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  • il y a 6 semaines
Ce mercredi 10 septembre, Olivier Ducatillion, président de l'Union des Industries Textile (UIT) et membre du Comex de la CPME, dans l'émission Good Morning Business sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Good morning business, parole de patron.
00:03Notre invité ce matin c'est Olivier Ducatillon, bonjour.
00:06Vous êtes président de l'Union des Industries Textiles, membre du Comex de la CPME.
00:10Vous étiez à la tête du tisseur de lin, le maître de Mester, j'espère que je dis correctement.
00:16C'est parfait jusque là.
00:17J'aimerais bien vous faire réagir sur une actualité qu'on a eue ce matin,
00:20c'est Primark qui lance son nouveau magasin à Montpellier.
00:23C'est le deuxième gros flagship qu'ils ouvrent en France avec des culottes,
00:2710 culottes à 6 euros, 3 paires de chaussettes à 5 euros, des t-shirts à 3 euros, des pulls à 12 euros.
00:33Qu'est-ce qu'on fait dans le moyenne gamme ? On arrête ? Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ?
00:37Ce qu'on fait justement, est-ce qu'on est résigné ou est-ce qu'on essaye réellement d'agir ?
00:43Pas dans les incantations et dans les espoirs et dans les volontés.
00:47Il faut agir, savoir que les gens qui font ça aujourd'hui,
00:50qui peut décemment penser qu'en achetant à ce prix-là ?
00:53Les gens peuvent être payés décemment, travailler dans des bonnes conditions
00:56d'un point de vue environnemental, social, c'est juste pas possible.
00:58Mais si les gens veulent des culottes à 3 centimes ?
01:00Alors les gens doivent être éduqués, il ne faut surtout pas blâmer les gens,
01:05ils n'ont pas forcément la culture, mais il faut qu'ils aient conscience
01:08de l'impact de leurs achats et de leurs actes.
01:11Et ça, ça prend du temps.
01:13Donc en attendant, on ne va pas attendre de faire la pédagogie,
01:16en attendant, il faut réagir.
01:17Il faut réagir au niveau des arsenaux législatifs qu'on peut avoir
01:26sur des frais par rapport.
01:28Alors Primark, c'est européen, vous allez me dire,
01:30les plateformes chinoises, on en parle depuis longtemps.
01:32Mais c'est made in China.
01:34Oui, mais c'est made in China.
01:35Mais vous avez remarqué qu'on en parle depuis longtemps,
01:37mais il ne se passe pas grand-chose.
01:38Il y a eu les projets de loi, il y a les projets.
01:41L'Europe met trois ans pour prendre une décision,
01:43pour supprimer les minimis à 150 euros.
01:45là où les Etats-Unis ont réagi en très peu de temps.
01:48Et on voit l'impact.
01:49Dès qu'on met des taxes ou des frais,
01:52parce qu'on est dans ce problème-là,
01:54le business chute.
01:55Alors comme ça a chuté aux Etats-Unis,
01:56maintenant ça se renforce en Europe.
01:58Et nous, c'est nous qui payons les pots cassés de tout ça.
02:00Donc vous dites qu'il faut augmenter le prix.
02:02Mais est-ce que vous faites partie de ceux
02:04qui pensent que pour le made in France,
02:06il faut monter en gamme type Saint-James
02:08et qu'on n'a pas le choix,
02:09parce que c'est là où on a de la valeur ajoutée,
02:11de la différence,
02:12ou vous faites partie plutôt de l'équipe slip française
02:13qui dit « je peux faire du moyenne gamme,
02:16fabriquer en France,
02:17peut-être en baissant un peu la qualité,
02:18parce que c'est ce qu'il a fait,
02:19et en même temps,
02:20je peux réussir à avoir un marché
02:22et à vendre chez Carrefour ? »
02:23Je vais vous faire une réponse de Normand
02:24qui ne va pas vous plaire.
02:25Les deux, vous aimez bien.
02:26Je vais vous dire les deux si tout simplement pourquoi.
02:29Parce qu'il y a une chose qui est incompréhensible,
02:31c'est que 100 euros de valeur ajoutée en France,
02:34et on va bientôt sortir les résultats
02:35d'une étude sur le sujet,
02:37100 euros de valeur ajoutée produit en France,
02:40c'est 338 euros dans les caisses de l'État.
02:42Et là, l'État doit prendre conscience de ça
02:45pour pouvoir donner un coup de pouce
02:47et favoriser la production.
02:50Parce qu'aujourd'hui, le mal français,
02:51le mal du financement de notre modèle social,
02:54c'est qu'il y a moins de production,
02:56moins de natalité, moins de production.
02:57Mais les consommateurs, ils s'en foutent de ça ?
02:59Le consommateur ?
03:00Pas tous, heureusement,
03:01et c'est là où je parle de pédagogie.
03:04Un des mots de notre économie aujourd'hui,
03:06c'est cette culture du pas cher,
03:08cette culture de moins en moins cher et du pas cher.
03:10Vous allez me dire comment on fait ?
03:11Oui, il faut effectivement aider
03:13pour qu'il y ait cette prise de conscience,
03:15mais il faut aussi que les gens,
03:17non seulement il y a la prise de conscience
03:18sur les conditions de travail,
03:20mais ça peut aussi atteindre la santé et la sécurité,
03:22puisque vous importez parfois des produits
03:24complètement hallucinants.
03:25Et comment on peut accepter d'importer en France
03:29des pays qui ne sont pas soumis aux mêmes normes
03:31que nos acteurs locaux ?
03:32Ça, c'est toute l'aberration du système
03:34de la surtransposition et des lois européennes
03:37qu'on va appliquer.
03:38On va appliquer, par exemple, des lois en France
03:39et les importateurs font ce qu'ils veulent.
03:42À un moment, vous ne luttez pas sur un pied d'égalité.
03:44Mais vous voyez, le patron des tables, lui, il dit
03:46« Moi, je produis en Chine avec des qualités
03:49qu'il considère, lui, être les bonnes,
03:51avec du coton bio, etc.
03:52Mais je privilégie mes boutiques qui sont en France. »
03:55Et lui, il se bat sur l'aspect retail,
03:56pas sur l'aspect « made in France ».
03:58Est-ce que le « made in France » a un sens sur ces gammes-là ?
04:01Ou est-ce qu'il ne faut pas lâcher l'affaire ?
04:03Le « made in France », je pense qu'il ne faut pas lâcher l'affaire.
04:05Si on lâche l'affaire, on lâche l'affaire de la prod.
04:07L'industrie arrive à moins de 10% du PIB.
04:09Est-ce que tout le monde se rend compte ?
04:11On ne peut pas dire à un moment,
04:12faire supporter à toutes les entreprises
04:14le financement de notre modèle social,
04:16qu'on supporte la retraite, le chômage.
04:18Pas de problème.
04:19Qu'on supporte la famille et la maladie.
04:22« Excusez-moi, ça devient de plus en plus compliqué ».
04:25Donc le patron d'Étame, il a ses convictions, ses valeurs.
04:29Et je ne fais pas partie de ceux qui disent
04:30« Ah, si ce n'est pas fait en France, la qualité n'est pas bonne ».
04:32Ce n'est pas vrai.
04:33Il y a des choses qu'on trouve qui sont de qualité tout à fait acceptable.
04:36Maintenant, il faut lutter contre ces gens qui font n'importe quoi.
04:39On ne peut pas décemment défendre
04:40au prix que vous avez mentionné.
04:42Et si on parle de Chine, de Temu, d'Ali Express,
04:44on a des prix où on ne peut pas défendre
04:46que ça soit fait dans de bonnes conditions
04:48et que la qualité soit acceptable.
04:50Forcément, à ce prix-là,
04:51vous ne pouvez pas acheter quelque chose de décent.
04:52En revanche, il y a des exemples de nos distributeurs
04:55qui se battent sur le retail,
04:57qui ont effectivement peut-être lâché l'affaire
04:59sur la partie production et lieu de production.
05:02C'est notre combat.
05:02Notre combat à la fois au niveau du textile,
05:04mais aussi à la fois de la CPME en général
05:06sur l'ensemble des business.
05:08Parce que là, on fait un focus textile.
05:10Avec ce qui se passe chez Intemu,
05:12c'est tout le commerce français
05:14dans tous les secteurs qui est en danger.
05:16Donc à un moment, il faut quand même bien se battre là-dessus
05:18et faire prendre conscience
05:19que la production peut être un vecteur de richesse,
05:23de recréer de la richesse en France
05:25pour financer notre modèle social.
05:26On ne peut pas continuer.
05:27Nous, on est tout à fait pour préserver un modèle
05:29qui est unique au monde
05:30et que tout le monde nous envie,
05:32mais on ne peut pas continuer à financer ce modèle
05:34si on ne fait pas quelque chose.
05:35Aujourd'hui, nos boîtes, elles ont besoin d'activité.
05:37Il leur faut de la commande.
05:39Privé au public.
05:41La commande publique peut être un levier également.
05:43Et la commande privée,
05:44c'est un travail de fourmi
05:45qu'on est en train de faire
05:46à la fois avec la CPME
05:47et avec l'Union des industries textiles
05:49de prendre chaque donneur d'or,
05:51les gros donneurs d'or
05:52qui pourraient mettre 1%, 2% de leur business
05:55en réfléchissant sur comment essayer de le faire
05:58en produisant en France.
06:00Il ne faut pas remettre en cause leur modèle économique.
06:04Mais il faut essayer d'envisager.
06:06Ça dépend aussi des valeurs et des convictions
06:08que les actionnaires et les dirigeants vont avoir.
06:10Je respecte les convictions de chacun.
06:12Merci beaucoup Olivier Ducatillon
06:13d'être venus ce matin dans la matinale de l'économie.

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