une demi-heure.
04:06Et là, c'est autre chose, puisque la personne, on sait qu'elle est déjà présente, disponible,
04:09et qu'elle a envie de bosser.
04:10On va pouvoir parler projet professionnel,
04:13on va pouvoir parler comment est-ce que je me projette.
04:14Vous êtes sûr de ne pas perdre votre temps dans l'entretien ?
04:16Vous savez que vous avez déjà une présélection.
04:18C'est plus que ça.
04:19Non seulement on ne perd pas son temps,
04:20mais en plus, on est vraiment dans une relation humaine
04:22qui prend une demi-heure et dans laquelle on parle du projet.
04:26Et c'est pour ça que je parle d'intelligence artificielle au service de l'humain.
04:29C'est qu'on fait gagner, dans notre cas de figure,
04:31beaucoup de temps aux recruteurs et aux candidats,
04:34et pour le dédier à une relation humaine.
04:37C'est un des cas d'usage extrêmement rare.
04:39On parle beaucoup de l'IA, est-ce que ça marche, ça ne marche pas,
04:42à quoi ça sert.
04:42Nous avons trouvé, et ce n'est pas neutre,
04:45nous sommes le troisième plus gros consommateur
04:47d'intelligence artificielle, Mistral et OpenAI, en Europe.
04:52On est vraiment sur un cas d'usage qui est exceptionnel.
04:55On prend de l'IA sur un cas d'usage,
04:57en production, au service de l'humain.
04:59Parce qu'on a l'impression vraiment que maintenant,
05:01l'IA dans le recrutement, elle fait tout.
05:02Il y a quasiment, là vous insistez sur le fait qu'il y ait de l'humain,
05:05mais aujourd'hui il y a 77% des gens qui cherchent un emploi,
05:07qui vont utiliser Tchadjpt pour réaliser leur CV.
05:09CV qui sera lu par une intelligence artificielle
05:12du côté du recruteur qui va aller détecter certains mots-clés.
05:15Ensuite, les entretiens,
05:16limite demain ce sera un chatbot qui parle à un chatbot.
05:20C'est un peu ça en fait, le futur du recrutement.
05:24C'est de l'IA absolument à tous les étages.
05:25Ce n'est pas comme ça que je le vois.
05:27Moi je le vois vraiment sur l'aide à la préqualification
05:30et puis ensuite, on revient dans le vrai monde.
05:34Il y a aujourd'hui une vraie tendance aussi,
05:37un peu en contre-pied à cette image affreuse
05:41qui serait de mettre un robot en face d'un robot.
05:42Je pense qu'il y a un contre-pied de plus en plus de personnes
05:44qui se disent, ok, et nous là-dedans, humains,
05:46qu'est-ce qu'on devient ?
05:47Et qui demande plus d'interaction en réel.
05:52Mais c'est très très beau tout ce que vous nous dites,
05:54mais vous n'avez pas changé le monde en entier
05:56complètement avec votre boîte.
05:58Donc à un moment, il n'y a plus de discrimination.
06:00Vous voyez que des profils qui n'émergeaient pas auparavant
06:03sont recrutés.
06:04Alors les recruteurs changent, vous avez fait évoluer quelque chose ou pas ?
06:07Le premier indicateur financier, on appelle ça des KPIs chez nous,
06:13c'est le taux de personnes issues des QPV,
06:17des quartiers prioritaires de la ville.
06:18Depuis que j'ai démarré un GoJob, nous avons salarié,
06:21nous salarions 50 000 jeunes issus des quartiers priorités de la ville.
06:27Et ça représente plus de 50%, plus de la moitié des personnes
06:30que nous mettons en relation sont des personnes
06:31qui étaient au chômage depuis plus de six mois
06:33ou qui souffraient de discrimination ou qui n'avaient jamais travaillé.
06:36Donc oui, ça marche.
06:38Sauver le monde, on a encore un peu de travail
06:40parce qu'il y a encore quelques millions de chômeurs en France
06:42et dans le reste du monde.
06:43Mais on apporte notre goûte à l'édifice
06:45et c'est des gros chiffres quand même.
06:4650 000 salariés en 10 ans, c'est pas rien.
06:49Ce sont 50 000 jeunes.
06:50Je leur parle tous les jours
06:51puisqu'on a une petite tradition chez GoJob.
06:53J'aime bien le dire.
06:55Tous les vendredis, entre 14h et 14h30,
06:58tout le monde chez GoJob prend son téléphone,
07:00y compris le PDG, y compris les stagiaires
07:03et on appelle en direct, en vrai,
07:05nos candidats et nos salariés
07:07pour savoir comment ça se passe.
07:09Et on a des histoires incroyables tous les jours
07:11de personnes qui nous renvoient de l'amour en disant
07:12mais j'aurais jamais pu partir de chez moi
07:15parce que j'avais pas de salaire.
07:16Personne ne m'avait fait confiance
07:17parce que je suis un peu trop grand,
07:19un peu trop petit, un peu trop gros,
07:20un peu trop maigre.
07:20Grâce à vous, j'ai pu trouver du boulot.
07:23Donc on est vraiment une machine à...
07:25Bon, c'est pas encore le prix Nobel de la paix,
07:27Pascal Lort.
07:28De l'économie, peut-être.
07:29Il a déjà été donné à Philippe Paguen en entier.
07:32Il va falloir attendre un petit peu.
07:33Mais bon, déjà, 11 millions d'euros pour Bercy,
07:34c'est déjà pas mal.
07:35Merci beaucoup d'être venu ce matin
07:36dans la matinale de l'économie d'un.