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Ce samedi 6 décembre, Aziz Senni, fondateur du Forum Économique des Banlieues ; Alexis Gardy, président de Belambra Clubs ; Christian Chavagneux, éditorialiste à Alternatives Économiques ; Jean-Marc Daniel, professeur émérite à l'ESCP ; Christophe Noël, délégué général de la Fédération des Acteurs du Commerce et des territoires et Hugo Babay, journaliste à BFM Business, étaient les invités dans l'émission La librairie de l'éco présentée par Emmanuel Lechypre. La librairie de l'éco est à voir ou écouter le samedi sur BFM Business.

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Transcription
00:01BFM Business, la librairie de l'écho, Emmanuel Lechypre.
00:08Bienvenue dans la librairie de l'écho, l'émission de BFM Business qui vous offre chaque semaine le meilleur de la littérature économique.
00:14Alors évidemment, pas d'émission sur les livres sans auteurs, ils seront nos invités dans la première partie de l'émission.
00:19Et puis vous retrouverez nos critiques attitrées, Jean-Marc Daniel, Christian Chabagneux pour leur coup de cœur et leur coup de gueule.
00:24C'est notre chapelet d'études de chiffres tout plus originales les unes que les autres.
00:32N'oubliez pas évidemment tous nos comptes sur les réseaux sociaux, Instagram, X, Facebook, LinkedIn, YouTube, la librairie de l'écho
00:40pour retrouver les références complètes de tous les livres qu'on cite dans l'émission.
00:45Et tout de suite, place aux auteurs.
00:47De tous les grands pays européens, la France est peut-être celui qui gâche le plus son potentiel, disent les économistes,
01:00sa capacité d'innovation et d'audace, ses talents en sa jeunesse par excès de règlementation, excès de fiscalité, excès de protection.
01:08Alors quelles sont les conséquences de ce gaspillage à tous les étages ?
01:12Quel modèle économique pourrait libérer notre potentiel de croissance sans renier notre modèle social ?
01:18Réponse avec nos deux invités.
01:20Aziz Séni, bonjour.
01:21Bonjour.
01:22Aziz, vous êtes entrepreneur, fondateur du réseau Quartier d'Affaires, du label Made in Banlieue et du Forum économique des banlieues.
01:29Et vous publiez donc Made in Banlieue aux éditions Michel Laffont.
01:33Alexis Gardy, bonjour.
01:34Bonjour.
01:35Alexis, vous êtes le président des clubs de vacances Bellembras, vous étiez consultant chez Roland Berger au Québec
01:41et vous publiez Courir la chance aux éditions Herman, une analyse passionnante du modèle québécois.
01:49Aziz, on commence avec vous.
01:53Votre livre est un plaidoyer pour ce potentiel de croissance, d'innovation, de création de richesses qu'est la banlieue.
02:02Aujourd'hui, elle est dans quel état économique et social, la banlieue ?
02:06Il y a un proverbe africain qui dit « quand le riche maigrit, le pauvre meurt ».
02:10On est dans une situation économique nationale où on voit bien qu'on est tous en train de maigrir
02:14et le budget, lui, l'a carrément fondu.
02:16Eh bien, imaginez ceux qui sont dans les territoires les plus pauvres, la ruralité et bien sûr les banlieues.
02:21Oui, la situation, elle est extrêmement difficile.
02:24Est-ce qu'elle est condamnée ? Je ne crois pas.
02:27Et dans ce livre, je rappelle le potentiel économique de ces territoires.
02:31Ces dernières années, on a regardé la banlieue à travers le prisme social, le prisme sécuritaire,
02:37le prisme urbanistique, jamais au grand jamais, à travers le prisme économique.
02:42Et de se dire finalement, de se poser une question qui est une question qui conduit à une vision.
02:47Qu'est-ce qu'on fait de ces territoires à 20 ans d'un point de vue économique ?
02:50Alors Aziz, qu'est-ce qu'on fait de ces territoires, sachant qu'on ne part pas d'un terrain vierge ?
02:57Il y a aujourd'hui une densité économique importante en banlieue.
03:01Vous citez 250 000 entreprises, 75 milliards de chiffre d'affaires.
03:05Donc, ce n'est pas un désert.
03:08Vous dites que ce n'est pas un désert, c'est un terrain en friche.
03:10C'est un terrain en friche.
03:11Vous savez, souvent, on parle de la banlieue en disant qu'on a investi ces fameux milliards dans la banlieue.
03:16Mais ceux qui, généralement, disent qu'on a investi beaucoup, oublient de dire combien elles rapportent.
03:2275 milliards d'euros de chiffre d'affaires des 250 000 TPE, PME implantés.
03:2642 milliards de consommation annuelle dans ces territoires.
03:30C'est le premier réservoir de jeunesse du pays.
03:32La démographie est un sujet majeur quand on fait une analyse économique.
03:36Eh bien, aujourd'hui, si la France vieillit, on a des territoires qui rajeunissent et la banlieue en fait partie.
03:41Donc, on a des forces, on a des joueurs.
03:43Alors, vous savez, j'ai un responsable de PME installé dans un quartier difficile qui me disait
03:48« La France, on fait partie de l'équipe de France et en fait, on nous laisse sur le banc, on ne nous fait pas jouer. »
03:55Et c'est vrai que dans cette compétition mondiale, on a des joueurs parmi les meilleurs qui sont sur le banc
03:59et qui ne demandent que ça, d'entrer sur le terrain pour mettre des buts.
04:03Objectivement, Aziz, est-ce que c'est plus difficile d'entreprendre, de développer une affaire, d'innover en bon lieu ?
04:13Alors, je vais vous raconter une petite anecdote.
04:15Dans le cadre du roadshow qui m'a conduit à rencontrer pas mal d'investisseurs
04:19dans le cadre de l'organisation du Forum économique des banlieues 2025,
04:23j'ai rencontré un investisseur chinois.
04:26Il y a un sondage IFOP qui a été publié l'année dernière qui disait que 44% des Français
04:30pensent que l'image de la banlieue est un frein à l'investissement.
04:35Et je posais la question à cet investisseur chinois en lui disant
04:38« Mais est-ce que ça pourrait être un frein pour vous d'investir dans ces banlieues ? »
04:41Vous savez ce qu'il m'a répondu ?
04:42Il m'a dit « Monsieur Séni, nous investissons dans des endroits dans le monde
04:45où il n'y a ni eau, ni électricité, ni droit. »
04:48Il venait juste de m'expliquer que les quartiers nord de Marseille ou le Val-Fouré,
04:51c'était le paradis pour lui.
04:52Donc, mon sujet, il est aussi de faire prendre conscience aux investisseurs français
04:56que s'ils n'y vont pas, il y a la raison du cœur et il y a la raison du compte d'exploitation.
05:00S'ils n'y vont pas, ce cadeau de 150 milliards, je crains que ce soit des investisseurs étrangers qui le prennent.
05:05Attendez, vous dites 150 milliards, c'est le chiffre que vous donnez dans votre livre
05:10sur le potentiel perdu à laisser les banlieues sur le banc de touche, comme vous le dites.
05:18C'est la fourchette basse, 150 milliards.
05:20Quand on reprend les études de l'Institut Montaigne et de France Stratégie, qu'on les recoupe,
05:25on est plutôt autour de 250 milliards.
05:27Donc, on a là un super potentiel de développement à 15 ans si nous faisons ce qu'il faut en matière d'investissement.
05:34Mais on ne peut pas continuer comme ça.
05:37Moins de 2% des investissements privés français vont dans ces territoires.
05:41Moins de 2%.
05:42C'est incompréhensible.
05:45Après, on peut faire aussi la comparaison, c'est ce que je décris dans le livre,
05:49avec des dispositifs qui existent ailleurs.
05:52Prenons le cas des États-Unis.
05:53Il y a un dispositif que l'administration Obama a créé, qui s'appelle les Opportunity Zone,
05:59qui ont permis en 20 ans de transformer le Bronx.
06:02Je peux vous assurer que le Bronx des années 90, comparé à certains quartiers de France,
06:07c'était vraiment beaucoup, beaucoup plus difficile,
06:09qui aujourd'hui sont devenus des hubs économiques.
06:11Arlem, Compton, Détroit.
06:14Nous, on a fait des zones franches.
06:16On a l'impression qu'on a quand même essayé de faire beaucoup de choses et que ça n'a pas vraiment marché.
06:18Non, en matière économique, un seul dispositif a été mis en place, c'est la zone franche.
06:24Et on n'a pas donné les moyens de contrôler la zone franche.
06:26Donc ça a donné lieu à des dérives.
06:28Mais effectivement, hormis de 95, 96, le gouvernement Juppé,
06:35ce dispositif des zones franches urbaines,
06:37sorti de ça, jamais aucun dispositif en matière de développement économique dans ces territoires.
06:42Alors, vous dites, entre 150 et 250 milliards de potentiel de croissance inexploité aujourd'hui.
06:50Mais inexploité, pourquoi ? Qu'est-ce qui bloque ?
06:52C'est le manque d'argent ? C'est le manque d'infrastructures ?
06:57Vous savez, quand vous avez un produit, il vous faut d'abord un VRP.
07:01Il faut le structurer, le produit.
07:02Si on regarde la banlieue être comme un produit d'investissement, il faut le structurer.
07:06Jamais personne ne l'a structuré aujourd'hui en tant que produit d'investissement.
07:10Ensuite, il vous faut un canal de distribution de ce produit.
07:13Vous avez Choose France qui existe.
07:15Nous, on a décidé de créer un Choose banlieue.
07:17Moins de 1% des investissements étrangers qui arrivent en France vont dans ces quartiers.
07:21Nous avons créé le label Made in banlieue parce que le Made in France existait
07:25et nous avons créé ce label pour nous inscrire dans cette souveraineté.
07:28Le Made in France, c'est le maître des territoires d'abord.
07:31La ruralité, les centres-villes et bien sûr la banlieue.
07:34Donc, il faut mettre en place une stratégie où la banlieue revient à tous les niveaux de réflexion stratégique en matière économie nationale.
07:44Et ça, ça n'a jamais été fait.
07:46C'est quoi les…
07:47Alors, vous faites la liste quand même de tous les obstacles qui sont un peu plus hauts en banlieue qu'ailleurs.
07:54Vous dites l'accès au crédit, c'est plus difficile.
07:57Vous dites les retards de paiement, c'est plus compliqué qu'ailleurs.
08:04Il y a quand même une fragilité plus importante.
08:08Bien sûr, le scoring bancaire, tout le monde comprendra que si vous êtes une TPE-PME installée dans un quartier,
08:16votre scoring est plus difficile que celui installé ailleurs, d'une entreprise installée ailleurs.
08:21Donc oui, il y a des difficultés à l'accès au financement.
08:23On a des problématiques sur le recouvrement, mais c'est aussi une problématique plus large des TPE-PME françaises.
08:30C'est que quand vous avez des donneurs d'ordre qui ne vous payent pas à temps,
08:34qu'est-ce que vous voulez faire en pratique ? Vous ne pouvez rien faire.
08:36Est-ce qu'il y a par exemple des erreurs que les entrepreneurs font plus fréquemment dans les quartiers que dans le reste du pays ?
08:45Oui, peut-être que sur l'encadrement, sur l'accompagnement, peut-être qu'ils pensent aussi que des réseaux comme le MEDEF, la CPM,
08:53toutes ces organisations, ce n'est pas pour eux.
08:56Donc ce sentiment de se dire je vais faire tout seul dans mon coin.
09:00Et ça, c'est peut-être un peu le travers.
09:02Et en même temps, ce travers, c'est une force parce que c'est ce qui leur permet pour beaucoup d'avoir créé leur entreprise
09:08et ensuite de la développer sans cet état d'esprit un peu combatif, ils ne l'auraient pas.
09:14Donc c'est à la fois une force et une faiblesse.
09:17Vous sentez un esprit d'entreprise plus élevé qu'ailleurs ?
09:22On sait qu'on a des statistiques, par exemple, sur les immigrés en général,
09:27comme quoi les immigrés sont plus entrepreneurs, créent plus d'entreprises que la population locale.
09:34Est-ce que vous sentez que dans les habitants de ces quartiers,
09:39est-ce que vous sentez une fibre entrepreneuriale qui fait que justement,
09:43quand c'est plus difficile de trouver un job, etc.,
09:46on a peut-être plus envie d'entreprendre par soi-même ?
09:50La meilleure motivation, c'est la pauvreté.
09:53Quand vous êtes pauvre, vous êtes par nature plus enclin à vouloir remplir votre prigot, payer votre loyer.
09:59Vous savez, au niveau mondial, si je vous dis que la croissance mondiale
10:03est tirée par les pays en voie de développement, les pays émergents.
10:07Rien de neuf sous le soleil, c'est de la palissade.
10:10Eh bien, moi, je crois vraiment que dans notre pays, nous avons nos propres territoires émergents
10:14et avec des KPIs et des indicateurs qui sont exactement les mêmes que l'on utilise au niveau mondial.
10:21La démographie, la jeunesse, le foncier disponible, 300 millions de mètres carrés disponibles, inexploités.
10:27Est-ce que vous savez que, par exemple, dans une ville comme Bordeaux,
10:30vous avez quatre QPV, quartier prioritaire de la politique de la ville,
10:33dont deux où il y a du foncier intramuros disponible à Bordeaux ?
10:38À Bordeaux.
10:38Donc, on marche sur la tête.
10:41Et donc, on regarde, on a laissé en jachère ce potentiel,
10:45alors qu'il est tout à fait exploitable dans l'intérêt des habitants qui sont là,
10:48dans l'intérêt de la croissance des entreprises qui y sont installées,
10:51mais dans l'intérêt de notre économie.
10:53Et je crois qu'actuellement, on cherche un petit peu d'argent pour le budget.
10:56Donc, il faudrait peut-être regarder au-delà du périph'.
10:59Est-ce que l'aspect sécuritaire n'est pas quand même un frein aujourd'hui,
11:04un des freins principaux au développement de l'activité dans ces quartiers ?
11:07Je vous renvoie sur toute l'actualité récente, le développement des trafics,
11:11regardez ce qui se passe chez Orange à Marseille,
11:14chez la BNP en banlieue nord de Paris où il y a un niveau d'insécurité.
11:19C'est compliqué d'entreprendre quand il n'y a pas la sécurité des personnes.
11:24Vous savez, on a deux façons de faire.
11:26Soit on dit, on attend de régler la sécurité.
11:28Je peux vous assurer que vous allez attendre longtemps,
11:30parce que qu'est-ce qui s'est passé toutes ces dernières années ?
11:32On a laissé le trafic gangrédé.
11:35On peut en dire deux mots du trafic.
11:37C'est 6 à 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
11:40C'est, on l'oublie souvent, une partie dans ces quartiers.
11:44Mais je rappelle que 95% des consommateurs de drogue n'habitent pas ces quartiers.
11:49Ce sont des gens du centre-ville d'ailleurs et des CSP++.
11:52Je rappelle que ces 5 à 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires ne restent pas dans les banlieues.
11:57Ça se verrait.
11:58Les banlieues ne sont pas pavées de marbre et de baies vitrées.
12:02On a un argent qui part ailleurs.
12:04Ou, je ne sais pas, je ne suis pas un spécialiste.
12:06Rappelez que ce trafic, c'est un sujet de société.
12:09La consommation, ce sont les clients qui, par leur consommation, font vivre ce trafic.
12:13Donc, c'est un sujet de société française et pas un sujet de banlieue.
12:16Enfin, je vais encore reprendre cette anecdote de l'investisseur chinois.
12:21Si vous voulez attendre que tout se règle, vous ne ferez jamais rien.
12:24Je pense à l'inverse, comme l'a démontré l'expérience américaine dans le Bronx, à Harlem, à Campton.
12:31C'est que le levier économique ne réglera pas tout, mais réglera une partie de ces problématiques.
12:37Vous savez, quand vous avez des jeunes qui ne trouvent pas de travail à côté de chez eux,
12:40peut-être que si demain, au lieu d'avoir une cité dortoir, ils ont une cité productive,
12:45qu'à côté de chez eux, ils ont des centres d'affaires, des zones d'activité
12:50où les entreprises recrutent et préfèreront recruter localement,
12:54eh bien, peut-être que plutôt que d'avoir des sirènes malfaisantes qui les appellent,
12:59peut-être qu'ils se diront non, je préfère aller bosser.
13:00Allez, pour créer ce choc entrepreneurial, pour voir les banlieues autrement,
13:06c'est quoi les mesures qui vous paraissent les plus urgentes à mettre en place ?
13:10Les mesures les plus urgentes, je les décris, il y a 12 piliers dans mon livre.
13:15Il y en a quelques-unes, ça va du macro à des choses très, très opérationnelles.
13:20La politique de la ville, si je vais commencer, je vais vous donner deux exemples,
13:24un macro et un micro.
13:25Au niveau macro, c'est d'arrêter avec la politique de la ville à la grand-papa.
13:30Il faut un monsieur développement territorial des banlieues à Bercy,
13:34pas un ministre de la politique de la ville qui soit déconnecté, sans pouvoir, sans budget.
13:40Il faut aujourd'hui passer à une situation où on active vraiment et de manière forte
13:46le levier économique dans ces territoires.
13:47Ça, c'est pour qui pilote en haut et on n'a pas besoin de recréer une usine à gaz.
13:52Il y a toutes les agences qui existent, il faut les coordonner.
13:55Sur le terrain, un exemple qui peut créer jusqu'à 200 000 emplois,
14:00c'est, j'ai appelé ça, le top nounou.
14:02On a dans ces quartiers une problématique de famille monoparentale,
14:06des mamans qui ont des enfants et qui ont des difficultés soit à faire garder leurs enfants
14:10et aussi des gens qui habitent dans les environs de ces quartiers
14:16et qui aimeraient faire garder leurs enfants.
14:17On a une problématique de garde d'enfants.
14:19Eh bien, je propose de créer un statut entre la nounou et l'assistante maternelle
14:24où une dame avec une expérience ayant eu des enfants
14:28puissent garder au moins deux enfants sans avoir à monter une usine à gaz.
14:32200 000 emplois et ça coûte 22 fois moins cher qu'une crèche.
14:37Voilà, le potentiel des banlieues, il est là, reste à l'exploiter.
14:42Alors, toujours dans notre recherche finalement d'optimisation
14:45ou de révélation de ce potentiel pour l'économie française,
14:50de ce potentiel de croissance,
14:52cette recherche aussi d'un équilibre entre modèle social et performance économique.
14:58Et là, on va se tourner vers un modèle économique assez unique.
15:02Assez unique, Alexis Gardy, c'est celui du Québec.
15:05Québec où vous avez vécu longtemps, vous avez monté une entreprise au Québec.
15:11D'abord, est-ce qu'il y a un modèle québécois ?
15:14Il y a définitivement un modèle québécois qui se distingue
15:18de par sa localisation géographique.
15:20Un îlot au milieu du continent nord-américain
15:23avec une langue qui n'est pas la langue parlée par les millions d'habitants
15:27qui cohabitent à la périphérie du Québec.
15:31Il y a un attachement profond au modèle historique, au modèle européen
15:35et une proximité assez forte avec ce qui se passe en France,
15:40ce qui se passe en Belgique, ce qui se passe en Italie,
15:42dans un environnement où on regarde souvent du nord au sud.
15:45Et ça m'a frappé, moi, quand je suis arrivé à Montréal
15:48pour développer Roland Berger en 2012,
15:51c'est que la plupart de mes concurrents de l'époque
15:53apportaient des comparables, des repères, des exemples d'entreprises
15:58qui travaillaient dans la zone nord-américaine.
16:01Avec une frontière à Montréal, la frontière américaine
16:03est à quelques kilomètres de la ville.
16:06Mais on avait vraiment ce regard vertical nord-sud.
16:09En apportant un angle et une perspective est-ouest, transatlantique,
16:14on arrive à enrichir cette perspective et cet angle de vue.
16:17Parce que ce modèle québécois, c'est quand même quelque chose d'assez hybride.
16:22C'est le plus social de tous les modèles d'Amérique du Nord.
16:26Je n'ose pas dire étatiste parce qu'il ne faut pas exagérer non plus.
16:28Et c'est en même temps un modèle libéral.
16:33Ça fonctionne comment ?
16:35Ça fonctionne en reposant sur déjà un état d'esprit
16:39qui, moi, en tant que Français arrivant à l'étranger,
16:41j'avais eu des expériences internationales,
16:43mais j'arrive au Québec et à Montréal.
16:46Et c'est le titre de mon livre, d'ailleurs,
16:48avec cette expression que j'aime bien, qui est « courir la chance ».
16:50Courir la chance en québécois, en français, d'ici, c'est prendre un risque.
16:54Quand on monte une société, quand on va dans les banlieues,
16:58quand on va développer une entreprise, on prend un risque.
17:02Quand on déménage, on prend un risque.
17:04Au Québec, on court la chance.
17:05Et cette philosophie et cet angle et cette approche,
17:08elles synthétisent assez bien, finalement,
17:10cet équilibre entre une composante sociale,
17:14une composante éducative aussi, qui est centrale dans cet équilibre,
17:18et une composante économique qui ne sont pas détachées.
17:21Ces trois composantes-là sont imbriquées les unes avec les autres.
17:25Quand, par exemple, le Canada fédéral et le Québec décident de participer
17:31au renforcement de la filière industrielle de l'aéronautique,
17:34c'est toute la chaîne qui s'articule.
17:37Ce sont des perspectives d'usines, d'emplois, de création d'emplois,
17:40mais ça va jusqu'à la perspective d'éducation dans les programmes.
17:43Et ça va jusqu'à, on en a fait les frais à notre premier passage de douane
17:46avec mon équipe, la sélection de qui rentre ou qui ne rentre pas
17:49au sein du territoire, avec un diplôme sup-aéros,
17:54dans la filière aéronautique, vous cochez pas mal de cases
17:56et vous avez un droit de jouer beaucoup plus important.
17:59Donc c'est quand même une imbrication de ces plaques
18:01qui fonctionne de concert.
18:05La politique sociale, c'est quoi ?
18:09Est-ce qu'il y a la protection sociale, ça fonctionne comment ?
18:13L'école, ça fonctionne comment ?
18:15Les retraites, ça fonctionne comment ?
18:17Je vais prendre votre dernier point.
18:18Les retraites, et puis je pense que le parallèle avec ce qu'on vit
18:20depuis quelques années en France est intéressant,
18:24ça fonctionne de manière apaisée.
18:26Ça fonctionne de manière constructive.
18:29De tout temps, historiquement, la composante de retraite
18:32par capitalisation est intégrée au modèle.
18:36J'ai eu la chance de piloter un projet de planification stratégique
18:41pour un des gros investisseurs québécois,
18:44qui est le Fonds de solidarité FTQ, Fonds des travailleurs du Québec.
18:48C'est donc l'argent, la caisse de retraite des travailleurs,
18:51des ouvriers québécois, pilotés par les grandes organes syndicales du Québec.
18:57Le débat, il est dépassionné.
18:59Le débat, dans cette instance, il est de savoir
19:02où seront le dollar canadien, où seront les dollars canadiens
19:05les mieux investis dans les territoires, dans les territoires du Québec,
19:08dans les filières industrielles que l'on souhaite développer,
19:11ou économiques que l'on souhaite développer,
19:13et dans, puisque c'était une composante naissante en 2014,
19:17quand j'ai eu l'occasion de travailler là-bas,
19:18sur l'impact, sur l'impact social d'une part,
19:21et sur l'impact environnemental d'autre part.
19:23La chaîne de décision, encore une fois, elle est équilibrée,
19:26et elle est très imbriquée.
19:27Il n'y a pas un débat passionné sur un modèle versus un autre.
19:31C'est un ensemble de modèles qui fonctionne et qui coexiste.
19:34Comment est organisée la fiscalité ?
19:36Est-ce qu'on paye plus d'impôts qu'en France,
19:38est-ce qu'on en paye moins ?
19:40Elle pèse sur quoi ?
19:41Alors, la fiscalité, ça n'est pas un paradis fiscal, le Canada.
19:45Quand ils ont entamé, au début des années 2000,
19:47entre 2000 et 2010, la refonte de leurs services publics,
19:52le choix a été fait d'améliorer la qualité de services publics,
19:56de réduire le spectre d'intervention de l'État,
20:00et d'augmenter massivement les impôts.
20:01Juste, si on remonte quelques années encore avant,
20:05c'est un pays qui connaît une très grave crise de ses finances publiques,
20:08qui est obligé de mener une politique d'assainissement drastique.
20:11Et de restructuration complète de ses services publics, c'est clair.
20:14C'est clair, sans dégrader le service.
20:15Donc, c'était trouver cet équilibre entre quel service donner à quel endroit,
20:19avec un État qui n'est pas interventionniste sur tous les sujets.
20:23Donc, c'est passé par une réduction quand même du périmètre.
20:25Du périmètre, avec le relais de la sphère sociale.
20:27Je pense que c'est intéressant, auquel contribue d'ailleurs,
20:29et c'est ce qui, moi, m'a passionné dans cet écosystème,
20:31contribuent les entreprises, directement ou indirectement,
20:34par la mobilisation de leurs propres salariés.
20:36Et ce relais social sur les différentes causes,
20:38que ce soit l'égalité homme-femme, qui nous tient particulièrement à cœur,
20:40que ce soit l'illettrisme, que ce soit le sujet de la pauvreté,
20:44ils sont pris en charge également par la sphère sociale.
20:46Et qualité de vie au travail aussi.
20:48Exactement, oui, ça c'est le point central.
20:49C'est les précurseurs aussi.
20:51Précurseurs, et on le voit bien dans l'organisation du temps.
20:52Ça, je le décris dans le livre, parce que c'était mon premier passage.
20:55Quand j'ai demandé à quelle heure il fallait partir pour prendre son avion au retour,
20:58le taxi m'a dit que l'heure de pointe, c'était entre 15h et 17h.
21:01Voilà, donc l'heure de pointe du trafic, c'est 15h-17h.
21:03Ça participe à cet équilibre vie pro, vie perso,
21:07parce qu'on commence sa carrière avec à peine deux semaines de vacances au départ.
21:11Alors après, il y a des jours tout au long de l'année où on trouve le moyen de se reposer,
21:15mais c'est une composante essentielle du modèle, en effet.
21:17Est-ce que c'est un des pays, pardon, pas un pays,
21:21peut-être que c'est vrai dans tout le Canada d'ailleurs,
21:22mais est-ce qu'au Québec, plus qu'ailleurs,
21:25on réussit la conciliation de la vie personnelle et de la vie professionnelle ?
21:29Oui, en tout cas, c'est une constante.
21:31Il n'est pas rare de voir, et j'ai eu l'occasion de travailler avec différentes entreprises,
21:35avec les chefs de ces entreprises.
21:38Le sujet est assez clair, il n'y a pas de réunions qui sont convoquées après 17h.
21:43Jamais 17h par exception.
21:45Parce que la journée s'arrête, et il y a une vie après sa journée de travail.
21:50Et ça, c'est une vraie différence par rapport à ce qu'on peut vivre par ici en Europe.
21:54Et ça se met aussi en musique, dans le rythme annuel.
21:57À ce titre-là, je raconte toujours que, premier été passé là-bas,
22:01mon client me dit, tu vas retourner en France pour tes vacances,
22:04et puis tu vas faire comme tous ces Français,
22:06tu vas prendre quatre semaines de vacances au mois d'août.
22:08J'ai dit, en effet, je vais prendre quatre semaines, trois semaines,
22:10et on se retrouve fin août, début septembre.
22:12Un an après, je travaillais pour la même personne,
22:15qui me refait le sketch, puis tu vas reprendre ton mois d'août en entier,
22:18et ainsi de suite.
22:18Il se passe quand même quelque chose aussi au Québec,
22:21que j'ai touché du doigt.
22:23Vous avez au Québec l'été.
22:24L'été, ça commence à la fête de la Saint-Jean,
22:26et ça se termine le premier week-end de septembre.
22:28Pendant l'été, c'est la meilleure période pour bénéficier des territoires
22:32et de l'expérience au Québec.
22:34La plupart des entrepreneurs et des chefs d'entreprise canadiens
22:36sont dans leur chalet, qui est à une heure, deux heures de Montréal.
22:40Ils reviennent pour une réunion, ils repartent le soir dans leur chalet.
22:43Et ça, c'est le rythme qui s'adapte aussi à la saison et à la saisonnalité.
22:48Alors, quel est le rapport à l'égalité au Québec ?
22:52Est-ce qu'ils sont, comme nous, passionnés par cet égalitarisme ?
22:57Ou est-ce qu'au contraire, vous êtes dans une société très méritocratique à l'américaine ?
23:01Non, c'est une composante, encore une fois, assez mixte.
23:06Il y a une reconnaissance profonde pour la réussite.
23:08Il y a un respect profond de la réussite,
23:10qui peut aller de la réussite entrepreneuriale,
23:12qui se traduit par une réussite financière.
23:15Il n'y a simplement pas une exposition outrancière de la réussite financière.
23:20Et dans cet équilibre, ça s'était résumé à une période de la 30e,
23:22transition démographique du Québec,
23:24qui était le principe de simplicité volontaire.
23:27On consomme ce dont on a besoin.
23:28On n'a pas besoin d'acheter une voiture plus grosse
23:31ou avec plus de place si on est un couple.
23:34Il a bien des défauts, ce modèle québécois.
23:36Oui, il a bien sûr quelques défauts.
23:37Et c'était d'ailleurs l'intérêt de pouvoir le mettre sur papier,
23:39puisque j'ai attendu cinq ans avant d'écrire
23:42et de retracer, d'en mettre sur le papier cette expérience au Canada et au Québec.
23:47Cinq ans d'entrepreneuriat en France.
23:48Et moi, l'intérêt aussi de ce livre, c'était de faire le miroir entre un pont,
23:53finalement, entre ces deux pays, ces deux régions qui ont beaucoup en commun,
23:57beaucoup à apprendre d'un continent à l'autre,
24:01et beaucoup de choses dans l'échange et dans la prise de risque.
24:05Qu'est-ce que notre modèle français dont on dit qu'il est trop protecteur,
24:11dans lequel la protection sociale pèse trop lourd,
24:13son financement pénalise l'économie,
24:15qu'est-ce qu'on peut retenir, nous ?
24:17Qu'est-ce qu'on pourrait transposer du modèle québécois en France ?
24:20De quoi on pourrait s'inspirer ?
24:21Déjà, reprendre confiance en nous.
24:23Au cours de mes sept années passées là-bas,
24:25et je rebondis sur ce que vous disiez tout à l'heure,
24:26je pense que c'est particulièrement vrai,
24:28j'ai eu souvent la question de mes interlocuteurs québécois,
24:32ils me disaient « mais qu'est-ce que tu viens faire ici ? »
24:35Toi, Français, qui bossais en France,
24:38tu quittes la France, tu quittes Paris,
24:40et tu viens ici à Montréal développer ton affaire.
24:43Vous avez tout en France.
24:45Vous avez la diversité de territoires,
24:47vous avez la diversité de talents,
24:49vous avez l'histoire longue,
24:50vous avez des champions français, européens, mondiaux,
24:55sur certains secteurs de l'industrie.
24:56La 80-100, 400 000 normes.
24:58Oui, oui, oui.
24:59Mais je regardais toujours le côté positif.
25:01Les endroits présidus d'accès du monde.
25:03Je regardais toujours le côté positif,
25:04et je pense que ce qu'il faut retenir
25:06et ce qu'il faut essayer de retenir de ces confrontations,
25:10c'est qu'aucun modèle n'est figé
25:11et qu'il faut rester dans le dynamisme,
25:15dans l'ambition et dans la volonté de faire bouger les choses.
25:18Oui, c'est ça.
25:18Il y a une adaptabilité et une agilité dans la transformation
25:23quand même qu'on a perdue en France.
25:25Eh bien, on part au combat, on perd, on recommence.
25:28C'est ça aussi que j'ai vu dans les entreprises au quotidien,
25:32à Montréal et au Québec, plus largement.
25:34Merci beaucoup pour ces plongées très instructives
25:38dans les banlieues au Québec.
25:41Je te rappelle, vos deux livres,
25:42Aziz Séni avec Jean-Marc Pite,
25:44Made in Banlieue,
25:45un trésor de 150 milliards à exploiter,
25:48et c'est aux éditions Michel Laffont
25:50et puis Alexis Gardy.
25:52Courir la chance,
25:53heureux comme un entrepreneur français au Québec,
25:56c'est aux éditions Herman.
25:57On se retrouve tout de suite pour la deuxième partie de l'émission.
26:07On se retrouve pour la deuxième partie de cette librairie de l'écho.
26:14Nous la clôturons évidemment avec notre batterie d'études de chiffres.
26:18Le livre préféré de la rédaction.
26:20Mais tout de suite, on retrouve nos critiques attitrées.
26:22À ma gauche, Christian Chavagneux,
26:23éditorialiste à alternativeéconomique.fr
26:27et animateur de la rubrique livre dans Alternative Économique, le magazine.
26:32Et puis à ma droite, Jean-Marc Daniel,
26:33professeur émérite à l'ESCP Business School,
26:35président de la Société d'économie politique,
26:38dont il est aussi le critique indéboulonnable, mon frère Jean-Marc.
26:43Allez, on commence avec votre choix, Christian.
26:46Vous nous présentez la couturière de Marie-Antoinette
26:50par Audrey Millet aux éditions Talendier.
26:53Oui, il y a quelques années, j'avais croisé le personnage.
26:56J'avais travaillé sur l'affaire du collier de la reine.
26:57J'avais croisé le personnage de Rose Bertin,
26:59qui était pour moi la petite couturière
27:01qui répondait aux ordres de Marie-Antoinette,
27:03qui voulait ses robes de luxe.
27:04Là, c'est une biographie,
27:06mais ça nous offre un personnage.
27:07C'était une femme d'affaires redoutable,
27:09cette Rose Bertin.
27:10On démarre, donc elle est née à Abbeville.
27:12À 9 ans, elle est en apprentissage.
27:14À 17 ans, elle vient en apprentissage à Paris.
27:15Elle trouve que Marie-Jeanne Bertin, ce n'est pas terrible.
27:17Elle change son prénom parce que Rose Bertin,
27:19elle trouve que ça fait un peu mieux.
27:21À 23 ans, elle se lance sur le marché de la mode.
27:23Elle loue sa propre boutique de mode à Paris,
27:25alors qu'il y a un marché ultra concurrentiel
27:27et une boutique de mode de luxe
27:29pour vraiment l'aristocratie.
27:33Elle arrive par les bons réseaux
27:34à toucher Marie-Antoinette.
27:38Et là, elle a une boutique
27:39dans laquelle elle sait hyper bien gérer administrativement.
27:44Elle sait quand il faut faire crédit,
27:45à combien et à qui.
27:46Elle a un réseau logistique
27:47et de fournisseurs absolument incroyable.
27:49Dans toute sa période de formation,
27:51elle a repéré les meilleures couturières,
27:52donc elle les a prises pour elle.
27:53Elle arrive à toucher Marie-Antoinette.
27:55Et là, on peut dire en termes contemporains
27:57que la commande publique de Marie-Antoinette
27:59va faire exploser son business.
28:01Elle va multiplier ses prix par cinq
28:03en quelques années.
28:05Pourquoi ?
28:06Parce qu'elle a compris tout de suite
28:07qu'elle ne vendait pas uniquement des vêtements,
28:08qu'elle vend un bout de prestige social.
28:10On est complètement dans la société de courte
28:12de Normaire Elias.
28:13Le paraître est plus important que l'être.
28:14Elle sait qu'elle vend un petit bout de pouvoir royal
28:16parce que si on achète la robe
28:18que Marie-Antoinette,
28:19de la fournisseuse de Marie-Antoinette,
28:21on achète un petit bout de pouvoir royal
28:22et de l'aristocratie.
28:23C'est absolument fabuleux.
28:25Elle va évidemment arriver...
28:28Elle soutient Marie-Antoinette jusqu'au bout.
28:30Et au moment de la Révolution française,
28:33on se dit « Ouh là, ça va mal se terminer ».
28:34Bon, elle a un petit exil à Londres,
28:36mais sinon quand même,
28:37elle sauve sa vie, son patrimoine
28:39et son business commercial.
28:41Et après la Révolution, elle revient.
28:43Alors là, la jeune génération arrive
28:44et elle se fait tailler des croupières
28:46parce qu'ils sont plus innovants
28:48et puis parce qu'elle a vieilli,
28:49c'est la nouvelle génération.
28:50Mais moi, j'ai été fasciné
28:51par cette biographie
28:53qui nous raconte comment cette femme d'affaires
28:55a toujours su faire les bons placements,
28:58la bonne politique commerciale,
29:00trouver les bons fournisseurs
29:01et garder tout ça
29:02sur quand même pas mal de dizaines d'années.
29:04Avez-vous été séduit
29:05par la couturière de Marie-Antoinette ?
29:07Oui, oui, j'ai été séduit par ce livre.
29:08Je n'ai pas vu exactement
29:09la même chose que Christian.
29:10C'est-à-dire que
29:11ce n'est pas un milieu concurrentiel.
29:13Au contraire, c'est un milieu
29:14où une fois qu'on a acquis sa rente,
29:15comme il l'a dit,
29:16après on multiplie ses prix
29:18dans des proportions
29:19qui sont bien vraisemblables.
29:20Et c'est quelque chose...
29:21Une fois qu'on a franchi
29:21les barrières d'entrée...
29:22Une fois qu'on a réussi à rentrer,
29:24on est protégé.
29:25Et donc, effectivement,
29:26ce qui est intéressant dans le livre,
29:27c'est que l'auteur...
29:29D'abord, c'est très bien écrit.
29:31Je tiens à préciser.
29:32C'est très bien écrit.
29:33Y compris, d'ailleurs,
29:33dans des passages
29:34qui ne sont pas des passages
29:35qui sont uniquement liés
29:36à Rosbertin.
29:38Mais elle décrit
29:39l'atmosphère à Abbeville
29:40quand elle fait son apprentissage.
29:42Il y a trois-quatre pages
29:43où elle décrit l'entrée
29:45de Rosbertin dans Paris.
29:46Ce qui était Paris.
29:47Juste après la guerre de Sept Ans,
29:49les odeurs,
29:49la façon dont les gens
29:50se comportaient.
29:51Et c'est passionnant.
29:53C'est bien écrit.
29:54On a l'impression
29:54de retrouver des auteurs
29:55du XIXe ou du XVIIIe siècle.
29:57Alors après,
29:57le personnage, effectivement,
29:59est un personnage
30:00qui est à la fois très attachant
30:01par sa détermination,
30:03par son professionnalisme.
30:05Christian l'a dit.
30:06À un moment donné,
30:07elle raconte qu'elle est victime
30:08d'un vol.
30:09Elle sait précisément
30:10ce qu'on lui a volé.
30:11Elle va...
30:12Et puis, elle ne pardonne pas.
30:13Elle va à la police
30:14et puis elle dit
30:14« On m'a volé ça.
30:15On doit me rendre ça.
30:16Il faut absolument
30:17que je récupère ça. »
30:18De même que quand
30:19elle part en exil,
30:20elle fait vendre une partie
30:21de ses biens
30:21parce qu'elle sait
30:22qu'elle ne pourra pas
30:23les récupérer.
30:24Donc, elle les vend.
30:25C'est quelqu'un qui est
30:26véritablement très minutieux
30:27dans sa façon
30:28d'organiser sa vie
30:29et son commerce.
30:31Et puis alors,
30:32effectivement,
30:32ce que j'ai trouvé
30:32très sympathique
30:33et très attachant,
30:34c'est qu'elle reste fidèle
30:35à Marie-Antoinette.
30:36Quand Marie-Antoinette
30:37devient veuve,
30:38c'est-à-dire le 23 janvier 1793,
30:40on vient de guillotiner Louis XVI.
30:42Elle lui envoie
30:42une robe de deuil.
30:44Alors que Marie-Antoinette
30:45est en prison,
30:46que Marie-Antoinette
30:47va être probablement exécutée.
30:49On a déjà commencé
30:50la campagne de calomnie
30:51contre elle
30:51et elle,
30:52elle n'hésite pas.
30:53Elle lui envoie
30:54une robe de deuil
30:54en disant
30:55« Vous êtes en deuil,
30:55vous avez droit à une forme
30:57de reconnaissance. »
30:58Et donc,
30:59cette fidélité,
31:01ce caractère,
31:02cette capacité
31:02à s'affirmer,
31:04à ne pas se laisser faire,
31:06rendait un personnage
31:06très attachant.
31:07Alors, effectivement,
31:08Christian l'a dit,
31:08elle n'a pas compris
31:09après le directoire.
31:11C'est une période
31:12entre les excès
31:13de la période,
31:14le fait que les gens
31:15qui sont là
31:15ne sont pas du tout
31:16ceux qu'elle a fréquentés,
31:17c'est des parvenus,
31:18c'est des gens
31:18qui sont issus
31:19de la Révolution,
31:20donc c'est des gens
31:20qu'elle ne comprend pas très bien.
31:22Donc, elle finit
31:22par se retirer.
31:23Alors, j'ai vérifié,
31:24elle se retire à Épinay
31:26et elle a droit
31:27à une station
31:27sur une ligne de tram
31:29à Épinay,
31:30une station Rosbertin,
31:31en regardant un peu.
31:33Si on parlait d'elle,
31:34il y a une station
31:35Rosbertin,
31:36c'est-à-dire que
31:36Épinay l'a reconnue,
31:37sa ville d'accueil finale
31:40l'a reconnue
31:41comme une des personnalités
31:42les plus importantes du lieu.
31:44Donc, c'est un livre
31:45véritablement recommandé
31:46pour cette fin d'année,
31:47c'est un livre
31:48véritablement à lire.
31:50On reste un peu
31:51dans les coulisses du pouvoir,
31:53Jean-Marc Daniel,
31:53avec votre choix,
31:54le livre de Yannick Halimi,
31:57L'argent et le pouvoir.
31:58Alors, Élisée Bercy,
32:00Les liens secrets,
32:00c'est chez Plon,
32:01c'est quoi ce titre
32:03un peu énigmatique,
32:04Les liens secrets,
32:05Élisée Bercy ?
32:06Oui, le titre
32:07ne correspond pas
32:07immédiatement
32:08au contenu du livre.
32:09Il y a une astuce
32:10de l'éditeur,
32:12une astuce assez habile
32:13sur le plan commercial.
32:14Donc, Yannick Halimi
32:15nous raconte effectivement
32:16le fait que progressivement,
32:18dans l'appareil gouvernemental,
32:19Bercy,
32:20après une importance,
32:21alors le ministère des Finances,
32:22même aussi,
32:23elle dit,
32:23elle raconte
32:24qu'elle va s'attacher
32:25à la période
32:26d'après le déménagement,
32:27après le départ,
32:28après l'installation
32:30de Pierre Bérégovoy
32:31à Bercy.
32:32Mais elle dit,
32:33effectivement,
32:33il y a eu une sorte
32:35de configuration nouvelle
32:36qui s'est faite progressivement
32:37dans la Ve République,
32:38avec une conséquence,
32:39c'est que le poste de Premier ministre
32:40a disparu.
32:41Elle a trois parties
32:42dans son livre,
32:43une première partie
32:43où elle décrit,
32:44où elle raconte un peu
32:45comment fonctionne Bercy,
32:47où il y a pas mal
32:49de digressions autour
32:49de Donald Trump
32:51qui m'ont paru
32:51un peu hors-sujet.
32:52Mais enfin bon,
32:53après,
32:53elle pose cette question
32:54de façon très claire
32:56et très nette,
32:56à quoi c'est encore
32:57le Premier ministre ?
32:58Il y a des débats,
32:59la question est tout à fait
33:00pertinente,
33:01et elle dit,
33:03Bercy,
33:03en quelque sorte,
33:05élimine progressivement...
33:06– Court-circuit.
33:06– Court-circuit.
33:07– Matignon.
33:07– Matignon.
33:08– Matignon,
33:08et donc,
33:09quelle que soit la situation,
33:10y compris quand c'est
33:11même en situation
33:12de cohabitation,
33:13Bercy réussit
33:14à s'affirmer
33:15face à Matignon,
33:16et donc,
33:16la question qui se pose,
33:17c'est est-ce que
33:18la première réforme
33:19intellectuelle des institutions,
33:21ce n'est pas ce qu'avait proposé
33:22d'ailleurs à certains
33:22présidents de la République,
33:23je crois que François Hollande
33:24l'avait proposé,
33:25de se poser la question
33:26de savoir est-ce que
33:27le poste de Premier ministre
33:28garde un sens
33:28dans la façon
33:29dont la pratique institutionnelle
33:30s'est imposée.
33:31Et puis ensuite,
33:32elle essaie de raconter
33:33au quotidien
33:34comment fonctionne Bercy.
33:36Le livre,
33:37objectivement,
33:38le livre ne révèle pas
33:39de secret.
33:40C'est ce qu'on dit,
33:42et c'est un livre
33:43qui est agréable à lire,
33:46mais qui,
33:48comment dirais-je,
33:50n'est pas un livre
33:50scientifique,
33:51entre guillemets,
33:52c'est pas,
33:53oui, oui,
33:54c'est un livre qui est
33:54agréable à lire,
33:55et qui nous conforte
33:56dans la vision qu'on peut avoir
33:57de ces rapports un peu étranges
33:59qu'il y a entre l'Elysée,
34:00Matignon,
34:01et le ministre des Finances.
34:02C'est bien Nicolas Sarkozy
34:03qui parlait de François Pillon
34:04comme son collaborateur.
34:05Oui, exactement,
34:06exactement.
34:07Donc c'est la partie
34:07d'ailleurs la plus intéressante
34:08que j'ai trouvée,
34:08c'est dans ces trois parties,
34:09c'est celle qui est
34:10la partie centrale,
34:10la numéro 2,
34:11qui est vraiment centrée
34:12sur comment Matignon
34:13est en train de se faire
34:14éliminer dans le circuit.
34:16Christian Chavagneux,
34:17qu'avez-vous pensé
34:18de cet argent
34:19et le pouvoir ?
34:20C'est un livre fourre-tout,
34:21franchement,
34:22je pense que l'autrice,
34:23elle a hésité entre trois livres,
34:25puis finalement,
34:25elle n'a pas assez
34:27pour faire,
34:27regarde,
34:28donc elle dit
34:28je mets tout d'un coup,
34:29comme ça,
34:29je donne tout ce que j'ai.
34:30La première partie,
34:31moi je l'ai trouvée
34:31assez intéressante,
34:32sur est-ce que
34:33la politique française
34:34se trumpise ?
34:35Moi j'ai trouvé
34:35que c'était la partie
34:36la plus intéressante.
34:37Elle nous dit...
34:37C'est pas inintéressant,
34:38mais c'est un peu hors-sujet.
34:40De toute façon,
34:40comme il y a trois sujets différents,
34:42tout est hors-sujet
34:42par rapport aux deux autres.
34:44La première partie
34:45était plutôt,
34:46moi j'ai trouvé intéressante,
34:47parce qu'elle nous dit
34:48est-ce que le business
34:50se rapproche
34:50du président de la République,
34:51par exemple,
34:52et dire,
34:52regardez les relations
34:53très très de proximité forte
34:54entre Emmanuel Macron
34:55et Bernard Arnault,
34:56oui,
34:57il y a une forme de...
34:58Est-ce que ça se mosquise
34:59au sens...
35:00Est-ce qu'on devient
35:01de plus en plus libertarien ?
35:02Est-ce que vraiment,
35:03aujourd'hui,
35:03la classe politique
35:03veut tailler à fond
35:05dans la dépense publique ?
35:06Dans le discours,
35:07oui,
35:08et dans le nombre de fonctionnaires,
35:09dans le discours,
35:09oui,
35:09dans la pratique,
35:10peut-être un peu moins,
35:11mais oui,
35:11il y a une tentation libertarienne.
35:12Ça, c'est le premier livre.
35:13Le deuxième,
35:14c'est ce dont Jean-Marc
35:15a surtout parlé,
35:16c'est, oui,
35:17alors Matignon,
35:17un petit peu en train
35:18de s'effacer,
35:19et Bercy est un ministère
35:20qui a beaucoup de pouvoir.
35:22Oui,
35:23et dans l'introduction,
35:24on le dit,
35:25qu'elle a trouvé
35:25un nouveau pouvoir émergent
35:27qui est celui de Bercy.
35:28Le pouvoir du ministère
35:29des Finances,
35:30il y a une date
35:31de quelques années,
35:31de quelques décennies,
35:32de quelques siècles.
35:33Donc,
35:34on ne découvre pas
35:35que Bercy a beaucoup
35:36de pouvoir en France.
35:38Elle nous dit,
35:38du coup,
35:38est-ce que c'est le ministre
35:39des Finances
35:41qui a du pouvoir
35:41ou est-ce que c'est le trésor
35:42en fait qui s'impose ?
35:43Et la conclusion
35:44qu'on lit depuis des années,
35:45des années,
35:45c'est que quand le ministre
35:46est faible,
35:47le trésor est fort
35:48et quand le ministre est fort,
35:48le trésor est plutôt faible.
35:50Donc là non plus,
35:50on n'apprend pas grand-chose.
35:51La dernière partie,
35:53qui n'est pas vraiment une partie,
35:54qui est une petite dizaine de pages,
35:56c'est,
35:56à la prochaine présidentielle,
36:01on est un peu
36:03dans le café du commerce.
36:04On n'apprend absolument
36:05rien du tout.
36:06C'est vrai,
36:07c'est très bien écrit,
36:08ça se lit extrêmement facilement,
36:10c'est un vrai travail
36:11pro d'écriture journalistique,
36:13mais sur le fond,
36:13franchement,
36:13il n'y a pas grand-chose à manger.
36:16Merci à tous les deux.
36:17Allez,
36:17c'est l'heure
36:18de revenir,
36:20non,
36:20de s'intéresser
36:21à notre étude
36:22de la semaine.
36:25BFM Business,
36:26la librairie de l'écho,
36:28l'étude de la semaine.
36:31Et on se penche
36:33cette semaine
36:34à l'approche
36:35des élections municipales
36:37sur l'évolution
36:38du commerce
36:40dans nos villes.
36:41C'est une étude
36:42FACT
36:42qui vient d'être publiée.
36:44Christophe Noël,
36:45bonjour.
36:47Bonjour.
36:48Christophe,
36:48vous êtes le délégué général
36:49de la FACT.
36:50Rappelez-nous
36:50ce qu'est la FACT.
36:52La FACT,
36:53c'est une fédération
36:54de l'immobilier
36:54spécialisée
36:55dans tous les murs
36:56de commerce,
36:57tous les lieux immobiliers
36:59dédiés à l'accueil
37:00du commerce en France.
37:01Alors,
37:02Christophe,
37:03première surprise
37:05dans votre étude
37:06puisqu'on est toujours
37:08sur un peu l'image
37:09d'une désertification
37:11de nos centres-villes.
37:12Vous dites,
37:13la vacance commerciale,
37:15il y a quand même
37:16pas mal de villes
37:17dans lesquelles
37:18on constate
37:19une amélioration.
37:21Effectivement,
37:22il y a une tendance générale
37:23à la hausse
37:24de la vacance commerciale,
37:25c'est-à-dire le nombre
37:26de magasins vides
37:27dans les villes françaises
37:28qui continuent à progresser,
37:29mais ce n'est pas
37:30le cas partout.
37:31Et on commence visiblement
37:33à sentir les effets
37:34des politiques publiques
37:35mises en place
37:36pour essayer de redonner
37:38de l'attractivité
37:39au centre-ville.
37:41Et il y a de plus en plus
37:42de villes
37:42qui enregistrent
37:43une régression
37:44de ce fameux
37:45taux de vacances,
37:46parfois dans des proportions
37:47très significatives.
37:48presque 40% des villes françaises
37:52sont parvenues
37:52à réduire
37:53leurs vacances
37:54depuis 2019.
37:56Absolument.
37:57Et même dans les villes
37:57de 50 à 100 000 habitants,
37:59c'est carrément
38:0048% des villes
38:01qui ont vu
38:01ce taux régresser.
38:03Alors, ça ne veut pas dire
38:03que c'est la fin du problème,
38:05mais c'est quand même
38:06un signe d'amélioration
38:07très notable,
38:08en particulier
38:08si on compare...
38:09La période qu'on a observée,
38:11c'est la dernière
38:12mandature municipale,
38:13mais si on compare
38:14cette période-là
38:15par rapport à celle d'avant,
38:16l'avant-dernière mandature,
38:17là, la différence
38:18est flagrante.
38:19La situation se dégradait
38:20partout de façon
38:21très rapide
38:21et c'est ce qui a aussi
38:22justifié de la mobilisation
38:24des acteurs publics,
38:25du lancement du plan
38:26Action Cœur de Ville,
38:27Petite Ville de Demain
38:28et tout ça,
38:29sans, dans les villes
38:30moyennes en particulier,
38:31commencer à porter ses fruits.
38:32Alors, justement,
38:33qu'est-ce qui a fonctionné ?
38:36Qu'est-ce qui a permis
38:37que, finalement,
38:38cette augmentation
38:39de la vacance
38:40soit en partie frémée ?
38:43Alors, notre étude,
38:44elle fait parler,
38:45elle fait témoigner
38:46des maires, justement,
38:47dans chacune des catégories
38:48de villes
38:49qu'on a définies.
38:51Et ce qui est vraiment commun
38:52à l'ensemble de ces élus,
38:53c'est qu'ils témoignent
38:54de l'activation
38:56de tous les leviers
38:57qui peuvent contribuer
38:58à redynamiser,
39:00à revitaliser
39:00les centres-villes.
39:01En fait,
39:02ce n'est pas que des actions
39:02sur le commerce,
39:04c'est des actions
39:04sur le tourisme,
39:06sur la culture,
39:07sur la restauration
39:08du patrimoine,
39:09sur tout ce qui touche
39:10au parcours client,
39:11c'est-à-dire comment est-ce
39:12qu'on accède au centre-ville,
39:13comment est-ce qu'on réaménage
39:14des accès publics,
39:15et puis aussi des politiques
39:16en faveur du logement,
39:18des politiques qui visent
39:19à faire revenir
39:20des actifs en centre-ville,
39:21parce que les salariés,
39:23ce sont aussi des consommateurs
39:24pour les commerces.
39:25Ce que vous soulignez aussi
39:26dans l'étude
39:27qui est passionnant,
39:28c'est qu'il n'y a pas
39:30de fatalité du déclin.
39:32Par contre,
39:32ce qui est vraiment fondamental,
39:34c'est la capacité
39:36à faire travailler ensemble
39:38les acteurs du public
39:39et du privé.
39:41Oui, il y a deux choses
39:42dans ce que vous dites.
39:43Il n'y a pas de fatalité
39:44parce qu'effectivement,
39:45on a recherché
39:45s'il y avait un lien
39:46entre, par exemple,
39:47l'évolution de la population
39:48sur la même période
39:50et justement,
39:51l'évolution de la vacance
39:52commerciale.
39:53Alors non,
39:53il n'y a aucune corrélation
39:54pour les 355 villes observées.
39:56Et ensuite,
39:57le second point
39:58que vous soulevez,
39:59il est très juste.
39:59C'est la question
40:00de la gouvernance
40:01et du pilotage
40:02de ces politiques publiques.
40:03Vous savez,
40:03on parle par exemple
40:04beaucoup des managers
40:05de commerce.
40:06Ils ont un rôle
40:07qui a vraiment prouvé
40:08son efficacité,
40:10mais un manager de commerce,
40:11il peut faire des choses
40:12si derrière,
40:12il est soutenu
40:13par les autres politiques publiques,
40:15par les départements
40:16de la voirie,
40:17par les gens
40:17qui sont en charge
40:17du logement,
40:18par les gens qui sont
40:19en charge
40:19de l'attractivité
40:20et du développement économique.
40:22Et donc,
40:22c'est bien en alignant
40:24l'ensemble des acteurs publics
40:25et sans oublier aussi
40:26les acteurs privés
40:27parce que je crois
40:28qu'à chaque fois,
40:29ça s'appuie
40:29sur des investisseurs,
40:31sur des porteurs de projets,
40:32sur des commerçants indépendants
40:34qui se battent
40:35eux aussi
40:36pour redonner
40:38cette attractivité aux villes.
40:40Merci beaucoup,
40:41Christophe Noël,
40:42délégué général de la FACT
40:43qui publie
40:43cette étude passionnante
40:45Le commerce
40:46dans les villes françaises
40:47à la veille
40:47des élections municipales.
40:492026.
40:51Allez,
40:51c'est l'heure
40:52de nos multiples études
40:54et statistiques
40:55de la semaine.
40:57BFM Business,
40:59la librairie de l'écho.
41:00Des idées
41:01et des chiffres.
41:03Notre première étude
41:05de la semaine,
41:06c'est le baromètre
41:07Doubs
41:07pour l'année 2025
41:09sur les vrais revenus
41:10des entrepreneurs
41:11français.
41:12Et on y apprend
41:13beaucoup de choses
41:14dans ce baromètre inédit
41:15sur la rémunération
41:16des entrepreneurs.
41:17il se base
41:18sur les flux financiers
41:19réels
41:20de plus de 20 000
41:21sociétés tricolores.
41:23Alors,
41:24ce qu'on apprend d'abord,
41:25c'est que 53%
41:26des entrepreneurs
41:26ne se versent
41:28aucune rémunération.
41:30Parmi la part
41:31des entrepreneurs
41:32qui ne se rémunèrent pas,
41:3362% bénéficient
41:35de l'ARE
41:36et l'utilisent
41:38à leur lancement,
41:39l'aide de retour
41:40à l'emploi.
41:41Ceux qui le peuvent
41:42affichent une rémunération
41:43médiane
41:44de 21 631 euros
41:47par an,
41:48soit près de 20%
41:49de moins
41:50que le salaire
41:50médian national.
41:52Alors,
41:52cette moyenne
41:53cache des profils
41:53très différents.
41:55Le premier,
41:56c'est le profil majoritaire,
41:57c'est celui
41:57des entrepreneurs
41:58qui privilégient
41:59le 100% salaire,
42:01une option jugée
42:02plus stable
42:02et plus lisible.
42:04Là,
42:04la rémunération médiane,
42:05on est un peu au-dessus
42:06de 15 000 euros.
42:07Ensuite,
42:07il y a le profil mixte
42:08qui concerne
42:09près de 20%
42:10des dirigeants,
42:11salaire plus dividende
42:13avec une rémunération
42:14plus élevée
42:15autour de 29 000 euros
42:17et puis les entrepreneurs
42:18les plus établis
42:19qui privilégient
42:20eux le 100%
42:21dividende
42:22avec une rémunération
42:23médiane
42:24de 52 000 euros,
42:28sachant que les écarts
42:28restent très importants
42:30en matière de revenus
42:31entre secteurs
42:31les plus hauts revenus
42:33se situant
42:34évidemment
42:34dans l'informatique
42:35alors que les dirigeants
42:37du commerce,
42:37du BTP
42:38ou de l'artisanat
42:39restent
42:41sur des salaires
42:41deux à trois fois
42:42moins élevés
42:43que ceux des patrons
42:43de l'informatique.
42:49Deux études
42:50sur les retraites
42:51regroupées
42:52parce qu'elles éclairent
42:54deux facettes
42:54d'un même phénomène,
42:56d'une même réalité.
42:57Les Français
42:57n'ont plus confiance
42:58dans notre système
43:00de retraite.
43:00Ainsi,
43:01les futurs retraités
43:02anticipent une perte
43:03de plus de 30%
43:04de leur pouvoir d'achat.
43:06Ça,
43:06c'est le baromètre
43:07du moral
43:07des futurs retraités
43:09mythes réalisés
43:10avec Odoxa.
43:12Très précis,
43:13même si plus d'un Français
43:15sur deux
43:15avouent ne pas très bien
43:16comprendre
43:17comment fonctionne
43:17notre système
43:18de retraite.
43:19Et puis,
43:20la deuxième étude,
43:22c'est celle
43:22de Paul Enroll
43:23pour Godvest
43:24qui met en lumière
43:25des chiffres révélateurs
43:27sur le rapport
43:27des Français
43:28à l'épargne
43:30et à la retraite.
43:3170%
43:32des Français
43:34ne font pas confiance
43:34à l'État
43:35pour garantir
43:36leur retraite
43:36et 73%
43:38se disent
43:38favorables
43:39à l'instauration
43:39d'un système
43:40par capitalisation,
43:42système par capitalisation
43:43qui n'est pas
43:44généralisé
43:44et qui,
43:45à défaut,
43:46débouche
43:47sur une capitalisation
43:48privée,
43:50soit financière,
43:52soit immobilière.
43:53Le chiffre
43:54de la semaine.
43:54Et c'est cette étude
43:59assez époustouflante
44:02du Trésor
44:04qui met en regard
44:05finalement
44:06l'évolution
44:07du niveau scolaire
44:08des jeunes Français
44:09et la croissance économique.
44:12Alors,
44:12le constat
44:13sur le niveau
44:14de nos élèves,
44:14il est extrêmement
44:15préoccupant.
44:17On passe
44:17sur toutes
44:19les dégringolades
44:20dans les classements
44:21PISA,
44:21notamment en mathématiques.
44:23La direction du Trésor
44:24qui réalise cette étude
44:25le dit
44:26de façon
44:26encore plus saisissante.
44:28Seuls 1%
44:28des élèves
44:29d'aujourd'hui
44:30sont au niveau
44:31des 10%
44:32les meilleurs
44:34en 1987
44:36et 56%
44:37des élèves
44:38d'aujourd'hui
44:38ont un niveau
44:40inférieur
44:41au niveau
44:41atteint
44:42par les 10%
44:42les moins performants
44:44de 1987.
44:46Et cet effondrement
44:46scolaire
44:47a un coût
44:47économique exorbitant
44:48puisqu'il expliquerait
44:4960%
44:50du recul
44:51des gains
44:51de productivité
44:52et donc
44:53du potentiel
44:54de croissance
44:55de l'économie
44:55française.
45:00Le coup de cœur
45:04cette semaine
45:05c'est avec
45:06notre spécialiste
45:07de la politique
45:08économique
45:08à BFM Business
45:10Hugo Babé.
45:11Bonjour Hugo.
45:12Bonjour.
45:12Alors Hugo
45:13il nous fait
45:13le grand écart
45:14intellectuel
45:15puisqu'il était venu
45:16il y a quelques semaines
45:17nous présenter
45:18les travaux
45:18de l'Institut
45:19La Boétie
45:20donc proche
45:21de LFI
45:22et là
45:22cette semaine
45:23il va disséquer
45:25pour vous
45:26le nouveau livre
45:27de Jordan Bardella
45:28et notamment
45:28évidemment
45:29les aspects
45:30économiques
45:31du livre
45:33de Jordan Bardella
45:34c'est quoi
45:35ce livre
45:36Hugo Babé
45:36comment vous l'avez
45:37appréhendé ?
45:39le livre
45:39c'est 20 portraits
45:40de français
45:41mais pour exposer
45:43les propres idées
45:44politiques
45:45et économiques
45:46de Jordan Bardella
45:47la construction
45:47du livre
45:48c'est à chaque fois
45:49la même chose
45:49un récit
45:50d'un français
45:51puis derrière
45:52un encart politique
45:53où Jordan Bardella
45:54va présenter
45:55va développer
45:56ses idées
45:56puis retour au portrait
45:58pour conclure
45:59ces 20 portraits
46:00séparés
46:01en 8 chapitres
46:02dont 2
46:02particulièrement économiques
46:04ceux qui nous nourrissent
46:06le tout premier chapitre
46:07et ceux qui bâtissent le pays
46:09le premier portrait
46:10par exemple
46:10c'est Bernard
46:1155 ans
46:12pêcheur à 7
46:13il développe ses idées
46:15sur le travail
46:16il dit
46:16travailler plus de 80 heures
46:17par semaine
46:18parle de sa retraite
46:19de la multiplication
46:21des éoliennes en mer
46:22puis Jordan Bardella
46:23reprend
46:24avec ses idées
46:25alors évidemment
46:26ce qui nous intéresse
46:27c'est
46:27les petits cailloux
46:29que sème
46:29Jordan Bardella
46:30est-ce qu'on y voit
46:32plus clair
46:32sur
46:33ce que sera
46:35la politique
46:37économique
46:37du rassemblement
46:38national
46:39si jamais
46:40le front
46:41national
46:42si jamais
46:42le rassemblement
46:44national
46:45arrive au pouvoir
46:45alors déjà
46:46on voit les idées
46:47qui sont déjà
46:48dans le programme
46:49du rassemblement national
46:50et qui sont débattues
46:50en ce moment
46:51avec le budget
46:51donc la promotion
46:53des petites et moyennes
46:54entreprises
46:54la promotion
46:55du nucléaire
46:56dans le cadre
46:57de la politique énergétique
46:58mais on voit aussi
46:59des idées
47:00qui soit
47:01ont disparu
47:02du programme
47:02du rassemblement national
47:03comme la critique
47:05de l'euro
47:05la monnaie
47:06par les mots
47:06de Corrado
47:07par exemple
47:08restaurateur
47:08ou des idées
47:09qu'on ne voit
47:10complètement
47:11jamais
47:11dans le programme
47:12du rassemblement national
47:13c'est par exemple
47:14l'héritage
47:15Olivier Boulanger
47:16qui dit un héritage
47:17englouti
47:18dans les taxes
47:19c'est sur la retraite
47:21avec cette phrase
47:21aujourd'hui
47:22on vit plus longtemps
47:23et il manque de l'argent
47:25repris par Jordan Bardella
47:26c'est assurément
47:27le sentiment
47:27de beaucoup de français
47:28alors Hugo
47:29j'ai quand même
47:30une question très importante
47:31ce que vous nous dites
47:32c'est est-ce que
47:33les idées
47:34que développe
47:35Jordan Bardella
47:36est-ce que c'est
47:37le nouveau programme
47:38du rassemblement national
47:39c'est là la nuance
47:40ou bien
47:41est-ce que ce sont
47:42les idées propres
47:43à Jordan Bardella
47:44qui ne sont pas
47:46forcément
47:46complètement alignées
47:48sur celles
47:48du rassemblement national
47:49et vous me voyez venir
47:50donc sur celles
47:51de Marine Le Pen
47:51donc est-ce que concrètement
47:53il y a des divergences
47:54philosophiques
47:55entre Jordan Bardella
47:58et Marine Le Pen
47:58typiquement ma préférée
48:00cette citation de Pascal
48:02salarié d'ArcelorMittal
48:04qui dit
48:05le monde de la finance
48:06nous gouverne
48:07et nous gouvernera
48:08peu importe le parti
48:09on le retrouve pas vraiment
48:10dans le programme
48:11de Marine Le Pen
48:12la même chose
48:13dans cette entrepreneuse
48:15qui dit
48:15j'ai l'impression de payer
48:16pour ceux qui ne se lèvent pas
48:17le mot assistana
48:19par exemple
48:20n'ira jamais
48:21dans la bouche
48:22de Marine Le Pen
48:23alors que Jordan Bardella
48:24lui l'utilise
48:26ce mot
48:26le développe
48:27dans son livre
48:28donc il y a une vraie nuance
48:29de programme
48:30vous dites quelque chose
48:31là encore
48:32de très important
48:33le mot assistana
48:35celui qui l'emploie
48:37c'est Jordan Bardella
48:38c'est Jordan Bardella
48:39et c'est les républicains
48:40mais c'est aussi
48:41Laurent Wauquiez
48:41et donc
48:42ce qui est intéressant
48:45pour vous
48:45dans ce livre aussi
48:46c'est que
48:47ce livre
48:47il s'adresse autant
48:48aux électeurs de la droite
48:49qu'aux électeurs du RN
48:51c'est ça
48:51c'est beaucoup plus intéressant
48:52que l'autobiographie
48:53de Jordan Bardella
48:54qui ne s'adressait
48:55qu'aux électeurs
48:56du Rassemblement National
48:57là c'est vraiment
48:58développer d'autres thématiques
48:59l'héritage
49:00la retraite
49:01le soutien aux entreprises
49:02le travail
49:03qui sont des thématiques
49:04de la droite
49:05de l'UMP
49:06des républicains
49:07ou alors
49:08des autres partenaires
49:09du Rassemblement National
49:11Eric Ciotti
49:12l'UDR
49:13ou reconquête
49:14c'est un programme
49:15un peu
49:15d'union des droits
49:16de la droite
49:17libérale
49:17et économique
49:18très intéressant
49:19cette lecture
49:20donc du deuxième livre
49:21de Jordan Bardella
49:23ce que veulent
49:24les français
49:24aux éditions
49:25Fayard
49:26allez c'est l'heure
49:27de nos ultimes choix
49:28BFM Business
49:30la librairie de l'écho
49:32les livres
49:34de la dernière minute
49:35Jean-Marc Daniel
49:37quelle est votre
49:38dernière sélection
49:39pour aujourd'hui ?
49:40Alors j'ai choisi
49:41un livre de
49:42Cédric Lewandowski
49:43j'espère que je n'écorche
49:44pas son nom
49:44parce qu'il y a
49:45plusieurs W dans son nom
49:46et qui est responsable
49:48de la sécurité
49:48d'EDF
49:49et qui publie un livre
49:50sur la sécurité
49:51des entreprises
49:51c'est un petit
49:52que sais-je
49:52un inédit
49:53que sais-je
49:54est en train
49:54d'essayer
49:55de diversifier
49:56un peu son offre
49:57et donc
49:57il décrit alors
49:59à la fois
49:59la sécurité des entreprises
50:00telle qu'on peut l'imaginer
50:02le fait qu'il faut éviter
50:03qu'on vous cambriole
50:04mais il dit
50:05c'est une notion
50:06qui est en train
50:07de s'élargir
50:07d'abord il faut préserver
50:08ses données
50:09ensuite il faut préserver
50:10son accès à l'électricité
50:11enfin il montre bien
50:12qu'il y a des enjeux
50:13qui sont des enjeux
50:14de plus en plus importants
50:15et que les entreprises
50:16sont obligées
50:16d'y consacrer
50:17de plus en plus d'argent
50:18pour faire face
50:19à des menaces
50:19qui sont en train
50:21de se multiplier
50:21alors c'est court
50:23bien écrit
50:23et assez percutant
50:24donc c'est un livre
50:25qui est assez intéressant
50:26à lire
50:27très bien
50:28Christian
50:29moi j'ai choisi
50:30un livre qui est sorti
50:31il y a quelques années
50:32mais qui vient d'être
50:32republié
50:33avec une version enrichie
50:34c'est un peu
50:34les mémoires d'Edkathul
50:35qui était l'ancien patron
50:38de Pixar
50:38et donc c'est extrêmement
50:40fluide
50:41très très bien écrit
50:42si vous êtes fan
50:42de Toy Story
50:43et de The Utopie
50:44dont le numéro 2
50:45est en train de sortir
50:46vous avez des petites
50:47anecdotes internes
50:49sur comment on fabrique
50:50ces dessins animés
50:51très très populaires
50:53et puis surtout
50:54Edkathul prend du recul
50:56et nous dit
50:56quand on veut vraiment
50:58faire de l'innovation
50:58quand on veut vraiment
50:59être créatif
51:00voilà les quelques conseils
51:01que je peux vous donner
51:02et je vous en donne
51:04un ou deux
51:04il ne faut pas planifier
51:05à trop long terme
51:06parce qu'on planifie
51:06que les choses connues
51:07toujours travailler
51:08sur 2-3 idées originales
51:09en même temps
51:10et il nous dit
51:10à un moment donné
51:11je peux vous donner
51:11plein de conseils
51:12mais en fait
51:12entre le succès
51:13et l'échec d'un produit
51:14ce qui se passe vraiment
51:15c'est surtout le hasard
51:16qui va décider
51:17et moi je termine
51:19alors deux livres
51:20à mettre en regard
51:21que j'ai beaucoup aimé
51:23c'est alors un roman
51:24Asma Mala
51:25Cyberpunk
51:26le nouveau système totalitaire
51:28c'est aux éditions
51:29du Seuil
51:30alors elle part évidemment
51:31du monde réel
51:33et notamment de cette alliance
51:34entre les gourous
51:36de la Silicon Valley
51:37et les idéologues
51:38néo-réactionnaires
51:39mais elle nous raconte
51:41finalement comment tout ça
51:42donne lieu à une forme
51:43de néo-fascisme
51:45où elle nous dit
51:45l'état semble s'effacer
51:47mais en fait
51:48pour mieux tout contrôler
51:49et en gros
51:50demain
51:51nous ne serons pas
51:53augmentés
51:54nous serons programmés
51:55et d'autant plus
51:56que nous serons
51:57vulnérables et faibles
51:58et là
51:59ça a fait écho
52:00avec un autre livre
52:00que je vous recommande
52:02fortement
52:02c'est le dernier livre
52:03d'Alain Bentolila
52:04notre linguiste
52:06qu'on a reçu déjà
52:07plusieurs fois
52:07dans la librairie de l'écho
52:08qui publie
52:08Demain la barbarie
52:10et qui tire la sonnette
52:11d'alarme
52:11sur la baisse
52:12du niveau scolaire
52:13sur notamment
52:14l'importance
52:15de l'illettrisme
52:16et comment il faut
52:17d'urgence
52:18que parents
52:19et enseignants
52:20se retrouvent
52:22autour de ce combat
52:23contre la culture
52:25et l'illettrisme
52:26c'est aux éditions
52:27Istia et compagnie
52:28voilà
52:29c'est la fin
52:29de cette librairie
52:30de l'écho
52:31on se retrouve
52:32la semaine prochaine
52:32et d'ici là
52:33bonne lecture
52:34Sous-titrage Société Radio-Canada
52:36Sous-titrage Société Radio-Canada
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