00:00Tout pour investir, le placement à suivre.
00:05Nous on change complètement de sujet, mais voilà, on parlait de l'immobilier qui guettait quand même un second souffle,
00:10mais c'est un petit peu le cas du secteur de la défense aussi, notamment quand il est coté en bourse,
00:15on a senti vraiment une très forte hausse en début d'année avec des annonces de dépenses d'investissement très significatives,
00:21notamment du côté de l'Europe avec des plans d'investissement.
00:24Maintenant, on sent qu'on a du mal à trouver un second souffle.
00:32On en parle avec Jean-Baptiste de Pascal d'Interinvest. Bonjour.
00:35Bonjour Antoine.
00:36Alors, on reste sur un secteur qui est très conservateur, on va dire, qui est un petit peu à l'abri des crises,
00:43des tempêtes du moment, de la politique, en même temps, très dépendant de la dépense publique,
00:49et avec des dynamiques de croissance qu'on n'avait pas vues depuis des décennies.
00:52Donc, c'est quoi un peu votre sentiment en ce moment sur ce secteur ?
00:56Effectivement, c'est un secteur qu'on a même un petit peu oublié pendant une décennie,
01:02mais c'est de côté.
01:04On se rappellera qu'il n'y a pas si longtemps, un responsable, un grand général,
01:09qui s'occupait directement de la défense auprès de l'Elysée, était parti,
01:13parce que justement les investissements dans le secteur de la défense ne contenaient pas,
01:17et ce n'était pas vraiment le sens de l'histoire, on ne cherchait pas à se renforcer sur la défense.
01:21On a découvert tous, j'ai l'impression, d'un coup, avec l'élection de Donald Trump,
01:27que finalement, les Américains n'étaient pas forcément nos amis pour la défense,
01:31et que les Chinois a priori non plus, les Russes non plus,
01:35et que finalement, l'Europe devait se débrouiller tout seul.
01:38Et on l'a découvert, ça nous est tombé dessus,
01:40alors qu'on avait décidé un peu de mettre la défense en second plan.
01:43Donc là, effectivement, dans le bas de combat, on le remet sur le de fond de la scène,
01:49mais effectivement, la défense, vous l'avez dit Antoine, c'est le temps long,
01:52donc ça ne se remet pas en route en une seule minute,
01:57parce qu'il faut que les budgets soient votés,
01:59effectivement, qu'ils soient ensuite distribués,
02:01mais que ce soit surtout commandé,
02:02parce que pour le vrai, il y a quand même de la commande
02:04qui doit ensuite se matérialiser dans toutes les entreprises du secteur.
02:08Alors, en plus, on va dire, ça va de la toute petite entreprise
02:14aux géants mondiaux, le secteur de la défense.
02:18Et on voit que le profil de ces entreprises a eu un impact assez massif
02:23du côté de la bourse, déjà en capitalisant,
02:27en recapitalisant très très fort les grosses entreprises du secteur,
02:30mais aussi en reformatant totalement le tissu des PME en France,
02:34parce que, comme vous disiez, on découvre des trucs,
02:37que, bah oui, on a des très très bons acteurs de la défense en France,
02:40je pense à Exail, je pense à tout un tas d'entreprises,
02:44les Exocence, etc., qui ont complètement changé de dimension.
02:47Et là, on se retrouve avec quelque chose
02:50qui a été de nature transformatrice en début d'année,
02:53et là, bon, effectivement, c'est le temps long,
02:56il y a peut-être aussi des prises de profit.
02:58Est-ce que vous pensez que la dynamique peut se poursuivre
03:00en attendant que se précisent des intentions d'investissement,
03:04de commande, etc. ?
03:05Alors, effectivement, quand on parle,
03:07et quand on anime le sujet de la défense,
03:09on a tendance à parler un peu des gros groupes,
03:11on voit aussi notre Big Ford,
03:13et Thalès, Safran, Airbus, etc.,
03:15qui prennent un peu le devant de la scène,
03:17et qu'on voit qu'ils sont mis en lumière.
03:18En gros, on parle des montants qui ont été investis,
03:2024, sur les ETF défense,
03:22qu'on fait simple, on ne vise personne,
03:23c'est à peu près un milliard.
03:24Bon, sur le S1 2025,
03:26donc juste un an plus tard, c'est 6 milliards.
03:29Donc, effectivement, le secteur, on l'a vu.
03:31Mais on parle de tout ce qui est coté.
03:34Et en France, on a une liste, entre guillemets,
03:38des entreprises qui sont dans le secteur de la défense.
03:40C'est la BITD, c'est la Base Industrielle Technologique de Défense.
03:43Cette base, elle est constituée de 4000 PME.
03:474000 PME, juste en France.
03:49D'ailleurs, 1000 qui sont considérées comme stratégiques pour notre défense.
03:52Mais ça veut dire que ce secteur-là,
03:53il est porté effectivement par des grands groupes,
03:55mais aussi par beaucoup, beaucoup de PME.
03:58On estime même que c'est 80% de PME
04:01qui fabriquent et qui sont essentielles
04:04pour le secteur de la défense.
04:06Donc, eux, ils n'ont pas encore bénéficié de ces systèmes d'aide.
04:09Et en plus, c'est des systèmes qui sont plus lents,
04:11parce que ces PME, elles doivent se réorganiser,
04:14peut-être se réindustrialiser,
04:15peut-être se rapprocher et se regrouper et se consolider.
04:19Et c'est là où ce ne sera peut-être pas le côté qui va amener ça,
04:22mais peut-être plutôt le non-côté,
04:24donc le private equity.
04:26Parce que quand on parle de temps long, de réorganisation,
04:29ces PME, beaucoup sont familiales,
04:31eh bien, il va y avoir une transformation
04:33et qui va s'amorcer dans le temps
04:34et qui ne peut pas s'amorcer tout de suite,
04:37notamment parce qu'ils n'ont pas forcément les capitaux
04:38tout de suite pour se transformer.
04:39Mais alors justement, j'allais vous dire,
04:41si c'est des entreprises qui ont besoin
04:43de passer par des transformations quand même structurelles,
04:45très importantes,
04:47est-ce que ce n'est pas justement l'occasion
04:49de regarder ce qu'il est possible de faire
04:50du côté de l'investissement dans le non-côté
04:52à destination du secteur de la défense,
04:54qui sera peut-être une dynamique de développement
04:56un peu supérieure à ce qu'on peut voir
04:58dans le côté chez les très gros acteurs ?
05:00Vous avez raison, Antoine,
05:02parce que c'est exactement
05:03les critères qu'on regarde dans le non-côté,
05:06parce que quand vous avez du temps long,
05:08quand vous avez de la visibilité,
05:10parce qu'on sait que la tendance sur la défense,
05:12on a compris que maintenant,
05:13il va falloir le faire,
05:14et les plans ont été votés pour longtemps.
05:16C'est des plans, le plan européen,
05:18Riarme Europe, c'est 800 milliards,
05:20mais c'est jusqu'en 2030.
05:22On a lancé ça en France,
05:23c'est 400 milliards jusqu'en 2030 aussi,
05:24donc on a lancé ça sur le temps long.
05:26Donc on a de la visibilité dans le temps long,
05:28on sait que c'est stratégique,
05:29donc ça ne devrait pas être laissé de côté,
05:31quelles que soient les politiques publiques,
05:32et on a en France une qualité,
05:36un savoir-faire qui est reconnu.
05:38Donc on a trois éléments qui sont très forts
05:40en disant de la compétence,
05:41de la visibilité et de l'argent,
05:43et donc des moyens.
05:44Et donc effectivement,
05:45c'est là où le private equity va pouvoir répondre à ça
05:48et se dire,
05:48c'est peut-être à ce moment-là
05:49qu'il faut venir sur ce secteur-là,
05:51parce que ça va répondre à ces trois problématiques
05:54et ça va donner une bonne visibilité pour les gérants.
05:56J'allais dire ça aussi parce que le diable
05:59est toujours dans les détails,
06:01mais si on regarde les grosses sociétés
06:03qui, alors elles, vont être vraiment alimentées
06:06par les très gros programmes d'investissement
06:08et notamment européens.
06:09Je pense notamment à Dassault Aviation,
06:11qui n'est pas fichu de s'entendre
06:14avec ses partenaires allemands
06:16pour construire le chasseur du futur,
06:18le SCAF, etc.
06:19Est-ce que vous pensez qu'un des ennemis
06:22justement contre lequel il va falloir lutter
06:24et quand on est un grand groupe de défense,
06:27c'est ces dissensions européennes
06:29qui sont vraiment agaçantes des fois
06:32parce qu'on a l'impression
06:33que l'argent ne demande qu'à affluer
06:34et il y a des blocages comme ça
06:36de temps en temps, de société à société.
06:39Effectivement, mais c'est vrai pour la défense,
06:41c'est ça, pour beaucoup de secteurs en Europe,
06:42ce qui fait bien l'Europe.
06:43On est d'accord, là c'est juste stratégique.
06:45Voilà, de façon plus resserrée,
06:48notamment sur des sujets importants.
06:50Mais derrière ces grands groupes,
06:53il faut aussi qu'on y arrive au rang 2
06:54parce que pour fabriquer un rafale,
06:56il y a aussi derrière énormément de PME
06:59qui vont contribuer,
07:01dont certaines qui sont majoritairement en France,
07:03mais d'autres aussi en Allemagne.
07:05Et donc, de toute façon,
07:07techniquement, on n'a pas le choix
07:08parce qu'il faut qu'on s'entende
07:09puisqu'on n'a pas encore tous la compétence
07:11pour fabriquer l'avion ici
07:13uniquement avec nos PME en France.
07:14Donc, de toute façon matériellement,
07:17on va devoir s'entendre.
07:18Après, effectivement, il faut qu'au niveau
07:20des grands groupes, il y ait plus de fluidité
07:21et ça, en général, c'est aussi...
07:23Il y a beaucoup de politiques,
07:24c'est-à-dire qu'il faut que nos politiques
07:26internationales soient plus claires
07:29pour que ça donne de la lisibilité à tout le monde.
07:31Mais on va dire que, finalement,
07:32la finalité, on la connaît déjà,
07:33on n'a pas le choix.
07:35Donc, dès lors que l'objectif,
07:36il est déjà...
07:37C'est comme s'il était atteint
07:38puisque, de toute façon,
07:39on ne se pose pas la question,
07:41on va tous être tirés, de toute façon,
07:42pour y arriver.
07:43Avant mon choix, oui.
07:43Et si vous aviez quelques conseils à donner
07:48si on veut s'intéresser au secteur de la défense
07:51pour investir,
07:53bien regarder les PME
07:55parce que ça constitue le tissu principal,
07:58vous le disiez, à 80%.
07:59Et puis, avoir une optique peut-être
08:03un petit peu européenne,
08:05pan-européenne, presque.
08:06Alors, européenne, oui.
08:07Après, on risque d'être quand même
08:09un peu reciblé sur la France
08:10parce que, je vous disais,
08:11on en a beaucoup en France.
08:12Donc, ça sera peut-être des fonds
08:13qui seront peut-être plus orientés
08:14vers la France.
08:14Je pense notamment à l'Allemagne aussi.
08:16Oui, la France et l'Allemagne.
08:17On est peut-être les deux plus avancés
08:19sur cette technologie-là
08:19et sur cette compétence.
08:23Après, moi, je pense que
08:24sur le privé-técoutique,
08:26c'est vrai, sur la défense,
08:26c'est sur Boto,
08:27moi, je privilégie la boîte des fonds
08:29parce que c'est difficile
08:30de trouver la bonne pépite.
08:32Il vaut mieux être réparti sur plusieurs
08:34puisque ça va vous donner
08:35un panier de 10-15 boîtes
08:37et ça sera peut-être plus évident
08:38parce qu'on peut-être
08:39qu'une va se tromper.
08:40Si on est réparti sur un panier
08:42un peu plus large,
08:43ce sera peut-être plus efficient
08:44et avec une vision plus long terme.
08:47Donc, moi, je préférerais plutôt
08:48des investissements au travers de fonds
08:49qui font une sélection de 10-15
08:51et dans une logique un peu large aussi
08:53puisque la défense,
08:55ce n'est pas que l'armement.
08:56Je pense, par exemple,
08:57au secteur de la cyber.
08:59La cybersécurité.
09:00C'est hyper important
09:01et ça fait partie
09:02de la stratégie de défense globale.
09:04Merci beaucoup,
09:05Jean-Baptiste de Pascal, Interinvest.
09:06En plus, on avait une optique
09:07vraiment globale
09:09sur ce secteur de la défense.
09:10dont on attend le second souffle
09:12et à regarder peut-être
09:13par le biais des PME
09:15qui sont quand même
09:17dans le domaine de l'excellence
09:18en France à ce niveau-là.
09:19Merci d'avoir été avec nous.