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  • il y a 2 jours
Serge Weinberg, président fondateur de Weinberg Capital Partner, était l'invité de Laure Closier dans Good Morning Business, ce mardi 30 septembre. Ils sont revenus sur la manifestation des patrons préparée par la Medef, et le financement de la défense , sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Notre invité ce matin c'est Serge Wimbert, bonjour, vous êtes le président fondateur de Wimbert Capital Partners, 1,6 milliard d'euros d'actifs gérés, un des acteurs majeurs du private equity.
00:09Vous avez créé un des premiers fonds dédiés à l'accompagnement des PME et des ETI du secteur de la sécurité et de la défense.
00:15On va parler du financement de la défense, mais avant je voudrais avoir votre avis sur l'ambiance budgétaire actuelle, sur les négociations, sur ce Medef qui prépare une manifestation des patrons.
00:24Est-ce que ça résonne chez vous ? Est-ce que vous allez y aller le 13 octobre ? Comment vous voyez le climat actuel ?
00:30On ne peut pas dire qu'il soit exceptionnel, il y a beaucoup d'inquiétudes, d'ailleurs ça se voit dans le taux d'épargne, 19% de taux d'épargne c'est quand même 4 points de plus qu'habituellement.
00:40Il y a un sentiment effectivement de crainte parce qu'en fait les problèmes principaux ne semblent pas vraiment abordés.
00:49Le problème principal c'est la dépense publique et donc tout le monde se concentre sur des mesures fiscales, la Zoukmania, toute une série de sujets qui ne sont pas au cœur de nos problèmes.
01:03Je ne parle pas de la fiscalité sur les plus riches ou de l'équité fiscale, mais simplement le cœur de notre sujet c'est la dépense publique.
01:13Nous avons aujourd'hui 170 milliards de déficits, la dette ce n'est pas une abstraction, c'est la somme des déficits antérieurs.
01:21Donc si nous ne parvenons pas à maîtriser cette dette publique, et bien comme la dette croît maintenant plus vite que le PIB et qu'elle fait plus que le PIB, c'est une spirale sans fin.
01:34Donc nous avons une urgence absolue à réduire la dépense publique.
01:38Il y a le fait de ne pas parler de l'éléphant au milieu de la pièce, c'est-à-dire la dépense publique, mais il y a aussi selon le MEDEF, et ce sont ses mots pour organiser leur grand round du 13 octobre,
01:49ils disent stop à la stigmatisation, réussir c'est pas une honte. On a un problème avec la réussite dans notre pays ?
01:56Je crois que c'est un sujet de, enfin c'est une perception qui est liée au débat politique.
02:01Le débat politique a été très animé, est très animé avec effectivement une stigmatisation des riches, des entrepreneurs présentés comme des riches.
02:10Alors beaucoup d'entrepreneurs ne sont pas les riches, ce sont des gens qui travaillent, et qui ne travaillent pas nécessairement pour l'argent.
02:15La volonté d'un entrepreneur avant tout, c'est d'entreprendre, de développer son affaire, de créer des emplois.
02:23C'est pas... Tous les entrepreneurs que je rencontre, ce sont des gens qui sont passionnés par ce qu'ils font, qui prennent des risques.
02:30Donc c'est absurde d'imaginer que l'entrepreneur, le patron sous toutes ses formes, parce qu'il y a les grandes, il y a les petites, il y a les moyennes entreprises,
02:39est quelqu'un qui est avide d'argent et ne pense qu'à ça.
02:42Et effectivement, ça crée un climat qui est terrible, parce que qui a envie d'entreprendre dans un univers où il y a une telle stigmatisation ?
02:51Je pense qu'il y a beaucoup de méconnaissances, notamment dans le monde politique, de ce qu'est la réalité de l'entreprise.
02:56Et je pense que peut-être nous avons aussi les chefs d'entreprise, tous là où ils sont, à faire mieux connaître l'entreprise.
03:04Et il faut le dire aussi que nous avons une classe politique qui connaît très très mal l'entreprise.
03:08Quand vous regardez les carrières des hommes politiques aujourd'hui, quelles que soient les tendances politiques, très peu ont connu, ont eu l'expérience de l'entreprise.
03:17Mais quand on entend Éric Larchevêque, ou Marc Fiorentino l'a dit sur ce plateau, ou encore Anthony Bourbon dire
03:22« je ne conseille pas aux jeunes entrepreneurs de rester en France, il n'y a pas assez de reconnaissance, on n'arrive pas à lever des fonds, il faut aller ailleurs ».
03:32Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
03:33Je crois qu'il ne faut quand même pas exagérer. Et puis, moi, à titre personnel, j'ai une philosophie simple, c'est que je me bats où je suis.
03:41Et je ne suis pas son argent. On a un pays magnifique qui a des infrastructures, qui a des compétences, où il y a des entrepreneurs.
03:51Il y a énormément d'entrepreneurs et on le voit. Et je dirais, par rapport au début des années 2000, on en a encore plus.
03:57Donc, ça vaut la peine de se battre et de résister, effectivement, à cette tendance qui est mortifère.
04:05Mais ça passe par toute une série d'actions aussi, par une série de disciplines.
04:09C'est vrai que si la dépense publique continue à croître, 57% de la dépense publique par rapport au PIB,
04:15alors que nous n'avons que 45% de recettes, c'est-à-dire qu'on a aussi un taux de prélèvement fiscal,
04:23le prélèvement obligatoire, qui fait de nous le premier en Europe.
04:27Le premier parmi les 27. On est le deuxième en dépense et le premier en recettes.
04:32On est au bout du système. Donc, nous ne pouvons pas continuer comme ça.
04:36Mais on entend ce matin qu'on va augmenter la flat tax à 36%.
04:39Donc, on n'est pas encore complètement au bout du système.
04:41Il y a encore un peu de marge sur la fiscalité.
04:43On est loin du système.
04:45Mais est-ce qu'il faudra que des grandes entreprises,
04:48et ça fut le cas en Suède il y a maintenant assez longtemps,
04:52partent pour que les gens se réveillent ?
04:56Je ne le souhaite pas, mais ça peut arriver.
04:59Des grandes entreprises ?
05:00Ça peut arriver. Pourquoi ?
05:01Parce que notamment, nous avons dans les grandes entreprises,
05:05je ne parle pas des grandes entreprises familiales,
05:06mais un capital qui est largement détenu par des actionnaires étrangers.
05:10Pourquoi est-ce qu'ils accepteraient d'être actionnaires d'une entreprise
05:16qui est sous un tel réseau de contraintes ?
05:20Donc, nous ne sommes pas dans une situation irénique,
05:23où le monde nous regarde simplement.
05:26Prenez le cas des investisseurs étrangers aujourd'hui.
05:29Nous en avons beaucoup.
05:31Chez WCP, nous avons beaucoup d'investisseurs
05:34qui sont intéressés par ce que nous faisons.
05:36Aujourd'hui, un investisseur étranger,
05:38il a le choix d'investir partout dans le monde.
05:41Pourquoi est-ce qu'ils viendraient en France
05:42avec une telle incertitude
05:45et des paramètres qui, objectivement, ne sont pas bons ?
05:48Qu'est-ce que vous leur dites ?
05:50Je leur dis que ce qu'on fait chez WCP,
05:52c'est-à-dire investir dans des entreprises de taille petite et moyenne,
05:56ça a des opportunités extraordinaires.
06:00Je vois souvent qu'il faut être gros, plus grand,
06:03que le capital d'investissement va se consolider.
06:06Nous, nous sommes restés fidèles à notre ADN depuis le début.
06:09Nous investissons dans des entreprises petites et moyennes.
06:13Il y en a énormément.
06:14Nous avons le choix.
06:15Nous ne sommes pas condamnés à investir
06:17parce qu'il n'y a que deux ou trois occurrences par an.
06:20Et nous les faisons grandir.
06:21Alors, ce sont les dirigeants, évidemment,
06:23qui les font grandir.
06:23Mais nous les aidons à grandir.
06:25On a des histoires extraordinaires.
06:26On a des histoires de sociétés qui, aujourd'hui,
06:29quand on les a acquises,
06:31valaient quelques dizaines de millions.
06:33Et aujourd'hui, ils valent un milliard.
06:35Donc, ces fameuses ETI que l'Allemagne a développées pendant des siècles,
06:41si je puis dire, en tout cas pendant 150 ans,
06:44nous, notre industrie, et nous particulièrement chez WCP,
06:48nous en avons créé quelques-unes.
06:50Et nous sommes un peu des fabricants d'ETI, si je puis dire.
06:53Mais justement, dans le private equity,
06:55on a entendu beaucoup ces derniers temps qu'il y allait avoir des consolidations,
06:58peut-être des fusions de fonds,
06:59qu'il y a des problèmes avec des sorties d'entreprises
07:02qu'on n'arrive pas à valoriser correctement.
07:04On a ce matin le dossier Karmat qui ne trouve pas de fonds,
07:06le dossier ACI qui dit que les investisseurs ne le suivent pas.
07:10Comment vous voyez évoluer le marché ?
07:13Alors, il y a des tendances contradictoires.
07:15Tout d'abord, effectivement, il y a des grands investisseurs mondiaux
07:18qui, eux, veulent investir des montants significatifs.
07:21Alors, ceux-là vont vers les grands fonds internationaux.
07:24On en a quelques-uns en France,
07:26que ce soit dans l'investissement dans les entreprises
07:28ou les infrastructures.
07:31Mais il y a tout ce terreau d'entreprises de taille petite et moyenne
07:34qui ne peut pas être adressé par les grands.
07:37Donc, je ne crois pas du tout que le marché va se consolider
07:41jusqu'à représenter quelques acteurs dans chacun des pays
07:44ou dans le monde.
07:46Parce que ce niveau-là d'entreprise
07:48ne pourra pas être approché par les grandes structures.
07:51Vous êtes dans votre couloir de nage, en fait.
07:53Alors, nous, nous ne faisons que de l'investissement en equity, en actions.
07:57Nous sommes restés très disciplinés là-dessus.
08:01Mais, effectivement, dans différents segments.
08:03Alors, l'ULBO généraliste, la défense, l'impact,
08:07ce sont des stratégies qui sont menées par chacun de nos fonds
08:10de manière autonome.
08:11Sur le financement de la défense, les choses bougent.
08:14On entendait Jean-Baptiste Suède raconter que des familles
08:17dans le private equity s'intéressent désormais au secteur.
08:21On a raconté que la BNP avait changé sa politique de financement des armes,
08:25ne parle plus d'armes controversées.
08:26Tout ça, ce sont des bons signaux.
08:29Oui.
08:29Vous savez, quand on a commencé à lever notre fonds de défense en 2020,
08:33on était assez seuls.
08:34Et on s'est opposé, on nous a opposé beaucoup l'ESG
08:37en disant que ce n'était pas possible.
08:39C'était sale.
08:40C'était du financement sale.
08:41C'était vraiment pas bien.
08:43Alors, depuis, il y a eu l'Ukraine, il y a eu Trump.
08:47Évidemment, ça a changé complètement le paysage.
08:49Et aujourd'hui, je dirais, d'une certaine façon,
08:51tout le monde se sent obligé, d'une façon ou d'une autre,
08:53de participer à l'effort.
08:55Donc, par rapport à ce qu'on a connu,
08:56par rapport aux difficultés du secteur,
08:59que ce soit en dette ou en capital,
09:02il y a aujourd'hui, je pense, pas mal de réponses à porter au besoin.
09:05– Et vous voyez des valorisations sur le secteur s'envoler.
09:09On parle de Rheinmetall, par exemple,
09:10qui a vu ses côtés, qui a vu sa valorisation exploser,
09:14son titre monter très fort.
09:16Vous voyez des choses dans le même ordre
09:18dans les entreprises qui vous suivent ?
09:20– Le secteur a effectivement beaucoup monté,
09:22notamment pour les sociétés côtées.
09:24Pour les sociétés non-cotées, c'est beaucoup plus difficile.
09:26Nous nous intéressons à des entreprises petites
09:28de la supply chain, de la défense,
09:30tout d'abord en France, et j'espère bientôt en Europe,
09:33pour faire de la consolidation,
09:35pour faire que ces entreprises,
09:37qui sont en général de très bonnes entreprises
09:39sur le plan technologique, soient plus fortes
09:41et puissent apporter un service à la défense
09:44qui soit permanent, à la hauteur des enjeux,
09:47c'est-à-dire capacité de fabrication,
09:50rapidité de livraison et élargissement de leur gamme.
09:54– On a vu Éric Trappier de Dassault Aviation
09:57ces derniers temps dire le SCAF,
09:58on peut le faire, nous, chez Dassault,
10:00on veut que la France soit leader,
10:02on en a marre de tergiverser, laissez-nous le dossier.
10:04Est-ce qu'il a raison d'agir comme ça
10:05et de taper du poing sur la table ?
10:07– Alors, c'est vrai que Dassault a toutes les qualités
10:09aujourd'hui pour faire le SCAF tout seul.
10:12Bon, maintenant, il y a d'autres considérations
10:14qui sont liées à la situation géopolitique de l'Europe.
10:18Donc, je ne me prononcerai pas spécialement sur le SCAF,
10:21mais je pense que l'avenir de la défense européenne,
10:24c'est aussi de multiplier les collaborations.
10:26Et simplement, évidemment, une collaboration,
10:28c'est très difficile à monter sur le plan industriel,
10:29et il est bon qu'il y ait un leader.
10:31– Vous nous avez dit trois acquisitions,
10:34trois engagements par an.
10:35Je crois qu'on en a déjà deux.
10:37Il y a Bio & Co que vous venez de récupérer
10:40et puis il y a eu une autre acquisition dans la défense.
10:43Est-ce que la troisième arrive ?
10:45– Alors, nous avons déjà fait quatre acquisitions dans la défense.
10:49– Cette année ?
10:50– Non, au total, donc deux et deux.
10:53Nous avons fait dans notre activité LBO,
10:58sur notre quatrième fonds qui a commencé au début de l'année dernière,
11:01nous avons fait six acquisitions.
11:03Donc, vous voyez, il y a de quoi nourrir.
11:05– Il se passe des choses.
11:06– Il se passe pas mal de choses.
11:08– Merci beaucoup Serge Lambert d'être venu ce matin
11:09dans la matinale de l'économie.
11:10– Merci beaucoup.
11:10– Merci beaucoup.
11:10– Merci beaucoup.

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