00:0015h45, il vient de nous rejoindre David Kruk pour la financière de l'échiquier.
00:04Bonjour David.
00:05Bonjour Guillaume.
00:05Vous allez livrer votre scénario pour les marchés, ce scénario le vôtre.
00:09Est-ce que vous y croyez vraiment ?
00:11Oui, j'y assume en tout cas.
00:14Alors on va vous laisser nous faire découvrir votre scénario pour les marchés.
00:19Alors j'estime et j'assume, puisque c'est le mot qu'il faut dire,
00:22que les 7000 points sur le S&P d'ici la fin de l'année, d'ici la fin 2025, sont jouables Guillaume.
00:27Oui.
00:307000 points d'ici la fin de l'année sur le S&P 500, c'est votre pari,
00:33ça ferait une hausse d'à peu près 8% supplémentaire, d'ici la fin de l'année vraiment ?
00:38D'ici la fin de l'année, sur le dernier trimestre.
00:42En fait j'entends beaucoup dans les salles de marché un certain nombre d'investisseurs
00:45qui sortent des réflexions en disant les marchés ont trop monté,
00:49les marchés sont trop chers Guillaume, l'économie se désagrège, il faut faire attention.
00:54Et je viens de donner un sentiment un peu contraire à ça et rassurer un petit peu tout le monde.
00:58J'ai eu une statistique ce matin qui m'a fait plaisir,
01:05mais on regardait un petit peu les marchés qui ont pris 35% sur une période de 5 à 6 mois,
01:09puisque c'est le cas du S&P depuis le 5 avril.
01:12Depuis 1975, 5 fois c'est arrivé, donc maintenant 6 fois.
01:17Sur les 5 premières fois, dans 100% des cas, les marchés ont progressé après une hausse de 35% en 5 mois.
01:24Et le reward, ce qu'on appelle le retour en pourcent investisseur supplémentaire, est de 18%.
01:3018,1% pour être précis.
01:32Donc vous voyez, mes 8% d'ici la fin de l'année ne sont pas complètement aberrants et sont presque jouables.
01:37Donc ça, c'est pour ceux qui pensent que les marchés ont trop monté cette année.
01:41Pour les valorisations, c'est vrai qu'il y a un vrai débat qui est juste sur les valorisations.
01:45Le marché S&P se paye 22 fois, la moyenne autour de 16,5.
01:49Mais les flux mécaniques des investisseurs particuliers américains, qui sont récurrents,
01:55en fait rajoutent, selon certains économistes ou stratégistes en tout cas,
02:00rajoutent 4 points de PE supplémentaires à la moyenne du marché.
02:03Parce que comme les rachats d'actions sont des flux mécaniques,
02:06donc le marché doit se comparer non pas de 22 à 16,5, mais de 22 à 20,5.
02:12C'est un peu technique, mais ça montre quand même,
02:14alors c'est un peu technique, mais ça montre que le marché n'est pas si cher que ça.
02:18Il est un peu cher, c'est vrai.
02:20Mais s'il y a une amélioration des résultats, on n'est pas si loin que ça
02:24et on ne peut pas s'affoler en tout cas d'une valorisation que l'on voit,
02:28surtout avec des valeurs technologiques qui poussent,
02:30qui ont une progression des résultats très nettes.
02:32Donc pour vous, 7000 sur le S&P, plus 8% sur le S&P d'ici la fin de l'année, c'est jouable.
02:37Même si, alors il y a la valorisation, vous venez de répondre,
02:39mais même si par ailleurs on est sur des records, on n'avait jamais vu Wall Street aussi haut,
02:44on peut sur des records rester optimiste, même en partant de point déjà historiquement haut ?
02:49Oui, parce que les flux sont encore là, Guillaume.
02:51Je veux rappeler aussi, je veux rappeler qu'il y a 7,3 trillions de dollars
02:55sur les fonds monétaires américains.
02:57Donc l'acheteur marginal qui peut pousser les marchés en plus haut, il est là.
03:01Notamment, on n'arrête pas de parler de baisse des taux.
03:03Si les taux baissent, on aura des rotations, des obligations vers les actions.
03:06Donc votre acheteur marginal est là.
03:08Et puis on a souvent parlé ensemble des rachats d'actions.
03:12Plus d'un trillion, on le sait, aux Etats-Unis.
03:13On sait que les particuliers américains achètent 7% de leur salaire tous les jours dans le S&P.
03:19On est à plus de 500 milliards de dollars par an.
03:23Donc la demande dans le marché, elle est colossale.
03:26Et l'offre, elle se réduit.
03:27J'ai lu la lettre de Marc Fiorentino qui parlait de cet article
03:30et qui disait qu'on avait moitié moins de sociétés cotées depuis 1997 sur le marché américain.
03:36Donc d'un côté, vous avez moins d'offres de marché et vous avez une demande qui est absolument croissante.
03:41Donc oui, les marchés peuvent continuer et vont continuer à progresser.
03:44Antoine ?
03:45Bon, avant, il y avait un adage qui disait « Don't fight the Fed ».
03:49Bon, maintenant, c'est devenu « Don't fight Trump ».
03:52C'est absolument ça, Antoine.
03:54On coche toutes les cases que Trump voulait voir.
03:57C'est-à-dire, il nous a dit les equity plus hauts.
04:00On a eu des doutes, évidemment, avec les tarifs, c'était normal, la récession également.
04:04Aujourd'hui, on a des marchés qui viennent de prendre 35% sur les plus bas.
04:08Il voulait des taux plus bas.
04:09Peut-être qu'on va les avoir plus bas.
04:12En tout cas, les taux longs sont quand même bien détendus par rapport au stress qu'on a eu il y a quelques mois.
04:16Et puis, il voulait le dollar plus bas.
04:19Pour l'instant, on est en train de casser des niveaux.
04:21Je pensais que le dollar allait rester entre 1,16 et 1,18.
04:23Finalement, on a l'air de vouloir casser 1,18 aujourd'hui
04:25et se rapprocher des objectifs des brokers qui sont autour de 1,20.
04:30Donc, en fait, ce que Trump veut, finalement, on ne peut pas aller contre.
04:34Tout simplement.
04:35Alors, je parle économiquement parlant, bien sûr.
04:37Mais économiquement, sur les trois points qu'il a mis en avant,
04:41pour l'instant, ça va exactement dans son sens.
04:44Oui, on coche les cases et on a une forme d'alignement à nouveau des planètes
04:48entre des résultats d'entreprise amenés à s'améliorer,
04:51baisse de taux de la Fed.
04:52Enfin, c'est une forme de bond presque parfaite.
04:54C'est une équation parfaite parce que les résultats des sociétés américaines
04:57qui ont été trois fois supérieurs au deuxième trimestre par rapport à ce qu'on attendait.
05:01On attend 8% maintenant sur le T3.
05:03On fera certainement plus.
05:0410% sur l'année.
05:05Si vous rajoutez encore une fois les dividendes et l'achat d'actions,
05:08vous avez un retour qui est vraiment bon.
05:10et dans le même temps, peut-être début du cycle de baisse des taux.
05:14On va le voir ce soir, 20 heures, pour être précis.
05:18Et cette équation d'amélioration des résultats et de baisse des taux,
05:23Guillaume, moi je veux bien, mais j'achète tout.
05:25C'est une équation parfaite.
05:26Oui, mais le marché a déjà acheté.
05:28On pourrait, a déjà acheté.
05:29On est sur des plus hauts historiques, encore une fois, sur les marchés américains.
05:31Et ce soir, si la Fed se contente d'annoncer une baisse de taux sans ouvrir la voie à un cycle,
05:36dans le discours de Jérôme Powell, qu'on va particulièrement suivre,
05:38là, le marché pourrait être déçu et vendre la nouvelle, peut-être.
05:41C'est vrai, c'est tout à fait vrai.
05:43Si c'est une baisse de taux isolée, ça serait...
05:45Mais dans le même temps, Guillaume, ils ne vont pas faire que baisser les taux.
05:48Ils vont donner aussi leurs estimations économiques jusqu'à 2028.
05:53Et on va voir que le taux de chômage va probablement rester autour de 4-5
05:57pendant au moins jusqu'en 2027, et baisser en 2028.
06:00Je pense que ça, Powell le voit, et rien que pour ça,
06:04il peut commencer un cycle de baisse des taux,
06:06rien que par ses anticipations sur l'emploi américain,
06:08qui va quand même rester faible pendant un certain temps.
06:10Tout le reste se comporte bien pour l'instant.
06:12On l'avait vu avec les ventes de détails hier,
06:14qui sont probantes et qui sont au-dessus des attentes.
06:18Les données de carte de crédit que Banca of America m'a données
06:20sont très au-dessus de ce qu'on escomptait,
06:22mais bien sûr sur les salaires élevés.
06:24Donc, je pense qu'avec ces niveaux de chômage
06:27qu'ils risquent de donner sur les 3-4 prochaines années,
06:30le cycle de baisse des taux va commencer.
06:32Donc, je ne serai pas pour une baisse des taux isolée.
06:34Et donc, vous dites, don't fight the Fed, don't fight Trump,
06:37moi j'ai envie de rajouter, don't fight the Cour suprême quand même.
06:39Parce que sur les droits de douane, peut-être, cet automne,
06:41on nous parle du mois de novembre,
06:42la Cour suprême remettra-t-elle en cause les droits de douane ?
06:45Il faudra voir comment le marché réagira,
06:46parce qu'il s'est finalement acclimaté à l'idée
06:49que les droits de douane finiraient par rapporter de l'argent.
06:51Après avoir été opposé aux droits de douane en avril,
06:52ils espèrent plutôt leur maintien manifestement aujourd'hui.
06:55Parfait, ça nous donnera des pauses sur le marché,
06:57ça nous donnera des faiblesses sur le marché,
06:58et on pourra acheter ces fameuses faiblesses,
07:00qu'on n'arrive plus à avoir d'ailleurs.
07:01Et pendant ce temps, les mots de dette,
07:03les mots de dette de la France,
07:04oh oui, et notre chemin de croix face aux dettes.
07:07Effectivement, demain, journée sociale importante en France.
07:10Par ailleurs, les agences de notation vont continuer d'actualiser la note.
07:13Ce sera le tour de Moody's au mois d'octobre,
07:15puis Standard & Poor's au mois de novembre.
07:17Est-ce que vous estimez que le marché obligataire réagit comme la France le mérite ?
07:24On a un 10 ans français en ce moment à 3,5%.
07:26Ça, c'est assez passionnant,
07:27et c'est vrai que j'étais dans un meeting stratégique de Bank of America
07:31et qui disait vraiment que c'est l'impopularité des gouvernements
07:34qui faisaient en fait le stress sur les dettes.
07:37En fait, les hedge funds n'attaquent pas les dettes vraiment sur les dettes sur PIB,
07:40s'il y a vraiment un endettement,
07:41parce qu'ils auraient attaqué l'Italie,
07:43ils auraient attaqué les Etats-Unis.
07:44Or, finalement, quand on regarde le lien commun,
07:46c'est l'Angleterre, le Japon et la France.
07:49Si on regarde, l'impopularité de ces trois gouvernements,
07:52c'est en dessous de 19%.
07:53En Angleterre, on est revenu à l'Eastrust,
07:55qu'on ne pensait pas revoir,
07:56en France, pratiquement à François Hollande,
07:59et Ishiba, il est revenu pratiquement au plus bas
08:02depuis la Seconde Guerre mondiale.
08:03Donc on voit bien que là où il y a de l'impopularité,
08:06finalement, il y a une tension,
08:07on attaque les taux d'intérêt de façon très nette,
08:09et surtout sur des pays qui sont un peu irréformables,
08:12je ne sais pas si le mot se dit,
08:13mais en l'occurrence, c'est là où les Etats-Unis attaquent.
08:16Donc en fait, le lien commun, c'est que ces trois pays,
08:19ce sont des dettes qui ont vraiment beaucoup souffert
08:21ces derniers mois,
08:22mais parce qu'il y a une impopularité du gouvernement
08:24qui fait qu'on a le sentiment que c'est ingouvernable,
08:26et là, les Etats-Unis se régalent.
08:27Oui, c'est plus l'impopularité qu'ils sanctionnent
08:30que le niveau de dettes sur PIB, en l'occurrence.
08:32Et regardez les pays d'Europe du Sud
08:34qui vraiment brillaient par leur instabilité politique,
08:36l'Italie, l'Espagne, pendant une bonne dizaine d'années.
08:39Aujourd'hui, leur situation budgétaire est assainie
08:40et la stabilité politique est de retour.
08:43C'est exactement ça.
08:44C'est assez impressionnant de voir ça.
08:45Merci David de nous avoir accompagné.
08:46Merci beaucoup, Guillaume.
08:47David Cruque, la financière de l'Échiquette.