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  • il y a 23 heures
Ce jeudi 27 novembre, Renaud Villard, directeur général de la Cnav, était l'invité dans l'émission Good Morning Business sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Good morning business, parole de patron.
00:03Renaud Villard, bonjour. Vous êtes le directeur général de la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse.
00:08La CNAV, vous avez été auditionnée hier au Sénat.
00:11Vous avez été très clair, on risque l'embouteillage sur les pensions de retraite.
00:14Si la suspension du report de l'âge légal entre en vigueur le 1er juillet 2026,
00:20ce sont des dizaines de milliers de personnes qui seraient retardées dans leurs pensions de retraite.
00:26C'est un message que vous adressez à qui ?
00:29À date, déjà, je veux être rassurant.
00:31Le projet, tel qu'il a été adopté par l'Assemblée Nationale, rejeté par le Sénat,
00:36prévoit une entrée en vigueur au 1er septembre et justement couvre ce risque.
00:39Si d'aventure le 1er septembre devait devenir le 1er janvier,
00:44c'est là effectivement qu'on serait sur un gros risque opérationnel.
00:46Et clairement, le message en responsabilité, il est adressé aux parlementaires.
00:51C'est eux qui votent la loi.
00:52Il faut qu'ils soient éclairés le plus possible à la fois sur les conséquences pour les assurer,
00:56mais également sur les conséquences en gestion parce qu'un assuré qui attend sa retraite
01:00est un assuré en général légitimement très mécontent.
01:03Septembre, vous serez prêt ?
01:04Septembre, on sera prêt sans difficulté.
01:06L'autre sujet pour lequel vous êtes là ce matin, ce sont ces histoires de fraude.
01:10La fraude, c'est un peu une goutte d'eau pour vous.
01:13Ce n'est pas un sujet immense par rapport à l'ensemble des prestations,
01:16notamment parce qu'on vérifie assez bien ce qui remonte des entreprises.
01:19Mais quand même, vous avez regardé le sujet à bras-le-corps sur les 160 milliards versés.
01:24Ça fait 76 millions d'euros, je le disais, ce n'est pas beaucoup.
01:27Il y a deux trous quand même.
01:28Ce sont les pensions de reversion et les pensions qui sont versées à des retraités étrangers
01:32dont là, vous avez des difficultés à savoir s'ils sont décédés ou non.
01:36Pourquoi vous êtes allé regarder ce sujet précisément
01:38par rapport à l'ampleur de ce que c'est dans l'ensemble des prestations versées ?
01:42Alors ce qu'on fait déjà, c'est que tous les ans,
01:44on prend sur nos 16 millions de retraités un échantillon de 5 000 personnes
01:47et on les vérifie complètement.
01:49C'est là que ça nous permet de voir les trous dans la raquette,
01:51comme vous l'évoquiez, les points de fragilité.
01:52Et un des points de fragilité, c'est les retraites que l'on verse à l'étranger,
01:55à des Français ou à des étrangers d'ailleurs,
01:57peu importe la nationalité, mais qu'on verse hors du territoire
01:59parce qu'on a beaucoup moins facilement accès à l'État civil.
02:02Quand c'est dans l'Union européenne,
02:03les accords de partenariat permettent de tracer assez bien l'État civil,
02:06donc de savoir concrètement si la personne est morte ou vivante,
02:10plus on s'éloigne de l'Union européenne,
02:11plus il y a une information difficile à avoir
02:12et on a toujours le risque que la famille nous dissimule le décès
02:15pour continuer à percevoir la retraite.
02:18Et c'est sur ce point-là précisément qu'on agit avec beaucoup de résolution.
02:21Et là, comment vous comptez faire ?
02:23Alors là, on a déjà évidemment fortement agi avec deux leviers.
02:26Le premier, c'est que tous les ans, de toute façon en routine,
02:28il faut faire vérifier son existence,
02:30aller au consulat, à la mairie,
02:32se montrer physiquement avec son passeport
02:34et obtenir un certificat.
02:37On l'a complété avec de la biométrie.
02:39La même chose en biométrie,
02:40c'est-à-dire qu'on doit se filmer avec son smartphone,
02:43montrer son passeport biométrique
02:44et le smartphone vérifie la cohérence entre les deux
02:47et nous envoie l'information.
02:48Mais on sait qu'on a encore des trous dans la raquette,
02:50notamment le certificat papier qu'on va obtenir
02:52auprès de la mairie de son domicile
02:54peut parfois être un peu fragile.
02:55Et c'est là-dessus qu'on envoie des agents enquêteurs sur place
02:58qui convoquent les assurés sur lesquels on peut avoir des doutes
03:00et qui les convoquent physiquement.
03:03Et c'est une expérimentation qui a très bien marché.
03:05Et comme elle a très bien marché,
03:06on va passer à l'échelle.
03:07On a fait moins de 10 000 cette année.
03:09On en fera 50 000 en 2026 et 100 000 en 2027.
03:12Et là, on couvrira complètement le risque.
03:13L'autre trou dans la raquette,
03:15ce sont les pensions de reversion et l'ASPA.
03:18Ce sont des prestations qui sont assez complexes.
03:19La pension de reversion,
03:20c'est ce que vous touchez sur votre conjoint qui est décédé.
03:24Là aussi, vous avez une difficulté à voir si c'est le bon bénéficiaire.
03:28Alors, ce n'est pas pour identifier le bon bénéficiaire.
03:30La difficulté qu'on peut avoir sur les prestations
03:32qui sont sous condition de ressources,
03:33qui sont des prestations liées aux retraités modestes.
03:36La réversion, il faut avoir en gros moins de 2 000 euros de retraite.
03:39Donc, c'est de vérifier que le plafond de ressources n'est pas dépassé.
03:42Alors, on a accès aux bases fiscales, aux bases sociales.
03:45On peut le vérifier assez facilement.
03:46Mais il faut quand même, malgré tout, rester vigilant.
03:48Dans le point de fragilité principal qu'on peut avoir sur le sujet,
03:52c'est sur l'ASPA, vous l'évoquiez, le minimum vieillesse,
03:54concernant le minimum vieillesse,
03:56qui est vraiment une prestation de solidarité
03:57pour les retraités les plus précaires,
03:59qui est réservée aux retraités qui habitent en France.
04:01Et parfois, on a des retraités qui oublient de nous déclarer
04:04qu'ils n'habitent plus en France
04:05et qui, du coup, n'ont plus le droit à ce minimum
04:08qui est vraiment une prestation sociale,
04:09comme le RSA, par exemple, pour les actifs.
04:12Et là-dessus, c'est un des gros points de vigilance qu'on peut avoir.
04:14À quel point, aujourd'hui, l'IA, ça vous aide
04:16dans la lutte contre la fraude ?
04:18Alors, l'IA, ça nous aide plutôt pour enrichir
04:21notre modèle de détection.
04:22Notre modèle de détection, c'est un modèle
04:23qui va capter tous les petits signaux,
04:25qui va identifier les risques, les atypies.
04:29On croise 270 données.
04:30Vraiment, c'est un modèle de données très puissant.
04:33Eh bien, on a demandé à l'intelligence artificielle
04:36de vérifier et d'améliorer notre algorithme.
04:40C'est-à-dire que 270 données,
04:41vous pouvez les croiser un peu dans tous les sens.
04:43Et c'est là que l'intelligence artificielle,
04:44qui a un côté idiot et donc malin,
04:48c'est-à-dire qu'elle va réfléchir à des solutions
04:49qui peuvent sembler idiotes,
04:51parce que l'intelligence artificielle
04:52n'est pas très intelligente en réalité,
04:53mais justement, en allant chercher finalement
04:55dans des endroits où, fondamentalement,
04:57on n'aurait pas pensé à aller regarder,
04:59parfois, elle peut trouver des éléments.
05:01Pour l'instant, ce n'est pas encore très, très probant
05:03en termes de lutte contre la fraude.
05:05Elle n'a pas beaucoup enrichi notre modèle,
05:07mais on a déjà fait deux expérimentations sur le sujet,
05:09donc on continue à s'enrichir grâce à l'IA.
05:13Pour l'instant, ce n'est pas un grand bond en avant,
05:14mais c'est une technologie qu'on a largement métométrie.
05:17Merci beaucoup Renaud Villard d'être venue ce matin
05:19dans la matinale de l'économie.
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