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  • il y a 2 jours
Aujourd'hui, c'est au tour de Pierre de Villiers, ancien chef d'état-major des armées, de faire face aux GG. - L’émission de libre expression sans filtre et sans masque social… Dans les Grandes Gueules, les esprits s’ouvrent et les points de vue s’élargissent. 3h de talk, de débats de fond engagés où la liberté d’expression est reine et où l’on en ressort grandi.

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00:00R.M.C. Face aux grandes gueules
00:30– Général, est-ce que la guerre est proche, la guerre face aux Russes ?
00:34– Alors la guerre, globalement, la guerre face aux Russes,
00:37j'espère que la paix est proche et que le processus actuellement en cours
00:42va déboucher le plus vite peut-être, il faut arrêter cette boucherie,
00:46parfois des jours avec mille morts, on ne peut pas continuer.
00:51La guerre, en tout cas l'instabilité du monde, est là, dès aujourd'hui.
00:56– Oui, retour des États-puissances, islam radical, terrorisme,
01:02on l'a vu en Australie, abandon des Américains de l'Europe,
01:08ou en tout cas éloignement, et puis incapacité de nos organisations internationales,
01:14les stabilisateurs automatiques, à réguler l'ordre international.
01:18Les signaux ne sont pas bons et c'est pour ça que j'ai repris ma plume.
01:22– Parce que vous dites qu'il faut réarmer l'État,
01:26réarmer l'armée, mais aussi réarmer nos âmes, ça veut dire quoi ça ?
01:31– Si vous voulez, dans une guerre, la cohésion, c'est capital, les forces morales.
01:40Les 25 000 jeunes qui rentrent tous les ans dans l'armée,
01:45vous savez, on leur donne cette capacité à être dans la fraternité,
01:51dans la cohésion, on leur apprend l'amour du drapeau, l'amour du pays,
01:56comment peut-on se battre pour quelque chose si on ne le connaît pas ?
02:00Et ce sont ça, les forces morales.
02:03Et c'est ce que j'explique dans le dernier chapitre de mon livre.
02:06Aujourd'hui, la France est très fracturée.
02:09Moi, l'armée m'a appris l'unité, on prend tous les soldats dans leur diversité,
02:13et on les amène parfois jusqu'au sacrifice suprême.
02:18L'unité nationale, c'est ça qui est capital.
02:21– Est-ce que le chef d'état-major, généralement donc, a eu raison d'alerter,
02:25comme il l'a fait, avec des mots durs, sur « il faut qu'on ait en tête que nos enfants,
02:30peut-être un jour, mourront », est-ce qu'il a eu raison de le faire en ces termes ?
02:33– Alors, j'ai vu la polémique qui a suivi ces expressions.
02:38Moi, j'ai une habitude, c'est de ne jamais commenter les décisions de mes successeurs,
02:45ou les paroles.
02:46– Ce n'est pas une décision, c'est…
02:49– Sur le fond, évidemment qu'il faut retrouver l'unité nationale.
02:54Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
02:55– Et comment on la retrouve ?
02:56– On est dans un monde, dans un pays d'une violence.
03:00Regardez ce qui s'est passé à Dijon, avec un collège qui brûle encore ces derniers jours.
03:05– À cause des narcotrafics.
03:06– On ne peut plus continuer comme ça.
03:09Et cette unité nationale, on la retrouve par l'amour de la France,
03:14apprendre à connaître son pays, à l'aimer, à en être fier.
03:19– Et comment on fait concrètement ?
03:21– À aimer son drapeau.
03:21– Les Français vont tous à l'école de la République,
03:25pour qu'elle soit publique et privée, mais enfin les programmes sont les mêmes.
03:28Donc a priori, c'est là où on apprend à connaître la France, à l'aimer ?
03:33– Alors, ça commence dans les familles françaises,
03:37ensuite dans l'éducation, effectivement, l'éducation nationale.
03:41Je pense qu'il y a déjà beaucoup de choses qui se font
03:43dans des protocoles entre le ministère d'Éducation et le ministère des Armées,
03:48mais il faut intensifier tout ça.
03:50Aujourd'hui, dans certains coins de France, on n'apprend pas à aimer la France.
03:57Et moi, je vais visiter toute la France,
04:02parce que j'ai été habitué à commander tous les soldats, marins, aviateurs,
04:06quelles que soient leurs origines, géographiques, sociales.
04:09Et je m'aperçois que cet amour de la France, on ne le cultive pas suffisamment.
04:15Alors, nous avons un pays incroyable, un pays avec des paysages qui nous sont enviés,
04:21une gastronomie exceptionnelle.
04:23Le génie français, ça existe, on a des entreprises qui arrivent à être compétitives
04:27avec 50% de charges obligatoires, record mondial.
04:30Alors, le génie français, il faut le rappeler, il faut en être fier.
04:34On voit bien qu'à certains moments, la France retrouve cette unité.
04:38Par exemple, quand la France gagne la Coupe du monde de football,
04:40quand on reconstruit Notre-Dame, quand on fait les Jeux olympiques.
04:44Eh bien, c'est cet état d'esprit-là que j'appelle de mes voeux dans mon livre.
04:48Pourquoi, justement, le patriotisme, ça semble ringard ?
04:52Ça semblait ringard, à une certaine époque, post-68-art.
04:58Et c'est vrai que la paix était tellement ancrée dans les esprits,
05:01après la chute du mur de Berlin en 89, que tout ça paraissait un peu désuet.
05:08Alors, dans les armées, on a continué à cultiver ce patriotisme,
05:11parce que nous avons été dans des opérations, souvent à l'extérieur, évidemment.
05:16Évidemment, mais ce patriotisme revient.
05:19Moi, j'ai le sentiment qu'il y a besoin de proximité aujourd'hui.
05:22Les Français disent, mais qu'est-ce que c'est que ce merdier ?
05:25Qui décide dans tout ça ?
05:27Et ils ont envie, on l'a vu avec le Covid notamment, de revenir à cette proximité.
05:32Il y a un retour du patriotisme en France.
05:34D'ailleurs, regardez l'armée française, quand vous regardez les sondages,
05:39il y a une popularité incroyable.
05:41Et l'armée, c'est l'incarnation de la nation.
05:45Oui, mais la proximité, quand on explique aux Français que c'est la Commission européenne
05:50qui décide, par exemple, qu'on va appliquer le Mercosur.
05:53Je prends cet exemple parce qu'il est d'actualité,
05:55et que malgré les réticences de la France, la Commission européenne, ce matin,
05:58vient de dire qu'elle espérait que le Mercosur soit signé et appliqué d'ici la fin de l'année.
06:05Donc, finalement, la France, politiquement, dit, ben non, nous, on n'en veut pas.
06:09Mais la Commission européenne dit, ben nous, on va le faire quand même.
06:11Et on n'aura pas le choix puisqu'on n'a pas la force de bloquer.
06:15Oui, alors, j'ai un chapitre concernant la coopération européenne.
06:19Je crois qu'on se trompe et que les peuples sont en train de se séparer de cette Union européenne.
06:25Bien sûr, il faut construire l'Europe, notamment dans les grands sujets,
06:30et pour protéger l'Europe vers l'extérieur, mais à l'intérieur de l'Europe.
06:34Il faut arrêter d'étouffer, de croire qu'on va fusionner ces pays.
06:38Ce n'est pas possible.
06:39J'explique que l'armée européenne est un mythe qui est en train de détruire cette belle idée de la coopération européenne.
06:45Vous n'y croyez pas, vous, à l'armée européenne ?
06:47Je crois à la coopération européenne en matière de défense, dans des grands projets inter-étatiques.
06:53Pourquoi ne va-t-on pas plus vite pour construire un char en commun, un avion en commun ?
06:58Il y a des tas de projets à faire.
07:00Mais inter-étatique, la défense, c'est des frontières, un territoire, la terre des pères, une nation, une communauté d'hommes et de femmes qui vivent sur une terre.
07:08C'est le chef de la nation qui décide pour son pays, ce n'est pas une autorité...
07:12Moi, j'ai fait beaucoup d'interventions en multinationale.
07:17J'avais 15 pays en Afghanistan, la même chose au Kosovo, et ensuite comme chef d'état-major.
07:22Pratiquement toutes nos interventions étaient multinationales.
07:26Ce qui fonctionne, c'est quand on respecte la capitale, le drapeau du pays concerné.
07:32Si vous voulez passer autre, ça ne fonctionne pas.
07:34On ne peut pas fusionner au combat des soldats dans une même unité.
07:39Ça ne marche pas.
07:40Flora Guibali.
07:41Vous parlez de cohésion nationale comme condition sine qua non pour redevenir fort.
07:47Et je suis totalement d'accord avec vous.
07:49Je pense qu'aujourd'hui, on a l'air faible auprès de nos ennemis parce qu'on est divisé.
07:53D'ailleurs, il y a des rapports qui montrent que le Kremlin joue avec nous sur les réseaux sociaux
07:57parce qu'ils voient que la nation française est une nation particulièrement déstabilisable démocratiquement
08:02et donc ça les amuse de nous déstabiliser.
08:05Donc moi, je suis d'accord que le point de départ, c'est de retrouver la cohésion nationale.
08:10Est-ce que, ceci dit, vous êtes édité chez Fayard, qui est la maison d'édition du groupe Bolloré,
08:15qui a aussi CNews, tout un tas de médias qui, pour moi, participent énormément au clivage,
08:21aux fake news, aux divisions ?
08:24Est-ce que vous ne pensez pas que le premier sujet,
08:26alors ça peut vous paraître à côté et pas très militaire comme question,
08:30il n'empêche que pour moi, c'est au cœur du sujet.
08:32Est-ce que vous êtes d'accord qu'au cœur du sujet, on doit retrouver une cohésion dans le débat national
08:36et qu'il y a des groupes qui participent plus ou moins à ça ?
08:41Oui, nous sommes des Gaulois.
08:44Avec les avantages des Gaulois, ce sont des bons guerriers et les inconvénients.
08:51Nous sommes capables de nous diviser et aujourd'hui, vous avez raison sur votre constat.
08:57Ce qui me fait peur, et c'est pour ça vraiment que j'ai voulu écrire ce livre,
09:00c'est que, en fait, les forts sont attirés par les faibles.
09:04Et nous, les Européens, nous sommes les faibles aujourd'hui dans ce monde en mouvement qui se reconstitue
09:10avec d'un côté tout un groupe d'États puissants, pour ne pas dire autocratiques,
09:18dans lequel vous retrouvez la Chine, la Russie, la Turquie, l'Iran, etc.
09:24On a vu ce sommet début septembre, ce nouveau monde bipolaire qui se reconstitue
09:28avec comme seul objectif commun.
09:30Ils sont très différents, mais ils ont un point commun qui les unit, un seul.
09:33La haine de l'Occident et du grand Satan américain.
09:37Et nous, en face, nous sommes faibles, nous avons désarmé pendant des décennies,
09:42nous n'avons jamais cru que la guerre allait revenir.
09:44Et nous sommes dans cette situation aujourd'hui.
09:47Et c'est dans la nature, on le sait, le fort est attiré par le faible,
09:52le fort attaque le faible.
09:54Et donc, il est grand temps de retrouver cette force.
09:57Et cette force, elle se matérialise par une armée, une diplomatie, une économie, évidemment.
10:03C'est global, mais elle se matérialise aussi par cette capacité à être ensemble,
10:09cette fraternité que j'appelle de mes voeux.
10:12Et tout ce qui divise, moi, ça ne m'intéresse pas.
10:15Alors, vous parlez de Fayard, moi, je suis chez Fayard, c'est mon cinquième livre.
10:18Depuis huit ans et demi, je suis rentré chez Fayard avec Sophie de Closet,
10:22qui était présidente.
10:22Depuis, ça a changé deux fois, donc je n'avais aucune raison de changer.
10:26Mais, moi, je suis un homme d'unité.
10:30Je pense que les Français attendent la fin de ces querelles.
10:34Et ils en ont marre qu'on dépense beaucoup d'énergie dans ce genre de choses inutiles.
10:40Mais, Général, dans votre livre, vous citez trois lignes maginaux.
10:44Rappelons ce que c'était la ligne maginaux.
10:47Durant la Deuxième Guerre mondiale, c'était souhaitisant cette forteresse,
10:51cette ligne d'infrastructure qui était censée nous protéger de l'envahisseur allemand.
10:56Imaginé par un ingénieur, malheureusement, son nom est devenu péjoratif.
11:01Les Allemands sont passés.
11:02Vous dites, il y a trois lignes maginaux.
11:03La dissuasion nucléaire, qui est donc censée nous protéger,
11:06mais à vous écouter, finalement, c'est qu'on se leurre quand même un peu.
11:10Vous dites, l'Europe.
11:12Et la troisième ligne maginaux, c'est qu'on ne peut pas croire à une invasion rapide.
11:16Pourquoi ces trois lignes maginaux, Général ?
11:18Parce qu'en fait, j'ai eu, finalement, dans ma carrière,
11:23l'opportunité de rencontrer les quatre derniers présidents en Conseil de défense.
11:27Et, évidemment, une question centrale en Conseil de défense,
11:30c'est qui va nous attaquer, mon Général ?
11:32Et à chaque fois, il y avait ces trois arguments qui ressortaient,
11:36que je considérais des lignes maginaux.
11:38La dissuasion nucléaire n'a pas empêché les Russes d'attaquer les Ukrainiens.
11:42Que je sache.
11:43Et la dissuasion nucléaire, elle a fait tomber le mur de Berlin,
11:48mais pour une raison majeure,
11:49c'est qu'elle s'accompagnait de forces conventionnelles crédibles
11:52du même niveau de suffisance.
11:55Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
11:56Nous avons une dissuasion nucléaire intacte,
11:58et c'est l'honneur de la France,
11:59que, quelles que soient les majorités politiques,
12:01d'avoir continué à avoir cette dissuasion crédible.
12:05Le terme crédible est très important.
12:07La crédibilité.
12:08Mais nous n'avons plus cette crédibilité pour les forces conventionnelles.
12:11Ensuite, la capacité à...
12:15En international.
12:15Mon général, nous ne serons pas tout seuls.
12:18Il y a une guerre, nous ne serons pas tout seuls.
12:20Certes, demandez aux Ukrainiens ce qui se passe.
12:23Un pays est d'abord là pour protéger sa terre,
12:27ses frontières.
12:28Et c'est de sa responsabilité.
12:30Bien sûr que nous ne serons pas tout seuls.
12:32Bien sûr que je suis bien placé comme ancien chef d'état-major
12:34pour vous dire que, évidemment,
12:36les opérations sont généralement à plusieurs.
12:39Et là, on le voit bien avec l'Ukraine.
12:41Mais, quand vous êtes faible,
12:42vous risquez d'attirer le fort.
12:45Et quand le fort arrive, vous êtes seul.
12:47Troisième ligne Maginot.
12:49Mon général, nous aurons le temps.
12:51Ne me dites pas qu'on va être attaqué du jour au lendemain.
12:53Mais on voit bien.
12:55Ça fait huit ans que j'ai démissionné.
12:56pour cette raison majeure.
12:58Parce que je voyais le décalage
13:00entre la gouvernance de la France en paix
13:04et la montée des tensions.
13:07Et on a bien vu.
13:10Personne ne croyait qu'il allait passer la frontière avec ses troupes.
13:13Il avait 100 000 soldats massés.
13:15On disait, et lui-même, la veille, il disait
13:17c'est un exercice d'entraînement, le président Poutine.
13:20– On voulait le croire.
13:20– Et on voulait le croire.
13:22Et donc, on me répond, le pire n'est jamais certain.
13:25Mais bien sûr.
13:26– Est-ce que le président Macron, depuis votre démission, a changé quand même ?
13:30Est-ce qu'il a compris ?
13:32– Alors, je pense que ma démission a créé un électrochoc
13:34qui a fait que nous avons fait un effort budgétaire de réarmement.
13:39Mais cet effort est insuffisant par rapport à la dégradation du contexte.
13:43– On devrait atteindre quand même 100 milliards d'euros à l'horizon 2035.
13:47C'est ce que veut Sébastien Lecordieu, ex-ministre des armées.
13:50– Oui, c'est ce que je veux.
13:51– Oui, moi aussi, je suis dans le même chiffre.
13:53– Oui, mais vous n'y croyez pas.
13:54– Le problème, depuis huit ans, si vous voulez, c'est qu'il y a plein de discours,
14:00il y a plein de paroles.
14:01Le lundi, c'est blanc.
14:02Le samedi, c'est noir.
14:04Et il n'y a pas de cap, il n'y a pas de vision, la stratégie.
14:08C'est ça que j'appelle, donnez-vous.
14:09– Oui, mais alors, il y a un petit passage dans votre livre.
14:12Vous dites, le passage à la fameuse économie de guerre doit se matérialiser.
14:17L'État profond, vous dites, l'État profond doit être maîtrisé
14:21pour éviter tout malentendu, réticence et retard.
14:25L'État profond, ce sont les complotistes qui parlent de l'État profond.
14:29Pour vous, c'est quoi l'État profond, Général Levin,
14:31qu'il faut maîtriser, qu'il faut mettre au pas ?
14:34– C'est le président de l'Arc public qui a utilisé cette expression.
14:36Devant les diplomates, à la rentrée de septembre, il y a quelques années.
14:43Non, c'est-à-dire que c'est un peu ce que vous disiez, madame, tout à l'heure.
14:48C'est-à-dire qu'il y a des...
14:50Chacun est dans son tuyau, dans son nid d'abeilles,
14:53et protège bien son truc.
14:56– C'est l'administration, l'État profond ?
14:58– Je prends un exemple.
15:00Un programme d'armement, il y a trois interlocuteurs,
15:03ce qu'on appelle le trilogue entre la délégation générale pour l'armement
15:07avec les ingénieurs qui font le lien entre l'État-major
15:12qui exprime ses besoins opérationnels, tactiques sur le terrain,
15:16et puis l'industriel qui fabrique.
15:18En France, on a une plateforme industrielle exceptionnelle,
15:21la plus grande en Europe.
15:22On a des PME sous cette plateforme qui sont magnifiques.
15:25On a un outil extraordinaire.
15:27Simplement, ils n'ont pas les commandes.
15:29Parce que nos procédures sont tellement longues,
15:32tellement bureaucratiques, tellement administratives, juridiques,
15:37et on prend toutes les mesures nécessaires pour que ça traîne,
15:40ça n'avance pas.
15:41Ça n'avance pas.
15:43En 2017, nous avions 200 chars, 200 avions de combat,
15:4715 frégates de premier rang.
15:49Aujourd'hui, c'est le même chiffre.
15:51– Ah oui ?
15:51– C'est le même chiffre.
15:52– Malgré les discours, parce qu'on nous dit qu'on est en fait rééquipés,
15:55de se réarmer.
15:55– Mais qu'est-ce qui empêche que ça avance ?
15:56– On a bouché les trous.
15:58On est allé tellement loin pendant des décennies
16:00dans la diminution de notre effort de défense
16:04et dans la suppression des régiments, des bases aériennes, des bateaux.
16:09On a bouché les trous.
16:10On n'a pas redressé complètement l'effort de défense.
16:13Il faut 5 milliards par an pendant 10 ans.
16:16C'est très long.
16:17Nous sommes dans une société de l'événementiel et du présent.
16:21– Sauf que donc, on est dans une France endettée
16:22qui se bat avec ses déficits aussi.
16:26– Ah oui, alors c'est ça qui m'a...
16:27Vraiment, le déclencheur, c'était ça.
16:29C'est-à-dire que je me suis dit qu'avec l'effort qu'il fallait produire,
16:33on est à 50 milliards aujourd'hui,
16:34il faut passer à 100 milliards dans 10 ans.
16:37Avec un État endetté,
16:39quand vous prenez l'histoire de France,
16:421870, 1914, 1939,
16:45trois cas très différents, on est d'accord.
16:47L'histoire ne repasse pas les plats, ok, d'accord.
16:51Sauf qu'il y a un point commun dans les trois situations.
16:54Crise économique, crise politique, crise sociale,
16:57endettement massif, incapacité de réarmée, défaite.
17:01Et c'est ce mécanisme qui me fait peur,
17:04parce que comment va-t-on dégager
17:06les marges de manœuvre financières nécessaires
17:09si on ne réforme pas l'État en profondeur,
17:11si on ne fait pas les économies nécessaires ?
17:13Et donc, c'est ça qui m'inquiète.
17:16Et on le voit bien dans la situation présente.
17:20Le président de la République a arbitré
17:22pour passer de 50 milliards à 64 milliards dans deux ans.
17:2614 milliards en deux ans !
17:28Alors là, dans le climat actuel budgétaire,
17:32on voit bien que les 6,7 milliards pour l'année prochaine déjà,
17:34ils sont bloqués.
17:35On ne sait même pas si on va vraiment avoir un budget.
17:37Donc, moi, ce que je demande,
17:39c'est qu'on considère ce dossier comme prioritaire,
17:43on passe la surmultiplier,
17:45on l'a fait pour notre programme de Paris,
17:47on l'a fait pour les Jeux Olympiques,
17:49on est capable de le faire.
17:50Vous savez, l'union sacrée de Clémenceau,
17:53c'est l'histoire de France,
17:54c'est notre culture, c'est notre génie français.
17:57Alors, faisons-le avant qu'il ne soit trop tard.
17:59Général Pierre Neuville, vous restez avec nous.
18:01Question d'Yves Candebord et de Charles Consigny dans un instant.
18:03Les Gégés, les Grandes Gueules sur RMC, RMC Story,
18:19avec aujourd'hui Flora Guébaly, Yves Candebord,
18:21Charles Consigny et surtout notre invité,
18:22l'ancien chef d'état-major des armées,
18:24le général Pierre De Villiers,
18:25qui revient avec ce livre aux éditions Fayard
18:27pour le succès des armes de la France.
18:29Yves Candebord.
18:30– Moi j'ai deux questions.
18:32Vous parlez beaucoup de l'amour du drapeau.
18:35Et concrètement, comment on peut redonner
18:38cette fibre patriotique à toute notre jeunesse ?
18:41Et après, votre avis sur le service militaire ?
18:45– Alors, la jeunesse, moi je pense bien la connaître,
18:49parce que vous savez, 50% des militaires ont moins de 30 ans.
18:53Parce que pour faire la guerre, il faut être jeune.
18:55Il faut être en forme.
18:56Et donc, j'ai vécu avec la jeunesse.
19:00Et quand j'ai quitté l'armée, figurez-vous, en 2017,
19:04je me suis aperçu que je ne pourrais pas vivre sans la jeunesse,
19:07ce qui explique que j'ai deux axes dans mes activités.
19:11Les jeunesses, parce qu'il y a plusieurs types de jeunesse en France,
19:14et les entreprises, parce que là aussi,
19:17il y a différents types d'entreprises.
19:19Et cette jeunesse d'aujourd'hui,
19:22les jeunes de 20 ans, ils ont soif.
19:24Ils ont soif de quelque chose d'autre que ce qu'on leur donne.
19:28On leur donne des normes.
19:29On leur donne du numérique.
19:31On leur donne du matériel.
19:34On leur donne des temps de travail.
19:37Ils veulent quelque chose de plus grand.
19:39Ils veulent du sens.
19:40C'est le grand mot dans les entreprises.
19:42Les jeunes veulent du sens.
19:44Ils veulent quelque chose qui les dépasse.
19:46Et si on leur explique qu'au-dessus d'eux, il y a la France,
19:51que ce drapeau français, finalement, c'est la nuée de tous ceux qui sont morts pour eux,
19:56pour leur liberté d'aujourd'hui.
19:58Si on leur parle aux tripes, au cœur, aux sentiments,
20:02avant de leur parler à l'intelligence,
20:05et aux messages, et aux SMS, et aux réseaux sociaux,
20:08je pense qu'on peut les élever vers cet amour du pays,
20:12cet amour de la France.
20:14Je le vis.
20:15Je vais partout en France.
20:17Dans les cités.
20:18Dans les zones rurales.
20:20Dans les grandes villes.
20:21Partout.
20:22Et quand vous leur tenez, ce discours fait d'exigence et de bienveillance.
20:27D'humanité et de fermeté.
20:29Il faut les deux.
20:30Aujourd'hui, il n'y a ni humanité, ni fermeté.
20:32On est dans une société laxiste,
20:35et on est une société qui est devenue déshumanisée.
20:38Eh bien, on peut les emmener au bout du monde.
20:41J'ai de multiples témoignages, expériences,
20:45et ceci pour toutes les jeunesses,
20:48à la fois géographiquement, mais aussi socialement.
20:51Et j'ai fait toutes les grandes écoles.
20:54Je fais aussi des collèges, des lycées, un peu partout en France,
20:57parce que c'est ma passion.
20:59Alors, sur le service militaire, précisément,
21:01les deux questions sont liées.
21:03C'est un outil possible pour réapprendre à notre jeunesse
21:06à aimer la France.
21:09Incontestablement, on voit bien avec les 25 000 jeunes qui rentrent,
21:11vous savez, il y en a qui voient de la lumière,
21:14ils frappent, ils rentrent, leurs parents leur ont dit
21:16« bah va à l'armée, ils vont t'apprendre la discipline ».
21:19Bon, c'est pas facile au début,
21:21quand il faut se lever tôt, obéir.
21:24Je me souviens d'une jeune fille qui me dit,
21:29je lui dis « ça va ? »
21:30Elle était là depuis un mois,
21:31et elle me dit « non, ça va pas ».
21:33Alors, j'ai dit « pourquoi ? »
21:34« Ah bah ici, on peut rien faire.
21:38On est obligé, du matin au soir, d'obéir.
21:40Mais moi, j'ai envie de faire ce que j'ai envie de faire. »
21:43Elle lui dit « bon, écoutez, il va falloir choisir,
21:46parce que c'est pas nous qui allons changer. »
21:48Et puis finalement, quelques semaines après,
21:49je l'avais revue,
21:51elle m'avait dit « bah ça va mieux, j'ai compris ».
21:53Et son encadrement lui avait expliqué le pourquoi du comment.
21:57Et donc, je crois qu'il est possible d'emmener cette jeunesse
22:01à la condition non pas de la tirer vers le bas,
22:04mais de l'élever, l'éduquer.
22:06L'éducation, c'est élevé vers.
22:08Et l'autorité, c'est auguerré, élevé vers.
22:13Donc, je crois que c'est ce phénomène-là qu'il faut mettre en place.
22:18C'est une bonne mesure d'avoir projeté ce service militaire.
22:23Alors, c'est une montée assez lente,
22:253 000 l'année prochaine.
22:2710 mois sur la base du volontariat.
22:2950 000 en 2035.
22:30Donc, ce sont des volontaires à partir de 18 ans.
22:34Et surtout, c'est une bonne décision d'avoir mis fin
22:36à ce service national universel,
22:39qui était une fausse bonne idée.
22:41La bonne idée, c'était la cohésion nationale.
22:43La mauvaise idée, faire ça avec des jeunes mineurs
22:45et pendant quelques jours, c'est les colonies de vacances.
22:49Mais ce n'est pas sérieux pour apprendre à élever la France.
22:50– Et la conscription ne peut pas revenir, ça, on est d'accord.
22:53– Alors, aujourd'hui, une classe d'âge, c'est 800 000.
22:55Bientôt, ça sera 700 000 garçons-filles.
22:58Ce serait une réforme très, très lourde.
23:02Tout est possible.
23:03Mais il y a trois difficultés.
23:05Un, l'infrastructure.
23:06Nous n'avons plus d'infrastructure.
23:07Et ça ne se reconstruit pas en 6 mois.
23:11Deux, ça coûtera très cher.
23:13La priorité, c'est quand même le réarmement.
23:16Trois, l'encadrement.
23:18Quel encadrement ?
23:20Et sur l'encadrement, moi, j'ai une mesure que je propose dans mon livre
23:23et que ça fait 20 ans que je propose aux politiques qui me disent tous,
23:26à chaque fois, les ministres successifs, c'est génial,
23:29on va le faire, ils ne l'ont jamais fait.
23:30C'est le retour d'un service militaire obligatoire,
23:33comme ça se passe pour Polytechnique.
23:35Pour les grandes écoles.
23:37Il faut déterminer quel est le périmètre,
23:39quelles grandes écoles, pendant 10 mois.
23:41Et ils auraient une formation initiale de 4 mois,
23:44comme on faisait avec les élèves officiers de réserve.
23:47Et puis ensuite, ils redonneraient à la France 6 mois
23:49pour former ces jeunes militaires que l'on va incorporer.
23:53Ça serait une très bonne mesure.
23:54Ils apprendraient à commander.
23:56Ils apprendraient ce que c'est que la diversité de la jeunesse française.
24:01Et en même temps, moi qui étais professeur 5 ans à Sciences Po Paris,
24:05je pense que le moment est venu
24:07où cette mesure ne serait pas parfaitement acceptée.
24:10Charles Consigny.
24:11Je trouve que c'est intéressant
24:13et que ça fait du bien de vous entendre,
24:16parce que vous dites les choses avec beaucoup de simplicité
24:19et en même temps, on comprend bien le message.
24:23Vous le faites efficacement.
24:25Moi, ce que je trouve intéressant, d'une part,
24:28c'est qu'il y a un génie français
24:30qui s'exprime dans son armée, dans sa capacité militaire.
24:35J'ai appris par exemple que la France était le seul pays
24:38dans le monde avec les États-Unis
24:40à disposer d'un porte-avions digne de ce nom,
24:43c'est-à-dire un vrai porte-avions opérationnel.
24:49On a dans ce domaine-là une vraie carte à jouer, je trouve,
24:54dans notre influence et notre puissance dans le monde.
24:57Et je pense plutôt, moi, que les jeunes sont patriotes.
25:00En réalité, quand on regarde les réseaux sociaux,
25:02les jeunes artistes, etc., je les trouve plutôt patriotes.
25:06C'est plus les générations du dessus
25:07qui sont enquistées, enquilosées
25:11dans ne serait-ce qu'un mauvais fléchage des dépenses.
25:15Vous racontez dans votre livre, par exemple,
25:17qu'on n'a que 200 chars Leclerc,
25:19là où les Polonais viennent d'en commander 800.
25:22On n'a toujours pas commandé un deuxième porte-avions
25:27dont pourtant on aurait besoin.
25:28Le président Macron a un rapport compliqué à l'armée,
25:31ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre.
25:34Il était à la limite de passer par perte et profit
25:38de notre dissuasion nucléaire.
25:39Quand il était membre de la commission Attali
25:42et qu'il cherchait des économies de dépenses publiques,
25:45il avait dit, ça coûte, je ne sais plus combien,
25:464 milliards par an.
25:48Ça ne sert à rien puisqu'il y a les Américains.
25:50On s'en fout, on n'a qu'à laisser tomber.
25:52Donc moi, je trouve que ça fait du bien
25:55et je pense qu'en fait, tout ce que traduit aussi votre message,
25:59c'est que la France a maintenant besoin d'une alternance politique,
26:02que le pays est assez fatigué,
26:05qu'il a du mal à se projeter
26:07et qu'au fond, pour retrouver un peu de goût du drapeau
26:10et se reprojeter dans l'avenir,
26:13il faut aussi que ça passe en fait par la politique.
26:15Et ce qui m'inquiète, c'est que l'alternance
26:18qui a le vent en poupe en ce moment,
26:19c'est le Rassemblement National,
26:21qui est un parti pro-russe,
26:23très défaitiste sur le plan militaire.
26:26Et donc, voilà, vous, qu'est-ce que vous entreverriez
26:29comme alternance digne de ce nom
26:32avec de nouveau des responsables politiques
26:34qui ne font pas des discours vides,
26:36mais qui nous amènent quelque part ?
26:37Quelle alternance politique ?
26:39D'abord, je voudrais rebondir sur votre début de question.
26:44Oui, nous avons des armées.
26:45françaises, exceptionnelles,
26:47que l'on a réussi à conserver
26:49dans la globalité de la capacité opérationnelle.
26:54On a des niches, c'est petit,
26:58certains disent que c'est l'armée bonsaï,
27:00mais c'est formidable.
27:02Quand j'étais chef d'état-major,
27:03j'étais reçu comme l'américain.
27:07On était deux pays à être reçus comme ça
27:10dans tous les voyages à l'étranger
27:12et dans les sommets internationaux.
27:14On a une armée incroyable avec des jeunes
27:16exceptionnels d'une disponibilité
27:19et d'un état d'esprit,
27:22d'une fraternité extraordinaire.
27:24Il viendra me chercher sous le feu si nécessaire
27:26et je ferai de même.
27:27C'est ça l'armée d'aujourd'hui.
27:29Elle est magnifique.
27:30Sauf que le contexte a changé,
27:32qu'on faisait des opérations de guerre
27:33et que maintenant, il faut préparer la guerre.
27:36La guerre, c'est dur, c'est long,
27:39ça nécessite de l'épaisseur,
27:41c'est-à-dire des munitions,
27:43de la logistique, des effectifs.
27:45On le voit bien avec l'Ukraine.
27:47Alors après, sur la capacité politique
27:51à comprendre ce message,
27:54c'est pour ça que j'ai écrit ce livre.
27:56Ce livre, il est destiné
27:57à nos gouvernants,
27:59mais surtout à nos futurs gouvernants.
28:01Parce que je voudrais
28:02que les élections à venir
28:04mettent en première ligne
28:06ce sujet de la défense.
28:08Pourquoi pas le porter vous-même ?
28:11Je le porte, aujourd'hui.
28:13Oui, mais dans une campagne présidentielle.
28:16En ce moment,
28:16ce qui se passe à l'Assemblée nationale,
28:17c'est un peu la 4ème République.
28:18On en parle ici.
28:20Et pour sauver à l'époque
28:22la République française,
28:23créer une nouvelle constitution,
28:25une nouvelle République,
28:26on a eu besoin d'un général.
28:27C'est le général de Gaulle.
28:28Est-ce que finalement,
28:29on n'a pas besoin de nouveau
28:30d'un général un peu au-dessus de la mêlée
28:32qui incarne à la fois,
28:34comme le dit Charles,
28:37à la fois le calme,
28:38le sérieux,
28:39mais aussi l'autorité nécessaire ?
28:41Pourquoi n'y...
28:41Allez, il faut vous mouiller mon général.
28:43Allez-y.
28:44La France a besoin de vous.
28:45Dès que je sors de mon appartement,
28:46dans la rue,
28:47j'ai cette question.
28:48Donc je ne suis pas surpris.
28:49C'est une bonne question.
28:52Non, mon objectif,
28:54aujourd'hui,
28:55il est là.
28:56Le succès des armes de la France,
28:58car je considère
28:59que la situation internationale
29:01est extrêmement dangereuse,
29:04instable.
29:04Pas question de se lancer en politique.
29:05Mais je n'ai pas du tout
29:06l'intention d'aller plus loin
29:08et de faire de la politique.
29:10Ce n'est pas mon intention.
29:11Question rapide et concrète.
29:13Vous dites qu'une des principales menaces,
29:15c'est la menace
29:16du terrorisme islamiste.
29:18Comment on fait
29:19pour endiguer
29:20le terrorisme islamiste ?
29:21Alors,
29:23seule la force
29:24fait reculer la violence.
29:25Ça, c'est un vieux principe
29:27que l'armée m'a appris
29:28et surtout,
29:29ce que j'ai vécu
29:30dans mes interventions,
29:33je l'ai dans mes fibres,
29:35cette phrase.
29:35Seule la force
29:36fait reculer la violence.
29:37Et donc,
29:38il faut être fort.
29:39Dès que nous montrons
29:40des signes de faiblesse
29:42en termes de sécurité,
29:44de défense,
29:46de justice,
29:47dans ce qu'on appelle
29:47le régalien,
29:48même dans l'éducation,
29:51eh bien,
29:52il se glisse
29:53dans les interstices.
29:54On le voit
29:55avec le cartel de la drogue,
29:57on le voit
29:57avec la délinquance
29:58et on le voit
29:59avec le terrorisme
30:00islamiste radical.
30:01Il faut être
30:02intransigeant.
30:04Aujourd'hui,
30:05quand vous voyez
30:05que dans les prisons françaises,
30:07les réseaux
30:08continuent à vivre
30:09en termes de terrorisme islamiste,
30:11c'est inacceptable.
30:12Il faut être
30:13beaucoup plus
30:14ferme
30:16vis-à-vis d'eux.
30:17il ne respecte
30:19que la force.
30:20D'ailleurs,
30:20c'est le même
30:21constat
30:23pour les États-puissants.
30:24Et c'est pour ça
30:24que je demande
30:26vraiment instantanément
30:27qu'on passe
30:28à surmultiplier.
30:30Si vous voulez,
30:31on a financé
30:32notre modèle social,
30:35qui est un bon modèle,
30:36on l'a financé
30:37sur le régalien.
30:39Et quand vous regardez
30:40notre part
30:41de régalien budgétaire
30:42par rapport
30:43aux autres pays
30:44de l'OCDE,
30:45même en Europe,
30:45on est parmi
30:47les plus mauvais.
30:48Il est grand temps
30:49de corriger le tir.
30:50C'est urgent.
30:51Il faut faire des choix.
30:52– Mais oui,
30:52mon général,
30:53on parle beaucoup
30:54de l'armée
30:55pour reprendre
30:57la main
30:57sur des quartiers
30:58qui sont gangrénés
30:59notamment par
31:00le narcotrafic.
31:02Est-ce que l'armée
31:02pourrait être utile ?
31:04– Alors,
31:04dans mon livre,
31:05j'aborde ce sujet
31:06très délicat
31:06qui est le lien
31:08entre la sécurité extérieure
31:10et la sécurité intérieure.
31:13Cette porosité,
31:14elle est apparue
31:14en 2007
31:15avec le livre blanc
31:16à l'époque
31:17du président Sarkozy
31:18qui avait mis en évidence
31:20cette porosité.
31:21Sauf que depuis,
31:24ce continuum
31:25entre
31:25les forces
31:28de sécurité intérieure
31:29et l'armée
31:30mériterait
31:31d'être repensé
31:33à l'aune
31:33de la situation
31:34que nous vivons.
31:35Aujourd'hui,
31:36ce n'est pas
31:36un sentiment
31:37d'insécurité
31:38que nous vivons
31:38sur notre territoire.
31:40Les Français
31:41commencent à avoir peur,
31:42évidemment,
31:43parce qu'on se sent
31:45en insécurité.
31:46Et donc,
31:47à un moment
31:48ou à un autre,
31:48il y aura un lien
31:49entre le maintien
31:51de l'ordre
31:51et l'action militaire.
31:53D'ailleurs,
31:54ce lien a déjà
31:55en partie démarré
31:56après les attentats
31:57en 2015.
31:58Quand il s'est agi
31:59de restaurer
32:00de la confiance,
32:01on a appelé qui ?
32:02Le général de Villiers,
32:03chef d'état-major.
32:04Quelles sont vos propositions ?
32:06C'est là que nous avons mis
32:07le contrat de protection
32:08et donc
32:09la force sentinelle
32:11qui continue
32:11et qui,
32:12au fur et à mesure
32:13des attentats,
32:14monte et descend en gamme.
32:14Il faudrait une force sentinelle
32:16dans nos quartiers ?
32:17À un moment
32:18ou à un autre,
32:20il faudra
32:20établir ce lien
32:22entre
32:23les forces de sécurité intérieure
32:26et l'action militaire.
32:27Je raconte dans mon livre
32:28ce que j'ai vécu
32:29sur le pont de Mitrovica
32:30en 1999
32:31au Kosovo
32:32
32:33le colonel Vicker,
32:35à l'époque commandant
32:35le détachement
32:36de gendarmerie,
32:37était fait aux pattes
32:38sur le pont,
32:39coincé entre les Albanais
32:40et les Serbes
32:41qui se tapaient dessus
32:42et il m'a appelé
32:44pour me demander
32:45de le désengager.
32:47Donc,
32:48il était dans le maintien
32:48de l'ordre
32:49pour séparer
32:50deux groupes hostiles
32:53et on a basculé
32:55dans l'action de guerre.
32:56J'ai fait venir
32:56des chars le clair
32:57et nous avons désengagé
32:59et séparé
33:00les protagonistes
33:01et désengagé
33:02nos amis gendarmes.
33:04A l'issue,
33:04nous avions écrit
33:05un document.
33:06Qu'est-ce que
33:06l'action de guerre ?
33:08Qu'est-ce que
33:08le maintien de l'ordre ?
33:09À quel moment
33:10il y a passage
33:10entre les deux ?
33:11Vous voyez,
33:12cette réflexion,
33:12il faut la voir,
33:13je l'explique dans mon livre,
33:15c'est extrêmement sensible
33:16comme sujet
33:17mais je crois
33:19qu'il faut le traiter.
33:19Il est urgent
33:20de le traiter.
33:21Merci.
33:23Il ne doit plus y avoir
33:23de sujet tabou.
33:25Maintenant,
33:25on en a marre.
33:26Vous comprenez ?
33:27La situation est grave.
33:29Les paroles,
33:30les éléments de langage,
33:31tout ça,
33:32c'est fini.
33:33Merci Général Pierre Devilliers
33:35pour le succès
33:36des armes de la France
33:37aux éditions Fayard.
33:38Merci d'être passé
33:39par les GG
33:40et par les Grandes Galles.
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