- il y a 5 heures
Lundi 1 décembre 2025, retrouvez Fix (dessinateur) dans PÉRIODE D'ESSAIS, une émission présentée par Cem Algul.
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00:00Vous regardez l'émission Période d'essai qui donne la parole à celles et ceux qui écrivent le monde du travail.
00:13Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Fix qui est l'auteur de Full Corporate Bullshit, grand dictionnaire de l'entreprise.
00:20C'est publié chez Guitre et Daniel. Fix, bonjour.
00:23Bonjour, merci de me recevoir.
00:25Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours qui vous a mené jusqu'à Full Corporate Bullshit ?
00:30Alors c'est un parcours un petit peu étrange avec une grosse bifurcation au milieu.
00:34Donc moi aujourd'hui je suis dessinateur, dessinateur de presse et je suis spécialisé sur le dessin humoristique autour du monde de l'entreprise, du monde du travail en général.
00:44Toujours avec un angle humoristique.
00:45Et par contre je suis complètement autodidacte sur le dessin, je ne sors pas des Beaux-Arts ou je ne sais quelle école d'art.
00:54J'ai toujours dessiné mais pour mon plaisir.
00:56Moi j'ai eu une formation très classique avec des études, je suis allé en école de gestion, je suis diplômé d'HEC et ensuite pendant deux ans j'ai travaillé dans une start-up et ensuite pendant une douzaine d'années dans un cabinet de conseil parisien.
01:11Donc allé faire du conseil en organisation, conduite de projet autour de grands groupes.
01:15Et puis en 2012 j'ai vrillé, je suis parti faire du dessin, ce qui était mon rêve de toujours.
01:23Et aujourd'hui j'ai travaillé plus longtemps en tant que dessinateur qu'en tant que consultant ou quoi que ce soit d'autre.
01:28Donc je suis entièrement dessinateur.
01:30On est ravis puisqu'on vous reçoit pour ça.
01:32Et est-ce que vous pouvez nous dire ce qui vous a donné envie de vous intéresser au monde du travail ?
01:38Alors sur le monde du travail, quand j'ai décidé de me lancer dans le dessin, je pensais au départ aller faire de la baie d'historique ou des choses comme ça.
01:46Et puis je me suis rendu compte que l'univers sur lequel j'avais des choses à dire, des choses à raconter parce que je les avais vécues,
01:52c'était cet univers de l'entreprise, cet univers du travail.
01:57Et je pense que pour bien raconter des choses, il faut les avoir, c'est important de les avoir vécues.
02:01Enfin en tout cas on les raconte mieux quand on les a vécues dans sa chair, dans ses tripes.
02:06Et moi j'ai été manager, j'ai été manager, j'ai embauché des gens, j'ai été embauché, j'ai licencié des gens, j'ai été licencié aussi.
02:15Enfin voilà, j'ai vécu des milliers d'heures de réunions je pense, j'ai écrit des centaines de millions de messages.
02:22Enfin voilà, le quotidien du cadre, je le connaissais par cœur.
02:26Et donc c'est pour ça que j'ai eu envie d'aller raconter des choses là-dessus.
02:29Puis je pense qu'il y avait un petit peu un rôle de catharsis aussi un peu en en sortant.
02:32Et alors le livre, la bande dessinée se présente comme un grand dictionnaire de l'entreprise.
02:39Il y a votre expérience qui a joué, mais est-ce que vous pouvez nous parler du travail d'observation, de collecte et finalement de rendu en ce qui concerne le travail ?
02:49Je dirais qu'il y a plusieurs couches qui se sont sédimentées.
02:53Il y a une première couche qui est effectivement ma propre expérience, mon propre vécu.
02:58Et puis il y a aussi tout ce que je capte, on va dire par infusion, quand je vais en entreprise.
03:05Puisque aujourd'hui j'ai une bonne partie de mon activité qui consiste à aller faire du dessin en direct lors de séminaires, lors de formations, lors de conférences.
03:15Toujours du dessin humoristique, mais lors de séminaires de stratégie ou de séminaires annuels de telle ou telle unité, etc.
03:24Donc je capte à ce moment-là pas mal de choses que je peux réintégrer ensuite dans des dessins.
03:31Full corporate bullshit, pourquoi ce titre ?
03:34Ça claquait.
03:36Vendeur ?
03:37Oui, voilà, ça me plaisait, je trouvais ça marrant.
03:41Il y a une petite référence à Full Metal Jacket, bien entendu.
03:44J'ai essayé de reprendre la police.
03:47Voilà, puis ça claquait bien.
03:49La bande dessinée, elle fait la part belle au jargon d'entreprise, qui est fait d'anglicismes, de formules creuses, de mots valises aussi, qui veulent tout et rien dire.
03:59Qu'est-ce que cette novlangue, elle révèle de notre rapport au travail, selon vous ?
04:03Alors je ne sais pas exactement ce qu'elle révèle de notre rapport au travail, mais moi ce qui m'intéressait derrière, c'est...
04:10Moi j'ai rassemblé tout ça sous le terme de bullshit, effectivement, qui est une thématique qui revient souvent dans mes bouquins.
04:17Et ce qui m'intéressait d'attaquer, c'était le côté, effectivement, des mots vitrines, qu'on jette un petit peu partout, dans les discours ou dans les présentations PowerPoint,
04:29qui font bien, qui brillent de manière très très jolie, qui ont souvent un petit accent californien,
04:36et derrière lesquels personne ne sait toujours... ne sait vraiment ce qu'il y a de précis, qui souvent sont un petit peu... sont un peu creux, effectivement.
04:46Et moi ce qui m'intéressait, c'était d'aller attaquer le sujet de toute cette énergie mise autour de choses assez vite, ça me paraissait un peu... un peu absurde.
04:59Alors ces mots sont ceux de personnages qui sont récurrents, est-ce que vous pouvez nous en présenter rapidement quelques-uns ?
05:06Il y a le manager, le syndicaliste, la communicante... voilà, est-ce qu'on peut parler un peu de ces personnages-là ?
05:10Alors moi ce que je fais, c'est quand même surtout de l'humour pour cadre, on est dans une entreprise, ça se passe tout dans une entreprise dont l'activité n'est pas identifiée,
05:18mais ça n'a aucune importance.
05:21On est dans des bureaux, il n'y a pas de côté... on n'est pas face à des clients, on n'est pas face à des machines dans une industrie, etc.
05:30Donc c'est de l'humour pour cadre de bureau. Le personnage principal, c'est un cadre intermédiaire, on va dire, un manager intermédiaire.
05:39Et après les autres personnages, il y a le directeur qui est mégalomaniaque, irascible et un petit peu dépassé par l'époque.
05:47Il y a le directeur financier qui est un monomaniaque des chiffres et de la réduction de budget.
05:53Il y a la directrice marketing qui passe son temps à pipoter à n'importe quoi et à changer la couleur des charts.
05:59Et il y a le directeur commercial qui, bien entendu, est personnifié par un loup.
06:04Pourquoi des animaux ?
06:05C'est très pratique.
06:07Déjà, les animaux, ils ont toujours un assez bon capital sympathie.
06:13Ensuite, c'est facile de leur donner des personnalités.
06:18Selon l'animal que vous allez choisir, le directeur commercial, c'est un loup,
06:21parce qu'on se doute bien qu'il est vorace, agressif, qu'il va vous tomber dessus au coin du bois.
06:26Et troisièmement, ça permet aussi une prise de recul.
06:29Tout simplement, on ne se projette pas trop dans des personnages animaux
06:33par rapport à des personnages qui seraient un peu trop proches des situations réelles.
06:38Donc ça permet une mise à distance qui, je pense, favorise le type d'humour que j'essaie de pousser.
06:44Alors, fixe, full corporate bullshit, c'est aussi un grand dictionnaire.
06:47Moi, j'ai choisi un des mots, je me permets d'en lire la définition, c'est le mot agile.
06:52D'accord.
06:53Donc agile, selon vous, c'est un nom propre devenu commun, de genre flou,
06:57mais ce n'est pas grave vu qu'il est très agile.
06:59Et vous définissez le mot agile comme une méthode de travail hyper à la mode
07:03dans le domaine des projets informatiques,
07:05permettant de stresser tout le monde en remplaçant la gestion de projet
07:08pépère à l'ancienne par des sprints,
07:10des scrums et des stand-up meetings
07:12où l'on colle des post-its sur les murs
07:14sans même plus savoir se planquer dans son bureau entre deux réunions,
07:17vu qu'il n'y a plus de bureau,
07:19mais juste un grand plateau agile, partagé,
07:22où, pas de chance,
07:23votre donneur d'ordre est assis juste derrière vous
07:25et peut voir ce que vous faites à l'écran.
07:28Vous moquez ici la méthode agile
07:30qui est devenue un symbole presque de travail moderne,
07:34et vous le dites sans qu'on sache vraiment ce que ça veut dire.
07:37Est-ce que cette ironie traduit un ras-le-bol des modes manageriaux
07:42ou est-ce qu'il faut y voir une critique peut-être un peu plus profonde
07:45du rapport à la performance et à l'urgence qu'elles entretiennent ?
07:50Alors les deux, mon capitaine.
07:52Non, alors pour le coup, agile, on voit très bien ce que c'est
07:54et c'est pour le coup une méthode de conduite de projet tout à fait précise.
07:59Moi, il se trouve que j'ai vécu un petit peu les deux dans mon passé.
08:02J'ai vécu de la conduite de projet effectivement à l'ancienne
08:05où c'était hyper cloisonné, il y avait des silos
08:07et tout le monde s'abritait derrière les parois des silos.
08:11Et c'était franchement tranquille, quoi.
08:13Et par contre, le mode agile, là, ça dépote beaucoup plus
08:17et effectivement, on n'est plus du tout dans le même rapport
08:21au temps et au projet.
08:27Finalement, ça va plus vite, c'est plus simple
08:30et c'est aussi plus efficace.
08:32Pour le coup, c'est une méthode qui, j'ai l'impression, marche plutôt pas mal
08:35et qui, pour le coup, est devenue mainstream.
08:38Tout le monde s'est mis à faire de l'agile.
08:40Et donc, moi, mon rôle en tant qu'humoriste,
08:42c'est de venir souligner un petit peu ce qui pêche un petit peu
08:47dans cette merveilleuse méthode agile.
08:50Et c'est typiquement le fait qu'effectivement,
08:52on est dans la vitesse et dans la performance,
08:56il y a moins de gras, on va dire.
09:00Ce qui est quand même une tendance globale
09:02dans les modes de management actuels.
09:05Fix, j'ai choisi un mot et sa définition.
09:08Maintenant, c'est à votre tour.
09:10Si vous voulez bien en choisir un pour nous le lire et nous l'expliquer.
09:13Alors, j'ai choisi au hasard le mot citation.
09:17Alors, la définition, c'est petite citation,
09:19petite phrase qui claque bien
09:20et qu'on aime glisser dans une conversation ou une présentation
09:22pour avoir l'air cultivé.
09:24En l'attribuant aléatoirement à
09:26Les citations d'Hitler, de Pol Pot, de Staline et d'Elon Musk
09:38ont aussi eu leur moment de popularité,
09:39mais sont moins à la mode depuis quelques temps.
09:42Voilà, et tous les membres de la...
09:44Toutes les personnes dont on cite le nom
09:46sont membres du CPMMQPBSICAA,
09:51le club des personnalités mortes,
09:53mais qui présente bien
09:53« Source inépuisable de citations apocryphes et approximatives ».
09:57Super.
09:57On a la liste des auteurs de références à citer.
10:02Et vous pouvez mélanger les citations.
10:05Et donc, pourquoi cet intérêt sur les citations ?
10:06Parce que j'en peux plus des citations dans tous les sens
10:08qui sont mises à toutes les sauces et qui souvent sont fausses.
10:11Ok.
10:13J'ai hâte de savoir ce que mes enfants me feront dire
10:15une fois que je serai mort.
10:16Peut-être qu'ils citeront full corporate bullshit.
10:18Ce serait déjà pas mal.
10:19On va rester sur cette question des tendances
10:21puisque vous multipliez les allusions
10:23aux grandes tendances de l'entreprise contemporaine.
10:27Donc, on va faire un petit jeu, si vous le voulez bien.
10:30Je vais vous donner une tendance
10:31et vous allez me dire ce que vous en pensez
10:33si je vous dis le télétravail.
10:37Bien, mais pas trop.
10:38La transformation digitale.
10:41C'est tellement 2010.
10:43Quête de sens.
10:46C'est comme la quête du Graal, il n'y a pas de fin.
10:48Et est-ce que, question bonus, selon vous,
10:51ces notions, elles ont encore une substance
10:53ou elles se sont totalement vidées ?
10:57Non, je pense que ça a toujours du sens.
10:59Le télétravail, c'est une problématique
11:00parfaitement actuelle pour toutes les entreprises.
11:03On est en train d'assister à un retour de balancier.
11:06Les gens commencent à être ramenés au bureau,
11:09en quelque sorte, il y a aussi en doute
11:12une histoire d'équilibre à trouver.
11:16Transformation digitale, c'est un truc
11:18qui est derrière nous, moi, déjà, je pense,
11:20en grande partie.
11:22La quête de sens, par contre,
11:23moi, je pense que ce n'est pas une question
11:25liée au monde du travail.
11:27Pas que.
11:28C'est une question qui reste absolument,
11:33qui doit être absolument centrale
11:35et qui reste centrale.
11:38Alors, il y a plusieurs définitions
11:39qui pointent la vacuité
11:41de certains mots-clés du management.
11:42Je pense à synergie.
11:44Est-ce qu'on peut s'attarder dessus ?
11:47Synergie, oui, je ne sais pas.
11:51Pour moi, c'est un mot qui fleurbont
11:55les années 80, quoi.
11:56Enfin, où on faisait des fusions d'entreprises
11:58en espérant qu'il y aurait des synergies
12:00qui s'en dégageraient.
12:01Et puis, on s'apercevait bizarrement
12:02que finalement, non, pas vraiment.
12:05Donc, non, synergie, je n'ai pas.
12:08Enfin, pour le coup, pour moi,
12:10c'est un mot valise, oui, effectivement.
12:12Collaboratif.
12:14Un mot à la mode.
12:16Oui, on mettait du co partout à un moment.
12:18On continue.
12:19C'est vrai que, oui,
12:22quand on se frotte les uns aux autres,
12:23ça peut produire des aspects positifs.
12:26Et transformation ?
12:27Alors ça, c'est un truc qui me fascine
12:30et qui a été théorisé, d'ailleurs.
12:34C'est la transformation perpétuelle.
12:36C'est le fait qu'il y a pas mal d'entreprises,
12:38maintenant, qui commencent à se dire
12:39« En fait, pour être sûrs
12:41qu'on ne va pas sombrer
12:43dans la sédimentation,
12:45dans l'entropie
12:45et dans l'inertie,
12:48il faut qu'on soit en transformation perpétuelle. »
12:50Donc, on secoue la bouteille d'orangina
12:51en permanence
12:52parce que la pulpe,
12:53elle a vraiment trop tendance
12:54à se déposer au fond.
12:56Donc, c'est pas évident.
12:56La transformation perpétuelle,
12:58c'est épuisant.
13:00Et en même temps,
13:01c'est peut-être incontournal.
13:02Je ne sais pas.
13:03Est-ce que ces mots, selon vous,
13:04ils n'agissent pas comme des masques
13:06qui sont destinés à cacher
13:09un peu un malaise organisationnel
13:11dont on parle beaucoup ces derniers temps
13:13à travers le bien-être,
13:15la quête de sens ?
13:17Alors, peut-être.
13:17Oui, il y a une part de bullshit
13:21dans les discours de management.
13:28Effectivement,
13:29je ne suis pas certain, très honnêtement,
13:31qu'il y ait plus de malaise
13:33au travail aujourd'hui qu'auparavant.
13:39Je pense que les gens sont situés
13:40dans des situations
13:41souvent quand même assez confortables
13:43qui peuvent se permettre
13:44de se poser la question
13:45du sens de leur boulot, etc.
13:46alors qu'auparavant,
13:47on était quand même plus
13:48dans une relation, on va dire,
13:50transactionnelle
13:50par rapport à son travail.
13:52Mais je trouve que c'est plutôt sain
13:53de se poser la question
13:54de qu'est-ce que je fous là ?
13:56Le dessin,
13:57parce que c'est un dictionnaire,
13:58mais un dictionnaire illustré,
14:01voilà,
14:01quels ont été les choix esthétiques
14:03qui vous, vous ont guidé
14:04dans le dessin
14:04avec ce sujet
14:06de grand dictionnaire de l'entreprise ?
14:09Alors, quand je fais des dessins,
14:10et notamment des dessins
14:11pour un exercice tel que ce dictionnaire,
14:15j'ai un impératif
14:17qui est la concision.
14:18Donc c'est vraiment du dessin de presse,
14:20et il faut arriver à raconter quelque chose
14:25et à raconter quelque chose
14:26qui soit à la fois drôle
14:28et un peu juste,
14:30qui dise quelque chose de vrai
14:32en un dessin.
14:33Donc il y a cette exigence-là
14:35qui fait que c'est souvent quand même
14:36assez simple comme dessin.
14:40Moi, c'est ce que j'aime.
14:42Et je pense que de toute façon,
14:43on est de plus en plus habitué
14:47à ce genre de représentation,
14:49à ce genre de message.
14:51Même les histoires de...
14:54Je ne sais pas,
14:55le Gaston Lagaffe,
14:56en 8 ou 10 cases,
14:58je trouve qu'on a plus de mal
15:00à les lire aujourd'hui
15:01qu'il y a quelques années.
15:03On est habitué aujourd'hui
15:04à des formats qui sont des formats courts,
15:06des formats percutants,
15:07et on a du coup cette exigence
15:10d'un dessin immédiatement performant.
15:15Et vous, en tant que dessinateur-auteur,
15:18comment est-ce que vous vivez
15:19cette injonction au format court ?
15:21Est-ce qu'elle vous convient ?
15:22Ou est-ce qu'on s'y plie finalement
15:24pour des exigences éditoriales, par exemple ?
15:27Elle me convient parfaitement.
15:29Moi, c'est ce que j'aime
15:29et c'est ce que je recherche.
15:32Je pense que la conclusion
15:34est une grande qualité
15:35en dessin, comme en musique,
15:38comme en littérature,
15:39et sans doute en management aussi.
15:40Alors, vous faites du dessin de presse.
15:43Qu'est-ce qui diffère
15:43entre la création dans le cadre
15:46d'une activité liée à la presse
15:48et d'un travail, là,
15:51comme Full Corporate Bullshit,
15:52où vous êtes un auteur
15:53face à son ouvrage ?
15:57Alors, en vérité,
15:59pour mon cas bien particulier,
16:00pas grand-chose,
16:01puisque j'ai à peu près toujours
16:02carte blanche
16:03quand je fais du dessin de presse.
16:04Donc, voilà, je suis toujours
16:05dans la même situation.
16:08Si je faisais du dessin politique,
16:10là, ce serait différent.
16:12Effectivement.
16:13Mais là, je suis sur du dessin
16:14autour du monde du travail,
16:15donc c'est un petit peu politique,
16:17mais pas trop.
16:19Donc, je reste libre,
16:20de toute façon.
16:21Et au-delà de la liberté,
16:22est-ce que le fait
16:23d'avoir un travail
16:24qui est suivi,
16:25ça ne tranche pas complètement
16:26avec le dessin de presse
16:28qui est consommé finalement
16:29en une fois,
16:31qui constitue en une planche
16:32la plupart du temps ?
16:34Oui, alors,
16:36après,
16:36ça forme un livre,
16:39mais finalement,
16:39c'est plein de petits dessins
16:40indépendants,
16:41un pour chaque mot.
16:43Donc, ça reste un format
16:44très, très, très modulable.
16:48Moi, je me suis autant éclaté
16:50à faire les dessins
16:51qu'à écrire les textes.
16:52Ou je me suis plutôt autant éclaté
16:53à écrire les textes
16:53qu'à faire les dessins.
16:55Et c'est ce qui m'a plu
16:56dans cet exercice-là,
16:57c'est que je pouvais
16:58à la fois écrire
16:58et dessiner.
17:00Et les deux se répondent
17:01en plus souvent.
17:02Alors, votre ouvrage,
17:03il s'adresse autant
17:04aux salariés
17:05qu'aux dirigeants.
17:07Comment est-ce que
17:08réagissent les uns
17:08et les autres
17:09face à votre travail
17:10et à cet univers ?
17:13Alors, à ma connaissance,
17:14ils aiment bien.
17:19C'est de l'humour
17:20qui concerne quand même
17:21surtout les gens
17:22qui travaillent
17:23dans des grandes organisations,
17:24qu'elles soient publiques
17:24ou privées.
17:25Moi, j'ai les gens
17:27des ministères,
17:27d'éducation nationale,
17:29des armées même
17:30qui me disent
17:30« Ah oui, mais c'est trop ça ! »
17:32Après, c'est plutôt
17:34les gens qui travaillent
17:34dans des petites boîtes
17:35qui ne vont pas trop
17:37s'y retrouver.
17:38Moi, ce que je décris,
17:39c'est le monde
17:39des grandes organisations
17:40avant tout.
17:42Et soyons clairs,
17:44tout le monde
17:44s'y retrouve.
17:47Autant les salariés,
17:49les cadres intermédiaires
17:50que les dirigeants.
17:53Tout le monde perçoit bien
17:54finalement la même chose
17:55de ces grandes organisations
17:56et de leurs différents rouages.
17:59Alors, ce n'est pas
17:59votre premier ouvrage.
18:01Est-ce que vous pouvez
18:01nous présenter
18:02vos autres travaux ?
18:03Alors, ce livre,
18:05il se place dans la continuité
18:07de plusieurs ouvrages
18:08qui sont la série
18:09des trous.
18:13« Chief Bullshit Officer ».
18:14Donc, il y a trois tomes
18:15qui sont sortis.
18:18qui se passent tous
18:20avec les mêmes personnages,
18:23le même univers,
18:27la même entreprise
18:28et qui sont par contre
18:29des ouvrages
18:30uniquement dessinés
18:31et en couleur.
18:33Donc, on n'a que des dessins,
18:34il n'y a pas de texte par contre.
18:36Donc, c'est la première fois
18:37que vous sollicitez le texte.
18:39Pourquoi ce choix ?
18:41Parce que j'avais envie
18:42de faire un dictionnaire
18:43et que j'avais envie
18:47d'écrire, en fait,
18:47tout simplement.
18:49Et je me suis vraiment
18:49éclaté à écrire.
18:52Alors, à côté de cette BD,
18:55on a un objet
18:56qui accompagne finalement
18:58l'ouvrage,
18:58qui est le « Bullshit Tarot ».
19:00Est-ce que vous pouvez
19:01nous en parler ?
19:03Alors, celui-ci,
19:04je le présente généralement
19:05comme mon projet
19:06le plus « what the fuck »
19:08que j'ai jamais fait.
19:10J'avais envie depuis longtemps
19:11de faire un jeu
19:14autour de mon univers
19:17de « Chief Bullshit Officer ».
19:20Et en fait,
19:21l'idée est venue
19:23en conduisant en voiture
19:25de faire un tarot
19:27qui soit à la fois
19:28un tarot divinatoire
19:30au sens « tarot de Marseille »
19:31où on tire les cartes
19:32comme une carte homme ancienne
19:35voyante
19:37et un jeu de tarot,
19:39tout simplement,
19:39pour jouer au tarot
19:40ce qui est un très bon jeu.
19:42Et donc, je me suis amusé,
19:43j'ai passé tout un été
19:44à dessiner les cartes,
19:46j'ai dessiné toutes les cartes
19:47du jeu
19:48et puis là aussi
19:50à écrire
19:51le livre d'interprétation
19:52des cartes
19:53puisqu'il y a un petit livret
19:54d'interprétation
19:54qui va dire
19:55pour chaque carte
19:56« si vous avez tiré
19:57le 13,
19:59c'est la mort »
20:00ça veut dire
20:01ceci, ceci, cela
20:02dans le monde de l'entreprise
20:04et en mode
20:04humoristique à nouveau.
20:07Et donc, c'est pour ça
20:07qu'on l'a baptisé
20:08le nouvel outil
20:10d'aide à la décision
20:10puisque maintenant
20:11pour prendre une décision
20:12dans votre job,
20:14vous tirez une carte
20:15de tarot.
20:16Donc, il nous faudra
20:16absolument ce tarot
20:18pour nous décider
20:19maintenant
20:19pour notre avenir professionnel,
20:20c'est ça ?
20:21En fait, c'est un objet
20:21indispensable.
20:23C'est utilisé
20:23par les plus grands leaders.
20:24Est-ce qu'on s'attache
20:26à certains personnages
20:27puisqu'il y en a
20:28beaucoup qui reviennent ?
20:29Est-ce que vous en avez
20:30des préférés
20:31ou des personnages
20:33qui sont un peu plus
20:33finalement des conventions
20:34qu'on est obligé
20:35de faire figurer
20:36dans le récit
20:37pour une raison
20:39ou pour une autre
20:39exigence narrative
20:41par exemple ?
20:42Alors, il y a le...
20:43Je dirais qu'il y a le PDG,
20:46le directeur général
20:46de l'éléphant,
20:47un peu vieux,
20:48un peu mégalo
20:48et complètement caractériel
20:50qui est un petit peu
20:52conventionnel, effectivement.
20:53Il ressemble
20:54à une caricature
20:54de dirigeant
20:56et en même temps,
20:57c'est tellement difficile
20:58de passer à côté
20:59de cette caricature.
21:00Voilà, ça fait plaisir
21:01à tout le monde,
21:02on va dire.
21:05Le personnage principal,
21:06c'est Léonce
21:07qui est donc
21:07un cadre intermédiaire.
21:09Lui, il a une personnalité,
21:10il a un gros tas de défauts
21:14mais il fait un petit peu
21:15de son mieux quand même.
21:16Il essaie de mener
21:17sa petite vie là-dedans.
21:18Il n'a pas énormément
21:19d'aspérité,
21:20il n'est pas complètement
21:20caricatural en soi
21:21donc je pense que c'est
21:22un bon personnage
21:23pour découvrir
21:24l'univers.
21:26Et après,
21:26il y a quelques personnages
21:27complètement caricaturaux.
21:29Je pense à la responsable
21:31cybersécurité,
21:32par exemple,
21:33X,
21:34qui passe son temps
21:34à mettre des mandales
21:35dans la gueule aux gens
21:36parce qu'il ne respecte pas
21:38les protocoles
21:38de sécurité informatique.
21:41Et je sais que les gens
21:42qui bossent dans ce domaine
21:43de la sécurité informatique
21:44adorent ce personnage
21:45parce que pour eux,
21:46c'est une espèce
21:46de fantasme,
21:48pouvoir enfin éclater
21:50la tête des gens
21:50qui ne respectent pas
21:51les règles sur leur clavier,
21:52ça leur ferait
21:52beaucoup de bien,
21:53je pense.
21:54Sur ce plateau,
21:55on a reçu Claire Hédé
21:56Gamassou qui nous a parlé
21:57du management en série,
21:59donc le management
22:00représenté dans les séries.
22:02Et à la lecture de la BD,
22:03j'ai un petit peu pensé
22:04à The Office.
22:05la référence a été immédiate,
22:07je ne sais pas
22:08si je suis tombé juste,
22:10mais en tout cas,
22:11on s'est posé la question
22:12de l'intérêt de la fiction
22:14dans le monde du travail.
22:17Selon vous,
22:18où est cet intérêt
22:19d'utiliser la fiction
22:20pour parler du monde du travail ?
22:22Alors là,
22:26j'ai un temps de réflexion.
22:30Généralement,
22:30dans la fiction,
22:31l'univers du travail
22:31il sert juste de décor.
22:33C'est assez rare
22:34qu'il y ait,
22:35même dans The Office finalement,
22:36enfin c'est pas,
22:37même dans ce que je fais,
22:38on ne parle pas du fond.
22:40Et on parlera très rarement
22:42du fond.
22:43C'est plus un décor
22:43qui va servir
22:44pour poser les personnages
22:48et les faire
22:48les faire interagir entre eux.
22:50C'est un univers
22:52qui est traité
22:54de manière plus approfondie.
22:55Alors moi,
22:56la fiction à laquelle
22:57je pense immédiatement,
22:58c'est un de mes grands maîtres,
23:01c'est Dilbert
23:04de Scott Adams,
23:05donc la BD d'Hilbert,
23:07où là,
23:08il est hyper acerbe,
23:10il va vraiment
23:12tordre le cou
23:13à l'image d'épinal du travail.
23:18Mais alors,
23:18c'est encore plus fort
23:19parce que c'est dans la culture
23:20américaine
23:21qui est,
23:23on va dire,
23:24sur un postulat plus,
23:25en tout cas,
23:26en apparence,
23:28souvent plus premier degré
23:30que nous
23:30par rapport à cet
23:31univers du travail.
23:34Et là, par contre,
23:35lui,
23:35Scott Adams,
23:36avec Dilbert,
23:36lui,
23:36il va plus sur le fond.
23:39Mais si on prend
23:40l'inverse,
23:42Gaston Lagaffe,
23:43en France,
23:44il est en permanence
23:45dans sa boîte,
23:46mais on a,
23:47enfin,
23:47ça sert uniquement
23:48de décors.
23:49Donc,
23:50je ne pense pas
23:50que l'univers du travail
23:52soit très,
23:53très propice
23:55à la fiction.
23:58Est-ce que vous avez
23:58d'autres projets en cours ?
23:59Quelle est la prochaine BD ?
24:01Est-ce qu'il y aura encore
24:02un chief bullshit officer ?
24:04Oui,
24:05je prépare le tome 4,
24:07je prépare un autre bouquin
24:10aussi sur l'univers de l'informatique
24:14et du numérique.
24:16Et puis,
24:16il y a plein d'autres projets en cours
24:18qui vont sortir un petit peu aussi
24:20de ce domaine professionnel
24:21pour aller plus tâter
24:22du côté personnel
24:24et ou historique,
24:26voire musical.
24:27Comment est-ce que votre choix
24:30se fait sur le prochain projet
24:32évoqué ?
24:33Vous me dites l'informatique.
24:34Quel intérêt
24:35il y aura,
24:37selon vous,
24:37à s'intéresser
24:38à ce domaine bien particulier
24:40pour donner envie
24:41aussi à vos lecteurs
24:44l'occasion
24:45d'avoir l'eau à la bouche
24:47avant le prochain numéro ?
24:48Ah,
24:49c'est parce que j'ai plein
24:49de trucs à raconter
24:50sur les déboires
24:51de l'informatique
24:52qui sont quand même
24:54les gens qui sont chargés
24:55de faire tourner
24:56cette espèce de grande machine
24:58qu'on appelle
24:58nos sociétés modernes
25:00et de plus en plus
25:01et qui sont dans les coulisses
25:04du monde.
25:05Donc,
25:05oui,
25:06il y a plein de trucs
25:06à raconter pour eux.
25:08Il ne nous reste plus pour finir
25:09qu'à avoir vos conseils lecture.
25:12Est-ce qu'on peut avoir
25:13trois conseils fixe ?
25:14Oui,
25:15je les ai déjà dit.
25:16Scott Adams
25:17avec Gilbert,
25:18Gaston Lagaffe
25:19et puis Chief Bullshit Officer
25:21tome 1,
25:212 et 3.
25:22Ok,
25:23ça fait un peu plus que 3
25:24mais on accepte quand même.
25:26Fix,
25:26merci beaucoup
25:27d'avoir répondu
25:28à mon invitation.
25:29donc Full Corporate Bullshit
25:31Grand Dictionnaire Illustré
25:32de l'entreprise
25:32c'est déjà disponible
25:34ainsi que le Bullshit Tarot
25:36voilà,
25:37l'indispensable
25:37pour prendre les décisions
25:38en entreprise
25:39et dans sa carrière.
25:40On a bien compris.
25:41C'est ça.
25:42Moi,
25:42je vous retrouve
25:43très prochainement
25:44dans un nouvel épisode
25:44de Période d'essai.
25:45de Période d'essai.
25:46Ok.
25:46de Période d'essai.
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