- il y a 2 mois
Chaque soir, Julie Hammett vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.
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00:00On va parler d'une autre actualité maintenant, Cédric Jubilard qui conteste toujours le meurtre de sa femme Delphine.
00:06Premier jour de son procès devant les Assises du Tarn, un procès qui va durer quatre semaines
00:10et qui doit donc faire la lumière sur la disparition.
00:13Delphine, 33 ans, mère de leurs deux enfants, elle reste introuvable depuis la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
00:20Dans ce dossier, il n'y a pas de corps, pas d'aveu, ce qui donne au déroulement de l'audience une importance toute particulière.
00:26On va revenir sur le premier jour de ce procès avec ce reportage signé par Anne Solène Tavernier et nos équipes sur le terrain.
00:36Interrogé sur sa position vis-à-vis des accusations qui pèsent contre lui, Cédric Jubilard ne prononce qu'une seule phrase.
00:44Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés.
00:46A l'ouverture de son procès pour meurtre sur conjoint, il est d'abord apparu le visage détendu
00:51et ce qui sent même un sourire alors qu'il discute avec ses conseils.
00:56Un peu plus tard, c'est impassible qu'il écoute la présidente de la cour d'assises lire le rapport sur la disparition de son épouse dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
01:06Dans son box de verre, un élément attire l'attention et choque les avocats des partis civils.
01:11A l'annulaire gauche, l'accusé de 38 ans porte son alliance.
01:15Il peut être filmé mais exhiber l'alliance comme il l'a fait ce matin, c'est à mon sens, c'est mon interprétation évidemment, un peu problématique.
01:24Ça peut être interprété comme un événement, un élément un peu provocateur et donc c'est toujours très dérangeant dans ce procès où on souhaite de la sérénité,
01:33on souhaite que la famille puisse avancer et cheminer le plus sereinement possible.
01:37A la barre ce lundi après-midi, l'enquêtrice de personnalité est revenue sur l'enfance et l'adolescence chaotique de Cédric Jubillard.
01:45C'est la première personne qui a évoqué Cédric Jubillard aujourd'hui et on se rend compte immédiatement, avec honnêteté, avec des questions honnêtes et des réponses claires,
01:55que finalement le personnage caricatural qui est présenté depuis 5 ans ne correspond pas à la réalité.
02:01Le tyran n'existe pas.
02:03Au sujet de Delphine Jubillard, l'enquêtrice note tout de même que l'accusé n'en parle pas de lui-même.
02:09Cédric Jubillard ne m'a pas parlé spontanément de son épouse, c'est moi qui ai posé des questions effectivement, mais Cédric Jubillard il parle spontanément de pas grand chose.
02:18Le procès doit durer 4 semaines, au cours desquelles 65 témoins, une dizaine d'experts et de nombreux gendarmes vont venir éclairer la cour.
02:27Et on en parle en plateau avec nos invités Dominique Rizet. Bonsoir Dominique.
02:33Elina Rostand, bonsoir. Vous êtes journaliste spécialiste de faits divers. Vous avez écrit ensemble ce livre qu'on va voir apparaître.
02:41L'affaire Jubillard, un crime parfait. Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
02:47On est avec Jacques-Charles Fonbonne, général de gendarmerie. Bienvenue à vous.
02:52Avec Jean-Pierre Colombies, ancien commandant de la police judiciaire. Bonsoir.
02:58Et Laurent Valligué, journaliste d'investigation en plateau très complet ce soir.
03:03Bonsoir à tous les cinq. Dominique Rizet, je vais commencer par vous.
03:07Qu'est-ce qui vous a marqué aujourd'hui lors de cette première journée d'un procès qui va durer 4 semaines ?
03:13De revoir un Cédric Jubillard qu'on avait vu il y a 5 ans, au moment des recherches de sa femme Delphine,
03:18avec ce visage qu'on connaissait, qui a changé.
03:22Cet homme qui s'est rasé la tête, de le voir arriver dans le box.
03:25Ce qui m'a surpris, c'est qu'en fait, il a parlé, il s'est livré, il a dit tout un tas de choses qui sont très intimes.
03:34Quand l'experte est venue parler, la psychologue, l'enquêtriste de personnalité est venue parler de lui dans des termes qui ont dû être durs pour lui,
03:43d'entendre raconter son enfance, il avait été abusé, parler de ses enfants, de la relation qu'il avait avec ses enfants,
03:50avec son fils, avec lequel il n'était pas très tendre, c'est le moins qu'on puisse dire.
03:55De dire, oui, je suis comme ça, oui, je suis fanfaron, oui, je trouve que c'est une première journée où il accepte de comparaître,
04:06alors ça a peut-être changé, mais où il accepte de comparaître et il accepte de parler, et ça c'est important devant une cour d'assises.
04:14Ces avocats d'ailleurs insistent beaucoup, et ça a l'air d'être un peu leur stratégie de défense, sur son honnêteté.
04:21Ce n'est pas un manipulateur à ton pur-entendre, on va écouter justement ces avocats aujourd'hui.
04:29Cet homme n'est pas manipulateur, cet homme est authentique, cet homme vit une souffrance terrible,
04:36au-delà de la disparition de sa femme, au-delà de la séparation avec ses enfants, en outre une incarcération, un isolement qui était une véritable torture.
04:48Et cet homme, au moins, là maintenant, il commence à s'exprimer de manière authentique.
04:52Il ne se défend pas, il répond aux questions telles qu'il est. C'est quelqu'un qui, depuis le début, dit qu'il est innocent.
04:57Évidemment, il coopère avec la justice, il répond aux questions, et c'est bien normal.
05:01Et il n'y a pas de stratégie, il répond aux questions qu'on lui pose, et avec le plus de sincérité possible.
05:07Et je crois que cette honnêteté est apparue aujourd'hui, avec ce qui a été décrit par l'enquête de personnalité,
05:14c'est-à-dire aussi, parfois, une immaturité, un côté un peu cash.
05:17Colombien, je voulais y réagir.
05:19Sourire, plutôt. Non, parce que ce qu'on entend là des avocats, c'est typique de leur plaidoirie.
05:24Ils sont dans leur métier, ils sont dans leur business.
05:27Là, ils défendent leurs clients, bien évidemment, avec leur rhétorique propre.
05:31Ce qu'ils veulent, c'est l'humaniser, ou plutôt, le déshabiller de la gang médiatique
05:36qu'on avait entourée autour de sa personnalité, en en faisant quelqu'un de peut-être plus tordu que ce qu'il n'est.
05:41Ce qui ne veut pas dire qu'il n'a pas, peut-être, effectivement, commis un crime,
05:46mais qu'il n'est pas aussi machiavélique que ce qu'on veut bien le faire imaginer.
05:51Le terme authentique revient systématiquement dans la bouche des deux avocats.
05:55Ça veut dire peut-être un peu nature, donc incapable de scénarios élaborés
06:01quant à un homicide suivi de la dissimulation d'un corps.
06:05Vous savez, les mots ont leur importance.
06:06On est dans la théâtralité des assises.
06:08Donc, chaque mot qui est prononcé par les uns comme par les autres
06:11a une importance et un poids.
06:13Pourquoi ? Parce que c'est relayé par les médias,
06:16c'est regardé ensuite par les jurés,
06:18et c'est eux qui, au final, auront la clé de cette audience
06:21qui va être effectivement très longue.
06:23Donc, voilà, il ne faut pas s'y tromper.
06:25Je veux dire ce que disent les avocats aujourd'hui,
06:26c'est du business, c'est de la com.
06:28C'est une profession libérale.
06:30Ils défendent leur métier, ils défendent leur cause.
06:32Ils ont un client à défendre, et non pas une cause.
06:35Il faut bien avoir ça en esprit.
06:36Ce n'est pas la vérité qu'ils défendent.
06:38C'est les intérêts de leurs clients.
06:41Point à la ligne.
06:42Laurent Valdiguier, il était question, en tout cas aujourd'hui,
06:45de la personnalité de Cédric Jubilard, de son passé.
06:49On est remonté loin dans son enfance à lui.
06:53Oui, c'est ça.
06:53Mais comme disait Dominique, à la fois, on le revoit.
06:57Il est quand même marqué par la prison, Cédric Jubilard.
06:59Il est habillé comme un taulard.
07:00Ça fait quand même quatre ans qu'il est à l'isolement.
07:03Ça se voit.
07:05Mais il ne joue pas de carte, mais il est sincère.
07:10C'est ça l'argument sur lequel il va appuyer.
07:14Il n'a pas hésité à reconnaître qu'il fumait des joints.
07:17Il ne s'est pas épanché sur son passé, son histoire,
07:22telle que l'a racontée l'enquêtrise de personnalité,
07:24après avoir vu 46 personnes dans son entourage.
07:26Sa maman accouche de lui et elle a 15 ans.
07:31Il est abandonné tout de suite.
07:32Il est très malé de famille d'accueil en famille d'accueil.
07:35Son père génétique, il le voit une fois quand il a 13 ans.
07:38Ce n'est pas facile, l'enfance de Cédric Jubilard.
07:40On comprend que, finalement, la seule chose de bien
07:43qui va lui arriver à 18 ans, 17 ans,
07:45c'est de rencontrer Delphine.
07:47L'enquêtrice a dit qu'ils étaient deux contraires,
07:51qu'elle avait l'impression qu'elle,
07:53elle avait rencontré son bad boy, elle a dit.
07:55Et en fait, c'était un peu la naissance d'un couple.
07:59Ce couple qui, tout d'un coup, est assez fusionnel.
08:03Parce qu'en réalité, tout ça, ce sont des histoires d'amour
08:05qui vont se chevaucher.
08:07Celle de Cédric et de Delphine,
08:10et puis celle de l'autre couple, de l'affaire Jubilard,
08:13qui est son amant de Delphine,
08:14qu'on verra la semaine prochaine à l'audience.
08:16Donc c'était une entrée en matière.
08:18Et dans cette entrée en matière,
08:20il n'a pas cherché à faire pleurnicher la salle
08:22sur son passé difficile.
08:24Il a même dit qu'il n'avait pas beaucoup de souvenirs d'enfance,
08:26alors qu'il aurait pu étaler les fessées,
08:30les punitions, tout ça, qu'on a deviné.
08:34Il joue cette carte-là.
08:36Il veut répondre, montrer.
08:38Il va répondre sincèrement.
08:40Peut-être pour les téléspectateurs qui nous regardent,
08:42qui n'ont pas suivi cette histoire,
08:43cette affaire Jubilard depuis le départ,
08:45peut-être qu'on peut revenir avec vous,
08:47Dominique Rizet,
08:48sur ce qui s'est passé,
08:50les grandes lignes de cette affaire,
08:52donc depuis la disparition dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020,
08:57de Delphine Jubilard,
08:58mère de deux enfants,
09:0033 ans, infirmière.
09:02Elle disparaît cette nuit,
09:03donc du 15 au 16 décembre.
09:06Elle est mariée avec Cédric Jubilard,
09:09donc leur on l'a raconté.
09:10Ils ont deux enfants.
09:11Et puis, le couple est en train de se...
09:14L'histoire est en train de se déliter.
09:17Elle a un amant qui s'appelle Jean,
09:20qui vit avec une femme qui s'appelle Cathy.
09:23Et elle a l'intention de refaire sa vie avec Jean.
09:28Et donc, la journée du 15,
09:31elle est allée voir une amie.
09:33Elle a pris le café chez elle
09:35et elle a reçu un message de Cathy,
09:37la femme de Jean,
09:38donc la femme trompée,
09:40que Delphine ne connaît pas encore.
09:42Et Cathy lui écrit,
09:43« S'il te plaît, laisse-moi du temps.
09:44J'ai appris ce qui se passait.
09:46Je ne me mettrai pas en travers de votre route.
09:48Je comprends ça.
09:50Je vais m'effacer.
09:52Mais j'ai déjà un genou à terre.
09:55Laisse-moi le temps.
09:56Laisse-nous le temps. »
09:57Et Delphine lui répond un magnifique message,
09:59aussi beau que celui que Cathy lui écrit,
10:01en lui disant,
10:01« Mais bien sûr, je comprends.
10:03Aucun problème.
10:03On va faire comme ça.
10:04On attendra.
10:05On va patienter. »
10:06Et donc, d'un côté,
10:08le couple Cathy et Jean
10:09est en train de se séparer,
10:11c'est clair.
10:12Mais elle, le 15 au soir,
10:14elle doit rentrer chez elle
10:15et parler à Cédric.
10:17Et c'est peut-être ce qui s'est passé,
10:19puisque le suspect principal,
10:21maintenant,
10:22dans la disparition de Delphine,
10:24c'est tellement Cédric
10:25qu'il est, ce soir,
10:27devant une cour d'assises.
10:30Donc, il est le suspect numéro un.
10:31On le suspecte d'avoir mal pris
10:34cette discussion qu'il a eue le soir
10:36avec sa femme
10:37ou qu'elle a voulu avoir avec lui.
10:40Ensuite, il est allé dans son téléphone.
10:41Il a mis son téléphone en marche.
10:44Il est allé consulter son WhatsApp.
10:46C'est ça.
10:49Leur fils, lui, dit qu'il a entendu des cris.
10:52Ses parents qui se disputaient.
10:54Des gros mots qui ont été prononcés.
10:55Deux voisines disent qu'elles ont entendu des cris
10:57à 23h07.
10:59Quand les gendarmes arrivent,
11:00on connaît maintenant l'histoire,
11:01il est en train de pousser une couette
11:04dans la machine à laver.
11:06On retrouvera des lunettes cassées dans la maison.
11:08La voiture de Delphine Jubilard
11:10n'est pas garée comme elle la garde d'habitude.
11:11Ce qui pourrait laisser penser
11:13qu'il a utilisé la voiture
11:15pour transporter le corps de sa femme
11:17après l'avoir tué.
11:19Il va faire des confidences à deux personnes.
11:21On va le placer en détention le 16 juin,
11:23six mois plus tard, 2021.
11:25Il va faire des confidences à un co-détenu,
11:28Marco, en lui disant
11:29« J'ai tué Delphine et je l'ai emmené dans une ferme.
11:33J'ai caché son corps dans la ferme brûlée. »
11:36Et puis ensuite, il va faire les mêmes confidences
11:38à Jennifer,
11:39qui est une fille avec qui il a noué une relation
11:41en prison,
11:43en lui disant « Voilà, j'ai étranglé Delphine,
11:45j'ai passé mon bras derrière son cou. »
11:46Elle va le raconter aux enquêteurs,
11:47elle va dire « Voilà, il m'a expliqué,
11:49il a mimé le geste,
11:50il a passé son bras autour de mon cou,
11:52il m'a dit « Je l'ai étranglé,
11:53elle est morte comme ça, sans bruit. »
11:55Donc, ce qui fait que,
11:57voilà toutes les raisons pour lesquelles
11:59Cédric Jubilard se retrouve aujourd'hui
12:02devant une cour d'assises.
12:03Il n'a jamais avoué,
12:05il n'y a pas de corps,
12:06on n'a jamais retrouvé le corps de Delphine,
12:07et il n'y a pas non plus de scène de crime.
12:09Puisque la maison était passée au Blue Star,
12:11il n'y a pas de traces de sang.
12:12– Elina Rostand, je disais,
12:16vous avez écrit « L'affaire Jubilard,
12:18un crime parfait ».
12:19J'aimerais qu'on s'arrête un instant
12:20sur ce qu'ont dit les enfants du couple.
12:24Deux enfants, l'aîné, il s'appelle Louis,
12:27il a maintenant 11 ans.
12:28L'avocat des enfants sera avec nous
12:30dans quelques minutes.
12:31Mais qu'a vu Louis,
12:34qui a été auditionné à plusieurs reprises ?
12:36– Ce qui est difficile,
12:37c'est que Louis a été auditionné trois fois,
12:40il avait six ans à l'époque des faits,
12:41et il a changé de version.
12:43Donc, évidemment, les avocats de la Défense
12:45vont utiliser ce changement de version
12:48pour dire qu'à six ans,
12:50on n'a pas forcément un enfant,
12:51il n'est pas forcément capable de se souvenir,
12:53d'avoir vraiment des souvenirs qui sont exacts.
12:55La première audition, il va dire,
12:57je ne sais pas, moi, je n'ai rien entendu,
12:59ça va s'arrêter là.
13:01La deuxième, il va dire,
13:02effectivement, j'ai entendu mes parents se disputer,
13:05et j'ai entendu quelqu'un dire,
13:07mais je ne sais pas si c'est papa,
13:08je ne sais pas si c'est maman,
13:09puisque c'est comme ça, on va se séparer.
13:11Oui, mais sans préciser.
13:13Et la troisième fois qu'il est auditionné,
13:15il va dire, bon, OK, j'ai entendu une dispute,
13:18je suis sorti de mon lit,
13:19j'ai marché dans le couloir,
13:21j'ai entreouvert la porte qui donne sur le salon,
13:25et j'ai vu mes parents se tenir,
13:27se pousser par le cou,
13:29comme ça, il fait clairement le geste,
13:31et se crier dessus, à côté du sapin de Noël.
13:33Là-dessus, Cédric Jubilard va répondre,
13:38à côté du sapin de Noël, ça m'étonnerait,
13:41parce que peut-être que c'était une dispute qui date d'une autre période,
13:44mais ce souvenir-là et ce détail du sapin de Noël,
13:47c'est vraiment un détail spatio-temporel qui ne se discute pas,
13:51et c'est cette troisième audition, justement,
13:53qui pèse assez lourd dans le témoignage de Louis.
13:55– Oui, il explique, c'est ça,
13:57que généralement, la porte reste entre-ouverte
14:00parce qu'il a peur le soir,
14:01et qu'il voit quelqu'un fermer la porte.
14:04– Oui, je dis, il faudra expliquer à Laurent Boguet,
14:06qui est son avocat, à qui vous avez parlé,
14:09je crois qu'une des deux juges d'instruction
14:10est une ancienne juge pour enfants.
14:12C'est extrêmement délicat, les auditions d'enfants si petits,
14:15a fortiori, quand on leur demande de raconter les derniers moments,
14:18c'est quand même la dernière fois
14:20où ce petit garçon, il a vu sa mère.
14:22Donc, c'est extrêmement délicat.
14:24Et je crois que la juge pour enfants,
14:27enfin, la juge d'instruction,
14:28qui est une ancienne juge pour enfants,
14:30elle l'a laissée raconter en le faisant dessiner.
14:33Et c'est vrai que, du coup, cette dernière audition,
14:36mais ça, Laurent Boguet pourra nous la raconter,
14:39c'est au cours de cette dernière audition
14:40qu'au fond, il a fait quelque chose,
14:42il a mis en cause son père.
14:45Il a raconté, à la fois la dernière fois
14:47où il a vu sa maman,
14:49effectivement, avec un sapin de Noël,
14:52derrière, ils ont fait des vérifications,
14:54les gendarmes, ils ont vérifié,
14:56ils se sont mis à cet endroit-là
14:59pour voir si on voyait le sapin.
15:00Parce que le sapin, ça change tout.
15:02Ça a montré que c'était bien la date de décembre,
15:04à quelques jours de Noël,
15:05et ce n'était pas une dispute précédente en novembre,
15:08puisque le sapin n'était pas là en novembre.
15:11Donc, c'est ce petit détail
15:12qui a crédibilisé la parole de cet enfant
15:14et qui a fait que cet enfant,
15:16la dernière fois dans le bureau de la juge,
15:18a raconté qu'il avait vu
15:20ses parents se prendre un peu au col,
15:22qu'il avait peur de ça,
15:24parce qu'on le sait,
15:25l'enquêtrice de personnalité l'a dit aujourd'hui,
15:27Cédric Jubilard,
15:29il pouvait être violent avec ce petit garçon.
15:31Et donc, il a pris peur,
15:32il le regrettera toute sa vie, certainement,
15:35mais il est allé se terrer sous sa couette,
15:37et il a entendu son père
15:38fermer la porte de la chambre,
15:40et ensuite, il s'est endormi.
15:42Et le lendemain matin,
15:43il verra son père,
15:44la tête entre tes mains,
15:46lui dire « Maman n'est plus là ».
15:46Maman n'est plus là.
15:47Jacques-Charles Fonbonne ?
15:49Oui, sur les techniques d'audition des enfants,
15:52c'est effectivement très particulier,
15:54et il n'est pas forcément étonnant
15:56qu'il y ait sinon des contradictions
15:58dans les déclarations que fait un enfant,
16:01mais je dirais des strates successives.
16:04C'est-à-dire, je n'ai rien vu,
16:05j'ai vu quelque chose,
16:06et finalement, je donne des détails précis.
16:08Il y a deux écueils
16:10quand on essaie d'entendre les enfants.
16:12Le premier, c'est la question fermée,
16:14parce que, est-ce que tu as vu
16:16ton papa et ta maman se disputer ?
16:19Un enfant, plus il est petit,
16:21plus il aura tendance à aller
16:22dans le sens de l'adulte.
16:23Oui.
16:24Ton papa a été méchant ?
16:25Oui.
16:26Ta maman a pleuré ?
16:27Oui.
16:28En revanche,
16:29il faut toujours poser des questions ouvertes.
16:31Explique-moi comment ça s'est passé.
16:32Et à ce moment-là,
16:33l'enfant va commencer à s'expliquer.
16:36Mais il est face à un adulte,
16:37il est dans une situation
16:37qui, pour lui, est extrêmement stressante.
16:40Donc, ça peut être fait en plusieurs étapes.
16:43On a une première version
16:44qui permet à l'enfant
16:45de se mettre en confiance.
16:47Moi, j'ai connu un gendarme
16:49lorsqu'il entendait des enfants,
16:50notamment des enfants victimes
16:52d'agressions sexuelles,
16:53et que c'était des garçons.
16:54Avant de les entendre,
16:55ça paraît tout bête,
16:57il les faisait passer dans le garage.
16:59Et l'enfant envoyait
17:00les grosses motos bleues
17:01de la gendarmerie.
17:03Il faisait mettre le casque
17:04de gendarme,
17:05il les faisait monter sur la moto,
17:06il démarrait le moteur.
17:07Et immédiatement,
17:09ça a créé...
17:09Vous savez,
17:10c'est quand même les voitures de pompiers
17:11avec les petits garçons,
17:12ça crée tout de suite
17:13un lien d'empathie.
17:15Une relation de confiance.
17:16Et il disait,
17:16ça me faisait gagner
17:17des dizaines de minutes
17:19en termes de confiance.
17:21Donc, ce qui peut expliquer
17:22qu'effectivement,
17:23on n'a pas forcément
17:24une contradiction,
17:25mais on a un enrichissement
17:26des déclarations
17:27qui sont faites par l'enfant.
17:28On est avec Maître Laurent Boguet,
17:30avocat des enfants jubilards.
17:32Merci beaucoup
17:33d'être avec nous.
17:35Déjà, peut-être rappelons
17:37quand même ce contexte.
17:39Vous représentez donc
17:40les deux enfants,
17:42une maman disparue,
17:44un papa soupçonné
17:45de l'avoir tué.
17:46Comment vont-ils, eux ?
17:47Ils sont très jeunes,
17:48l'aîné n'a que 11 ans.
17:52Écoutez, bonsoir à vous tous.
17:54J'ai écouté avec beaucoup d'attention
17:56tout ce qui a pu être dit
17:58et qui relève effectivement
17:59d'une grande précision.
18:01Pour répondre directement
18:02à la question
18:03que vous m'adressez,
18:05j'ai eu l'occasion
18:06d'employer cette expression
18:07« je n'en ai pas trouvé de meilleur ».
18:09Ils ont été immergés
18:11dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020
18:13dans une authentique
18:14tragédie racinienne
18:15puisqu'aujourd'hui
18:17et après 5 ans d'attente,
18:20je pense qu'ils sont résolus
18:22à imaginer que leur maman
18:23ne reviendra pas.
18:25Il faut parvenir
18:26à leur expliquer
18:27qu'elle ne les a pas abandonnés,
18:29qu'il s'est passé quelque chose
18:30d'indépendant de sa volonté.
18:32Nous sommes immergés
18:33dans ce procès
18:34pendant 4 semaines
18:35pour pouvoir leur apporter
18:36je dirais
18:37des réponses précises
18:38et pour rebondir
18:39sur ce que j'ai entendu.
18:41Effectivement,
18:42je crois que
18:43la première démarche
18:45compte tenu
18:45de la singularité
18:46d'avoir à représenter,
18:48à écouter
18:49et finalement
18:51à satisfaire
18:52aux attentes
18:52d'enfants aussi jeunes,
18:54c'est de parvenir
18:55à les apprivoiser
18:56un peu à l'image
18:57du petit prince
18:58et du renard.
18:59C'est-à-dire qu'il y a
19:00les motos
19:01pour les gendarmes,
19:02il y a les pompiers
19:03pour ce qui me concerne,
19:05il y a eu également
19:05des soldats de plomb.
19:07J'ai essayé moi
19:08de me familiariser
19:09et d'inspirer confiance
19:11à Louis
19:12parce qu'il est clair
19:13qu'on lui demande
19:14de s'immerger
19:15dans un monde
19:16qui lui est totalement étranger
19:18et d'ailleurs
19:19qui formule
19:20des attentes
19:21qui ne sont pas
19:22à cet instant précis
19:23forcément les siennes.
19:24Lui, il a besoin
19:25de réponses claires
19:26à des questions
19:28qui le hantent.
19:30Est-ce que maman
19:31est partie,
19:32comme ça lui a été indiqué
19:33au début,
19:34se promener dans la forêt
19:35et n'être jamais revenu ?
19:37Il va falloir
19:38qu'on chemine
19:39par rapport à ça.
19:40C'est évidemment
19:41une mauvaise réponse
19:43et au-delà,
19:44bien évidemment,
19:46il faut qu'il entende
19:48que son papa,
19:50parce que Cédric Jubilard
19:52restera son père
19:53envers et contre tout,
19:55doit répondre
19:55à un certain nombre
19:56de questions.
19:57La première d'entre elles
19:58d'ailleurs,
19:59pour vous donner une idée
19:59de la singularité
20:00de la démarche,
20:01c'est que Louis en particulier
20:02ne comprend pas
20:04pourquoi son père
20:05lui a si peu écrit,
20:06n'a pas voulu
20:07le rencontrer.
20:08Alors,
20:09ce n'est pas forcément
20:09du seul fait
20:10de Cédric Jubilard,
20:12mais c'est la question
20:13que renvoie l'enfant
20:13et il dit,
20:15il a parlé à quelqu'un
20:16qui était en prison
20:17avec lui,
20:18il a parlé à deux dames
20:19qui auront emplacé maman
20:20et moi,
20:21il ne m'a jamais parlé.
20:22C'est ça,
20:23vous voyez l'enjeu
20:24de ce genre de procès,
20:26c'est-à-dire qu'on doit
20:27synthétiser le rôle
20:29de l'avocat
20:30partie civile
20:31et également en interface
20:33être capable
20:34effectivement
20:34de satisfaire
20:36les attentes
20:36d'un petit bonhomme
20:38et d'une toute petite gamine
20:41qui vont devoir apprendre
20:42à vivre avec ce vide.
20:44Cédric Jubilard
20:45qui a dit aujourd'hui
20:46qu'il n'avait pas écrit
20:47à ses enfants
20:49pendant un an,
20:50c'est bien ça ?
20:52Depuis un an ?
20:53Oui, bien sûr,
20:54mais oui,
20:56alors je ne suis pas comptable
20:57effectivement de ces manquements
20:59parce qu'il s'agit de manquements.
21:01Cédric Jubilard,
21:02je vous entendais en parler,
21:03il a décidé d'adopter
21:05une stratégie très conciliante,
21:07c'est-à-dire qu'au détour
21:09de l'enquête de personnalité,
21:10il est un peu d'accord
21:11avec tout ce qu'on dit,
21:13mais vous savez,
21:13très souvent dans ce type
21:14de dossier,
21:15on affronte des personnalités
21:16qui acceptent de parler
21:18mais qui ne racontent rien
21:19finalement.
21:20Et j'ai voulu le mettre
21:21devant un certain nombre
21:22de contradictions
21:23parmi lesquelles figurent
21:25celle-ci,
21:25c'est-à-dire,
21:26je ne comprends pas,
21:27M. Jubilard,
21:28on s'est déjà parlé
21:29au début de procédure,
21:31le juge pour enfants
21:32vous incite d'ailleurs
21:34pour progresser
21:36dans la reconquête
21:38effectivement
21:38de votre relation
21:39avec les enfants,
21:40d'entretenir
21:41une relation
21:42manuscrite
21:44et pas simplement
21:46épistolaire.
21:47Et c'est vrai
21:48qu'on s'est contenté
21:49de misérables lettres
21:50peu nombreuses
21:51et dont le fond
21:52est indigne.
21:55Je vous le dis
21:56comme les choses
21:58me viennent à l'esprit.
21:59Donc c'est ça
22:00la difficulté.
22:00Alors il dit
22:01oui, oui,
22:01moi j'ai arrêté
22:03d'écrire à Louis
22:03parce que Louis
22:04ne me répondait pas.
22:05Ce n'est pas une posture
22:06d'adulte,
22:07ce n'est pas une posture
22:08de père
22:08et je ne crois pas
22:09que Cédric Jubilard
22:10de sa place
22:11puisse s'offrir
22:12ce genre de réplique.
22:15Dominique Rizet
22:15a une question
22:16pour vous sur le plateau.
22:17Bonsoir Maître Boguet.
22:18Votre position
22:19est vraiment particulière
22:21parce que
22:22vous défendez
22:23les enfants
22:23de Cédric Jubilard,
22:25vous êtes partie civile,
22:27c'est-à-dire
22:27que vous êtes
22:28à charge contre lui.
22:29Vous ne pouvez pas
22:30partager
22:31votre stratégie
22:32de défense
22:33avec eux
22:33parce qu'ils sont
22:34trop petits.
22:34Donc c'est votre décision,
22:36c'est vous qui décidez
22:36de ce que vous allez faire.
22:38Est-ce que vous le regardez
22:39encore comme le père
22:40des enfants ?
22:40Est-ce que vous le regardez
22:41comme le suspect
22:42ou est-ce que vous le regardez
22:43comme l'auteur ?
22:47Alors,
22:48comme le suspect
22:49et comme le père
22:50des enfants,
22:51assurément.
22:52La difficulté,
22:53c'est que,
22:53bon,
22:54je partage cette charge,
22:55vous l'avez bien compris,
22:56avec Maître Schmani.
22:58Nous avons été
22:59tous deux désignés
23:00par un administrateur ad hoc.
23:01En un mot commençant,
23:03c'est quelqu'un
23:03qui effectivement
23:04remplace les parents.
23:05l'un disparu,
23:07l'autre qui n'est plus
23:08en état compte tenu
23:09de sa mise en examen
23:10de représenter
23:11effectivement
23:11les intérêts des enfants.
23:13Alors,
23:13c'est une stratégie
23:14pour vous répondre,
23:15M. Rizet,
23:16j'aurais tellement aimé
23:18pour vous dire
23:19à ces enfants,
23:20vous avez connu
23:22le drame
23:22de la disparition
23:23de votre maman,
23:24il va falloir sans doute
23:25composer avec,
23:26mais après la lecture
23:27de ces 15 000 codes,
23:28j'ai une bonne nouvelle
23:29malgré tout
23:29à vous annoncer,
23:30votre père n'y est pour rien.
23:31Ce n'est pas la conviction
23:33que je retire effectivement
23:34du travail
23:35qui a été accompli
23:36par les services d'enquête
23:37et par la justice
23:39de manière générale.
23:40Donc,
23:41à partir de là,
23:41la position,
23:42elle consiste tout simplement
23:43à défendre les enfants
23:44dans leurs intérêts viscéraux,
23:47c'est-à-dire
23:47comment doivent-ils
23:48regarder leur père demain ?
23:50Est-ce qu'effectivement,
23:52il faut se satisfaire
23:54des dénégations de principes
23:56qui consistent à dire
23:57de 22h30 à 4h,
23:58ne me demandez rien
23:59parce que je dormais,
24:00ou est-ce qu'à un moment donné,
24:02on construit effectivement
24:03une relation différente,
24:05on essaye de s'acheminer
24:07vers des éléments
24:09de réflexion
24:09auxquels,
24:10moi,
24:11j'invite Cédric Jubilard
24:12à participer.
24:13Pour revenir
24:15à ce que vous disiez,
24:16moi,
24:17j'entends,
24:18il veut effectivement
24:19être collaboratif,
24:21mais j'en attends
24:22beaucoup plus
24:22les questions
24:23que je vais adresser
24:24aujourd'hui,
24:24si vous voulez,
24:26porter notamment
24:28sur la relation
24:29qu'il peut avoir,
24:29parce que si c'est lui
24:31qui a tué,
24:32il a commis
24:32un féminicide.
24:33Et moi,
24:34ce qui m'intéresse,
24:34c'est de déterminer
24:35la relation
24:36qu'il a finalement
24:36construite au fil du temps
24:38avec la jante féminine,
24:40avec le sexe faible.
24:41Et c'est vrai
24:42que vous voyez,
24:43l'enquêtrice de personnalité
24:44a indiqué
24:45qu'alors
24:46qu'il était placé
24:47de 16 à 18 ans,
24:49la personne
24:50qui l'accueillait
24:51avait observé
24:52qu'à chaque fois
24:53qu'il était quitté
24:53par une de ses compagnes,
24:55il entrait
24:55dans des colères
24:56phénoménales.
24:57Ce n'est pas moi
24:58qui le dis,
24:58ça a été acté,
24:59ça a été repris
25:00au niveau des services
25:01d'enquête.
25:02Il y a un autre élément,
25:03pardon d'être long,
25:04mais je crois
25:04que c'est très important,
25:06qui indique
25:06qu'alors
25:07qu'il est en rupture
25:09avec les services
25:11de l'administration
25:12pénitentiaire,
25:13il va essayer
25:14de faire passer
25:14un mot
25:15à sa compagne
25:16de l'époque.
25:17Donc,
25:17il les traite
25:17de tous les noms
25:18en expliquant
25:19qu'effectivement,
25:20il a un problème
25:21avec les surveillants
25:22pénitentiaires.
25:23Et vous avez,
25:24au détour de ce mot,
25:25une mention
25:26qui consiste à dire
25:27« Je ne sais pas
25:28ce qu'ils font
25:28de leur virilité.
25:30S'ils se laissent
25:30violer par leurs femmes,
25:32sous-entendu,
25:32moi, en tout cas,
25:33ce n'est pas le cas. »
25:34Et j'ai interpellé
25:35Cédric Jubilard
25:36par rapport
25:36à cette singularité,
25:38ce propos que je qualifie
25:39d'orsole
25:40par rapport
25:40à la problématique
25:41qu'il est en train
25:42de dénoncer.
25:43Pourquoi,
25:43quand on affronte
25:44effectivement
25:44des surveillants
25:45pénitentiaires,
25:46en référer
25:47avec leur virilité
25:48et partant
25:49leur relation
25:50avec leur femme ?
25:51Ça ne me semble
25:51pas tout à fait anodin.
25:53C'est tout sauf
25:53de la psychiatrie de comptoir.
25:57Cédric Jubilard
25:58qui soit capable
25:58de fournir des réponses
26:00par rapport
26:00à ses préoccupations.
26:02Maître Bouguet,
26:03il y a la relation
26:04avec les femmes,
26:04il y a la relation
26:05aussi avec ces enfants
26:06que vous défendez
26:08lors de ce procès.
26:09On a entendu
26:10l'enquêtrice de personnalité
26:11parler d'un père autoritaire,
26:13d'un père parfois violent
26:14avec ses enfants.
26:17Qu'en est-il
26:17que vous a raconté Louis ?
26:19Que vous ont raconté
26:20les enfants ?
26:23Alors Louis,
26:24paradoxalement,
26:25il n'est pas
26:26dans le jugement
26:26et il n'accable
26:29pas son père.
26:30Pour une raison
26:31très simple,
26:31c'est qu'on aime
26:32toujours son bourreau
26:33en cas de maltraitance.
26:34C'est bien d'ailleurs
26:35la raison pour laquelle
26:37ces violences
26:38faites aux enfants
26:40par leurs ascendants
26:41sont réprimées
26:42plus sévèrement
26:43parce qu'elles sont
26:43destructrices
26:44au niveau
26:45effectivement
26:46du rapport psychique.
26:47Un papa,
26:48ça sert à protéger,
26:49ça ne sert pas
26:49effectivement
26:50à frapper
26:51ou à humilier.
26:52Et nous avons
26:53dans le dossier
26:54des quantités
26:55de témoignages
26:56qui établissent
26:57qu'effectivement
26:58il avait une relation
26:59extrêmement dure
27:00par rapport
27:00à son fils.
27:02Il pouvait
27:02mal lui parler
27:04et puis surtout
27:04joindre le geste
27:05à la parole,
27:07lui tirer les oreilles,
27:08lui adresser
27:09des taloches
27:10puisque le terme
27:10a été employé
27:11à l'initiative
27:12de la défense,
27:13des coups de pied
27:14dans les fesses
27:14et puis alors là,
27:15il y a quelque chose
27:16qui véritablement me heurte,
27:18c'est la punition
27:19quasiment rituelle
27:20qui consiste
27:21à placer l'enfant
27:22sur des briques
27:23de Lego
27:23avec les mains
27:24derrière la nuque,
27:25il se tient à genoux
27:26et ça peut durer
27:27plusieurs minutes.
27:28Donc on peut
27:29l'appeler comme on veut,
27:30on peut se livrer
27:30à des exercices
27:31sémantiques,
27:32mais je pense
27:33qu'effectivement
27:33Cédric Jubilard
27:34avait un rapport
27:35extrêmement autoritaire
27:36pour ne pas dire
27:37maltraitant
27:38avec son fils.
27:40Et pour autant,
27:41dans les dépositions
27:42de l'enfant,
27:43vous n'avez pas
27:44cette stigmatisation.
27:45Il aurait pu
27:46effectivement facilement,
27:47je l'ai entendu dire,
27:48dire oui,
27:49papa est méchant,
27:50oui, papa a mal parlé
27:51à maman,
27:52il est beaucoup plus
27:52nuancé et c'est ce qui
27:53donne beaucoup de poids
27:54me semble-t-il,
27:56au témoignage
27:56qu'il a pu livrer,
27:57c'est-à-dire qu'on est
27:58renseigné sur un contexte
28:00où quand Cédric Jubilard
28:02nous explique que tout
28:03allait pour le mieux
28:04dans le meilleur des mondes,
28:05même s'ils étaient
28:06en instance de divorce,
28:07le couple s'entendait,
28:08ce n'est pas du tout
28:09ce que dit l'enfant,
28:10il dit que la relation
28:10s'est délittée,
28:12qu'il y avait des altercations,
28:13qu'il se croyait obligé
28:15d'intervenir
28:16effectivement pour y mettre
28:17un terme,
28:18il est séparé physiquement
28:19et je l'ai entendu dire
28:21et vous avez raison,
28:22hélas,
28:24il s'en veut
28:24de ne pas avoir
28:26réagi différemment
28:27lors de la soirée
28:29où il voit
28:30pour la dernière fois
28:30sa maman,
28:31c'est-à-dire qu'il fait
28:33du bruit derrière
28:33cette porte séparative
28:35pour attirer l'attention
28:36effectivement du couple,
28:38j'ai presque envie de dire
28:38comme d'habitude
28:39quand il intervenait
28:41lors d'une dispute
28:42et puis il se précipite
28:43dans sa chambre,
28:44une mienne vient fermer
28:46cette porte de chambre
28:47alors que lui,
28:49il préfère l'avoir
28:49entre ouverte
28:50et puis il va s'endormir,
28:52il va sombrer dans le sommeil
28:53et il se le reproche
28:54aujourd'hui,
28:56il se le reproche
28:56avec ses mots à lui.
28:58Donc dans sa tête,
28:59dans la tête de Louis,
29:00son père est coupable
29:01d'avoir tué sa mère ?
29:05Non,
29:06je ne peux pas dire ça
29:07et puis si vous voulez,
29:09j'étais très sensible
29:11aux explications
29:12qui ont été fournies
29:14notamment sur le recueil
29:16de la parole de l'enfant,
29:18je vais vous livrer
29:18mon sentiment
29:19par rapport à ce dossier.
29:21Il est entendu
29:21la première fois
29:22le petit Louis
29:23à 48 heures du drame,
29:25c'est-à-dire le 18 décembre 2020.
29:27J'attire votre attention
29:28sur le fait
29:29qu'il a été
29:30au contact de son père
29:32pendant 48 heures
29:33et j'ai la faiblesse
29:35de considérer
29:35que des éléments
29:36de réponse
29:38sont presque inspirés
29:40par ce qu'attendait
29:41effectivement le père,
29:42je pense notamment
29:43à ce câlin
29:44qui a été fait à trois
29:45dans le lit conjugal
29:46qui était censé
29:47être partagé
29:48par le couple,
29:49je n'y crois pas.
29:50Je vous le dis
29:51très honnêtement.
29:52Le petit Louis
29:53va livrer sa vérité,
29:55alors c'est vrai
29:56qu'on contextualise,
29:58on va parler
29:58de ses centres d'intérêt,
30:00de son futur métier,
30:02de sa volonté
30:03de créer
30:04un terrain de foot,
30:05tout ça a été filmé,
30:07c'est l'équivalent
30:08de la procédure Mélanie,
30:09c'est-à-dire qu'à un moment donné,
30:10les enquêteurs
30:12flanqués de spécialistes,
30:14des psychologues
30:15vont effectivement
30:16essayer
30:17d'obtenir
30:18de l'enfant
30:19des réponses
30:20dans le cadre
30:21de questions
30:21le moins fermées possible.
30:23On est bien d'accord.
30:24Il est réentendu
30:25en janvier 2021
30:27et là effectivement
30:28le discours évolue
30:29un peu,
30:30il dit que
30:31en fait
30:32il a entendu
30:32ses parents parler,
30:33peut-être un peu
30:34se disputer,
30:35il donne des éléments
30:36de réponse,
30:37c'est encore une fois
30:38les services d'enquête
30:40qui se chargent
30:41effectivement
30:41d'opérer
30:42cette audition
30:43enregistrée
30:44et puis il y a la dernière
30:45et la dernière
30:46elle me tient à cœur
30:47parce que nous y étions,
30:49c'est-à-dire qu'il y avait
30:49l'administratrice ad hoc,
30:51il y avait les deux avocats
30:52et nous avions
30:53bien évidemment
30:53veillé
30:54à ne pas
30:55je dirais
30:56provoquer
30:56la moindre réponse
30:57de la part de Louis
30:58que nous avions déjà
30:59rencontré à plusieurs reprises,
31:01ces rencontres
31:01se sont passées
31:02dans mon bureau
31:03et je sais très bien
31:04effectivement
31:04qu'on a été
31:05très très prudents,
31:06on ne voulait
31:07surtout pas
31:08polluer la parole
31:09de Louis
31:09et en fait
31:10le déclencheur
31:11qui va intervenir
31:13lors de l'instruction
31:14c'est que Louis
31:15est entendu
31:16effectivement
31:17par ces deux magistrats
31:18dont l'une
31:18qui a une carrière
31:20expérimentée
31:22au niveau juge
31:22pour enfants
31:23et ça se sent
31:24lorsqu'il y a une approche
31:25avec des jeunes mineurs
31:27en tout cas
31:28ça s'apprécie
31:29en tant que professionnel
31:31et là
31:31Louis
31:32va régler la focale
31:34si vous m'autorisez
31:35l'expression
31:36sur un écran
31:37qui lui montre
31:37l'intérieur de sa maison
31:39il dit
31:39mais c'est ma maison
31:40et d'ailleurs
31:41moi j'étais caché
31:42derrière cette porte
31:43pour être tout à fait
31:43honnête avec vous
31:44moi l'idée
31:45de la porte séparative
31:46coin nuit
31:47coin jour
31:47ça m'avait un petit peu
31:48échappé
31:48il le localise
31:50sur le plan
31:50il prend des stylos
31:52il prend une feuille
31:53et là
31:54comme le disait
31:54monsieur Valdiguet
31:55effectivement
31:55vous avez ce gamin
31:57qui est capable
31:58de restituer
31:58le positionnement
31:59de l'espace
32:01par rapport au récit
32:03qu'il est en train
32:04de nous faire
32:04et c'est là effectivement
32:05que sur le dessin
32:07va apparaître
32:08cette porte entrebâillée
32:09le canapé
32:10et le sapin
32:11et donc évidemment
32:12ce sont des éléments
32:13qui sont très importants
32:15parce que vous l'avez évoqué
32:16on est sur une datation
32:18très particulière
32:18moi j'ai le souvenir
32:19d'ailleurs
32:20que monsieur Jubilard
32:21lors de la reconstitution
32:22n'avait pas hésité
32:23à nous expliquer
32:24que c'était peut-être
32:25le Noël précédent
32:26pour éloigner
32:28effectivement
32:28la possibilité
32:29qu'on soit en train
32:30de parler
32:30de quelque chose
32:31de très très proche
32:32pour ne pas dire
32:33de la soirée
32:33de la disparition
32:34et là je lui avais dit
32:35monsieur Jubilard
32:37les disputes
32:38elles commencent
32:39à l'été 2020
32:40vous n'allez pas
32:40nous faire remonter
32:41effectivement
32:42le fracas
32:42de votre couple
32:43en 2019
32:44il faut savoir
32:44raison garder
32:45mais vous voyez
32:46c'est alors
32:48cette stratégie
32:49d'évitement
32:50je crois
32:52qu'il y a eu
32:52des mensonges
32:53il va falloir
32:53qu'on en parle
32:54je pense qu'il n'a pas
32:55toujours dit la vérité
32:56c'est lui
32:57je le rappelle
32:57qui fixe la mélodie
32:59c'est lui
33:00qui le premier
33:00va faire une histoire
33:02qu'il va raconter
33:03au service de gendarmerie
33:04à 4h du matin
33:05à partir de là
33:07c'est ces éléments-là
33:09qu'on va vérifier
33:09qu'on va recouper
33:11et qui effectivement
33:12s'avèrent parfois erronés
33:13alors la question
33:14c'est de savoir pourquoi
33:15évidemment
33:15merci maître
33:17merci d'être intervenu
33:18sur notre antenne
33:19ce soir
33:21je rappelle donc
33:21que vous êtes
33:21l'avocat des enfants
33:22du couple Jubilard
33:24ce qu'on a appris
33:25aujourd'hui
33:26on a appris
33:27beaucoup de choses
33:28d'ailleurs
33:28sur la personnalité
33:29sur les centres d'intérêt
33:31de Cédric Jubilard
33:32quand on lui pose la question
33:34quels sont vos centres d'intérêt
33:35j'aime bien aller à la pêche
33:36le sport et la télé
33:37les jeux vidéo
33:38les jeux de cartes
33:39le poker
33:39et les séries
33:41et maître Boguet
33:42justement lui rétorque
33:44vous exprimez une passion
33:45pour certains jeux
33:45dont la stratégie
33:46est d'avancer masquée
33:47Games of Thrones
33:48et le poker
33:49en font partie
33:50intéressant
33:52tous les aspects
33:54de sa personnalité
33:55sont sur la table
33:56y compris
33:56sa passion
33:57pour les jeux vidéo
33:58Laurent Valdiguet
33:58oui mais c'est une première
33:59journée d'audience
34:00alors même si le procès
34:02se refait
34:02en dehors
34:04puisque tout le monde
34:05a parlé
34:05les avocats de la défense
34:07même l'experte
34:08a parlé aux caméras
34:10en sortant
34:10c'est vrai qu'à l'intérieur
34:12de cette salle
34:13où tout compte
34:14comme vous disiez
34:14devant les quatre jurés
34:16quatre hommes et deux femmes
34:17tout compte
34:18donc c'est vrai que
34:20Laurent Valdiguet
34:20on voit bien
34:21il lâche rien
34:23donc ils ont tous
34:25cherché aujourd'hui
34:25dans ce premier round
34:27à mordre un peu
34:28les mollets
34:29de ce jubilard
34:29qui avait l'air
34:30de répondre un peu
34:32à tout
34:32pas désinvolte
34:34j'ai vu dans tous
34:35les commentaires
34:35tout le monde disait
34:36la voix claire
34:37la voix claire
34:38ça veut toujours dire
34:39quand on écrit
34:40quand on décrit
34:41une salle d'audience
34:42ça veut toujours dire
34:43un peu assuré
34:44alors c'est vrai
34:45comme si
34:45après tout
34:46c'est normal
34:48qu'il soit assuré
34:49c'est vrai que jubilard
34:50mais c'est vrai
34:50qu'il a fait montre
34:52aujourd'hui
34:52d'une certaine forme
34:53de cran
34:54Dominique
34:54on peut dire ça
34:55il est tout seul
34:56dans ce box
34:56il faut mettre
34:57des voix à sa place
34:58ça fait 4 ans
34:58qu'il est à l'isolement
34:59il est tout seul
35:00dans ce box
35:00pour répondre
35:01de la disparition
35:02et du meurtre
35:03de sa femme
35:03il risque perpétuité
35:04jubilard
35:05nous on en parle
35:06comme ça
35:06mais lui il risque
35:08un réel enjeu
35:09donc c'est vrai
35:11que pour cette première journée
35:12il a voulu
35:13face à ses avocats
35:14face aux magistrats
35:15face aux jurés
35:16surtout
35:17il a voulu montrer
35:18qu'il répondait aux questions
35:19on a bien compris
35:21c'est ce qu'ont martelé
35:22ses avocats
35:23une entrée en matière
35:24simplement
35:24et demain
35:25à partir de demain
35:26le gros morceau commence
35:27puisqu'à partir de demain
35:28vont défiler les gendarmes
35:30et là les gendarmes
35:31j'en parle
35:32devant le général Fontbonne
35:33qui sait bien
35:34à quel point
35:35c'est un exercice difficile
35:36pour les gendarmes
35:37les gendarmes
35:38vont devoir
35:39défendre
35:41leur enquête
35:42et là on va rentrer
35:43on va rentrer
35:44dans le dur du sujet
35:45oui je confirme
35:46c'est un exercice
35:47terrible
35:48que celui
35:49de déposer
35:50devant une cour d'assises
35:51comme témoin
35:51on arrive déjà
35:524 ou 5 heures avant
35:53on est isolé
35:54si vous l'avez vu
35:55les gendarmes
35:56comparaissent avec la grande tenue
35:57c'est-à-dire le képi
35:58les gants
35:59donc on attend un moment
36:00on commence à se déshabiller
36:01parce qu'il fait chaud
36:02le huissier vient vous chercher
36:03vous êtes complètement en vrac
36:04vous traversez la salle d'assises
36:06généralement
36:07en arrivant par le fond
36:09avec vous savez
36:10les bottines qui claquent
36:11et vous avez du monde
36:12partout
36:13et en plus
36:14les sous-officiers
36:15de gendarmerie
36:15ce sont souvent
36:16des sous-officiers
36:16qui sont directeurs d'enquête
36:17ne sont pas du tout formés
36:19à parler devant
36:20de la cour d'assises
36:21là je crois qu'ils ont répété
36:23alors ils ont répété
36:24et vous n'avez pas découvert
36:25la vérité dans l'affaire
36:26et vous n'avez pas découvert
36:27la vérité dans l'affaire
36:28c'est-à-dire qu'ils sont
36:29assez faciles
36:30à déstabiliser
36:32et pour compléter
36:33ce que disait
36:34ce que disait Laurent
36:35il faut comprendre
36:36quelque chose
36:37c'est que c'est un dossier
36:38qui fait je crois
36:3929 tomes
36:4027
36:4027
36:41il y a plus de 15 000
36:43pièces de procédure
36:44c'est une pièce de procédure
36:45c'est un rapport d'expertise
36:47c'est un PV de déplacement
36:48c'est une audition
36:49donc c'est quelque chose
36:50de considérable
36:51je crois que ça a coûté
36:52500 000 euros
36:53en termes d'enquête
36:55jusqu'à présent
36:55mais les cartes
36:57sont complètement rebattues
36:58à l'audience
36:59c'est-à-dire que
37:00c'est l'oralité des débats
37:01les jurés
37:02n'ont pas accès
37:03au dossier
37:04ils ne le voient pas
37:05tout ce qu'ils peuvent voir
37:06c'est éventuellement
37:06des pièces à conviction
37:07c'est-à-dire
37:08l'arme du crime
37:09mais là évidemment
37:10il n'y en a pas
37:10donc ce qui compte
37:12c'est ce qui va être
37:13dit à l'audience
37:14c'est l'impression
37:15que va faire sur eux
37:16la façon dont
37:17mis en cause
37:20l'accusé
37:20va se présenter
37:21ce sont des petits détails
37:23comme l'alliance
37:24c'est ce genre de choses
37:26et vous savez
37:26la formule
37:27du code de procédure pénale
37:30on demande simplement
37:31aux jurés
37:31de répondre
37:32s'ils ont une intime conviction
37:33et c'est quelque chose
37:35qui est complètement subjectif
37:36alors si on a
37:37une scène de crime
37:38si on a une arme
37:39si on a des aveux
37:39circonstanciés
37:40c'est plus facile
37:41mais là
37:42on est dans quelque chose
37:43j'allais dire
37:44c'est le dernier
37:44qui va parler
37:45qui aura raison
37:46mais en fait
37:46c'est celui
37:47qui va parler
37:48en touchant
37:49plus particulièrement
37:50la façon d'envisager
37:52la vie
37:52qui est celle des jurés
37:54qui risque d'emporter
37:56l'accusation
37:58ou l'acquittement
37:59pas de corps
38:00pas d'aveu
38:01c'est l'intime conviction
38:03qui va jouer
38:04c'est l'intime conviction
38:06qui va jouer
38:07et je pense
38:08qu'il ne m'en voudra pas
38:09mais j'ai eu tout à l'heure
38:10au téléphone
38:10Eric Dupond-Moretti
38:11qui m'appelle
38:13pour qu'on parle
38:13un peu de ce dossier
38:14et qui me dit
38:15tu vois
38:15c'est curieux
38:17parce que
38:18tout a été déballé
38:19tout a été dit
38:20les journalistes
38:20vous avez tout dit
38:21vous avez tout raconté
38:22et dans un dossier
38:24c'est pas bien
38:25que tout soit raconté
38:26comme ça
38:26parce que
38:27il faut toujours
38:28pour l'avocat
38:28qu'il était lui
38:29110-120 acquittements
38:32acquittateurs
38:33il dit
38:34il faut toujours
38:34avoir un scoop
38:35donc lui
38:35il avait eu un scoop
38:36il avait gardé
38:37dans l'affaire Viguier
38:38on en parlait
38:38juste avant d'entrer
38:39tout à l'heure
38:39ces fameuses écoutes téléphoniques
38:41et puis l'amant
38:42monsieur Viguier
38:43c'est le doyen
38:44de la faculté de Toulouse
38:45qui est accusé
38:46du meurtre de sa femme
38:46qui a disparu
38:47qui a elle aussi un amant
38:48le matelas
38:49sur lequel dormait
38:51madame Viguier
38:51a disparu
38:52et au dernier moment
38:53Eric Dupond-Moretti
38:54va révéler
38:56des écoutes
38:57dans lesquelles
38:58on découvre
38:59que l'amant
39:00de madame Viguier
39:01avait avec la complicité
39:02de la femme de ménage
39:03était entrée dans la maison
39:05avait pris des pièces
39:06le sac à main
39:07etc
39:07et donc
39:08il me disait tout à l'heure
39:09ça c'était un scoop
39:10ça a tout fait vaciller
39:12bon en tout cas
39:13monsieur Viguier
39:14client de Eric Dupond-Moretti
39:15a été acquitté
39:16donc il me dit
39:17là
39:17il n'y a plus de scoop
39:18pour les avocats
39:19il n'y a pas de scoop
39:20alors il faudrait que quelqu'un
39:21qu'un des avocats
39:22sorte quelque chose
39:23l'un des avocats
39:24Alexandre Martin
39:25Emmanuel Franck
39:26de Cédric Jubilard
39:28sortent de leur chapeau
39:29quelque chose
39:30que nous on ignore
39:31et c'est vrai que
39:32on est allé fouiller
39:34partout
39:34alors si c'est pas
39:35Laurent Valdiguier
39:36si c'est pas nous
39:37ABFM
39:38c'est Renan Folguez
39:39face aux parisiens
39:40c'est Abelard
39:41et puis pardon
39:42j'oublie son nom aussi
39:43notre ami
39:43de la dépêche du midi
39:44le journaliste du midi
39:46qui a sorti des infos
39:48il y en a deux dans le midi
39:49mais pardon
39:49j'oublie le nom
39:50donc tout a été gratté
39:53et c'est vrai que
39:54pour les avocats
39:54à l'audience
39:55il n'y a plus grand chose
39:56tu vas nous dire
39:58qu'on ne devrait pas
39:59s'en mêler
40:00il est là avec nous
40:04mais là c'est pas forcément
40:07un ami
40:07c'est un ancien policier
40:08qui va lui dire
40:09je dis toujours
40:10que les journalistes
40:11fouillent
40:11là pour le coup
40:13il se trompe d'adversaire
40:14non mais ce qui ne m'épate
40:15c'est que la leçon de morale
40:17vienne d'Eric Dupond-Moretti
40:18quand on connait son impétence
40:20sa gourmandise
40:21pour les caméras
40:21le monde des médias
40:22parce que justement
40:23il en a beaucoup joué lui
40:24pour justement émouvoir
40:26les uns les autres
40:26jouer au salt
40:27je ne voulais pas
40:27que ça se retourne
40:28au falstaff des médias
40:30non non mais
40:31Eric ce qui nous écoute
40:32c'est pas grave
40:33d'abord je ne le connais pas
40:34je ne le connais pas
40:35ce monsieur
40:35donc je ne l'appellerai pas Eric
40:36je fais du mauvais humour
40:38mais enfin
40:38il a souvent fait
40:39le falstaff des médias
40:41parce qu'il aimait bien
40:42jouer aussi au personnage
40:43Tony Truant
40:43là où par contre
40:44où effectivement
40:45je veux alimenter
40:46le propos de mon voisin
40:48c'est que lorsque
40:50vous êtes enquêteur
40:51et que
40:51alors vous n'êtes pas
40:52toujours isolé
40:53c'est ça parfois
40:54le problème
40:54de certaines cours d'assises
40:55normalement
40:56les témoins devraient
40:57l'être systématiquement
40:59ainsi que les enquêteurs
41:00c'est pas toujours le cas
41:01Nanterre par exemple
41:02les témoins
41:03dont j'étais
41:04vous êtes tout simplement
41:05dans la salle des pas perdus
41:06et c'est pas une bonne chose
41:07c'est même une très mauvaise chose
41:08d'autres cours d'assises
41:10aussi n'ont pas
41:10cette confidentialité
41:12immobilière
41:13j'ai envie de dire
41:13le problème
41:14c'est qu'effectivement
41:15l'enquêteur lui
41:16ne peut pas trop
41:18prendre parti
41:19il doit relater
41:20son enquête
41:21très techniquement
41:22le plus techniquement
41:23possible
41:24ne pas se substituer
41:25aux experts
41:26parce qu'il n'est pas expert
41:27et il doit être
41:28le plus didactique possible
41:29pourquoi ?
41:31parce qu'il s'adresse
41:31d'abord à une seule personne
41:33c'est le président
41:33de la cour
41:34et qu'il doit aussi
41:35se faire comprendre
41:36des uns et des autres
41:36éventuellement
41:37des jurés
41:39bien évidemment
41:40et il doit surtout
41:41se blinder
41:41parce que dès qu'il aura fini
41:43son témoignage
41:44c'est un témoignage
41:45que fait l'enquêteur
41:45il n'est pas là pour dire
41:47lui il est coupable
41:48lui il est innocent
41:49il relate son enquête
41:50le plus professionnellement
41:52possible
41:53là où ça commence
41:54à être compliqué
41:55c'est lorsque vous avez
41:56les avocats
41:57particulièrement les avocats
41:58de la défense
41:59s'amuse à vous bombarder
42:01de questions
42:01pour vous déstabiliser
42:03et pour faire douter
42:04les jurés
42:05de ce que vous avez
42:06éventuellement dit
42:07qui peut justement
42:09entraîner la culpabilité
42:10des accusés
42:11au coeur de cette enquête
42:12il y a
42:12ce téléphone
42:14le téléphone
42:15de Cédric Jubilard
42:16qui est resté
42:19éteint
42:20pendant une période
42:21ce qui n'était pas
42:21dans son habitude
42:23on écoute un extrait
42:24du reportage
42:26de l'enquête
42:27des journalistes
42:28de ligne rouge
42:28à BFMT
42:29le téléphone
42:32est une mine
42:33d'informations
42:33pour les enquêteurs
42:34il découvre ainsi
42:36que la nuit
42:36de la disparition
42:37Cédric Jubilard
42:39a éteint son portable
42:39de 22h08
42:41à 3h53
42:42c'est quelque chose
42:48d'exceptionnel
42:49pour Cédric Jubilard
42:51d'éteindre son téléphone
42:52il dira
42:52dans un premier temps
42:53que c'est parce que
42:55la batterie
42:56était déchargée
42:57que son téléphone
42:57était déchargé
42:58on sait que ce n'est pas
42:59le cas
42:59et que son téléphone
43:00a été éteint
43:01donc c'est déjà
43:02quelque chose
43:03d'accablant
43:04puisque la nuit
43:05où sa femme disparaît
43:06Cédric Jubilard
43:07qui quand même
43:08sait qu'un téléphone
43:10peut facilement
43:11être localisé
43:12donner des informations
43:13etc.
43:14décide d'éteindre
43:16décide d'éteindre
43:16cet outil de preuve
43:17c'est confondant
43:19Chacun des faits et gestes
43:22de Cédric Jubilard
43:23sur son portable
43:24peut servir d'argument
43:26en faveur de la défense
43:27comme de l'accusation
43:28Il va appeler Delphine
43:31189 fois
43:32alors qu'en comparaison
43:346 mois plus tôt
43:36Delphine n'était pas rentrée
43:38une nuit
43:39il avait appelé
43:40moins de 10 fois
43:40donc c'est un premier élément
43:42qui est quand même
43:44évocateur
43:44d'une forme d'angoisse feinte
43:47Évidemment ça n'est pas comparable
43:48avec ce qui s'est passé
43:49au mois d'août
43:50où au bout de quelques appels
43:51elle a fini par répondre
43:52pour dire que tout allait bien
43:53et qu'elle rentrait
43:54et qu'elle s'était juste endormie
43:56Autrement dit
43:56on a des gendarmes
43:57qui comparent des situations
43:58qui en réalité
43:59ne sont pas comparables
44:00pour essayer intellectuellement
44:02de fabriquer un élément
44:03à charge
44:03qui n'en est pas un
44:04Elina Rostand
44:06qu'est-ce qui interpelle
44:07donc autour du téléphone
44:10de Cédric Jubilard ?
44:12Alors c'est impressionnant
44:14parce qu'il y a quelques
44:15dizaines d'années
44:15on disait que c'était
44:17l'ADN
44:17la reine des preuves
44:18ensuite on a dit
44:19juste avant
44:19on disait que c'était
44:20les aveux
44:21aujourd'hui on a un peu
44:22l'impression que c'est
44:23la téléphonie
44:24la reine des preuves
44:24donc je ne sais pas
44:25si Éric Dupond-Moretti
44:26a lu le livre
44:28mais en tout cas
44:29je lui suggère de le faire
44:30Il va m'en vouloir
44:31d'avoir la téléphonie
44:32Il va m'en vouloir
44:33Il va m'en vouloir
44:35A cause de vous
44:36Dominique Rizet
44:37qui ne feront pas la figure
44:38ce soir
44:38Moi je ne suis pas là
44:39Allez-y Elina Rostand
44:40Non mais il pense peut-être
44:41qu'il n'y a pas de scoop
44:42nous jeudi
44:43on attend une chose
44:44c'est une expertise
44:45autour de la téléphonie
44:47de Cédric Jubilard
44:48jeudi en début d'après-midi
44:50qui pourrait complètement
44:51rebattre les cartes
44:52donc on arrêtera
44:54de tourner autour du pot
44:55autour d'éléments
44:57comme la couette
44:58les lunettes
44:58etc.
44:59sur lesquels
45:00il y a des éléments
45:01à charge et à décharge
45:02et en fait
45:02on n'a pas vraiment de conclusion
45:03Mais là le téléphone
45:04ça sera déterminant
45:04Sur la téléphonie
45:05c'est déterminant
45:06Alors ce qu'il faut savoir
45:08dans cette affaire
45:09c'est que
45:10dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020
45:13à 22h08
45:15Cédric Jubilard
45:16éteint son téléphone
45:17il dit ne le rallumer
45:18qu'à 3h53
45:20après avoir entendu
45:21les cris de sa fille
45:22il y a 18 mois
45:23qu'il a réveillé
45:24donc ça c'est vraiment
45:25ce sont ses déclarations
45:29pardon
45:29et quelques semaines plus tard
45:31des extractions sont faites
45:32sur son téléphone
45:33sur cette nuit là
45:34et on découvre
45:35un point GPS
45:36très très précis
45:37à 3h21
45:38au sud du petit village
45:40de Cazoule
45:40donc c'est une petite forêt
45:42ces points GPS
45:43personne ne comprend
45:45comment il est possible
45:46que des points GPS
45:47soient imprimés
45:48dans un téléphone
45:48qui est éteint
45:49parce qu'il a effectivement
45:50son téléphone
45:51qui est éteint
45:51donc ça passe un petit peu
45:53à la trappe
45:54on se dit bon
45:54il s'agit d'un bug
45:55un bug à l'extraction
45:57un faux positif etc.
45:59Deux mois plus tard
46:00après ces extractions là
46:02il y a quand même
46:03des gendarmes
46:04qui se déplacent
46:04sur les lieux
46:05ils constatent
46:07ils prennent quelques photos
46:08ils se rendent compte
46:09que le lieu
46:10n'est pas carrossable
46:11c'est difficile
46:11d'aller enterrer un corps
46:13donc finalement
46:14pareil on oublie ça
46:15on parle de avril 2021
46:17c'est à dire que depuis
46:18l'enquête continue
46:20sur tous les éléments
46:21sur lesquels on débat
46:22depuis tout à l'heure
46:23mais sur la téléphonie
46:25il n'y a strictement rien
46:25début 2025
46:27et c'est très important
46:28de nouvelles expertises
46:30sont faites
46:30sur le téléphone
46:31de Cédric Jubilard
46:32et là
46:3317 coordonnées GPS
46:35parfaitement identiques
46:36à la décimale près
46:37alors un point GPS
46:39c'est latitude
46:39longitude
46:40et ensuite il y a
46:41un nombre de chiffres
46:42derrière la décimale
46:43qui indique la précision
46:45donc ces 17 coordonnées
46:47ressortent
46:48sur son téléphone
46:48entre le 14 novembre 2020
46:51et le 16 décembre 2020
46:54c'est à dire
46:55un mois avant la disparition
46:56et on précise que c'était
46:57une période
46:58pendant laquelle
46:58il commençait à faire
47:00à émettre des menaces
47:02en tout cas
47:02il avait confié
47:03à sa maman
47:03Nadine Jubilard
47:05que ça n'allait pas
47:06avec Delphine
47:06qui voulait la tuer
47:07l'enterrer
47:08et que personne ne la découvre
47:09ce qui laisse sous-entendre
47:10qu'il aurait repéré
47:11fait du repérage
47:12absolument
47:12avant la disparition
47:14et ensuite
47:14il ne revient pas
47:15sur les lieux
47:16ça veut dire que
47:17ce n'était pas
47:17des lieux
47:18qui l'intéressaient
47:19à la nuit du 15 au 16
47:20il n'y a plus
47:20de localisation GPS
47:22ce qui est quand même incroyable
47:23à cet endroit-là
47:24donc depuis des mois
47:25on se demande
47:26comment il est possible
47:27d'avoir des coordonnées
47:28GPS imprimées
47:29sur un téléphone
47:30éteint
47:30et il y a eu
47:31une bataille d'experts
47:32jusque-là
47:33et personne n'a réussi
47:34à dénouer la pelote
47:36qui ont dit
47:38mais en fait
47:38il s'agit aussi
47:39de 17 bugs techniques
47:41de 17 faux positifs
47:43mais 17 faux positifs
47:44c'est un petit peu
47:45ça commence à faire beaucoup
47:46mais en attendant
47:47est-ce que cette zone
47:48où ce téléphone a borné
47:49elle a été fouillée
47:51mais pas du tout
47:52alors je ne vais pas rentrer
47:54dans les détails techniques
47:55c'est dans le livre
47:55on ne parle pas de bornage
47:57on parle de coordonnées GPS
47:58ça veut dire
47:59d'aller consulter
48:00une carte
48:01via une boussole
48:02personne n'est allé faire
48:03des fouilles
48:03à cet endroit-là
48:05Samy Sfaxi
48:08pardon
48:08bonsoir Julie
48:09j'en oublie votre nom
48:11Samy
48:11Eric Dupond-Moretti
48:13il disait qu'il n'y a plus
48:14de scoop pour les avis
48:15voilà on en vient à lui
48:16on en vient à lui
48:18pourquoi
48:18c'est vrai que
48:19je vais pas mettre
48:20Eric Dupond-Moretti
48:21non mais il y a
48:22énormément de journalistes
48:24bien sûr
48:24sur cette affaire
48:25et qui détiennent
48:26beaucoup d'informations
48:27bien sûr
48:27personne n'oublie le nom
48:28de Samy Sfaxi
48:28mais personne ne détient
48:30plus d'informations
48:31que Dominique Rizet
48:32ça c'est une certitude
48:34mais c'est l'ordre
48:34et Laurent Van Dillier
48:35et Laurent Van Dillier
48:36bien sûr
48:36et Laurent Van Dillier
48:38bien sûr
48:38il suscite bien sûr
48:42beaucoup d'attention
48:43ce procès
48:44alors le tribunal
48:46a décompté le nombre
48:47de journalistes
48:47on parle de 300 journalistes
48:49plus de 300
48:49qui ont été accrédités
48:51la presse étrangère
48:52qui est présente
48:52il y a une salle
48:53qui a été aménagée
48:55à côté justement
48:55de la salle d'audience
48:56où la presse
48:58peut regarder
48:58et suivre ce procès
49:00le public également
49:01j'ai noté des étudiants
49:03en école
49:04ou en tout cas
49:05en faculté de droit
49:07des étudiants en journalisme
49:08qui veulent bien sûr
49:09s'intéresser à cette affaire
49:10tant le mystère
49:11est entier
49:11autour de la disparition
49:13de Delphine Jubilard
49:14vous l'avez dit tout à l'heure
49:14dossier tentaculaire
49:1527 tomes
49:17il y a 65 témoins
49:18qui vont défiler à la barre
49:20pour répondre aux questions
49:21du juge des avocats
49:2311 experts
49:23qui seront également interrogés
49:25alors c'est vrai que
49:26c'est assez rare
49:27dans une cour d'assises
49:29d'avoir cette autorisation
49:30de filmer
49:31finalement celui
49:32qui est dans le box
49:32et ce matin
49:33et bien
49:34Cédric Jubilard
49:35a pu être filmé
49:37alors
49:37ça peut être intéressant
49:39également dans la défense
49:40c'est ce que disait
49:41aujourd'hui
49:41le service police justice
49:43de BFM TV
49:44ça peut être un élément
49:45dans la défense
49:46en tout cas
49:46dans la stratégie de défense
49:48de Cédric Jubilard
49:49et alors regardez
49:50vous en parliez tout à l'heure
49:51ce qu'il a
49:51en tout cas
49:52décrit
49:53et dit aujourd'hui
49:54lorsque
49:55on a parlé
49:56de cette enquêtrice
49:57autour de cette enquête
49:57de personnalité
49:58j'aime prendre de la place
50:00être imposant
50:01me montrer
50:02est-ce que ce sont
50:02des premiers éléments
50:03qui indiquent
50:04sa personnalité
50:05en tout cas
50:05qui la confirment
50:06on se souvient
50:07pour finir
50:08qu'il n'y en a pas beaucoup
50:09finalement
50:09qui ont accepté
50:11d'être filmé
50:11en cour d'assises
50:12on pense à Pierre Palmade
50:13on pense à Monique Olivier
50:15ou encore
50:15Fancy Saul
50:16donc voilà
50:17c'est un élément important
50:18en tout cas
50:18c'est une première journée
50:19importante
50:20procès ultra médiatisé
50:22qui va donc virer
50:224 semaines
50:24on accueille sur le plateau
50:24notre invité
50:25Cyril Hermann
50:26Dinquet
50:26comme ça qu'on dit
50:27et Mard Dinquer
50:28pardonnez-moi
50:29ancien policier
50:30connaissance
50:30de Cédric Jubilard
50:32d'abord racontez-nous
50:34comment vous le connaissez
50:35Cédric Jubilard
50:36en fait
50:37on jouait
50:38un jeu en ligne
50:39tout bête
50:40que j'avais téléchargé
50:40C'était pas pendant le service
50:41quand vous étiez policier
50:42non ?
50:42Non j'étais plus policier
50:43à ce moment-là
50:44j'étais professeur des écoles
50:45j'ai fait un petit pas de côté
50:46et du coup
50:49c'était un jeu
50:50où il fallait monter
50:51des équipes
50:52s'entraider
50:52avec des seigneurs
50:54des bannerés
50:55dans le monde de Westeros
50:56on rejoue un peu
50:58Game of Thrones
50:58et ce jeu
51:00était un jeu
51:01pratiqué à l'échelle planétaire
51:02donc il y avait
51:02beaucoup de personnes
51:04qui étaient anglophones
51:05très peu de francophones
51:06et un jour
51:07je déplaçais ma base
51:07sur la carte
51:09et celui qui était
51:11juste à côté
51:11de là où j'avais déplacé
51:12à ma base
51:13me dit
51:13pourquoi tu m'attaques
51:14et là
51:15comme il s'adresse à moi
51:16en français
51:16je lui dis
51:16ah tu es français
51:17et en fait
51:18c'était Cédric Jubilard
51:19qui s'appelait à l'époque
51:19Queen Clothilde
51:20c'était son pseudo
51:21Vous serez l'un des nombreux témoins
51:23cités à comparaitre
51:25au procès
51:26qui a donc débuté
51:27aujourd'hui
51:28qu'on ait un peu
51:29une idée
51:30de la chronologie
51:31vous êtes
51:32devenu ami
51:33entre guillemets
51:34avec Cédric Jubilard
51:35avant
51:36la disparition
51:37donc
51:37de sa femme
51:38bien avant
51:39des années avant
51:40en fait
51:41rien
51:41vous pouvez prédisposer
51:43qu'on aurait ensuite
51:44un homme
51:46accusé
51:46du meurtre
51:47de sa femme
51:47toute cette histoire
51:48médiatique
51:49tout ça
51:50pour moi
51:51Cédric Jubilard
51:52c'était le gars
51:53qui jouait avec moi
51:54qui était content
51:55de rencontrer
51:56des personnes
51:57d'une autre sphère sociale
51:57que la sienne
51:58quand il était
51:59en ligne
52:00sur le jeu
52:00pour lui
52:02c'était clairement
52:02une échappatoire
52:03il était un seigneur
52:05de Westeros
52:05quelqu'un d'important
52:06ce qui n'était pas
52:07dans sa vie réelle
52:09bien évidemment
52:09et ça lui permettait
52:11de s'évader
52:13de son quotidien
52:14qui lui pesait
52:14puisqu'il avait
52:15un quotidien
52:16qui pour lui
52:17n'était pas forcément
52:17très épanouissant
52:18parce qu'il avait
52:19les galères d'argent
52:20il avait toutes les difficultés
52:22que peut avoir
52:23un homme
52:24de son rang social
52:25donc il se confiait
52:26à vous
52:26sur sa vie privée aussi
52:27énormément
52:28en fait très rapidement
52:29au début
52:30on se parlait
52:30via le chat
52:31du jeu
52:31puis on est passé
52:33sur une application
52:33qui s'appelait Discord
52:34je ne connaissais pas
52:35que j'ai connu
52:35via ce jeu
52:36qui est assez
52:37connu
52:38chez les gamers
52:38et puis de fil
52:40en aiguille
52:41sur Facebook
52:42sur Messenger
52:42par téléphone
52:44et nos communications
52:46sont devenues
52:47de plus en plus
52:47fréquentes
52:49j'ai souvent
52:49j'ai un côté
52:50très empathique
52:51une oreille attentive
52:52et donc lui
52:53ça lui convenait
52:54très très bien
52:55parce que c'est quelqu'un
52:55qui m'est beaucoup
52:56se confié
52:56et est-ce qu'il se confiait
52:57sur sa relation
52:58conflictuelle
53:00avec sa femme
53:01au début
53:02j'ai envie de vous dire
53:03sa relation
53:03était tout
53:04sauf conflictuelle
53:04avec sa femme
53:05moi quand je l'ai connue
53:06on était fin 2017
53:07début 2018
53:08Cédric
53:09il aimait énormément
53:10sa femme
53:11si à la rigueur
53:13il y avait des mots
53:14c'était plutôt
53:14elle qui lui criait dessus
53:15il avait toujours
53:17très peur
53:18de la décevoir
53:19à un moment
53:20on avait une joueuse
53:22américaine
53:23qui s'amusait
53:23à draguer
53:24les membres des équipes
53:25et en rigolant
53:27je lui dis
53:27t'aurais dû tenter ton coup
53:28il me dit
53:29oulala malheureux
53:29ne dis pas ça
53:30ma femme est super jalouse
53:31moi je ne veux pas
53:32de problème
53:33non non
53:33surtout pas
53:34donc en fait
53:36non
53:36au début
53:37j'ai connu
53:37un couple
53:38qui s'aimait
53:40un mari
53:41qui était bienveillant
53:43légèrement soumis
53:44à sa femme
53:45qui elle
53:46gérait sa maison
53:48son foyer
53:48bien comme il faut
53:50c'était le genre
53:51de femme
53:52qui avait le sentiment
53:53d'avoir un enfant de plus
53:54à la maison
53:55avec son mari
53:55je veux dire
53:56ce sont des choses
53:57très fréquentes
53:57en fait en soi
53:58donc
53:59ce n'était pas choquant
54:01rien de qui vous ait
54:03interpellé
54:03en tout cas
54:04vous n'avez pas senti
54:05la relation se dégrader
54:06pas du tout
54:08au début
54:08pas du tout
54:09genre la relation
54:10elle a commencé
54:10à se dégrader
54:11post-Covid
54:12en gros
54:12il y a eu l'épisode
54:14du Covid
54:14Delphine prenait
54:16de plus en plus
54:17de garde à l'époque
54:18Cédric
54:19avait peur pour elle
54:20par rapport
54:22au fait
54:22qu'elle était
54:23vachement exposée
54:24au virus
54:24et autres
54:26c'est des choses
54:27qu'il manifestait
54:28petit à petit
54:30c'est là
54:30où il y a
54:31de la distance
54:32qui a commencé
54:32à se mettre
54:33dans le couple
54:35ou du moins
54:35c'est là où moi
54:36je l'ai ressenti
54:37et
54:38on arrive
54:39jusqu'à l'été
54:41un peu avant
54:41sa disparition
54:43où là
54:44Cédric commence
54:45petit à petit
54:46à se rendre compte
54:47qu'il y a réellement
54:47quelque chose
54:48qui ne va pas
54:48dans son couple
54:49alors il y a
54:50plusieurs signes
54:51avant-coureurs
54:52et puis plusieurs éléments
54:53qui pouvaient expliquer ça
54:54le fait qu'il passe
54:55des heures sur le jeu
54:56le fait qu'il dépense
54:57des sommes
54:58assez conséquentes
54:59dans les jeux en ligne
55:00on en a très peu parlé
55:01on a beaucoup parlé
55:02de son addiction au cannabis
55:03et par contre
55:04on a beaucoup occulté
55:05l'argent qu'il mettait
55:06dans les jeux en ligne
55:07donc en fait
55:08il faut payer
55:09pour jouer en ligne ?
55:10en fait si vous voulez
55:11c'est un jeu
55:12type pay to gain
55:14en gros
55:14vous pouvez jouer gratuitement
55:15mais vous n'avancez pas
55:16ou peu
55:17moi par exemple
55:18je ne payais pas
55:18donc j'avançais
55:19très très peu
55:20par contre lui
55:21il n'avait aucun souci
55:22à acheter des packs
55:23en argent réel
55:24à 50 euros
55:25100 euros
55:26pouvoir avancer plus vite
55:28faire des armées
55:29les lever
55:29et ensuite devenir
55:31quelqu'un d'important
55:31dans ce monde virtuel
55:32et donc vous avez senti
55:33que ça se dégradait ?
55:35petit à petit
55:36oui
55:36en fait le climat
55:37de leur couple
55:38allait moins bien
55:39lui-même
55:40le ressentait
55:40il n'était pas idiot
55:42dans le sens de se dire
55:43que tout allait bien
55:44pour lui
55:44mais là où il manquait
55:46de recul
55:47c'est qu'il n'était pas
55:48capable
55:49de faire le travail
55:50d'introspection nécessaire
55:51pour comprendre
55:51que le problème
55:52il venait peut-être
55:52un peu de lui
55:53et de son comportement
55:55lui il était capable
55:56de constater
55:57que ça n'allait pas
55:58mais pas capable
55:59de comprendre
55:59qu'il pouvait être
56:00la source
56:01de ce malaise
56:02et de ce problème
56:03et du coup
56:03le seul vrai responsable
56:05de ce qui est en train
56:05de lui arriver
56:05vous avez continué
56:07à échanger avec lui
56:08même après
56:10qu'il soit devenu
56:12le suspect numéro 1
56:13dans cette affaire ?
56:15à la fois oui et non
56:16pourquoi oui et non ?
56:17parce qu'il n'était pas encore
56:18le suspect numéro 1
56:19quand elle venait de disparaître
56:21et moi mes derniers échanges
56:23avec lui
56:23de tête
56:24je crois qu'il date
56:25de mi-mai
56:26ou fin mai
56:27donc juste un peu avant
56:28le fait qu'il soit incarcéré
56:29nos échanges étaient devenus
56:31beaucoup plus
56:32distants
56:34sur ces derniers mois-là
56:35parce que je l'ai laissé respirer
56:36par rapport à ce qui lui arrivait
56:38je l'avais assuré
56:40de mon soutien
56:41ses derniers mots
56:43à mon égard
56:44étaient
56:45merci vieux frère
56:46ou un truc comme ça
56:47et je lui avais dit
56:50à cette époque-là
56:51attention
56:51à un moment
56:52tu seras mis en cause
56:53parce que c'est la procédure
56:54donc
56:55sache-le
56:56il faudra être capable
56:58de faire face
56:58ce que je n'imaginais pas
57:00c'est qu'il ferait
57:004 ans et demi
57:01de détention provisoire après
57:02vous le croyez capable
57:04vous
57:05de
57:05de
57:06de
57:06de tuer sa femme ?
57:08très sincèrement
57:09non
57:09moi j'ai l'intime conviction
57:11que ce n'est pas lui
57:12pourquoi ?
57:14parce que
57:14comme je vous expliquais
57:15dans son foyer
57:16c'était elle qui tenait tout
57:17c'est elle qui gérait tout
57:18elle était vraiment sa boussole
57:19si il avait
57:20sur une pulsion
57:21éliminé sa femme
57:22je pense qu'il se serait
57:24suicidé derrière
57:24parce que Cédric
57:25sans Delphine
57:26il n'était plus rien
57:27en fait
57:28tout simplement
57:28et il ne pouvait pas
57:30imaginer
57:31que
57:32avec la disparition
57:33de sa femme
57:34l'affaire aurait
57:35un tel retentissement
57:36médiatique
57:36qu'il aurait une telle
57:37notoriété
57:38et que par la suite
57:39il aurait pu
57:40en trouver
57:41plein d'autres
57:42ça
57:42il n'avait aucun moyen
57:44ni de l'anticiper
57:45ni de le penser
57:46et donc
57:47vous allez témoigner
57:48lors de ce procès
57:50dans les prochains jours
57:51vous êtes donc
57:53un
57:53on peut dire
57:55un copain
57:55de
57:56Cédric
57:57Jubilard
57:58merci d'être venu
57:59sur le plateau
57:59merci beaucoup
58:00à vous tous
58:01le procès
58:02qui continue
58:03donc pendant
58:03les quatre prochaines
58:04semaines
58:05cédric
58:06cédric
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