- il y a 2 mois
Chaque soir, Julie Hammett vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.
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00:00Vous regardez BFM Grand Soir et on va revenir sur cette troisième journée de procès dans l'affaire Jubilard.
00:05Aujourd'hui, le directeur de l'enquête était à la barre et il a dû faire face aux attaques des avocats de la défense.
00:11On va en parler dans un instant avec Jacques-Charles Fonbonne, bienvenue, général de gendarmerie,
00:16Alexandra González du service police-justice, bonsoir Alexandra, et Florence Rouas, avocate pénaliste.
00:22Mais juste avant, le récit de cette troisième journée de procès, il est signé Julien Migomillaire avec nos équipes sur place.
00:30Regardez.
00:33Pour cette troisième journée d'audience, Cédric Jubilard porte un jean et un sweat gris.
00:39Debout, il répond à toutes les questions d'une voix claire et assurée et revient sur les propos tenus par l'administratrice de ses enfants.
00:46Selon elle, son fils Louis, aujourd'hui âgé de 11 ans, serait convaincu de la culpabilité de son père.
00:55Mais face à la cour, Cédric Jubilard clame à nouveau son innocence.
01:01Je n'ai pas tué Delphine. Je me sens concerné et discriminé. Je ne comprends pas sa colère.
01:10Face à la cour, Cédric Jubilard balaye les critiques, et notamment celles qui visent à le faire passer pour un père froid.
01:16Qui prend peu de nouvelles de ses enfants depuis son incarcération.
01:20Votre fils Louis a demandé à vous voir. Est-ce que vous avez envie que vos enfants viennent vous voir en prison ?
01:25En prison, non. Mais en visio, oui.
01:27On vous l'a proposé ?
01:28Non, personne.
01:30Vous avez baissé les bras ?
01:31Mon dernier courrier date du 28 juillet, et mon courrier n'a toujours pas été transmis.
01:37J'ai soutenu d'organiser des visites de Louis au parloir de la prison de là où est Cédric Jubilard,
01:42et qu'il n'a rien fait pour que ça se passe. Donc il fallait le rappeler, ça.
01:46Comme hier, la défense se montre combative, offensive, déterminée, à l'affût du moindre élément.
01:54Du détail qui pourrait, à lui seul, faire basculer tout le procès.
01:58D'abord, il y a les deux gendarmes, celles qui interviennent en premier,
02:02qui sont appelées par Jubilard et qui arrivent à son domicile,
02:04qui le découvrent avec la fameuse tenue de Panda.
02:06Elles ont été hier mises face à leurs contradictions.
02:11Lorsqu'elles sont en reconstitution, elles donnent une version.
02:14Lorsqu'elles sont à la barre, elles donnent un autre témoignage.
02:16Et d'ailleurs, il y a une question à ce moment-là de la défense qui dit
02:19« Mais vous êtes briefé, là, pour dire ça ? »
02:21Parce qu'un jour, vous dites noir, et ici, à la barre, vous dites blanc.
02:27Et puis, il y a ce témoignage troublant, celui d'un homme
02:30qui dit avoir vu quelques heures après la disparition de Delphine Jubilard
02:34une voiture suspecte dans un lieu peu fréquenté,
02:38à quelques kilomètres seulement du domicile des Jubilards.
02:41« Moi, j'allais au travail, tous les matins,
02:45et je prends une route de campagne, si vous voulez,
02:47on ne voit jamais de voiture.
02:49Et voilà, ce jour-là, on a vu une voiture allumée
02:52sur le bas-côté de la route, avec le plafonier allumé.
02:57On s'est posé des questions, et plus tard, on avait appelé la gendarmerie. »
03:01Ce témoignage fait bontir la défense de Cédric Jubilard,
03:04parce qu'au moment même où cette voiture suspecte est repérée,
03:07il est chez lui, avec des enquêteurs.
03:09Pour les partis civils, ce témoignage n'a aucune valeur.
03:13Selon eux, les avocats de Cédric Jubilard
03:16chercheraient à brouiller les cartes en multipliant les fausses pistes.
03:20« Ça, ce n'est pas une vraie piste crédible ? »
03:23« Non. Apprendre les choses de manière isolée,
03:26on finit pratiquement par s'y perdre.
03:27On crée un brouillard de guerre qui n'est pas compatible
03:30avec l'idée qu'il faut se faire de l'ampleur
03:33et de la qualité des moyens qui ont été déployés
03:36pour retrouver Delphine Jubilard. »
03:38Et c'est ce qu'a martelé cet après-midi le chef des enquêteurs.
03:41Tous les éléments recueillis ramènent à Cédric Jubilard,
03:44malgré l'absence de corps et d'aveu.
03:46Ce qu'on retient, Alexandra González, de cette troisième journée de procès,
03:52c'est à quel point la défense a torpillé tous les éléments
03:56énoncés par le directeur de l'enquête.
03:59Élément, soi-disant, à charge, donc, contre Cédric Jubilard.
04:03Élément à charge.
04:04Mais c'est vrai qu'il faut s'imaginer que dans cette salle d'audience,
04:06pendant deux heures, vous avez eu un major de gendarmerie à la barre,
04:1031 ans de carrière, qui a déroulé toute l'enquête
04:16en expliquant, élément après élément,
04:18pourquoi là, le seul suspect, le seul accusé possible
04:22dans ce dossier était Cédric Jubilard.
04:24Et là, après deux heures de cette intervention,
04:27arrivent les avocats de la défense
04:29qui vont torpiller un à un
04:31tous les éléments que lui avait pu exposer,
04:34avec notamment Maître Emmanuel Lefranc,
04:36que l'on voyait sur ces images tout à l'heure,
04:39qui est monté crescendo, nous disaient
04:41nos envoyés spéciaux sur place.
04:43C'est-à-dire qu'elle a commencé d'abord par dire,
04:47par dépeindre un Cédric Jubilard
04:49qui avait accepté le divorce.
04:51Elle dit qu'il avait demandé un crédit
04:53à la consommation pour la vie d'après.
04:56Il s'était inscrit sur Mythique,
04:58il se présentait déjà comme un papa divorcé,
05:00donc il avait accepté ce divorce.
05:02Donc, ce n'était pas le mari jaloux
05:03qui aurait tué sa femme parce qu'elle menaçait de le quitter.
05:06C'est ce qu'ils ont essayé de dire.
05:07C'est ce qu'elle essaye d'instiller la défense.
05:10Elle revient par exemple sur ces lunettes cassées
05:12de Delphine Jubilard
05:13qui sont retrouvées par les enquêteurs
05:15huit jours après sa disparition dans la maison.
05:18Elle dit, bah oui, mais elles étaient cassées.
05:20Et alors, peut-être qu'elle portait ses lentilles.
05:22Ça ne veut pas dire qu'il s'est passé forcément
05:25quelque chose de criminel.
05:27Elle parle des cris qui ont été entendus
05:29par des voisines habitant en face
05:31la nuit de la disparition.
05:32Et là, Emmanuel Franck dit,
05:34j'ai refait tout le redatage
05:36et ça ne colle pas.
05:38Elle revient sur la piste de l'amant
05:40en disant, cette piste a été complètement écartée
05:42par les enquêteurs
05:43qui ont notamment utilisé comme argument
05:45la domotique n'a pas été utilisée ce soir-là.
05:48Ils sont restés dans la maison.
05:50Et l'avocate, donc la domotique,
05:52c'est tout ce qui est l'usage des appareils électroniques
05:54et la porte d'entrée notamment.
05:56Et l'avocate leur dit, oui,
05:58mais ils pouvaient sortir par la porte vitrée.
06:01Donc, on voit qu'elle a eu aujourd'hui,
06:05elle a tenté en tout cas à chaque fois
06:07d'instiller le doute,
06:09de torpiller tous ses arguments,
06:11l'idée étant derrière
06:11qu'il y ait un doute qui profite à l'accusé.
06:15Florence Rouas,
06:16c'est vrai qu'on a eu l'impression
06:17que les avocats de la Défense
06:19avaient réponse à tout.
06:21Et c'est là qu'on se dit
06:21à quel point ça doit être difficile
06:23pour les jurés de se positionner aussi.
06:25Oui, bien sûr, mais c'est très important.
06:27C'est un travail, j'allais dire,
06:29très pointilleux qu'ils sont tenus de faire
06:32parce que c'est vrai que l'enjeu est important.
06:34Et c'est vrai qu'aujourd'hui,
06:36Cédric Jubilard,
06:37c'est l'accusé et le suspect principal,
06:41mais aussi finalement le coupable idéal,
06:45et le coupable par défaut.
06:46Donc, je comprends très bien
06:47mes confrères de la Défense
06:48qui ont à cœur en fait
06:49de démontrer point par point
06:51qu'à chaque argument invoqué,
06:53notamment par le directeur d'enquête
06:54entendu aujourd'hui,
06:56eh bien, il y a des contre-arguments
06:57qui peuvent être invoqués
07:00et qui doivent justement
07:04susciter le doute,
07:06les interrogations dans l'esprit des jurés.
07:08Ils font leur travail.
07:09C'est très important, ça.
07:10Peut-être qu'on peut les écouter, d'ailleurs,
07:11les avocats de Cédric Jubilard
07:13qui pointent du doigt
07:14tout ce qui n'a pas été fait
07:15dans cette enquête.
07:17Y a-t-il eu des failles ?
07:18Oui, selon eux, on les écoute.
07:19Si vous voulez,
07:22a été pointé du doigt
07:23tout ce qui n'a pas été fait quand même.
07:24C'est énorme.
07:25Des figesses qui n'ont pas été interrogées.
07:27Des relations particulières
07:28entre l'enquêteur
07:29et un suspect quand même évident.
07:33Des investigations qui n'ont pas été menées.
07:35Des prélèvements qui n'ont pas été envoyés
07:37au laboratoire
07:38s'agissant de personnes
07:39qu'on a raison de suspecter.
07:42Et on a repris avec Maître Franck
07:44le procès verbal criminalistique
07:45du 11 juin 2021.
07:47Retenez cette date.
07:48On est à 5 jours
07:49de l'interpellation de Cédric Jubilard.
07:52Et il est noté quoi ?
07:53Vous l'avez entendu,
07:54cette liste à l'après-verre
07:55que l'on a faite.
07:56Pas de traces de lutte.
07:58Pas de traces de crimes.
07:59Pas de traces de sang.
08:00Ni dans la maison.
08:02Ni dans le jardin.
08:03Ni dans la voiture.
08:04On fait quoi avec ça ?
08:06Est-ce qu'on peut dire que, de fait,
08:08les enquêteurs,
08:10malgré le travail colossal
08:11qu'ils ont mené,
08:12sont passés à côté de quelque chose ?
08:16Il y a 5 ans d'enquête.
08:17Il y a 15 000 pièces de procédure.
08:19Au-delà des enquêteurs,
08:20il y a les juges d'instruction.
08:23C'est eux qui mènent l'enquête
08:24dans ce domaine.
08:26Mais c'est ce que disait
08:28Maître Horace à l'instant.
08:30L'avocat est un auxiliaire de justice.
08:32C'est-à-dire qu'il participe,
08:33on va dire, à la manifestation
08:34de la vérité,
08:35mais avec des armes
08:37qui ne sont pas celles des enquêteurs.
08:39Je dirais que les deux armes classiques
08:40que l'on rencontre
08:41lorsque l'on est directeur d'enquête
08:43et qu'on se retrouve dans cette situation,
08:45c'est
08:45« Vous avez ciblé mon client
08:48et vous avez négligé
08:49les pistes annexes ? »
08:51Ou « Vous avez effectivement
08:53bouclé toutes les pistes possibles ? »
08:55Et c'est ce qui est le cas.
08:56C'est-à-dire que Jubilard
08:58avait même expliqué
08:58que sa femme avait pu partir
09:00faire le djihad.
09:02Les gendarmes ont même interrogé
09:04des enquêteurs spécialisés
09:06de la DGSI
09:08pour démontrer
09:09que ça n'était pas le cas.
09:10Et ou alors
09:11créer le doute.
09:12Mais vous voyez,
09:13je dirais que
09:13l'exemple le plus emblématique,
09:16alors évidemment,
09:16on ne connaît pas la procédure,
09:17l'exemple le plus emblématique,
09:19c'est celui de ce témoin
09:20qui dit
09:20« J'ai vu une voiture
09:22à quelques mètres
09:23de chez Jubilard. »
09:25Sauf que ce monsieur
09:25part au travail,
09:26il est 5h30
09:27et qu'à 5h30,
09:29c'est-à-dire que Jubilard
09:29est avec les gendarmes
09:30qu'il a appelé à 4h09
09:31en disant
09:32« Ma femme a disparu. »
09:33Effectivement,
09:34les branches de lunettes
09:35ont été retrouvées
09:36sous un meuble
09:37plusieurs jours
09:38après l'intervention
09:39des deux gendarmes féminins
09:40qui sont les premiers
09:41à marcher
09:42et qui arrivent sur les lieux.
09:43Mais lorsqu'elles arrivent
09:44sur les lieux,
09:44on est dans le cadre
09:45d'une disparition de personnes.
09:47Donc, on cherche
09:48si la personne n'est pas
09:49dans le jardin,
09:49si la voiture est là,
09:51si elle a emporté
09:52ses affaires.
09:53On ne cherche pas encore
09:54les indices d'un meurtre ?
09:55Non, on n'est pas
09:55sur une scène de crime.
09:57C'est après, effectivement,
09:58lorsque l'on se rend compte
09:59que ses lunettes
10:00ont été cassées
10:01par un choc
10:01et qu'elles ont pu
10:02simplement ne pas tomber,
10:04qu'elle est partie seule
10:05dans la nuit
10:05alors qu'elle a peur du noir,
10:06que la voiture aurait changé de sens,
10:08qu'elle n'a pas de papier,
10:09qu'elle a laissé ses enfants
10:10et que la situation
10:12d'après les éléments d'enquête
10:14était beaucoup plus conflictuelle
10:17entre elle et son mari
10:18que ce que les premiers débats
10:19laissent avoir.
10:20Mais c'est un classique.
10:22C'est extrêmement difficile
10:23pour un directeur d'enquête
10:24face à la cour,
10:26dos au public,
10:27d'être enfermé.
10:28Vous l'avez déjà fait ?
10:29Oui, je l'ai fait
10:30parce que tous les commandants
10:31de...
10:32Je l'ai fait lorsque j'étais
10:32commandant de section de recherche.
10:34C'est un exercice très difficile.
10:36Vous arrivez,
10:37parce que les gendarmes
10:37sont toujours à l'heure,
10:38deux ou trois heures
10:39avant le début de l'audience.
10:41On vous enferme
10:41dans une salle
10:42où vous êtes tout seul.
10:43Vous avez la grande tenue,
10:44la chemise blanche,
10:45la vareuse, le képi.
10:46Au bout d'un moment,
10:47vous enlevez la cravate,
10:48vous enlevez parce qu'il fait chaud
10:49et qu'on ne vient pas.
10:50Et à un moment donné,
10:51l'ucier audioncier
10:53ouvre la porte
10:54en vous disant
10:54« Mon colonel,
10:55maintenant c'est à vous ».
10:56Vous vous rhabillez
10:57presque dans la panique.
10:58Vous traversez la cour,
10:59vous savez,
10:59avec les chaussures réglementaires
11:01qui font clac, clac, clac.
11:02Il y a un silence de mort.
11:04Vous commencez
11:05à vous présenter à la barre.
11:06Vous saluez la cour.
11:07Le président ou la présidente
11:08vous dit
11:09« Mon colonel, on vous entend ».
11:10Vous commencez à enlever le képi.
11:11Déjà, vous n'avez pas
11:12un mur de rigolade derrière vous.
11:17Vous finissez par trouver un endroit.
11:19Vous racontez votre histoire.
11:21Deux heures à raconter l'histoire.
11:23Et c'est très difficile
11:24parce que les gendarmes
11:26ont souvent peur
11:28de ne pas en faire assez.
11:30Si vous êtes trop rapide
11:31et trop succinct dans votre exposé,
11:33immédiatement,
11:34dès que l'avocat va prendre la parole,
11:35il va vous poser la question
11:36de savoir pourquoi
11:37vous n'êtes pas allé dans les détails.
11:39Évidemment,
11:39parce que vous avez
11:40quelque chose à cacher.
11:41Si vous êtes trop précis
11:42et si vous rentrez dans les détails,
11:44au bout d'un quart d'heure,
11:45vous avez perdu tout le monde
11:46et l'effet de présentation
11:48de ce que vous avez fait
11:49est complètement contre-productif.
11:52Et puis, il y a toujours
11:52sur les épaules de celui
11:54qui porte le compte-rendu de l'enquête,
11:57la petite musique désagréable
11:59qui lui dit
12:00« Si je merde,
12:02je détruis les 4 ans,
12:055 ans d'enquête,
12:06les 15 000 pièces de procédure
12:08et le travail de mes 10,
12:1015, 50 camarades. »
12:11Donc, il ne faut oublier
12:12aucun détail.
12:13Il ne faut rien oublier.
12:14Et évidemment,
12:15c'est l'oralité des débats.
12:17C'est-à-dire que
12:18les magistrats professionnels
12:19connaissent évidemment le dossier,
12:21mais les jurés
12:22qui sont des citoyens
12:24comme vous et moi
12:24ne le connaissent pas.
12:25La seule connaissance
12:26qu'ils en ont,
12:27c'est éventuellement
12:28en écoutant les chaînes d'info
12:29ou parce qu'on va leur dire.
12:31Et c'est uniquement
12:32l'oralité des débats.
12:34Il est très clair
12:34dans ce dossier
12:35qu'on n'a pas
12:36de preuves irréfutables,
12:37on n'a pas d'aveu circonstancié,
12:38on n'a pas de corps.
12:39Pas d'aveu, pas de corps.
12:40C'est quand même
12:41la particularité effectivement
12:42de ce dossier.
12:43Mais si vous voulez,
12:43le principe de la cour d'assises,
12:45c'est celui
12:46de l'intime conviction
12:47de ceux qui doivent juger.
12:49C'est-à-dire qu'au fond d'eux-mêmes,
12:51en fonction des éléments
12:52qui leur ont été rapportés,
12:53ils disent
12:53« je pense qu'il est innocent,
12:55je pense qu'il est coupable ».
12:57Ça n'est pas être grand clair
12:58que de dire
12:59que dans un dossier
12:59comme celui-ci,
13:02bien malin,
13:03qui peut dire
13:03qu'elle sera l'issue
13:05des débats
13:05de l'acquittement
13:07ou de la condamnation.
13:07Mais d'où la lourde responsabilité
13:09que vous portez vous
13:10en tant que directeur d'enquête
13:11quand vous témoignez
13:12puisque cette intime conviction
13:14va se fonder
13:14sur votre récit.
13:16Parce que le gendarme
13:17aura été brillant
13:18ou au contraire
13:19parce qu'il aura regardé
13:19ses chaussures
13:20et qu'il aura hésité.
13:21Et puis,
13:22c'est une lutte
13:22de dominants à dominer.
13:24Quand vous avez
13:25en face de vous
13:26ou en partie civile
13:27ou évidemment
13:29pour la défense
13:29un avocat
13:30qui est extrêmement brillant
13:32à l'oral
13:32et qui va savoir
13:33mettre les jurés
13:34dans sa poche
13:35avec des plaisanteries,
13:36avec des éléments,
13:37avec des coups de théâtre
13:38qui vont sortir
13:39du chapeau,
13:41je dirais
13:41que la tâche
13:42de l'enquêteur,
13:43policier ou gendarme
13:44est extrêmement difficile
13:45parce que c'est un militaire,
13:46c'est un fonctionnaire,
13:47il n'est pas du tout rompu
13:48à cet exercice.
13:49Je vous lis
13:50ce qu'a dit aujourd'hui
13:51le directeur de l'enquête.
13:52Tous les éléments recueillis
13:53ramènent à Cédric Jubilard.
13:54Il y avait la motivation,
13:56un mobile
13:56et aussi l'opportunité,
13:58son comportement ambigu,
14:00ses mensonges,
14:01sa jalousie,
14:01ses menaces,
14:02les lunettes,
14:02les cris,
14:03la voiture qui change de place,
14:05le téléphone de Delphine.
14:07Objectivement,
14:08l'ensemble de ces éléments
14:09tente à montrer
14:10la participation
14:10de Cédric Jubilard
14:11malgré l'absence
14:13de corps et d'aveu.
14:14Est-ce qu'avec ces éléments
14:15énoncés par le directeur
14:17de l'enquête,
14:18il peut encore y avoir
14:19un acquittement
14:19au bout de ces quatre semaines
14:21de procès
14:21pour Cédric Jubilard ?
14:22Bien sûr,
14:23bien entendu.
14:24Et d'ailleurs,
14:25je crois qu'en écoutant
14:27un peu ce qui se dit
14:28depuis le début
14:29de l'audience lundi,
14:31les confrères de la Défense,
14:33donc les avocats
14:34de Cédric Jubilard,
14:34ont une fenêtre de tir
14:35qui me semble assez claire.
14:37C'est-à-dire que peut-être
14:38que M. Jubilard apparaît
14:40comme le coupable idéal,
14:42mais peut-être
14:43qu'effectivement,
14:44tout ce que dit
14:45le directeur de l'enquête,
14:47il apparaît comme ayant
14:48le mobile,
14:49le comportement,
14:50etc.,
14:51qui laisse à penser
14:51qu'il peut être
14:53le seul coupable
14:54dans cette affaire,
14:55mais il n'en demeure pas moins
14:56que ce n'est pas parce
14:57qu'il y a tous ces éléments
14:59qu'il est le coupable.
15:00Et c'est ça,
15:01la fenêtre de tir.
15:02C'est de dire
15:02mais ce n'est pas parce
15:03qu'ils allaient divorcer,
15:05ce n'est pas parce
15:06qu'ils ont trouvé
15:06les lunettes,
15:07ce n'est pas parce que ça,
15:08tout ça n'en fait pas
15:09forcément le coupable.
15:11Et c'est là
15:11le travail de la Défense
15:13et de dire
15:13mais finalement,
15:14vous arrivez
15:15parce que vous parliez
15:17tout à l'heure
15:17de la manifestation
15:18de la vérité,
15:19mais il y a aussi
15:20une responsabilité
15:21de mon point de vue
15:21du directeur d'enquête.
15:22Ce n'est pas juste
15:23la manifestation de la vérité,
15:24c'est aussi d'éviter
15:25l'erreur judiciaire
15:26parce que c'est bien
15:27de dire ce qu'il dit,
15:28de dire tout laisse à penser
15:29mais imaginons
15:30que ce tout laisse à penser
15:31n'est pas la réalité,
15:33que ce n'est qu'effectivement
15:35des impressions,
15:36des apparences.
15:37Moi, c'est la question
15:37que je me poserais
15:38si j'étais le directeur d'enquête.
15:39Je me dirais
15:40et c'est la question
15:41que les avocats de la Défense
15:42doivent poser
15:42parce qu'effectivement,
15:44à mon sens,
15:47pas de corps certes,
15:48pas d'aveu
15:48mais aussi dans tous les éléments
15:50qui sont énoncés
15:51que l'on connaît
15:51au jour d'aujourd'hui
15:53via les médias,
15:54via le service
15:56pour les justices de BFM,
15:57c'est que quand même,
15:58il y a des doutes
15:59dans cette affaire
15:59et que cet homme,
16:01est-ce que,
16:02alors bon,
16:03je ne me place pas,
16:04je n'ai pas de conviction
16:05en ce qui me concerne,
16:06en tout cas pas pour l'instant,
16:07mais est-ce qu'au vu
16:08des éléments
16:08qui existent aujourd'hui,
16:10on peut considérer comme ça
16:12et l'envoyer en prison
16:13peut-être pendant plusieurs années ?
16:14Déjà, il y a
16:14quatre ans et demi
16:15de détention provisoire.
16:17Ça pose question quand même.
16:18Alexandra González,
16:19demain,
16:20c'est un gendarme,
16:22expert des analyses téléphoniques
16:23qui sera à la barre.
16:25Le téléphone est clé
16:27dans cette affaire.
16:28Oui,
16:29parce qu'il a été passé au crible,
16:31évidemment,
16:32par les enquêteurs
16:32qui se sont rendus compte
16:34qu'il a été coupé
16:36pendant un certain moment
16:37de la nuit
16:38alors que ce n'était pas
16:39dans les habitudes
16:39de Cédric Jubilard.
16:42Il a été interrogé là-dessus,
16:43il s'en est assez peu expliqué.
16:46Donc, il y a autant de choses
16:48qui vont demain
16:49être amenées à la barre
16:51devant ces jurés
16:52qui sont, on le rappelle,
16:54quatre hommes et deux femmes
16:55avec trois magistrats,
16:57neuf au total,
16:58qui vont devoir
16:59pendant toutes ces semaines,
17:00le procès dure encore
17:01trois semaines,
17:03qui vont devoir
17:04décider de l'innocence
17:06ou de la culpabilité
17:07de Cédric Jubilard
17:08avec, on le rappelle,
17:10évidemment,
17:10derrière la possibilité
17:12d'un appel,
17:12c'est-à-dire
17:13d'un second procès.
17:14Là, ce n'est que
17:15le premier procès.
17:16Et les règles,
17:17c'est donc,
17:17il y a trois magistrats,
17:19six jurés,
17:19il faut qu'il y ait
17:20une majorité
17:20de sept personnes
17:21pour prouver,
17:23pour déterminer
17:24s'il est coupable ou non.
17:25À la fin du procès,
17:26l'audience se termine,
17:27Cédric Jubilard
17:28sera le dernier
17:29à parler en tant qu'accusé.
17:31Les jurés partent
17:32avec les magistrats,
17:33ils s'enferment
17:34et ils vont délibérer
17:35immédiatement.
17:36Ils devront être
17:37au moins sept
17:38sur les neuf
17:39à être d'accord entre eux
17:40s'il y a une culpabilité
17:42qui est décidée.
17:43Merci beaucoup
17:44à tous les trois.
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